On n’a plus le temps…
*Des pays européens passent à l’heure d’hiver dimanche 28 octobre 2018
*En Algérie, l’heure d’hiver comme l’heure d’été, ne change pas
*Le passage à l’heure d’hiver a lieu dans la nuit du samedi 27 octobre au dimanche 28 octobre 2018
Beaucoup de pays européens passent à l’heure d’hiver dans la nuit de samedi à dimanche. Ils devront ainsi reculer les montres, horloges, réveils et autres smartphones (si nécessaire) d’une heure: en effet, à trois heures du matin, il sera deux heures. Tous les six mois, la question se repose: on avance ou on recule d’heure? Tous les pays européens vivront ce décalage horaire, à l’exception de l’Islande, de la Turquie, de la Russie, de la Biélorussie et des pays du Caucase
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Les conséquences du changement d’heure sur notre quotidien
Le choix entre l’heure d’été et l’heure d’hiver pourrait avoir des conséquences dans des domaines aussi variés que la santé ou les transports…
**Horloge interne et rythmes biologiques
Globalement, « le changement d’heure perturbe notre horloge interne qui contrôle nos différents rythmes biologiques », souligne Véronique Fabre, chercheuse française à l’Inserm. Lors du passage à l’heure d’été, le « manque de sommeil peut provoquer une chute de l’attention, occasionner de la somnolence, de la nervosité ou dégrader l’humeur », selon la chercheuse. Cette perte d’une heure de sommeil s’inscrit dans le cadre d’un manque de sommeil plus général qui inquiète les médecins.
Différentes études font état d’une hausse des infarctus du myocarde ou des crises cardiaques après le passage à l’heure d’été. « A priori on est quand même fait pour vivre avec le soleil », rappelle Joëlle Adrien, spécialiste du sommeil à l’Hôtel Dieu à Paris. En France l’heure d’été correspond à deux heures d’avance sur l’heure solaire, ce qui « n’est pas une bonne idée ». Des spécialistes des rythmes biologiques recommandent aussi de rester à l’heure d’hiver.
**Des économies d’énergie et de CO2 ?
Le changement d’heure a été instauré en France en 1976, après le choc pétrolier, dans le but de limiter l’utilisation de l’éclairage artificiel. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), qui avait lancé en 2006 une étude d’évaluation des impacts énergétiques du régime d’heure d’été, actualisée en 2009, « le changement d’heure permet des économies d’énergie et de CO2 réelles mais modestes, pour un coût quasi-nul de mise en œuvre ».
En 2010, elle chiffrait les gains sur l’éclairage à 440 GWh, soit l’équivalent de la consommation en éclairage d’environ 800.000 ménages, grâce au passage à l’heure d’été.
**Les agriculteurs, calés sur le soleil
Le monde agricole penche plutôt pour l’heure d’hiver. « Durant les moissons, en plein été, on a un décalage de deux heures avec l’heure solaire. Du coup on démarre plutôt tard et on est obligé parfois de finir de nuit », explique Luc Smessaert, membre de la commission changement climatique à la FNSEA. Les agriculteurs, calés sur le soleil, « auraient intérêt à avoir la même heure toute l’année », souligne-t-il.
Par ailleurs, le changement d’heure « est toujours un moment de stress par rapport aux animaux ». Pour les producteurs laitiers par exemple, « on a besoin d’avoir une régularité au niveau de la traite, qui est un phénomène physiologique ». « Le changement horaire est plutôt fait pour un monde urbain, qu’un monde rural qui prend en compte le cycle de la nature », selon lui.
**Et la sécurité routière ?
Les périodes d’obscurité prolongées dues au passage à l’heure d’hiver constituent un risque accru pour les cyclistes, piétons et utilisateurs de trottinettes. Pas ou mal éclairés, ils se retrouvent moins visibles, notamment aux heures de pointe des trajets domicile-travail le matin et le soir. Sur la période 2008-2017, 43 % des piétons tués annuellement l’ont été entre octobre à janvier. Les accidents à vélo en nocturne augmentent aussi.
