Anniversaire de l’indépendance de l’Algérie

**     5 juillet 1962-5 juillet 2012

  **voir vidéo: ALGÉRIE 1962-2012: Feux d’artifice

**Voir  les festivités en photos

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  D’une révolution à une autre

*  Révolution de Novembre 1954 et celle du 22 février 2019

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Le mouvement populaire, qui poursuit, vaille que vaille, son chemin pour la libération du peuple des crocs d’un système grabataire, prend rendez-vous avec une autre date historique ô combien chère aux patriotes. C’est que le 37e acte de l’insurrection pacifique prévu demain vendredi a lieu un 1er novembre.
Ce jour coïncide avec la date du déclenchement de la guerre de Libération nationale, qui a sonné le tocsin pour l’affranchissement des Algériens du colonialisme français. L’épreuve fut éreintante face à un ennemi plus fort sur tous les plans et engendra, sept ans durant, d’immenses souffrances. Au bout, heureusement, fut la délivrance. Mais est-il possible de dresser un parallèle ou, à tout le moins, un lien entre la Révolution de Novembre 1954 et celle du 22 février 2019 ?
Certes, à bien des égards, les deux étapes historiques présentent une multitude de différences structurelles liées, notamment, à la nature de la lutte et au contexte historique dans lequel se déroulent les deux événements. Cependant, à analyser de plus près ces faits d’histoire, on peut avancer sans risque de se tromper que la corrélation est bien plus importante qu’on le pense. La Révolution de Novembre a permis au peuple algérien de recouvrer son indépendance confisquée par le système colonial 132 ans durant. Les Algériens ont arraché leur indépendance en payant une lourde facture en sang et en larmes.
Mais malheureusement, l’indépendance du pays n’a pas été synonyme de liberté pour ses citoyens qui ont regardé, impuissants, se mettre en place, en 1962, un régime qui collectionne tous les maux de la planète. Les Algériens, qui rêvaient d’être tout simplement des citoyens à part entière dans un pays fraîchement indépendant, ont vite déchanté. En 57 ans d’indépendance, que d’occasions ratées de hisser le pays, aux potentialités gigantesques, au rang des grandes nations. Brimé, marginalisé, humilié, le peuple algérien a été patient et a pu supporter toutes les ignominies possibles et imaginables que lui a fait subir un régime qui, comble de paradoxe, s’est toujours revendiqué du combat libérateur. C’est dans ce contexte que la Révolution du 22 février 2019 est venue accomplir le message de la Révolution de Novembre 1954, en faisant souffler sur le pays un vent de liberté que les Algériens hument aujourd’hui malgré les soubresauts d’un système en fin de vie, mais qui tente de résister à la déferlante.

*par Hamid SAIDANI - Liberté/ jeudi 31 octobre 2019

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*Révolution de Novembre 1954 et celle du 22 février 2019 

*se réapproprier une souveraineté confisquée

Ce 1er novembre 2019 ne ressemblera à aucun de ceux qui ont marqué l’Histoire du pays depuis le déclenchement de la guerre de Libération. Il ponctue un soulèvement d’une ampleur et d’une détermination inédites qui porte l’ambition populaire de se réapproprier une souveraineté difficilement recouvrée, mais immédiatement confisquée.
Parce qu’il coïncide avec la commémoration de l’initiative révolutionnaire, le hirak compte faire de ce trente-septième vendredi de manifestation un jour de mobilisation exceptionnelle.  Alors que, sur le territoire, des citoyens s’organisent pour rallier la capitale plus interdite que jamais, l’actualité est marquée par la plus grave crise que l’institution judiciaire ait jamais connue.
Oscillant entre doléances professionnelles et revendication d’indépendance, les magistrats semblent se heurter à l’opiniâtreté d’une tutelle qui refuse de céder sur l’irréversibilité du mouvement de personnel qui vient d’être décidé. Bien que le SNM ait pris soin de rassurer le pouvoir sur la prise en charge des missions liées à l’élection présidentielle, il ne semble pas payé en retour de quelque autre forme de concession. En tout cas pas au registre de l’indépendance, si l’on s’en tient au passage concernant la justice du dernier discours du chef d’état-major. Il dit bien que celle-ci est “l’un des symboles phare de l’État de droit”, qu’elle “jouit à présent de toute l’indépendance requise et exerce sans pressions ni diktats”… Mais après avoir donné son verdict au sujet des “revendications de libérer ceux qui ont porté atteinte à l’emblème national”. Il proclame, à ce sujet, que “ce sont des propositions rejetées dans la forme et dans le fond, car le drapeau national est le symbole de la souveraineté nationale, des sacrifices des millions de valeureux chouhada et de la souveraineté de tout le peuple algérien qui n’acceptera jamais que l’on porte atteinte à l’emblème national”. Et c’est donc sur cette base que “la justice se chargera des affaires de ces derniers”…
La contestation catégorielle touche d’ailleurs d’autres secteurs, sans qu’ils osent définir clairement le rapport de leurs initiatives au mouvement populaire qui, lui, est de nature évidemment politique. On ne sait plus s’il est perçu comme un cadre englobant d’autres formes de revendications ou conçu comme une opportunité tactique à chevaucher pour les besoin de causes syndicales.
À la vérité, il est dans l’essence du hirak, comme mouvement de société, de ne point dépendre des humeurs et des calculs catégoriels. Une révolution est un moment de dépassement des contradictions sectorielles ; elle se concentre sur la résolution de la contradiction fondamentale. Dans le cas algérien actuel, la contradiction se situe entre le niveau de conscience citoyenne de la population et l’archaïsme autoritariste du système politique qu’elle subit.
Le pouvoir, de son côté, pour nier cette contradiction et la nécessité de sa résolution, dément l’effectivité de la revendication qui la soulève. Ce ne sont que “quelques personnes” qui manifestent pour entraver la bonne orientation du pays. Décidément, ce 1er novembre advient, une nouvelle fois, de nouveau à un moment charnière de l’Histoire nationale.*par Mustapha HAMMOUCHE  -  Liberté/ jeudi 31 octobre 2019

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Cette révolution est une lame de fond qui traverse la société

Dans cette interview, Omar Aktouf, professeur titulaire à HEC Montréal, auteur de plusieurs livres sur le management, porte un regard très optimiste sur la révolution en cours dans le pays. Il estime qu’il était temps que le peuple fasse sa révolution après avoir été spolié après celle qu’il avait faite contre la France coloniale. Il analyse également certaines questions d’actualité, dont les mesures comprises dans le projet de loi de finances pour 2020. 

Liberté : Les Algériens manifestent dans la rue depuis maintenant huit mois, pour le changement du système politique et contre la manière par laquelle l’économie du pays a été gérée. Quel regard portez-vous sur cette révolution ?
Omar Aktouf : Ce mouvement est une chose à laquelle je m’attendais depuis des années. En 1985, dans l’un de mes livres intitulé L’Algérie entre l’exil et la curée, j’avais écrit que le peuple algérien n’a pas encore fait sa révolution et qu’il allait la faire tôt ou tard et que celle qu’il avait faite lui avait été confisquée. La révolution d’aujourd’hui, en vérité je m’y attendais depuis des années et que c’était juste une question de temps. C’est une lame de fond qui traverse la société, dans son histoire, dans ses structures, dans ses classes sociales ainsi que dans ses aspirations.

C’est une lame de fond de plusieurs couches sédimentées. Il est impossible de l’arrêter ; ou on répond à ce que veut cette lame de fond ou on va vers un aventurisme dont nul ne peut prédire les conséquences. Il y a des limites à la spoliation. Dans L’Algérie entre l’exil et la curée, j’ai écrit que les Algériens que j’observe aujourd’hui et qui dirigent l’Algérie sont les nouveaux pieds-noirs de l’Algérie et que les Algériens sont des néo-colonisés par leurs propres frères. 

Ces dirigeants qui refusent d’acquiescer aux aspirations du peuple ont mené le pays dans une impasse politique insurmontable, alors que l’économie va de mal en pis. Faut-il craindre une aggravation de la crise financière et économique ?
Il faut se rendre à l’évidence que ce n’est pas la faute au hirak si le pays traverse une crise économique aujourd’hui. Cette crise est antérieure au hirak. Il faut dire aussi qu’en période d’incertitudes politiques, il est normal qu’il y ait de l’attente, du ralentissement, de la décantation et de la reprise ensuite. Cependant, je ne pense pas que l’on puisse faire des relations de cause à effet aussi précipitées et aussi directes. C’est vrai qu’il y a un ralentissement de l’activité économique, et c’est tout à fait normal dans la conjoncture politique actuelle, mais de là à brandir cela comme une menace, c’est exagéré et faux. 

Au plan purement macroéconomique, quelles sont les réformes prioritaires qu’il faudra mettre en place ?
Si on réussit à mettre fin à cette crise politique par la manière la plus souhaitable, la première chose à faire consistera à récupérer l’argent de l’État. Avant de quitter le Canada pour Alger, un député canadien avait écrit une lettre ouverte au ministre des Finances du Canada pour l’alerter sur le fait que les transferts de fonds de l’Algérie vers le Canada étaient multipliés par dix ou vingt durant ces derniers mois. Chaque jour, des centaines de millions de dollars quittent l’Algérie à destination du Canada. 

À mon avis, dès l’installation d’une instance légitime dans le pays, il faudra commencer urgemment par la récupération de ces fonds. Je suppose que des sommes aussi importantes ont été transférées en France, en Angleterre, aux États-Unis, en Suisse, etc. Jusque-là, trouver cet argent n’était guère un processus facile, maintenant que la technologie a évolué, cette procédure ne demande pas plus de six mois pour pister et rapatrier ces fonds, pour peu qu’on mette les moyens humains et matériels nécessaires pour le faire. Le Premier ministre malaisien Mahathir bin Mohamad a réussi à récupérer environ 12 à 15 milliards de dollars en deux semaines. 

En revanche, la Tunisie n’a pas encore pu récupérer tous les fonds transférés par l’ex-président Ben Ali…
La Tunisie n’a pas pu récupérer son argent parce que ce pays a été récupéré. J’ai été invité en Tunisie en 2011 et j’ai vu comment l’on a commencé à récupérer le mouvement tunisien pour que, surtout, la Tunisie n’aille pas vers des choix de rupture avec l’Union européenne, avec l’OMC et le néo-libéralisme. Pendant que j’y étais, il y avait, sur place, Hillary Clinton qui disait à la télévision tunisienne qu’elle était là “pour s’assurer que la Tunisie aura la transition que nous souhaitons”. Il faudra faire attention afin d’éviter à l’Algérie une démocratie manipulée par des causes exogènes. Il faudra qu’on se prémunisse contre cela. 

Au-delà de la nécessité de récupérer les fonds transférés illégalement vers l’étranger, quelles sont les autres mesures économiques capables de permettre au pays de remonter la pente ?
Il faudra répondre d’abord à la question de savoir quelle Algérie nous voulons. Après avoir récupéré les dizaines de milliards de dollars transférés à l’étranger, il faudra construire des institutions en phase avec ce que réclame le peuple comme développement. Il faut arrêter de confondre entre enrichissement de quelques-uns avec développement économique. La richesse économique d’une nation ce ne sont rien d’autres que les cerveaux de ses habitants. L’éducation est donc la deuxième des priorités ; les Chinois ont investi pendant 60 à 70 ans dans l’éducation des cerveaux chinois.

Le développement de l’agriculture est la troisième car il permettra de résoudre l’équation de l’autosuffisance et de réduire les importations des produits alimentaires. Il faut investir davantage dans les infrastructures aussi bien dans l’équipement au service des populations (hôpitaux, écoles…) que dans les infrastructures économiques, à l’exemple des ports. En un mot, la diversification de l’économie passe par le développement de ces secteurs-clés auxquels s’ajoute la transformation du pétrole brut. 

À l’heure où vous plaidez pour l’investissement dans les infrastructures, le gouvernement a fait le choix de baisser de 20,1% le budget d’équipement pour 2020. Qu’en pensez-vous ?
Je ne peux être que contre. J’entends même certains parler d’austérité, alors que les Algériens ont suffisamment souffert des politiques menées par le passé. Il faut que les politiques d’austérité puissent être appliquées aux responsables qu’on a vu voyager et dépenser librement aux frais des contribuables, d’autres qui acquéraient des villas en Espagne et des appartements à Paris, etc. Pendant ce temps-là, ces mêmes responsables s’ingénient à concevoir des politiques d’austérité en réduisant de 20% le budget d’équipement. L’Algérie peut-elle se passer aujourd’hui des dépenses d’investissement ? Quels sont les secteurs concernés par ces politiques d’austérité ? 

Je ne connais pas les détails, mais il est indispensable, à mon avis, que l’État maintienne l’investissement dans l’équipement. Certes, il y a des arbitrages à faire compte tenu de la situation financière du pays, mais il y a des investissements dans lesquels on ne peut pas opérer de coupes. Je voudrais signaler aussi que l’assouplissement de la règle des 51/49% ne doit pas se faire au détriment de l’intérêt national. La Chine est en train d’assouplir les conditions d’investissement étranger en réduisant la liste négative des secteurs réservés uniquement à l’investissement public. Il s’agit là des secteurs stratégiques, comme c’est le cas pour nous dans le domaine des hydrocarbures. 

Les Chinois distinguent plus nettement deux catégories d’investissements : investissement direct avec contrôle étranger et un statut d’entreprise étrangère installée en Chine et investissement en joint-venture. Pour ce qui concerne l’Algérie, il est vrai que la nouvelle loi sur les hydrocarbures n’est pas encore publiée, mais ce qu’on sait c’est qu’ils ont négocié avec ExxonMobil, avec BP, Shell… et quand vous négociez avec ces compagnies, il s’agit là d’une concession non négligeable et inacceptable. Quant aux autres secteurs d’activité, il faut qu’il y ait une liste négative dans laquelle l’on mentionne les domaines réservés uniquement à l’investissement national. 

Dans le cadrage macroéconomique et financier de la période 2020-2022, le gouvernement lève le voile sur une dévaluation plus claire et quasiment assumée du dinar par rapport au dollar. Pensez-vous que la dépréciation de la monnaie nationale est inévitable ?
Conjoncturellement oui ! Avec l’instabilité et le ralentissement économique vus de l’extérieur, le dinar ne peut que perdre de sa valeur. Cet arbitrage en faveur de la dépréciation du dinar peut être accepté sur le court terme, mais sur le long terme, cette dévaluation pourrait être problématique.

Êtes-vous pour ou contre le recours à l’endettement extérieur pour le financement des projets d’équipement ? 
Cette option doit faire l’objet d’une stratégie bien réfléchie et d’un plan de développement très sérieux. L’endettement, qui servira à compenser la baisse des prix du pétrole et à équilibrer le budget, ne doit se faire, néanmoins, qu’à des conditions raisonnables. En 2005, l’équilibre du budget était tributaire d’un baril de pétrole à 25 dollars, alors que le budget ne peut s’équilibrer actuellement qu’avec un baril de 115 à 120 dollars. Cependant, parallèlement à cet endettement, il faut mener des réformes budgétaires touchant essentiellement la balance des paiements, et plus particulièrement le poste importation des services.*Liberté/ jeudi 31 octobre 2019

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Quand John F.Kennedy dénonçait le colonialisme en Algérie - Algerie360

*Le président Kennedy était faveur de l’indépendance de l’Algérie

En prononçant un discours devant le Congrès américain : Il y a 63 ans, John F. Kennedy, alors sénateur américain, avait prononcé, le 2 juillet 1957, un discours en faveur de l’indépendance de l’Algérie.

L’ambassade des Etats-Unis en Algérie a rappelé, jeudi, dans un post sur sa page Facebook ce fait historique d’importance : le message précise que le jeune sénateur démocrate du Massachusetts a prononcé son premier discours de politique étrangère au Sénat américain, «annonçant son soutien à l’indépendance de l’Algérie et dénonçant la tentative de la France de supprimer le mouvement indépendantiste algérien par la force militaire». «Peu de gens auraient pu prévoir qu’à peine cinq ans plus tard, ce jeune homme serait le président américain et accueillerait à la Maison-Blanche le président d’une Algérie nouvellement indépendante (Ahmed Ben Bella, ndlr), inaugurant une nouvelle ère des relations algéro-américaines», lit-on dans le post. Un court passage du discours de JFK, une photo de Ben Bella reçu par JFK, et la mosquée d’El Biar (Alger) construite grâce à des fonds de Mme Jacqueline Kennedy, accompagnent le message.

Le sénateur J. F. Kennedy, qui occupait le poste de président de la Commission des affaires étrangères du Sénat en 1957, a déclaré : «Il y a plusieurs cas d’affrontements entre l’indépendance et l’impérialisme dans le bloc occidental qui requièrent notre attention. Mais ici aussi l’un d’eux, plus que les autres, est absolument essentiel, l’Algérie (…).

Il est donc temps que l’on prenne en main le véritable problème qui nous est posé en Algérie – problème qui ne peut plus être évité ni par les Nations unies ni par l’OTAN – problème qui devient de plus en plus difficile à résoudre, comme une guerre acharnée apparemment sans fin détruit, un par un, les ponts de moins en moins nombreux qui restent vers un accord raisonnable.» Le sénateur de Massachusetts, ayant rencontré des militants algériens, à l’instar de M’hammed Yazid, Abdelkader Chandarli, a tôt soutenu la cause du peuple algérien.

Devenu président des Etats-Unis, il prononce, le 5 juillet 1962, un autre discours félicitant l’indépendance de l’Algérie. Les Algériens n’ont point oublié ce soutien.

Recevant le lundi 18 décembre 1962 l’ambassadeur des Etats-Unis, William Porter, venu lui présenter ses lettres de créances, le président Ahmed Ben Bella a fait l’éloge du président américains surnommé le «cheikh» : «Notre peuple n’oubliera pas la voix du cheikh Kennedy (…) qui a réclamé le droit du peuple algérien de décider de son sort. (…) J’ai été persuadé personnellement au cours de mes entretiens avec le président Kennedy de l’amitié véritable que témoignent les Etats-Unis envers l’Algérie », rapportait Le Monde le lendemain.

Le 15 octobre 1962, John F. Kennedy reçoit à la Maison-Blanche Ben Bella. Ce dernier «s’est empressé de quitter New York pour Cuba, sans s’attarder à Washington, au grand dam de Kennedy, qui pourtant avait le premier dans son pays soutenu le combat des Algériens», souligne l’historien Omar Carlier.*IDDIR NADIR – elwatan- samedi 04 juillet 2020

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*un grand rendez-vous  avec l’Histoire

Au regard de la forte teneur symbolique du 1er Novembre, les Algériens s’apprêtent à un grand rendez-vous  avec l’Histoire. Par bien des aspects, il s’annonce comme un tournant majeur de la “révolution” acte II.

S’il faut sans doute se garder des prédictions hâtives, le 37e vendredi, coïncidant avec l’anniversaire du déclenchement de la Révolution, sera probablement le jour de mobilisation le plus important depuis le début du mouvement populaire en février dernier. À voir les multiples appels relayés sur les réseaux sociaux, la mobilisation observée vendredi dernier, conjugués à la symbolique du 1er Novembre, l’on s’attend à ce que des millions d’Algériens descendent demain dans les rues dans toutes les wilayas du pays pour réitérer leur rejet de l’élection et réclamer un changement radical de régime.

Et chacun y va de sa contribution pour faire de ce vendredi une journée historique à graver sur du marbre. Alors que les étudiants, fer de lance du mouvement, ont déjà annoncé la couleur mardi à travers une impressionnante mobilisation, de nombreuses initiatives sont prises pour renforcer la mobilisation, particulièrement Alger sur laquelle les regards du monde entier seront braqués en raison de sa symbolique et de son statut juridico-sécuritaire particulier.

C’est ainsi que de nombreux citoyens ont déjà fait le déplacement vers la capitale depuis certaines villes de l’intérieur, histoire d’éviter les barrages, comme ces jeunes, arrivés d’Ouargla, dont une vidéo a été postée sur les réseaux sociaux, ou encore ceux venus de Bordj Bou-Arréridj et de Tizi Ouzou à pied. Des appels pour offrir le gîte à des participants sont lancés par des habitants d’Alger et la confédération des syndicats, tandis que certaines assemblées locales ont réquisitionné des bus à l’intention des manifestants désirant se rendre à Alger.

Pour la première fois depuis le début du mouvement, une manifestation simultanée est prévue à Paris où se concentre l’essentiel de notre diaspora à l’étranger. “Nous, organisations, partis, comités et collectifs de citoyens algériens en France, déclarons, aux côtés de nos compatriotes en Algérie et dans toutes les régions du monde, nous réapproprier le 1er Novembre 1954, en manifestant pacifiquement pour l’avènement d’un État démocratique et social”, ont lancé dans un communiqué ses initiateurs. Cette effervescence, à la veille du vendredi, confirme le regain de vigueur du mouvement.

Malgré le travail de sape des agents de la “contre-révolution”, présents partout et qui essaiment particulièrement les réseaux sociaux, la chape de plomb imposée par le pouvoir sur les médias lourds, les tentatives de division à travers l’histoire du port de l’emblème amazigh, la répression et les arrestations qui ont ciblé de nombreux acteurs politiques et de la société civile, le pari sur l’essoufflement, les entraves multiformes à l’exercice politique et le renforcement des barrages, notamment à l’entrée d’Alger, le mouvement, dont le pacifisme fait école, n’a pas montré jusque-là des signes de fléchissement ou de résignation.

Galvanisé par l’obstination du pouvoir à maintenir l’échéance électorale et son refus d’accéder aux revendications, comme la libération des détenus et le départ des symboles du système, le mouvement se voit, au fil des semaines, renforcé aussi par l’implication de certains corps sociaux à travers les grèves. C’est pourquoi, au regard de la forte teneur symbolique du 1er Novembre, les Algériens, comme beaucoup le proclament déjà sur les réseaux sociaux, s’apprêtent à un grand rendez-vous avec l’Histoire. Par bien des aspects, il s’annonce comme un tournant majeur de la “révolution”, acte II. *Par Karim KEBIR - *Liberté/ jeudi 31 octobre 2019

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Il était une fois… Ma révolution

Des moudjahidine et moudjahidate de la première heure, héros d’hier, citoyens d’aujourd’hui, nous font partager leurs désillusions et parlent de leur vécu présent. Ils racontent et se racontent à travers la table ronde organisée par El watan Week-end à Béjaïa. Round-up.

- Aselat Mokhtar : La famille révolutionnaire ne s’attendait pas à cela

«80% des moudjahidine sont des illettrés, la vie a été dure avec eux après l’indépendance». Celui qui parle est un moudjahid qui a aujourd’hui 84 ans. Lorsque la guerre de Libération nationale a éclaté, Aselat Mokhtar, dit Si Meziane, était engagé dans le 12e contingent de l’armée française. La formation qu’il y rapportera, à son retour au pays en mars 1955, est une sorte de butin de guerre qui a servi pour l’ALN. Il s’est développé en lui aussi un sentiment de nationalisme.

Un stage de parachutisme devait les amener, lui et ses compagnons algériens, en Tunisie. Dans la tête du groupe, un plan a été échafaudé pour fuir une fois sur le sol tunisien, avant que le stage ne soit annulé pour les appelés, dont l’origine algérienne a dû avoir fonctionné comme une alerte chez les militaires français quelques mois après les événements sanglants de Mai 1945.

En novembre 1955, une année après le déclenchement de la guerre, Si Meziane est désigné comme chef des moussebiline dans son village d’Iâloulene, dans le douar d’Imezayen. Et commence alors l’activité armée avec une première opération ciblant l’usine  de liège «Matas» à laquelle on avait mis le feu. Si Meziane se souvient encore de la bouteille de 5 litres remplie d’essence, de la dose d’engagement nationaliste et des dégâts que l’opération avait occasionnés : 500 millions de francs français.

L’attaque de la gendarmerie, pensée en commun avec des responsables de l’ALN dans le douar, allait être exécutée par la seule vaillance de Si Meziane qui conclut l’opération avec une bombe artisanale. Du terrain des moussebiline, Si Meziane s’est retrouvé dans le bataillon de choc de la Wilaya III qui a activé, onze mois durant, dans les Aurès où l’opération «Etincelles» avait fait des dégâts. De retour dans la Wilaya III, le bataillon de 360 éléments, accroché à Ath Wavane, s’est divisé en deux compagnies de 120 éléments. Si Meziane avait était l’adjoint du chef de la première compagnie qui s’est dirigée vers Ath Idjer pour se retrouver à Akfadou, lieu du PC de la Wilaya III.

