8 MARS.Journée internationale de la femme
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*droits des femmes
L’autre combat du Hirak
Dans la continuité du mouvement populaire, plusieurs manifestations ont eu lieu, hier, à l’occasion du 8 Mars pour réaffirmer les droits des femmes à l’émancipation.
Avant 14h, heure programmée pour le coup d’envoi de la marche, un premier cortège de manifestantes s’ébranle de la place Audin en direction de la Grande-Poste. Les policiers, qui quadrillent le parcours, n’entravent pas la progression de la foule. Des hommes renforcent les rangs de leurs concitoyennes insurgées. Ils reprennent ensemble les slogans traditionnels du mouvement citoyen, dont l’incontournable “Dawla madania Machi âaskaria” (État civil et non militaire). Pendant presque une demi-heure, les militantes des droits des femmes ne donnent pas de la voix, noyées dans la masse de plus en plus étoffée.
Elles se regroupent, se distancient et crient enfin à tue-tête leurs revendications égalitaires : “Ô Hassiba (Benbouali martyr de la guerre d’indépendance, ndlr), tes enfants ne renonceront pas à la liberté !” ; “Assa azekka, thamettuth thella thella” (Aujourd’hui et demain, la femme sera toujours là) , “Égalité des droits, abrogation du code de la famille” ; “Ô femmes réagissez ! Vos sœurs sont assassinées !”. Sur une large bannière, des portraits de victimes du terrorisme (Nabila Djahnine, Drici…) côtoient ceux des féminicides (Chaïma, Kenza, Imane…). Plusieurs mobiles, des circonstances différentes, une seule tragédie.
“L’arme universelle de la domination masculine, c’est-à-dire la violence sous ses différentes formes, est exercée à outrance. Nous la constations. La bataille des droits des femmes et de l’égalité est loin d’être gagnée”, nous déclare Fadila Chitour-Boumendjel. Elle rapporte l’incident qu’elle venait de vivre avec un groupe de militantes. “Des hommes ont tenté de nous arracher des bras une banderole sur laquelle il est écrit : ‘Égalité des droits entre les hommes et les femmes en français et en arabe’.” Désabusée, elle souligne que les femmes “sont tolérées et même mises en avant comme un bouclier pacifique tant qu’elles défendent les revendications du Hirak en général.
Dès qu’il s’agit de parler de l’abrogation du code de la famille et des droits, rien ne bouge”. Amina, féministe, relativise : “On nous dit souvent que ce n’est pas le moment de se battre pour les droits des femmes. Aujourd’hui, nous sommes sorties pour ça, même si rien n’empêche de crier : ‘Système dégage !’ Nos slogans ont été repris par la foule.” Yasmine Terki, architecte, positive : “La cause est juste. Elle aboutira un jour ou l’autre.” Sous les clameurs “Mazalna, mazalna thouar” (Nous demeurons révolutionnaires), l’avocate et ex-députée RCD, Fetta Sadat, exprime une détermination à “affirmer la mobilisation et le combat pour un État de droit et pour l’égalité homme-femme”, bien que le chemin soit parsemé d’embûches.
À 16h, les manifestants tentent de forcer le cordon sécuritaire qui leur barre la voie vers la rue Didouche-Mourad. Mais ils sont repoussés. Ils se dispersent, une heure plus tard, dans le calme. *Souhila Hammadi – Liberté – mardi 09 mars 2021
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*La cause des femmes
L’Algérie ne sera ni libre ni démocratique si la société dans son ensemble ne fait pas tomber l’autre système. Le patriarcat qui n’admet la femme que soumise. Un système qui prit racine dans une alliance régressive formulée politiquement dans l’indigne code de la famille. Le régime du FLN avait fait alors un choix sociétal anhistorique en s’appuyant sur le segment réactionnaire de la société. S’est ouverte, alors, dans le pays une brèche dans laquelle s’est engouffrée une idéologie porteuse de tous les périls mis en œuvre dès les années quatre-vingt-dix. Progressivement, les idées progressistes qui étaient à l’origine de l’émancipation nationale s’effaçaient devant les valeurs conservatrices renforcées par un islamisme rampant, conquérant et surtout intimidant. Elles ont fini par s’imposer comme une réalité sociologique et politique dogmatique fixant de nouvelles normes sociales. Et la première de ces normes est naturellement le contrôle de la femme, son corps, son cœur, sa vie et son destin. Toute tentative de remise en cause de cette infériorisation est assimilée à de la déviance. Il aura fallu attendre l’insurrection citoyenne du 22 Février 2019 pour voir le retour puissant des femmes dans l’espace public. Elles sont devenues le cœur battant de la révolution en mettant au centre du débat la question de l’égalité.
Les Algériens étaient fiers de marcher aux côtés des Algériennes pour un idéal commun, celui de la fin de la domination autoritaire, de l’instauration d’un nouvel ordre démocratique. Elles donnaient à l’insurrection citoyenne le sourire, la joie et de la beauté. Mais par souci tactique ou calcul politicien, le Hirak se refusait de poser la place politique de la femme dans cette marche de l’histoire et dans l’Algérie en devenir. Centrale, la question est ainsi remise à demain en mettant en avant l’argument selon lequel “il faut en finir d’abord avec le système et après on verra”. Et pendant ce temps, le courant islamiste n’hésite pas à brandir ses couleurs sombres. Par manque de vigilance citoyenne, ce report peut bien s’avérer périlleux pour le sort de l’égalité et, plus largement, pour la citoyenneté. Comme par le passé, les femmes et tous les partisans de la fin de la discrimination risquent de se faire avoir.
Ce serait tragique et probablement trop tard. D’autant que de nouveaux mots d’ordre apparaissent et tentent d’imprimer au Hirak une orientation douteuse. D’où la nécessité d’une clarification préalable, maintenant, avant que le rapport de force ne bascule dans le camp de la réaction. Il faut que la grande bataille intègre la cause des femmes, elle est une cause commune à tous sans laquelle le Hirak ne serait pas révolution.*Par : Hassane OUALI- Liberté – mardi 09 mars 2021
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Marche plurielle pour les droits des femmes
Pari réussi pour les femmes à Béjaïa qui se sont mobilisées et ont investi la rue pendant de longues heures. Elles étaient, en effet, plusieurs dizaines, voire des centaines, à défiler hier pour dine non au sort réservé à la femme algérienne dans les textes et aux violences dont elles sont victimes. Outre certaines figures connues, à l’instar de la femme d’Abdelouahab Fersaoui, ancien détenu et président du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), plusieurs hommes et activistes du Hirak ont pris part à cette journée de mobilisation des femmes.
Ces femmes qui ont battu le pavé ont insisté pour dire qu’elles ne sont pas sorties “pour se faire offrir des roses, mais pour réclamer l’égalité entre les hommes et les femmes”. Deux carrés de femmes ont commencé à se former au niveau de la maison de la culture Taos-Am-rouche avant de se mettre en mouvement en scandant des slogans spécifiques aux femmes et au Hirak dont elles font partie intégrante. Au coup d’envoi de la marche, les deux carrés de femmes ont préféré progresser séparément pour ensuite n’en former qu’un seul au niveau du lycée El-Hamamdia.
Le premier carré, pluriel et plus nombreux, scandait des slogans propres au mouvement féministe et aux militantes de gauche, voire de l’extrême gauche, tels que “Houria, karama, houqoq niswya” (Liberté, dignité, droits des femmes), “Non au code la famille”, “L’Algérie ne peut se construire sans les femmes”, “Mazalna thouar, Nabila Djahnine” (Nous sommes toujours des combattants, Nabila Djahnine), du nom de la présidente de l’association Cri de la femme, assassinée en 1995. Le second carré a préféré scander des slogans propres au Hirak : “Le combat continue jusqu’au départ du système”, “Dawla madania, machi âaskaria” (État civil, non militaire) ou encore “Libérez l’Algérie”. Quant au troisième carré — composé d’une vingtaine de femmes —, il a préféré attendre patiemment au niveau de l’hôtel des finances pour tenter de prendre la tête de la manifestation. Mais cela n’a pas servi à grand-chose.
Le gros carré des femmes a délibérément baissé le rythme de son évolution, afin de tenir à distance ces devancières, jugées “opportunistes”. Concernant les banderoles et les pancartes, elles puisaient dans le répertoire propre aux droits des femmes et du Hirak. “Non au harcèlement des femmes au travail”, “Tous unis contre la précarité de l’emploi”, “État civil, non militaire”, “Femme s’engage, système dégage”, “Parité avec les hommes”, “Fêtées une journée, exploitées toute l’année”, “Demain ne se fera pas sans nous”, “Basta, hogra”, “Non aux violences faites aux femmes”, “Nous ne voulons plus compter nos mortes”, allusion au féminicide. *M. OUYOUGOUTE- Liberté – mardi 09 mars 2021
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* Ces femmes qui font le bonheur de l’Algérie
**Ces femmes tant courtisées…
Selon certains, «L’Algérie a réalisé un saut remarquable en matière de participation de la femme dans la vie politique et économique»…selon d’autres, le combat pour ses droits et son émancipation bute encore sur de multiples obstacles.*cliquer ici:Femmes algériennes
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*un concert exceptionnel des plus entraînants, l’après-midi du 8 mars à la salle Ibn Khaldoun-Alger
**Le châabi au féminin entre mondialisation et tradition réinventée
Après maintes péripéties pour les voir enfin sur une scène algérienne, l’événement Le chaâbi au féminin aura bel et bien lieu en Algérie, et ce plus précisément à Alger le 8 mars prochain, à 15h, en partenariat avec l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel. Un événement qui rentre dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la femme.
Le châabi au féminin est composé de six voix féminines qui interprètent des oeuvres chaâbies jusque-là écrites par les hommes et pour les hommes. Il s’agit de Malya Saâdi, Hassina Smaïl, Syrine Benmoussa, Hind Abdellali, Amina Karadja, Nacéra Mesbah. Avec à la direction musicale Noureddine Aliane (mandole).
L’Orchestre, lui, est composé de Yazid Touahria (banjo), Kahina Afzim (qanoun), Mokrane Adlani (violon), Nacer Fertas (tar) et Nasser Haoua (derbouka). Le chaâbi au féminin est composé de plusieurs voix féminines qui interprètent des oeuvres jusque-là écrites par les hommes et pour les hommes. Un événement exceptionnel qui participe de l’histoire sans cesse renouvelée du chaâbi, entre mondialisation et tradition réinventée. Le chaâbi au féminin est un spectacle musical sur une idée originale de Mourad Achour journaliste culturel à Beur FM. Une aventure inédite, lancée en mai 2013.
Le spectacle qui allie finesse vocale et beauté du show vous promet de passer une superbe et
agréable soirée à la salle Ibn Khaldoun avec des femmes qui feront à coup sûr de la concurrence aux hommes avec leur charme, charisme, voix et talents. Elles sont six et viennent défier les hommes sur leur terrain en reprenant les tubes du chaâbi. Elles entendent montrer qu’elles n’ont rien à envier aux hommes dans l’art du chant et de l’évocation, apportant une vocalité différente et nouvelle.
Le chaâbi au féminin, une énergie folle insufflée à des chansons chaâbies que beaucoup connaissent par coeur par des voix d’hommes. Celles-ci entendent reprendre des tubes du chaâbi, en trio, en duo ou en solo. Elles sont aussi heureuses de chanter ensemble un hymne du chaâbi tel que L’Hmam de Hadj M’hamed El Anka. Le chaâbi au féminin rappelle-t-on respecte la formation musicale traditionnelle du chaâbi. Il n’y a aucune déformation des esthétiques ou de l’éthique de cette musique.
La sensibilité féminine apporte une dimension plus douce, sans déformer le fond. Le chaâbi au féminin souligne-t-on aussi est un spectacle qui est destiné également à rendre hommage aux auteurs, compositeurs et interprètes de musique chaâbie, permettant ainsi aux femmes de reprendre une vraie place dans cette musique chaâbie. En effet, beaucoup croient que l’amour du chaâbi algérois, l’état d’esprit, le chant chaâbi et sa transmission ont toujours été l’apanage des hommes.
Cependant, peu de femmes ont chanté du chaâbi et c’est une bien belle idée donc qu’a initiée Mourad Achour, animateur sur Beur FM, que de réunir, pour le meilleur du répertoire du genre algérois, d’excellentes représentantes de la chanson maghrébine d’expression féminine, issues d’autres univers comme le rock, l’andalou, la world ou le jazz. Après l’IMA (Institut du Monde arabe), où elles se produiront la veille, notre groupe d’artistes s’envolera directement à Alger pour aller à la rencontre des mélomanes et autres fans de musique chaâbie pour un concert unique plein d’harmonie, de joie qui vous fera certainement lever de votre siège durant plus d’une heure d’animation, de fête et de bonne humeur. Organisé par l’établissement Arts et Culture, l’accès sera à 200 DA. Ce qui est loin d’être chèrement payé face à ces belles divas de la musique lesquelles vous feront voyager par rimes et par poésie dans l’univers suave du chaâbi.*Par O. HIND - Jeudi 05 Mars 2015*L’Expression
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Journée du 8 mars : parlons femmes !
Randonnées pédestres, tables rondes et festival cinématographique. Telles sont, entre autres, les manifestations culturelles pour célébrer le 8 mars à Oran.
Un riche programme a été élaboré, par différentes associations, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale du 8 mars. L’association Fard (Femmes Algériennes Revendiquant leurs Droits) organisera une table ronde, ce jeudi à la maison des jeunes de l’USTO, à partir de 9 h du matin, et cela, en partenariat avec la DAS. La table ronde portera sur la réflexion de la question de l’hébergement des femmes en difficulté. Le jour suivant, une randonnée thématique sera organisée, en collaboration avec l’association Bel Horizon et l’Institut Cervantès, qui s’intitulera : «Sur les Traces des femmes célèbres de l’Oran Patrimonial et pique-nique en plein air au jardin de Létang».
Le point de départ se fera à 10 h, devant le T.R.O. De cette randonnée, il sera question d’une balade en ville, à travers les repères féminins (représentations statuaires ou autres) où les randonneurs pourront découvrir les célèbres femmes de l’Oran patrimonial : de Aziza l’Almoravide à Juana la Locca l’Espagnole, de Badra l’Ottomane à Caïda H’lima et Maraval Berthoin durant la période coloniale, des sœurs Benslimane à Soufi Zoubida durant la lutte armée.
Le dimanche 10 mars, une journée d’information et de sensibilisation sur les stratégies nationales de la lutte contre la violence faite aux femmes sera organisée en partenariat avec la DAS, et cela, à la maison de jeunes de l’USTO. Parallèlement à cela, il est à signaler que la Cinémathèque d’Oran vit, depuis lundi dernier, au rythme d’un festival de cinéma, nommément appelé : «Femmes réalisatrices des deux rives».
A l’initiative du Cervantès d’Oran, et cela en partenariat avec la Cinémathèque algérienne, le but de cette manifestation est de mettre en relief des longs métrages, une douzaine au total, qui auront cette spécificité : d’avoir été réalisés exclusivement par des cinéastes de la gent féminine, originaires à la fois d’Algérie et d’Espagne. A raison de deux séances par jour, la première à 16 h et la seconde à 18 h, les spectateurs auront loisir à découvrir des films algériens et espagnols mis en scène par des réalisatrices. C’était le film algérien «Mel watni» de Fatima Belhadj, qui a ouvert le bal, et cela, en présence de la réalisatrice et de deux comédiens : Amel Haimer et Salah Aougrout. Le second film, Elisa K., a aussi été projeté en présence de sa réalisatrice, Judith Colell.*El Watan-06.03.2013.
A noter que tous les films seront projetés en espagnol, mais sous-titrés en français.
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* Santé, justice, éducation, la femme y occupe, de plus en plus, une place importante en l’espace de quelques années.