« Il n’est pas très facile de voir quel effet ça aurait (la suppression du changement d’heure) », concède le délégué interministériel à la sécurité routière Emmanuel Barbe. « Mais ça pourrait éviter un effet d’à-coup car il y a une chose qui est certaine, c’est qu’aujourd’hui il y a un effet (sur la mortalité) à cause du changement brutal des conditions de lumière » du jour au lendemain.
**L’organisation du transport aérien
Les compagnies aériennes s’inquiètent surtout de problème d’organisation, alors que les programmes des vols sont en général construits 12 à 18 mois en avance, et de l’adoption de créneaux horaires différents. « Il est important de garantir une harmonie au niveau européen par l’adoption d’une position commune sur ce sujet », souligne un porte-parole d’Air France.*20 Minutes avec AFP / samedi 27 octobre 2018
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«A chaque fois, il faut une semaine pour s’en remettre»…
Les internautes veulent la fin du changement d’heure
Les internautes de «20 Minutes» saluent l’annonce par Bruxelles de proposer la fin du changement d’heure en Europe. Mais faut-il garder l’heure d’hiver ou l’heure d’été? Là, ils ne sont pas d’accord…
- Bruxelles va proposer la fin du changement d’heure dans l’Union européenne.
- C’est un ouf de soulagement pour les internautes de 20 Minutes.
- En revanche, ils ne s’accordent pas sur le fait de garder soit l’heure d’hiver, soit l’heure d’été.
Des millions d’européens ont participé à la consultation publique sur le changement d’heure cet été 84 % des répondants souhaitent qu’il soit supprimé en Europe. La Commission fera prochainement une proposition dans ce sens!
« Un déréglage très mauvais »
Une annonce qui fait suite aux près de 4,6 millions de réponses provenant des 28 Etats membres enregistrées au cours d’une consultation publique qui s’est tenue du 4 juillet au 16 août. « J’ai moi-même rempli le formulaire en ligne. Je suis totalement favorable à la fin du changement d’horaire. Chaque année et par deux fois, nous sommes complètement décalés, perdus. Quand on perd ou gagne une heure, il faut une semaine pour s’en remettre. Surtout pour les enfants qui ne comprennent pas trop pourquoi l’horloge change. Le sommeil si précieux subit un déréglage très mauvais », témoigne Pierre.
Les détracteurs du changement d’heure pointent les effets négatifs sur la santé (perturbation des rythmes biologiques, notamment chez les enfants et les personnes âgées), de l’environnement (accroissement en été de la pollution atmosphérique, les pics de circulation coïncidant avec l’ensoleillement maximum) et du travail (métiers de plein air). Mais plusieurs agriculteurs soulignent aussi les perturbations que ce changement de rythme provoque chez les animaux d’élevage. A l’image de Christophe : « Travaillant dans une ferme laitière je vois l’impact psychologique et surtout physiologique sur les bêtes. Lors du changement d’heure, elles ne comprennent rien, sont stressées, nerveuses et l’on constate une perte de production de lait. Nous devons changer progressivement les heures de traite pendant une semaine avant (décaler de 10-15 minutes tous les jours la traite) afin d’éviter un choc trop brutal ».
De son côté, François, réfute l’idée principale avancée par les initiateurs du changement d’heure : faire correspondre heures d’activité et heures d’ensoleillement pour limiter l’utilisation de l’éclairage artificiel. A raison. Dans ses dernières estimations, l’Ademe explique que le changement d’heure permet d’économiser « 351 Gwh, soit 0,07 % de la consommation d’électricité totale. »
« Le choix de l’heure d’été est stupide »
En finir avec le changement d’heure, la réponse est oui. Mais faut-il privilégier l’heure d’hiver ou l’heure d’été ? Les internautes de 20 Minutes sont divisés sur ce point. Jason souhaite rester sur l’heure d’hiver. « L’été c’est bien les soirs où il fait nuit tard », mais trouver le sommeil quand il fait encore jour à 22 heures, c’est compliqué selon cet internaute qui voit un autre inconvénient : « le matin, le jour se lèvera à 9 heures au lieu de 8 heures en décembre… ». « Le choix de l’heure d’été est stupide. Car nous serons en GMT + 2 donc en décalage total de l’heure solaire cela aura donc des effets néfastes sur nous avec des effets physiologiques important tels que des troubles du sommeil et manque d’ensoleillement en hiver », abonde Christophe.