Parmi ses hauts faits d’armes, Si Meziane avait initié une embuscade au niveau du pont de Sfaïh, sur la RN 12, à Assif El Hammam. Le président du douar était ciblé en tant que collaborateur de l’armée française qui l’escortait sur cette route. 72 soldats et 4 pièces mitrailleuses étaient déployés sur les lieux. En face, 33 chars blindés escortaient le collaborateur. L’embuscade, qui n’a fait qu’un seul blessé parmi les hommes de Si Meziane, avait permis de récupérer 18 armes et a valu à la compagnie les félicitations des responsables du Nidham.

63 ans après le 1er Novembre 1954, Si Meziane garde la même fierté de son engagement pour la lutte armée. Mais cela ne l’empêche pas de se désoler pour les lendemains désenchanteurs pour une partie des moudjahidine. «Ceux qui ont fait des études ont tous été embauchés dans l’administration, ont été députés ou fait des affaires, les illettrés, eux, ont cherché du travail, ils n’avaient pas de métier, leurs maisons étaient détruites, leurs parents morts», nous dit-il.

«On leur a alors préparé ce avec quoi on a altéré l’image du moudjahid en leur proposant des bars», se désole-t-il. Il constate qu’à ce jour, il y a des moudjahidine qui ne sont pas logés. «C’est pour vous dire qu’on ne leur a pas rendu le bien qu’ils méritent. On a cru qu’en combattant l’ennemi nous étions des hommes et que nous nous retrouverons dans la paix et que nous profiterons pleinement de l’indépendance. Rien», se désole encore Si Meziane. «Le peuple se plaint auprès de nous, mais nous le gouvernement ne nous écoute pas. La famille révolutionnaire ne s’attendait pas à cela», conclut sous-officier du redoutable bataillon de choc.

- Cherif Hamici : Je souhaite que nos intellectuels qui sont à l’étranger rentrent

Huit personnes de sa famille, dont cinq frères, sont tombées au champ d’honneur. Cherif Hamici, 83 ans, le rappelle à chaque occasion qui lui est donnée pour témoigner de son parcours révolutionnaire. Engagé dans les rangs de l’ALN en novembre 1955 en tant que moussebel dans son village Fettala, à Tifra, il a cumulé des années de guerre dans les maquis de la Wilaya III jusqu’à mériter une médaille militaire qu’il tient, en octobre 1958, des mains de son chef militaire, Amirouche Aït Hamouda lui-même.

En la confiant au Musée du moudjahid de Béjaïa, il contribue à l’entretien de la mémoire collective autour d’une guerre qui a marqué l’histoire des révolutions dans le monde. Devant les couleurs nationales, Cherif Hamici se montre submergé par la fierté. «Quand je vois aujourd’hui notre drapeau flotter dans les pays, j’ai de la joie et de la fierté dans le cœur», nous dit-il. Le baptême du feu de Si Cherif a été à Lambert, dans sa région natale, en 1956. Il a descendu «deux Sénégalais» en faction dans le poste de la caserne militaire un jour de neige.

L’action lui a valu son adhésion à l’ALN. En tant que soldat, il a pris part à de nombreuses actions, dont celle d’un dépôt de liège aux environs de Tikbal. Lors de plusieurs opérations, Si Cherif a pu récupérer des armes sur les corps des militaires français abattus. Quelle est la bataille qui est restée gravée le plus dans sa mémoire ? Son âge avancé n’a rien effacé, toutes lui sont restées en souvenir. Parmi elles, l’embuscade de Azazga où on avait brûlé un blindé, récupéré des Mag 50, mitraillettes, carabines américaines, et 36 000 cartouches.

Des forces coloniales étalées dans le défilement de 35 blindés on en a fait une bouchée. Dans une autre embuscade qui s’est transformée en un accrochage d’une journée, à Iaâzouzène, à Tizi Ouzou, on a aussi récupéré pas mal d’armes. Si Cherif et ses camarades ont dû évacuer les lieux par la mer, pour sortir du côté de Beni Ksila. Le nombre d’armes récupérées a valu à Si Cherif la médaille de Bravoure au même titre que 21 de ses camarades de lutte qui étaient sous la coupe de Amirouche.

L’annonce de la mort du Lion du Djurdjura par des tracts jetés d’un avion militaire a galvanisé les troupes. «Nous étions prêts à mourir», confie Si Cherif. «C’était lui qui nous préparait du café à Akfadou», témoigne-t-il. En 1958, Si Cherif a été dans le groupe qui avait la surveillance de trois Pères blancs de la même famille, capturés à Beni Mansour et acheminés vers le PC d’Akfadou. «Nous les avons bien traités sur ordre de Amirouche et nous les avons libérés trois mois plus tard en leur confiant une lettre», témoigne-t-il. Leur détention avait déclenché un grand ratissage de l’armée française.

Le même traitement avait été réservé à un journaliste américain qui avait fini, au bout d’une année de captivité, par apprendre le kabyle, se souvient Si Cherif. Notre moudjahid célèbre le 63e anniversaire du 1er Novembre avec les souvenirs d’une guerre atroce et la fierté d’un devoir accompli. «Nous avons libéré le pays pour nos enfants et nos petits-enfants.

Notre pays a tous les moyens aujourd’hui, il est debout même s’il y a des insuffisances», déclare-t-il. «Si nous produisons, notre pays se développera encore. A la nouvelle génération de prendre le relais. Je souhaite que nos intellectuels qui sont à l’étranger rentrent, et inchallah ceux qui nous gouvernent les laisseront travailler pour ce pays pour lequel a coulé le sang des chouhada», conclut Si Cherif.

- Na Zina Mebarki : Ceux qui n’ont pas pu faire des études, je jure qu’ils sont dans une misère noire

Elle tire de son portefeuille une vieille photo qui la montre dans sa tenue de combat, le regard fier, avec ses compagnons de lutte dans les maquis de la Wilaya III. Mebarki Zina, N’Djima de son nom de guerre, a été l’une des trois femmes soldat de l’ALN dans la zone où elle a pris les armes. 63 ans après le déclenchement de la guerre de Libération, Na Zina est désillusionnée, elle en a gros sur le cœur.

«Nous nous sommes sacrifiés pour que vive le peuple algérien sans inégalités, ce n’est malheureusement pas le cas, autant pour les moudjahidine que pour tout le peuple. Certains ont dévoré l’Algérie, alors que d’autres sont restés affamés», dénonce-t-elle. «Nous au moins nous avons travaillé pour ce pays, nous ne le laissons pas à la déroute, mais ceux-là ont pris l’argent et ont abandonné l’Algérie dans ses routes, dans ses déchets….

Les responsables ne courent que pour leurs poches, pourvu qu’ils vivent, qu’ils soient logés sans se soucier des autres», explose-t-elle. Na Zina étouffe presque d’un sentiment d’injustice, et elle a un message aux gouvernants : «Je m’adresse aux responsables de l’Algérie : ayez peur de Dieu pour ce peuple. Vous avez ruiné ce pays et il ne le mérite pas. Les femmes ont aidé l’Algérie quand les caisses étaient vides. On n’a rien vu. Aujourd’hui, qui aidera l’Algérie dans sa construction ? Il n’y a malheureusement que ceux qui la trahissent, la volent.» Mais qui est cette moudjahida écrasée par la désillusion ?

Dans son village des Ath Mbarek, à Tala Hamza, Na Zina a grandi dans la proximité de l’activité clandestine des moudjahidine. Au déclenchement du 1er Novembre, elle était encore fillette, mais avec la conscience d’une femme. Lorsque son frère préparait des cocktails Molotov pour renverser un train et donner les premiers coups de la guerre de Libération, la petite Zina se sentait impliquée. «Ma sœur me demandait d’entrer à la maison.

Il y avait une telle joie quand on entendait les premiers coups de feu !» nous confie-t-elle. Elle avait participé au soutien des siens qui alimentaient et soutenaient le village de Azrou N’Bechar jusqu’au jour où l’armée française s’en est rendu compte et a poussé à l’exode toute la population. A 14 ans, elle quitte son village pour la ville de Béjaïa. Dans la tête de la petite Zina, le projet de monter au maquis prenait forme jusqu’à la pousser à le faire en 1957.

Toutes jeunes, entre 14 et 18 ans, elle, une des ses cousines et sa voisine passent à l’acte, submergées par le sentiment nationaliste. Na Zina rejoint avec ses deux compagnes son frère à Ighil Ouyazit, dans la périphérie de la ville de Béjaïa, qui les invite à rentrer chez elles. Déterminées, elles rejoignent le maquis malgré tout. Mebarki Zina, Belaïd Djida et Terbeh Malika constitueront les premières djoundiate de leur zone dans la Wilaya III.

Amirouche la «connaissait bien», elle en garde le souvenir de quelqu’un qui, un tantinet plaisantin, leur signifiait un jour pouvoir les emmener au maquis «dans son sac à dos». Sa première tenue militaire, Na Zina la doit à un tailleur d’El Kseur, un certain Mahmoud. La toute première arme également ne s’oublie pas, «la 8», qu’on lui avait confiée avec des grenades. Quand Na Zina parle des armes, on croirait à une maîtrise parfaite d’un chef militaire.

Après un an à Ighil Ouyazit, qui a été une zone de transit, elle se retrouve dans la forêt de Djebira, puis plus loin, à Ijermounene, à Kherrata. L’époque était celle des affres de l’opération «Jumelles» qui avait rendu difficiles les déplacements des moudjahidine de l’ALN. Djida, la voisine, a été blessée dans l’un des accrochages avec l’ennemi, donnant preuve de l’implication entière de la femme dans les combats de l’armée de libération. La contribution des Algériennes prenait d’autres formes.

Na Zina se souvient qu’à Bouandas, du côté de Sétif, les femmes ont permis de réunir près d’un quintal d’argent qui a servi à la confection des insignes pour l’ALN. C’est ce même élan qu’elles concrétiseront à l’indépendance avec le fameux Soundouq ettadhamoun. A l’approche de l’indépendance, des goumiers, témoigne-t-elle, se sont rendus collaboratifs en leur fournissant des habits, des renseignements et même des cartouches. Aujourd’hui, Na Zina si elle célèbre fidèlement l’anniversaire du 1er Novembre, elle ne le fait pas dans la gaieté. «Je connais des moudjahidine employés comme bergers», nous dit-elle.

«Je connais le cas de quelqu’un qui a cherché du travail de Djebira jusqu’à Sétif, il ne l’a pas trouvé», ajoute-t-elle toute déçue. «On a combattu par amour du pays, et nous n’avons rien demandé. Ma pension, c’est jusqu’en 1980 que je l’ai eue», témoigne-t-elle. Ce qui fait mal à Na Zina, c’est que l’on dise que les moudjahidine ont les gros budgets de l’Etat. «On dit que les moudjahidine ont tout pris, c’est archi-faux. Certains ont pris, d’autres n’ont rien. Ceux qui n’ont pas pu faire des études, je jure qu’ils sont dans une misère noire», dit Na Zina qui, à 75 ans, n’a pas fini de rêver d’une Algérie meilleure.

Abderahmane Sekouchi : Amirouche nous avait demandé…

Abderahmane Sekouchi a connu la misère, dès son jeune, pendant la colonisation française. Il a été cireur dans la rue, vendeur de journaux, de casse-croûte dans la ville de Béjaïa. Au maquis, la vie ne sourit pas non plus, à l’indépendance aussi. «Nous avons souffert pour ce pays, nous souffrirons encore s’il le faut pour lui. J’ai nettoyé des toilettes, j’ai balayé, mais j’en suis fier parce que c’est pour mon pays», nous répond-il.

En avril dernier, Abderahmane Sekouchi a bouclé sa 76e année avec le même nationalisme qu’il montre dans ses propos, dans ses yeux et sa mine fière. «Nous avons fait le maquis pour notre pays, et nos parents nous ont devancés en cela. On y a laissé beaucoup des nôtres, certains nous les avons enterrés, d’autres ont été dévorés par les chacals. Nous leur avons fait le serment de continuer le combat», nous déclare-t-il.

De son village natal de Toughezratin, à Tinebdar, Abderahmane Sekouchi a gagné la ville bougiote qui lui a servi de transit pour rejoindre le maquis de l’ALN à 16 ans à peine, en 1956. A 14 ans déjà, l’envie de monter au maquis le brûlait au point de harceler des moudjahidine du village de l’emmener avec eux. Quand il y a été, on lui a remis une grenade qu’il a lancée sur une Jeep dans le quartier Houma Ouvazine, en plein centre-ville de Béjaïa.

Il a rejoint les effectifs de l’ALN fusil à l’épaule, un fusil avec lequel il s’est enfui alors qu’il venait d’être enrôlé dans une caserne française. Il avait réussi à fausser compagnie au sergent- chef qui l’accompagnait. L’immersion dans les actions militaires avec les moudjahidine se fait dans la région des Ath Ouaghlis, sur les hauteurs de Sidi Aïch, exactement à Taourirt en novembre 1957. A Fellih, Mzidh, et bien d’autres villages de cette région voisine de l’Akfadou, il a côtoyé des chefs militaires de l’ALN, en étant affecté à Merdj Oubraras, dans la section de «Tarzan», du nom de son chef militaire, dans celle de Ouerdani Mouloud, puis dans la compagnie de la région.

Il se souvient de Abderrahmane Mira, qui avait remplacé Amirouche à la mort de celui-ci, et des 35 prisonniers, des «bleus» innocentés, qu’il devait, avec ses compagnons, conduire pour les laver à la rivière pour les besoins de la grâce qu’ils allaient recevoir. «Ce fut la première fois que je voyais Abderrahmane Mira devant moi, avec ses gardes de corps», confie-t-il. La vie dans le maquis lui laisse des souvenirs de conditions dures qui les obligeaient même «à manger du loup jusqu’aux entrailles».

Les embuscades et les accrochages ne se comptent pas pour celui qui a connu les geôles du colonisateur pour avoir été condamné d’octobre 1959 à mai 1962, et échappé à la condamnation à mort. Aujourd’hui, notre moudjahid se souvient comme si c’était hier d’une des recommandations de son chef dans la Wilaya III. «Si Amirouche nous avait demandé de garder, à l’indépendance, nos positions dans les postes avancés, pendant deux à trois ans, et ne surtout pas descendre dans les villes avant que l’Etat ne se concrétise, des élections soient tenues et les institutions installées», révèle-t-il.

La bataille des chiffres

Le nombre croissant des moudjahidine encore en vie suscite toujours la polémique. Saïd Abadou, secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), a indiqué cette semaine dans les médias que «le nombre de moudjahidine inscrits, encartés et qui paient leurs cotisations est de 200 000 personnes».

De son côté, Benyoucef Mellouk, réputé pour avoir dénoncé les moudjahidine faussaires, parle de 867 000 moudjahidine, entre les vrais et les faux.

Selon lui, «le vrai nombre tournerait autour des 124 000 moujahids ; cependant, le trafic qui a commencé suite au coup d’Etat de Boumediène a fait décoller le nombre». Face au silence du ministère des Moudjahidine qui n’a communiqué aucun chiffre, le suspense reste entier quant au nombre réel de ces derniers. S. O.

 **Kamel Medjdoub / el watan / vendredi 27 octobre 2017

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*La mémoire de la révolution à Oran ravivée par Mohamed Freha

Mohamed Freha est un auteur prolixe, après Oran : 1937-1962, dans la série Espace d’histoire et de mémoire, paru aux éditions Enadar, il revient avec deux ouvrages, Oran, une rue pour mourir et J’ai fait un choix. Deux tomes publiés aux éditions Dar El Gharb.

Mohamed Freha est un moudjahid, dans le sens de combattant ayant pris les armes contre l’armée coloniale. Car il est un ancien membre de l’historique Armée de libération nationale (ALN), entrée en lutte lors de la Révolution de Novembre 1954 jusqu’au recouvrement de l’indépendance en 1962.

Mohamed Freha est aussi l’initiateur du Musée de la mémoire de la ville d’Oran, dont il est originaire. Ce révolutionnaire, ce témoin, avec l’âge avançant, voulait laisser une trace, un témoignage de son vivant.

Celui d’un combattant ayant pris les armes, s’étant révolté pour une noble cause. La liberté, l’indépendance de l’Algérie. Ce sont en quelque sorte ses mémoires. Un récit autobiographique mais collectif. Car la Révolution de Novembre a été portée par tout un peuple aspirant à la liberté. Une lutte anticoloniale.

Djaghloul Abdelkader, chercheur et professeur universitaire présentera le tome 1 intitulé Oran, une rue pour mourir tel un livre, un document qui se veut être une humble contribution relatant les modes d’inscription d’un combattant de base en tant que «fidaï» (révolutionnaire urbain), puis «djoundi» combattant dans les rangs de l’ALN.

Des récits qui sont à l’heure actuelle, selon lui, très rares. Il définira le style de Mohamed Freha de poignant, d’alerte et ne tombant pas dans la facilité qu’il qualifiera de «gloriole», tout en étant tout à fait à la portée du lecteur d’aujourd’hui.

La police coloniale française recherchait «Santah», Mohamed Freha

C’est l’histoire d’un adolescent, un fils d’Oran, qui n’aime pas parler à la première personne et exhiber un ego. C’est son frère «Ahmed» de son vivant, qui l’a persuadé et encouragé un demi-siècle plus tard pour qu’il rédige cet ouvrage au crépuscule de sa vie. Mohamed Freha dit, clairement, qu’il n’est pas un héros. Il se définit tel un simple combattant au même titre que ses autres compagnons d’armes. Un combattant de l’ombre.

«Mon histoire a débuté tout bonnement alors que j’étais un simple gamin qui a contribué à la lutte armée anticoloniale. Comme tant d’autres dans ma ville, Oran, assiégée à l’époque par toutes les forces de police. Comme résistant au péril de ma vie puis comme membre de l’ALN de 1957 à 1962…»

Dans cet ouvrage, Mohamed Freha rend hommage à ces combattants, ces patriotes, ces martyrs tombés au champ d’honneur ou décédés après l’indépendance (1962). «Ils étaient tous jeunes et braves, ignorant complètement la peur, le danger et la mort. Ils ne pouvaient rien espérer que mourir pour la patrie, les armes à la main en héros, en martyrs…

Tous les partisans eurent l’humble honneur de servir leur pays, hommes et femmes, en fait tout un peuple… Je dédie cet ouvrage à tous les combattants de l’ombre de la ville d’Oran. Aux résistants et résistantes, arrêtés, torturés ou exécutés sommairement dans les locaux de l’horreur de l’occupant. A tous mes compagnons du maquis encore en vie et nos chouhada et chahidate tombés glorieusement au champ d’honneur pour notre patrie, l’Algérie…»

Mme veuve Benzaza née Maâta Lila en lisant Oran, une rue pour mourir de Mohamed Freha écrira non sans émotion ce texte dont voici un extrait : «J’ai lu et j’ai pleuré à chaque page de ce pan de mémoire de notre ville d’Oran et de notre pays bien aimé l’Algérie…

J’ai vécu les arrestations, les provocations, l’odeur de la poudre et du sang de nos martyrs, le bruit assourdissant des bombes et le sifflement des balles assassines… J’ai pleuré nos hommes, nos pères, nos frères, nos oncles, atrocement torturés pour certains, nombreux, jusqu’à ce que mort s’en suive… J’ai pleuré…»

En compulsant ce premier tome, Oran, une rue pour mourir, le lecteur découvrira des chapitres émouvants, durs et poignants. Tels que Mère courage, Les grenades, Fatiha Belkacem, Rafle gigantesque, La police à mes trousses…

La police coloniale française recherchait «Santah», le surnom de Mohamed Freha, qui dira adieu à sa mère car peut-être il ne la reverrait jamais ainsi qu’à sa famille, sa maison, sa ville… C’est l’appel de la forêt, le maquis, la Révolution…

Dans le tome 2, intitulé J’ai fait un choix, Mohamed Freha parlera de l’amitié et la fraternité entre les combattants de la ville d’Oran et ceux du «djebel» (maquis). Il se souviendra de ses frères et sœurs d’armes. *elwatan – 20 octobre 2019

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Djoudi Attoumi. Ancien officier de l’ALN, écrivain

Du moudjahid d’hier au citoyen d’aujourd’hui

le 27.10.17 |

Né en 1938 dans les Aïth Oughlis dans la région de Sidi Aïch, je faisais partie d’une génération qui a mûri très tôt du fait des humiliations, des crimes et des injustices que nous subissions quotidiennement du colonialisme.

Nous étions étrangers dans notre propre pays ; pire, nous étions considérés comme des sujets français du fait du code de l’indigénat de 1871, c’est-à-dire avec des obligations et sans aucun droit. Cette situation nous a forgés de sorte que notre ennemi était montré du doigt depuis le berceau et chacun de nous attendait l’heure de la vengeance. Et les massacres du 8 Mai 1945 furent un déclic pour tous les Algériens qui, après de vaines revendications, étaient parvenus enfin à comprendre que l’heure est venue pour passer à l’action armée ; le 1er Novembre 1954 est enfin arrivé.

Et c’est en septembre 1956, un mois après le Congrès de la Soummam, que je pris le maquis, au moment où j’étais étudiant gréviste, tout comme de nombreux autres jeunes. Mon arrivée au maquis fut un rêve, surtout au moment de ma rencontre avec Amirouche Aït Hamouda. Et lorsqu’il me confia une première mission, je me suis senti très fier. Je devais en effet transporter sur mon dos la somme de 100 millions d’anciens francs depuis notre PC de Wilaya à Mezouara (Akfadou) jusque dans les Bibans, plus précisément au village Moka où un responsable m’attendait pour acheminer une telle fortune jusqu’aux Aurès.

Mon bonheur fut lorsque, une dizaine de jours plus tard, je rendis compte au commandant Amirouche de l’accomplissement de la mission et que l’argent n’est pas tombé entre les mains de l’ennemi, comme il me l’avait ordonné. Je venais d’avoir mes dix-huit ans. Nous avons sillonné tout le territoire de la Wilaya III pour répondre aux besoins de notre Révolution. De la Soummam à l’Oued Isser et Boubehir, de l’Akfadou à la forêt de Mizrana, nous n’avions connu aucun répit, toujours pour mieux servir.

Et en juin 1959 dans le douar Nezlioua, près de Draâ El Mizan, nous avions affronté les forces ennemies sur un terrain découvert. Devant la situation critique où nous nous trouvions, mes compagnons et moi avions dû notre salut à un soldat anonyme qui, du haut de son half track, avec une mitrailleuse braquée en notre direction, nous faisait signe de passer de son bras largement déployé, alors que nous étions à une vingtaine de mètres seulement.

Non loin de là, au village Taouarirt, près de Boghni, nous avions attaqué le poste militaire le 31 octobre 1959 à minuit pour marquer le cinquième anniversaire du déclenchement de notre glorieuse Révolution. Nous étions alors un groupe d’une dizaine de moudjahidine portant des armes hétéroclites. En plus, nous étions en pleine opération «Jumelles», au cours de laquelle des dizaines de milliers de soldats passaient toute la région au rouleau compresseur.

Lorsque nous avions tiré les premières rafales, nous étions envahis par une immense fierté pour avoir suivi la voie de nos aînés de Novembre. Nous savions que tous les soldats se trouvant dans la région se dirigeraient vers nous tel un essaim d’abeilles pour venger notre hardiesse, en ces moments où il fallait se tenir à l’écart et laisser passer la vague.

Mais grâce à cette population de Boufhima, de Pirette qui nous a toujours soutenus et encouragés, nous allions de plus en plus de l’avant vers l’aube de la victoire. Et à Boghni, nous nous réfugiâmes au Bordj turc chez un gardien de prison pour fuir les forces de l’opération «Jumelles». Et le douar Aït Khoufi qui, du haut de ses cimes, nous accueillait, jusqu’à Tala Guilef pour sentir le grand air et laisser le champ libre aux soldats dans l’Azaghar où le relief nous est défavorable.

Le capitaine Benour Ali, héros de la Basse Kabylie, n’était pas loin pour veiller à nos escapades. Et puis, vers fin octobre de la même année, il fut grièvement blessé et capturé dans les Aït Yahia Oumoussa, en même temps qu’Oukil Ramdane,l’infirmier de région. Devant son entêtement à refuser les tentatives de revirement, il fut exécuté. Son image restera toujours en moi, comme un homme affable, aimable et un vrai chef de guerre.

Depuis, l’ambiance ayant changé dans la Zone 4, j’étais heureux de recevoir ma mutation en Zone 3. Et au PC, je retrouvais mon ami Ouali Aït Ahmed, Rahim Hamoutène, Moh Amirouche, Omar Taouinte et les autres membres de notre équipe. Et c’est là, à Tala Igouraouène, que nous avons reçu le colonel Salah Zamoum qui revenait d’un voyage à Paris où il avait rencontré le général de Gaulle. Il voulait surtout connaître les intentions du président français, quant à l’application de l’autodétermination du peuple algérien que le général avait proclamée quelques mois auparavant.

