A vous la Sonatrach, à nous la matraque.2
*La force est un signe de faiblesse d’un état
*Le gouvernement semble ne plus avoir d’autres alternatives pour répondre aux sollicitations des citoyens que la matraque. La source qui servait à acheter la paix sociale a tari et le prix du baril de brut ne suffit même pas à couvrir les dépenses d’importation. Aussi, d’une part, une politique d’austérité sévère où le gouvernement s’est trouvé obligé de faire des coupes draconiennes sur beaucoup de produits, dont certains ne sont pas garantis par la production nationale, et, d’autre part, des promesses sans traduction concrète ont fini par provoquer un mécontentement qui va en s’amplifiant. Acculé, le pouvoir répond par la répression, au lieu d’écouter et de donner des réponses aux multiples doléances, que ce soit au niveau local ou national. Les images qui ont fait le tour des foyers lors de la marche des médecins résidents se passent de tout commentaire. Cette riposte violente est un signe de faiblesse d’un État qui n’a que la force à faire prévaloir. Cette politique semble devenir une règle. Avant-hier et hier, les forces de l’ordre ont fermé tous les accès de la capitale, pénalisant des millions d’Algériens dans leurs déplacements. La raison ? L’interdiction de marcher dans les rues d’Alger qui date de 2001, alors qu’il n’y a aucune justification de maintenir cet embargo qui est une atteinte aux libertés. Des citoyens ou des corps de métiers veulent, par des marches pacifiques ou des sit-in, attirer l’attention des pouvoirs publics sur des revendications qui n’ont pas été satisfaites depuis des lustres.
Finalement, ce sont tous les problèmes que les précédents Exécutifs ont mis sous le coude, pensant que le temps allait les régler, qui remontent à la surface, à un moment où la situation financière est au plus bas. On paie, aussi, la politique de la paix sociale achetée pour chaque soubresaut au lieu d’affronter les problèmes et trouver les solutions adéquates mais surtout définitives. Cette politique de l’autruche n’a finalement servi à rien, sinon à retarder l’explosion.*par Abrous Outoudert / Liberté / lundi 22 janvier 2018
***Répression et Approche autoritaire des conflits
le 23.01.18 | el watan
Une vague de contestation secoue le pays depuis quelques semaines.
Médecins résidents, paramédicaux, enseignants, d’anciens militaires et des employés du secteur économique, comme Air Algérie, sont en colère. Les premiers sont en grève depuis plusieurs mois, d’autres revendiquent leurs droits en organisant des marches sporadiques depuis plusieurs années.
Cette colère qui monte de la société exprime des revendications sociales souvent légitimes. Si elle soulève des questions de fond liées à la gestion de plusieurs domaines d’activité, comme dans le secteur de la santé où la désorganisation et la mauvaise gestion ont atteint leur paroxysme, ou encore à Air Algérie dont le management ne répond à aucun critère de rationalité, il est évident aussi que les tensions sociales sont surtout maintenues et exacerbées par la manière dont sont traités ces dossiers par les pouvoirs publics.
Alors qu’il fallait ouvrir immédiatement le dialogue avec les médecins résidents en grève depuis plusieurs mois, ils ont préféré les matraquer honteusement alors qu’ils organisaient une marche de protestation pacifique dans l’enceinte même de l’hôpital Mustapha Pacha à Alger. Les mouvements de protestation d’anciens militaires invalides ont été eux aussi maintes fois réprimés.
Sans oublier la répression sauvage qui avait frappé les enseignants vacataires qui avaient marché de Béjaïa jusqu’à Boudouaou, suscitant un large mouvement d’indignation au niveau national. Tous ces mouvements sociaux auraient pu trouver des solutions par la voie du dialogue et de la concertation.
Mais au lieu de privilégier cette manière civilisée de traiter les contestations sociales, les pouvoirs publics ont préféré se confiner dans les méthodes où ils excellent le mieux, celles de la répression et de la diversion.
Une attitude obtuse qui conduit très souvent à l’exacerbation des conflits et à leur prolifération. Par manque de discernement ou par incompétence, les pouvoirs publics poussent au pourrissement des situations de conflit qui auraient pu trouver rapidement des solutions négociées sans que le service public n’arrive à être affecté de sorte à pénaliser le citoyen.