« Ne touchez plus à notre chère heure d’été ! », répond Christophe. Et il n’est pas le seul. Comme Mathieu : « Je suis infirmier dans un CHU et je travaille de nuit. Le passage à l’heure d’hiver est toujours un moment difficile pour moi… On a beau reculer d’une heure, ça ne m’empêche pas de rentrer chez moi me coucher alors que le soleil n’est pas encore levé mais pire, quand je me lève il me reste à peu près une heure de soleil avant que la nuit tombe… Travailler de nuit ce n’est déjà pas simple mais ne plus voir la lumière pendant six mois ça c’est vraiment difficile… Donc je suis à 100 % pour la fin de l’heure d’hiver ! Et l’été, c’est quand même plus sympa de sortir tard le soir avec un peu de soleil ! ». « Pensez aux dîners dehors et aux BBQ en été », abonde Fabrice.
*Le changement, c’est pour quand ?
Mais dans tous les cas, il ne faut pas s’attendre à la fin du changement d’heure pour tout de suite. Concrètement, la Commission européenne ne va pas proposer de rester à l’heure d’été, mais uniquement de supprimer les deux changements d’heure annuels, a précisé un porte-parole. Les Etats membres seront libres de rester soit à l’heure d’été, soit à l’heure d’hiver, puisque cela est de leur compétence, a poursuivi le porte-parole, disant cependant s’attendre à ce que les discussions des capitales sur le sujet aboutissent à un résultat cohérent.
L’actuelle directive, datée de 2001, fixe pour l’ensemble de l’UE une date et une heure harmonisées pour le début et la fin de l’heure d’été.
*20 Minutes *31/08/ 2018
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*Des pays européens passent à l’heure d’hiver dimanche 25 octobre 2015
*Des pays européens repassent à l’heure d’hiver dimanche 25 octobre 2015, dans la nuit (de samedi à dimanche). Lorsque les aiguilles indiqueront 03h00 du matin dimanche, il sera en fait 02h00. En 1977, la Belgique instaurait le passage de l’heure d’été à l’heure d’hiver, dans le contexte de la crise pétrolière, afin de réduire la consommation d’énergie. Le passage de l’heure d’été à l’heure d’hiver, et inversement, est d’application depuis 1976 en France et 1977 dans le Benelux. Depuis 1998, les dates de changement d’heure ont été harmonisées au sein de l’Union européenne: le passage à l’heure d’été s’y effectue le dernier dimanche de mars, celui à l’heure d’hiver le dernier dimanche d’octobre.Ce dispositif existe aussi aux Etats-Unis et en Australie, même si les dates peuvent différer. En octobre dernier, la Russie est repassée de façon permanente à l’heure d’hiver, mettant fin à une expérience de trois ans à l’heure d’été. L’installation à l’heure d’été avait provoqué une vague de mécontentement, beaucoup de Russes étant réticents à se lever une heure plus tôt lors des sombres matins d’hiver.
