La datte algérienne, un label détourné
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*Deglet Nour, notre «caviar» national, s’est subitement raréfiée à l’approche du Ramadhan !?
*Son prix au marché flambe, au point d’atteindre 1000 dinars le kilo.
Ce n’est plus de la spéculation. C’est un vrai trafic. A deux ou trois jours du mois sacré de Ramadhan, notre «caviar» national, la très célèbre datte Deglet Nour s’est subitement raréfiée à El Oued. De fait, son prix au marché flambe. Au point d’atteindre 1000 dinars le kilo. En réalité, sa disparition progressive remonte à plus de trois mois témoigne un grossiste. Ce qui n’est pas l’avis de la DSA (direction des services agricoles) qui met en cause la sécheresse. Mais attention, pas n’importe quelle sécheresse. Pas celle qui ne laisse rien pousser. Non, celle qui permet une bonne récolte mais rend impossible le stockage de la datte. Connaissez-vous ce type de sécheresse? Non? Nous, non plus! Une forme de sécheresse qui est peut-être difficile à expliquer scientifiquement, mais qui facilite le raisonnement mathématique. La dernière récolte de dattes dans la wilaya d’El Oued a été de 2 millions de quintaux. La production nationale se situant entre 6 et 8 millions de quintaux, c’est donc près du tiers de l’approvisionnement du marché qui a été «tripatouillé». De toutes les variétés de dattes, la Deglet Nour est le must du must. L’Algérie est le seul pays producteur au monde de cette variété de datte et à un degré moindre, infiniment moindre, la Tunisie. Et si l’on pousse jusqu’en Californie, aux Etats-Unis, on en trouvera quelques arbres également. Ceci dit et comme le «coup» de la sécheresse ne nous a pas convaincus, nous nous sommes mis à la recherche de ce tiers de la production disparu. Une recherche qui nous a menés jusqu’en…Alsace. Oui! en France. Là, il y a une société qui s’appelle «Delisud» qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 4 millions d’euros en vendant… de la Deglet Nour. Une autre société, toujours française, à l’enseigne «Armand Fabre» fait mieux. Elle réalise le double du chiffre d’affaires que «l’alsacienne», c’est-à-dire 8 millions d’euros annuellement. Toujours en vendant la datte Deglet Nour. Si vous êtes assis pour ne pas tomber à la renverse, on continue car ce n’est pas fini. Ces deux sociétés françaises réalisent 80% de leur chiffre d’affaires durant le mois de Ramadhan. C’est-à-dire au même moment où la Deglet Nour disparaît chez nous…à cause de la sécheresse. Il ne nous reste plus qu’à envisager de nous approvisionner en France pour mettre sur la table des Algériens leur Deglet Nour durant le Ramadhan. Par quel circuit la célèbre datte Deglet Nour se retrouve en France? Nous n’apprendrons rien ni à personne qu’une bonne partie de notre Deglet Nour a toujours transité par la Tunisie pour y être mieux emballée et mise sur le marché européen sous le label tunisien. Bien sûr que les Tunisiens sont nos frères. On fermerait volontiers les yeux si notre Deglet Nour n’était destinée qu’à leur propre consommation. Seulement voilà, la trajectoire de notre datte s’avère à longue portée. Non seulement nous y perdons des millions d’euros, mais en plus, nous devons passer le Ramadhan avec des dattes de qualité inférieure. Cela peut aller jusqu’à celle qui est destinée à l’aliment du bétail. C’est plus qu’injuste, c’est de la provocation. Les trafiquants n’ont plus aucune retenue. Nous narguer ainsi, en agitant notre Deglet Nour, à partir d’un pays qui ne peut pas en produire, là juste sous nos fenêtres. Le délit, plutôt le crime, est inqualifiable. Ils ont raison les experts algériens qui ont été consultés pour la révision de la Constitution et qui ont proposé d’inscrire dans la loi fondamentale la criminalisation des atteintes à l’économie nationale. Sachant que la datte «alsacienne» existe depuis 2010, on est en droit de nous poser beaucoup de questions. A commencer par celle de savoir s’il y a eu quelqu’un aux commandes de notre commerce extérieur durant toutes ces années? *Par Zouhir MEBARKI - Mercredi 25 Juin 2014-L’Expression
*Deglet Nour…….En pareille saison, les Biskris les plus âgés se rappellent qu’ils pouvaient trouver une multitude de variétés de dattes sur les étals de Souk Lahchich ou sur ceux du marché central. Les agriculteurs de tout le Sud algérien y venaient, bien achalandés, vendre leur produit. Deglet Nour, la datte « noble », El Ghers, Mechdegla, Itima, Bouzerrou, Ghazi, Kseba, Halwa, Tantboucht, Arechti, Safraya, Balbali, Thouri, Dogmessi, Zorgaï, Khadhraï sont autant d’appellations vernaculaires, créées par les oasiens, dénotant de la richesse du patrimoine phoenicicole national, « qui est en passe de ce placer parmi les plus importants au monde », selon des spécialistes se basant sur le fait que les potentialités en terme de production de dattes et d’industrialisation des processus d’obtention des produits dérivés de celles-ci, dans la wilaya de Biskra, comme dans tout le Sud de l’Algérie, sont encore loin d’être épuisées. En effet, chacune de ces baies, en fonction de ses propriétés et de ses caractéristiques, peut être directement consommées ou transformée en farine, jus, miel, sucre, pâte, vinaigre, alcool et même en éthanol.
*C’est dire le futur florissant attendant le pays pourvu que dès à présent des mesures soient prises pour encourager les agriculteurs à développer toutes les variétés de dattes sans exception. C’est la mission, entre autres, de l’Institut technique de développement de l’agriculture saharienne (ITDAS) dont la direction générale est située à Aïn Bennaoui, à 7 km de Biskra, sur la route de Tolga, et qui dispose d’antennes à El Oued, Ouargla, Bechar et Adrar, de s’affirmer comme un instrument essentiel en mesure de contrecarrer l’appauvrissement variétal du patrimoine phoenicicole national. Ayache Nasredine, chef du service Cultures pérennes à l’ITDAS, explique à ce propos : « La Deglet Nour est la plus demandée sur le marché local et au niveau mondial. Cependant, chaque producteur de dattes ayant bénéficié du PNDRA est tenu de planter au moins 20 % de palmiers dattiers produisant d’autres variétés que celle-ci.
*Dans le souci de favoriser la préservation de la biodiversité de la région et la richesse variétale de la datte des Ziban, notre institut, qui n’encourage pas les producteurs de dattes à s’investir dans la monoculture, désastre aux incommensurables conséquences sur toute le secteur de la phoeniciculture, s’est doté, après une opération de caractérisation morphologique des différents fruits, d’une appréciable collection de 80 variétés de dattes dûment répertoriées que nous mettons à la disposition de tous les producteurs qui souhaitent diversifier leurs palmeraies. » Fruits du palmier dattier, cet arbre qui n’est pas un arbre, mais le roi des monocotylédones, la datte, notamment la sublime Deglet Nour, n’a pas fini de faire parler d’elle.
*Le palmier dattier est, toutefois, la cible privilégiée des parasites et des maladies, et il est complètement tributaire du climat dont les moindres modifications intempestives ou brutales ont des répercussions immédiates sur la qualité des dattes produites. Il a un coût d’entretien et de soins exorbitant par rapport aux autres variétés qui « sauvent souvent la récolte », selon les vieux fellahs de Tolga. « Les dattes deviendront de plus en plus un enjeu économique et même politique. La concurrence fait rage entre les pays producteurs pour labelliser leurs variétés de dattes. Actuellement nous planifions une autre opération appelée Identification géographique labellisée (IGL), laquelle permettra aux dattes algériennes de ne plus souffrir de la concurrence déloyale et des pratiques souterraines de certains pays », ajoute notre interlocuteur. Il existe dans le Sud algérien plus de 900 variétés de dattes, et beaucoup d’entre elles sont connues et cultivées à Biskra, terroir de la Deglet Nour.Croyant certainement bien faire, les pouvoirs publics et les départements agricoles, les fellahs et les exportateurs, les commerçants et les consommateurs, dont les plus jeunes n’ont jamais goûté que deux ou trois variétés de dattes de toute leur vie, focalisent toute leur attention et leurs efforts sur la Deglet Nour, qui s’est imposée dictatorialement sur toutes les autres variétés. Certes, cette variété de dattes, dont l’excellence n’est plus à prouver, mérite tous les égards au vu de ses qualités gustatives et nutritionnelles et des sommes importantes qu’elle rapporte, mais quand une catastrophe climatiques survient, extrêmement sensible, celle-ci est la première à être gâtée et perdue, au moment où d’autres variétés font montre de bien plus de résistance. Mais ces dernières ont été progressivement marginalisées. Elles ont disparu des étals et même de la mémoire de certains cultivateurs de dattes.*(El Watan-01.12.09.)