En dehors de la politique où elle fait une timide apparition, notamment à l’Assemblée populaire nationale et au Sénat où la parité à laquelle le chef de l’Etat a appelé, est très loin d’être réalisée, la femme est présente, pratiquement, dans tous les secteurs de la vie active. Selon les statistiques en vigueur, près de 60% des fonctionnaires de l’éducation appartiendraient à la gent féminine. Dans le corps enseignant, particulièrement au premier palier, les deux tiers des instituteurs seraient des femmes. Elles sont plus pédagogues et plus proches des enfants grâce à leur instinct de mère qui les rend plus affectueuses, contrairement aux hommes qui utilisent, parfois, la manière forte pour punir les élèves désobéissants ou n’ayant pas fait leurs devoirs. Dans le secteur de la justice, les femmes magistrates seraient, aussi, majoritaires et selon certains condamnés, plus humaines que leurs collègues hommes. Ils ne croient pas si bien dire car l’humanisation de la profession de juge est toujours à l’ordre du jour et ne doit pas être un slogan creux si l’on veut récupérer la plupart des délinquants et leur éviter les affres de la récidive. La femme trône également, dans le secteur de la santé, spécialement le corps para-médical devenu pour elle presque une chasse gardée. Des milliers de femmes exercent en qualité d’infirmières, un métier noble, tout comme celui de médecin parce que destinés à servir et secourir les malades. Autre indice, témoin de la percée de la femme, sa présence en force à l’Université où, là aussi, on parle d’hégémonie si l’on se fie aux 60% d’universitaires femmes qui la fréquenteraient. Comme on le voit, la femme a beaucoup évolué depuis l’Indépendance. A la longue, elle est devenue un élément-clé, voire décisif dans l’effort de développement économique et social entamé par le pays ces dernières années. Ce n’est pas qu’à l’occasion du 8 Mars mais tout au long des trois cent soixante- cinq jours de l’année qu’elle doit faire parler d’elle.
Elle est même devenue le thème-symbole du chanteur emblématique des années soixante-dix et quatre-vingt, Julio Iglesias, qui lui a consacré une bonne partie de son répertoire et à l’importante place qu’elle occupe dans la société. «Vous les femmes» a fini par devenir un tube planétaire, fredonné aux quatre coins de la planète. Grâce à un savant mélange où hymne à l’amour et beauté sont mis en exergue, cet interprète génial a voulu transmettre un message: la femme a d’autres atouts et on ne doit plus la considérer comme un objet, apprécié uniquement pour sa coquetterie. A force de persévérance et de sacrifices, elle a fait sa «petite révolution» en devenant un élément incontournable, qui a son mot à dire dans la société. Décomplexée et faisant table rase des préjugés que nourrissent à son égard les hommes, la femme n’a pas tardé à s’illustrer, même dans les domaines réservés, jusque-là, à la gent masculine.
Elle est présente partout et sa contribution à l’effort d’édification engagé par le pays est reconnue et surtout encouragée. (L’Expression-08.03.2011.)
**Le sens d’une journée internationale
Qu’elle soit journée ou demi-journée, le 8 Mars reste celle de toutes les libertés, sauf celle des réflexions au bon sens de cette journée internationale.
Cynisme ou optimisme? Que signifie la Journée internationale de la femme? Est-ce une occasion de se rappeler les inégalités de son statut au regard de celui de l’homme, est-ce une commémoration en l’honneur de celles qui se sont battues, il y a de cela 101 années, pour leur droit de vote, ou est-ce une occasion de faire le point sur son rôle au quotidien? Ou tout simplement une journée comme les autres?
Plusieurs questions s’imposent et se rapportent toutes à la valeur que représente cette journée pour la femme. Le sens de cet événement à Annaba, tire son essence de l’Histoire. La célébration de cette journée à travers le monde, puise son sens dans les luttes historiques menées par des femmes au fil des siècles, pour l’égalité des droits et la justice. Malgré les quelques victoires obtenues, beaucoup reste à faire. D’abord, dans le cadre de l’égalité entre les deux sexes, puis dans celui de la lutte contre la violence dont sont victimes les femmes. Ce combat est depuis quelques années, devenu une priorité pour la femme algérienne. La violence est un phénomène de plus en plus répandu dans notre société. Selon Yasmina B. psychologue, 3 femmes sur 5 sont battues par leurs conjoints, et 2 femmes sur 5 fuient le domicile conjugal. Cette violence, qui augmente de plus en plus, est devenue un fléau qui ronge la société générant, outre des traumatismes psychologiques, un nombre en hausse de divorces. De cause à effet, les maillons de cette chaîne, que représentent les relations entre femmes et hommes, sont parsemés de difficultés, vécues, notamment par la femme. Le divorce est un autre droit, exercé par l’homme, à son bon vouloir. En un mot, il est seul habilité à exprimer sa volonté de se séparer de sa femme, sans donner d’explication au juge en charge de l’affaire. Un droit inscrit dans le Code de la famille. Pour sa part, la femme qui veut faire de même, doit recourir au «El Khol». En un mot, le droit ne lui laisse d’autre choix que d’acheter sa liberté. Les séparations issues du «El khol», sont devenues une pratique très répandue dans notre société. Selon, Me Kh. L, juge, «le recours au «El khol», a connu depuis une dizaines d’années, une montée en flèche. Toute femme n’ayant pu obtenir un divorce normal, recourt à la séparation moyennant de fortes sommes d’argent.
En effet, selon notre interlocuteur, plus de 30% des séparations, passent par «El Khol». L’année écoulée a enregistré 182 divorces de ce type». Le principe, dans tout cela, est que la femme obtient sa liberté. Safia, 31 ans, mère d’une fille, s’est séparée de son mari, après avoir versé la somme de 30 millions de centimes.«Effectivement, j’ai acheté ma liberté. En six ans de mariage, je n’ai vécu qu’une année de vie de couple. Le reste, j’étais son esclave et celle de ses parents. Il m’a battue pendant 2 ans, mais je n’ai pas pu quitter le domicile, pour ma fille. La goutte qui a fait déborder le vase, c’est lorsqu’il m’a cassé le nez. J’ai demandé le divorce. Devant son refus, j’ai engagé un procès, qui s’est soldé au bout de 3 mois, d’audiences, par la séparation.» C’est là un témoignage, parmi des centaines d’autres, racontés par des femmes battues et malmenées devant les tribunaux, leur seul forfait est d’être femme. La conséquence de leur statut de femme, c’est l’inégalité avec le sexe opposé, la violence pratiquée par ce dernier. C’est dire que la violence contre les femmes s’aggrave, malgré la déclaration des Nations unies sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes (1993). Dans cette déclaration, il est précisé que tous les actes de violence dirigés contre les femmes, causant ou pouvant causer un préjudice quelconque, engendreront la sanction, voire même la privation de liberté. Aujourd’hui, 8 Mars, la femme en Algérie, célèbre le temps d’une demi-journée, sa fête. (L’Expression-08.03.2011.)
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Portrait de la femme algérienne dans toute sa diversité
C’est la Journée internationale des droits de la femme, ce fameux 8 Mars. La tournure folklorique qu’a prise cette journée en a fait «la fête de la femme».
Il est donc question de célébrer la femme algérienne, de l’inonder de fleurs et de compliments grandiloquents, ce «socle de la famille et noyau de la société», «digne héritière des chahidate» et «collaboratrice indispensable dans le domaine professionnel».
Un discours circonstanciel vite démenti par la réalité quotidienne de milliers de femmes. Selon les chiffres officiels, par exemple, quelque 7.422 femmes ont été victimes de violences aggravées pour les seuls premiers mois de l’année 2012. En 8 mois, 261 d’entre elles sont mortes suites à une agression. Et plus de 24 femmes sont violées chaque mois.
L’autre chiffre qui tranche avec ce satisfecit général a trait aux études et au travail. L’on sait que les filles réussissent mieux leur cursus et qu’elles sont majoritaires sur les bancs des écoles et des universités.
Pourtant, seulement 16% des personnes en activité sont des femmes. Dès lors, où sont passées ces milliers de diplômées, formées par l’Etat algérien mais dont le «retour sur investissement» est nul ? En cette journée du 8 mars, il est de coutume de rendre hommage, à raison, à des femmes au destin «exceptionnel» et atypique. Un jour durant lequel on loue leur mérite, leur pugnacité et leur bravoure. Mais qu’en est-il des millions d’autres femmes qui, même sans remplir des canons très médiatiques et «iconiques», se battent 365 jours par an, dans l’anonymat, pour mener une vie normale et décente, étudier, travailler, réussir un projet et autres «défis» ? De la secrétaire à l’étudiante en passant par la femme de ménage et l’agricultrice, El Watan est allé à la rencontre de cette femme algérienne dans toute sa diversité et sa splendeur. Une femme aux visages aussi multiples qu’il y a de femmes, en laquelle chacune se reconnaîtra un peu. Mais qui ont toutes en commun de résister et faire face à un «environnement hostile»…
Mme Aberkane Dalila, l’échographiste devenue fellaha :
Prendre sa retraite anticipée, après un tiers de siècle passé au service de la médecine, pour partir s’entourer de vaches et d’abeilles, docteur Aberkane n’avait pas eu besoin de trop réfléchir. Ce n’était pas faute de patients, encore moins de confort. Aujourd’hui aux petits soins de sa trentaine de bovins, notre échographiste a les mains et les pieds dans la bouse. Pour les intimes, c’est l’hadja Dalila, 61 ans, mère de quatre enfants, grand-mère de 5 petits-enfants.
Quand elle a fermé son cabinet privé de médecine générale, au quartier Seghir, dans la ville de Béjaïa, il n’était plus question que de retourner à son El Kseur natal. Y créer une autre vie, celle des étables et des ruches. C’était déjà dans sa «tête il y a bien longtemps». «Je suis fille d’un agriculteur, le chahid Hadj Lakhdar et c’est important pour moi. C’est ce qui m’a encouragé à revenir aux sources», nous dit-elle, la voix quelque peu nouée par l’émotion. Elle a troqué sa blouse d’échographiste contre une paire de bottes d’agricultrice.
Derrière elle, 33 ans de service : 9 ans de consultations passés à Touggourt, autant d’années comme première échographiste dans tout Tipaza, à Hadjout, lorsque le terrorisme a fait se rebiffer des hommes et fait fuir d’autres. En 1994, les circonstances ramenaient aux sources une femme qui finira, une dizaine d’années plus tard, par faire parler d’elle, loin des échogrammes et des ultrasons.
Aujourd’hui, Mme Aberkane est une fellaha, pas comme il en existe dans chaque foyer dans la campagne kabyle, où la traite des vaches, par exemple, est la besogne des femmes. Plus qu’une traite. Elle est la seule femme à être à la tête d’une exploitation agricole dans la wilaya de Béjaïa. Mieux, le seul toubib devenu fellaha. L’hadja Dalila l’a fait avec le souvenir intact de l’écolière qu’elle était, fidèle à l’écurie de son grand-père et de son papa, d’où s’élevaient les meuglements des broutards qu’on lâchait ou se remémorait son émotion devant des génisses qui vêlaient.
«Je me souviens, à l’indépendance, alors que j’avais 12 ans, du jour où j’avais aidé ma maman à mettre bas une vache qui a eu des jumeaux», se remémore Mme Aberkane. «Je nettoyais l’écurie, je désherbais, j’accompagnais mon père sur la botteleuse,… je faisais tout», se souvient-elle encore.
Quarante ans plus tard, après que la maman ait vendu le cheptel, à El Kseur ont poussé une étable, des ruchers et un défi. Mme Aberkane est à la tête d’une exploitation qui a aujourd’hui cinq ans d’existence. Avec deux employés, elle s’occupe de ses 29 vaches laitières, de ses 50 ruches, de sa volaille. «Je fais tout. J’ai deux employés que je seconde H24», dit-elle avec cette rage féminine de pousser la réussite plus loin et élargir son exploitation. Métier d’homme ?
C’est «kif kif», répond l’hadja Dalila. «Je me mets au même rang qu’un homme. Et pour moi, la femme peut tout faire», ajoute-t-elle, réconfortée par le regard non étonné de l’entourage masculin. «Beaucoup m’ont appelée aujourd’hui pour me féliciter ou demander conseil», nous affirme-t-elle au sortir d’une émission radiophonique. K. Medjdoub
El Hadja Merzaka, le courage au féminin :
Elle a tordu la serpillière durant toute sa vie. Tant et si bien que ses mains noueuses en sont usées jusqu’à l’os, percluses par l’arthrite. C’est une vieille femme humble, extrêmement démunie, qui s’adonne stoïquement à ce «métier» depuis l’indépendance, après qu’elle fut abandonnée successivement par deux maris. S’étant retrouvée avec deux garçons sur les bras, sans ressources et sans logis, elle ne connaîtra depuis que les abris de fortune.
Aujourd’hui, bien évidemment, on l’appelle El Hadja (elle ne l’est pas), de cette dénomination générale, désignifiée dont on affuble de nos jours toutes les femmes d’un certain âge. El Hadja ? Elle, c’est Adjmi Merzaka. Pour son nom, passe encore ! Mais son prénom, elle l’a quasiment oublié. Personne ne le lui rappelle, il est depuis de longues années égaré dans les méandres d’une jeunesse tourmentée. Malgré ses 75 ans bien tassés, elle continue de trimer presque toute la journée, quittant une maison pour un bureau et le bureau pour d’interminables escaliers d’immeubles qu’elle décrasse trop consciencieusement, le tout pour moins de 8000 DA par mois. Sans sécurité sociale, bien entendu.
Nous lui avons rendu visite dans la baraque qu’elle occupe avec sa fille adoptive depuis 20 ans, au bidonville Djaballah, caché aux regards derrière le quartier populaire les Frères Abbas, à Constantine.
Pour accéder à son minuscule gourbi, implanté quasiment au ras de Oued Lekleb (une dénomination qui en dit long), suintant d’eaux pluviales et empestant le moisi, il faut traverser des labyrinthes vaseux où courent par intermittence des rongeurs (dont personne ne semble effrayé) et où se déversent les eaux pestilentielles d’un égout à ciel ouvert. Le 8 Mars ? Elle ne sait pas ce que c’est. Son vieux visage débonnaire cache mal les stigmates d’une tristesse incommensurable qu’une vie impitoyable y a imprimée.
«Mes deux fils ne vivent plus avec moi ; l’aîné est en France et le cadet vit aussi dans un gourbi avec sa femme et ses quatre enfants ; je n’ai plus que cette fille que m’avait confiée la DAS en 1984, alors qu’elle n’était âgée que de 5 mois et de surcroît très malade, quasiment mourante. Je l’ai préférée à tous les bébés, je l’ai soignée et la voici à présent toute gentille et toute belle ; je me suis même battue pour elle contre mes fils qui n’en voulaient pas», nous révèle-t-elle d’une voix un peu lasse, mais non peu fière. Farida Hamadou
Djamila, standardiste, faire face à l’inversion des «rôles» traditionnels :
Maman et papa. Parfois Djamila a l’impression de jongler avec ces deux casquettes. A 35 ans, heureuse maman de deux enfants en bas âge, elle est standardiste au sein d’un journal. Et elle se démène comme un beau diable afin de faire vivre sa petite famille. Son mari étant au chômage, Djamila assure le seul revenu du ménage. Pourtant, elle rêvait et rêve toujours d’être journaliste.
Après l’obtention de sa licence en communication, 28 ans et jeune mariée, elle décroche un stage dans un journal afin de compléter son cursus avant de postuler à un emploi. «Mais ce stage n’était pas rémunéré. Mon mari n’ayant pas de revenus financiers fixes, j’avais donc la charge de la famille. Il me fallait un vrai salaire», raconte la jeune femme. Elle accepte – temporairement au début – un poste de standardiste au sein de ce même journal. «La paie que je touche, bien que salutaire, ne suffit toutefois pas à payer le loyer, plus les frais de la vie quotidienne.