*Selon le professeur Walter Hecq, du Centre d’études économiques et sociales de l’environnement (CEESE) de l’Université libre de Bruxelles (ULB), le décalage horaire est une mesure de moins en moins pertinente. « En 1977, lorsque l’on a instauré l’heure d’été, l’idée était de réduire la consommation par le biais de l’éclairage. Avec l’arrivée des ampoules à basse consommation, l’impact de la mesure est de moins en moins important, » expliquait-il.En 1991 déjà, le professeur avait mené une étude sur l’impact du décalage horaire sur la consommation d’énergie. Et il était déjà arrivé à la même conclusion. « Les gains énergétiques étaient déjà minimes, moins de 1%. Et ils se réduisent inexorablement. Une étude allemande a révélé récemment que le décalage horaire n’avait strictement aucun impact sur la consommation », poursuit le professeur. « Cette étude avait traité globalement la question de la consommation d’électricité en prenant en compte les entreprises, les écoles, etc. Et l’impact de la mesure était quasi nul. » Selon Walter Hecq, toutes les études concordent, « le décalage horaire n’est pertinent nulle part ». « Et avec le changement climatique annoncé, il est même possible que cet impact devienne négatif », prévient le professeur. « Aux Etats-Unis, on a constaté une explosion de la consommation d’électricité en début d’après-midi à cause de l’utilisation intensive de la climatisation au moment le plus chaud de la journée. » –7sur7/ 24/10/2015
***Le changement d’heure implique une augmentation de 84% des accidents graves touchant les piétons aux heures de pointe de la fin d’après-midi entre octobre et décembre, selon une étude de l’Institut belge pour la sécurité routière (IBSR), relayée vendredi par la Dernière Heure.Le nombre de piétons tués par 1.000 accidents grimpe, à lui seul, de 180%, avec le passage à l’heure d’hiver.*23/10/15 -Source: Belga
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*Des pays européens passent à l’heure d’hiver dimanche 26 octobre 2014
*En Algérie, l’heure d’hiver comme l’heure d’été, ne change pas
Alors que les températures printanières règnent, beaucoup de pays européens passent à l’heure d’hiver dans la nuit de samedi à dimanche. Ils devront ainsi reculer les montres, horloges, réveils et autres smartphones (si nécessaire) d’une heure: en effet, à trois heures du matin, il sera deux heures. Tous les six mois, la question se repose: on avance ou on recule d’heure? Petit truc pour ne pas confondre: en octob(re) on (re)cule ; en (av)ril on (av)ance…
Ce week-end, comme chaque dernier dimanche d’octobre, les Européens passeront ainsi de GMT+2 à GMT+1. Ils pourront donc dormir une heure en plus. En 1977, la Belgique et d’autres pays instauraient le passage de l’heure d’été à l’heure d’hiver, dans le contexte de la crise pétrolière, afin de réduire la consommation d’énergie. Le passage à l’heure d’été se fera le dimanche 29 mars 2015. Tous les pays européens vivront ce décalage horaire, à l’exception de l’Islande, de la Turquie, de la Russie, de la Biélorussie et des pays du Caucase.*Selon le professeur Walter Hecq, du Centre d’études économiques et sociales de l’environnement (CEESE) de l’Université libre de Bruxelles (ULB), le décalage horaire est une mesure de moins en moins pertinente. Selon lui, ce serait même « hors sujet » pour lutter contre un éventuel black-out cet hiver. »En 1977, lorsque l’on a instauré l’heure d’été, l’idée était de réduire la consommation par le biais de l’éclairage. Avec l’arrivée des ampoules à basse consommation, l’impact de la mesure est de moins en moins important. » En 1991 déjà, le professeur avait mené une étude sur l’impact du décalage horaire sur la consommation d’énergie. Et il était déjà arrivé à la même conclusion. « Les gains énergétiques étaient déjà minimes, moins de 1%. Et ils se réduisent inexorablement. Une étude allemande a révélé récemment que le décalage horaire n’avait strictement aucun impact sur la consommation », poursuit le professeur. « Cette étude avait traité globalement la question de la consommation d’électricité en prenant en compte les entreprises, les écoles, etc. Et l’impact de la mesure était quasi nul. » Selon Walter Hecq, toutes les études concordent, « le décalage horaire n’est pertinent nulle part ». « Et avec le changement climatique annoncé, il est même possible que cet impact devienne négatif », prévient le professeur. « Aux Etats-Unis, on a constaté une explosion de la consommation d’électricité en début d’après-midi à cause de l’utilisation intensive de la climatisation au moment le plus chaud de la journée. » –*Divers médias+ Belga -22.10.2014
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Des pays européens passent à l’heure d’hiver dimanche 27 octobre 2013
**On n’a plus le temps…
**manque de temps .. « On n’a plus le temps. »… La tyrannie de la vitesse ..gagner du temps …
Ceux qui se désolent du manque d’attention à leur cause, à leur activité, se voient souvent opposer la même explication : « On n’a plus le temps. » On n’a plus le temps de se plonger dans un livre « trop long », de flâner dans une rue ou dans un musée, de regarder un film de plus de quatre-vingt-dix minutes. Ni celui de lire un article abordant autre chose qu’un sujet familier. Ni de militer ni de faire quoi que ce soit sans être aussitôt interrompu, partout, par un appel qui requiert d’urgence son attention ailleurs.