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*Deuxième producteur mondial de dattes :
L’Algérie ambitionne d’exporter plus de 50 000 tonnes
L’Algérie espère exporter à moyen terme près de 50 000 tonnes de dattes contre 12 000 tonnes actuellement, a indiqué hier le président du Comité interprofessionnel (CI) des dattes, Salim Haddoud, en marge d’une réunion sur cette filière qui s’est tenue hier au ministère de l’Agriculture et du Développement rural.
L’Algérie exporte seulement 2% de sa production de dattes, soit 12 000 tonnes sur 600 000, et n’arrive qu’en 28e position dans le classement des pays exportateurs de dattes, pourtant, elle est le deuxième producteur mondial après l’Irak. Le montant des exportations de dattes a atteint 20 millions de dollars en 2009, a rappelé M. Haddoud. L’Algérie aurait pu cependant faire davantage de recettes s’il y avait une meilleure organisation logistique de cette activité agricole, a noté le président du CI. « 50 000 tonnes ce n’est pas extraordinaire et un seul opérateur peut exporter cette quantité, mais les exportateurs sont confrontés à certains problèmes », a-t-il fait valoir.
La promotion de l’exportation des dattes passe, selon lui, par la réhabilitation des unités de conditionnement et l’accompagnement des producteurs, mais aussi par la lutte contre la spéculation et la contrebande. La datte algérienne, a-t-il relevé, n’est pas concurrentielle en raison de ses prix élevés. « Les Tunisiens ont une production plus importante avec des prix nettement moins élevés que chez nous », souligne-t-il. Il a indiqué que les exportateurs ne sont pas assez approvisionnés par les agriculteurs et ne peuvent donc avoir les quantités nécessaires pour honorer leurs commandes. « Les dattes tunisiennes sont de meilleure qualité, cette année, car les Tunisiens ont protégé leurs produits de la pluie. En Algérie, on a eu des pertes allant jusqu’à 60% dans certaines communes de Biskra », a-t-il observé. La contrebande est un autre fléau qui empêche le développement des exportations des dattes algériennes, a-t-il mentionné. « Il y a des exportations informelles aux frontières de l’Ouest et du Sud. Il n’y a pas que les consommateurs qui subissent les contrecoups de ces pratiques. Nous aussi nous sommes victimes, car nous n’avons pas les quantités dont nous avons besoin. Il faut un contrôle strict au niveau de ces frontières et dans les marchés de proximité. Il faut réduire le nombre d’intermédiaires. Si on mettait en place ce système de contrôle, le prix de la datte ne dépasserait pas les 200 DA », a-t-il expliqué.
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a estimé, pour sa part, que la mise en place du Comité interprofessionnel des dattes va permettre aux différents acteurs de se concerter pour lever les obstacles qui freinent le développement de cette activité. « La filière dattes fait partie des filières stratégiques. Elle est l’une des priorités du ministère dans sa politique de renouveau agricole en raison de son impact social et économique », a-t-il affirmé. Il a révélé que l’un des objectifs du ministère est de protéger les variétés de dattes algériennes, notamment la fameuse deglet nour dont se prévalent plusieurs pays exportateurs, alors qu’il s’agit d’une variété typiquement algérienne produite dans la région de Tolga (Biskra). Un décret sur la labellisation des dattes algériennes sera transmis dans les prochains jours au secrétariat général du gouvernement. (El Watan-28.06.2010.)
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**La datte algérienne, la meilleure du monde, est vendue à travers la planète sous label tunisien. La production de la Tolga est bradée en direction de la Tunisie, où elle est simplement emballée ou à peine conditionnée pour être vendue en produit de luxe aux quatre coins du globe. L’Algérien est incorrigible ; ce qui lui arrive aujourd’hui avec le »frère » voisin, il l’avait expérimenté (sans tirer aucune leçon) avec le grand ami soviétique il y a quatre décades à un moment de »brouille » politico-commerciale avec l’ancien colonisateur autour de l’or noir et de l’or rouge. Les Français avaient tenté une manoeuvre pour casser le prix du vin qu’ils achetaient auprès des Algériens et avec lequel ils coupaient le leur afin d’en améliorer la qualité, exerçant un chantage consistant à refuser de prendre la marchandise aux tarifs en cours. Les Soviétiques, tout socialistes qu’ils se disaient, ont fait montre d’un esprit mercantile qui n’avait rien à envier aux négociants anglais ou aux planteurs américains, ont sauté sur l’occasion pour s’approprier le marché à des conditions des plus avantageuses. La terre d’Algérie a cette particularité d’offrir des biens agricoles de grande qualité, comme -autre exemple- le blé dur ajouté au fameux Pain de Paris pour lui donner cette saveur recherchée Outre-Atlantique et ailleurs. La question qui se pose ici est : pourquoi le gouvernement et les opérateurs économiques nationaux ne mettent pas le paquet sur l’agroalimentaire, secteur pourtant des plus prometteurs en termes d’investissement et au facteur risque presque nul ? Ce questionnement amène immanquablement à des conjectures sur le poids et les ramifications des (gros) importateurs qui ont la mainmise sur l’économie nationale. Même en mer, des concessions sont cédées aux Japonais dans les zones territoriales algériennes pour la pêche du thon alors que l’on achète dans nos épiceries ce poisson -mais aussi la sardine- dans des boites de conserve importées…(Le Courrier d’Algérie-18.06.09.)
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*ELLE EST ÉCOULÉE SOUS LE LABEL TUNISIEN SUR LES MARCHÉS PARISIENS
Le grand détournement de la deglet nour
La filière phœnicole s’attend à une récolte meilleure que le demi-million de tonnes de dattes produit l’année dernière, fruit des efforts de rajeunissement des palmeraies entamés depuis plus d’une décennie. Mais les zones d’ombre demeurent dans le dossier du développement de la filière. Même si un programme d’intensification de la production est prévu pour les cinq prochaines années, aucune action concrète n’a été entreprise, en revanche, jusqu’à présent, pour protéger le label algérien de la Deglet nour, considérée comme la meilleure datte du monde. Au final, des exportations massives en contrebande vers la Tunisie de la datte algérienne conditionnée dans ce pays voisin, voire même subventionnée et commercialisée sur les marchés européens sous emballage tunisien. À notre connaissance, la logique de la protection de l’économie nationale sur ce point n’a jamais été poursuivie jusqu’au bout. Réunir les preuves de ce détournement organisé de la Deglet Nour locale, on s’en lave, en d’autres termes, les mains, pour des intérêts occultes. Du coup, nos frontières restent des “passoires”.
Sur le marché intérieur, les prix de la datte restent élevés, un autre exemple du dysfonctionnement des circuits de distribution et de prédominance des pratiques spéculatives. Conséquence, la consommation de ce fruit aux valeurs diététiques indéniables reste peu encouragé au nord du pays.
Côté exportation, la bataille de la quantité, de la qualité et de la conquête des marchés extérieurs est loin d’être gagnée, faute d’une réelle politique de soutien de cette filière. Conséquence : nombre d’unités de conditionnement au Sud ont mis la clé sous le paillasson. À noter que l’Algérie a un potentiel d’exportation d’au moins 100 millions de dollars. Elle réalise depuis plus d’une décennie moins du tiers de cette capacité. Ne disposant pas de la taille critique exportable pour dominer le marché européen, en raison des multiples entraves au développement de la chaîne production-conditionnement-commercialisation, notre pays voit s’envoler d’importants gains en devises, au profit de ses concurrents.
Côté environnement, l’intégration de cette filière à l’industrie ne semble pas bénéficier de toute l’attention des pouvoirs publics. En l’occurrence, le projet de production de biocarburants à partir de la datte n’est curieusement pas encouragé. Le promoteur, lui, est courtisé par les Émirats arabes unis qui offrent un meilleur climat aux recherches dans le domaine des technologies vertes. Autant dire que la logique rentière continue de prévaloir dans le pays. Jusqu’à quand? (Liberté-02.02.2010.)