Donc je m’acquitte d’autres tâches supplémentaires à côté, quelques écrits ou collaborations parfois», raconte-t-elle. Ce qui n’est pas de tout repos, comme peuvent en attester toutes les mères de famille qui travaillent. «Ça a été très difficile pour moi, surtout au début. L’aîné a deux ans et demi. Après mon congé de maternité, lorsque j’ai repris le travail, je n’avais même pas le courage de le déposer moi-même chez la nourrice.
Mon mari s’en chargeait. C’était un déchirement de le laisser à une autre femme», raconte-t-elle, émue. Et comment faire pour allier vie familiale et vie professionnelle ? «C’est la course tout le temps», résume Djamila dans un rire. Et d’ajouter à brûle-pourpoint : «J’ai tout de même la chance d’avoir un époux qui m’aide énormément, que ce soit pour s’occuper des enfants, préparer le dîner ou s’acquitter d’autres tâches dont je n’ai pas eu le temps ou la force de m’occuper.»
Car nul besoin de préciser que ses journées marathoniennes sont épuisantes tant physiquement que moralement. Journée-type de ces wonderwomen des temps modernes ? «Nous habitons à Baba Hassen et je travaille à Alger-Centre. Tous les jours, c’est réveil à 5h30 pour tout le monde. Mon mari s’occupe de l’aîné, le prépare et l’emmène à la crèche. Je m’occupe du bébé, 7 mois, et je le dépose chez la nourrice. Ensuite, je vais travailler, avec toute la pression et les tracasseries que cela implique», énumère-t-elle. Puis, c’est le même itinéraire dans le sens inverse. Et ce, en plus des nombreuses responsabilités et autres obligations à assumer.
La charge quotidienne est donc énorme et extrêmement fatigante. «Oui, mais je n’ai pas le choix. Je me donne à fond pour que mes enfants ne manquent de rien. Et je le fais pour mon homme. Etre dans cette situation lui fait beaucoup de mal, le rend dépressif. Il se sent inutile, incapable de faire vivre sa famille. Cette pression a souvent malmené notre couple. Donc je fais mon possible, je me sacrifie pour qu’il ne sente pas qu’on est dans le besoin à cause de lui», s’émeut Djamila.
Et elle a conscience que la psyché masculine a du mal à s’accommoder d’une certaine inversion des «rôles» traditionnels. D’ailleurs, elle le dit sur le ton de l’amusement : «Parfois j’ai l’impression que c’est moi l’homme dans la famille. J’aimerais parfois n’être ‘qu’une femme’ selon la conception de certains», ironise-t-elle. G. L.
Fatma-Zohra Benkara, secrétaire, 50 ans au «service de la nation» :
Le secrétariat est un noble métier. C’est ma vie !» Fatma-Zohra Benkara est une «femme de l’ombre», discrète mais terriblement efficace. La sexagénaire pimpante et active a été la secrétaire de dizaines d’hommes du gouvernement, d’Ahmed Ben Bella à Tayeb Louh. Depuis cinquante ans qu’elle tape sur sa machine, Mme Benkara, tailleur sombre, lunettes rouges et verbe haut, ne sait toujours pas comment elle s’est prise de passion pour ce métier : la sténodactylographie.
«Tout a commencé en 1962. J’étais alors au collège d’enseignement technique, j’ai lu dans un journal que la Présidence du Conseil organisait un concours pour une formation à ce poste. J’ai été emballée !», se rappelle la médersienne. Elle passe l’épreuve avec brio et entame une formation «très difficile, avec très peu de moyens». D’autant plus qu’elle se heurte au refus de son père et essuie ses foudres : «Il me voyait devenir enseignante, sage-femme ou même couturière, un métier ‘pour femme’, mais il était hors de question que je sois secrétaire. Il était de l’ancienne génération et peut-être bien qu’il considérait que c’était ‘aîb’.»
Elle ajoute dans un sourire : «Mais je me suis battue car j’aimais vraiment ce métier.» En 1963, elle fait officiellement partie des premières secrétaires formées après l’indépendance afin de prendre «la relève» et occuper les postes laissés vacants. Cassant par là même les tabous et ouvrant la voie à des centaines de milliers de femmes. C’est ainsi qu’à seulement 17 ans, Fatma-Zohra, première de sa promotion, est affectée à la Présidence du Conseil. Elle en garde un souvenir ému.
«La première fois que j’ai vu Ben Bella, j’étais assise à mon bureau, toute jeune et toute timide. Il est entré et a demandé ‘chkoun el oukht ?’ Cinquante après, les mots résonnent encore dans mes oreilles», raconte-t-elle. Elle restera à la Présidence jusqu’en 1965, année à laquelle celle qui se dit «ben-belliste» démissionne suite au coup d’Etat. Dès lors s’ensuit un demi-siècle d’activité durant lequel elle enchaînera les mutations, les recrutements et les affectations.
Elle intègre Sonatrach, puis le secrétariat général du ministère de l’Industrie, puis revient à la direction des moyens généraux de Sonatrach, le ministère des Industries chimiques… A son retour d’un passage de trois ans en Libye, le ministre du Travail de l’époque lui demande d’intégrer son équipe. C’était en 1994, au moment où les violences terroristes faisaient rage. «Malgré la peur et les risques, surtout dans un quartier ‘chaud’, j’ai accepté et ai fait mon travail avec abnégation et sérieux», assure-t-elle. Car secrétaire de direction n’est pas un métier de tout repos.
Un regard négatif sur la «nouvelle génération»
«Vous vous devez d’être disponible. Lorsque j’étais à la Villa Jolie, l’on nous appelait pour les congrès et les activités du FLN, ou encore des rencontres internationales. Et nous allions au front sans discuter, notre machine sous le bras. Ou bien une autre fois, j’étais alors à Sonatrach, on m’ordonna de me rendre sur-le-champ à l’aéroport militaire de Boufarik pour une ‘mission secrète’. Je n’ai même pas pu prévenir mes enfants et j’ai dû attendre d’être à Madrid pour prévenir ma famille», se souvient Mme Benkara, une ombre passant sur son visage. Les enfants.
Elle en parle avec fierté. Ils sont deux, qu’elle a eus très jeune, alors qu’elle entamait sa carrière. «Ils étaient habitués à ce rythme de vie. Mais oui, avec le recul, je me pose la question ; ai-je était une mère indigne ?» «C’était l’enfer pour allier les deux aspects de nos vies. Et pas question de s’absenter parce que votre enfant était malade ou autre», s’exclame la sexagénaire. «Mais je faisais mon métier avec les tripes. J’ai tout donné à mon travail», insiste Mme Benkara.
Et c’est d’ailleurs ce qu’elle reproche à la nouvelle génération : le manque de sérieux et l’absence d’amour pour leur profession. «Oui, je porte un regard plutôt négatif. Et j’ai constaté la dégradation au fil des ans. La plupart des secrétaires de maintenant ne sont pas sérieuses, n’ont aucune correction, ni éducation et respect. Et pas de rigueur et d’amour pour le travail bien fait. Pourtant, elles ont tellement de facilités et de moyens ! Ma génération a le dos cassé par les machines mécaniques !», critique-t-elle. La situation de la femme algérienne aujourd’hui ? Elle la résume à un chiffre. «En 1959, lorsque j’ai passé mon certificat d’études, nous n’étions que quatre filles dans ma classe», lance-t-elle dans un clin d’œil entendu.
Ghania Lassal
Safia, infirmière, «Femme à mobilité réduite : deux handicaps en Algérie» :
Safia, dans sa blouse blanche, traverse la salle de soins de l’unité des maladies respiratoires en boitant. «Moi, j’ai commencé ma vie avec deux handicaps majeurs en Algérie : être femme et avoir la poliomyélite.» Derrière la boutade, une volonté inébranlable et du bagout. L’infirmière de 45 ans, «responsable des traitements de la tuberculose», tient-elle à préciser, travaille au sein de la structure depuis 2004. «Et j’ai dû me battre pour arriver là où je suis aujourd’hui», lance-t-elle non sans fierté.
Car «tout jouait en ma défaveur». Elle est encore toute jeune lorsqu’on lui diagnostique une poliomyélite, maladie infectieuse aiguë qui s’accompagne d’une dégénérescence musculaire. En dépit des nombreux soins et traitements suivis, la petite fille grandira avec une jambe paralysée. «Notre société est impitoyable et il est impossible de s’en remettre lorsqu’on est enfant», s’attriste-t-elle. D’ailleurs, elle refusera des années durant d’aller à l’école et de poursuivre un cursus scolaire ordinaire.
«Pourquoi ? Tout simplement parce que dès que je mettais le nez dehors, j’étais systématiquement agressée par la méchanceté des enfants et même des adultes», se rappelle-t-elle douloureusement. Pourtant, suite aux supplications et aux encouragements de sa mère, elle entame, des années plus tard, une formation paramédicale. «J’ai souffert. J’habitais très loin et les moyens de transport étaient rares», commente Safia. D’autant plus qu’à cette époque, elle se déplaçait à l’aide d’un appareillage et de béquilles.
«Mais le plus dur à vivre a été le rejet catégorique qu’affichaient les responsables du centre de formation. C’est simple : ils ont tout tenté pour que je ne poursuive pas mes études, arguant que je ne pouvais pas me déplacer et prodiguer les soins nécessaires», raconte Safia. Comment a-t-elle fait taire les mauvaises langues ? «Avec mes compétences et mes notes qui étaient les meilleures», rétorque-t-elle dans un haussement d’épaules. Son diplôme d’Etat d’infirmière en poche, la femme à mobilité réduite mais pleine d’énergie s’attend à être affectée à l’un des «postes aménagés» prévus. «
Ce sont des places dont les activités ne demandent pas de beaucoup se déplacer, en laboratoire ou à la vaccination», explique Safia. «C’est au bout de plus de six mois de chômage qu’on a enfin pris connaissance de mon affectation. Un poste d’infirmière dans une prison, où les déplacements sont incessants !», s’exclame-t-elle. Surtout lorsqu’on sait les difficultés d’accessibilité pour les handicapés en Algérie. Aujourd’hui que ses compétences sont reconnues, le comportement des gens a-t-il changé à son égard ? «Cela dépend. Parce que nous sommes différents, les autres nous déshumanisent.
Pourtant, je suis une femme comme une autre. Je suis mariée depuis près de sept ans, je conduis et j’ai de nombreuses activités extraprofessionnelles. Le soir, comme toutes les femmes, je rentre chez moi, prépare le dîner et m’occupe de mon foyer», énumère-t-elle en souriant, ne comprenant pas que cela étonne tant les autres. A cela vient aussi s’ajouter la «misogynie ordinaire». «Oh ! vous connaissez le discours : ils sont fiers des femmes, veulent les voir réussir, mais dans la réalité, c’est très souvent faux», souffle Safia. «Alors, quels que soient les handicaps et les écueils, les femmes doivent se battre et s’imposer…» G. L.
Fella, étudiante et vendeuse : «Ne pas céder aux pressions, réussir…»
Debout devant le présentoir central de la boutique, Fella, tout sourire, finit de renseigner une cliente et de la servir. La jeune fille travaille dans le magasin algérois d’une grande enseigne de confiserie. Elle a 23 ans, mais en paraît plus dans son chemisier blanc et pantalon noir, «uniforme» sobre et similaire à celui des «autres filles», les trois autres vendeuses. «Des copines en fait. Ce qui fait que le travail est plutôt agréable», explique Fella.
La boutique en question est située sur une artère de la capitale très fréquentée. L’ouverture du magasin étant relativement récente, l’affluence provoquée par l’attrait de la nouveauté peut-être est très importante.
Et pas toujours facile à gérer. «Cela fait trois mois que j’occupe ce poste et il est vrai que les premiers jours ont été éreintants. Pourtant, j’ai déjà été hôtesse au Salon de l’automobile, donc j’ai de l’expérience en la matière», s’amuse Fella. D’autant plus qu’il semblerait que certains «incidents» aient été enregistrés. «Jamais rien de bien grave, des vols parfois.
Raison pour laquelle d’ailleurs il y a un vigile devant l’entrée pour éviter les débordements», confie-t-elle en jetant un coup d’œil vers la porte. Ce poste, la jeune fille ne compte pas l’occuper longtemps. Derrière son joli minois, la jeune fille ne cache pas ses ambitions : ouvrir sa propre agence immobilière. Licenciée en marketing de l’INC, elle est actuellement en première année de master de management de projet.
Comment gérer les études et le boulot ? «Pas évident tous les jours, d’autant plus que j’habite très loin. Mais j’arrive à me débrouiller. Je n’ai pas cours toute la journée et mes horaires de travail sont aménagées pour me permettre d’étudier», explique-t-elle.
Les pressions et les discriminations, c’est surtout à l’extérieur qu’elles se font sentir. «Il est évident qu’il y a une différence dès lors que vos professeurs de faculté se permettent de vous harceler. Ce qui n’arrivera sûrement pas à un étudiant homme», déplore-t-elle. Mais la jeune fille a appris à ne pas se laisser faire. «J’ai été élevée dans une famille très ouverte, qui n’a jamais fait de distinction entre les filles et les garçons : traitement, droits ou devoirs. Donc oui, j’ai appris à ne pas me taire, à ne pas me considérer comme inférieure à un garçon», se réjouit-elle.
Reste que ce n’est pas chose aisée pour la gent féminine d’évoluer dans l’espace public. «Difficile ? Il suffit de mettre un pied à l’extérieur pour être agressée de toutes parts par des mots, vulgaires la plupart du temps, des regards et des comportements ! Et personne n’intervient pour vous défendre ou remettre le malotru à sa place !» s’indigne Fella. Etre vendeuse l’expose d’ailleurs davantage à cet «extérieur agressif». «Je ne me laisse pas faire. Moi je fais mon travail pour gagner de l’argent et payer mes études !», conclut-elle. G. L.**El Watan-07.03.2013.
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la maison de jeunes de bouzaréah fête le 8 mars avec « Ladies Battle 2013 » breakdance et newstyle
Cette année l’association stars de la jeunesse, et la maison de jeunes de Bouzaréah, fête le 8 mars en organisant les « Ladies Battle 2013 » breakdance et newstyle, une façon originale de fêter la journée de la femme, et de s’éclater entre filles toute en profitant d’un spectacle de dance moderne.*Le 8 mars 2013: A partir de 13h00 à la maison de jeunes de bouzaréah
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Magazine féminin Web Zeinelle
Un site dédié à la beauté
A l’occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars prochain, un nouveau site algérien baptisé «Zeinelle» sera lancé, et ce, au grand bonheur du grand public.
Zeinelle.com est un nouveau web magazine féminin interactif, s’adressant à un public féminin traversant tous les âges. Il est composé de cinq rubriques, dont beauté et bien-être, bons plans, psycho, société et Zeinelle.com. Lors d’un point de presse animé au niveau du siège de Beauté Académie, la responsable du site, Asma Djigouadi, a indiqué que Zeinelle est un concept sobre, dépourvu de lourdeurs dans l’interface. L’idée de lancer ce site a germé après avoir constaté que le contenu de la plupart des sites de beauté existants ne sont pas adaptés à la société algérienne. «Notre site sera à vocation interactif. Il traitera de tout ce qui se passe sur le marché algérien, notamment la contrefaçon.
Pour les besoins de ce site, nous allons solliciter, entre autres, des nutritionnistes», précise Asma Djigouadi.
Dans la rubrique «bons plans», les intéressés seront à la page concernant les rendez-vous culturels. La rubrique «beauté et bien-être» aura pour mission de présenter des produits de beauté et de les tester, tout en favorisant les grandes enseignes. Les adresses et les prix seront ainsi donnés à l’intention des potentielles intéressées. Une orientation objective sera même proposée.