N’ayant pas obtenu l’autorisation de consulter les 5 prisonniers de la santé et de rencontrer les membres du GPRA, l’affaire de l’Elysée s’est terminée en queue de poisson. Alors qu’à l’époque, nous désapprouvions son initiative, aujourd’hui nous trouvons cela normal après avoir découvert les intrigues des chefs de l’extérieur et l’abandon des maquis par ceux-là mêmes qui étaient chargés de nous approvisionner en armes.

Quelques mois plus tard, je recevais une promotion d’aspirant du colonel Si Mohand Oulhadj avec affectation dans la vallée de la Soummam dévastée par l’opération «Jumelles» ; j’ai senti une joie de me rapprocher de ma famille, mais aussi une inquiétude devant tous les dangers qui nous attendaient dans cette région meurtrie. D’ailleurs, nous étions tombés dans un grand ratissage le jour-même où nous avions traversé le Djurdjura.

C’était difficile, car nous avions assisté à la mort en direct de Md Améziane Ouhnia et de ses deux camarades retranchés dans une grotte au-dessus du village Timeliouine. Tout près de nous, un hélicoptère a déchiqueté leurs corps à l’aide de roquettes téléguidées. C’était un mauvais présage. Avec mes chefs et mes camarades, nous nous sommes attelés à reprendre en main cette région : reprendre la confiance de la population dont les villages étaient détruits pour leur fidélité à l’ALN.

Nous devions également aller au-devant des moudjahidine éparpillés un peu partout, contacter les personnalités, les harkis, goumiers, pour faire passer le message que la victoire est au bout du chemin et qu’ils devaient rallier les rangs de la Révolution avant qu’il ne soit trop tard. Pour mieux nous rapprocher d’eux, nous nous sommes introduits en pleine ville d’Akbou pour nous réfugier chez Tahar Hamitouche, dont la maison se trouvait juste en face de la caserne, et c’est là que nous avons repris goût avec «le monde civilisé», en voyant l’électricité, les gens manger à table, dormir dans un lit douillet, etc.

Et c’était au sortir justement de la ville, le 12 novembre 1961, que nous nous sommes retrouvés à Tiouirine (Ighzer Amokrane) dans la maison «Julien», une ancienne demeure abandonnée par un Français. Avec le froid qui sévissait dehors, ce fut avec bonheur que nous nous sommes retrouvés dans le grenier, un coin chaud à l’abri du vent et de la pluie. Il y avait des couvertures et même un réchaud à alcool pour préparer notre café. Le lendemain vers 8 heures trente, j’entendis parler français en contrebas. Et au fur et à mesure, les voix se rapprochaient jusqu’à l’entrée.

L’officier défonça la porte d’un coup de godasses et cria : «Amenez-moi l’échelle !» Je tressaillis et lorsque j’entendis l’échelle cogner le mur, je me suis dit que c’était la fin ; aujourd’hui, notre heure a sonné. Nous allions affronter les soldats dans les pures traditions de l’ALN, combattre jusqu’à la dernière cartouche. Tandis que mes deux compagnons paniquaient, je pris ma mitraillette et visais le trou béant du plancher d’ où allait émerger l’officier. En l’espace de quelques secondes seulement, je revis le visage de ma mère, celui de mon frère et je sentis une douleur atroce au niveau de l’abdomen.

Subitement, le buste de l’officier apparut, comme transporté d’un musée : je dis adieu à la vie et tirait deux rafales de mitraillette en visant la poitrine. Il tomba tel un pantin. Deux autres soldats montèrent à nouveau et subirent le même sort. J’ordonnais à mes deux compagnons de me suivre dehors pour ne pas griller comme des rats. La deuxième porte de sortie était fermée à clef ; je tirais deux rafales et elle s’ouvrit aussitôt. Je remplaçais le chargeur de ma mitraillette et sautais à l’extérieur.

Nous étions étonnés de n’avoir pas trouvé de soldats lorsque, subitement, j’aperçus au ciel deux avions qui fonçaient droit sur la maison ; nous avions juste le temps de nous en éloigner de quelques mètres et voir les pierres et les tuiles voler en éclats. Et c’est aussi au même moment que les soldats nous reçurent avec un feu nourri. Nous ripostâmes et étions pris, d’une part, entre les soldats et la maison en flammes, les roquettes et la mitraille des avions, d’autre part. Il nous fallait quitter rapidement les lieux.

Et sans réfléchir, nous dévalâmes la pente pour traverser la RN 26 et nous engouffrer dans le village de Tiouririne, avec l’espoir de trouver notre salut. Les soldats nous poursuivaient ; dans les étroites ruelles, nous pûmes leur échapper, du moins pour le moment. Nous les entendions crier un peu partout ; au bout de quelques minutes, tout le village était encerclé. Subitement, nous vîmes une femme courir vers nous pour nous interpeller :

- «Mes frères, où est-ce que vous allez comme ça ? Les soldats sont partout. Suivez-moi pour vous cacher chez moi ; hier j’ai ramené des champs des branches d’oliviers et j’essayerai de vous y camoufler.»
Nous la suivîmes, avec l’espoir qu’elle allait trouver une solution magique pour nous sauver de la mort ; au moment où nous entendîmes les voix de soldats se rapprocher, nous nous engouffrâmes dans la maison. A l’intérieur, la brave femme interpella son mari :

- «Ces deux moudjahidine risquent d’être tués par les soldats. Si tu acceptes, je vais les camoufler derrière la maison.» Et l’homme de nous répondre :

- «Soyez les bienvenus mes frères ; nos vies ne sont pas plus précieuses que les vôtres. Nous allons vivre ensemble ou mourir ensemble.» Nous étions soulagés et encouragés par de telles paroles. Et la femme nous pressa de la suivre. Elle nous installa entre le mur de la maison et une haie de cactus en jetant sur nous toutes les branches d’oliviers qui se trouvaient à proximité. Maintenant, les soldats n’étaient pas loin ; elle jeta un regard circulaire sur nous avant de courir rejoindre son mari. Dix minutes plus tard, nous entendîmes un violent coup de pied contre la porte. Et la voix menaçante des soldats 

-«Où sont les fellagas ? Nous les avons vus entrer chez vous !» Des coups de pied et des coups de poing tombèrent sur le couple. Nous le comprenions à leurs gémissements. Pendant que l’homme et la femme continuaient à crier leur innocence, des soldats fouillaient la maison de fond en comble. Et lorsque nous les entendîmes sortir, nous sentîmes un grand soulagement. Ainsi, notre mort n’était pas au rendez-vous. Nous restions à l’affût, prêts à tirer jusqu’à 17h quand les soldats rejoignirent leurs camions pour quitter les lieux. Ils venaient de subir un autre revers : leur capitaine tué et deux soldats blessés.

La nouvelle de notre présence chez Ali et Fatima Aberkane s’est répandue sur le village de Tiouririne telle une traînée de poudre. Les gens qui assistaient de loin à l’accrochage se sont précipités vers nous pour nous embrasser, pleurant de joie en remerciant Dieu pour nous avoir épargnés d’une mort certaine. Une procession de femmes, d’hommes et d’enfants déambulait à travers les ruelles à la recherche d’informations. Et lorsqu’ils apprirent que nous étions sains et saufs, ils s’interpellaient pour annoncer la bonne nouvelle. Et c’est dans un air de fête que chacun rejoignit sa demeure, avec la satisfaction de voir encore une fois les moudjahidine triompher.

Déjà l’heure de l’indépendance commençait à pointer. Avec les négociations d’Evian, nous sentions la fin de la guerre. Et le 19 mars 1962, ce fut le cessez-le-feu, c’était la fin des souffrances, des larmes et de la mort. Une nouvelle vie commençait pour nous.
Je reçus mon affectation au sein de la commission de cessez-le-feu composée à égalité d’officiers de l’ALN et de ceux de l’armée française. Nous étions chargés de veiller à l’application des Accords d’Evian jusqu’à la proclamation de l’indépendance le 5 juillet 1962.

Notre mission est accomplie et notre cause a triomphé grâce à tous ces martyrs, à ces moudjahidine et à ce peuple qui ont contribué à ce grand jour. Aussitôt, j’ôtais ma tenue militaire et remis mon arme à mes chefs. Je devais préparer ma réinsertion dans la ville civile. J’embrassais la carrière hospitalière en reprenant en même temps mes études jusqu’à l’obtention d’une licence en droit et du diplôme à l’Ecole nationale de la santé publique de Rennes (France).

Avec la lutte des clans, les combats fratricides de 1962-1963, nous ressentions un goût amer de cette indépendance pour laquelle des centaines de milliers d’Algériens sont morts. Nous voyons les miliciens envahir les villes, les faux moudjahidine s’infiltrer dans nos rangs, les imposteurs qui nous combattaient hier et qui se retrouvent aujourd’hui à «l’avant-garde» exhibant leur patriotisme et se «préoccupant» de l’avenir du pays. Parfois, nous avons mal d’entendre dénigrer des moudjahidine, ces héros qui ont affronté la quatrième puissance mondiale avec presque les mains nues.

Plus de 50 ans après, que reste-t-il de cette gloire de l’ALN, de cette magnifique Révolution qu’aucun pays n’a connue ?+ Le message n’est pas transmis dans sa pureté et des repères perdus auprès de nos jeunes. L’histoire authentique n’est pas abordée et encore moins enseignée ou écrite. Aujourd’hui, ces chefs qui nous ont guidés dans les maquis sont tous partis. Les glorieux moudjahidine partent les uns après les autres non sans amertume. Gloire à nos chouhada.** el watan / vendredi 27 octobre 2017

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le 5 juillet 1962 l’Algérie recouvrait son indépendance après 132 de colonisation, ponctuée de guerres, d’insurrections, et d’une Révolution armée de 8 années entre 1954 et 1962

*Une guerre de libération sanglante, mais ô combien glorieuse, pour son peuple, mais aussi pour tous les peuples opprimés et colonisés. Une Révolution glorieuse dont l’écho a gagné les quatre coins du monde.

La liesse qui a gagné toutes les villes algériennes en cet été de l’année 1962 montrait clairement que le peuple algérien était derrière le FLN/ALN qui a mené une lutte héroïque au prix d’un sacrifice rouge sang contre l’armée de l’une des plus grandes puissances du monde aidée dans sa criminelle besogne par l’organisation du traité de l’atlantique nord (OTAN).

Le 5 juillet 1962, le drapeau algérien flotte enfin sur tous les édifices publics et privés, sur les voitures, les bus, dans les mains de milliers d’algériennes et d’algériens…. Les villes sont en liesse, les Algériens chantent et dansent dans les rues. L’indépendance est proclamée officiellement.

Quatre jours plus tôt, le 1er juillet, la population s’était prononcée à 99% pour l’indépendance au cours d’un référendum d’autodétermination, quatre mois après la signature des accords d’Evian. C’est la fin officielle d’une guerre meurtrière de huit ans, qui a engendré 1.5 million de martyrs, 40.000 villages détruits, des centaines de milliers de personnes déplacées, des veuves et des orphelins qui ne se comptent plus…

Pour rappel,  l’invasion française avait débuté en 1830 avec un débarquement sur les côtes à l’ouest d’Alger et en particulier sur la plage de Sidi Fredj. 37. 000 soldats répartis dans 675 bâtiments allaient débuter une sale guerre d’occupation et de colonisation en usant de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en faisant subir au peuple algérien, enfumades, exil des résistants en nouvelle Calédonie, massacres, oppression, brimades, humiliations, assassinats, torture à grande échelle, bombardements au napalm des populations civiles…

Le 5 juillet 1962, l’Algérie est enfin libre. Le 29 septembre, Ahmed Benbella prend la tête du gouvernement. Il deviendra le premier président de l’Algérie indépendante un an plus tard en septembre 1963.*Par Abbès Zineb | 05/07/2015 | algerie1.com

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*la célébration de l’indépendance revient à Sid Fredj

Le coup d’envoi officiel des festivités du cinquantenaire de l’indépendance aura lieu à Sidi Fredj, lieu où l’Armée coloniale avait débarqué en 1830.
Cinquante années se sont écoulées depuis que des Moudjahidine de l’Armée de libération nationale (ALN) hissèrent pour la première fois l’emblème national, dans cet endroit devenu symbolique. Entre une cérémonie organisée à la hâte par la population, des Djounouds et des officiers de l’ALN, de retour du maquis, après plus de 7 ans de guerre implacable contre la quatrième force armée du monde, et la cérémonie du lancement du programme des festivités qui s’étalera sur une année, arrêté à l’occasion du cinquantenaire, les Algériens auront à constater de visu le chemin parcouru depuis les premières années de l’indépendance pour l’amélioration de leurs conditions de vie et donner un sens concret à leur combat libérateur.
Le commandant de la wilaya IV historique, Lakhdar Bouragaa, raconte, dans un entretien, publié le 3 juillet 2011, que la cérémonie organisée, le 5 juillet 1962, avait connu la participation de plusieurs représentants de l’ALN issus de plusieurs wilayas historiques.
« Nous nous sommes rendus à Sidi-Fredj tôt le matin à cet endroit précis (Sidi Fredj) où les forces françaises avaient débarqué 132 ans plus tôt. J’étais membre du conseil de la Wilaya IV », avait affirmé le Cdt Bouragga.
 » Nous avons accueilli les délégations des autres wilayas. Je me rappelle le colonel Mohand Oulhadj pour la Wilaya III, le colonel Saout El-Arab (Salah Boubnider) pour la wilaya II, et Kadhi Boubekeur pour la wilaya V. Le colonel Si Hassan était là en tant que chef de la wilaya IV. Il y avait aussi Mohamed Bousmaha et Ahmed Bencherif parmi les officiers de la Wilaya IV. Mohamed Oulhadj a fait un discours, en sa qualité de doyen », avait-il encore précisé.
« Nous avons détruit une grande stèle érigée là par l’armée coloniale. On a utilisé les tracteurs et engins fournis par les fellahs des fermes de la région. Il y avait là des parachutistes français, qui ont voulu nous en empêcher. Nous avons failli en venir aux armes. Il a fallu de longues palabres. Finalement, ils ont reçu des ordres et nous ont laissé détruire ce symbole de l’occupation », avait souligné ce moudjahid de la première heure de la Wilaya IV.
Il s’agit, en effet, de la stèle érigée, en 1930, à l’occasion du centenaire de la colonisation, fastidieusement fêté par les colons et l’administration coloniale, avec la participation d’élus algériens appelés à l’époque « les Beni Oui Oui ».
Le militant Sebah Boussif, membre de la cellule du Front de libération nationale (FLN) de Staoueli pour la préparation de cette célébration (5 juillet 1962), rencontré par l’APS, affirme, pour sa part, que les fragments de cette stèle avaient été ramassés par les parachutistes français qui se trouvaient sur place. La stèle, selon lui, se trouve actuellement en Vendée (France).
Il raconte, également, que les rares photos ayant immortalisé cet événement ont été prises par lui-même et Meziane de la Fédération de France du FLN.
Entre cette célébration aux allures spontanées à Sidi Fredj, lieu interdit d’accès aux Algériens, hautement surveillé par les parachutistes de l’armée coloniale, durant l’occupation, et le vaste programme arrêté pour la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance, l’Algérie souveraine aura franchi des pas importants sur la voie du développement. (APS-04.07.2012.)

**la Banque d’Algérie émet une nouvelle pièce de monnaie de 200 DA

 à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance nationale

Cinquantenaire : la Banque d'Algérie émet une nouvelle pièce de monnaie de 200 DA

La Banque d’Algérie vient d’émettre une nouvelle pièce de monnaie métallique d’une valeur de deux cents (200) dinars à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance nationale, a-t-on appris mardi auprès de l’Hôtel des monnaies.
La mise en circulation de cette pièce se fera dès mercredi 04.07.2012. au niveau de toutes les agences de la Banque d’Algérie au niveau du pays, selon la même source.
L’avers de la pièce porte le logo du 50ème anniversaire de l’indépendance, alors que le revers porte le chiffre 200 dinars et le nom de la Banque d’Algérie en rabe.
Cette pièce de monnaie de type bimétallique est de 28 millimètres de diamètre extérieur, d’un poids de 12 grammes et de 2,5 millimètres d’épaisseur.
Le coeur de la pièce est composé de cuivre à hauteur de 92% en plus d’aluminium et du nickel alors que sa couronne est faite de cuivre (75%) et de nickel (25%).
La nouvelle pièce qui vient enrichir la gamme de pièces de monnaie actuellement en circulation circulera concomitamment avec les autres pièces en circulation, selon la même source.(APS-03.07.2012.)

**Les déplacements en métro, tramway, téléphérique et bus gratuits du 4 au 6 juillet 2012

Les déplacements en métro, tramway, téléphérique et bus seront gratuit pour les journées du 4, 5 et 6 juillet de 19H à 1h30 du matin à l’occasion de la célébration du 50ème anniversaire de l’indépendance nationale, annoncent les entreprises chargées de la gestion de ces moyens de transport collectif. Afin de permettre aux algérois de participer en grand nombre aux festivités organisées à cette occasion, seront concernés par cette gratuité, le métro d’Alger sur la ligne Tafourah/Grande Poste vers Hai El Badr.
Egalement le tramway d’Alger sur la ligne Bordj El Kiffan vers les fusillés, le téléphérique : jardin d’Essais vers Riadh El Feth, les lignes de bus de rabattement vers les stations métro, Hai El badr, les fusillés et la Grande poste..(APS-03.07.2012.)

***L’Algérie est debout  !

Par Ahmed FATTANI -

 Vous ne nous enterrerez pas!

Cinquante ans ont passé depuis cette mémorable journée du 5 juillet 1962 qui fut, pour dix millions d’Algériens, la journée de la Rédemption.
Aujourd’hui, nous célébrons nos cinquante ans d’indépendance. Pas la fin de la guerre de Libération. Pourquoi cet amalgame de nos dirigeants, de nos médias? Si, en 1962, nous n’avions dansé qu’un seul été, nous espérions que les fêtes du cinquantenaire du recouvrement de notre souveraineté seraient étalées tout le long de l’année 2012. Avec le faste qui sied à un tel événement. L’Algérie est debout ! Pourquoi priver dès lors tout un peuple, au sortir de maintes épreuves, de fêter ses retrouvailles avec l’Histoire?
Pour les seniors que nous sommes devenus en cinquante ans, une question nous taraude l’esprit: qu’allons-nous répondre aux jeunes Algériens sur toutes ces années passées où les hommes qui avaient libéré le pays avaient fini par sombrer dans la folie du pouvoir personnel?
L’Algérie a eu ses beaux et ses mauvais jours. Existe-t-il un Etat sur la planète qui puisse faire exception à cette règle d’airain?
C’est un événement atypique. Fêté presque à la sauvette. Nous nous attendions à vivre une vraie fête. Une fantasia de joie, de gloire et de panache dans nos têtes avec ses norias de chars fleuris, de cris de gamins sous le regard ébahi de leurs parents découvrant d’imposants défilés militaires exposant des armes ultrasophistiquées accompagnées des vrombissements de moteurs de machines blindées de dernière génération sous la parade d’avions de chasse de l’armée de l’air lâchant leur gaz de fumée tricolore vert, blanc, rouge.
Au large du port d’Alger, nos frégates et nos bâtiments de guerre lâcheraient une salve de cent et un coups de canon pour faire entendre aux Algériens et à la planète entière, sous les caméras d’Al Jazeera, d’El Arabia, de TF1 et de CNN, ce que valent, ce que signifient ces cinquante ans d’indépendance sur la terre d’Algérie.
Notre Révolution a été un modèle. Elle est unique jusqu’à présent, en son genre, dans le Monde arabe.
Pour tout dire, c’était huit ans de guerre avec un million et demi de martyrs contre la quatrième puissance du monde qui a mobilisé 500.000 hommes de troupes, appuyés par la machine infernale de l’OTAN.
Longtemps encore, les Arabes traîneront le complexe d’infériorité qui les mine depuis toutes les batailles perdues au cours de ces cinquante dernières années. L’explication est simple: ils meurent parce qu’ils ne savent pas se battre.
A cette époque, lorsque Krim Belkacem, Benboulaïd et Ben M’Hidi combattaient les paras de Bigeard et de Massu, les pétromonarchies du Golfe et l’émir du Qatar n’existaient pas pour venir nous prêter main-forte…
Nos cinquante ans, nous les fêtons comme un anniversaire de famille. A l’algérienne. Tant pis si nos dirigeants ont refusé de faire dans le clinquant et le m’as-tu-vu.
Oui, nous avons l’une des meilleures armées d’Afrique. Sur terre, sur mer et dans les airs. Le démontrer à la face du monde relèverait peut-être de l’arrogance, en ces temps où les chats de gouttière s’imaginent s’être métamorphosés en tigres de Bengale. Pour nous, les droits de l’homme, c’est la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes.
La Révolution a duré, malgré ses faiblesses et ses contradictions. Elle a libéré l’Homme africain. Rappelons-nous l’Angola, le Mozambique, la Guinée-Bissau. Il y a eu notre soutien sans faille à la Révolution vietnamienne, au Cambodge.
Il a fallu que Bouteflika arrive à la présidence de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 1974 pour que les délégués de l’Apartheid soient chassés de cette session, en souvenir de Nelson Mandela qui avait fait ses premières armes avec nos combattants dans la Wilaya V. Il a fallu que Bouteflika soit encore au perchoir en ce moment-là pour que Yasser Arafat soit autorisé à adresser au monde son message de paix, le rameau d’olivier à la main. Il a fallu que ce soit Bouteflika qui entraîne les délégués des pays du Mouvement des non-alignés pour que la Chine populaire de Mao prenne sa place de droit au Conseil de sécurité et que Taïwan en soit chassé.
Oui, nous avons été les précurseurs en ces temps-là de la défense des droits des peuples à leur indépendance et à leur liberté.
Notre Révolution ne s’est pas faite sur une place publique ni sous les lampions dorés et sur l’air des chansonnettes de cabarets. Notre Révolution n’a pas duré une semaine, quinze jours ou six mois. Notre Révolution a compté ses martyrs par centaines de milliers.
La Révolution algérienne est comme ce miroir qui vous renvoie votre propre image quand vous vous rasez le matin. Et les Arabes ont la frousse de se regarder dans ce miroir. Ils n’aiment pas leur laideur. Mais qui l’aime?
En pleine bourrasque de ce que certains appellent les «révolutions arabes», fuyant médias, télévisions et manifestations publiques, rois, émirs et présidents de tous ces Etats se calfeutrent sous les lambris dorés de leurs palais dans l’angoisse et dans la terreur que leurs sujets ne leur fassent la peau, comme aiment à le dire les poissonniers. Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, lui, se permet le luxe de faire une virée à Sétif, à l’occasion de la commémoration du 8 Mai 45 où plus de cinq cent mille personnes, venues des bourgs, des villes et des hameaux environnants lui réservent, dans une exaltation sans pareille, un accueil extraordinaire. Mieux: le Président, sous le regard inquiet de sa garde rapprochée et suivi par les caméras des télévisions arabes, se paie le luxe de prendre en toute décontraction, tous les vingt mètres, un bain de foule où gamins, mères de famille, travailleurs et fellahs le congratulent et le tirent par la main. Spectacle hallucinant quand on songe à tout ce que les «révolutions arabes» ont provoqué comme traumatisme dans la tête de leurs autocrates.
Bouteflika dit aux Algériens de voter. Il prend pour ce fait la planète entière à témoin. Le 10 mai, la réponse ne s’était pas fait attendre.
Puis au stade du 5-Juillet, à l’occasion de la finale de la Coupe d’Algérie opposant le CRB à Sétif, devant 100.000 spectateurs, c’est une standing ovation qui l’accueille quand il fait son entrée officielle à la tribune. A ce moment-là, devant cette frénésie, les ambassadeurs d’Arabie Saoudite, du Qatar et des pays issus de ce que l’on désigne sous le vocable de «révolutions arabes», ont baissé la tête.
Il est vrai que ce jour-là aussi, personne n’a entendu crier ni DEGAGE ni IRHAL. Bouteflika est le coeur du pouvoir. Qui le conteste? Excepté une certaine élite habituée à fréquenter les cénacles d’Alger, le peuple, celui des petites gens, lui est reconnaissant d’avoir ramené la paix et la concorde entre tous les Algériens. Chez nous, il y a l’Algérie d’en haut et l’Algérie d’en bas. Et les clameurs qui sont parvenues jusqu’à nos oreilles sont celles de l’Algérie d’en bas.
Lorsqu’il est arrivé en 1999, la République était à terre. En treize ans de pouvoir, il a su épargner à ce pays de nouvelles tragédies.
Son tour de force: il a redonné toute sa splendeur à un pays que l’on disait fini.
En termes d’infrastructures, d’éducation, de santé, de niveau de vie, de logements et de justice sociale, l’Algérie a rattrapé un retard de trente ans, sans compter que nos réserves de change ont atteint un niveau jamais égalé.
Dans le continent africain, nous nous retrouvons presque au même niveau que celui de l’Afrique du Sud.
Mes lecteurs trouveront peut-être cet article dithyrambique. Je n’ai pas pour habitude de mêler flagornerie et journalisme. J’ai eu même à croiser le fer avec Bouteflika et son entourage en 2003. Jusqu’à présent, personne, à ma connaissance, excepté moi, n’a été condamné à six mois de prison avec sursis pour «offense au président de la République» pour avoir publié dans mon journal un article jugé pour le moins diffamatoire. Mais là, c’est une affaire de juge de service, ce jour-là. L’Algérie n’a pas sombré, comme les Arabes le souhaitaient, dans la tragédie. La REVOLUTION chez nous, ce n’est pas un mot creux, c’est une valeur qui se conjugue à tous les temps. La prétendue loi des séries n’existe pas. Les Arabes doivent s’en souvenir. L’Algérie, c’est l’exception. Vous ne nous enterrerez pas! (L’Expression-05.07.2012.)