Le conflit dans le secteur de la santé où les médecins résidents ont paralysé les activités de soins dans les centres hospitalo-universitaires n’aurait pas atteint ce niveau de tension si les autorités avaient pris au sérieux les problèmes qui y sont posés.
Si l’on pense réellement que les revendications émises par les médecins résidents, tantôt liées aux droits sociaux tantôt à la très mauvaise gestion du secteur — le ministre de la Santé lui-même le reconnaît — sont légitimes, pourquoi n’a-t-on pas alors engagé dès le départ un dialogue sérieux et constructif avec les contestataires pour éviter la cacophonie que vit le secteur de la santé aujourd’hui et qui affecte dramatiquement le service public ? Avec juste un peu de bon sens, tous ces conflits sociaux auraient pu être résolus sans s’embourber dans un bras de fer interminable qui n’arrange ni ceux qui revendiquent ni le citoyen, encore moins la stabilité sociale du pays.
Mais que peut-on attendre de responsables qui privilégient l’approche autoritaire dans la gestion des conflits à la mise en place des mécanismes de médiation sociale qui est à même de les éviter avant qu’ils n’éclatent ?
La manière dont est organisé le dialogue social au sein de la tripartite, qui n’invite pas les syndicats autonomes, renseigne bien sur les méthodes des pouvoirs publics qui peinent à les reconnaître comme partenaires sociaux à part entière, sauf quand ils s’imposent comme tels à travers des mouvements de grève.
Alors faut-il sortir dans la rue pour se faire entendre ? Peu perméables aux vertus du dialogue et de la médiation sociale, les autorités prennent le risque d’amplifier la contestation. Le front social qui est assis sur un baril de poudre peut bien prendre feu si les pouvoirs publics ne revoient leur approche.***Said Rabia / el watan / mardi 23 janvier 2018
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*La matraque pour les manifestants et les citoyens mécontents
«Nous refusons que la responsabilité de l’échec du système de santé soit endossée par le praticien», affirme le Snpsp.
*le front social en ébullition
Le Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp) lancera un préavis de grève à l’issue du conseil national qui se réunira en session extraordinaire le 8 février prochain, a annoncé hier Lyès Merabet, président du syndicat. «La tendance de notre syndicat au niveau de la base est pour un débrayage pour dénoncer la situation qui prévaut dans le secteur.
Le conseil national décidera de la nature et de la durée de l’action», a-t-il souligné lors d’une conférence de presse tenue hier au siège du syndicat à Alger. Le syndicat dénonce «le silence et l’indifférence du département de Hasbellaoui concernant la situation du secteur de la santé publique. Nous refusons que la responsabilité de l’échec du système de santé soit endossée au praticien», lance le Dr Merabet.
Le Snpsp soutient dans ce contexte la revendication des résidents consistant en la suppression du service civil présenté par les pouvoirs publics comme solution aux déserts médicaux. Pour le président du Snpsp, le texte imposant le service civil instauré en 1984 est complètement dépassé. «Les médecins qui sont tenus de l’accomplir sont soumis à des pressions sociales peu défendables.
Les médecins sont confrontés à l’absence de moyens d’accompagnement pour accomplir ce service, sachant que les métiers de la médecine se féminisent avec 80% d’effectifs féminins dans le corps médical.» Le Snpsp plaide pour des mesures d’accompagnement des praticiens afin de les encourager à travailler dans les zones enclavées, avec un logement de fonction et des encouragements salariaux.
Le Snpsp fait également le point sur les dossiers soumis à la tutelle et constate la rupture du dialogue depuis le 17 juillet 2017. «Toutes nos revendications sont au point mort», dénonce le Dr Merabet. Le syndicat réclame depuis des années l’alignement des diplômes de doctorat pour les pharmaciens et les dentistes sur le plan de carrière ; les modifications apportées dans la formation de ces praticiens n’ont pas été impactées par la Fonction publique qui n’en a pas tenu compte sur le plan salarial et de la carrière de ces praticiens, explique le président du Snpsp.