**Contrebande de Deglet Nour vers la Tunisie
2,5 quintaux de dattes saisis
Des brigades mixtes de contrôle économique et de la Garde nationale de Kebili (Tunisie) ont saisi, lundi dernier à Jemna, une ville de la délégation Kebili, au sud-ouest de la Tunisie, 259 kg de dattes en provenance d’Algérie, a-t-on appris, hier, des médias tunisiens.
Cette quantité de Deglet Nour, emballée dans des caisses en bois non utilisées en Tunisie, a éveillé les soupçons des éléments de la brigade des contrôleurs sur l’origine de ce fruit sec. A l’audition, le commerçant mis en cause, originaire de la ville de Gabès, a avoué que son produit était algérien et provenait de la contrebande. Un procès-verbal lui a été dressé pour vente de marchandise introduite illégalement sur le territoire tunisien.
La contrebande des dattes algériennes, produites dans les wilayas de Biskra et El Oued, vers la Tunisie a toujours existé à travers les frontières sud des deux pays. Elle s’intensifie notamment en automne, période pendant laquelle la cueillette des dattes bat son plein. Une importante quantité de ce fruit succulent traverse la frontière sud clandestinement à destination de Jemna, le plus grand marché aux dattes Deglet Nour de Tunisie. La Deglet Nour algérienne est très appréciée de par le monde.
Elle se négocie au prix fort et concurrence aisément le meilleur produit local des grandes palmeraies du Jérid, première région au monde pour la production de cette datte de qualité supérieure, qui constitue l’un des principaux produits exportés par la Tunisie. Cependant, pour protéger la datte locale, les Tunisiens multiplient les campagnes contre la contrebande des dattes algériennes et l’introduction de plants sous prétexte de préserver leurs palmiers des maladies, notamment le bayoud qui peut causer des ravages dans les oasis.*El Watan-03.01.2013.
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Sur 600 000 tonnes produites en 2009, seulement 10 000 ont été vendues à l’étranger
La datte algérienne “s’exporte” mal
Le manque de financement, l’informel, le conditionnement, la mise à niveau, l’encadrement technique… sont autant de contraintes à l’origine de cette contre-performance.
En dépit de sa qualité irréprochable, sa réputation et l’importante demande qu’elle enregistre sur le marché international, la datte algérienne s’exporte mal. Même si les pouvoirs publics lui confèrent toute l’intention voulue, si l’on en croit les dires des responsables, il n’en demeure pas moins que la commercialisation de ce fruit du terroir n’a jamais atteint les résultats escomptés. En termes plus clairs, l’Algérie ne profite guère de ce produit qui devrait être classé comme étant stratégique. Devant un tel constat, l’État devrait accorder plus d’intérêt à la filière phoenicicole à travers une meilleure organisation. Il serait judicieux, de prime abord, de s’en occuper localement avant de songer à l’exportation. Il est inadmissible que, dans notre pays, deuxième producteur au monde avec 600 000 tonnes en 2009, le prix du kilogramme de dattes soit aussi dispendieux. Le kilogramme est souvent affiché entre 300 et 500 DA, sans évoquer les périodes exceptionnelles telles que le Ramadhan où les prix dépassent de loin cette fourchette. Les bourses moyennes, faut-il le préciser, ne peuvent pas se permettent “Deglet Nour” de manière régulière. Outre les tarifs, les pouvoirs publics devraient régler le problème de l’emballage et du conditionnement. Il est inconcevable, en effet, que l’on continue à commercialiser la datte “nue”, exposée à toutes les impuretés. La volonté politique pour transcender toutes les difficultés auxquelles fait face cette filière a été exprimée dès l’arrivée de Rachid Benaïssa à la tête du ministère de l’Agriculture. Pour réorganiser la filière, il a suggéré à tous les acteurs de programmer une série de rencontres à l’issue desquelles 5 groupes de travail ont été créés. Ils étaient chargés de faire des propositions concernant des aspects liés au financement, la labellisation, la promotion des exportations, l’appui technique et la protection phytosanitaire. Ainsi, il a été décidé que les exportateurs puissent bénéficier du crédit agricole sans intérêts “Rfig” de campagne à partir de l’année en cours, mais sous une condition relative aux quantités exportées. L’octroi du crédit Rfig à un exportateur de dattes sera assujetti à la condition d’augmenter les quantités exportables, en 2010, de 20% par rapport aux exportations réalisées en 2009. C’est du moins ce qu’a indiqué le ministre lors d’une réunion interprofessionnelle sur la filière datte consacrée à la présentation des rapports de cinq groupes installés en février dernier.
Cette mesure a eu l’aval des professionnels présents à cette réunion. Ces derniers n’ont pas caché leur satisfaction de la décision selon laquelle le crédit Rfig s’applique aussi aux producteurs, collecteurs et conditionneurs de la filière de phœniciculture. Ils estiment que le délai de 18 mois, au lieu de 12, à l’issue duquel ils doivent rembourser leur crédit pour pouvoir en bénéficier l’année d’après, est plus que raisonnable. Le ministre a souligné que ces mesures ont pour objectif de promouvoir la production et surtout l’exportation de ce produit, qui reste en deçà des objectifs. En 2009, l’Algérie a produit 600 000 tonnes de dattes (+8% par rapport à 2008), mais elle n’en a exporté qu’entre 10 et 12 000 tonnes : “Il est anormal qu’un pays produise 600 000 tonnes et n’en exporte que 2%”, a-t-il regretté. Si l’Algérie est classée 2e producteur de dattes au monde, ses infimes opérations d’exportations, en revanche, l’ont classée à la 28e place. Les raisons à l’origine de cette contre-performance ont trait à la mauvaise organisation, aux contraintes économiques et à l’informel. Des quantités considérables de dattes sont acheminées de façon illégale vers les frontières pour être ensuite commercialisées à l’étranger, notamment en Tunisie. L’objectif recherché de ces rencontres entre divers intervenants est de créer une entente et une complémentarité entre producteur et conditionneur-exportateur.
Autrement dit, accorder des prêts bonifiés à la phœniciculture pour qu’ils assurent une production de qualité et accompagner (avec des crédits à taux bonifiés) les exportateurs dans leur activité et augmenter ainsi les exportations. Cela passe indubitablement par une mise à niveau des entreprises exportatrices. Le message qu’a voulu transmettre le ministre de l’Industrie lors des assises sur le secteur de l’agroalimentaire consiste d’ailleurs à inculquer aux chefs d’entreprise l’adoption d’un comportement qui utilise avec efficience l’aide et l’assistance de l’État, notamment pour ce qui concerne la mise à niveau des entreprises par le biais du programme spécifique, l’innovation technologique et la créativité. “Nous essayons de créer les conditions et de lever toutes les contraintes pour que les exportations apportent un bénéfice à l’économie nationale”, a déclaré le Dr Benaïssa. D’autres contraintes ont été soulevées par les acteurs, surtout le manque d’encadrement technique des producteurs, l’entretien des palmeraies, l’absence de marchés de gros, la modernisation de l’outil de stockage froid…(Liberté-31.03.2010.)
**Afin de se mettre au niveau des standards internationaux
La certification des unités de conditionnement de dattes est impérative
Les unités de production et de conditionnement de dattes doivent être mises à niveau et obtenir un label de certification, avant que les marchés à l’export ne soient verrouillés, estiment des professionnels de la filière qui revendiquent un soutien plus ferme pour les exportateurs.
« On doit absolument aller vers la certification des unités de production pour se mettre au niveau des standards internationaux », a indiqué à Najib Haddoud, membre de l’Association des producteurs de dattes de Tolga.
« Il y a des marchés qui nous sont hermétiques comme celui de l’Europe du Nord, et même les pays du sud de l’UE commencent à nous exiger des stratégies de mise à niveau et la démarche HACCP qui est un système qui identifie, évalue et maîtrise les dangers significatifs au regard de la sécurité des aliments « , a ajouté M. Haddoud.
Faute de certification, les exportateurs algériens sont contraints de passer par des importateurs étrangers qui achètent leur produit à très bas prix et le réexportent à un prix plus élevé, après l’avoir certifié. « Probablement, nous avons quatre ou cinq ans devant nous, si nous ne sommes pas certifiés on ne va rien pouvoir exporter parce que tout sera verrouillé », a-t-il averti.