**Célébration dans plusieurs pays du monde

Plusieurs pays célèbrent le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie à travers des manifestations culturelles (cinéma, musique et littérature) dédiées à cet évènement dont la commémoration en Algérie se poursuivra jusqu’au 5 juillet 2013.
Au Royaume-Uni, le Parti travailliste (Labour Party) a projeté le 6 juillet dernier à Londres le film La Bataille d’Alger dans le cadre du Marxism Festival 2012.L’université de Leicester, au centre de Londres, a organisé du 11 au 13 avril dernier une rencontre internationale sous le thème «Un nouveau regard sur l’Algérie» à laquelle ont pris part des académiciens de différentes spécialités du Royaume- Uni, des Etats-Unis, de France ainsi que plusieurs universitaires algériens étudiants à l’étranger. En Espagne, la «Casa Arabe» a organisé du 2 au 30 avril dernier la projection de films cinématographiques et documentaires, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. Il s’agit des longsmétrages Un peuple en marchede René Vautier (1963), la Bataille d’Alger de l’Italien Gillo Pontecorvo (1966), Hors-la-loide Rachid Bouchareb (2010) et Cartouches gauloises de Mehdi Charef et Rachid Bouchareb (2007). Toujours en Espagne, la 9e édition du Festival du cinéma africain qui se tiendra à Cordoue du 13 au 21 octobre 2012 célèbrera le cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie à travers la projection d’une série de films sous le thème «La guerre d’Algérie, 50 ans après » dans le cadre d’un programme hors-compétition. L’agence photographique internationale Magnum Photos expose, du 20 juin au 8 septembre prochain, dans sa galerie à Paris des photographies réalisées entre 1957 et 1962 sur le quotidien de l’Algérie en guerre pour le recouvrement de son indépendance. A Perpignan, le Festival international de la photographie «Visa pour l’image» qui se tient dans cette ville française jusqu’au 16 septembre, a consacré l’une de ses sections au cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. Ainsi, des soirées sur l’indépendance de l’Algérie seront organisées jusqu’au 8 septembre en cours. Par ailleurs, le cinéma algérien sera à l’honneur lors de la 23e édition du festival arabe de Fameck (France) qui sera organisé du 10 au 22 octobre 2012. La programmation de cette édition couvrira «50 ans de création cinématographique en Algérie». Des noms qui «ont marqué l’histoire du cinéma algérien», mais également de jeunes réalisateurs ayant apporté un regard nouveau à la création cinématographique seront mis en avant durant ces festivités. Aux Etats-Unis, la société américaine de distribution de films Rialto Pictures a programmé, durant le mois de juillet dernier, la projection du film la Bataille d’Alger dans plusieurs villes américaines pour célébrer le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. Cette initiative a connu une grande affluence du public, d’autant plus que le film avait déjà été projeté par le Pentagone en septembre 2003. Le même film a été projeté le 28 juillet dernier à Washington au siège du «National Americain Gallery of Art. Les festivités commémorant le cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie se sont étendues aux Etats-Unis à une manifestation culturelle phare, à savoir le festival Celebrate Brooklyn 2012 à New-York, dont la direction avait programmé le 7 juillet dernier une soirée musicale animée par la chanteuse algérienne Souad Massi. Le film Hors-la-loi a également été projeté le 3 juin dernier à Berlin, à l’initiative de la fondation culturelle camerounaise Afric Avenir dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie et de la commémoration des évènements du 8 Mai 1945. En Afrique, la Bibliothèque d’Alexandrie en Egypte a célébré le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, à travers l’organisation de plusieurs activités culturelles sur l’histoire de l’Algérie. La Maison Sennary relevant de la bibliothèque d’Alexandrie avait organisé du 29 août au 4 septembre des conférences animées par des Algériens et des Egyptiens. Le film la Bataille d’Algera été projeté le 30 juin à Windhoek (Namibie), par la fondation Afric Avenir, toujours dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. En Jordanie, le même film avait été projeté mardi dernier à Amman par la fondation «Shoman». Dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, un nouveau livre intitulé Les révolutionnaires européens et l’indépendance de l’Algérie : 1954-1962a été publié en juin dernier aux éditions The Merlin Press par des écrivains britanniques sous la supervision du chercheur en histoire Ian Birchall. La fondation britannique British Film avait classé récemment le film la Bataille d’Alger parmi les 50 meilleurs films dans l’histoire du cinéma mondial. Intitulé Le cinéma national algérien, un nouveau livre du chercheur et académicien britannique Guy Austin de l’université New Castle devrait être publié le mois en cours par l’université de Manchester. L’ouvrage se veut «le premier publié en langue anglaise depuis les années 1970 et comprend une étude qui retrace le cinéma algérien durant les cinquante dernières années», selon une déclaration du chercheur britannique à l’APS.* lesoirdalgerie-09.09.2012.

**Comment va l’Algérie de Ben M’hidi et Abane?

Le constat est critique mais constructif. L’Algérie a, certes, connu des périodes plus dures par le passé, mais les moments qui viennent risquent de nous laisser en marge du siècle.

Jour pour jour, le 5 juillet 1962, l’Algérie a recouvré son indépendance. Qu’en est-il de l’Algérie de Larbi Ben M’hidi et Abane Ramdane, 50 ans après? Les objectifs du Congrès de la Soummam, acte fondateur de l’Etat algérien moderne, sont-ils atteints?
Le retour et le respect de la légitimité populaire et la volonté de construction d’un Etat et des institutions démocratiques à tous les niveaux qui furent le fondement même de la plate-forme de la Soummam sont-ils respectés? Ce sont autant de questions que nous avons évoquées avec des historiens, des défenseurs des droits de l’homme, des politiciens et des économistes.
Le constat est critique, mais constructif. L’Algérie a, certes, connu des périodes plus dures par le passé, mais les moments qui viennent risquent de nous laisser en marge du siècle. Pour Mohammed Méchati, l’un des membres du groupe historique des 22, a souligné, dans une déclaration à L’Expression, que l’Algérie d’aujourd’hui ne reflète pas les aspirations de ceux qui, les armes à la main, ont décidé un certain 1er Novembre de chasser la 5e puissance militaire au monde (la France) de leur pays. «La Révolution constitue en réalité l’héritage commun du peuple algérien, mais il a été confisqué par certaines personnes et servi à d’autres comme un fonds de commerce», a-t-il soutenu, avant de poursuivre, la mort dans l’âme, «l’héritage de notre Révolution a été récupéré par des politiciens aux ambitions démesurées, qui ont été sourds et aveugles aux revendications du peuple. Ils sont coupables des échecs enregistrés depuis l’Indépendance à ce jour». Selon lui, l’exemple de Ahmed Ben Bella, qui s’est retrouvé premier président de l’Algérie indépendante, renseigne amplement sur les déviations idéologiques commises à la veille de la libération de l’Algérie. Nourdine Benissad, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (Laddh), a fait savoir que «le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est un principe qui figure en tête de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Ce principe a été conçu à l’origine pour permettre aux peuples de se constituer en nation, d’acquérir leur indépendance et de choisir leur régime politique ainsi que leurs gouvernants». Ce principe, explique-t-il, a été utilisé par les Algériens comme instrument juridique sur le plan international et diplomatique pour revendiquer l’indépendance de leur pays alors sous domination coloniale. Cependant, regrette-t-il, «le droit du peuple à disposer de lui-même s’est transformé en droit de l’Etat à disposer de son peuple, puisque ce dernier a été écarté des centres de décision institutionnels car les choix» politiques, économiques et culturels lui sont imposés au nom de la légitimité historique». Pour lui, les rêves des Algériens d’accéder après l’indépendance à la citoyenneté confisquée par le système colonial, le pouvoir autoritaire a pris place et, à certains égards, certains responsables au lieu de se comporter en hommes d’Etat, ont agi comme des «colons de l’intérieur». Ainsi, le président de la Laddh a noté que depuis 50 ans les Algériens subissent toutes sortes «d’options» imposées par les différentes alternances claniques avec comme lame de fond, l’autoritarisme. Et de poursuivre, aujourd’hui le respect et la promotion des libertés collectives et individuelles telles que la liberté d’expression, de la presse, d’opinion, d’association, de réunion, de manifestation, la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice, la liberté de culte, les libertés syndicales, la liberté d’entreprendre, les droits des catégories les plus vulnérables ont été battus en brèche. «L’autoritarisme a créé le vide, a procédé à la dépolitisation de la société en voulant tout contrôler, l’action politique, la société civile, la presse, les mosquées et la vie politique s’est réduite à l’accès et au maintien au pouvoir par tous les moyens, la force ou la fraude électorale.» C’est d’ailleurs, dit-il, le propre de tous les pouvoirs post-indépendants qui ont échoué dans la construction de sociétés post-indépendantes démocratiques.
Dans le même sillage, Djoudi Mammeri, consultant économique, a, pour sa part, indiqué que le peuple est maintenu politiquement sous domination par des gouvernants formels et informels.
«Les gouvernements algériens sont passés ainsi maîtres dans l’art et les techniques de la manipulation, de l’intimidation, de l’infantilisation et surtout de la répression contre le peuple, qui ne sait plus à quel saint se vouer», a-t-il indiqué, avant de noter qu’au plan économique, la dépendance à la rente pétrolière pour financer l’importation des produits alimentaires et des médicaments a atteint un seuil alarmant et dramatique. «Les disparités sociales et les écarts de revenus sont scandaleux et révoltants», a-t-il encore appuyé. Alors qu’au plan culturel, révèle-t-il, les productions  et créations sont très réduites et inconsistantes.
«L’Etat ne se montre généreux que pour financer des oeuvres et les manifestations qui célèbrent la grandeur et la gloire du prince», a fulminé M.Mammeri. Et en conclusion, peste-t-il, le fossé qui sépare l’ Algérie des citadelles et des bunkers de celle des chaumières et des cités populaires ne cesse de s’élargir et de se creuser. «Face à une situation d’ impasse explosive, il ne suffirait que d’une étincelle pour provoquer un incendie ravageur. Une baisse des prix du baril peut accélérer le processus du déclenchement du feu», a-t-il fait savoir, tout en précisant qu’aujourd’hui les défis à relever si on veut sortir le pays du mal-développement pour le mettre sur la voie du développement durable et auto- entretenu sont ceux qui touchent l’enseignement, la formation et la recherche. Par Kamel LAKHDAR-CHAOUCHE – Jeudi 05 Juillet 2012 -L’Expression.

**  Notre existence en question

«Il n’ y a point de vent favorable pour celui qui ne sait où aller» Sénèque l’Ancien

Par Pr Chems Eddine CHITOUR

Cette citation de Sénèque l’Ancien va nous permettre d’articuler – modestement – un plaidoyer pour une Algérie de nos rêves, une Algérie fascinée par le futur, fière de son identité et de ses repères identitaires et religieux dans un monde de plus en plus anomique où tout se vend ou disparaît. Il en est de ressources et des peuples des Etats qui disparaissent au gré des humeurs et des intérêts des plus grands.. Dans des contributions précédentes, nous avons pointé du doigt l’horreur coloniale que rien ne peut justifier. Nous avons notamment décrit le mythe des races supérieures d’une certaine «destinée manifeste» et nous avons conclu que la colonisation ne pouvait pas être positive, que les crimes contre l’humanité ne pouvaient être prescrits. Nous avons ensuite décrit rapidement ce que l’Algérie traumatisée après l’indépendance a réalisé.
Les errements tragiques constatés expliquent d’une certaine façon cette panne dans l’action.(1-10)

Une Algérie fascinée par le futur, fière de son identité

Le Monde actuel et son évolution
Il nous faut d’abord décrire l’environnement international qui n’a jamais été aussi ensauvagé par un Occident sûr de lui et dominateur, notamment après la disparition de l’Union soviétique. L’Islam, le Satan de rechange, est partout montré du doigt. La géopolitique de la rapine sous les dehors des droits de l’homme est en fait, une nouvelle forme d’ingérence. Ce fut d’abord, le devoir d’ingérence, ensuite, le droit de l’ingérence. L’humanitaire et la démocratie aéroportée sont actuellement mis en action, notamment depuis l’annonce du GMO. La diminution inexorable des ressources de la planète, le GMO en action, l’apport considérable des réseaux sociaux avec la formation par l’empire de cyber-dissidents, a permis la chute des potentats arabes; ce fut la fable des printemps arabes.
Les changements d’alliance, le basculement du centre du monde vers l’Asie avec, notamment, l’émergence de la Chine et de l’Inde et les  tentatives de coup d’arrêt données par la Russie et la Chine à l’hégémonie de l’Occident, ne feront que ralentir la machine occidentale et l’idéologie néolibérale malgré les dégâts de cette mondialisation laminoir. Les offensives impitoyables, dont font et feront les frais les pays les plus vulnérables. Il en faut peu pour affaiblir un État. La tentation d’empire toujours présente, les reflexes des anciennes puissances du XIXe siècle expliquent cette nouvelle curée avec toujours les mêmes arguments: la protection des minorités, les droits de l’homme blanc… Le niveau de vie des peuples occidentaux, qui n’est pas discutable comme le martèle Bush, quitte à faire sauter la planète malgré les changements climatiques erratiques et quitte à éclairer, le cas échéant, au napalm de leur lumière les peuples vulnérables.

Où en sommes-nous?
Dans cet environnement de plus en plus crisique, il est utopique de croire que l’Algérie fait exception. Nous sommes un pays musulman, arabe, disposant d’un grand territoire- le plus grand d’Afrique après la partition du Soudan- disposant aussi de ressources énergétiques aux portes de l’Europe. En clair, nous remplissons les conditions pour une «sollicitude» de grands de ce monde. Si on y ajoute les tentatives de remettre en cause l’unité du pays, les conditions sont réunies pour une remise en cause de la nation.
On le voit, rien de pérenne ne peut se faire sans un désir d’être ensemble. C’est, le croyons-nous, la première chose à laquelle il faut s’atteler pour consolider la citoyenneté. Il nous faut réveiller en chaque Algérien cette algérianité du nord au sud, de l’est en ouest comme l’a si bien réussi la glorieuse révolution de Novembre. Un peuple ne peut pas vivre sans mythes fondateurs. L’Islam maghrébin devrait nous servir de repère au quotidien dans un monde qui a perdu ses repères, il nous permettra de lutter contre l’éclatement du tissu social, à commencer par la cellule familiale. L’écriture de l’histoire de l’Algérie doit être totale, généreuse et doit embrasser toutes les époques depuis trois mille ans. L’identité amazighe doit être reconnue non d’une façon honteuse et ghettoïsée mais voulue et revendiquée par tous les Algériens. L’apprentissage de la citoyenneté se fera par l’Ecole et par le Service national qui est véritablement le creuset de la Nation. Le vivre-ensemble, le creuset du Service national. Evitez la ghettoïsation par wilaya où chacun naît, étudie, travaille et meurt dans la même wilaya. C’est le cas des institutions universitaires, à titre d’exemple, pour contribuer au brassage, il sera nécessaire de spécialiser les universités par grandes disciplines.
La marche graduelle vers un fédéralisme permettra à l’image des landers allemands, que chaque grande région se développe et donne la dimension de son talent au sein de l’Etat-nation. La rédaction d’une Constituante permettrait alors d’inscrire dans le marbre la démocratie, les libertés et l’alternance.

Bref état des lieux
Une inquiétude de plus! On apprend qu’en 2011, l’Algérie a importé pour 46,45 milliards de dollars. Pour des exportations de 73 milliards de $. Les recettes hors hydrocarbures ont représenté 2,15 milliards de dollars, principalement des produits miniers, fer, phosphates, un peu d’or, un peu de dattes et de vins qui se chiffrent à quelques millions de dollars; en clair pas de produits manufacturés, pas de création de richesse, on se contente de ce que recèle notre sol et notre sous-sol. Ce chiffre, un nouveau record pour les importations du pays, est en hausse de 14,77% par rapport à 2010 (40, 47 milliards de dollars). Est-ce une performance ou doit-on s’en inquiéter?
L’explosion de la facture des importations du pays, qui était à 39 milliards en 2009, à 38 milliards de dollars en 2008, contre 27 milliards en 2007 et 18 milliards en 2004, montre que la croissance des importations atteint 300% sur la période 2004-2009.
A quel mérite nous devons cela, à notre farniente? A la bénédiction divine? A nos certitudes d’un autre âge? La facture alimentaire a frisé les 10 milliards de dollars. Comment expliquer que l’Algérie ne couvre que 20% de sa consommation par sa production agricole? L’Algérien est tiraillé entre ce que lui martèle «l’Unique» à longueur d’antenne sur les exploits de l’agriculture. Souvenons-nous que par deux fois, le président de la République a annulé la dette des agriculteurs (d’abord 14 milliards de DA puis 41 milliards de DA, pour arriver à quelle performance?
Par ailleurs, les exploits dans le domaine laitier que valent-ils? On parle d’une production totale de 2,92 milliards de litres de lait cru mais la collecte n’est qu’à 572 millions de litres, (moins de 20%). Le reste est écoulé dans les circuits informels. L’importation de lait et dérivés a également augmenté de 53,5% par rapport à 2010. Dans le même ordre, les importations de l’Algérie en produits pharmaceutiques ont atteint 1,95 milliard de dollars en 2011, 60 opérateurs sont présents sur le marché national! Aucun ne crée de la richesse! Là aussi, que devient la production en Algérie du médicament? Que devient l’industrie des équipements médicaux? qui fait que nous importons tout, même les tabourets, les lits… Où est le génie national? Décidément, les responsables de ces secteurs manquent d’imagination!
Dernière estocade, il ressort de la séance de présentation du rapport 2011 sur l’évolution économique et monétaire en Algérie, présenté  au siège de la Banque nationale d’Algérie, que tout va bien, mais cela repose sur du sable. Pour l’économie nationale mono-exportatrice, «désormais l’équilibre du budget de l’Etat dans un contexte de dépendance budgétaire totale aux recettes des hydrocarbures dont les cours sont très volatils, requiert des niveaux de prix des hydrocarbures autour de 110 à 115 dollars». En clair, nous allons avoir des finances indexées sur les cours du pétrole brut, ce qui stérilise toute velléité de développement.

Quels sont les défis à relever?
Il y a moins d’un an, les autorités nous disaient que tout allait bien, que l’Algérie n’était pas concernée par la crise, bref qu’elle pouvait donner des leçons aux Nations européennes engluées dans une crise multidimensionnelle. Depuis un mois nous nous tenons le ventre, la rente ne suffit pas un train de vie qui nous fait gaspiller 45 milliards de dollars en sous-traitant aux étrangers le fonctionnement du pays.
Dans cet environnement hostile et sans être exhaustif, nous allons décrire quelques principes qui doivent sous-tendre notre action. Nous avons une génération devant nous-si nous savons y faire – pour procéder sans attendre aux mutations nécessaires rendues nécessaires par la marche du monde.
Certes il y a des acquis incontestables, notamment dans le domaine social qui s’est indéniablement amélioré, mais cette amélioration est artificielle, elle ne crée pas de richesses.
C’est un tonneau des Danaïdes qui n’arrivera jamais à satisfaire une demande sociale en augmentation permanente et l’Algérien veut avoir un niveau à l’européenne, notamment en empruntant les signes extérieurs de la civilisation de l’éphémère (portables, chaussures de marque, jeans, Ray Ban, voire 4X4) sans aucune production de richesse endogène, Ce n’est pas cela le développement.!!!.
Le moins que l’on puisse dire est qu’il y a une débandade dans les importations. Faute de stratégie d’ensemble. Tout est importé. L’Algérie vend des matières premières et achète tout de l’étranger. Rien n’est fait pour favoriser la production nationale car l’Université, créatrice d’idées et incubateur de start-up, est absente du débat. Elle ne sert à rien dans les faits…  Par ailleurs, on achète n’importe quoi: «Près de 60% des produits importés pour la revente en l’état sont contrefaits», a affirmé M.Bouderbala, le DG de la Douane algérienne, le 14 juin 2011, ajoutant que «la contrefaçon touche même les médicaments. Il a également cité les produits cosmétiques, les pièces détachées, les appareils électroménagers, la robinetterie à gaz, les cigarettes, ainsi que d’autres produits. Presque la totalité des cosmétiques importés sont contrefaits et tous les appareils de téléphonie mobile qui ne sont pas agréés par l’Arpt sont aussi de faux produits».
L’Algérie a importé 390.140 véhicules en 2011 contre 285.337 véhicules en 2010, en hausse de 36,73 d’après l’APS. La facture des importations des véhicules a ainsi augmenté de 30,85%, par rapport à 2010 (près de 4,8 milliards de dollars).
Il y a une quarantaine de concessionnaires activant en Algérie. En 2007, la facture était de 1,2 milliard de dollars. En 2011, elle a atteint 4,4 milliards de dollars. De 150 000 véhicules importés en 2007, on est passé à 350000 véhicules en 2011.
Le constat est plus grave encore si l’on pense à la contrebande de carburant aux frontières libyenne, tunisienne et marocaine, sans parler des convois qui vont jusqu’au Mali et au Niger. Ajoutons que l’Algérie achète pour 300 millions de dollars de gasoil – dont une partie s’évapore par les frontières – au prix du marché près de 0, 6 $ le litre, soit 50 DA, elle le vend quatre fois moins cher parce que les députés en ont décidé ainsi au nom du soutien des «tabakate el kadiha»

Nécessité d’une feuille de route pour le futur
Il est nécessaire, le croyons-nous, que la feuille de route soit articulée autour du triptyque éducation, autonomie (alimentaire, hydrique, énergétique)? Le modèle de  développement agricole a atteint ses limites. Par deux fois les dettes des paysans ont été supprimées, ce n’est pas pour autant que l’on sent un frémissement annonciateur d’une future autonomie. Au contraire, la facture alimentaire est de plus en plus lourde: près de 8 milliards de dollars en 2011!

La refondation graduelle du système éducatif dans son ensemble.
L’échec ou la réussite d’un pays est indexé sur la performance du système éducatif. Il nous faut améliorer les méthodes d’éduction et les contenus en partant du principe que la finalité est de former un futur citoyen avec des savoirs utiles. Il devrait y avoir une continuité entre l’école, l’université, avec notamment la réhabilitation fondamentale des disciplines scientifiques.
Nous devons former les combattants d’un nouveau Djihad à la fois contre l’ignorance et pour l’obligation de donner une chance d’exister scientifiquement à l’Algérie dans un monde de Hobbes où c’est «la guerre de tous contre tous». L’Etat doit tout mettre en oeuvre pour former de bons enseignants, au minimum parfaits bilingues pour en finir avec les combats d’arrière-garde qui ont fait tant de mal au pays.
La formation professionnelle, qui devra jouer un rôle important dans le développement du pays, devrait s’astreindre à des formations dont le pays a cruellement besoin. Il est utopique et inutile pour le pays de former des milliers de médecins, d’ingénieurs s’ils sont pléthoriques, mal formés. Par contre, il y a un cruel besoin de maçons, de ferronniers, de plombiers, tout une panoplie de métiers qui avaient leurs lettres de noblesse. Comme l’écrit George Washington, président des Etats-Unis d’Amérique: «Aucune race ne peut prospérer si elle n’apprend qu’il y a autant de dignité à cultiver son champ qu’à composer un poème.»
S’agissant de l’enseignement supérieur, il est nécessaire là aussi que des états généraux définissant les métiers de l’avenir, les méthodes d’enseignement telles que le LMD seront réévaluées pour leur apport réel.
De plus, les formations technologiques, colonnes vertébrales de tout développement industriel, devront être réintroduites. Il sera alors nécessaire d’évaluer l’importance pour le pays de centres d’excellence dans le plein sens du terme sans les disciplines scientifiques économie, droit, médecine, technologies au sein de grandes écoles.
Une université créatrice de richesse, notamment par la création en son sein de start-up, doit pouvoir aussi avoir les moyens d’une vraie recherche avec notamment de grands axes structurants (la recherche agronomique, le développement durable, les énergies renouvelables, l’environnement). Qui empêche, sur les milliers de thèses soutenues, qu’il y ait des appels d’offres pour des sujets en prise directe avec les besoins du pays en termes de recherche appliquée?
Cependant, rien ne sera pérenne si le regard des gouvernants ne change pas vis-à-vis des enseignants, ces «gardiens du temple». Ils doivent au moins autant que les autres faire preuve de sollicitude de la part des hautes autorités, la méfiance vis-à-vis des élites doit cesser. Ce sont des Algériens sans qui rien de pérenne ne pourra être construit.