Pour une part, ce manque de temps découle de l’apparition de technologies qui ont permis de… gagner du temps : la vitesse des déplacements s’est accrue, celle des recherches, des transmissions d’informations ou de correspondances aussi, souvent à un coût modeste ou dérisoire. Mais, simultanément, l’exigence de vitesse n’a cessé d’obérer l’emploi du temps de chacun, et le nombre de tâches à réaliser a explosé. Toujours connecté. Interdit de musarder. On n’a plus le temps (1).
Parfois, c’est aussi l’argent qui fait défaut : on n’a plus les moyens. S’il coûte toujours moins cher qu’un paquet de cigarettes, un journal comme Le Monde diplomatique implique une dépense que bien des salariés, chômeurs, étudiants, précaires ou retraités ne jugent pas anodine.
Parmi d’autres, ces raisons expliquent la désaffection de la presse payante. Une fraction de ses anciens lecteurs l’abandonne à mesure que la fenêtre de papier ouverte sur le monde, l’attente du postier ou du kiosquier se métamorphosent en une contrainte de lecture supplémentaire dans un calendrier surchargé — et surtout s’il faut payer. Un des propriétaires de Free et du Monde, M. Xavier Niel, anticipe que les journaux auront disparu d’ici une génération.
Si leur financement se faisait sur des écrans, des tablettes, il n’y aurait peut-être guère motif à s’alarmer : ceci remplacerait cela. Mieux encore, la science, la culture, les loisirs, l’information se diffuseraient plus vite, y compris dans les lieux les plus reculés. Au reste, nombre de périodiques conçus sans autre projet rédactionnel que d’arrondir les profits (ou l’influence) de leurs propriétaires peuvent bien succomber sans que la démocratie y perde. Seulement, les nouvelles technologies de l’information n’assurent au journalisme ni les emplois ni les ressources des anciennes. A moins de travailler à titre bénévole, c’est-à-dire en tirant ses revenus d’ailleurs, comme la plupart des blogueurs, la profession se trouve menacée du pire : elle ignore si elle dispose d’un avenir.
Un train, un métro, un café, un congrès politique : autrefois, dans ces endroits, la presse régnait ; dorénavant, combien de gens y déploient encore un journal autre que « gratuit » ? Ne s’agit-il que d’une impression ? Les chiffres s’entêtent et confirment la réalité d’un décrochage. En Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis, la diffusion des journaux a décliné de 17 % au cours des cinq dernières années. Et le recul se poursuit. En France, une période de fièvre électorale ne provoque plus aucun retour vers les kiosques ; de janvier à août 2012, les quotidiens généralistes ont ainsi accusé un reflux moyen de leurs ventes de 7,6 %par rapport à l’an précédent. Même l’été dernier, pourtant marqué par les Jeux olympiques, les ventes de L’Equipe, un titre sportif en situation de monopole, ont continué à baisser.
Dans l’espoir de freiner une telle glissade, un journalisme sonnant et trébuchant multiplie les « unes » qui racolent en violant l’intimité des personnes, ou les articles qui affolent en assimilant n’importe quoi — y compris des provocations isolées de caricaturistes ou des rassemblements groupusculaires d’intégristes — aux « heures les plus sombres de notre histoire ». Les chaînes d’information en continu amplifient le tintamarre. Deviner quelle outrance va mobiliser l’attention des médias, occulter une nouvelle qui réclamerait du lecteur davantage qu’un « J’aime ça » au bas d’un blog rageur, est devenu un jeu d’enfant. Ainsi continûment s’accroît la part de vulgarité et de catastrophisme dont la plupart des propriétaires de presse s’imaginent qu’elle provoquera du buzz pendant quelques heures. Mais, sur ce terrain, comment escompter faire payer au lecteur ce qu’il peut trouver — gratuitement et à profusion — ailleurs ?