La certification des entreprises de production et de conditionnement va permettre à ces dernières d’augmenter le volume des exportations en conquérant de nouveaux marchés. L’Algérie produit en moyenne 600 000 tonnes de dattes par an, mais n’exporte que 25 000 tonnes actuellement contre 12.000 tonnes avant 2011, année durant laquelle les pouvoirs publics avaient accordé un important soutien à la filière, ce qui a relancé les exportations.
Vers un partenariat avec l’agence allemande de développement GIZ
Pour inciter les producteurs à aller vers la certification, le Comité interprofessionnel de la filière datte a initié un projet intégré, en partenariat avec l’agence allemande de développement GIZ, sur le fractionnement des dattes afin d’en extraire d’autres produits dérivés. « Nous avons décidé de créer, en collaboration avec le ministère de l’Industrie, de la PME et de la promotion de l’investissements ainsi que l’agence allemande GIZ, un réseau dattes qui va regrouper tous les acteurs de la filière », a indiqué M. Haddoud, lui-même producteur.
Ce réseau ou cluster « vise deux actions essentielles : la certification des unités de conditionnement avec l’assistance des experts allemands, et la réalisation d’une société algéro-allemande de production de sucre de dattes », explique-t-il. Un voyage d’étude effectué en Allemagne a permis aux professionnels de la filière de visiter une usine de fabrication d’équipements de production de ce sucre ainsi que des clients intéressés par l’achat de ce produit, a révélé cet opérateur.
Au total, une trentaine d’unités de conditionnement est concernée par la certification dont une vingtaine installée à Biskra. Pour le moment, il n’y a que quatre unités qui vont bénéficier d’une mise à niveau dans le cadre de ce cluster-dattes, les autres suivront dans le cadre du programme national de mise à niveau en vue de bénéficier des aides de l’Etat accordées à cet effet.
Outre la certification des producteurs, la filière dattes a besoin également d’organiser toutes ses structures afin de défendre le label de la datte algérienne et assurer sa traçabilité.
Seuls les producteurs, les conditionneurs et les exportateurs sont organisés en associations, mais pas les collecteurs et les commerçants ce qui favorise l’informel et la spéculation, selon les professionnels qui demandent aux pouvoirs publics de durcir le contrôle dans les zones de production et de commercialisation de dattes où « prolifèrent » les spéculateurs.
« Il y a des gens qui ne possèdent même pas un registre de commerce et stockent la datte dans des chambres froides pour la revendre au double de son prix et parfois même quatre fois plus », affirme M. Salim Haddoud, président du conseil interprofessionnel de la filière.
Nécessaire réadaptation du Fonds spécial pour la promotion des exportations
Concernant l’exportation, l’interprofession appelle les pouvoirs publics à réadapter le Fonds spécial pour la promotion des exportations (FSPE) afin d’accompagner les exportateurs dans le placement de la datte algérienne sur les marchés étrangers. C’est le cas par exemple de la Deglet Nour en branches (commercialisée à l’état naturel sous forme de régimes) qui ne bénéficie d’aucun soutien à l’export bien qu’elle soit très demandée aussi bien sur le marché local qu’à l’étranger.
« La Deglet Nour branchée qui est la fierté de la datte algérienne s’exporte très peu par rapport à celle conditionnée en raison de la cherté de son prix comparé à celui des autres pays qui soutiennent cette variété », explique M. Haddoud. « Cette variété a besoin d’être soutenue et certifiée pour qu’elle puisse pénétrer dans les marchés exigeant des produits de meilleure qualité comme ceux d’Europe du Nord », a-t-il ajouté. En outre, les exportateurs algériens se disent « indignés » par la qualité médiocre des stands algériens dans les foires et salons internationaux.
« Les stands algériens sont les derniers de la classe, alors qu’ils devraient être les meilleurs », regrette M. Haddoud, qui a sollicité les pouvoirs publics pour intervenir « en urgence » afin d’améliorer les conditions de promotion du produit algérien à l’étranger.* 07 Janvier 2013-Le Maghreb
**Exportations illégales de dattes, de poissons, de cuirs et de peaux
Un lourd dossier dans les tiroirs !
Le préjudice causé au Trésor public est estimé à plus de 3 000 milliards de centimes !
“De grosses quantités de dattes ont été exportées illégalement ces dernières années, sans que les services de contrôle interviennent pour stopper cette fuite organisée de devises. Précisément, la datte Deglet Nour a été exportée massivement vers la Tunisie en contrebande. Là, elle est conditionnée pour être vendue sur les marchés européens sous label tunisien”, rapporte une source sûre, proche du dossier. Le pot aux roses avait été découvert en 2003, suite à des informations parvenues à la douane, émanant du milieu exportation de ce produit. Des quantités importantes de dattes avaient été saisies. Constat : ce trafic fait partie d’un large courant d’exportation illégal incluant liège, poissons notamment crevettes, merlans et rougets, cuirs et peaux. Fausses déclarations en poids et en valeur, telles ont été les infractions qui avaient été enregistrées à cette époque. Le kilogramme de datte deglet Nour, exportée, avait été déclaré à 1 euro, et réellement vendu entre 2 et 3 euros. La différence est versée dans un compte à l’étranger. Il s’agit d’un transfert illégal en devises, si on suit l’ordonnance 96-22 modifiée du 9 juillet 1996 relative à la répression des infractions de change. À cette époque, le dossier avait été bloqué. “Les services de contrôle n’ont jamais demandé l’authenfication des institutions des pays importateurs, pour mieux cerner ce courant de fraudes et stopper l’hémorragie en devises”, ajoute la même source. Résultat : cinq ans après la découverte de ce trafic, le dossier est aujourd’hui prescrit faute d’investigations sérieuses et partant d’actions en justice. Le préjudice au Trésor public est évalué à plus de 3 000 milliards de centimes. Aux fausses déclarations en valeur et en poids s’ajoute ainsi le non-rapatriement en devises. Le délai imposé par la réglementation est, rappelons-le, de 3 mois.
“En aval de la filière à Rungis, le marché de gros parisien s’écoule la Deglet Nour algérienne sous emballage tunisien, avant d’être distribuée dans les grandes surfaces de la région parisienne et de grandes villes européennes”, rapporte une autre source sûre.
Curieusement, en dépit de maints articles sur ce trafic à partir de sources fiables, aucune enquête n’a été diligentée. La situation n’a pas évolué d’un iota. On continue à exporter de la datte en contrebande. La Deglet Nour algérienne s’exporte vers l’Europe sous emballage tunisien, avec la complicité de certains opérateurs locaux. La première source ajoute qu’il s’agit en fait d’un réseau bien organisé, bénéficiant de la couverture de barons de l’export.
Paradoxalement, “la deglet Nour algérienne bénéficie du soutien public tunisien. Du coup, les conditionneurs tunisiens peuvent placer ce produit en Europe à des prix inférieurs à la concurrence”, avance la même source. En un mot, elle est moins chère que celle exportée via un autre circuit de commercialisation.
En somme, le label algérien n’a pas bénéficié de la protection de l’état pendant au moins plus d’une décennie. Et la perméabilité de nos frontières pose aujourd’hui un sérieux problème de sécurité, particulièrement sur le plan financier. (Liberté-02.02.2010.)
**5% seulement de la production exportée
Sur 500 000 tonnes de dattes produites, seulement 5% sont exportés, indique une source sûre. Voici l’état dans lequel se trouve cette filière dont le potentiel reste en jachère. Beaucoup d’unités de conditionnement ont fermé à Biskra, la principale zone de production, en raison de multiples contraintes à l’exportation.
Sur le marché intérieur, ce ne sont pas les producteurs qui récupèrent la grande partie de la plus-value. Cédée à moins de 50 dinars, voire 100 dinars sur pied, le kilogramme de dattes se retrouve à 300 dinars sur les étals de la capitale. Les intermédiaires encaissent donc les plus gros profits, au détriment des consommateurs qui se trouvent ainsi privés pour la plupart de ce fruit aux vertus diététiques avérées.
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**Phœniciculture
L’incapacité des Algériens à placer leur label sur le marché mondial
Avec une production annuelle de 500 000 tonnes de dattes environ, dont 20 000 exportées à travers des circuits formels, soit 4% de la production totale, l’Algérie se situe à la septième place mondiale.