Zeinelle.com est un magazine qui se veut également à l’écoute de ses lectrices qui veulent prendre soin d’elles et soigner leur apparence pour gagner en assurance et en confiance. C’est parce que la femme algérienne a peu de temps à se consacrer que le site en question lui offre un moment de détente, en lui proposant des astuces de beauté, la possibilité de réagir et de rencontrer d’autres femmes. En effet, le club Zeinelle offre à ses adhérentes la possibilité de participer gratuitement à une «beauty-party», qui est un atelier de maquillage gratuit, dispensé par des maquilleuses professionnelles : au programme, des petits fours et de la bonne musique !
On y vient pour apprendre à se maquiller, bénéficier de conseils beauté et partager un moment de détente avec ses copines. Cette formule est dédiée exclusivement aux groupes de trois à cinq personnes. Les lectrices sont invitées à créer leur groupe en réunissant des personnes de leur entourage. Il est à noter que le projet de lancement de ce site a nécessité six mois de travail. La conception de ce genre de site est assez porteuse. «Il y a un besoin de la part de la femme, mais il n’ y a pas d’organisme spécialisé dans l’univers de la beauté et du bien-être», conclut la conférencière. *El Watan-02.03.2013.
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*Une ode à la libération de la femme
Le livre de Sherry Mercieca traduit en français
Les femmes en quête de leurs droits trouveront à coup sûr, dans ce livre sur la vie de la féministe et musicienne américaine, Sherry Mercieca, une source d’inspirations qui les guideront dans le combat. Ce document est accessible aux lecteurs algériens grâce à sa traduction de l’anglais au français par Boudjemaâ Zennouhe. Edité chez la maison Hikma, le livre écrit par Mme Hsio Lung Ogle, est composé, entre autres, de courts articles produits par Sherry Mercieca au cours de sa carrière. Lorsqu’elle avait vingt ans, en 1970, elle prit pour époux le Dr Charles Mercieca avec lequel elle s’engage dans le militantisme en faveur de la paix partout dans le monde, y compris dans les pays du Tiers-Monde. Son oeuvre est d’actualité même pour notre pays. N’a-t-elle pas espéré que la femme puisse s’impliquer davantage dans la vie publique et qu’elle exerce plus d’influence dans la société? C’est justement de cela qu’il s’agit lorsqu’on assiste au débat engagé depuis plusieurs années sur la présence de la femme dans les institutions élues. La Constitution a même été amendée pour instaurer un quota des femmes à l’APN. Les luttes des femmes algériennes lors de la lutte de Libération et lors de la tragédie nationale sont rappelées dans la préface du livre. (L’Expression-29.03.2012.)
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*La 7e édition du Salon de créativité féminine
**L’art féminin s’expose
La 7e édition du Salon de créativité féminine a débuté à Médéa en présence d’une cinquantaine de participantes sélectionnées pour la phase finale du concours de la meilleure création féminine.
Ces compétitrices sont issues d’une quinzaine de communes de la wilaya, parmi lesquelles des participantes venues des régions du nord-est et du sud-est de la wilaya, en l’occurrence Ksar El Boukhari, Beni Slimane, Tablat, Aïn Boucif, El Omaria, Seghouane ou Sidi Naâmane, pour exposer des produits manuels et d’artisanat inspirés du savoir-faire ancestral local.
Ce salon qui se tient à la Maison de la culture Hassan-El-Hassani regroupe un large éventail de travaux manuels féminins traditionnels, déclinés le plus souvent sous des formes affinées et adaptées à notre époque, notamment en matière de literie féminine, de tenues d’apparat et des produits de décoration d’intérieur. Une «touche moderne» qui contraste, cette fois-ci, avec l’aspect simpliste, parfois démodé des oeuvres exposées lors des précédentes éditions, boudées, d’ailleurs, par le public féminin.
Les participantes comptent, à l’occasion de cette édition, faire bonne impression sur le public venu nombreux et tirer profit, ainsi, de cette affluence pour se faire connaître et décrocher d’éventuelles commandes, reconnaissent quelques participantes.
Outre les domaines de la literie, la couture et la décoration, d’autres métiers en déperdition, tels que le travail de la laine, le cuir et la poterie, sont présents à ce Salon qui constitue, pour nombre des exposantes, notamment celles issues des zones rurales, une opportunité pour promouvoir ce savoir-faire séculier et se replacer sur le marché local.
Cette 7e édition est une aubaine également pour les jeunes créatrices, dont les oeuvres en verre ou en nature morte témoignent d’une ingéniosité insoupçonnée et un doigté qui fera rougir beaucoup d’hommes.
Le Salon de créativité féminine, qui donne également la possibilité aux jeunes poétesses et essayistes de se faire connaître du public, aspire aussi à participer à l’émergence de nouveaux talents. (L’Expression-08.03.2011.)
**Regard et appréciation d’une femme sur la situation du pays.
L’appréciation et la vision que peut apporter une femme à travers cette contribution est fondée particulièrement à travers le prisme du sentiment féminin sur l’observation de l’évolution économique et sociale dans notre pays et diffère fondamentalement des analyses que pourrait faire la gent masculine quelle que soit la qualification des uns et des autres.
L’Algérie, n’ayant bénéficié depuis son indépendance d’aucun programme apte à répondre à l’aspiration d’un peuple assoiffé de développement et de justice sociale, a eu le privilège à partir de 1999 et des années suivantes de disposer de vastes programmes de M. le Président de la République qui répondaient en premier lieu à une nécessité du moment en priorisant la mise à niveau de nos infrastructures de base suives par d’autres programmes tels les routes l’habitat, les connexions de gaz, l’eau etc. Cela signifie en fait une volonté politique de répondre à des aspirations souhaitées pas la grande masse des algériennes et des algériens.
A cela, il faut absolument lier, dans le cadre de l’engagement de tous, les programmes le nombre d’emplois créés diminuant ainsi le nombre effarant de chômeurs parmi une jeunesse ayant vécu la situation dramatique des années, 90 à 99 qui a déchiré aussi le coeur de nombreuses mères de famille. Cependant, si même ces réalisations n’ont pas été suffisantes aux regard de certains pour répondre aux aspirations de notre jeunesse, devons- nous imputer pour cela, exclusivement, au programme du Président les retards tant les attentes étaient lourdes et nombreuses? Nous croyons sincèrement que dans un Etat qui dispose d’un Exécutif et d’un Législatif censés être à l’écoutes de la population algérienne et en particulier les jeunes, de par leurs composantes partisanes leur responsabilité est aussi engagée.
Il en est de même pour les collectivités locales qui sont beaucoup plus proches du citoyen, qui n’ont pu au regard de leurs maigres prérogatives satisfaire même dans la simplification de l’établissement d’actes civils ou administratifs le citoyen ballotté souvent d’un guichet à un autre.
Comment notre jeunesse pourrait-elle comprendre aussi devant un.étalage de tant de richesses, la «hogra» et l’injustice qui lui sont faites dans la répartition. des revenus du pays dans le cadre des transferts sociaux? Comment pourrions-nous comprendre, au même titre que le simple citoyen, que la classe politique censée assurer la représentation d’une grande partie de la population puisse se désintéresser de ceux qui leur ont donné leur voix ni même à l’entreprise créatrice de richesses et d’emplois? Il s’agit là d’un problème d’engagement moral enterré qui laisse entrevoir que les principes qui animent «tout politique» ne reflètent nullement les valeurs pour lesquels ils militent. En tant que femme, j’éprouve une certaine aversion envers ceux qui, aujourd’hui, symbolisent le parvenu, en offrant en contrepartie leur servilité au lieu du sacrifice dont la Nation a besoin, car notre pays a souffert durant la longue lutte coloniale à laquelle s’est ajoutées une période sanglante allumée par une horde barbare et sans foi. La lutte pour la conservation de notre souveraineté doit être constante surtout par une mobilisation en particulier de notre jeunesse à laquelle nous devons tout préparer et en particulier le rôle majeur qu’elle est en droit d’assumer. Et pour ma part, en tant que «manager» et mère de famille, je considère que le rôle de l’entreprise est d’abord le lieu où l’être humain s’épanouit par son travail et il est donc évident que les préoccupations doivent être également orientées vers ce lieu de création de richesse et de promotion de l’être humain. Il appartient en conséquence aux politiques d’orienter leur stratégie de développement vers l’entreprise-laquelle demeure interpellée pour assurer sa charge dans un environnement qui doit être régi par un soutien efficace suivi par une réglementation basée sur une approche concertée. L’orientation économique concédée aux politiques ne doit pas revêtir le monopole de l’analyse et de la décision, les hommes et les femmes de terrain sont aptes à exprimer leur vision pour permettre d’aboutir à une démarche consensuelle qui reflète réellement une synergie nouvelle. Il a été souvent constaté que l’entreprise (PME/Privé) a été marginalisée et on ne lui accordant aucun rôle, bien plus du fait que ses capitaux étaient privés et son organisation reposait sur un caractère familiale argument souvent développé par des experts en mal de reconnaissance, suppose des messages bien réducteurs de la PME/PMI. Les dernières décisions de M. le Président de la République en faveur de la petite entreprise démontre aujourd’hui une volonté politique pour promouvoir ce secteur qui a longtemps souffert d’une marginalisation qui aboutit à un mécontentement qui aurait pu entraîner le pays dans une aventure. Cependant, les soutiens annoncée doivent être complétés par d’autres allégements susceptibles de booster la relance économique avec des emplois durables et notamment la révision du crédit documentaire pour le secteur productif.
En effet, comment arrêter une décision sans faire une analyse d’ impact préalable sur le secteur économique et affirmer deux années plus tard «que cette question va faire l’objet d’une évaluation» et qu’au cours de ces deux années dernières «près de 100.000 PME ont mis la clé sous le paillasson».! Il est aussi nécessaire d’aborder d’autres problèmes liés à la confection des cahiers de charges dans le secteur du Btph dans certaines wilayas du pays et qui laisse supposer qu’ils sont «rédigés» sur mesure dans le but bien précis de satisfaire un opérateur «sélectionné» préalablement parmi d’autres. La situation qui prévaut dans une partie du Monde arabe où les richesses n’ont pas été réparties équitablement afin que la frange sociale vive dignement a entraîné des violences qui ont bouleversé les ordres établis sans que nous puissions connaître la nature des lendemains. L’Algérie reconnaissante à tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour l’indépendance du pays parviendra seule à construire son destin avec l’ensemble de ses citoyens car les capacités existent et il est aujourd’hui impératif de retenir que la création de richesses, d’emplois et du bien-être dépend de la volonté du politique, de l’entreprise et des travailleurs. C’est dans cet ordre d’idées que j’interpelle le politique pour aller plus en avant dans les réformes économiques et sociales et tracer une stratégie qui puisse permettre d’aller vers un développement durable qui assurera aux générations futures la paix et la stabilité. Et à l’occasion de la Journée de la femme, j’adresse en cette circonstance, ce message: Femmes algériennes unissez-vous derrière la Patrie. (L’Expression-08.03.2011.)
Par Mme Saïda NEGHZA (*) Vice-présidente de la CGEA
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* FAYROUZ ZIANI
Le beau visage algérien d’Al Jazeera
C’est une professionnelle de l’information qui reste de marbre face à l’événement.
S’il y a une journaliste algérienne qui a marqué sa présence avec son visage d’ange et sa présentation élégante sur la chaîne Al Jazeera, c’est bien Fayrouz Ziani, née Bouazara. Jeune présentatrice du JT de l’Entv, elle a quitté la Télévision nationale pour Al Jazeera en 2000 et s’est très vite imposée aux cotés de Khadidja Bengana, sa compatriote sur le plateau de la chaîne la plus regardée du monde arabe. C’est elle qui a annoncé, le regard triste et les yeux larmoyants, la nouvelle de l’exécution de Saddam Hussein, le 30 décembre 2006, le premier jour de l’Aïd El Adha. Sa direction l’a convoquée au studio à 4h du matin, tout en gardant secret l’information.
Arrivant sur le plateau, elle aura la grande responsabilité d’annoncer la nouvelle à la planète. Fayrouz Ziani, qui avait couvert les élections législatives en Palestine, gardera également, un moment émouvant de la guerre au Liban en 2006 et de celle de Ghaza en 2008. C’est elle aussi qui avait toujours la lourde tâche d’annoncer les bombardements des sites civils et le massacre d’innocents.
Mais Fayrouz Ziani est une professionnelle de l’info, elle reste de marbre face à la tragédie.
C’est une Algérienne pure, qui sait réagir face à la douleur et au drame. Mais Fayrouz à Al Jazeera, c’est aussi des moments de bonheur et de joie, quand l’Algérie s’est qualifiée pour le Mondial, elle a participé avec ses collègues algériens de la chaîne qatarie: Leïla Smati, Lakhdar Berriche, Kaouter Bachraoui et bien sûr Khadidja Bengana, Hafidh Derradji, Lahbib Benali et Abdelkader Ayadh, au versement d’une somme d’argent pour organiser les célébrations.
Ainsi, 12 moutons ont été égorgés pour la circonstance, ce qui a permis de réunir autour d’un couscous préparé par les mains expertes de Fayrouz Ziani, qui s’est levée très tôt à cet effet et servir les convives dont les journalistes égyptiens de la chaîne qui ont répondu présent à l’invitation de leurs collègues algériens.
Fayrouz dont le nom de son mari Ziani, a fait aussi l’objet d’une émission sur la chaîne égyptienne El Mehouar, qui avait fait croire aux téléspectateurs que Fayrouz était la grande soeur du joueur de l’EN, Karim Ziani, accusant la chaîne qatarie d’impartialité avec les Égyptiens.
Une rumeur sur son nom de famille qui a fait plaisir à notre journaliste vedette, qui a bénéficié d’une publicité de plus pour son parcours riche et varié. (L’Expression-08.03.2010.)
**Université de Constantine
Faïrouz Ziani et Hassiba Boulmerka honorées
À l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, l’université de Constantine honorera aujourd’hui quelques figures nationales de femmes qui se sont illustrées dans différents domaines. Parmi celles-ci, on peut notamment citer Faïrouz Ziani, une des vedettes de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, qui a fait le déplacement pour la circonstance de Doha. L’ex-championne olympique Hassiba Boulmerka sera, elle aussi, honorée lors de la même cérémonie. (Liberté-08.03.2010.)
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AHLAM MOSTAGHANEMI
La reine de la littérature arabe
Ahlam Mostaghanemi est devenue, en l’espace de quelques années, la nouvelle icône de la littérature arabe. Son histoire et son parcours en littérature sont restés attachés à l’histoire de la Révolution algérienne. Née en exil en 1953 à Tunis. Son père, Mohamed El Chérif, a lutté contre la présence française. Il est emprisonné à El Koudia (Constantine) suite aux événements du 8 Mai 1945 et c’est là que le père fera connaissance de Kateb Yacine.
Deux des oncles de Mohamed Chérif ont perdu la vie dans la ville de Guelma suite à ces mêmes événements. À sa sortie de prison, il est persona non grata à la mairie de Constantine où il exerçait. Il perd son emploi.
La famille doit se réfugier en Tunisie. De retour en Algérie en 1962, elle fait des études secondaires, avant de travailler pour la radio. Elle anime une émission, «Hamasat», qui lui confère une certaine réputation littéraire. Son premier recueil de poésies paraît en 1973 sous le titre Ala Marfa ‘ Al Ayam (Au havre des jours). Elle décroche avant son départ pour la France une licence en littérature à l’université d’Alger. Installée à Paris, elle épouse un journaliste libanais, et tout en fondant une famille soutient une thèse sous la direction de Jacques Berque. L’oeuvre de cet écrivain est populaire dans le monde arabophone, notamment au Liban, en Jordanie, en Syrie, en Tunisie et aux Emirats arabes unis. Jacques Berque écrit une préface élogieuse pour la traduction d’un de ses livres. Dans Une cause jamais perdue, il lui consacre un chapitre («L’intercession de la femme»); en reprenant sa préface, il fait l’éloge de la documentation, de la lucidité de l’auteur qui sait utiliser une expérience vécue en prenant ses distances avec elle. Il va jusqu’à professer son adhésion à ses idées (une littérature faite par des hommes et s’adressant à des hommes). Son livre Dhakirat al-jasad (Mémoires de la chair), est classé parmi les cents meilleurs romans arabes. La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, lui a rendu un hommage lors du dernier Salon du Livre. Ahlam Mostaghanemi est devenue le rêve de la romancière et poète arabe. (L’Expression-08.03.2010.)