En particulier sur la Toile. Aujourd’hui, aux 35 millions de Français qui lisent un périodique s’ajoutent ou se superposent 25 millions d’internautes qui, chaque mois, consultent au moins un site de presse. Mais ces derniers ont été habitués à croire que le règne de la société sans argent était advenu — sauf lorsqu’ils se précipitent pour acheter, cette fois au prix fort, leur ordinateur, leur Smartphone ou leur tablette, souvent pour pouvoir consulter une presse qui leur est offerte… L’audience en ligne ne rapporte donc pas grand-chose à ceux qui recherchent, éditent, corrigent, vérifient l’information. Ainsi une structure économique parasitaire s’édifie peu à peu qui concède aux uns tous les profits du commerce. Et qui facture aux autres tous les coûts de la « gratuité » (2).
Un quotidien comme The Guardian, par exemple, est devenu grâce à son site Internet numéro un de l’audience au Royaume-Uni et troisième dans le monde, sans que cela l’empêche — et, devrait-on dire, au contraire — de perdre l’année dernière 57 millions d’euros et de licencier plus de soixante-dix journalistes. Car bien qu’elle requière toujours davantage d’investissements, la croissance du trafic numérique des journaux coïncide en général avec la réduction de leurs ventes en kiosques. Assurément, près de 6 millions de Britanniques lisent au moins un article du Guardian par semaine, mais seuls 211 000 l’achètent quotidiennement. C’est cette petite population, déclinante, qui finance la lecture gratuite de la plupart des internautes. Un jour, forcément, ce voyage s’arrêtera pour tous faute de carburant.
Le pari perdu des éditeurs concerne aussi la publicité. Au départ, le modèle de la « gratuité » en ligne imitait la logique économique de la radio commerciale, puis celle de ces quotidiens que des travailleurs précaires distribuent à l’aube à l’entrée des stations de métro. A ceci près que, dans un cas, on sait depuis longtemps de quoi il retourne — de radios privées (RTL, Europe 1, NRJ, etc.) dont les programmes se faufilent entre des spots qui martyrisent les tympans. Et que, dans le second, si Direct Matin ou Métro, l’un propriété de M. Vincent Bolloré, l’autre de TF1, ont pour projet une société de la gratuité, c’est à condition que celle-ci leur rapporte encore davantage. Il leur suffit pour cela de facturer directement l’annonceur en lui livrant en échange des fagots de lecteurs ou d’auditeurs.
Avec l’information en ligne, le fiasco du même calcul est devenu patent. Les sites de presse ont beau aligner les succès d’audience, la ressource publicitaire ne leur parvient qu’au compte-gouttes. Car son produit profite avant tout aux moteurs de recherche, devenus selon M. Marc Feuillée, président du Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), « des mégarégies publicitaires, absorbant comme des Moloch la quasi-totalité des revenus de nos annonceurs ». M. Feuillée précise : « Entre 2000 et 2010, le chiffre d’affaires publicitaire des moteurs est passé de 0 à 1,4 milliard d’euros, celui de la presse [en ligne] de 0 à 250 millions d’euros (3). » Informé en détail des goûts et des lectures de chacun d’entre nous, capable (comme Facebook) de vendre aussitôt cette avalanche de données personnelles aux publicitaires, qui s’en serviront pour mieux « cibler » leur gibier, Google est également passé maître dans l’art de faire de l’« optimisation fiscale » en Irlande et aux Bermudes. Très opulente, cette multinationale ne paie donc presque pas d’impôts.