La phœniciculture (culture du palmier-dattier), comme au demeurant les autres filières agroalimentaires, qui doivent, en principe, jouer un rôle de premier plan dans le développement économique et tirer les exportations hors hydrocarbures vers le haut, sont en butte à des difficultés multiples et n’échappent pas à la spéculation et autres pratiques frauduleuses. La datte algérienne, compte tenu de sa qualité exceptionnelle, fait l’objet de beaucoup de convoitises de la part de nombreuses parties, notamment nos voisins. En premier lieu, les exportateurs algériens qui semblent, à l’évidence, manquer de savoir-faire en la matière, ne parviennent pas à placer ce produit sur le marché mondial et se contentent de l’écouler par des intermédiaires tunisiens et français, mieux aguerris et mieux préparés pour pénétrer et approvisionner le marché européen qui, au demeurant, veulent en faire leur chasse gardée. Les Syriens se chargent d’alimenter le marché du Proche-Orient et des pays du Golfe, notamment l’Arabie Saoudite, dont la population semble priser tout particulièrement la Deglet Nour d’Algérie.
S’agit-il seulement d’un manque de know how ou de volonté délibérée de passer par ces intermédiaires qui leur permettent d’engranger des dividendes importants sans trop d’efforts et sans se soucier de promouvoir le label algérien au sens “patriotique” du terme ?
La question mérite d’être posée. Elle le mérite d’autant qu’on ne peut pas comprendre pourquoi certains exportateurs algériens courent le risque de se voir interdire le marché européen par manque de respect des normes internationales usitées en la matière (seuil toléré de pesticides, calibre de la datte, qualité de l’emballage…) ou quand ils se proposent de commercialiser un produit frappé par la pyrale ( maladie générée par le ver de la datte). Si par manque de moyens de contrôle, le marché algérien permet d’absorber y compris les dattes infestées par le ver de la datte, celui de l’Union européenne, sous la pression des organisations de défense des consommateurs et autres associations de même nature, dispose de mécanismes stricts de sélection et d’acceptation des produits en provenance de l’extérieur.
En second lieu, des exportateurs tunisiens achètent directement, et parfois clandestinement, d’importantes quantités de nos meilleures dattes, Deglet Nour notamment, qui représente 50% de la production dattière nationale, pour la présenter sous un emballage et un label tunisiens sur le marché international. Dans ce contexte, le président de la République, lors d’une intervention publique, a interpellé les producteurs et exportateurs algériens de dattes sur leur manque d’audace et d’agressivité au niveau des marchés extérieurs. L’évasion frauduleuse des dattes à travers nos différentes frontières (40 000 tonnes saisies en 2005 selon l’ancien ministre de l’Agriculture), constitue un véritable pillage de cette ressource génératrice d’emplois et de recettes en devises.
En troisième lieu, l’apparition de spéculateurs avides de gains rapides, qui achètent et stockent d’énormes quantités de dattes, souvent avant que le produit n’arrive à maturité et dans des conditions d’hygiène qui laissent à désirer, pour les ressortir et les écouler lors d’évènements tels que le Ramadhan à des prix exorbitants, contribuent objectivement à fragiliser et à pervertir la filière. Par ailleurs, la perdition des activités artisanales autour de la culture du palmier et du traitement des dattes, qui faisaient notre fierté en ce qu’elle exprimait le respect de nos aïeux à l’égard de la terre nourricière et de nos traditions ancestrales, la fermeture de nombreuses unités de conditionnement et d’emballage, les lenteurs liées à l’octroi d’aides à l’exportation, assombrissent le tableau et interpellent les pouvoirs publics quant à l’urgence des mesures à prendre pour protéger, développer et promouvoir cette filière qui peut représenter un enjeu majeur dans la perspective de l’après-pétrole. (Liberté-02.02.2010.)
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**Deglet Nour
Les producteurs biskris face au détournement du label algérien
Selon la plupart des producteurs biskris, les Tunisiens seraient en train de tenter de déposer l’appellation Deglet Nour, auprès des instances internationales de certification, afin qu’elle devienne leur propriété exclusive, une sorte d’appellation contrôlée.
Cette variété exceptionnelle, originaire du terroir de Tolga, la Deglet Nour, fait partie de plus de cent variétés de dattes. Selon les plus avertis, le risque est grand de voir disparaître les variétés de dattes mineures, de moins en moins plantées, parce que moins recherchées sur le marché.
À Biskra, transformée en l’espace de deux décennies en un immense jardin, avec ses maraîchages, ses serres et ses vergers, le secteur agricole a bénéficié de la sollicitude des pouvoirs publics et de l’engouement des cultivateurs. Dès la fin octobre, on peut trouver des fèves, des piments, des pommes de terre et toutes sortes de produits maraîchers frais, à des prix abordables.
Véritable paradoxe, prouvant que tout est possible lorsque les finances, la volonté humaine et le savoir-faire sont réunis et mis en synergie. En cette mi-novembre, Messaoud Guemmari, le très actif président de la Chambre d’agriculture de Biskra, doit se rendre en Espagne afin d’assister à une rencontre sur la culture sous serre. Car l’ambition est grande chez les agriculteurs biskris de convaincre les pouvoirs publics de l’importance d’investir dans des serres plus grandes et sur des superficies plus importantes, des serres multichapelles, puisque les rendements sont assurés, avec une moyenne de 17 heures d’ensoleillement quotidien.
L’eau non plus ne manque pas, même s’il faut la chercher profond grâce à des sondes. On ne peut envisager de culture en l’absence d’irrigation. Mais le fonçage coûte de l’argent, plusieurs millions de centimes le mètre linéaire, ainsi que les pompes immergées électriques et les retenues. Par bonheur, le PNDA est passé par-là et a donné des résultats plus que probants.
Deglet Nour est incontestablement la fierté de la région. La datte qui devrait constituer la locomotive des exportations agricoles nationales est entraînée par la Deglet Nour. Si cette variété pousse un peu partout, l’environnement le plus propice pour sa culture se situe dans un périmètre relativement restreint constitué par quatre localités : Tolga, Bordj Ben Azzouz, Foughala et Laghrous et Doucen.
Pour rappel, les Américains émerveillés par cette variété lors de leur passage au cours de la Seconde Guerre mondiale ont emporté des plants de Deglet Nour et même des échantillons du sol afin de tenter d’acclimater ce fabuleux palmier en Californie. Sans succès, car les fruits ont été loin de ressembler à la Deglet Nour d’origine sur le plan qualité.
Variétés de dattes
Il en existe des dizaines, on parle même de cent ou deux cents espèces. Le problème, c’est que la plus recherchée est justement la Deglet Nour, et que le risque est grand de voir péricliter, puis disparaître d’antiques espèces, abandonnées, victimes de l’offre et de la demande.
Selon M. Benbouzid, SG de la Chambre d’agriculture de Biskra, “incontestablement, la Deglet Nour est n°1 pour la culture de la datte. Même si de nombreuses autres variétés continuent d’être cultivées pour divers usages. On parle des Mech Degla et assimilés (la non Degla) ; il s’agit de dattes sèches, de Degla beïda, datte sèche destinée aux fêtes (circoncision notamment) mélangée aux bonbons et autres friandises, dragées, cacahuètes et amandes, on la distribue aux gamins. Cette datte est très appréciée dans les pays du Sahel. Enfin, le ghars et autres dattes molles destinées à la confection des gâteaux orientaux. Pour la consommation, on peut citer les dattes à moitié mûres qui viennent début août”.