Pour une stratégie énergétique
La dépendance des hydrocabures depuis cinquante ans, exception faite de la période Boumedienne où il y eut réellement une tentative de développement à marche forcée qui nous a permis, après toute la «déboumediénisation», de garder l’outil de raffinage, ce qui reste de la Snvi et El Hadjar. Nous n’avons pas construit quelque chose de pérenne qui crée de la richesse. Au contraire, les dépenses de 2011 montrent à quel point nous sommes vulnérables. L’économie du container et du bazar a pris le dessus. Pratiquement, l’Algérien dépend de l’étranger pour se nourrir, se vêtir; être transporté, bavarder au portable à 1, 5 milliard de dollars et ceci tant que les barils de la rente produits d’une façon frénétique couvrent notre gabegie.
Dépendant des hydrocarbures, il nous faut en priorité savoir où nous allons. Il est utopique de croire que nous pourrons continuer à pomper d’une façon frénétique une ressource au prix que nous voulons. Le retournement durable du marché du fait que les Etats-Unis deviennent       graduellement autosuffisants avant eux-mêmes d’exporter du fait qu’ils maîtrisent les nouvelles techniques de forages, fera que ce sera de plus en plus difficile pour l’Opep de maintenir les prix.
Ce sera le sauve-qui-peut qui vient de commencer avec une chute des prix du baril de 30 dollars en moins de trois mois. Doit-on continuer d’indexer l’avenir du pays sur le prix d’un baril de pétrole? Pourquoi ne pas mettre en place un modèle énergétique, une sorte de feuille de route qui trace le cap pour la stratégie énergétique épargnant les énergies fossiles, développant à marche forcée les énergies renouvelables et mettant en place une politique d’économie de l’énergie (gain d’au moins 25%) pédagogiquement expliqué au peuple car c’est lui, convaincu, qui fera ses économies. Si on explique aux Algériens la tragédie de la situation énergétique en le convainquant dans le cadre d’états généraux où chacun a son mot à dire, je suis convaincu que nous pourrions aller vers le développement durable avec la mobilisation de chacun, de l’écolier à l’imam, au ministre qui, par leurs comportements vis-à-vis de l’énergie, seraient irréprochables.
De même, un chantier important est celui de la formation des hommes, il consistera à revoir de fond en comble le système éducatif responsable de la débâcle actuelle. S’il y avait seulement un programme d’économie d’énergie, nous gagnerions 20% de la consommation d’énergie globale. «La meilleure énergie c’est celle que l’on ne consomme pas.» C’est l’équivalent de 6 millions de tonnes de produits énergétiques, soit 450 millions de barils, soit l’équivalent de 5 milliards de dollars.
Tout le monde est concerné par la stratégie énergétique. À titre d’exemple, nous importons des voitures qui émettent en moyenne 150 grammes de CO2 par kilomètre. En Europe, la norme 2011 est de 120g de CO2/km, elles sont de ce fait invendables, interdites. C’est 20% de consommation d’essence en plus. C’est donc plus d’un million de tonnes d’essence que nous allons à terme gaspiller; paradoxalement, nous avons beaucoup de GPL.
Pourquoi ne pas imposer la double carburation GPL/essence aux vendeurs? Par ailleurs, du fait d’une politique des prix erratiques, le gasoil a un prix du même ordre que le sirghaz (13 et 9 DA). Résultat des courses, tout le monde se met au gasoil. L’Algérie a importé 500.000 tonnes de gasoil en plus en 2009 pour 250 millions de dollars. Ce gasoil est bradé à un prix trois fois moins cher que son prix d’achat.  S’il y avait une stratégie, elle concernerait aussi la vérité des prix. Avec un prix du kwh à moins de 5 DA et des équipements électroménagers, notamment les climatiseurs, sans aucune limite de consommation, tout le monde peut acheter n’importe quoi. L’Aprue (Agence pour la rationalisation de l’énergie), avec un budget publicité dérisoire, tente d’informer sur la nécessité d’acheter des équipements sobres en énergie (classe A ou B). Nous n’avons pas de stratégie en la matière. La stratégie énergétique ne doit pas être de la responsabilité d’un seul ministère, elle est supra-ministérielle.
Pourquoi ne pas adosser le programme de développent du renouvelable à deux ou trois champions: la Chine, l’Allemagne, les Etats-Unis et indexer les ventes d’énergie à un réel transfert de savoir? A titre d’exemple, la formation d’ingénieurs, de techniciens supérieurs, de techniciens, voire d’ouvriers spécialisés par le système dans son ensemble verront leur pleine participation pour la création de richesse. Il est tout à fait possible de construire des centaines de milliers, à titre d’exemple, de chauffe-eau donnant ainsi du grain à moudre à des milliers de jeunes qui créeront leur start-up. Ces exemples sont à multiplier si le pays décide d’intégrer dans un plan global ce qu’il achète du fait du tarissement inéluctable des ressources énergétiques. C’est cela la nouvelle vision de l’emploi.

Comment relancer la machine de la production nationale?
Le Fonds monétaire international nous a prévenu: l’Algérie a un budget «vulnérable» à une éventuelle baisse des prix du pétrole, qui aurait des conséquences profondes sur l’économie du pays. Même son de cloche de la part de la Banque mondiale: «C’est de plus un panier percé» puisque les soutiens de prix ne profitent pas qu’aux Algériens. Pour le patron des patrons, Réda Hamiani, les subventions accordées profitent non seulement aux riches et aux pauvres, sans distinction, mais aussi aux populations limitrophes des pays voisins comme la Tunisie, la Libye, le Niger et le Mali.
Pour le Pr Abdelmadjid Bouzidi, il est possible de «produire algérien» par un taux d’intégration graduel comme on le faisait dans les années 1970. «On prend les produits qui plombent la facture de l’importation comme les médicaments, les matériaux de construction, l’agroalimentaire, les camions et autres engins, et on crée un couloir vert aux investisseurs nationaux et étrangers pour investir afin de les produire en Algérie. En leur disant, dans cinq ans, on veut produire ces produits ici, en Algérie», propose-t-il. «L’Algérie pourrait se suffire avec un programme d’importation global de 20 à 25 milliards de dollars. Bien sûr, sans les importations de biens destinés au plan de relance», ajoute-t-il. «En 1980-1985, le programme global d’importation était de 12 milliards de dollars», précise-t-il. Le Pr Bouzidi déplore que l’Algérie ne produise rien et qu’en 1985, il fallait 2 milliards de dollars d’importations d’inputs pour faire fonctionner l’industrie algérienne. «Le processus d’industrialisation du pays lancé par Belaïd Abdeslam durant les années 1970 a été cassé en 1980. Si nous étions restés sur ce projet, nous serions devenus des exportateurs aujourd’hui», soutient-il.
Il poursuit en déclarant: «Un Etat dont l’économie est intégrée, tout le monde contribue au bon fonctionnement de cette économie. A titre d’exemple, pour l’industrie du tourisme, on a besoin du concours de pas mal de corps de métiers pour pouvoir fournir un service digne pour les visiteurs. Ainsi, des compagnies aériennes, des hôtels, des restaurants, des artisans, etc. Et tout le monde participe à la captation des flux financiers venus des touristes.(11)
Dans une société où tout est basé sur l’extraction des richesses du sous-sol, la population est réduite juste à un tube digestif. Les gouvernants jouent la montre pour faire perdurer la situation, il n’est pas nécessaire de penser, tout juste dépenser. Pour le reste, il suffit de faire signe aux entreprises pétrolières internationales pour forer, extraire et vendre. Il est à noter que dans les programmes des partis politiques, il n’est nulle part fait appel à l’intelligence pour proposer un destin à ce pays. En Algérie on n’est pas incité à penser mais à dépenser et, depuis quelque temps, à gaspiller, penser mais à dépenser les miettes d’une rente qui tarira quand ils ne seront plus là. L’Algérien n’apporte rien, il est installé dans les temps morts, «tidjara chtara» «le commerce est une question de débrouillardise» devenant la proie de tous les marchands. Non! l’Algérie mérite un meilleur destin.

La Jeunesse, seule énergie pérenne
Et cette jeunesse en qui survit la vérité? Que fait- on pour elle? Représentant 75% de la population, elle est traversée par des dynamiques souterraines impossibles à évaluer du fait de l’inexistence de travaux sur la question. Que pense un jeune Algérien de 2012 de la Révolution des martyrs qui font que l’on soit indépendant? Que pensent les jeunes de la famille révolutionnaire? Pourquoi pensent-ils que l’Ecole n’est plus un ascenseur social, qu’elle ne sert à rien car même avec un diplôme on est chômeur, qu’il vaut mieux investir dans l’informel, dans le foot, saisir la première occasion pour se sauver, soit avec un diplôme- les harraga de luxe- soit sur une barque, soit enfin se tourner vers l’au-delà du fait que la vie ici-bas ne vaut pas d’être vécue. C’est une tragédie! Il est dangereux de caresser les jeunes dans le sens du poil en leur promettant la lune en les endormant avec une sous-culture des feuilletons, et des saharate de l’été ou encore en les berçant d’illusions le temps d’un match où ils oublient leur détresse. Ne peut-on pas faire comme l’avait fait Roosevelt au plus fort de la dépression, créer l’armée du développement national qui était chargé des grands travaux?
Mutatis mutandis. C’est un immense espoir qu’avait initié Boumediene avec le barrage vert, la nationalisation des pétroles, la transsaharienne et la construction des mille villages agricoles; seuls des travaux de cette envergure permettront de développer le pays, le Sud qui attend. Tout sera permis. On ne confiera plus aux Chinois la construction de logements, aux Japonais la construction de routes. On fera travailler les Algériens et on va sédimenter un savoir-faire en échangeant chaque calorie exportée au transfert d’un savoir-faire.

Conclusion
Que reste-t-il de ce feu sacré qui animait l’Algérie au sortir de l’Indépendance? Peut-être qu’il faille une révolution de l’intelligence. Il nous faut chaque fois réinventer le sens de l’indépendance nationale. Le nouveau langage n’est plus celui des armes mais celui de la technologie du Web2.0, des nanotechnologies, du génome, de la lutte contre le réchauffement climatique et des nouvelles sources d’énergie du futur. Il faut tourner le dos à la rente, qui a fait de nous des paresseux et qui, à tort ou à raison, cristallise les rancoeurs de tous ces jeunes sans qui il n’y aurait pas d’Algérie.
Nous avons tous vu la puissance du mouvement des jeunes capables du pire comme du meilleur comme lors du match Egypte-Algérie. A ces signes, on peut espérer qu’il n’est pas trop tard  L´Algérie a besoin de tous ses fils et filles sans exclusive. Voulons-nous d´un tsunami qui emportera tout et qui fera de l´Algérie une zone grise? Seul un ciment puissant permettra à l’Algérie de ne pas voler en éclats.  Prendre le pari de réussir en mobilisant tout le monde sans exclusive, en préparant une transition sans douleur, en donnant la parole aux sans-voix, en prenant le parti d’être impopulaire pour prendre des décisions qui garantissent l’avenir. Il faut en définitive faire émerger de nouvelles légitimités basées sur le savoir, bien dans leurs identités, pétries de leur histoire et fascinées par le futur. C’est un fait, nous avons des difficultés à être nous-mêmes et à réveiller la flamme du patriotisme que chacun, à des degrés divers, rêve de voir réanimer pour montrer que tout n’est pas perdu, qu’il est possible encore de tracer un destin pour ce pays qui doit retrouver le chemin de la sérénité. Il doit libérer les énergies en réhabilitant les valeurs du travail, de l’effort et du mérite.
Une Algérie forte n’aura pas à quémander une repentance. Il faut prendre notre parti: regarder dans le rétroviseur ne donne pas de visibilité pour avancer. Sans rien oublier, il faut, sans se faire d’illusion, dialoguer en tant que partenaire, l’intervention de de Villepin dans le monde, nous fait plaisir mais «en politique comme en toute chose, il n’y a pas d’amis ou d’ennemis, il n’y a, disait Churchill, que des intérêts permanents». (L’Expression-05.07.2012.)

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Ouverts de nuit : 14 musées célèbrent le 5 Juillet

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La nuit de 4 au 5 juillet 2013 a été marquée cette année par une série d’évènements culturels organisés pour commémorer le 51e anniversaire de l’indépendance, tenus simultanément dans plusieurs wilayas.  Cette célébration, intitulée « La nuit des musées », a mis à contribution 14 musées nationaux situés dans les villes les plus peuplées. Ils ont ouvert exceptionnellement leurs portes au public jusqu’à une heure avancée de la nuit. Dans ce cadre, le musée Bardo a présenté l’exposition « La résistance populaire au XIXe siècle ». Elle met en valeur plusieurs collections d’objets et d’armes utilisés au cours des nombreuses révoltes contre l’invasion du pays au XIXe siècle. Les visiteurs ont pu découvrir, entre autres, des selles, des fusils, des cartouchières et des sabres et des épées ayant appartenu aux combattants qui ont suivi les révoltes de l’Emir Abdelkader, de Fatma n’Soumer ou encore de cheikh
Mohamed El Mokrani. Toujours dans le registre de la commémoration, le Musée de beaux-arts a, pour sa part, organisé le vernissage de l’exposition «

L’artiste algérien et la guerre de Libération ». S’inscrivant dans le cadre de la clôture des célébrations du cinquantenaire de l’indépendance, l’exposition regroupe les œuvres de plus de quarante artistes, qui ont, chacun à sa manière, exprimé leur ressentiment et leur vision de la guerre de Libération nationale. Riche et variée, cette exposition réunit, en plus des peintures à l’huile, des aquarelles et des gouaches. Mais également des sculptures, des tapisseries ou encore des timbres et des archives. Toutes ces pièces ont un point commun : mettre en lumière les étapes décisives de la Guerre d’Algérie.

La nuit du 1er Novembre est, par exemple, illustrée par les œuvres de Souhila Belbahar Premier cri, premières rafales, ou de Lazhar Hakkar, Nuit 54. Autre thème largement abordé par les artistes, les victimes de la guerre, que ce soit des bombardements, de la privation ou de la torture. Ces sujets ont alimenté l’imaginaire d’artiste comme Zohra Hachid Sallal qui évoque la sordide Villa Susini. Ou encore Denis Martinez avec une gravure sur les conséquences des bombardements au napalm sur les populations. Très appréciée du public, l’exposition comportait également deux œuvres emblématiques de la souveraineté nationale que sont Le Sceau de la République algérienne démocratique et populaire conçu en 1963 par l’artiste Mohamed Bouzid et la Maquette du projet de structure monumentale de l’emblème national réalisée par Mohamed Louaïl. Il est à noter que les œuvres qui composent l’exposition « L’artiste algérien et la guerre de Libération » ne sont qu’en partie constituées de pièces de musée, une bonne partie étant prêtée par des artistes. Les organisateurs de l’événement invitent le plus grand nombre à en profiter, d’autant que l’exposition est prévue jusqu’au 7 septembre 2013.*reporters.dz-juillet 2013.

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**Kadem Saher à Oran: « Zidini ichqan » …(charme-moi encore)

*voir vidéo: kadem saher le fête au oran juillet 2012

Avec le chanteur irakien Kadem Saher, en concert lundi soir à Oran, le public du Théâtre de verdure Hasni Chekroun a eu droit à d’agréables moments gratifiés par ce digne représentant de la chanson arabe.
Hôte de la capitale de l’Ouest dans le cadre des festivités du cinquantième anniversaire de l’indépendance nationale, Kadem Saher s’est montré égal à lui-même tout au long de cette soirée qui l’a vu déclamer une sélection de ses plus beaux titres devant une foule d’admirateurs et d’admiratrices.
Le « Kaiser de la chanson arabe », comme le surnomment ses fans de par le monde, n’a rien perdu de son élégance, de sa verve scénique, de sa virtuosité vocale et de la beauté de son style lyrique et romantique.
Et c’est tout volontiers que le public s’est laissé porter par le rythme de ses ‘uvres les plus mélodieuses, telles les mémorables « Khayartouki » (je t’ai choisie), « Zidini ichqan » (charme-moi encore), « Aalamani houbouki » (t’aimer m’a appris), « Akrahouha » (je la déteste) et « Madrassat el-houb » (l’école de l’Amour).
Kadem Saher et son orchestre ont en outre littéralement enflammé l’auditoire en rendant hommage à la grande figure de la poésie arabe, feu Nizar Kabbani (1923-1998) dont les textes constituent le noyau de son canevas intégralement dédié à la femme, à l’instar de « Ach’hadou ».
Le clou de la soirée a été sans conteste le moment où l’artiste irakien s’est drapé de l’emblème national algérien en entonnant « îd Biladi » de la regrettée Warda El-Djzaïria, admirablement combinée avec sa chanson « Aachat baladi el jamila », suscitant par là même de stridents youyous et des salves d’applaudissements en stand-ovation.
Les spectateurs garderont assurément de ce concert l’image d’un artiste fortement attaché à la culture arabe et qui a fait sienne la joie du peuple algérien à l’occasion de la célébration du 50ème anniversaire de son indépendance.
« Il y a tellement de similitudes culturelles entre l’Algérie et l’Irak, et je n’aurai de cesse de chanter la Paix et l’espoir d’un avenir meilleur pour la jeunesse arabe et les générations futures », avait-il confié à la presse peu avant sa montée sur scène.
Des artistes en provenance de 19 pays participent à ces festivités organisées par l’Assemblée populaire communale (APC) d’Oran depuis le 30 juin et jusqu’au 8 juillet prochain.
Après les concerts animés par Cheb Mami, la libanaise Najwa Karam et l’irakien Kadem Saher, le public du Théâtre de verdure a rendez-vous, mardi soir, avec le chantre du raï moderne Cheb Bilal qui sera précédé par une prestation sur scène du ballet de danse moderne « Les Orientales ». (03.07.2012.)

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**Un colloque sur l’avenir des relations algéro-françaises au Sénat français

Comprendre le passé pour mieux construire l’avenir», tel est l’intitulé d’un colloque prévu le 30 juin 2012 au siège du Sénat français…

Ce colloque, organisé à l’occasion de la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie et mis sous le haut patronage de Jean-Pierre Bel, président du Sénat français, est le fruit d’un partenariat entre le quotidien national El Watan, le quotidien français Le Monde, les chaînes de télévision Public Sénat et TV5 Monde. Le thème principal se déclinera en quatre sous-thèmes que développeront chercheurs, historiens, sociologues, politologues, journalistes et hommes politiques. La première table ronde sera dédiée à évoquer la période de colonisation. Intitulé «1830-1945 : l’Algérie entre colonisation et assimilation», ce sous-thème sera modéré par Slimane Zeghidour, écrivain et journaliste à TV5 Monde…cliquer ici: Relations algéro-françaises

**Présentation du colloque: Sénat français

**La fièvre du cinquantenaire gagne la toile

Le 19 Mars, une journée mémorable pour les Algériens

L’histoire est la mémoire du monde. Un peuple qui n’a pas d’histoire n’a pas d’avenir. Les Algériens, eux, sont fiers de leur histoire. Il existe même un amour passionnel pour elle. Malheureusement, quand l’amour prend le dessus, l’objectivité en prend un sacré coup. L’interpré-tation de l’histoire du pays du un million et demi de martyrs s’avère souvent erronée et diffère d’une personne à l’autre. Les jeunes générations se retrouvent donc devant un dilemme: quelle version croire? En cette année 2012, qui coïncide avec le cinquantième anniversaire de l’Indépendance, l’Histoire passionne de plus en plus les jeunes et ils se retrouvent donc encore face à ce dilemme. Alors, ils ont trouvé une alternative qui n’est autre que la Toile. En effet, les Algériens, particulièrement les jeunes, ont investi le Net pour rendre hommage à leurs martyrs mais surtout pour connaître et comprendre l’histoire de leur très cher pays l’Algérie. «Grace au Net, j’arrive enfin à m’intéresser et à comprendre l’histoire de mon pays», nous confie Imad, un jeune étudiant. «Je ne vous cache pas que l’histoire telle qu’on nous l’a enseignée à l’école, m’a toujours ennuyé mais Facebook me la montre autrement…», ajoute-t-il avec un clin d’oeil avant de nous raconter le concours de circonstances qui l’a mené à être un passionné de la Guerre d’Algérie. «Un jour, un ami publie sur son mur Facebook une vidéo qui parle de la Guerre d’Algérie, moi inculte et adepte de la critique, je laisse un commentaire critique», relate-t-il. «Un ami à lui, qui est très branché en histoire, me répond avec des arguments très convaincants. Et en voyant la vidéo après les avoirs lus, je me suis rendu compte que ce qu’il disait était vrai, mais surtout que notre histoire était très intéressante», poursuit-il. «C’est ainsi qu’est née ma passion pour l’Histoire de l’Algérie. Et je peux vous dire que je suis en train de l’exprimer librement grâce à un petit clic», assure-t-il. Le témoignage d’Imad n’est pas un cas isolé. Un petit tour sur les réseaux sociaux que sont Twitter et Facebook et on est agréablement surpris par la place consacrée à l’histoire. Groupe, blogs, forums, vidéos… rendant hommage aux chouhada et aux moudjahidine sont créés pratiquement chaque jour. Des photos exclusives, des vidéos postées sur YouTube… sont vues par des jeunes de divers niveaux intellectuels et milieux sociaux dans le seul souci, qui est celui d’apprendre l’histoire de leur pays.

L’Histoire aux jeunes
Le Net est donc en train d’avoir un nouveau rôle qui est de rapprocher et réconcilier les jeunes avec leur histoire. Néanmoins, la question que l’on se pose est: par quelle magie réussit-il là où les enseignants ont échoué à savoir inculquer aux jeunes générations l’amour de l’histoire? Pour Mehdi, jeune médecin, la réponse est toute simple. «L’Internet fait désormais partie de notre réalité quotidienne contrairement aux livres, et avoir accès à l’Histoire sur nos écrans d’ordinateurs la rapproche de notre réalité», atteste-t-il. «Il ne faut pas se voiler la face, l’Algérien est fâché avec les livres qui étaient jusque-là le seul moyen de connaître l’Histoire. Mais depuis qu’elle s’est invitée sur la Toile, les jeunes se sont mis à s’y intéresser», argumente t-il. Son ami Sofiane, qui partage tout à fait son avis, l’interrompt pour nous parler de son expérience personnelle.  «Yves Courrière, le grand journaliste et écrivain français qui a écrit des chefs-d’oeuvre sur la Guerre d’Algérie, eh bien, ce n’est que grâce à Internet que j’ai pu le découvrir», raconte-t-il. «Vous imaginez! Je découvre Yves Courrière à 30 ans, vu qu’on ne nous l’a jamais enseigné et encore moins donné comme référence littéraire… Slamète Facebook (à la bonne grâce de Facebook) que j’ai eu vent de ces chefs-d’oeuvre littéraires», rétorque t-il avant de poursuivre son anecdote. «Sur Facebook un ami a publié des sonores où sont compilés les livres de Y. Courrière. 14h de pur bonheur où l’on comprend mieux notre grande révolution. Ça change de la langue de bois que l’on nous enseigne à l’école», souligne-t-il. «Grace à ces sonores, j’ai apprécié encore plus la grandeur de notre révolution et celle de nos martyrs. Je me suis donc empressé d’aller acheter les 4 tomes de «La guerre d’Algérie» de Yves Courrière. Je peux vous assurer que cela a fait naître en moi l’amour de la lecture et celle de la patrie», témoigne-t-il.