Si la presse va mal, la plupart des titres le dissimulent en recourant à des indicateurs frelatés. Ainsi, une partie de la diffusion proclamée payante — plus de 20 % dans le cas des Echos, de Libération ou du Figaro — est en réalité offerte à des gares, épiceries de luxe, hôtels, écoles de commerce, parkings… Quant au nombre revendiqué d’abonnés, il s’écroulerait sans les techniques dignes du hard discount que colporte par exemple le jovial directeur du Nouvel Observateur chaque fois qu’il propose 13 numéros de son magazine pour 15 euros, avec en prime une « montre de collection Lip Classic ». Mais le patron de L’Express aux écharpes colorées surenchérit aussitôt : avec lui, c’est 45 numéros pour 45 euros, et en bonus un « réveil à ambiance lumineuse et sonore ».
D’autres astuces permettent de doper l’audience des sites. Ainsi, quand un titre de presse appartenant à M. Serge Dassault acquiert un site spécialisé de spectacle ou de météo, c’est pour pouvoir aussitôt prétendre que chaque internaute achetant en ligne sa place de cirque, ou s’inquiétant de l’ensoleillement de ses vacances, est devenu ipso facto un lecteur de la « marque » Le Figaro…
Soyons donc singuliers également dans notre franchise : depuis janvier de cette année, la diffusion du Monde diplomatique a baissé de 7,2 %. Le temps qui fait défaut, l’argent aussi, un certain découragement face à une crise qui se déploie ainsi que nous l’avons anticipé, bien avant les autres, mais à laquelle nous ne pouvons pas seuls apporter remède, une contestation de l’ordre économique et social qui peine à trouver des débouchés politiques : tout cela a contribué à notre recul.
A la dégradation de notre situation financière qui en découle s’ajoute une nouvelle baisse de nos recettes publicitaires. Nous avons promis à ceux de nos lecteurs, nombreux, que ce type de revenu hérisse qu’il n’excéderait jamais 5 % de notre chiffre d’affaires. En 2012, il n’atteindra même pas 2 %… Grâce à une politique intransigeante sur le tarif de nos abonnements — nous ne bradons pas nos publications et nous n’offrons plus rien d’autre à nos abonnés que les journaux qu’ils commandent —, grâce aussi à la campagne de dons que nous relançons chaque année à cette même époque et qui aide à financer nos projets de développement, nos pertes resteront modestes en 2012. Mais rien ne garantit que nous reviendrons à l’équilibre l’année prochaine.
Quelques rayons de lumière éclairent néanmoins notre paysage. Une nouvelle édition électronique sera lancée dans les mois qui viennent. Elle permettra au lecteur de passer instantanément d’un format qui reflète le journal papier, son déroulé, sa mise en page, à un autre plus adapté à tous les écrans. Une édition spécifique destinée aux tablettes et autres liseuses est également en préparation. Par ailleurs, nous avons observé que nos archives avaient suscité un vif intérêt — les ventes de notre dernier DVD-ROM ont largement excédé nos attentes. Aussi allons-nous prochainement proposer à tous nos abonnés, pour une somme modique, l’accès instantané à n’importe lequel de nos articles publié entre la naissance du Monde diplomatique en mai 1954 et le numéro en cours. Enfin, chacun, abonné ou non, pourra bientôt disposer, grâce à un forfait, de tout notre fonds documentaire pendant quelques jours. Ces nouvelles fonctionnalités du site Internet, que nous espérons déployer dès le début de l’année prochaine, ont requis un très long et très lourd investissement de notre part. Nous en attendons enfin des revenus réguliers. Ils contribueront à la défense de notre indépendance.
Mais il nous faut aussi soutenir les ventes du journal. Cela implique d’abord que chacun connaisse son existence. Or la visibilité du Monde diplomatique décroît dans les kiosques et maisons de la presse à mesure que s’effiloche le réseau de distribution. Forçats de la profession situés en bout de chaîne, soumis à des horaires et à des conditions de travail éprouvants, concurrencés par la presse dite « gratuite », des centaines de kiosquiers et de marchands de journaux ont fermé boutique au cours des dernières années (918 rien qu’en 2011). C’est pourtant grâce à eux que s’établit le premier contact avec nos lecteurs. Comment faire savoir autrement à ceux qui ne sont pas encore abonnés à nos publications que nous avons publié telle enquête, telle analyse, tel reportage ?