La palmeraie de Biskra comprend environ 4,2 millions de palmiers dont 2,5 millions de Deglet Nour qui fournissent 60% de la production de dattes. “La production de Deglet Nour est plus importante parce qu’elle est mieux soignée, question entretien, élagage, fumure, irrigation, binage, protection phytosanitaire, etc. La production peut atteindre entre 70 et 150 kg de dattes pour les mieux soignés des palmiers”, selon Hadj Atallah Ben Bouzid, SG de la Chambre d’agriculture de Biskra. Toujours selon lui, “le prix du kilo de Deglet Nour, en début de campagne (fin octobre) sur pied coûte entre 70 et 80 DA, avant d’atteindre rapidement suite à la demande intense 140 à 180 DA/kg, toujours sur pied. Au marché de gros, selon la réputation des plantations, le prix du kilo balance entre 90 et 220 DA. Il s’agit d’une véritable bourse de valeur qui doit être surveillée de près par les opérateurs concernés, car elle change quasi quotidiennement”. Les producteurs de dattes sont regroupés depuis peu (avril 2009) en un conseil interprofessionnel, un groupe d’intérêts communs, non opérationnel et encore très divisé pour cause de tiraillements dus aux intérêts divergents des uns et des autres. D’ailleurs, la question du financement d’un fonds destiné à gérer l’organisation continue de se poser, sans trouver de solution consensuelle.Concernant les maladies communes aux vergers phoenicicoles, telles que le bouferoua, qui est un acarien, ou le myelois, un papillon dont la chenille provoque des dégâts importants aux récoltes et les rend impropres à la consommation. Le taux d’infestation admis se situe entre 3 et 5% de larves mortes, après traitement avant exportation. Le traitement des vergers bio se fait par la lutte biologique : le myelois est combattu par l’inoculation d’une bactérie, naturellement inoffensive pour l’homme, ou par des pesticides, lorsque le verger n’est pas homologué bio. Ces traitements sont mis en œuvre par les services de l’INRA et l’INPV qui surveillent étroitement les palmeraies de la région. Selon Hadj Ben Bouzid, le bayoud n’existe pas dans la région sous haute surveillance. Il faut savoir que le bayoud, champignon originaire du Maroc, ne laisse rien sur son passage. L’infestation se propage par l’eau d’irrigation, le champignon remontant par les racines finit par dessécher le palmier, avant de s’attaquer à toute la palmeraie qui finit par disparaître assez vite, en comparaison à sa durée de vie qui approche un siècle. Pour l’heure, il est circonscrit à la région de Ghardaïa qui subit une mise en quarantaine de fait à ce propos. Le dispositif mis en place par l’INPV soumet toutes les nouvelles plantations susceptibles de contaminer la région à une surveillance de tous les instants. De plus, les agriculteurs de Biskra, de Tolga et de l’ensemble du périmètre excellence Deglet Nour ne plantent que des rejetons issus de plantations connues pour être parfaitement saines. La Deglet Nour est particulièrement sensible au bayoud.
Conditionneurs exportateurs : manque de financement
et concurrence déloyale
Si les acheteurs de la Deglet Nour ne manquent pas, il y a eu des années où la rumeur aidant, des marchands venus du nord du pays ont pu laisser perplexes les natifs de la région. Ils avaient ouï-dire que la datte se bradait sur place, alors qu’elle coûtait les yeux de la tête dans la région du Tell. Désarçonnés les Biskris, ils l’étaient au point où ils s’étaient mis à demander à leurs visiteurs où pouvait bien se trouver cette datte miraculeuse à si bas prix. Dès la fin octobre, saison de la récolte et jusqu’en décembre-janvier, les marchands affluent à Biskra, d’Oran, de Tlemcen, de Sétif, d’Alger et de bien d’autres régions du pays. Car le gros des chambres froides se trouvent au Nord. Tous ces facteurs provoquent un accroissement naturel des prix auquel ne peut faire face le consommateur local. Vieux problème des zones ou pays exportateurs qui fait flamber les prix des denrées au niveau local, là même où elles sont produites ! Durant le mois de Ramadhan, la Deglet Nour coûtait environ 300 DA/kg à Biskra. Il faut dire que le prix de gros ces derniers jours (entre le 9 et le 13 novembre, au début de la campagne de cueillette qui commence fin octobre) se situe entre 140 et 190 Da/kg, pour la Deglet Nour de Tolga, au niveau de la palmeraie et sur pied. La datte de Chettma coûte 80 DA/kg, et celle d’El Mghaier (El-Oued) environ 70-80 DA/kg. C’est dire que le top se trouve à Tolga et les 4 autres villages qui l’entourent : Foughala, Bordj Ben Azzouz, Leghrous et Doucen. Ces 5 villages excellent dans les soins apportés aux palmeraies de Deglet Nour : dans le travail de la terre, l’irrigation, le nettoyage, l’élagage (en temps opportun), l’utilisation de fumier animal, l’usage de pesticides et d’engrais chimiques étant totalement proscrit, comme l’assure Hadj Messaoud Guemmari, président de la Chambre d’agriculture de Biskra qui met cela sur le compte de la volonté affichée par tous les acteurs du secteur décidés à labelliser la Deglet Nour, au plus tôt, en tant que produit du terroir. C’est en tout cas le but que s’est assigné l’association des producteurs de Deglet Nour, encadrée par la Chambre d’agriculture, selon Hadj Guemmari.
Biskra : 60% de la production nationale de Deglet Nour
D’après Ghemri Youcef, président de l’Association des conditionneurs et exportateurs de dattes de Biskra (fondée en 2006), le problème principal qui entrave la bonne marche de la filière réside dans le financement, pour l’essentiel. La datte la plus recherchée étant la Deglet Nour, dont Biskra produit 60% du total national. La Deglet Nour constitue d’ailleurs 50% du verger phoenicicole du pays.“La récolte de la datte se déroule sur une période très courte”, rappelle Ghemri Youcef “deux mois à peine entre fin octobre et décembre : durant ce court laps de temps, il nous faut disposer de ressources financières importantes pour le paiement cash de tout achat de Deglet Nour afin de faire face à des concurrents féroces largement plus riches que nous. Nous devons pourtant acquérir coûte que coûte la quantité de dattes suffisante pour fonctionner le reste de l’année, conditionner le produit en vue d’exportation, et tenir durant la période de soudure, c’est-à-dire 9 mois. Si nous disposions de moyens financiers suffisants, nous pourrions faire barrage à la spéculation en régulant le marché de la datte.
Le 2e problème, lié lui aussi au financement, a nécessité de mettre à niveau la plupart des installations des unités de conditionnement, si l’on prétend exporter, car les marchés extérieurs sont devenus très exigeants sur la question du process et pas seulement sur la question du conditionnement, comme l’apparence de l’emballage, par exemple, la fabrication, les machines, la certification, les labos de contrôle, etc. Cette mise à niveau nécessite des crédits et un accompagnement des pouvoirs publics si l’on veut gagner et conserver des parts du marché, quelle que soit la qualité intrinsèque de nos produits. Nous aurions besoin de crédits bonifiés ou sans intérêt pour maintenir à flot la filière, face à une concurrence de plus en plus féroce, ici, en Algérie, face aux marchands qui n’ont besoin que d’un moyen de transport et de beaucoup d’argent, qui n’ont pas à traiter ou conditionner le produit, et à l’étranger face aux exportateurs d’autres pays. Les consommateurs européens, par exemple, ne savent pas faire la différence entre un produit d’excellence et un produit de moindre valeur et s’intéressent plus au prix qu’ils payent. Il serait souhaitable que les aides à l’exportation accordées par le ministère du Commerce soient accessibles aux véritables exportateurs. De même que nous aimerions bénéficier du crédit Rfig. Même si de nombreuses promesses nous ont été faites, nous n’avons encore rien vu venir du ministère de l’Agriculture”.
Le président de l’Association des conditionneurs exportateurs détaille le coût de revient de 5 containers de 20 tonnes (soit au total 100 tonnes ou 100 000 kg) conditionnés, destinés à l’export. Le prix d’achat de la Deglet Nour à lui seul se monte à 18 millions de DA. Un conditionneur exportateur pour s’en sortir devrait traiter au moins une dizaine de containers à exporter par an. On peut aisément en évaluer le coût.
Ajouter à cela le conditionnement, le triage, le lavage, la stérilisation, les barquettes, la plastification, la main-d’œuvre, le transport, l’énergie, la chambre froide, etc. et vous aurez un prix qui dépasse les 2,3 euros rendu à Marseille. Or, les Tunisiens réussissent à vendre le kilo à 2 euros, rendu à Marseille.
Ce qui signifie qu’ils disposent d’un soutien de l’État ou d’une mesure quelconque d’accompagnement qui nous manque. Avec une aide bonifiée, le conditionneur-exportateur pourrait, grâce aux produits labellisés entre autres, réduire les prix rendus à l’étranger en dessous de la barre des 2 euros. Il est d’ailleurs fort possible que nos concurrents directs pratiquent le dumping pour sauvegarder leurs parts de marché.