Table de débat
Pour Sihem par contre, jeune maman au foyer qui est très au fait de tout ce qui se dit dans les réseaux sociaux, le secret de «la colonisation» du Net par l’Histoire est incontestablement la liberté d’expression. «Je vous parle en connaissance de cause je fais partie de ces personnes qui contribuent à faire pénétrer l’Histoire sur la Toile et je peux vous dire que c’est parce que les gens arrivent à s’exprimer librement qu’ils apprécient ces moments d’histoire», garantit-elle. «Les débats de fond qui ont lieu entre des personnes qui ne se connaissent pas en sont la meilleure preuve», estime t-elle. «Je vous donne un exemple juste après la diffusion sur France 2 du documentaire La Guerre d’Algérie, la déchirure, les dz-bloggeurs se sont empressés de «refaire» le débat qui a eu lieu sur la même chaîne française et de commenter le reportage. Chacun allait de son idée et les discussions ont continué toute la nuit, même des jours après», explique-t-elle non sans nous raconter une anecdote concernant ce reportage de France 2. «Vous savez, Internet n’est pas la seule technologie qui contribue à faire connaître l’Histoire, les téléphones portables jouent aussi leur rôle. Le soir de la diffusion du reportage, j’ai reçu beaucoup de textos me demandant de zapper sur France 2. Et je n’étais pas la seule. Beaucoup d’amis m’ont raconté avoir vécu la même expérience», précise t-elle. Pour revenir au reportage de France 2 et, en dehors de son contenu, Sihem dit avoir été ébahie par la puissance des progrès technologiques. «Vous avez vu les belles images en couleur du reportage, eh bien croyez-le ou non, c’était des images noir et blanc qui ont été colorisées grace à une nouvelle technique qui s’appelle la coloration d’images», signale t-elle pour démontrer l’impact du progrès sur l’Histoire. Smaïl, chômeur, parle pour sa part d’accessibilité. «Internet permet de faire pénétrer directement l’Histoire à l’intérieur de nos foyers. Ce qui permet une accessibilité à tous», affirme-t-il.
«Mais pas seulement, cela permet aussi aux gens d’avoir accès à une grande documentation grâce à un petit clic. Cela sans oublier que grâce au Net on peut parler à des historiens ou avoir accès à leurs sites web ou blog et ainsi avoir leurs avis et version des faits. Ce qui est impossible sans Internet», estime-t-il. «Sur le Net les gens peuvent aussi contribuer et donner leur version en toute liberté. C’est donc une façon pour eux de récupérer leur histoire et leur identité», croit-il savoir.

Défendre l’identité
Liberté d’expression, zone de débats libres, accessibilité aux informations…, et moyen de contribution sont donc les raisons qui ont fait que l’Histoire est en train de se frayer un chemin dans le quotidien des internautes algériens. Toutefois, les blogueurs algériens ne se contentent pas d’apprendre leur histoire sur le Net mais ils la défendent. «Touche pas à l’histoire de mon bled», lancent certains d’entre eux. Juste après le reportage de France 2 La Guerre d’Algérie, la déchirure, les internautes algériens ont riposté à ce qu’ils ont appelé «une campagne de désinformation menée par une partie étrangère». Des groupes sur Facebook ont été créés juste après le reportage pour remercier Benjamin Stora d’avoir défendu l’Algérie lors du débat qui a suivi la diffusion du reportage. D’autres groupes ont par contre, été en colère contre David Pujadas, le «modérateur» du débat, et ses invités, qui ont voulu détourner l’histoire de l’Algérie. Et ce n’est pas les seules ripostes des dz-blogeurs pour défendre leur histoire et la mémoire de leurs martyrs. C’est donc d’une manière hautement symbolique qu’ils sont en train de marquer leur présence sur la Toile pour protéger leur patrie tout en revendiquant leur algérianité et leur amour pour le pays et leurs martyrs. «Un peuple qui n’enseigne pas son Histoire est un peuple qui perd son identité», cette phrase lourde de sens sort de la bouche du défunt président français François Mitterrand.
Mais heureusement que cette phrase n’est pas applicable au peuple algérien à la veille du cinquantenaire de son Indépendance. Bien au contraire, les Algériens sont en train d’utiliser les TIC à bon escient  pour se souvenir de ceux qui se sont sacrifiés pour que l’on vive libre. L’histoire de l’Algérie est en marche sur le Net…(L’Expression-20.03.2012.)

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"Algérie, 1954-2012. Histoire et espérances" ( Le Monde diplomatique de Février-mars 2012)

  « Algérie, 1954-2012. Histoire et espérances »

   ( Le Monde diplomatique de Février-mars 2012)

A l’occasion du Cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, le Monde diplomatique consacre un numéro spécial à l’Algérie dans lequel d’importantes contributions d’historiens algériens et français dépassent largement l’aspect mémoriel de cet événement…

Cinquante ans après une indépendance particulièrement traumatisante, la bourrasque de la révolution balaie à nouveau tous les clichés. Paradoxalement, l’Algérie, à l’avant-garde dans les années 1960, semble préservée de ces espérances. Illusion d’optique ! Numéro coordonné par Alain Gresh

I- Rêves, espoirs et mirages

A la fin d’une lutte qui aura duré plus de sept ans, de 1954 à 1962, l’Algérie dévastée, meurtrie, affaiblie par le départ de centaines de milliers de pieds-noirs, accède à l’indépendance, fière de sa victoire et animée d’une flamme révolutionnaire. Elle veut bâtir un ordre socialiste nouveau, liquider le sous-développement, mettre en œuvre une réforme agraire, construire un enseignement de masse. Dans les années 1960 et 1970, Alger devient la capitale du tiers-monde et abrite les mouvements de libération qui luttent, souvent les armes à la main, de l’Afrique australe à la Palestine.
La récupération par l’Algérie de ses ressources pétrolières constitue un premier pas dans le combat pour un ordre international nouveau, dont le fer de lance est le mouvement des non-alignés qui cherche, après l’indépendance politique, à arracher l’indépendance économique. C’est le temps des mobilisations, mais aussi celui des illusions. Car, sur le terrain, les projets se heurtent à des difficultés inattendues et, surtout, à l’ordre politique instauré par le Front de libération nationale, qui étouffe la société et freine un développement économique équilibré.

Les articles:

Un printemps qui se fait attendre
Jean-Pierre Séréni

Vocation socialiste et autogestion ouvrière
Robert Gauthier

En 1971, la reconquête du pétrole
Sid-Ahmed Ghozali

Alger, capitale des révolutionnaires en exil
Claude Deffarge et Gordian Troeller

Shéhérazade, une femme à part
François Bouchardeau

Le cinéma, miroir de la société
Mouloud Mimoun

Enfin, le tiers-monde…
Mohammed Bedjaoui

A marche forcée, l’industrialisation
Marc Raffinot

II. Douloureux réveil

Les émeutes d’octobre 1988 voient s’effondrer les dernières illusions qu’avait soulevées l’indépendance et dévoilent les carences du système autoritaire mis en place depuis. Le régime consent alors à s’ouvrir : acceptation du multipartisme et naissance d’une presse indépendante.
Malgré cela, le Front de libération nationale (FLN) doit faire face à la montée des islamistes regroupés dans le Front islamique de salut (FIS). Sclérosé et corrompu, il est incapable de répondre à cette mobilisation, qui se concrétise par une victoire du FIS au premier tour des élections législatives en décembre 1991. L’armée décide alors de mettre fin au processus électoral et engage le pays dans une guerre civile qui va durer près de dix ans et fera des dizaines de milliers de morts.
Exsangue, mais disposant de la manne pétrolière, l’Algérie se remet difficilement de la « décennie noire ». Le système reste bloqué, mais arrive à faire face à la montée des contestations sociales, de plus en plus vives depuis le début des révoltes arabes. Jusqu’à quand ?

 Les articles

Révolte d’une jeunesse sacrifiée
Ignacio Ramonet

Poussée islamiste
Lahouari Addi

Folies exterminatrices
Thierry Parisot

L’embellie créative
Isabelle Avran

Au pays des cousins
Thierry Michalon

Divisé, le Maghreb se marginalise
Francis Ghilès

Analyse de la contestation islamiste
Eric Rouleau

Arabisation et démagogie
Gilbert Grandguillaume

Une capitale se défait
Allan Popelard et Paul Vannier

Jours tranquilles à Tlemcen la dévote
J.-P. S.

III. Le poids de la mémoire

Pendant longtemps, les « événements d’Algérie » ont été enfouis dans la mémoire française, les autorités voulant « tourner la page »  et oublier une histoire sinistre qui remontait aux origines d’une colonisation dont le bilan est loin d’être « positi ». La terrible répression de Sétif, en mai 1945, au moment même où l’Europe célébrait la victoire contre le nazisme, soulignait la faillite d’un système qui avait fait de l’Autre un moins qu’humain.
Bien que connu de l’opinion au moins depuis le milieu des années 1950, l’usage de la torture par l’armée française restera longtemps un sujet tabou, et les manuels scolaires seront étrangement silencieux sur la question. La difficulté de la France à parler de cette « guerre sans nom » et celle du pouvoir algérien, enfermé dans une « histoire officielle » qui sert avant tout à légitimer un régime sans légitimité, empoisonnent les relations entre les deux pays. Pourtant, les avancées des études historiques créent les bases pour relancer des relations bilatérales fondées sur l’égalité.

Les articles

La colonisation telle qu’on l’enseigne
Maurice T.Maschino

La guerre a commencé à Sétif
Mohammed Harbi

Pourchassés par le malheur
Marina Da Silva

La torture en miroir
Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire

17 octobre 1961, la fin de l’oubli
Claude Liauzu

Pour le droit à l’insoumission, « Manifeste des 121″ 
Jean-Paul Sartre et la guerre d’Algérie

Une amnésie morbide par Anne Mathieu

Ghania Mouffok
Des footballeurs entre Paris et Alger

 (source: Forum Free Algérie | 11/02/2012)

**Zohra Drif Bitat : «La colonisation revient sous de nouvelles formes»

«Il ne faut pas se tromper de combat. Nos ennemis sont clairs. Nous devons être vigilants.»

La leçon d'histoire

La grande moudjahida et avocate Zohra Drif Bitat était l’invitée hier, du rendez-vous hebdomadaire de la parole où sa présence a drainé un nombre impressionnant de personnes, entre la ministre de la Culture, des éditeurs nationaux de livres algériens, des membres d’associations de jeunesse et autres étudiants en communication. Madame Bitat est revenue sur sa déclaration liminaire au débat organisé à Marseille par l’hebdo Marianne le premier avril (diffusé sur écran) sur le thème «Guerre d’Algérie, 50 ans après» et sa position tranchée vis-à-vis des accusations de Bernard-Henry Lévy sur le plateau sans oublier son article paru dans Le Point où il a «exulté sa haine» selon elle et «injurié le peuple algérien en s’appropriant et colonisant un débat, le manipuler et le soumettre à ses propres obsessions en n’hésitant pas à en faire un compte-rendu mensonger». Elle dénoncera aussi cette stratégie de «symétrie» à vouloir mettre sur le même pied d’égalité, oppresseur et oppressé, colonisateur et colonisé, victime et bourreau, autrement «le droit du peuple algérien à se battre avec tous les moyens et la violence inouïe du colonisateur». Et d’ajouter: «Ce papier exprime finalement le dépit et le désespoir au fond de quelqu’un qui n’arrive pas à accepter et survivre à la lutte de l’Algérie et au fond, de la voir indépendante 50 ans après». Mme Zohra Drif, qui affirmera que notre guerre «des plus terribles qu’a connues l’humanité est terminée» car ayant combattu un système et non pas des individus, relèvera clairement sa bonne conscience vis-à-vis de ce passé n’ayant aucun remords ni cauchemar à faire depuis, ou regret, ou encore de doute à avoir combattu pour le recouvrement de la souveraineté, la dignité et l’indépendance du pays, là ou BHL verra des «actes de terrorisme». Elle fera remarquer que la guerre qui a duré longtemps, de 1830 à 1962, a «nié notre qualité d’êtres humains» tout en estimant comprendre la jeune génération qui ne puisse imaginer aujourd’hui ce qu’était le peuple algérien jadis, car de l’ordre de l’inimaginable». Et de renchérir: «Quand on dit que 50 ans n’ont rien apporté c’est prendre les Algériens pour des idiots. C’est du mépris. On a récupéré notre identité, notre dignité. Mais 50 ans dans une vie d’un pays c’est rien. Aujourd’hui on est un peuple éduqué, on est bien nourri, habillé. On vit chez nous. Je suis fier de ce que nous avons fait depuis 50 ans. Oui on a des problèmes. Nous sommes là pour avancer. Ca dépend de vous. C’est notre combat».Madame Zohra Drif dira que BHL ne croyait pas ce qu’il disait mais il obéissait à «une stratégie» car il sait ce que le mot colonisateur veut dire. L’oratrice reçue comme une reine, dira avoir accepté de participer au colloque de la revue Marianne pour répondre justement à ce «consensus non déclaré» et généralisé à l’Hexagone par la plupart des colloques et journaux en France qui tendent à «déligitimer la lutte de Libération nationale», tout comme l’aurait fait BHL pour la Palestine ou la Libye. Mme Zohra Bitat s’élèvera avec sérénité contre cette forme de «haine» et de «révisionnisme clair» en proposant de lancer un contre-mouvement pour «penser le combat autrement» et ce, en s’adressant aux intellectuels afin de s’opposer à ces tentatives de nouvelles colonisations. Evoquant la Libye, la Syrie et le Mali récemment, Mme Bitat dira que «l’Occident revient avec des anciennes méthodes actualisées et une nouvelle volonté de coloniser ces pays sous de nouvelles formes.
La répétition de l’Histoire est extraordinaire. Si au XIXe siècle on voulait ramener la civilisation, aujourd’hui, les problèmes de démocratie sont devenus pressants. Il ne faut pas se tromper de combat. Nos ennemis sont clairs. Nous devons être vigilants.» Aussi, l’invitée de l’Onci déplorera également le fait que certains Algériens se plaisent à soulever des problèmes internes du pays à l’étranger et dénoncera cette attitude. Enfin, à propos du reproche de BHL quant à la non-adhésion de l’Algérie au printemps arabe, Mme Zohra Drif, belle et altière du haut de ses 80 ans, dira que BHL regrette en fait que notre pays ne soit pas à feu et à sang. Or, dira-t-elle: «Notre peuple n’a cessé de combattre. Nous avons eu notre printemps berbère. Les Algériens ont combattu pour les droits de l’homme pour la liberté des femmes contre le Code de la famille et ce n’est pas le destin du peuple algérien qui l’intéresse mais il est dans une stratégie qui n’a rien à voir avec le bien de notre peuple..». La résistance pour Zohra Drif est continue. (L’Expression-11.04.2012.)

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Maqam echahid, symbole de l'Algérie indépendante

photo: Maqam echahid, symbole de l’Algérie indépendante

**50 ans après l’indépendance du pays

 Quel développement pour l’économie algérienne ?

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Cinquante ans après l’indépendance, l’économie algérienne est loin d’être à la hauteur des ambitions et des objectifs tracés. 50 ans après 1962, elle demeure toujours otage des ressources pétrolières. Même si, dès les premières années de son indépendance, l’Algérie a accordé la priorité à la mise en place d’une base industrielle publique diversifiée, les objectifs tracés n’ont pas été, pour diverses raisons, atteints. L’industrie algérienne et  le tourisme sont restés, hélas ! les maillons faibles de notre économie. Le secteur de l’agriculture est pratiquement à l’arrêt, la coopération commerciale entre l’Algérie et les autres pays ne génère toujours pas les résultats souhaités. Le seul secteur pourvoyeur de richesses et d’entrées en devises est celui des hydrocarbures. Côté coopération, l’économie algérienne a été également une économie fermée jusqu’au début des années 90. Ayant opté pour un développement «autocentré», fondé sur le marché intérieur avec un rôle prépondérant de l’Etat, les autorités politiques avaient institué, dès les années 70, un monopole de l’Etat sur le commerce extérieur à travers lequel toutes les relations économiques et commerciales avec le reste du monde étaient étroitement et centralement contrôlées. Même si durant les dernières années, beaucoup de textes de lois ont été élaborés et des stratégies ont été bel et bien planifiées, les choses n’ont pas vraiment changé. Après les trois premières années  marquées par une grave instabilité politique (1962-1965), le nouveau pouvoir, après le coup d’Etat de 1965, avaient dressé un programme de développement économique dont les traits définitifs étaient fixés, quelques années plus tard, soit  en 1971. Ce programme qui se voulait global,  avait accordé une incontestable priorité à l’industrie et l’agriculture. Toutefois, quelques années après, toutes les politiques inspirées du «socialisme spécifique» à l’Algérienne, ont été entachées de carences qui n’ont fait que destructurer certains secteurs, notamment le tissu productif. En effet, même si les années 1970 étaient celles où la rente pétrolière boostait de manière exponentielle la croissance du pays, le produit intérieur brut (PIB) par habitant a augmenté de 360 dollars à 1 940 dollars, entre 1970 et 1980. La fin des années du règne de Boumediène et le début des années 80 ont vu la démobilisation des acteurs productifs (Fellahs, responsables des grandes entreprises publiques etc.). Juste après, l’économie du pays, prise dans l’engrenage de la crise du début des années 1980, voit son PIB baisser de manière drastique. Les indicateurs macro-économiques de notre pays à partir des années 90 donnaient froid au dos. L’économie algérienne s’est retrouvée, en 1991, à un PIB évalué à 1 839 dollars, pour passer ensuite à 1 550 dollars en 1998. De son côté, la dette passe de 0,9 milliard de dollars en 1970 à 19,4 milliards de dollars en 1980, puis à 26,3 milliards de dollars en 1991 et à 30,6 milliards de dollars en 1998. Dans le même sillage, l’Algérie voit le service de la dette augmenter, pour enfin ne plus pouvoir y faire face sans le recours au rééchelonnement.Côté coopération, ce n’est que vers les années 80 et au début des années 90 que les «réformateurs» du FLN ont décidé d’engager l’économie algérienne dans le système du marché mondial. Etant globalement fermée, notamment durant le début des années 70, excepté deux à trois pays-partenaires, notamment la France et la Russie, avec qui les relations ont été dictées par des raisons géopolitiques de l’époque, l’économie algérienne s’est réellement ouverte au commerce extérieur à partir des années 90. Après une décennie noire qui a failli mettre à genoux toute la République, l’arrivée au pouvoir du président Abdelaziz Bouteflika, en 1999 avec, notamment,  le succès de la politique de réconciliation nationale, a redonné l’espoir aux investisseurs, notamment étrangers. Et, d’ailleurs, les équilibres macroéconomiques montrent une avancée sans précédent. La croissance qui était de l’ordre de  3,2% en 1999 est passée à 5,1% en 2004. Le taux d’inflation, quant à lui, a été relativement maîtrisé tant que les mesures prises ont donné des résultats immédiats, renforcés par la rente pétrolière dont les dividendes se sont accrus. (La Tribune-01.07.2012.)
**Quatre réformes agraires sans grands résultats

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De nombreux experts et auteurs d’ouvrages sur l’agriculture algérienne s’accordent à dire que les réformes engagées dans le secteur ont, certes, apporté des changements mais qui sont restés superficiels car, pour ces derniers, «à l’efficacité stratégique de relance attendue par le biais de ces réformes, il en est résulté des incohérences sur le terrain». Pour plus de compréhension sur le sujet, il est utile de rappeler le contenu des différentes réformes agraires qu’a connues le pays depuis son indépendance en 1962 avec cette précision : chacune de ces réformes s’inscrivait dans un contexte politique, social et économique donné.
La réforme agraire de 1963
Un changement par lequel l’Etat devient le propriétaire des terres coloniales et gérées dorénavant par leurs ouvriers. Elles sont, en clair, autogérées. Une série de textes dits «Décrets de mars 1963» va institutionnaliser cet état de fait. C’est le décret du 18 Mars 1963, par lequel le droit des propriétés déclarées vacantes tombe en déshérence, c’est-à-dire qu’elles ne sont attribuées à personne.
De même, le décret du 22 Mars 1963 qui organise la gestion des exploitations agricoles vacantes. Quant au décret du 28 Mars 1963, il porte sur la répartition du revenu des domaines autogérés. Cette récupération des terres, qui constitue en fait la nationalisation de l’ancien domaine colonial, regroupant 22 037 fermes sur une superficie de plus de 2 200 000 ha, va donner naissance au secteur autogéré, communément appelé secteur socialiste, au vu de l’option politico-économique du pouvoir en place. Cette première réforme devait conduire à la constitution de 1994 domaines autogérés, dont 70,7 % ayant des superficies supérieures à 500 ha. Redimensionnement rendu nécessaire par la difficulté de trouver, à l’époque, 22 000 directeurs pour les fermes laissées par les colons. Ainsi ces nouveaux domaines vont être dirigés conjointement par les anciens travailleurs et les représentants de l’Etat. Les décrets cités plus haut précisent le mode de fonctionnement ainsi que les organes internes de l’autogestion, à savoir : l’assemblée générale des travailleurs, composée de l’ensemble des travailleurs permanents qui éliront le conseil des travailleurs et le comité de gestion qui élira le président, représentant de tous les travailleurs et président de tous les organes cités. Quant au directeur, nommé par l’organisme de tutelle, il est représentant de l’Etat. Par ailleurs, il faut noter que jusqu’à sa restructuration, ce secteur va connaître certains réaménagements qui n’auront pas une grande influence sur son fonctionnement. Première incohérence : il restera toujours dirigé de façon administrative et avec une absence presque totale d’initiatives de la part des concernés dans la mesure où ils doivent obéir à une planification assez rigide, notamment en matière de commercialisation, d’octroi de crédits, de fixation des prix… L’intervention de l’Etat ne va pas se limiter uniquement au niveau de la propriété foncière car, dès le début, l’autogestion sera placée sous la tutelle de l’Office national de la réforme agraire (Onra) qui sera chargé du financement, de l’approvisionnement et de l’écoulement de la production. Seconde incohérence : son caractère centralisé allait très vite montrer ses limites. Du coup l’environnement économique chargé du soutien des exploitations autogérées allait connaître de nombreux réaménagements avec la création, dès 1969, d’une multitude d’offices (Ofla, Onalait…). Malgré les importants moyens humains et matériels mis à leur disposition, ces organismes sont restés toujours caractérisés par la lourdeur de leurs interventions et une bureaucratie contraignante, ne répondant pas toujours aux objectifs qui leur étaient assignés. En ce qui concerne le secteur privé, celui-ci n’a bénéficié, à l’époque, d’aucune aide significative de la part de l’Etat ; au contraire, il va se voir marginalisé et sera toujours perçu comme retardataire du processus de développement économique et social, d’une part, et caractérisé par une forte inégalité dans la distribution qualitative et quantitative des terres, contraire à l’option socialiste choisie par l’Algérie, d’autre part. Ce qui va justifier l’intervention de l’Etat «pour supprimer ces inégalités», par l’abolition des grandes propriétés foncières à travers un nouveau démembrement agraire : la Révolution agraire.
La révolution agraire de 1971 ou le renforcement du secteur étatique
Ce nouveau démembrement de l’agriculture se situe à une période charnière du développement économique du pays : Le lancement du premier plan quadriennal 1970-1973 et la nationalisation des hydrocarbures qui constituent les prémices de la planification économique, dont la base matérielle sera la rente pétrolière. C’est dans ce contexte que sera promulguée le 8 Novembre 1971 l’ordonnance portant Révolution agraire. L’action de ce nouveau démembrement agraire s’étend à l’ensemble de la campagne algérienne où «il doit se traduire non pas par une simple nationalisation des terres mais par la création des conditions de leur mise en valeur au profit des masses rurales», souligne Lazhar Baci, de l’Institut national agronomique, département d’économie rurale, Alger (Algérie), dans une de ses recherches parues dans les cahiers du Ciheam.  Selon toujours cette même source, l’application de la Révolution agraire allait se faire en phases successives afin de garantir au maximum sa réussite, avec comme slogan «La terre à ceux qui la travaillent», qui constitue, en fait, l’article premier de cette ordonnance. «A travers cette Révolution agraire, l’Etat voulait, avant tout, étendre son emprise sur le secteur privé. Pour ce faire, d’importants moyens furent employés afin d’amener une plus grande adhésion de la part de la petite paysannerie», commente Lazhar Baci. Il faut dire aussi que, comme rapporté dans plusieurs ouvrages sur la réforme agraire, l’environnement technico-économique fut, une nouvelle fois, restructuré et ce toujours au profit des exploitations Etatiques, qui bénéficièrent en priorité du soutien de l’Etat par le biais de coopératives spécialisées (Capcs). Comme action sociale, il était prévu la construction de 1 000 villages agricoles socialistes au profit des attributaires de la Révolution agraire, mais seulement 201 ont pu être réalisés. Les objectifs escomptés à travers cette Révolution ne furent pas atteints, ce qui s’est traduit par une faible production, une productivité médiocre et un désistement d’attributaires significatif. C’est là, en fait, un résumé des incohérences qui sont apparues sur le terrain lors de la deuxième phase de la Révolution agraire. Pour Lazhar Baci, «la Révolution agraire qui fut menée tambour battant a fini par s’empêtrer dans une infinité de problèmes, sans apporter les changements escomptés, à part la nationalisation des terres et l’augmentation de la puissance du monopole de l’Etat. Cet échec a permis de lever le voile sur la crise que couvait le secteur productif Etatique, de façon générale, et le secteur agricole, de façon particulière». Le système planifié allait-il connaître ses limites ? s’est demandé l’auteur. Dès le début des années quatre-vingt, l’Etat algérien va prendre un peu de recul dans la sphère agricole. Cela s’est traduit par la libéralisation de la commercialisation (1980), la restructuration des domaines agricoles autogérés (1981) et l’accession à la propriété foncière en 1983.
La réforme agraire de 1981 : la restructuration
La troisième réforme que connut le secteur agricole sera en fait limitée dans le temps et dans l’espace, car elle concernera essentiellement le secteur autogéré et sera caduque dès 1987.
Les objectifs visés à travers cette restructuration seront définis dans l’Instruction présidentielle N° 14 du 17 mars1981, à savoir, entre autres, l’assainissement et l’autonomie de gestion des exploitations agricoles autogérées et des coopératives des anciens moudjahidine, ainsi que le remembrement de ces exploitations. Les 1 994 domaines autogérés vont donner naissance à 3 200 domaines agricoles socialistes (DAS), suivant leur nouvelle dénomination.
Toujours est-il, alors que la restructuration du secteur socialiste et l’accession à la propriété foncière, à peine entamées, commençaient à donner des résultats probants, grâce, entre autres, à la libre commercialisation des produits agricoles et à une meilleure maîtrise de la gestion des exploitations, un projet de loi modifiant le mode d’exploitation de ce secteur est annoncé sans qu’aucun bilan ne fût dressé.
La réforme agraire de 1987 : la réorganisation du secteur agricole, une réforme précipitée
A l’époque, on disait qu’elle s’inscrit dans une logique de réforme globale des secteurs économiques, décidée par les pouvoirs publics. Et d’ailleurs, elle fut lancée sur la base d’une simple circulaire interministérielle, en août 1987, qui prendra la forme d’un projet de loi voté hâtivement en décembre 1987. «Cette précipitation était due en fait à l’illégalité de cette opération dans la mesure où les textes régissant le secteur agricole socialiste n’étaient pas encore abrogés», explique Lazhar. Cette réforme s’articulait autour de trois axes principaux, entre autres, la création d’Exploitations agricoles communes (EAC), de 4 à 11 membres et d’Exploitations agricoles individuelles (EAI), lorsque les conditions ne permettent pas la création d’EAC. La précipitation avec laquelle a été réalisée cette importante opération a engendré de nombreux problèmes, notamment de transfert du patrimoine. Par ailleurs, il a été relevé certaines anomalies dans l’application de la loi : certaines attributions de terres n’étaient pas conformes. Et, sous la forte pression des médias et de l’opinion publique, le ministère de l’Agriculture demanda une enquête qui releva que près de 10 % des attributions étaient contraires à la loi. Toujours à propos de cette 4e réforme, des sources proches du dossier l’ont considérée comme étant un moyen pour l’Etat de se désengager d’un secteur devenu très lourd à gérer et non rentable. «Les déficits et l’accumulation des dettes des exploitations agricoles du secteur socialiste devenaient une charge trop lourde que l’Etat ne pouvait plus supporter», attestent des observateurs.
Dernière réforme : la réorganisation
Après moult réflexions et suite aux échecs des réformes successives engagées jusqu’ici dans le secteur de l’agriculture, les pouvoirs publics ont opté pour une politique participative menée de concert avec les agriculteurs. En somme, une réorganisation du secteur qui va permettre de construire une politique cohérente pour le renouveau agricole et rural. En clair, par cette réorganisation, les pouvoirs publics visent à créer une impulsion nouvelle afin de moderniser le secteur. Pour ce faire, il a été mis en place différents programmes. On peut citer le Programme de renforcement des capacités humaines et d’assistance technique (Prchat), le Programme de soutien au renouveau rural (Psrr), les Projets de proximité de développement rural intégré (Ppdri), le Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac), l’adoption de la loi sur l’Orientation agricole. Ces programmes ont été élaborés en concertation entre le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, d’une part, et de tous les acteurs intervenant dans le secteur, à commencer par les agriculteurs, toutes filières confondues, les syndicats et d’autres organismes et institutions concernés directement ou indirectement par la dynamique qui a pris corps au sein de l’ensemble du secteur de l’agriculture en Algérie, d’autre part. C’est ainsi que ce vaste mouvement a été étendu aux experts et spécialistes dans le domaine de l’agriculture, aux organismes interprofessionnels, dont l’Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic), l’Office national interprofessionnel du Lait (Onil). Dans cette dynamique, d’autres chaînons du secteur agricole sont intervenus pour apporter leur soutien. En somme, ce sont tous les acteurs du secteur agricole qui ont, chacun à sa manière, mis la main à la pâte pour apporter leur contribution aussi minime soit-elle. Ce n’était pas le cas auparavant où les réformes successives ont été décidées en haut lieu et menées, administrativement, par circulaires. En revanche, la stratégie actuelle a de fortes chances de donner des résultats appréciables sur le terrain puisqu’elle a été minutieusement concoctée avec l’engagement pris par l’ensemble des acteurs du secteur agricole. C’est pourquoi, dans le milieu des gens de la terre, on reste convaincu que la vision, quant à l’avenir du secteur, est devenue plus claire. Cela dit, on peut croire, enfin, que le secteur va connaître un changement radical qui va permettre au pays de devenir autosuffisant, du moins dans les cultures où les potentialités de production intensive existent.(La Tribune-01.07.2012.)