Car, quand il s’agit du Monde diplomatique, la promotion confraternelle, d’ordinaire si bavarde, fait soudain silence. Ainsi, entre le 19 mars et le 20 avril 2012, une période choisie au hasard de l’emploi du temps d’un de nos stagiaires, les revues de presse d’Europe 1, de RTL et de France Inter ont cité 133 titres, dont Le Figaro (124 fois), Libération (121 fois), sans oublier France Football et Picsou Magazine. Le Monde diplomatique ne fut jamais mentionné. Difficile de faire moins pour le principal journal français publié dans le monde (51 éditions en 30 langues)…
Au fond, peu importe : notre réseau social, c’est vous. C’est donc à vous qu’il revient d’abord de faire connaître ce mensuel, ses valeurs, d’encourager son aventure intellectuelle, ses engagements. De convaincre autour de vous qu’il n’est ni urgent ni nécessaire de réagir à toutes les « polémiques », de tout embrasser pour ne rien étreindre, de tout parcourir pour ne rien retenir. Et qu’il est bon — par exemple une fois par mois ? — de quitter la pièce où les gens vocifèrent, de décider qu’on s’arrête et qu’on réfléchit.
A quoi peut servir un journal ? A apprendre et à comprendre. A donner un peu de cohérence au fracas du monde là où d’autres empilent des informations. A penser posément ses combats, à identifier et faire connaître ceux qui les portent. A ne jamais rester solidaire d’un pouvoir au nom des références qu’il affiche sitôt que ses actions les démentent. A refuser le verrouillage identitaire d’un « choc des civilisations » oubliant que l’héritage de l’« Occident », c’est le sac du Palais d’été, la destruction de l’environnement, mais aussi le syndicalisme, l’écologie, le féminisme — la guerre d’Algérie et les « porteurs de valises ». Et que le « Sud », les pays émergents qui défont l’ordre colonial, englobe des forces religieuses moyenâgeuses, des oligarchies prédatrices, et des mouvements qui les combattent — le géant taïwanais Foxconn et les ouvriers de Shenzhen.
A quoi peut servir un journal ? En des temps de reculs et de résignations, à défricher les sentiers de nouveaux rapports sociaux, économiques, écologiques (4). A combattre les politiques austéritaires, à aiguillonner ou à tancer des social-démocraties sans souffle et sans sève. C’est, par exemple, dans ces colonnes que fut popularisée l’idée d’une taxe sur les transactions financières (5), puis celle d’un plafonnement des revenus (6). Parfois, un journal peut donc aussi rappeler que la presse n’a pas toujours partie liée avec les industriels et les marchands contre ceux qui entendent sauver la planète et changer le monde.
A l’évidence, l’existence d’un tel journal ne peut pas uniquement dépendre du travail de la petite équipe qui le produit, aussi enthousiaste soit-elle. Mais nous savons que nous pouvons compter sur vous. Ensemble, nous prendrons le temps qu’il faut.* par Serge Halimi, octobre 2012* Le Monde diplomatique.
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(1) Cf. Déborah Corrèges, « La tyrannie de la vitesse », Sciences humaines, n° 239, Auxerre, juillet 2012.
Ecouter également « L’évadé » de Boris Vian, lu par Jean-Louis Trintignant au théâtre de l’Odéon en novembre 2011.
(2) Lire « L’information gratuite n’existe pas », La valise diplomatique, 7 octobre 2010.
(3) Correspondance de la presse, Paris, 17 septembre 2012.
(4) Lire par exemple Bernard Friot, « La cotisation, levier d’émancipation », Le Monde diplomatique, février 2012 ; Manière de voir, n° 112, « Le temps des utopies », août-septembre 2010.
(5) Ibrahim Warde, « Le projet de taxe Tobin, bête noire des spéculateurs, cible des censeurs », et Ignacio Ramonet, « Désarmer les marchés », Le Monde diplomatique, respectivement février et décembre 1997.
(6) Lire Sam Pizzigati, « Plafonner les revenus, une idée américaine », Le Monde diplomatique, février 2012. Selon plusieurs témoignages publics, cet article aurait directement inspiré à M. François Hollande son projet d’un impôt de 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros.
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