À la question de savoir pourquoi ne pas viser le marché intérieur, puisque les prix de détail dépassaient les 3 euros (plus de 350 DA) au début du dernier Ramadhan, M. Youcef Ghemri répond : “Des investissements lourds ont été consentis par les conditionneurs-exportateurs dans le but de valoriser la datte destinée aux marchés extérieurs. Alors que le marché intérieur, comme on peut chaque jour le constater, se suffit d’un conditionnement approximatif, en branchettes, d’une mise en boîte et de la conservation dans des chambres froides. La datte en branchettes peut fort bien être conditionnée sous le palmier ou dans un simple local sans le moindre équipement. Le secteur de la datte est totalement livré aux spéculateurs de tout poil. Les seuls finalement qui ont pignon sur rue sont les conditionneurs-exportateurs et les seuls qui sont contraints de payer des impôts rubis sur l’ongle, car ils ont une adresse, une identité fiscale, contrairement aux acheteurs sur pied qui ne sont pas touchés par le fisc. Si nous devions mettre la clef sous le paillasson, c’est au moins 4 000 emplois directs qui disparaîtraient avec nous dans la seule région de Biskra, pour un total de 28 unités de conditionnement d’une capacité théorique de 30 000 tonnes/an. C’est pas mal quand on sait que la production nationale est de 500 000 tonnes environ, toutes variétés de dattes confondues, dont 50% au moins de Deglet Nour. Nous continuons à attendre beaucoup des pouvoirs publics qui ont déjà déclaré par le passé, après avoir mis en place le fameux couloir vert, que la datte représente la locomotive des exportations hors hydrocarbures”. Pour l’heure, selon le président de l’Association des conditionneurs-exportateurs, les banques domiciliataires ne jouent pas le jeu et n’arrivent pas à comprendre que le prix de la datte évolue très vite : il est passé de 100 DA/kg fin octobre à 140-180 DA/kg après 10 jours seulement du début de la récolte. Fin décembre, le prix risque d’augmenter encore.
En attendant au niveau des hôtels de la ville un afflux d’étrangers est constaté, la plupart venus sonder le marché de la Deglet Nour de Tolga, dont la réputation quoiqu’on pense a largement franchi les frontières.
Les commerçants locaux, la plupart improvisés depuis peu, se retrouvent au marché en plein air situé dans les faubourgs de Biskra : dans la poussière, sans la moindre commodité, des sacs d’argent changent de main, en échange de chargements de dattes.
Une palmeraie modèle Deglet nour “bio” (périmètre de Magtoufa)
Il existe une demi-douzaine de producteurs de Deglet Nour bio. Parmi eux, le propriétaire de la palmeraie de Magtoufa, Atia Mohamed Gholam : propriétaire de palmeraies, acheteur avisé de récoltes sur pied, il a bénéficié de l’aide de l’État pour la mise en valeur des terres sahariennes, car il y a cru. Il a bénéficié aussi des aides du PNDA destinées aux produits bio ou labellisés. Avant cela, il était enseignant. C’est un homme heureux qui a sans doute mérité son succès. Son créneau est la Deglet Nour bio. Il affirme que durant la saison de la datte, des centaines de jeunes et moins jeunes arrivent de partout et même des wilayas limitrophes à la recherche de travail. Lui-même en emploie une quarantaine dont Farhi, 65 ans, père de 10 enfants, qui vient de Khenchela depuis 17 ans, au début de chaque saison des dattes, fin octobre. Il reste dans la palmeraie trois à quatre mois, il y travaille et y vit, comme tant d’autres venus de Djelfa, N’gaous ou Aïn Beïda.
Achat-vente sur pied
Une palmeraie classée bio est constamment surveillée par les agents de l’INRA et de l’INPV. Ce mardi 10 novembre, trois agents de l’INRA, dont deux ingénieurs étaient venus contrôler les pièges à myelois qui attirent le papillon grâce à des capsules de phéromone (hormone femelle). Le nombre de papillons piégés indique le taux d’infestation de la plantation. Le contrôle est hebdomadaire. On dispose entre 2 et 3 pièges dotés de capsules à phéromone par hectare. En période de surveillance intensive, ce nombre peut atteindre 30 pièges/hectare. Si le taux dépasse la norme permise, le traitement biologique est immédiatement mis en œuvre, car il est hors de question d’utiliser un traitement chimique dans un périmètre labellisé bio. Même le fumier est ramené d’Ouled Djellal, à 50 km de Tolga. Ouled Djellal est un terroir réputé pour ses moutons. Il existe d’ailleurs un marché spécial pour le fumier de bovins, de camelins, caprins ou de poulaillers qu’on ramène de Sétif souvent. C’est ce qui fait que le prix de la Deglet Nour bio soit plus élevé de 30 à 40 DA/kg, par rapport à la Deglet Nour traitée avec des pesticides ou des engrais chimiques. En fait, l’importateur envoie un expert sur place réaliser les prélèvements de plantes, de feuilles de palmier et des dattes en vue d’analyses. Celui qui visite les palmeraies de Hadj Atia est un Tunisien qui travaille sous l’égide d’un organisme international. La palmeraie moyenne possède 200 arbres. Certaines possèdent plus de 1 000 palmiers, selon Hadj Atia.
Si Hadj Atia emploie environ 40 ouvriers durant 3 ou 4 mois, d’autres emploient 100 à 200 ouvriers saisonniers venus des wilayas limitrophes, car la wilaya de Biskra manque de main-d’œuvre déjà.
Une bonne Deglet Nour doit être cueillie en régime et rester 6 à 7 jours pendue dans un hangar jusqu’à mûrissement parfait, avant d’être introduite dans une chambre froide. La température de la chambre froide doit être réglée entre 0° et 3°C pour une courte durée (quelques jours ou quelques semaines) et à -4° pour les longues durées. Selon un des ingénieurs de l’INRA venus en inspection, “très souvent la mauvaise utilisation des chambres froides a provoqué de véritables catastrophes et de grosses pertes : dattes abîmées, fermentées, etc. La formation des propriétaires de chambres froides reste encore à faire”.
Le kilogramme de dattes hébergé en chambre froide revient à 2 DA/mois. Le paiement de 3 mois est exigé d’office. Une fois les 3 mois dépassés, le paiement s’effectue mensuellement. Hadj Atia dispose de 300 m3 de capacité de stockage en toute propriété. Pour les récoltes qu’il achète sur pied, il peut recourir à la location de chambres froides chez des tiers.
Les relations de Hadj Atia avec ses associés semble assez particulières pour être décrites. En effet, avoue-t-il, “lorsque j’achète une récolte de dattes sur pied, je paye son propriétaire cash et je cherche quelqu’un pour s’en occuper jusqu’à la vente. Je partage avec la personne chargée de ce travail les bénéfices de la vente fifty-fifty”.
Hadj Atia pratique l’achat de récoltes de Deglet Nour sur pied. “Dans ce but, il m’arrive de me fier aux renseignements concernant telle ou telle palmeraie visitée par d’autres acheteurs experts. Je sais que leurs offres se rapprochent toujours de la valeur réelle de la récolte. Ce qui me permet de foncer sans trop de risques”. Mais d’une façon générale, la vente sur pied traditionnelle faisait appel à un agriculteur expert appelé kherras. Les deux contractants, l’acheteur et le vendeur, ramènent chacun son kherras. Dès que les estimations se rapprochent, l’accord est réalisé sur la base du prix d’un saa, soit l’équivalent de 120 kg, environ, qui reviennent entre 10 000 et 12 000 DA. Actuellement, l’estimation est réalisée sur la base du nombre de palmiers existant dans la palmeraie.- Environ 60% des palmeraies sont composées de la variété Deglet Nour.
- L’effectif total des agriculteurs s’élève à 32 000, dont 30 000 s’occupent de maraîchages et de cultures sous serre et 2 000 sont éleveurs d’ovins et de caprins surtout, pour 1 million de têtes d’ovins d’Ouled Djellal, 4 500 bovins et 560 camélidés.
(Données de la Chambre d’agriculture de Biskra).Les données chiffrées concernant la culture du palmier-dattier pour l’année 2008 et les prévisions pour la récolte 2009 sont les suivantes :
Campagne 2008 : Deglet Nour : 65% des palmeraies du pays
Il existe un nombre total de
4 133 617 palmiers (Biskra), toutes variétés confondues.