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**Colloque d’El Khabar et de Marianne sur le cinquantenaire de la guerre de libération..Les 30 et 31 mars 2012..et 1er avril 2012..Au Théàtre de Marseille...

Plus de trois mille inscriptions….débats publics

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Le directeur des grands colloques du magazine français « Marianne », Max Armani, a indiqué que le nombre d’inscrits souhaitant suivre les travaux du colloque « guerre d’Algérie cinquante ans plus tard 1962-2012 » est de plus de trois mille inscrits, et a considéré que les préparatifs du colloque organisé par « Marianne » en partenariat avec El Khabar, et la radio France Inter, sont achevés, et que les travaux commenceront le 30 mars et dureront jusqu’au 1 avril en présence de nombreuses personnalités algériennes et françaises.

Le colloque qu’abritera le théâtre de « La Criée » à Marseille vise à faire la lumière sur les enjeux actuels pour comprendre les relations algéro-françaises, les participants étudieront la question de savoir comment le cinquantenaire de l’indépendance pourraient éclairer les deux parties, le comité d’organisation a donc décidé d’aborder des sujets actuels à l’instar du printemps arabe et de la situation des libertés individuelles, et d’autres sujets liés aux relations économiques, puisque l’ancien gouverneur de la banque d’Algérie Abderrahmane Hadj Nacer et Lionel Zinsou, président de « PAI Partners » aborderont le thème de « quelle économie en partage ? ».Les participants au colloque aborderont les différentes leçons qui peuvent être tirées et les solutions qui peuvent être suggérées après plus de cinquante ans de ce que le coté français considère comme « la fin de la guerre d’Algérie », ainsi que le débat sur les sujets actuels sur les médias aujourd’hui, le PDG du quotidien EL Khabar, Cherif Rezki et Maurice Szafran le directeur de l’hebdomadaire « Marianne », aborderont dans ce contexte le thème « y a-t-il une vérité pour les médias ? », alors que le directeur du quotidien « El Watan », Omar Belhouchet et le journaliste français Jean-François Kahn aborderont le thème « la liberté de la presse est-elle une arme ? ».Parmi les personnalités qui participeront à la manifestation, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem qui débattra en compagnie du secrétaire général du PS français, François Hollande, le thème « Méditerranée une histoire commune ».L’ancien ministre français de l’intérieur, Pierre Joxe et le journaliste Jacques Julliard aborderont le thème « Légitimité et légalité du pouvoir se recoupent-elles ? ».Quant à l’ancien président du RCD, le docteur Saïd Sadi, il est prévu qu’il participe en compagnie de Jean-louis Bianco le thème « Pour être moderne, un Etat doit-il être laïc ? », et l’ancien moudjahid Yacef Sadi et Guy Sitbon ils aborderont le thème « Les tournants d’une guerre ? ». (El Khabar-27.03.2012.)*Programme et plus…cliquer ici: guerre d’Algérie: 50 ans après

**première journée du colloque… « la guerre d’Algérie, cinquante ans après »

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Le philosophe français Michel Onfray a critiqué le rôle joué par Bernard Henri Levy en Libye, lorsqu’il a évoqué la situation actuelle en Libye. Onfray a indiqué que Levy était la cause de ce pourrissement, et a déclaré que « renverser un dictateur ne signifie pas instaurer automatiquement une démocratie ». L’écrivain française d’origine juive Danielle Michel-Chich a assisté aux travaux du colloque et a déclaré vouloir rencontrer la moudjahida Zohra Drif. Danielle Michel-Chich avait perdu sa grand-mère dans l’attentat du « Milk Bar », et a récemment écrit un livre intitulé « lettre à Zohra Drif », et a souligné n’avoir aucune haine ni rancœur envers Mme Drif, qui avait posé la bombe du Milk Bar le 25 septembre 1956.

Nous avons remarqué que la communauté algérienne résidant à Marseille n’avait pas assisté aux travaux du colloque malgré son importante présence dans la ville de Marseille et ses environs. Nous avons également noté l’absence quasi-totale de la jeune génération française, l’assistance était composée d’hommes et de femmes d’âge mûr ayant vécu la « guerre d’Algérie ».

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Le moudjahid Yacef Saadi n’était heureusement pas présent à Marseille comme cela était prévu, il aurait sinon certainement eu des difficultés à interagir avec les anciens de l’Algérie française, venus au théâtre de « la Criée » pour exprimer leur ressentiment à son encontre et à l’encontre du FLN, nous avons remarqué que les années n’avaient pas mis fin à la haine et à la rancœur de ceux-ci à l’égard de l’Algérie indépendante, et qui ont distribué des tracts dans lesquels il était écrit qu’il n’y avait pas d’Algérie en 1830 et que ce n’était qu’un groupe de tribus.

 Horaires des travaux du colloque « la guerre d’Algérie cinquante ans après » organisé par Marianne, France Inter et El Khabar.

 Conférences de la salle Camus avec :

 *L’historien Benjamin Stora et l’historien et sociologue Abdelmadjid Merdaci sur le thème « peut-on construire une histoire commune ? » de 11.30 à 13h *Le réalisateur et écrivain Claude Lanzmann sur le thème « les intellectuels face à la violence ? » de 14h à 15.30 *Le président du conseil général des Alpes-de- Haute-Provence, et ancien ministre, et l’ancien président du RCD sur le thème « pour être moderne, un Etat doit-il être laïc ? » de 16h à 17.30 *L’humoriste Guy Bedos et le comédien Ibrahim Chergui sur le thème « rit-on des mêmes choses ? » de 18h à 19.30

 Conférences de la salle Agora avec :

 * L’ancien ministre de la culture et de la communication Jean-Jacques Aillagon sur le thème « quelle place pour la culture française au Maghreb ? » de 11.30 à 13h * L’écrivain, avocate et ancienne directrice des droits des femmes à l’Unesco, Wassyla Tamzali et l’écrivain Noureddine Saadi sur le thème « sexualité, otage des inhibitions révolutionnaires ? » de 14h à 15.30 * L’écrivain et ancien chef du service des renseignements de sécurité, Alain Chouet et le colonel de l’ANP à la retraite Amrani Noureddine, sur le thème « les leçons stratégiques d’une guerre ? » de 16h à 17.30 *le directeur du journal « El Khabar » Cherif Rezki et le directeur de la revue « Marianne », Maurice Szafran sur le thème « y a-t-il une vérité pour les médias ? » de 18h à 19.30

 Conférences du forum avec :

 * La politologue et chercheuse au CNRS et à l’Ehess, Severine Labat et le sociologue Nadji Safir sur le thème « les printemps arabes, crise de l’Etat-nation ? » de 11.30 à 13h * la réalisatrice Nadia El Fani et l’écrivain et journaliste Martine Gozlan sur le thème « laïcité, si Dieu veut ? » de 14h à 15.30 * le sénateur et ancien chef militaire du FLN, Yacef Saadi et l’écrivain et journaliste Guy Sitbon, sur le thème « les tournants d’une guerre ? » de 16h à 17.30 *l’écrivain Maissa Bey et la député et ancienne ministre de la justice et ministre chargée des affaires européennes sur le thème « la parité au Maghreb ? » de 18h à 19.30. (El Khabar-31.03.2012.)

 **Dossier spécial du Courrier International…en partenariat avec El Watan

La dernière livraison de l’hebdomadaire français Courrier International (15-21 mars) consacre un dossier spécial à l’Algérie à l’occasion de la célébration du 50e anniversaire du cessez-le-feu.

Réalisé en partenariat avec El Watan, ce dossier comprend une série d’articles annoncés en couverture de l’hebdo sous le titre générique «L’Algérie se raconte». «Courrier international a souhaité commémorer de manière spéciale ce tournant crucial dans l’histoire de l’Algérie, mais aussi dans l’histoire de la France, l’ancienne puissance coloniale. Nous avons donc proposé à Omar Belhouchet, le directeur d’El Watan, un journal qui a fait preuve plus d’une fois d’une liberté de ton à l’égard des pouvoirs, de publier un supplément commun», indique l’édito de la publication. Ainsi donc, Courrier international ouvre ses pages aux articles des journalistes du quotidien algérien, traitant de l’écriture de l’histoire et des enjeux de la mémoire, de la prise de pouvoir au lendemain de l’indépendance, des relations algéro-françaises et du poids des contentieux, du combat des femmes, des ratés économiques, du regard de la jeunesse algérienne sur le passé et son mal-vivre dans le pays… Le tout est conforté par des témoignages et des entretiens avec des acteurs de la Guerre de Libération, notamment le commandant Azzedine, ainsi que Rédha Malek, un des membres de la délégation algérienne aux négociations d’Evian. D’autres articles consacrés à la presse et aux médias en général ainsi qu’à leur évolution à l’ombre des restrictions des libertés, aux législatives du 10 mai prochain et leurs implications, ou encore à l’urbanisme dans cette Algérie qui ne sait pas assumer ses héritages, sont repris par l’hebdo aussi bien dans son édition print que sur son site web. En tout donc une somme de papiers qui, tout en revisitant le passé, reprennent des instantanés de ce présent tourmenté ou le soumettent à analyse pour donner de l’Algérie l’image d’un pays qui crapahute encore, cinquante ans après son indépendance, dans les ornières de ses contradictions et de ses échecs. A noter que la matière reprise par Courrier International fait partie d’un supplément spécial gratuit qu’El Watan publie ce dimanche 19 mars. (El Watan-17.03.2012.)

En couverture : Algérie, 2011.<br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br />
© Photo de Patrick Zachmann, Magnum Photos » src= »http://www.courrierinternational.com/files/imagecache/magazine/illustrations/article/2012/03/1115/couv1115.jpg » width= »320″ height= »420″ /></strong></span></p>
<p><span style=**1962-2012 : L’Algérie se raconte

 Le 18 mars 1962 étaient signés les accords d’Evian. Le 19, les armes se taisaient après huit ans de guerre. Le 5 juillet, c’était l’indépendance… Courrier international a souhaité commémorer de manière spéciale ce tournant crucial dans l’histoire de l’Algérie, mais aussi dans l’histoire de la France, l’ancienne puissance coloniale. Nous avons donc proposé à Omar Belhouchet, le directeur d’El Watan, journal qui a fait preuve, plus d’une fois, de sa liberté de ton à l’égard des pouvoirs, de publier un supplément commun. On y trouvera donc, avec l’identité graphique d’El Watan, des témoignages, reportages et analyses rassemblés par l’équipe du quotidien algérien, sans oublier les cartoons de Hic, son dessinateur. Tous ces articles, avec quelques autres, seront publiés par El Watan le 19 mars. Comme le montrent ces contributions, l’Algérie est encore une jeune république qui a l’avenir pour elle.(dossier du Courrier international)

**Dossier sur….  L’OAS et ses nombreux crimes

L’Etat français a collaboré avec l’OAS

selon les déclarations de Jean-Jacques Susini

L’oraganisation terroriste est responsable de l’élimination de nombreux algériens sans jugement

Les crimes de l’OAS ont fait 1.100 victimes parmi les civils algériens à Oran entre 1961 et 1962

*Dès leur arrivée en Algérie, les pieds noirs se sont opposés à tout dialogue ou réformes sérieuses avec les Algériens

*Gilles Manceron. Historien: «L’OAS empêchait le processus de transition»

*Ils étaient responsables de l’OAS à Oran..Les crimes de « Tassou » le grec et « Benichou » l’Israélien aux derniers instants de la colonisation

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*Ces Français restés en Algérie après l’indépendance…

Ils étaient nombreux à croire en une algérie algérienne

Pierre Daum déconstruit, dans son livre-enquête Ni valise ni cercueil (Solin, Actes Sud), les discours convenus sur l’exil forcé des pieds-noirs l Pierre Daum est allé à leur rencontre.

Les chiffres : 200 000 Européens ont décidé de ne choisir «ni valise ni cercueil», mais bien de rester en Algérie, leur pays, après son indépendance. Le journaliste Pierre Daum explose la thèse des nostalgiques de l’Algérie française. Depuis un demi-siècle, les seules voix audibles sont celles des rapatriés de 1962, très présentes dans les médias et au travers d’associations très actives. «Aucune étude approfondie n’avait jusqu’à présent été entreprise sur le sort des Européens et des juifs restés en Algérie après 1962. Le livre de Pierre Daum constitue dès lors une grande première. De façon érudite et passionnante, l’auteur remet en cause plusieurs idées reçues à propos du départ des Européens d’Algérie. D’abord, bien sûr, celle de “l’arrachement” en quelques semaines de l’ensemble des membres de cette communauté», note Benjamin Stora dans sa préface.

Mêlant travail d’archiviste et de journaliste, Pierre Daum est parti à la rencontre des Français restés en Algérie. Certains partirent quelques années après 1962, d’autres des décennies plus tard et quelques centaines y vivent encore. Il en a tiré des portraits saisissants. Dans celui consacré au peintre Denis Martinez, ce passage croustillant : à un «artiste» qui s’étonne qu’il soit Algérien et qu’il ait gardé son nom, celui-ci réplique : «Cher monsieur, sachez que je n’ai pas choisi d’être Algérien, je suis Algérien. Comme tout le monde. Je suis né en Algérie, de parents et d’arrière-grands-parents nés en Algérie. J’appartiens à une réalité historique du pays. Je m’appelle Martinez, je suis Algérien et je vous emmerde.» Tout se résume dans ces lignes.

Mémoires d’enracinés

Assiya Hamza aborde sa rencontre avec les pieds-noirs restés en Algérie à travers sa quête d’identité. «Je suis française d’origine algérienne, et ma double identité, c’est ma richesse. Mais que ferais-je à l’heure du choix, si choix il devait y avoir ? Emettre une préférence reviendrait à renier mon histoire. Et aussi celle de la France. (…) Cette introspection m’a mené sur les traces des pieds-noirs qui ont choisi de rester en Algérie au lendemain de l’indépendance. Un million d’hommes et de femmes se sont arrachés à cette terre l’été 62, très peu ont refusé de partir.

J’ai voulu savoir pourquoi ils avaient, eux, renoncé à l’exil et résisté à l’exode. Qu’aurais-je fait à leur place ?» Beaucoup plus intimiste, son livre questionne, relève les émotions discrètes. Elle rencontre Eliette, une habitante de Kouba, qui «s’adresse à l’Algérie en disant «tu» ou encore le professeur Jean-Paul Grangaud, pédiatre à Beni Messous, qui parle de son amour à son pays avec des mots émouvants de simplicité.(El Watan-20.03.2012.)

Mémoires d’enracinés, Assiya Hamza, Michalon

Ni valise ni cercueil
Pierre Daum, (Solin, Actes Sud)

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*Le choix de l’Algérie… Deux voix, une mémoire

Deux militants de la cause nationale reviennent sur les raisons de leur amour pour la terre algérienne dans un livre édité chez Barzakh.

Les époux Chaulet expliquent leur choix

Le choix de l’Algérie, Deux voix, une mémoire est le titre du nouveau livre de Pierre et Claudine Chaulet dans lequel ils expliquent leur engagement personnel en faveur de la lutte de Libération nationale. C’est le mois de mars, en référence au moment de la signature des Accords d’Évian, qui est choisi pour la sortie en librairie de l’ouvrage. En ce mois de commémoration de la date du cessez-le-feu, ce sont donc les mémoires de Pierre et Claudine Chaulet qui sont livrées au lecteur.
Dans la préface, Rédha Malek écrit qu’«en contemplant ces deux vies fondées en une, l’Algérie se retrouve elle-même, se reconnaît comme un miroir en ce qu’elle a de meilleur». Rédha Malek s’interroge:«Peut-on être plus Algérien que ce couple de souche française dont la rectitude, le courage et le sang-froid restent indissociables de l’une des plus prodigieuses résurrections nationales du XXe siècle?»
En 500 pages, les deux militants commencent par raconter leur propre histoire à partir de décembre 1954. Un mois après le début de la Révolution.
Le 21 décembre, Pierre rencontre Claudine, Mehri et Salah Louanchi. Commence alors une aventure sentimentale et politique.
Amour et engagement se poursuivent toujours. Sur le plan personnel, il est utile de souligner que Pierre Chaulet, né à Alger le 27 mars 1930, est aussi professeur de médecine de 1967 à 1994. Il a été chargé de mission pour la santé auprès du chef du gouvernement (1992-94) et vice-président de l’Observatoire national des droits de l’homme (1992-96). Il est également expert OMS de la tuberculose depuis 1981 et consultant en santé publique auprès du Conseil national économique et social depuis 2006. Quant à Claudine Chaulet, née Guillot, elle est sociologue. Elle a été responsable du Bureau des études puis du Centre national de recherches en économie et sociologie rurales au ministère de l’Agriculture et de la Réforme agraire. Les deux auteurs annoncent que c’est volontairement qu’ils ont choisi de raconter la chronique de leurs deux vies «même si les événements traversés n’ont pas été vécus et ressentis de la même façon par chacun d’entre nous».
D’autres explications sur les mobiles de la parution de l’essai sont données par l’éditeur. Il indique que dans ce récit autobiographique, où résonnent sans jamais se confondre leurs deux voix, Claudine et Pierre Chaulet expliquent comment et pourquoi, à partir de leurs éducations respectives, de leurs engagements personnels et des rencontres qu’ils ont faites, ils se sont voulus algériens par choix, participant dès son début à la lutte de Libération nationale, puis aux tâches d’édification nationale après l’Indépendance.
La maison d’édition ajoute que leur cheminement, reflété dans ce livre-témoignage, intéressera non seulement leurs contemporains, mais aussi les jeunes générations avides de connaître les histoires vécues. Les époux retracent leur parcours dans des chapitres séparés, depuis la petite enfance (Deux jeunesses parallèles, 1930-54), évoquant leur engagement pendant la guerre d’indépendance (L’engagement, 1955-62), puis dans (l’Algérie indépendante 1962-94), revenant sur les difficiles années noires (L’exil, 1994-99), et, enfin, les années récentes (À Alger, depuis 1999). On apprend qu’à l’origine, Pierre et Claudine Chaulet avaient écrit ce livre à l’intention de leurs petits-enfants. Mais ce témoignage intéressera aussi les historiens et les jeunes générations.(L’Expression-29.03.2012.)