***ASSIA DJEBAR
L’Algérienne à l’Académie française
Assia Djebar de son vrai nom Fatima-Zohra Imalayène, est la première femme arabe et musulmane à accéder à l’Académie française. Née à Cherchell le 30 juin 1936, elle devient l’écrivaine algérienne d’expression française la plus lue en Europe. Elle a écrit pour le théâtre, et a réalisé également plusieurs films.
Son oeuvre a pour thèmes l’émancipation des femmes, l’histoire, l’Algérie considérée à travers sa violence et ses langues. Assia Djebar est considérée comme l’une des auteures les plus célèbres et influentes du Maghreb. Elle fut élue à l’Académie française en 2005.
«J’écris, comme tant d’autres femmes écrivains algériennes avec un sentiment d’urgence, contre la régression et la misogynie.»
C’est en 1957, qu’elle publie son premier roman, La Soif. L’année suivante, elle quitte l’école, épouse l’écrivain algérien Walid Garn puis quitte la France. A partir de 1959, elle étudie et enseigne l’histoire moderne et contemporaine du Maghreb à la Faculté des lettres de Rabat. Le 1er juillet 1962, elle retourne en Algérie. Elle est professeur d’histoire à l’université d’Alger, jusqu’en 1965, où l’enseignement de l’histoire et de la philosophie passe en langue arabe. De 1966 à 1975, elle réside le plus souvent en France (Paris), et séjourne régulièrement en Algérie. Elle épouse l’écrivain Walid Carn (pseudonyme de Ould-Rouis Ahmed), avec lequel elle a écrit la pièce Rouge l’aube, puis se remarie avec Malek Alloula. De 1995 à 2001, elle est directrice du Centre d’études françaises et francophones de Louisiane aux États-Unis. En 1999, elle est élue membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, en 2005, à l’Académie française. Depuis 2001, elle enseigne au département d’études françaises de l’université de New York. Le 16 juin 2005, elle est élue au fauteuil 5 de l’Académie française, succédant à Georges Vedel, et y est reçue le 22 juin 2006. Les oeuvres d’Assia Djebar ont été traduites en 21 langues. Assia Djebar vit en France et aux États-Unis, où elle enseigne la littérature française. Elle reste un exemple et une référence pour l’accès au savoir et à la littérature pour toutes les auteures algériennes contemporaines. (L’Expression-08.03.2010.)
***KHALIDA TOUMI À L’EXPRESSION
j’aimerais bien que le 8 Mars soit tous les jours…
La ministre de la Culture, ancienne militante des droits de l’homme, réfute l’idée qu’on soit en retard, comparé aux pays voisins.
L’Expression: Que représente pour vous la date du 8 Mars?
Khalida Toumi: Je suis contre les gens qui disent que le 8 Mars, il faut que ce soit tous les jours. Bien sûr que j’aimerais bien. Simplement, tant qu’il y a une femme opprimée dans le monde, le 8 Mars c’est important. Il se trouve que malheureusement la chose la plus partagée dans le monde, c’est l’oppression des femmes. Chacun a sa façon de l’opprimer. Donc le 8 Mars c’est formidable car c’est une journée pour faire des bilans. Pour dire où on en était et où on en est et qu’est- ce qui reste à faire. Et si on retient cette idée, alors, je dis à toutes les femmes algériennes et à toutes les femmes du monde: Bon 8 Mars et bons combats!L’Algérie est en retard dans le domaine des droits de la femme comparé à nos pays voisins, notamment sur le plan du Code de la famille. Qu’en pensez-vous?
Je ne suis pas d’accord avec vous. Qui vous a dit que nous sommes en retard par rapport à nos voisins maghrébins? Nous n’avons pas le même avis. Et comme je sais que vous aimez la liberté, vive la liberté et le pluralisme! Je ne partage pas la même idée. Nous ne sommes pas en retard par rapport aux voisins mais par rapport à d’autres. En tant que mathématicienne, je pourrais vous démontrer le contraire par a+b, loi à l’appui.
On est en retard par rapport aux Sud -Africaines qui sont très en avance. Quant aux voisins, il y a des domaines où on les dépasse. Sauf qu’eux, ils savent vendre mieux que nous l’image positive de leur pays.
N’oubliez jamais la définition de Mohamed Dib concernant la culture: «C’est la façon qu’a chaque peuple d’être au monde et dans le monde.» Quand on ne s’aime pas, on ne peut que donner des images moches de soi-même. Quand on s’aime, on se respecte. On donne la vérité.
Pour revenir au 8 Mars, c’est une fête internationale, alors, Bon 8 Mars aux femmes algériennes et aux femmes du monde! Car les femmes dans le monde entier subissent encore l’injustice!
***FATMA-ZOHRA ARDJOUN
La première au grade de général en Afrique
Le 5 juillet 2009, Fatma-Zohra Ardjoun est devenue la première femme général en Algérie et probablement dans le monde arabe et africain. Pour la première fois, une femme accède au grade de général.
Fatma-Zohra Ardjoun, chef de service à l’hôpital militaire de Aïn Naâdja, est devenue un symbole de réussite d’accession pour des postes et des grades supérieurs dans l’armée. Elle a fait partie des vingt et un officiers supérieurs promus, le 5 juillet 2009, par le Président Abdelaziz Bouteflika à l’occasion du 47e anniversaire de l’Indépen-dance de l’Algérie.
Sa nomination à ce poste sensible de haut gradé, a été accueillie avec une grande fierté par la gent féminine, qui sont nombreuses à occuper des postes dans des grades importants dans la Police, l’Armée et la Gendarmerie. La nomination de Mme Fatma-Zohra Ardjoun au grade de général est pour ces femmes algériennes un grand espoir pour l’avenir et une reconnaissance supplémentaire pour le combat des valeurs et de la nation algérienne. (L’Expression)
***MME MEHADJIA BENCHENTOUF, DIRECTRICE DU PALAIS DE LA CULTURE
La volonté faite femme
A la tête du Palais de la culture depuis 2001, cette femme aux grandes ambitions avoue que son amour pour son travail lui a permis de relever les défis.
L’Expression: Quel a été le fil conducteur de votre carrière?
Mehadjia Benchentouf: J’ai débuté mon parcours professionnel en tant que psychologue. Mon travail consiste en la prise en charge de jeunes et enfants en difficulté. Mes études en psychopédagogie m’ont permis de gérer des centres pour enfants en difficulté et des établissement pénitentiaires car je travaillais dans le cadre de la médecine légale.
Je faisais des examens médico- psychologiques des détenus. Par la suite je suis passée à l’enseignement, certes une expérience enrichissante, mais loin d’être une activité assez dynamique pour moi. Aussi, lorsque l’ex-ministre de la Culture M.Abbou, m’a contactée pour prendre en charge le Palais de la culture, je n’ai pas hésité.
En tant que femme, avez-vous eu des difficultés dans la gestion?
Ma méthode est très simple. Je fais confiance à mes assistants et je leur laisse une certaine autonomie, tout en gardant toujours un oeil sur le suivi. J’écoute beaucoup mes collaborateurs avec qui je suis exigeante, dans une ambiance conviviale. Il faut créer un esprit d’équipe, notamment dans cet établissement qui est la vitrine de la culture en Algérie. Mon expérience et ma formation m’ont beaucoup aidée dans ce sens.
Qu’avez-vous apporté à cet établissement?
J’ai trouvé un personnel dans une situation ingérable et une gestion à refaire. Après avoir remis de l’ordre dans les ressources humaines, j’ai tracé un programme pour exploiter parfaitement cet espace devant abriter les événements les plus importants de la culture. Nous avons contacté les artisans abandonnés. Ainsi, nous leur avons proposé d’exposer gratuitement leurs oeuvres pour faire valoir leur savoir-faire et leur création. Après la tragédie nationale, il nous a fallu adopter une méthode pour restructurer la culture et lui rendre sa vraie place en Algérie.
Durant votre parcours, avez-vous eu des problèmes avec des hommes?
Je n’ai pas l’impression que ma qualité de femme pose problème. A un certain niveau de responsabilité, la différence homme-femme ne compte plus, seule la compétence prime. Je n’ai jamais senti de réticence ni, d’ailleurs, d’admiration, cela serait malvenu.
Quel est votre secret de réussite?
Pour moi, il s’agit avant tout de compétence. Mais malheureusement, à notre époque, beaucoup de personnes perdent cette valeur essentielle.
Plus ils sont jeunes et plus ils veulent arriver vite et sans rien donner d’eux-mêmes, sans effort. Il y a des moments dans une carrière, où il faut tout donner, pour être récompensé après. Et souvent, cela demande des sacrifices. (L’Expression-08.03.2010.)
***MERIEM BELMIHOUB-ZERDANI
Une avocate algérienne aux Nations unies
Depuis sa jeunesse, celle qui a été la première avocate en Algérie, n’a eu de cesse de défendre la cause des femmes. Meriem Belmihoub-Zerdani l’a prouvé durant son long parcours politique et professionnel.
Née le 1er avril 1935 à Alger, épouse de Abdelaziz Zerdani, grand moudjahid et ancien ministre du Travail entre 1965 et 1967, elle rejoint, jeune, les rangs du FLN à partir de juin 1955. Arrêtée à plusieurs reprises, elle subira les affres de l’armée française. Devenue l’une des premières femmes députées de 1962 à 1964, elle quitte la politique pour le droit et devient avocate au barreau d’Alger en 1964.
Ministre conseiller pour les Affaires juridiques et administratives auprès du chef du gouvernement en 1992, elle est désignée le 27 décembre 1997 dans le tiers présidentiel comme sénatrice. Après cette carrière au Conseil de la nation où elle s’est illustrée par ses positions politiques justes, Meriem Belmihoub-Zerdani a été élue comme experte au sein du Comité des Nations unies contre la discrimination à l’égard des femmes (Cedaw) depuis janvier 2003. Dans l’exercice de son second mandat au Cedaw, Meriem Belmihoub-Zerdani milite avec autant de passion et de vigueur qu’ aux premiers jours contre toutes les formes d’inégalité. Un long parcours qui lui a permis d’ ouvrir les yeux «sur la justice et la bonté des choses». Meriem Belmihoub-Zerdani est devenue un symbole de la justice et de la défense des inégalités contre la femme.(L’Expression)
***MME ZOHRA DERDOURI
Au service de 32 millions d’abonnés
Ce n’est pas facile d’être responsable de 32 millions d’abonnés, mais Mme Zohra Derdouri qui a succédé à M.Belfodil Mohamed en mai 2008 à la tête de la direction de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications, assure et devient par la même occasion la responsable des télécoms la plus importante du pays et même d’Afrique et du Monde arabe. Personne n’attendait cette dame à ce poste sensible qui demande de l’autorité et surtout de la diplomatie dans le domaine des télécoms et une gestion équitable des différents opérateurs sur un marché du mobile très actif et concurrentiel.
Mme Zohra Derdouri est titulaire d’un magistère en informatique de l’université des sciences et des technologies Houari- Boumediene et a occupé plusieurs postes en qualité d’enseignante et de responsable au sein de l’université des sciences et des technologies de Bab Ezzouar. Elle est devenue la présidente d’une Autorité de régulation qui gère le plus grand nombre d’ abonnés en Afrique du Nord. (l’Expression)
***Malika, Hassina, linda et les autres…
Que ce soit dans un salon de coiffure, au marché, dans la rue ou lors d’un vernissage mondain, l’avis des femmes à la question de savoir: «Que pensez-vous du statut et de la situation de la femme en Algérie?», se trouve souvent partagé entre une colère refoulée, ou un discours passionné qui en dit long sur leur marasme. Parfois, certaines préfèrent se murer dans le silence, ne sachant quoi répondre, ou parce qu’elles ont peur de choquer tant leur peine est grande. Des avis divergents complexes, mais toutes s’accordent sur une chose: beaucoup reste à faire. On ne prétend pas ici présenter un panel exhaustif sur ce que pense la femme de son statut en Algérie, mais du moins éclairer le lecteur sur ce que pense cet être qui constitue plus de la moitié de la population.
Liberté de la femme: réalité ou utopie?
Conscientes de leurs acquis depuis l’indépendance, certaines se réjouissent de cette évolution qui fait que les femmes occupent de nouveaux postes, que ce soit dans le domaine de la santé ou de l’éducation, mais d’autres se cantonnent dans une sorte de passivité béate qui fait d’elles des éternelles victimes. Sans jeter la pierre sur qui que soit, les femmes aujourd’hui, reviennent de loin car le chemin vers la véritable liberté reste encore semé d’embûches. La liberté de la femme: réalité ou utopie alors? Nous sommes parties à la rencontre des nos femmes algériennes, de tout âge et catégories sociales confondues.
Pour Mme S.Malika, la cinquantaine, directrice d’une école de formation professionnelle spécialisée en esthétique, coiffure et décoration florale, Eve école, célébrer la femme en un seule journée ne suffit pas. Et de faire remarquer: «Le 8 Mars représente pour moi une journée pas comme les autres. Et comme les autres en même temps. Accorder une seule journée pour la femme n’est pas suffisant. La femme a été de tout temps aux côtés de l’homme, des enfants. Elle travaille tout le temps. Elle est présente en permanence, jour et nuit. Le 8 Mars nous permet de voir ce qui se passe au niveau national et de constater le travail effectué par la femme algérienne. Sur ce plan, je suis satisfaite. Il y a de plus en plus de persévérance et d’amélioration à ce niveau. Nous avons beaucoup de femmes intellectuelles qui sauront représenter dignement l’avenir de l’Algérie. Nous avons aussi des citoyens qui préservent leurs coutumes ancestrales tout en se tournant vers l’avenir.» Hassina Menouar est surveillante médicale à la polyclinique des Anassers, Kouba. Nous l’avons rencontrée à la Safex, à l’occasion de la tenue du Salon Eve 2010. En plus de son métier, elle a choisi la décoration florale comme hobby pour se distraire et décompresser un peu. L’image qu’elle donne de la situation de la femme en Algérie est des plus catastrophiques, ce qui en dit long sur le retard enregistré et affiché en matière législative envers les femmes: «La réalité est tout autre. La femme est souvent brimée. Il n’y a qu’à voir les femmes jetées dehors avec leur enfants dans les rues. Celle qui n’a pas de métier ou une bonne ressource financière est perdue. Avec la conjoncture actuelle et la cherté de la vie, une femme divorcée ne peut vivre dignement. Le divorce est devenu monnaie courante à notre époque. On se marie et on répudie sa femme deux ou trois mois après. Des hommes qui, dès qu’ils acquièrent une certaine aisance financière, prennent une seconde épouse et rejettent la première. C’est la femme comme d’habitude qui paie les frais. Le garçon, lui, peut se remarier et refaire sa vie. Ce sera difficile pour la femme de refaire sa vie avec cinq ou six gosses à charge. Ne parlons pas de la Nafaka qui ne suffit plus à nourrir une famille. C’est toujours la femme qui est pointée du doigt, qui a tort. On la somme de subir et de se taire.» Evoquer la femme donne souvent des réactions imprévisibles. Les femmes sont hésitantes, ou affichent un sourire désarmant comme pour tromper l’ennemi. La plupart affirment ne pas jouir de leurs droits mais quand on veut en savoir plus sur ces droits, elle affirme: «Dans tous les sens du terme!». C’est le cas de cette coiffeuse de 36 ans qui s’émeut dès qu’on aborde le sujet. Idem pour cette jeune étudiante en droit, mannequin à ses heures perdues, qui se contente de souligner: «La situation de la femme en Algérie est très complexe.» Une situation complexe qu’a su rendre un peu plus intelligible, Linda B. journaliste sportive en affirmant que le statut de la femme en Algérie est confus, partagé entre une émancipation et une tentative de rabaissement. «Je pense que les hommes ne sont pas encore prêts à voir une femme dans un poste supérieur et vivent très mal la réussite du sexe opposé, mais il faut avouer que les femmes sont de plus en plus promues à des postes importants, mais dans la vie de tous les jours, le statut de la femme est à revoir et à corriger. Celle-ci est sans cesse persécutée et agressée, il faut y remédier.»