2 517 075 palmiers Deglet Nour, dont
1 559 000 palmiers productifs.
Production totale : 1 090 828 quintaux.
Production par pied (palmier) en 2008 : environ 70 kg. La production a été affectée par la pluviométrie relativement importante qui a influé, en 2008, sur la qualité des dattes.
À ce propos, on peut remarquer que chaque régime de dattes (un palmier en compte une douzaine environ, et 18 au maximum) est protégé par un film plastique pour éviter qu’il ne soit détérioré par la pluie.Prévisions pour 2009
Total palmeraie :
4 141 927, dont 2 522 0775 Deglet Nour
Palmiers en production : 1 607 000 palmiers Deglet Nour, soit 1 300 000 quintaux.
Rendement par pied 76 kg, soit une nette évolution tant en quantité qu’en qualité, par rapport à l’année écoulée. Pas de maladies constatées en 2009, ni le bouferoum (acariens) ni le myelois (larves de papillon) n’ont été signalés dans les plantations.
Il faut signaler que la palmeraie
de la région de Biskra, et spécialement celle de Tolga pour la Deglet Nour,
est protégée du fait même que les
agriculteurs ne souhaitent planter que les rejets provenant de la région, ce qui les prémunit de tout risque d’infestation par le bayoud ou d’autres maladies graves. (Liberté-02.02.2010.)***
** De la protection de l’appellation “Deglet Nour”
Selon le directeur des services agricoles (DSA) de la wilaya de Biskra, M. Zahaf Tahar : “Pour ce qui est de la protection de l’appellation Deglet Nour, appellation d’origine contrôlée, label, ou encore “produit du terroir” avec circonscription géographique, un cahier des charges destiné aux agriculteurs a été élaboré par le ministère de l’Agriculture. Ce cahier des charges définit un ensemble de caractéristiques que doit présenter la Deglet Nour pour être homologuée. Des critères allant de l’apparence esthétique aux qualités intrinsèques du fruit, physiques, organoleptiques, physico-chimiques, etc. de même que le biotope, le climat et l’environnement du palmier Deglet Nour a été décrit dans le même opuscule destiné aussi bien aux agriculteurs qu’aux opérateurs et encadreurs du domaine phœnicicole.”
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*Le diktat des gros bonnets et des exportateurs tunisiens…
Nous sommes arrivés aux premières heures de la journée au village de Foughala, situé à quelques encablures de la ville de Tolga dans la wilaya de Biskra. Foughala est connu pour son marché à bestiaux, des centaines de maquignons arrivent des quatre coins du pays, pour vendre, acheter ou tout simplement s’informer sur le cours des prix du cheptel. Notre regard a été attiré par un produit blanchâtre vendu par les quelques femmes qui s’y trouvaient aux côtés des hommes, un décor rarissime dans cette région. Ce produit attire plus d’un maquignon. Nous avons posé la question à une vendeuse qui nous dira que ce fameux produit est tiré de la sève du palmier et il est mastiqué comme du chewing-gum. C’est alors qu’elle nous décrit les vertus de cette substance cédée à cinquante dinars pour un paquet ne dépassant pas les 200 grammes. Selon les habitants de cette région cette substance est énergétique. Dans la ville de Tolga, nous avons fait connaissance avec des propriétaires de palmeraies. C’est à travers ces connaissances que nous avons découvert les quelques circuits commerciaux qu’emprunte la datte soit sur la marché national ou le marché international Tous les propriétaires de ces palmeraies possèdent des chambres froides, indispensables pour la conservation de la datte dans cette région au climat rigide.DE
TOLGA À RUNGIS
Des acheteurs potentiels arrivent chez Omar, un riche propriétaire de Tolga. Chaque acheteur doit négocier dans le bureau jouxtant la chambre froide où est entreposée la marchandise. Une fois le prix connu, le commerçant venu de quelque part, repart sans dire un mot. Il doit avant toute transaction faire le tour des chambres froides pour prendre la décision finale. Nous avons alors décidé d’accompagner un commerçant exportateur de dattes. Le premier prix donné était de 170 DA le kilo, c’est le deuxième choix nous dira cet exportateur qui se dit harcelé par un commerçant installé au marché de Rungis à Paris. « Il m’appelle toutes les demi- heures mais le prix imposés ne m’arrange pas » nous dira l’exportateur qui préfère garder l’anonymat de crainte de se faire griller à Tolga. Après une virée qui a duré des heures dans cette ville sous un soleil de plomb et sous une poussière étouffante, l’exportateur décide alors d’aller renégocier à la baisse le prix de 170 DA, donné en premier lieu. Car pratiquement tous les grossistes affichent un prix dépassant de 10 à 20 DA par rapport aux 170 DA affichés auparavant. «Regardez c’est le même calibre partout mais à des prix différents » nous dira ce commerçant habitué aux transactions commerciales depuis sa tendre enfance.
LE GROS BONNET ORANAIS
Il était pratiquement impossible de répondre à cette question n’était-ce nos assurances données à notre accompagnateur dont nous tairons le nom. « Ces commerçants ne veulent pas vendre, ils attendent un gros bonnet de la région oranaise qui rafle tout à n’importe quel prix». L’information faisant état de la venue de ce gros bonnet a finalement fait le tour des palmeraies avant notre arrivée à Tolga. Selon des sources concordantes, ce commerçant de l’Ouest du pays envoie d’abord des dizaines de camions frigorifiques deux à trois jours précédant son déplacement à Biskra. Ces véhicules s’arrangent pour arriver tous à la même heure et sillonner toute la ville de Tolga pour annoncer en grande pompe l’arrivée de leur puissant patron. Pour ce gros bonnet, on ne négocie pas, il achète et puis il décidera du prix qu’il imposera sur le marché national d’abord et ensuite pour la «Deglet Nour» qu’il rafle aussi, il parlera avec ses acheteurs à l’étranger en position de force. Impossible de le concurrencer, la majorité des commerçants qui viennent à Tolga des quatre coins du pays redoutent l’arrivée de cet homme de l’Ouest. Tous préfèrent arriver après cette razzia. Les propriétaires des palmiers, ne présentent jamais un produit de moindre qualité à cet homme. Ils le font pour les commerçants qui viendront après lui, c’est-à-dire que lorsque la meilleure datte est écoulée. Ce qui nous a frappé dans cette situation c’est lorsque nous avons appris que ce commerçant de l’Ouest rafle toute la marchandise chaque année, même dans le cas où ses stocks installés un peu partout à l’Ouest seraient pleins. C’est dire qu’il n’admet aucune autre concurrence venant des autres commerçants.
LA FILIÈRE TUNISIENNE
Selon d’autres sources, les opérations d’exportation vers l’étranger se font généralement à la frontière algéro- tunisienne. «Les commerçants tunisiens acceptent n’importe quel prix pour revendre la datte algérienne pour les pays européens » apprend-t-on auprès de nos sources, qui nous parleront d’une véritable ruée dans le Sud des commerçants syriens spécialisés dans les exportations de la truffe extraite de notre Sahara. Au niveau du marché du Nord du pays, nous avons constaté la différence des prix de la datte par rapport à celui de l’achat à la source, c’est-à-dire chez les grossistes de la ville de Tolga. À Béjaïa, le prix de la datte que les gens du Sud, appellent dans leur jargon le déchet dépasse les 200 DA le kilo en cette période de grande chaleur durant laquelle la datte est généralement moins demandée. Cette qualité est cédée généralement à un prix ne dépassant pas les 80 DA le kilo. Quant à celle achetée à 170 DA le kilo, celle-ci est vendue aux environs de 300 DA. Un prix appelé à être revu à la hausse pendant le mois du ramadhan connu pour être le mois durant lequel la datte est omniprésente sur nos tables. Après notre séjour à Tolga, nous avons quitté cette ville laissant derrière nous une commune aux routes dévastées, aux buralistes affichant uniquement des quotidiens arabophones à tel point que notre ami Omar, nous dira que la langue de Molière a disparu de Tolga. Nous étions surpris de voir toutes ces petites filles sortant de leurs écoles, portant le Hidjab et évitant tout contact avec leurs camarades de l’autre sexe. L’Algérie profonde est loin d’être celle qui se limite aux salons des grandes villes ! (Le Courrier d’Algérie-18.06.09.)
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