***  Auto-flagellation et haine de soi !?

Le cinq juillet 2012 sera célébré le cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Dans le pays, comme en France (surtout en France, d’ailleurs), ce rendez-vous est l’occasion, depuis plusieurs mois, de multiples écrits et événements. Articles, livres, expositions, colloques, conférences, soirées culturelles et émissions télévisées : l’Algérie et son histoire contemporaine sont l’un des sujets incontournables de cette année 2012.
De la tonalité générale de ces manifestations, un thème fort s’impose. C’est la faillite du système politique algérien et de l’indiscutable incapacité du pouvoir en place depuis 1962 à tenir les belles promesses de l’indépendance. Cinquante ans après le départ de la puissance coloniale, le bilan est terrible : l’Algérie est un pays à la traîne…(…)Faut-il pour autant faire preuve de si peu de considération pour l’instant indépendance ? Et pourquoi faudrait-il se couvrir la tête de cendres et joindre ses pleurs au concert de lamentations que l’on ne cesse d’entendre à propos de l’Algérie ? Dans leur colère, et parfois leur haine, à l’encontre du pouvoir et de la manière dont il «non-gère» le pays, nombreux sont celles et ceux qui ne s’attardent guère sur ce qu’a pu représenter, ce que représente encore, l’indépendance. Face au bilan de cinq décennies plus ou moins perdues, le moment de grâce de juillet 1962 est relégué aux oubliettes. C’est à peine si l’on évoque son importance, son caractère fondamental pour les Algériens cela sans oublier l’euphorie de tout un peuple et, plus encore, la victoire que représentait, au sens de la condition et de la dignité humaines, sa sortie de l’asservissement.      En clair, on balaie ce qui fut pourtant essentiel – et fondateur – car on préfère gémir à propos de ce qui est arrivé ensuite, comme si l’indépendance ne méritait qu’une simple mention liminaire en marge d’une longue liste d’échecs…ce qui s’écrit ou se dit par des Algériens à propos de l’indépendance de leur pays. Ce n’est qu’une longue incantation négative, une ahurissante auto-flagellation qui mêle dégoût, désespoir et abattement. Impossible, en effet, de ne pas y voir la trace d’une certaine haine de soi, une non-acceptation de ce que l’on est, c’est-à-dire des hommes et des femmes qui appartiennent à un pays qui, certes, aurait pu avoir un bien meilleur sort mais qui méritait avant tout d’être indépendant. Relativiser l’indépendance, la«mettre en perspective» comme le disent certains confrères, c’est feindre de croire que l’on aurait pu «être» sans elle. C’est la considérer comme un événement banal et neutre.
La haine de soi traduit aussi de vieilles fêlures et frustrations (*). Elle habite celui ou celle qui, enfant ou adolescent, a subi la réalité coloniale et qui, oubliant ce qu’il était – et ce qu’il n’aurait jamais pu être sans l’indépendance (médecin, ingénieur, architecte, journaliste, écrivain, universitaire…) – rêve encore d’appartenir au monde qui lui était jadis interdit. Comprenons-nous bien. Il ne cherche pas, comme l’a si bien expliqué Fanon, à prendre la place du colon (ça, ce sont les nouveaux maîtres du pays qui l’on fait). Non, il rêve simplement de prendre une revanche sur son propre passé. Il rêve de quitter sa peau de colonisé et de pouvoir, les pieds enfin chaussés, danser au bal-musette du 14 juillet sur la place de la mairie. Ses mises en causes de l’Algérie indépendante, ses diatribes à l’égard de ce que fut la Guerre de libération et de la manière dont elle fut menée, sont ainsi l’expression du désir refoulé de se prouver qu’il aurait pu quitter sa condition d’indigène ou de sujet de la République française. Et lorsque ce discours est tenu en France, et quel que soit le milieu auquel il s’adresse, c’est une manière pathétique de dire «Voyez ! Voyez, comme j’aurais pu être des vôtres.»
Ce type de détestation s’est même transmis d’une génération à l’autre. D’est en ouest, on continue d’agiter les bras à destination du nord, en essayant de mettre en avant sa propre singularité dans une masse que l’on accuse de tous les maux et de tous les «ismes» : fascisme, obscurantisme, intégrisme, antisémitisme, etc… Il est certes du devoir de l’observateur, qu’il soit journaliste, universitaire ou écrivain, de se mettre au-dessus de la mêlée et de porter la plume ou la parole là où elle doit faire le plus mal (et d’accepter au passage d’être critiqué pour cela). Mais cette position ne doit viser qu’à prendre du recul et non pas à se sentir supérieur vis-à-vis du peuple auquel on appartient. La haine et le mépris des siens ne sont rien d’autre que la haine et le mépris de soi….
Ce qui est choquant dans l’affaire, c’est que ces jérémiades continues – fussent-elles fondées – contribuent à discréditer l’idée même de la nécessité de l’indépendance de l’Algérie. Quand des Algériens se mettent plus bas que boue alors qu’il s’agit juste de parler du 5 juillet 1962, il ne faut pas s’étonner que le courant révisionniste qui sévit en France s’en trouve renforcé. Ici, c’est la mémoire des tortionnaires de la Bataille d’Alger que l’on célèbre. Là-bas, c’est «l’œuvre civilisatrice» de l’Algérie française que l’on revendique et souhaite voir proclamée de manière officielle. Et les élites algériennes, qu’elles soient politiques ou intellectuelles, se retrouvent sommées de faire amende honorable. Les voici presque obligées de demander pardon pour l’indépendance et de convenir, tête basse et mains derrière le dos, que le FLN a imposé l’indépendance en terrorisant une population qui n’en voulait pas tant elle était satisfaite de l’ordre colonial (!). Voici ces élites obligées d’admettre que les choses auraient pu être différentes, que Bugeaud pourrait avoir encore sa statue à Alger, que l’incendie de la bibliothèque universitaire d’Alger par l’OAS était compréhensible et, plus que tout, les voici appelées à proclamer sur la place publique des relations franco-algériens, que l’indépendance n’a finalement servi à rien.
Il est vain de faire l’élégie d’un pays virtuel. Cette Algérie qu’il nous arrive tous de pleurer pour l’avoir tant rêvée, ne pouvait naître et exister aussi vite. Parce que telle est l’Histoire des peuples et des nations, la démocratie et la liberté sont un long combat, tortueux et quotidien. Il ne s’agit donc pas de sacraliser juillet 1962 mais d’en faire un moment à part et respecté. Faisons un pas de côté et respirons un peu. Prenons une pause dans l’expression continue de la désespérance et du ressentiment nationaux. Ce sera une manière comme une autre de crier « vive l’indépendance algérienne !» à l’heure où notre amertume et les errements coupables d’un système qui ne lâche rien donnent raison à ceux qui hurlent encore – ou de nouveau, et de plus belle – «vive l’Algérie française ! ». (La Quotidien d’Oran-juillet 2012.)
(*) Sur la notion de haine de soi et des dégâts qu’elle inflige à la société algérienne, dirigeants compris, il faut lire La Martingale algérienne (éditions Barzakh) d’Abderrahmane Hadj Nacer.

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**l’Algérie à l’honneur la sur la chaîne TV5MONDE

A la faveur de la célébration du 50e anniversaire  de l’indépendance nationale, la Chaine française TV5MONDE propose tout au long  de l’année 2012, une programmation spéciale Algérie sur tous les signaux: documentaires,  fictions, cinéma, musiques, ainsi que des émissions sur la guerre de libération  nationale.

Ainsi, après l’émission spéciale « Kiosque », délocalisée en janvier dernier  à Alger, et qui a reçu sur son plateau, les dessinateurs de presse français  et algérien, Plantu et Dilem, TV5MONDE qui entend mettre l’Algérie au coeur de  ses programmes, prévoit également de délocaliser  dans les prochains jours son  émission « L’invité » qui recevra des personnalités nationales d’horizons divers  à Paris et Alger pour revenir 50 ans après l’indépendance sur le destin partagé  par deux peuples des deux rives de la Méditerranée.        

La journée internationale de la femme sera, par ailleurs, célébrée par  la chaîne française qui rendra hommage à  l’ancienne vice-présidente du Conseil  de la nation  Mme. Zohra Drif, lors d’une émission programmée à Alger et consacrée  au rôle des moudjahidate durant la guerre de libération nationale.        

L’émission musicale « Accoustic », donnera, en outre, en mars prochain,  carte blanche à des chanteurs et musiciens algériens, alors que de nombreux  projets sont en cours de réalisation, et seront diffusés durant l’année du cinquantenaire.        

« La célébration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie tenait  beaucoup à coeur à TV5MONDE, parce que nous avons vécu un moment culturel et  artistique réellement magique et intense en juillet 2009 lors du Festival panafricain,  que nous avons couvert et une collaboration fructueuse avec la télévision algérienne  qui nous a aidé à délocaliser nos émissions. Nous avons décidé alors de refaire  une autre expérience avec l’Algérie, à l’occasion de la célébration du 50éme  anniversaire de l’indépendance de l’Algérie », a déclaré à l’APS, Mme Marie Christine  Saragosse, directrice générale de cette chaîne.        

« Ce cinquantenaire, nous le préparons depuis longtemps, et pour nous  il s’agissait de couvrir dans tous les types de programmes, cet anniversaire,  allant du documentaire, aux fictions et aux films, en passant par les journaux  d’information et les magazines », a-t-elle précisé.        

« Toute la gamme de nos programmes va constituer un fil rouge qui au  cours de l’année du cinquantenaire, permettrait de célébrer un partage, car  au-delà des blessures qu’on ne doit pas nier, il existe beaucoup de connivences  et une grande affection entre les deux sociétés civiles algérienne et française »,  a-t-elle ajouté.        

« En mettant en vitrine des séquences de l’histoire de l’Algérie, ses  auteurs, ses historiens, ses réalisateurs, ses artistes et ses femmes et hommes  de culture, ainsi que ses politiques, TV5MONDE entend jouer un rôle de caisse  de résonance mondiale pour l’Algérie, d’autant que la chaîne est présente sur  les cinq continents et dans 200 pays », a-t-elle dit.(APS-24.02.2012.)

 

 

**Manifestation sanglante de Charonne

Le témoignage d’une fillette miraculée

Le cinquantenaire de la manifestation anti-OAS de Paris, qui s’acheva par une charge meurtrière de la police au métro Charonne (France), sera commémoré le 8 février 2012. Un ouvrage graphique richement illustré fait revivre ce triste épisode.

Lyon. Du correspondant d’El Watan

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La bande dessinée devient un vecteur d’appropriation des pages de l’histoire. Ce style d’écriture, facile d’accès, ouvre à un large public la connaissance sur des événements du passé. Dernier en date, Dans l’ombre de Charonne, écrit par Désirée et Alain Frappier. L’ouvrage revient cinquante ans après sur le dernier acte criminel de la guerre d’Algérie dans la capitale française. L’OAS, regroupant dans ses rangs les fervents défenseurs du dernier bastion d’un empire colonial agonisant, multiplie les attentats à la bombe sur la capitale. Le 8 février, après 14 attentats, dont un blessant grièvement une petite fille de quatre ans, des manifestants se regroupent dans Paris aux cris de : «OAS assassins», «Paix en Algérie». La manifestation organisée par les syndicats est interdite par le préfet Maurice Papon, le même ordonnateur de la répression de la manifestation du 17 octobre précédent. La police charge avec une violence extrême. Bilan de la manifestation : 9 morts, dont un jeune apprenti, et 250 blessés.

Les auteurs étaient des enfants pendant la guerre. Alain Frappier est né en 1952, Désirée Frappier en 1959, «la guerre d’Algérie vécue du côté français fait partie de notre histoire. Les massacres du 17 octobre, les manifestants algériens jetés dans la Seine ou pendus dans le bois de Boulogne, les ratonnades en plein Paris sont des événements qui se sont déroulés durant notre enfance et dont les faits sont parvenus à nos oreilles sans être accompagnés d’explications. Dans l’ombre de Charonne est une histoire qui a réellement existé», nous disent-ils. Maryse, une jeune lycéenne de 17 ans, avait décidé de participer avec ses copains de lycée à cette manifestation contre le fascisme et pour la paix en Algérie. Prise de panique, elle se retrouve projetée dans les marches du métro Charonne, ensevelie sous un magma humain, tandis que des policiers enragés frappent et jettent des grilles de fonte sur cet amoncellement de corps réduits à l’impuissance.

50 ans plus tard, Maryse Douek-Tripier, devenue sociologue, profondément marquée par ce drame dont elle est sortie miraculeusement indemne, livre son témoignage à Désirée Frappier. Avec son mari Alain, ils mettent en forme graphique cette histoire, parue aux éditions Mauconduit. Pour Désirée Frappier, «il était très important de nous sentir solidaires et de participer, à notre façon, au cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. D’une part, parce que nous refusons de subir l’héritage d’un passé malmené, d’autre part parce que nous avons eu trop souvent l’occasion d’être profondément heurtés par les prises de position de notre gouvernement en matière d’immigration et de politique étrangère». Les auteurs avaient la volonté de faire un récit graphique, dans la lignée des œuvres qui mélangent mémoire individuelle et période historique initiée par Art Spiegelman (Maus) et perpétuée ces dernières années par de nombreux auteurs comme Marjane Satrapi (Persepolis) ou Joe Sacco (Gaza, 1956) ou récemment Turkos de Kamel Mouellef et Tarek-Batist Payen (éditions Tartamudo).

«Le récit graphique aborde des sujets sérieux de manière infiniment variée, n’hésitant pas à mélanger les genres, comme ici : le réalisme, la caricature, les vignettes, les bulles et les pages d’écriture, l’utilisation de documents photographiques…» Une manière, selon eux, de pouvoir, au travers d’un événement historique précis, le replacer dans un contexte historique, une façon de penser, une politique et d’un système… «Dès que nous nous sommes plongés dans la manifestation du 8 février 1962, nous nous sommes aperçus qu’il était impossible d’en parler sans prendre en compte tous ces éléments. Mais il nous fallait aussi les expliquer. Car il faut savoir qu’en France, cette guerre a été largement occultée et reste de fait étonnamment méconnue», nous affirment-ils encore. Dans l’ouvrage, «l’âge des protagonistes était une réelle opportunité. Les jeunes se forment au débat politique par le biais de la guerre d’Algérie en s’engueulant et en se questionnant sans cesse. Si leur lycée accueille majoritairement des élèves appartenant à une classe privilégiée, issus de familles progressistes, toutes les tendances s’y retrouvent confrontées. Saïd, le jeune Berbère protégé par la directrice, et révolté par l’immobilisme des Français face aux persécutions dont sont alors victimes les Algériens, a réellement existé, comme tous les autres personnages, et les débats relatés dans le livre étaient les leurs. Toutefois, sans mise dans le contexte, ces discussions seraient incompréhensibles à quantité de lecteurs et perdaient, de fait, une grande part de leur intérêt», nous précisent les auteurs.

Pour Désirée et Alain Frappier, la principale difficulté documentaire était l’illustration de la charge elle-même et les violences policières dont ont été victimes les manifestants. «Echaudée par les preuves apportées par les photos d’Elie Kagan lors des massacres du 17 octobre, la police a été vigilante pour que les violences du 8 février n’apparaissent sur aucun cliché. C’est ainsi que le photographe Gérald Bloncourt, dont nous parlons dans notre récit, s’étant fait détruire ses deux appareils et confisqué sa pellicule, n’a pu sauver que les clichés pris avant la charge, qu’il avait précautionneusement remis à un camarade.»
Il n’est pas anodin de signaler que l’ouvrage est publié par une toute nouvelle maison d’édition dont Charonne est la première publication. Il tombe à point nommé pour gommer une amnésie historique. (El Watan-25.01.2012.)

***Cinquantenaire de la fin de la guerre d’Algérie

    Premier hommage aux victimes de l’OAS

Selon l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS, Alfred Locussol est le premier fonctionnaire de l’Etat assassiné par l’OAS sur le territoire métropolitain.

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Recueillement &agrave; la m&eacute;moire des victimes.<br /> » src= »http://www.elwatan.com/images/2012/01/16/france-actu_824993_465x348.jpg » /></a></strong></span></p>
<p><span style= Le premier événement de l’année 2012, en France, pour commémorer le cinquantenaire de la fin de la guerre d’Algérie s’est déroulé à Alençon, dans le département de l’Orne. Un hommage à la mémoire d’Alfred Locussol, assassiné par l’OAS, le 3 janvier 1962, lui a été rendu dans cette commune. Il arrivait d’Algérie où il était directeur-adjoint de l’enregistrement (impôts). Pour Jean-François Gavoury, président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (Anpromevo), «Alfred Locussol fut sans doute le premier fonctionnaire de l’Etat assassiné par l’OAS sur le territoire métropolitain. Mon père avait été quant à lui, sept mois plus tôt, (ndlr : le commissaire Gavoury, adjoint au commissaire d’Alger) le premier serviteur de l’Etat républicain tombé sous les coups de cette même organisation terroriste en Algérie».

Le comité Vérité et Justice pour Charonne, présidé par Huguette Azavant note que dans «la période actuelle, chargée d’incertitudes et d’inquiétudes, par la montée des populismes, source de tous les dangers, à l’heure où fleurissent les stèles dédiées à la mémoire de sinistres assassins, membres de l’OAS (…), on sait que pour les peuples colonisés de l’Indochine à l’Algérie, en passant par l’Afrique, ce fut un long chemin de misère, de spoliations, de terreur. Nous devons nous souvenir de toutes celles et ceux qui furent des victimes directes ou indirectes de ces activités criminelles».

Le comité Charonne prépare la célébration du dernier grand fait meurtrier en France de la fin de la guerre d’Algérie. Le 8 février 1962, neuf manifestants trouvaient la mort à la station de métro Charonne à Paris. D’innombrables personnes furent grièvement blessées, dans leur chair ou leur âme. «Ils étaient là pour crier ‘‘Assez’’ suite à une série d’attentats, survenus la veille, pour demander la paix en Algérie et la mise hors d’état de nuire de l’OAS ».

A propos de Charonne, un ouvrage, le premier d’une nouvelle maison d’édition, Mauconduit, est à paraître le 18 janvier sous le titre Dans l’ombre de Charonne*. Sous la forme d’une bande dessinée attractive et pleine d’informations, c’est le témoignage d’une rescapée de ce massacre du 8 février 1962. Ce n’est qu’en 2011 qu’elle a consenti à livrer son souvenir meurtri qu’elle taisait.
Quelques jours plus tard était conclu le cessez-le-feu signé le 19 mars à Evian, où la commune programme une célébration, les 17, 18 et 19 mars prochains. La ville se souviendra aussi, à cette occasion, de l’assassinat de son maire, Camille Blanc, le 31 mars 1961. Il était coupable aux yeux de l’OAS d’aider à l’organisation dans sa commune de négociations entre le FLN et le gouvernement français. (El Watan-17.01.2012.)

*Désirée et Alain Frappier : Dans l’ombre de Charonne, éditions Mauconduit 2012, préface de Benjamin Stora.

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**Autour du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie

1.La guerre d’Algérie, images et représentations*

Le cinéma dans sa diversité est à l’honneur de ce programme. Il réunit, à l’occasion du 50e anniversaire de la fin de la guerre de Libération nationale, fictions et documentaires, films militants, archives militaires et images amateurs produits depuis cinq décennies sur la guerre d’Algérie. Du 24 janvier au 2 février 2012

-Les temps forts :
Dialogue autour des images : Benjamin Stora et Abdelmadjid Merdaci s’interrogeront sur le rôle des images dans la transmission de la mémoire et la construction des discours historiques, de part et d’autre de la Méditerranée.

-Conférences d’historiens :
Sylvie Thénault, Raphaëlle Branche, Tramor Quemeneur, Yann Scioldo-Zürcher, Sébastien Denis et Gilles Manceron analyseront les images et les représentations de la guerre, de ses pratiques et de ses protagonistes. En partenariat avec l’INA.

-Rencontres avec des cinéastes :
Cécile Decugis et René Vautier ont tourné, pendant la guerre, les rares images des réfugiés et des maquis algériens. Marceline Loridan est partie, l’été 1962 , filmer l’Algérie année zéro de l’indépendance. Plus tard, Okacha Touita, Dominique Cabrera, Yves Boisset, Jean-Pierre Lledo, Oriane Brun Moschetti et Leïla Morouche ont puisé dans leur propre histoire ou celle des générations qui les ont précédés pour revenir, par la fiction ou le documentaire, sur les lieux et les traces de ce passé sensible.
Autant de parcours personnels, de points de vue et de choix de cinéma à découvrir et discuter à l’occasion des projections.

-Transmission de la mémoire, écriture de l’Histoire :
Une table ronde engage une réflexion, en ce moment particulier où nous passons progressivement du temps du témoignage, du récit, de la mémoire, au temps de l’écriture de l’histoire. Avec Seloua Luste Boulbina, professeur de philosophie à Sciences Po et au Collège international de philosophie ; Yasmina Khadra, écrivain et Serge Drouot ancien combattant et conseiller d’Ephmga (Espace parisien histoire mémoire guerre d’Algérie). La table ronde sera animée par Emmanuel Laurentin, producteur et animateur de «La fabrique de l’histoire» sur France Culture.

-Cartes blanches à l’Ina** et l’ECPAD** :
Les archives de la Télévision française et celles de la Défense sont révélatrices de l’image officielle diffusée à l’époque des «événements d’Algérie ». Carte blanche est offerte aux responsables de ces collections pour en présenter et commenter une sélection sur grand écran.

-Ciné-concert – carte blanche à Cinémémoire :
Entre 1930 et 1970, des militaires, touristes, pieds-noirs, coopérants, ou simples anonymes ont filmé en amateurs l’Algérie. La cinémathèque «Cinémémoire» les réunit dans le cadre d’un projet global, «Mémoires partagées», projet de partage et d’échanges autour des images d’archives avec les anciens pays colonisés. Elle nous propose de les découvrir en ciné-concert, accompagnées par Kamel Boukrine, oud et banjo. Le ciné-concert sera suivi d’un débat avec Claude Bossion, directeur de Cinémémoire, et Flora Duffaud, documentaliste. Une collection temporaire en consultation. Une sélection complémentaire de films issus du fonds Guerre d’Algérie de l’ECPAD* intègre la Salle des collections du Forum des images. A découvrir sur petit écran jusqu’à la fin de l’année 2012.

-Séance découverte dimanche 22 janvier à 15h :
Les films de soldats Jean-Pierre Bertin-Maghit a entrepris la collecte et l’étude de ces films, matériaux précieux pour l’historien, qui apporte un éclairage intime sur la guerre d’Algérie.

-Journée d’études «Guerre d’Algérie et médias» :
Destinée principalement aux historiens (étudiants et professeurs), une journée d’études sur la guerre d’Algérie et les médias propose d’aborder les outils et les méthodes liés à ce champ peu étudié. Au programme, une table ronde réunissant des chercheurs, invités à faire part de leur expérience, et les communications d’institutions d’archives publiques et privées sur l’état de leurs fonds, leurs potentialités et impossibilités.

-jeudi 2 février de 9h à 18h : Exposition de photographies :
La collection «Algérie» de l’ECPAD représente environ 120 000 clichés qui évoquent la vie des troupes et des civils, les opérations militaires et les événements politiques. Marie Chominot, historienne, a exploré ce fonds pour sa thèse «Guerre des images, guerre sans image ? Pratiques et usages de la photographie pendant la guerre d’indépendance algérienne ». Elle a sélectionné et commenté les clichés exposés dans les espaces du Forum des images.

-Visite commentée vendredi 27 janvier à 18h et samedi 28 janvier à 18h30 :
*Forum des images. Les Halles
**INA : Institut national de l’audiovisuel
**ECPAD : Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense

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2. 1962, la fin d’une guerre.

-Histoire et littérature.
Les Accords d’Evian et leurs décisions, le référendum d’autodétermination, l’indépendance de l’Algérie, précédée et suivie par le départ du pays de Français et le retour de populations algériennes du Maroc et de Tunisie, c’est tout un redéploiement humain qui bouleverse durablement le visage de deux pays et transforme leurs vies politiques et socio-culturelles. Ce sont ces transformations, sur le plan historique et dans leurs représentations littéraires, qui seront l’objet de cette conférence donnée par Benjamin Stora et Christiane Chaulet Achour, jeudi 19 janvier 2012, à 18h à l’université de Cergy Pontoise.

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3.Table ronde sur la guerre de libération nationale

jeudi 19 janvier 2012, à 18 h 30, au Centre culturel algérien avec l’écrivain Bernard Zimmermann (auteur de Une amitié algérienne, éditions L’Harmattan, 2011) et l’historien hongrois Laszlo Nagy (auteur de plusieurs ouvrages dont La naissance et le développement du mouvement de libération nationale en Algérie 1919 – 1947.

 

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4.Rencontre-débat à l’initiative de l’ACCA*

 

samedi 21 janvier 2012, de 15 h à 21h, à la Maison de la vie associative, 28 rue Victor Hugo, à Malakoff.
Présentation du livre des éditions de l’Epervier
Soldats du refus, appelés réfractaires et journalistes combattants.
Projection de deux documentaires, débats, témoignages.
*Agir contre le colonialisme aujourd’hui, présidée par Alban Liechti (président d’honneur Henri Alleg)

 

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5.Dans les librairies à partir du 18 janvier 2012

 

-Ni valise ni cercueil.
Les pieds-noirs restés en Algérie après l’indépendance de Pierre Daum. Editions Actes Sud
Note de l’éditeur : Le 5 juillet 1962, l’Algérie devient indépendante. Six cent mille pieds-noirs ont déjà pris le chemin de l’exil, mais quatre cent mille sont restés. Au 1er janvier 1963, plus de deux cent mille Européens et Juifs ne sont toujours pas partis, tentant le pari de l’Algérie algérienne. Ceux-là, qui les connaît ?
Depuis un demi-siècle, les seules voix audibles sont celles des rapatriés de 1962. Et parmi eux, qui entend-on le plus souvent ? Les plus nostalgiques de l’Algérie française, ceux qui affirment qu’ils sont «tous partis», et qu’ils n’avaient le choix qu’entre «la valise ou le cercueil». Or, ces affirmations sont fausses. La seule présence, attestée par les archives, de ces deux cent mille pieds-noirs présents en Algérie en 1963, le prouve amplement. (El Watan-17.01.2012.)

 

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