Un sujet donc tabou qui fait remuer le couteau dans la plaie à beaucoup de femmes acculées à une certaine résignation ou à un état de victimisation refoulée. Et tentative d’émancipation malgré tout.
L’Algérie, un monde à part?
Pas si sûr. Un paradoxe quand on sait que des femmes ont acquis une certaine liberté de mouvement et de place dans le travail. Mais ceci reste encore insuffisant comme en témoigne cette jeune femme, chef d’entreprise de son état, qui souligne le rude combat qu’elle a dû mener pour s’imposer aux côtés des autres chefs d’entreprise, hommes. Elle confie: «J’ai créé un cabinet d’affaires qui s’occupe de tout ce qui est relatif à la création d’entreprises en Algérie et l’événement professionnel. Je pense que valoriser la femme en l’espace d’une journée n’est justement pas valorisant. Toutefois, cela permet, paradoxalement, à la femme de faire une pause et de se chouchouter si elle peut, au moins une fois par an. Au fil des années, on remarque une certaine évolution quant à la considération de la femme. Il y a une batterie de lois qui commencent à faire bouger les choses.» Et de renchérir: «Cependant, en tant que femme chef d’entreprise, j’ai toujours des difficultés à m’imposer au milieu des hommes chefs d’entreprise. On me demande souvent: où est votre directeur? C’est toujours la phrase qui revient. J’ai mis beaucoup de temps pour pouvoir m’imposer sur le marché économique. Il y a quand même une amélioration et une certaine évolution au niveau des mentalités. Je suis très optimiste pour la suite.»
Femmes au stade, émancipation dites-vous?
D’aucuns auront constaté, ces derniers mois, un certain vent de changement quant à l’engouement des femmes vis-à-vis du foot. Cela s’est traduit principalement par la participation des femmes avec les hommes dans l’acclamation des Verts lors de leur victoire contre l’Egypte au mois de novembre dernier. Autre exploit en date, les femmes ont occupé, jeudi dernier, les gradins du stade du 5-Juillet pour aller acclamer leur Equipe nationale. Cela n’a pas été hélas, sans conséquences dramatiques, puisque des dépassements et autres agressions verbales et physiques ont «parachevé», ce jour-là ce match, placé, lui, sous le signe de l’amitié. Si pour beaucoup, cette vision des femmes au stade n’a fait que l’embellir en rompant avec certaines «constantes» abruties et conservatrices, d’autres esprits revêches ne voient pas encore d’un bon oeil l’occupation du stade par les femmes. Comme en témoigne ce groupe lancé sur le site Facebook au titre évocateur et sans appel: «Contre les femmes qui vont au stade!»
Les commentaires des internautes ne se sont pas fait attendre. Hommes et femmes ont derechef, réagi. Pour cette jeune fille, N.B. appelons-là ainsi: «Je doute fort que cette initiative augure une quelconque émancipation pour la gent féminine, je m’avancerai plus à dire qu’elle ne fera qu’intensifier la hargne que portent nos hommes à la femme algérienne». Et de faire remarquer: «J’ai été choquée de lire les insultes et les propos dégradants et misogynes de certaines personnes envers ces filles qui sont parties au stade.» Pour Mimi B.: «Ce qui m’a plu le plus en regardant le match à la télé, c’était justement de voir des femmes dans les gradins du 5-Juillet. Il y a encore énormément de choses à faire pour que la situation de la femme dans notre société s’améliore, mais c’est quand même quelque chose d’avoir vu ça et surtout pour celles qui y étaient, d’avoir fait ça!» Kaïs est un jeune garçon passionné de foot. Il donne un avis assez réfléchi sur la question. «Ce n’est pas le foot qui se féminise, c’est plutôt, à l’instar des banlieues de France, ce sont les filles qui deviennent plus garçons manqués pour s’en sortir au sein d’une société faite par et pour les mecs.» Et d’expliquer: «Dans cette société, une femme qui se comporte en mec (comme dans la banlieue encore) s’en sort, par contre, une femme féminine est piétinée. La révolution est encore moins à accaparer les tribunes des stades que de s’approprier un banc dans un parc tout simplement. Dans un pays ensoleillé, une femme (même seule en train de lire) sur un banc est un « beug » dans la matrice de l’arabo-baathisme diffus…Dans une société qui respecterait vraiment les femmes, il n’y aurait pas besoin pour une femme de mettre une casquette ou d’arborer le drapeau du pays, encore moins de porter le voile islamique pour être respectée.» Pour Nadia B. jeune étudiante, son avis est plutôt pessimiste: «Je ne crois pas une seule seconde qu’un match de foot puisse changer les choses. Cela a pu se faire parce que tout a été organisé… tribunes réservées aux femmes et aux familles (dans notre pays, l’un ne va pas sans l’autre). L’idéal aurait été que les choses se fassent spontanément, sans escorte, mais on est bien loin! Je me pose la question: comment les hommes auraient réagi si cela n’avait pas été organisé? Les Algériennes et les Algériens ne sont pas encore prêts à voir des femmes dans un stade de foot ou à assister à un autre événement sportif! Le changement viendra par l’école, l’éducation et la décontamination religieuse.»
Pour Malik M., il reste encore de l’espoir: «Il ne faut pas que ça reste un épisode. Il faut en faire beaucoup d’autres jusqu’à ce qu’on l’intègre petit à petit. Encore une fois, sans le match, personne n’aurait pu s’imaginer un truc comme ça, même sans escorte. En tout cas, je salue ces femmes qui sont allées au stade parce qu’à leur place je n’aurais pas eu le courage de le faire.»
Et cette phrase sensée résume le tout:
«Le pire est que la discussion vire autour de la religion (yadjouz et la yadjouz) comme si l’Islam avait autorisé un jour les hommes à aller au stade pour dire des insanités tout en l’interdisant aux femmes…D’un point de vue religieux, un lieu de blasphèmes et de paroles viles serait interdit à tous…» et au réalisateur Yaniss K. de dire cette implacable vérité: «C’est grave, très grave! Surtout que les personnes qui ont créé ce groupe n’ont pas la gueule de l’emploi! Et en plus, il y a des filles qui les soutiennent. Je crois rêver! Ça me rappelle quand j’étais à la fac de droit, module « droit de la famille ».
Le professeur disait textuellement que les femmes étaient inférieures aux hommes. Il y avait au moins 20 étudiantes dans mon groupe, mais aucune ne s’est insurgée! Elles semblaient de l’avis du prof.»
Certaines se plaignent de se faire insulter chaque jour que Dieu fait dans la rue, d’autres soutiennent que la femme est et restera mineure à vie. Pessimisme ou réalisme? Question de religion ou d’éducation? Ce qui est sûr, par contre, est que l’intégrisme, tapi sournoisement dans la société, n’a pas complètement disparu et c’est la femme qui continue à en faire les frais…Jusqu’à quand? (L’Expression-08.03.2010.)
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*La femme et les clés du progrès
Nous sommes le 8 Mars. C’est la journée internationale de la femme. La date a été retenue et officialisée par l’ONU en 1977. Pour nous c’était bien avant. La véritable date qui marque la renaissance de la femme algérienne est, sans conteste aucun, celle de l’indépendance. Ce jour-là, le 5 juillet 1962, pour la première fois de toute notre histoire, les Algériennes ont brisé leurs chaînes. Elles sont sorties crier leur bonheur de vivre dans une Algérie enfin indépendante. On doit à la vérité de dire que ce sont les moudjahidate qui, durant la guerre de Libération, ont, par leur courage et leur sacrifice, au même titre que leurs frères de combat, rendu possible cet élan de la femme. C’est la génération de Novembre qui a ouvert la marche à l’émancipation de la femme algérienne. Il faut rappeler aux plus jeunes qu’avant cette époque-là, la femme algérienne n’existait pas humainement. Les hommes la désignait en terme générique de «Dar» (la maison). D’autres encore plus cruels, disaient carrément «El Mra Hachâk» termes qui traduient toute l’insignifiance et le mépris où l’enfermait la société. Comme s’il s’agissait d’une bête de somme. Repoussante. Un temps qui paraît très lointain mais dont beaucoup d’acteurs et témoins sont encore de ce monde. Il y a donc 48 ans, la condition féminine a changé du tout au tout en Algérie. Du jour au lendemain, elle avait le droit de sortir. De voter. D’aller à l’école. Puis à l’université. De travailler à l’usine, au bureau. Tout est allé très vite. Plus vite en milieu urbain certes, mais l’exode rural était d’un apport certain. 48 ans après, où en est la femme algérienne? Force est de constater qu’après le boom de l’indépendance, il y a eu comme un tassement moins de deux décennies plus tard. Les «murs» qu’elle faisait tomber un à un de son propre chef lui paraissent plus «résistants». Elle n’a attendu «l’autorisation» de personne pour prendre part au combat de la libération. C’est de sa propre volonté qu’elle est «sortie» une fois l’indépendance arrachée. Ce n’est pas à l’homme qu’elle doit d’avoir franchi les marches de l’université. Ce n’est pas à la loi qu’elle doit, bien au contraire, la disparition de fait de la polygamie. Elle ne doit ses avancées à personne ni à aucun texte. Cela veut dire que les clés de son devenir sont entre ses mains. Qu’elle n’a rien à demander à quiconque. Réclamer des droits alors que l’égalité des sexes est reconnue depuis 1962, n’a aucun sens.
Aujourd’hui, il est question de promouvoir l’entrée de la femme sur la scène politique. De quotas et d’on ne sait quoi encore. Mais qui d’autre que la femme pourrait le faire? Mme Louisa Hanoune en est la réponse vivante. Elle n’a pas attendu l’amendement de la Constitution. Elle n’a rien quémandé. Elle a travaillé, prouvé ses compétences, a agi en responsable et s’est battue. Mme Hanoune n’est pas une extraterrestre. Ce qu’elle a réussi est à la portée de beaucoup d’autres femmes. Les seules qui ne le pourront jamais seront celles qui ne cessent de réclamer et attendent que les hommes veuillent bien les laisser entrer en politique. En bref, aucun mur des lamentations ne pourra être utile à la condition féminine. Alors que cessent les fonds de commerce! Le progrès de la femme est en elle. (L’Expression-08.03.2010.)
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* Les femmes Algériennes dans la République des hommes
Le poids du conservatisme a eu toujours le dessus sur les velléités de conférer à la femme algérienne un rôle majeur dans les institutions.
Dans le pays de Ferhat Abbas, l’entrée des femmes en politique n’a pas été un long fleuve tranquille, bien au contraire. Que peuvent espérer les femmes d’aujourd’hui dans la République des mâles ? Avant d’y répondre, rembobinons le fil de l’histoire depuis l’indépendance du pays jusqu’au troisième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.
Quoiqu’un léger dégel semble y être observé ces dernières années, la carrière des femmes politiques en Algérie relève d’un destin d’exception. Parallèlement à ce manque cruel de “surface électorale”, quatre temps peuvent être distingués dans la manière dont les femmes participent aux scrutins depuis 1962 : les années d’apprentissage dans une république unisexe, le décollage, la régression et, enfin, les nouvelles attentes des femmes.
Kahina, réveille-toi !
Le titre est emprunté à Kateb Yacine, auteur de cette mémorable citation qui avait, à l’époque, agressé les consciences des démocrates : “Quand on pense qu’une femme dirigea ce pays immense dont l’Algérie était au centre, et quand on pense à la condition actuelle de la femme algérienne, on mesure le recul (…) À plus de « deux » millénaires de distance on peut s’interroger : qu’est devenue la Kahina ?” Les femmes qui ont pris une part active au mouvement de Libération nationale sont invitées à poursuivre le “combat”, non pas dans la sphère politique et économique, mais chez elles. L’Algérie, qui venait de sortir d’une guerre atroce, avait besoin de renouveler ses énergies. Et ce qui était attendu des femmes, c’est qu’elles fassent des enfants, beaucoup d’enfants. Il n’était pas du tout venu à l’esprit des responsables de l’époque de nommer, même à des postes de secrétaire d’État, l’une de leurs camarades de lutte dont certaines ont eu des itinéraires aussi riches que leurs collègues du maquis. Le successeur d’Ahmed Ben Bella, porté au pouvoir après le coup d’État du 19 juin 1965, n’a pas permis non plus un quelconque changement à la situation des femmes, et ce, en dépit de la promesse de construire “une nouvelle société” égalitaire et ouverte sur le monde. Si modeste soit-il, aucun portefeuille ne leur sera réservé.
Les années d’apprentissage
Timidement, on a commencé à enregistrer le vote des femmes, notamment dans les grandes villes. L’écart était considérable. D’un côté, les femmes “européanisées”, minoritaires, tenaient à leur émancipation lorsque notamment l’école deviendra obligatoire, de l’autre, les femmes rurales, bien que majoritaires, étaient maintenues dans une situation de domination, familles patriarcales oblige. Il faut attendre le milieu des années 1970 pour voir enfin les femmes occuper le devant de la scène. Bien que son régime soit totalitaire, le président Boumediene avait fini par acquérir, au grand dam de ses nombreux opposants à l’intérieur et à l’extérieur du pays, l’image de “l’homme providentiel”.Le pays deviendra l’escale indispensable pour tous les révolutionnaires qui se respectent : plusieurs chantiers seront, dans la foulée, lancés. Ces derniers ne peuvent être menés à leur terme sans l’implication de toutes les bonnes volontés. C’est à travers cette brèche que les femmes, formées, feront leur entrée dans l’espace public. S’il est vrai que le “cursus descendant” a profité davantage aux hommes, des universitaires mais aussi des militantes du FLN ont réussi à se faire une place malgré la modestie des rôles. Elles seront du moins plus “visibles”.
Elles joueront d’ailleurs un rôle considérable dans la sensibilisation des femmes rurales et tenteront, avec le succès que l’on sait, de combattre l’analphabétisme. Mais la partie était loin d’être gagnée. Et pour cause, le même schéma était reproduit au niveau local, où la femme aurait pu sortir de son assujettissement en intégrant les cercles décisionnels locaux. Il y a une espèce de “présidentialisme local” qui a empêché toute ouverture allant dans le sens de l’intégration des femmes dans la vie de la cité. Si les gouvernements étaient hermétiquement fermés aux femmes, il en est encore de même pour les exécutifs locaux. La cooptation présidentielle, toujours en cours aujourd’hui, était bannie durant “les 13 glorieuses”, correspondant à l’ère du président Houari Boumediene. Le premier chef d’État à avoir féminisé, à dose homéopathique, les institutions du pays est M. Chadli Bendjedid.
C’est, en effet, sous son règne que deux femmes seront nommées pour la première fois dans un gouvernement. Mme Zhor Ounissi, ministre des Affaires sociales, sera désignée ensuite à la tête du département de l’Éducation. On confiera également un poste de vice-ministre de l’Éducation à Mme Leïla Tayeb, directrice d’un CEM à Oran. Elle était l’une des meilleures amies de la première dame du pays. Cela pour dire que ce ne sont pas les femmes appartenant à la “noblesse d’État”, brillantes et sur-titrées, qui sont cooptées.
Après une traversée du désert, les femmes commencèrent à être plus visibles, tant au gouvernement qu’au Parlement. C’était important pour le régime. Au lieu de tolérer une opposition condamnée à la clandestinité, le pouvoir a préféré se servir d’une présence mesurée des femmes. Il se chargera entre-temps, via l’UNFA, de les embrigader pour servir la gloire du prince, le parti et autres notabilités locales.La régression
Avec l’ouverture démocratique imposée par les tragiques évènements d’Octobre 1988, les femmes sont sorties de leur carcan pour occuper le devant de la scène. Les partis de la mouvance démocrate feront de la cause féminine leur cheval de bataille.
Pourtant, lorsqu’il s’agira de présenter des femmes sur leurs listes de candidature aux premiers scrutins libres, ils feront la sourde oreille. Pis, alors que les islamistes se faisaient presque un devoir de faire voter le plus grand nombre d’électrices inscrites, les “démocrates” encourageaient indirectement l’abstention, voire le repli sur soi des femmes. Bien sûr, les islamistes avaient besoin du vote féminin juste pour accéder au pouvoir, le projet de société interviendrait après, où la femme serait invitée à remonter le temps et ne s’acquitter que d’une seule et unique tâche : engendrer des enfants. Chez les démocrates, cette “parité” version algérienne a, certes, changé les statistiques (plus de candidates par rapport aux années de plomb), mais pas toujours les comportements masculins.
Ainsi, une femme placée en deuxième position sur une liste pour les APC et APW ne sera pas forcément la première adjointe au maire comme il est d’usage et par souci de transparence. La technique de “l’intercalaire” sert également les têtes de liste, qui sont la plupart du temps les responsables locaux de leurs partis, à évincer les camarades les plus encombrants. C’est ce qu’on appelle, en science politique, transformer la “contrainte paritaire”, encourager les candidatures des femmes, c’est le cas notamment au FFS (en 1997) et au FLN (en 2002), en “ressource”.Les attentes des femmes
La promotion des femmes tarde à se traduire concrètement, même si dans le discours, l’actuel locataire d’El-Mouradia y est plutôt favorable. Cependant, on est loin de la prouesse de François Mitterrand en France qui désignera la première femme parmi les neuf “sages” du Conseil constitutionnel et accordera plus de surface électorale à la gent féminine, mais le “cursus inversé” semble profiter de nouveau aux Algériennes : elles sont nommées au gouvernement, au Sénat, notamment dans le cadre du tiers présidentiel. Les partis, à l’instar du FLN et du RND, ont permis aux militantes d’occuper les premières places sur les listes électorales. Parmi elles, nombreuses sont celles qui feront d’abord un passage par l’Exécutif avant de se faire élire. Cela a été rendu possible par le mode proportionnel. Cependant, pour rendre cette parité obligatoire, il faut aller vers la révision de la Constitution, seul moyen d’aboutir à la féminisation des institutions.
D’autant que les filles sont plus nombreuses à aller au bout de leur cursus scolaire et à pousser jusqu’au doctorat. Cela est une évolution, qui révèle un changement profond dans la société algérienne. (Liberté-08.03.2010.)
****LE COMBAT POUR L’ÉMANCIPATION
Le chemin est encore long
Les associations féminines ont encore un long chemin à faire pour l’amélioration des conditions de la femme algérienne et ce, malgré les progrès notables sur le plan juridique.
Même si les modifications du Code de la famille en 2005 et l’amendement de la Constitution en 2008, confirment les avancées du combat des femmes, l’accès aux droits acquis par les textes de loi fait toujours défaut. De nombreux activistes des droits de la femme en Algérie s’accordent à dire que l’information, l’éducation et la sensibilisation sont les seuls moyens disponibles pour faire avancer les choses.
En effet, après avoir mené, durant de longues années, une lutte acharnée, motivée par un idéal égalitaire, le mouvement associatif féminin en Algérie devrait, selon Nafissa Lahrache, présidente de l’Association nationale Femme en communication (FEC), se préoccuper de la vulgarisation et de la diffusion de certaines informations d’ordre juridique auprès des femmes. «Alors que certaines structures associatives militaient pour l’abrogation, pure et simple, du Code algérien de la famille, d’autres, avaient fixé comme objectif: l’amendement du texte, c’était le cas de notre association…Mais aujourd’hui, et avec l’avènement de ces changements dans le Code de la famille et dans la Constitution, je pense qu’il faut impérativement sensibiliser les femmes pour qu’elles puissent jouir pleinement de leurs droits…», nous expliquera-t-elle.
Aucune association féminine algérienne n’en disconviendra, la mouture d’amendements qui a été proposée et approuvée par le gouvernement constitue une grande avancée pour la famille algérienne, même si elle a été jugée non satisfaisante. L’abrogation de l’article faisant de l’obéissance de l’épouse à son conjoint une obligation, la suppression de l’article relatif au mariage par procuration, le droit au logement pour la femme et une prise en charge suffisante pour mener une vie décente, ainsi que les amendements de la Constitution en 2008, concernant l’élargissement de la représentativité des femmes dans les assemblées élues, témoignent, selon Me Nadia Aït Zaï, présidente du Centre d’information des droits de l’enfant et de la femme (Cidef), d’une réelle volonté de rééquilibrer les relations de pouvoir entre la femme et l’homme dans les foyers.
Commentant les résultats d’une enquête sur les droits de la femme au Maghreb et au Moyen-Orient, menée par une fondation américaine, Freedom House, Me Nadia Aït Zaï nous affirmera: «Bien que les changements juridiques qui ont eu lieu à partir de 2005, ne sont pas satisfaisants par rapport à nos revendications, ils constituent néanmoins une avancée considérable quant aux droits de la femme dans la société…».
Et de poursuivre: «La priorité des associations féminines, à présent, c’est l’éducation des femmes…»
Rencontrée lors d’une conférence, organisée par une association féminine, une jeune étudiante nous confiera: «On a acquis des droits, mais la plupart d’entre nous les ignorent. C’est les associations de promotion des droits de la femme qui sont censées apporter de l’aide dans ce domaine. Malheureusement, mis à part quelques colloques et conférences, elles sont presque inexistantes sur le terrain…» Questionnée, la présidente de l’association Femme en communication, invoquera une question de moyens. «On voudrait bien multiplier nos activités sur terrain, mais on se heurte souvent à des difficultés d’ordre financier. On reçoit des aides de l’étranger, et plus particulièrement de l’Union européenne, sinon, on ne bénéficie pas de financement…», nous précisera Mme Lahrache.
Et d’ajouter: «Malgré toutes ces difficultés, notre association est vraiment présente sur le terrain. Mis à part les colloques, conférences et les études réalisées, Femme en communication a déjà lancé des caravanes de sensibilisation à Alger et dans d’autres wilayas. De nombreux médecins et juristes se sont déplacés pour apporter de l’aide aux femmes…» Cette militante ne manquera pas d’ailleurs, de faire remarquer les conséquences désastreuses de l’influence des médias arabes sur notre société. «Il n’y a pas que les associations et le pouvoir politique, les médias ont, eux aussi, un rôle à jouer pour lutter contre les stéréotypes…», soulignera-t-elle.
Il faut noter également que cette association qui a été créée en 1995, vient de lancer la première webradio associative en Algérie, Radio Voix de Femmes. Consacré exclusivement à la gent féminine, ce média serait un autre moyen dont useront les membres de Femme en communication pour sensibiliser les femmes à recouvrer leurs droits. «Le projet de la webradio a été lancé pour faire connaître les droits des femmes et les convaincre», tiendra à nous préciser Yasmina Medani, chef du projet. (L’Expression-08.03.2010.)
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**LES MÉPRISÉES DU 8 MARS
Femmes de ménage ou filles de joie!?
Contraintes à faire un travail mal rémunéré, ces femmes sont souvent la proie de prédateurs sans scrupules.
«Tu n’es qu’une simple femme de ménage, m’a dit un jour un chef comptable, me remettant mon premier salaire d’agent d’entretien et de nettoiement des bureaux d’une administration très connue à Oran», déplore Khadouj qui regrette la dégradation des relations sociales qui lient les employés à leurs employeurs. A la perte des valeurs morales dans le milieu professionnel, s’ajoute le harcèlement sexuel. Elles se comptent sur les doigts d’une seule main les victimes qui ont bravé les tabous sociaux en dénonçant les agissements de leurs harceleurs. «J’ai été victime de harcèlement plusieurs fois», relate une femme qui a requis l’anonymat par crainte du scandale. «Non seulement, je gagne difficilement ma vie en nettoyant les vitres, les bureaux et les habitations particulières mais je subis les avances que je repousse à coups de mille excuses», souligne une autre. Tels sont les propos de ces femmes, contraintes de faire le ménage pour les autres mais ayant décidé de prendre leur destin en main. Ainsi, la femme de ménage constitue la proie de tous les prédateurs en quête d’assouvissement de bas instincts du fait qu’elles sont totalement oubliées par la loi. «Au vu de la vulnérabilité de ces femmes contraintes de subvenir aux besoins de leurs familles, les responsables hiérarchiques et gérants usent et abusent de leur autorité», déplore-t-on. Autant d’exemples concrets accompagnant la vie infernale des femmes qui exercent les petits métiers nécessitant leur mobilisation quotidienne.
Les employeurs optent, de plus en plus, pour les recrutements des ‘’pititates’’ a déploré une femme scrutant l’horizon au lieudit «marché Michelet», station préférée des femmes de ménage en quête d’un travail temporaire.
Dans le jargon local, le vocable «pititates» désigne les belles jeunes filles. En ce lieu, quotidiennement, des femmes de ménage, de tous les âges, attendent de décrocher un travail d’un montant moyen de 300 dinars. Mal vues, ces femmes tentent de faire contre mauvaise fortune, bon coeur. «Nous sommes la proie de prédateurs» clame une autre adossée au mur d’une bâtisse faisant face au marché Michelet, «Un jour, j’ai failli être violée par un pseudo-patron qui m’a demandé de lui nettoyer sa maison sise à Bel Air», a-t-elle révélé. «J’ai dû quitter illico presto sa maison sans pour autant percevoir mon dû», ajoute-t-elle. La place d’Armes, située en face du siège de l’APC, est l’autre lieu de recrutement. Le chef de l’exécutif communal, en quittant ses bureaux, feint de ne pas voir le spectacle d’en face.
Etre femme de ménage est synonyme de toutes les mauvaises interprétations. Pourtant, il n’ y a pas de sot métier. «La femme de ménage est très mal vue, on lui accorde peu d’importance alors que sa présence est plus que nécessaire», a indiqué une femme mobilisée dans la défense des droits des femmes. En plus des vexations et humiliations, ces femmes sont le plus souvent exploitées.
«Je continue à percevoir une mensualité de 8000 dinars et je crois savoir que Ouyahia a procédé, dernièrement, à la hausse du salaire de base», souligne Houaria, femme de ménage dans un hôtel quatre étoiles. Certes, l’inspection du travail de la wilaya d’Oran enquête, ces derniers jours, sur les conditions de rémunération des employés. Or, les premiers éléments recueillis sur le terrain font ressortir que 65% des entreprises, tous secteurs confondus, n’assurent pas leurs effectifs contre les différents risques et accidents de travail. Le marché du travail échappe à tout contrôle. Et l’on continue de célébrer hypocritement chaque année, la Journée internationale de la femme. (L’Expression-08.03.2010.)
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***Une rose de Hollande…pour Madame
La production nationale de fleurs s’avère «très insuffisante» et les serres en verre inexistantes.
«C’est le temps de la dèche!», s’est exclamé un fleuriste de Kouba, de renom et néanmoins horticulteur. Les gens réfléchissent à deux fois avant de se permettre une rose à 80 DA, produite localement ou à 100 DA et plus pour celle importée de Hollande comme la tulipe, d’ailleurs.
Le prix unitaire d’un oeillet est sensiblement similaire et la majestueuse et élégante fleur «oiseau du paradis» coûte 60 à 70 DA. Ces prix, en effet, ne sont pas à la portée de tout le monde et n’encouragent guère le père de famille qui a d’autres impératifs pour clore (encore) une journée de dépenses. La demande n’est pas à la hauteur de l’offre presque généreusement proposée, s’accordent à dire les fleuristes approchés par L’Expression.
Ainsi, ce n’est pas le «rush» chez les fleuristes d’Alger. Ils sont pourtant prêts depuis deux semaines, leurs étalages regorgent de fleurs de différentes essences.
Des achats spéciaux ont même été effectués par les marchands en prévision de cette journée, préparant les accessoires (cellophane, étiquettes de voeux autocollantes imprimées, rubans…), pour accueillir les éventuels clients qui voudront «cueillir» une fleur (avec des épines) pour l’offrir à leurs dames.
Mais une petite virée chez quelques-uns d’entre eux, nous renseigne sur la toute relative habitude d’offrir une rose (importée) ou un oeillet à une dame en cette journée mémorable du 8 Mars, dont, soulignons-le, on célébré le centenaire cette année. Certes, de petites commandes communes ont été faites par des entités professionnelles, mais rien de fameux, précisent-ils.
Le fleuriste de Kouba, consulté, horticulteurs de père en fils, a regretté que «de nos jours, l’Algérien soit devenu un tube digestif ambulant.» Aussi, affirme-t-il, moqueur: «Entre un casse-croûte frites-omelette et une fleur, le choix est vite fait.»
L’acte d’offrir des fleurs se limite aujourd’hui, aux jours d’anniversaire, de mariage et de moins en moins à la décoration de la voiture de la mariée, ajoute notre interlocuteur.
Voulant en savoir un peu plus sur la profession, il a été relevé que tous ces «artistes» estiment que le métier qu’ils exercent, «ne s’apprend pas. Il est inné, on le porte en soi, c’est un don…»
D’aucuns regrettent que l’activité d’horticulture pratiquée chez nous s’avère «très insuffisante».
Les fleurs sont souvent cultivées en plein air et les serres en plastique ne sont pas tout à fait conformes aux exigences rigoureuses de cette culture délicate et particulière.
Celle-ci nécessite, selon eux, des serres en verre avec acclimatation adaptée, irrigation aérienne et souterraine avec un taux de PH (humidité) équivalant au sol.
Elles doivent disposer d’un toit ouvrant dont la manoeuvre est réglée par un ordinateur obéissant à une acclimatation appropriée.
Une seule serre en verre existe à Alger.
De conception simple, elle est destinée aux cultures des fleurs en pot et aux plantes d’intérieur ou d’ornement. Elle date d’une vingtaine d’années et fut construite par des Belges. (L’Expression-08.03.2010.)
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***Violence conjugale
Une grave atteinte à la citoyenneté des femmes
“La violence est un acte volontaire qui a pour but de faire mal, de contrôler l’autre et de lui imposer son point de vue.”
Les violences contre les femmes sont diverses mais la violence conjugale reste une des formes les plus fréquentes et des plus graves dans ses conséquences, parce que constante, répétitive, qu’elle est l’œuvre d’un proche, celui qui, en principe, est le “protecteur”. Son impact est dévastateur aussi bien pour la victime que pour les enfants, témoins souvent impuissants, quand ils n’essuient pas eux-mêmes les dommages collatéraux, physiques parfois, psychologiques toujours.
C’est pourquoi nous devons rendre les violences conjugales visibles, dans leurs aspects les plus crus, quand tout se ligue pour les rendre insignifiantes et coutumières. Ce que nous voyons chaque jour au Réseau Wassila, ce sont des corps brisés, malades, personnalités anxieuses et détruites, incapables de se protéger, ne faisant plus de projets, vivant “a minima”, renonçant à leurs aspirations malgré leurs compétences, et qui, au nom de la “paix conjugale”, ne conservent plus que l’instinct de survie. Notre intervention peut être jugée à contre-courant de l’image de la condition féminine qui serait, aujourd’hui, “émancipée” grâce à l’éducation et l’emploi. Mais elles sont nombreuses à supporter les maltraitances faute de moyens de posséder un toit, un revenu en propre pour se libérer de cette violence. Aucun statut social ne les protège et des avocates, des médecins, des enseignantes d’université, sont aussi impuissantes que les femmes au foyer.
Parce que se déroulant dans l’espace “privé”, on considère qu’il n’y a aucune responsabilité sociale dans cette violence, qui conserve le statut particulier de “droit de l’époux”, perpétué par une longue tradition à travers le fonctionnement des institutions, et par le silence ou l’approbation sociale. L’éducation à cette violence est si bien intériorisée que beaucoup de femmes considèrent que l’homme ne fait qu’exercer sa juste responsabilité de “chef de famille” en la “corrigeant”. 67,9% de femmes estimant “justifié” que l’homme “use de violence contre sa conjointe”, signifie que ces femmes subissent cette violence et la rationalisent, vaine tentative de se “protéger” en “acceptant” le phénomène comme “naturel”. Si la violence conjugale n’était plus intériorisée comme “normale”, fondée, il y aurait alors matière à réflexion, de quoi semer le trouble… Cela signifierait-il alors qu’elle n’est pas légitime, qu’elle est injuste, inacceptable, intolérable ?
Comment justifier toutes ces souffrances ?
Il faudrait chercher le sens ailleurs et reconnaître que la violence conjugale est d’abord le corollaire de la répartition inégale du pouvoir entre les sexes, toujours consacrée par le code de la famille. La violence reste un “droit” intouchable des hommes malgré tous les changements produits quant aux rôles sociaux des femmes et des hommes.
Les violences sont “riches et variées”, qu’elles laissent des traces physiques ou pas : insultes, humiliations, gifles, coups, tortures, barbarie, viol conjugal et perversions sexuelles, séquestration, interdiction d’avoir des relations sociales et même familiales, confiscation du revenu, refus d’assurer l’entretien, d’accès aux soins, négligences graves, répudiation, expulsion du domicile.
C’est le lot de nombreuses femmes, y compris des femmes enceintes, malgré tous les textes de loi, toutes les conventions internationales, toutes les déclarations morales sur la “famille unie et sacrée” et de l’égalité des citoyens prônée par la Constitution. Toutes ces violences, décrites par la société médiatique tout au plus comme des “dépassements” susceptibles de “médiation”, terme à la mode qui met sur le même plan l’agresseur et la victime, sont la matière de la moitié des appels de notre centre d’écoute téléphonique. Ces “dépassements” qui peuvent commencer par une insulte, mènent aussi à la maladie, à la dépression, au handicap et même à la mort violente. Les statistiques dans les services d’urgence ou de médecine légale le montrent trop souvent. La presse nous rappelle de temps en temps que c’est bien d’une violence extrême qu’il s’agit, et la liste est longue chaque année. Quotidien d’Oran : 25 janvier 2007, El Hadjar : Il asperge sa femme d’essence et met le feu ; Liberté : 18 mars 2007, il tue sa femme, sa belle-sœur et un voisin ; El Khabar : 9 avril 2007: Il tue sa femme à coups de couteau.
Notre intervention doit être urgente, intransigeante et en droite ligne de la défense des principes universels car nous sommes aujourd’hui dans une situation où tout concourt à un détournement de ce problème. Comment peut-on plaider pour les droits de l’enfant, si on ne les protège pas de ce fléau le plus dramatique qui soit, la violence contre leur mère, celle qui doit les protéger est incapable de se protéger elle-même ! On ne se rend pas suffisamment compte que cette violence tue, car le fait divers est vite oublié.
On ne mesure pas à quel point les violences psychologiques préparent à réduire les capacités de résistance de la victime, et lui feront accepter la violence physique. On est très loin de la condamnation de la violence la plus meurtrière, que dire alors des violences psychologiques, que dire du viol conjugal, avec la facilitation que donnent les références religieuses ?
Les dilemmes auxquels sont confrontées les victimes
Faut-il continuer à accepter toutes ces violences – qui s’inscrivent dans une spirale – pour ne pas se retrouver à la rue avec les enfants ? Faut-il courir le risque de blessures de plus en plus graves, ou bien essayer de protéger sa santé et sa vie ? Faut-il extraire les enfants de cette atmosphère destructrice, pour leur propre sécurité et leur équilibre ? Retourner vers le bourreau, ou traîner de maison amie en maison amie – ne parlons pas des centres d’accueil en nombre insuffisant. Mais fuir pour combien de temps ? Car il y a la scolarité des enfants à ne pas compromettre, l’emploi peut-être, qu’il s’agit de ne pas perdre, avec le sentiment écrasant d’échec.Qu’en est-il des solidarités familiales ?
Si certaines femmes sont soutenues par les familles, ce que nous avons vu parfois, il n’en est pas toujours ainsi. La réalité d’aujourd’hui complexe et violente contredit cette image modèle de la “famille éternelle”, qui protège toujours tous ses membres, femmes, enfants, malades, démunis. Les traditionnels réseaux de solidarité ne fonctionnent plus toujours, happés par les bouleversements sociaux. Qu’en est-il de l’attitude des autorités, responsables de la sécurité des citoyens ? D’abord le phénomène intéresse peu malgré les déclarations, les coûts en souffrances humaines, en dépenses de santé, en dérèglements sociaux – femmes et enfants à la rue ; enfants porteurs de détresses psychologiques – causes d’échecs scolaires et conditions de reproduction de cette violence demain.
Pas de centralisation des statistiques des urgences ou des services de médecine légale sous forme de registre national. Craint-on de révéler des chiffres effrayants bien que l’on sache que les violences révélées ne sont que la “partie visible de l’iceberg” ? Les services de police et de gendarmerie par contre émettent leurs statistiques, mais nous savons que les violences conjugales n’arrivent qu’en faible proportion à la justice. Voyons le parcours du combattant d’une victime de violence conjugale. Le code pénal est très clair : tout individu peut déposer plainte au niveau du commissariat ou de la gendarmerie la plus proche pour toute atteinte à son intégrité ou sa dignité. Le citoyen peut déposer plainte même pour des menaces verbales.
Mais peut-on comparer la violence d’un inconnu à celle d’un proche ? Très peu de femmes dénoncent la violence de la famille et l’on peut mesurer la difficulté d’une telle décision. Comment dénoncer le père de ses enfants ? Où aller ensuite pour se protéger des représailles ? Le risque de blâme de la famille, sans parler de la belle-famille, le statut dévalorisant de “femme battue”, que dire de l’accueil dissuasif dans les commissariats, et l’exigence de preuves uniquement physiques ? Toutes ces contraintes constituent en fait la meilleure protection de l’agresseur, assuré ainsi d’une totale impunité.
La loi et la police “protègent la vie privée et la famille”, mais à l’appel au secours de la victime ou des voisins, les représentants de l’ordre n’interviendront pas, ni pour calmer les esprits ni pour prévenir le drame. Ils attendront que la victime vienne elle-même au commissariat déposer plainte — c’est le comportement attendu d’un citoyen adulte, libre de ses gestes, qui vote et dont tous les droits civils sont garantis par la Constitution — mais dans quel état est la victime ? Peut-elle se déplacer, avec quelles conséquences ? Si elle parvient à le faire, encore faut-il que le commissariat ou la gendarmerie soient convaincus de la nécessité d’enregistrer la plainte et de transmettre le dossier au juge. Que de dossiers restés dans les tiroirs, sous prétexte que c’est “pour que la famille n’éclate pas” ! La demande de protection des institutions est considérée comme “risque d’éclatement de la famille”, mais pas la violence subie parfois depuis très longtemps.
Si la victime insiste pour porter plainte, les autorités exigeront un certificat de médecine légale, le certificat descriptif du médecin généraliste n’étant pas accepté, bien que ce refus soit tout à fait illégal selon le code de procédure pénale. Le certificat ne devra pas être de moins de 15 jours d’ITT (Incapacité temporaire de travail), mesure tout aussi illégale. L’argument avancé est que les femmes “ne connaissent pas leurs droits” ou “ne savent pas ce qu’elles veulent”. Effectivement, elles essayent de “se protéger” comme elles peuvent car qui va assurer leur sécurité ? Qui va la soigner, où pourra-t-elle récupérer ses forces ? Va-t-elle trouver une protection chez des parents ? Va-t-elle retourner au domicile conjugal faute d’alternative ? Est-elle dans la rue avec les enfants, ou bien les a-t-elle laissés chez le père faute de ressources ? Car ses parents lui auront dit : “D’accord, tu peux revenir à la maison mais sans les enfants!” Le parcours de la victime de violences conjugales nous montre l’aspect dérisoire des recours qui s’offrent à elle.
Il s’agit de réfléchir à l’effectivité de cette loi pénale qui formellement “ne fait pas de discrimination entre les hommes et les femmes”, mais qui est contredite dans les faits par l’inégalité politique et sociale. Alors comment rendre la loi concrètement applicable, et par quels dispositifs la rendre accessible aux victimes ? Il y a nécessité de mesures de protection réelles : nécessaire intervention immédiate des autorités pour protéger d’une manière urgente les membres de la famille, avec l’éloignement de l’agresseur. Ce sont des mesures dissuasives qui peuvent asseoir de nouveaux comportements face à la violence. Il est nécessaire de créer des lieux d’urgence pour l’accueil temporaire de la victime et des enfants. Les victimes ont le devoir de se protéger, et la société a le devoir de les prendre en charge. Il s’agit d’apprendre à lutter contre cette violence, sans concession, mais il faut resituer les responsabilités : celui qui commet des actes violents est responsable de ses actes. Nous devons consacrer la pénalisation de cette violence, par sa reconnaissance comme violence grave, avec circonstance aggravante parce qu’elle se déroule entre époux.
Elle doit être toujours qualifiée de délit, jamais de contravention, et le nombre de jours d’ITT ne doit pas être une condition de preuve unique car on peut détruire un être humain sans laisser de traces.
Il y a urgente nécessité de créer des unités de victimologie afin de regrouper les services pour l’accompagnement des victimes, former le personnel, de créer dans les commissariats et les tribunaux des unités pour prendre en charge les violences familiales. Mais ces propositions ne sont encore que des mesures palliatives.
Les violences conjugales ne sont pas un problème privé et psychologique, loin de là, ce dont nous avons besoin ce sont des réponses en termes politiques et institutionnels. La loi et la justice doivent codifier les relations entre les citoyennes et les citoyens sur la base de l’égalité des droits dans la famille, minimum incontournable pour promouvoir la lutte contre toutes les discriminations juridiques, sociales qui sont à la racine de la violence contre les femmes, afin d’assurer leur réel accès à la justice, la dignité et la citoyenneté. (Liberté-08.03.2010.)
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*Journée de «la femme», «des droits des femmes» ou fête à neuneu?
À l’occasion du 8 mars, Maria Candea de l’association Mix-Cité Paris propose une réflexion originale et impertinente sur les diverses significations sociales attachées à cette journée emblématique… À un grand nombre de femmes, le 8 mars donne de l’urticaire ou des crampes. Beaucoup disent que s’il y a une journée où les femmes sont à l’honneur, c’est parce qu’il y a 364 journées où les hommes sont mis en avant et favorisés systématiquement. Cela explique en partie pourquoi de nombreuses femmes sont mal à l’aise avec cette journée, qui leur rappelle chaque année que l’égalité avec les hommes n’est toujours pas là, même dans nos pays occidentaux où on l’agite si fièrement comme un drapeau.Parmi ceux qui décident de marquer d’une manière ou d’une autre le 8 mars, on peut distinguer trois grands groupes. Il sera facile de les repérer, il suffira d’ouvrir l’œil et les oreilles ce 8 mars.
Tout d’abord, il y a le groupe qu’on pourrait appeler «la fête à neuneu» pour qui le 8 mars est une occasion de mettre en scène sa virilité sous un jour positif, éclairée par une brusque magnanimité ostentatoire et en général ridicule à l’égard des femmes. Ils profitent du 8 mars pour offrir à leurs collègues femmes une fleur, de petits bracelets, des pots de crème cosmétique, ou, dans la version trash, des tabliers ou un outil de cuisine. Dans la même gamme, il y a les chefs qui accordent aux collaboratrices femmes la possibilité de partir trois heures avant la fin habituelle du programme, «pour se faire plaisir au shopping» (c’est bien plus simple que d’éviter, par exemple, le reste de l’année, de fixer des réunions très tard, en fin de journée, ou de veiller à l’égalité salariale). Dans sa pire version, le 8 mars peut se transformer parfois en festival de petits gestes sexistes et misogynes.
Ensuite, il y a le groupe qui «célèbre LA femme». Dans ce groupe, il y a souvent une partie de la presse, de nombreuses institutions et collectivités locales. On parle d’une «fête», comme la fête de la musique. Et comme si «la femme» pouvait être un générique regroupant facilement toutes les femmes, n’importe laquelle parmi les femmes de la planète. Certes, cet usage pourrait être approprié pour certains cas. On peut affirmer, par exemple que «LA femme a des ovaires et L’homme a des testicules», et cela sera vrai pour l’immense majorité des individus qui ont été assignés comme «hommes» ou comme «femmes» à leur naissance. Mais les exemples de ce type sont peu nombreux. La plupart du temps, l’utilisation de ce générique est abusive; elle suppose que ce qui est vrai pour une femme est vrai pour toutes les femmes ; elle est porteuse de simplifications peu respectueuses de la diversité des femmes, voire d’idéologies sexistes. Parler de «LA femme de moins de 50 ans», de «LA femme française», «LA femme arabe», «LA femme qui a plus de trois enfants» ou de «LA fââmme» tout court permet de construire un groupe d’individus censés posséder bien plus de choses communes que de différences.
Or, il s’agit de groupes composés d’innombrables femmes, en couple ou célibataires, ouvrières, cadres, travaillant à leur compte ou sans emploi, avec ou sans enfants, par choix ou par nécessité, ayant des statuts sociaux et professionnels et des personnalités aussi diverses qu’on peut l’imaginer… comme les hommes. Une jeune caissière sans enfants aura souvent bien plus de choses en commun avec un jeune caissier sans enfants qu’avec une femme cadre, vivant en couple, élevant deux enfants et ayant une employée à domicile…
Le dernier groupe, enfin, se souvient qu’il s’agit d’une journée internationale de lutte pour les droits des femmes; «droits» et «femmes» au pluriel. Dans ce groupe, on trouve en général les associations et organisations politiques qui se battent pour l’égalité entre femmes et hommes et contre le sexisme, une partie de la presse, quelques institutions attachées à l’héritage des luttes féministes. Le 8 mars est souvent, pour ce dernier groupe, une occasion un peu rituelle de dresser des bilans, des statistiques sexuées qui montrent encore des discriminations et des inégalités dans de nombreux domaines. C’est aussi une occasion de questionner le 8 mars institutionnalisé, qui permet si facilement de se dédouaner le reste de l’année.
Et puis, et puis, en dehors de ces trois groupes, il y a les femmes «du tout venant», la majorité sans doute, qui ne peuvent pas sauter la date du 8 mars dans le calendrier et qui doivent y réagir, chacune à sa manière. Il y a celles qui, désabusées, acceptent un peu tous les bonus du 8 mars sans avoir le courage ou l’envie d’analyser leur poids ou leur sens profond. Il y a celles qui rejettent ces faux privilèges misérables d’une journée dans l’année. Et il y a les hommes, qui ne savent pas très bien ce qu’il convient de faire ce drôle de jour, qui vient peu de temps après les fleurs et les mièvreries de la Saint Valentin…(observatoire de la diversité-07.03.2011.—Libération)
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