Ce dernier appelle le gouvernement à élaborer l’arrêté interministériel attendu depuis 2011 pour mettre fin à cette «aberration». Concernant la carrière des praticiens de santé publique, le Snpsp dénonce le retard pris dans l’élaboration du concours de passage au grade supérieur et «les pouvoirs accaparés par les contrôleurs financiers qui se substituent souvent aux directeurs de la santé et des structures dans la gestion de la carrière des praticiens».
Autre revendication soulevée par les praticiens, le retrait de l’avant-projet de loi sanitaire et l’association des syndicats dans l’élaboration de la nouvelle loi. Pour le Snpsp, le projet que le gouvernement propose aujourd’hui «est dicté par les détenteurs d’argent». Le Dr Merabet est catégorique : «Le projet de loi sur la santé répond aux exigences des lobbies des constructeurs des structures sanitaires, de ceux de l’équipement et du médicament. Le texte ne cherche pas un partenariat public-privé, mais le bradage des structures de santé publique au dinar symbolique !»**Fatima Arab / *el watan / lundi 22 janvier 2018
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Contestations et manifestations publiques
La gestion par la matraque et les poursuites judiciaires
*Le dialogue social, idéalisé pendant des années et promu par les gouvernements successifs comme étant la pratique syndicale la plus adéquate et responsable, fait à présent les frais de la politique d’austérité.
*Lors de la conférence de presse animée samedi dernier, le secrétaire général du RND et Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a rappelé que les manifestations restaient interdites au niveau de la capitale. “Je suis contre l’anarchie”, a-t-il martelé. Le rappel d’Ouyahia est intervenu au lendemain d’une mobilisation sans précédent pour empêcher une manifestation à Alger d’anciens membres de l’ANP. Les autorités ont, en effet, déployé, avant-hier, un dispositif sécuritaire impressionnant au niveau de l’autoroute Est-Ouest afin de parer à la convergence des militaires retraités vers Alger. Le même jour, un rassemblement auquel a appelé le Syndicat autonome de l’électricité et du gaz a été empêché. Sans oublier les images affligeantes montrant des visages ensanglantés de médecins résidents empêchés par les agents de l’ordre public de franchir les portes du CHU Mustapha pour exprimer pacifiquement leurs revendications. Le discours intransigeant, prôné ostentatoirement depuis quelques mois, n’a pas réduit la propagation de la contestation qui, outre les radiés et les invalides de l’Armée nationale, touche désormais également les secteurs névralgiques de la société tels que l’éducation, l’université, la santé et maintenant les retraités. Avec la chute durable des prix du pétrole, le pays a été contraint d’entamer une phase d’austérité au risque d’exacerber la colère de la rue. Les années fastes avaient, jusque-là, permis de contenir au maximum le mécontentement populaire. Plus d’argent pour acheter la paix sociale, implique-t-il pour autant le recours systématique au bâton et aux poursuites judiciaires pour faire taire les multiples secteurs en ébullition ? Cette option semble privilégiée par les pouvoirs publics. Le dialogue social idéalisé pendant des années et promu par les gouvernements successifs comme étant la pratique syndicale la plus adéquate et responsable, apparaît aujourd’hui comme la victime collatérale de la politique d’austérité. Mais pas seulement, le pouvoir pense à tort qu’il peut attaquer le mal à la racine, en ne fléchissant pas devant les manifestations dans la rue. Pour tempérer ce comportement, il recourt presque systématiquement à l’installation des comités interministériels chargés d’étudier les revendications et leur trouver des solutions.
Or le temps, c’est ce qui manque cruellement à ce pouvoir qui, dans un avenir proche, ne sera plus confronté uniquement aux revendications socioprofessionnelles. Il devra également faire face au mécontentement de la rue, conséquence de l’érosion du pouvoir d’achat des Algériens sous l’effet des mesures édictées par la loi de finances 2018. La réédition du scénario des émeutes de janvier 2011, contre l’augmentation des prix du sucre et de l’huile de table essentiellement, est à redouter. La dernière année du quatrième mandat de Bouteflika s’annonce non seulement mouvementée, mais encore dangereuse en l’absence d’une volonté palpable de dialogue social comme voie de solution des différents conflits. La situation est très critique : on assiste à la dégradation du pouvoir d’achat et à l’accentuation des inégalités sociales, ainsi que le développement de l’informel, la criminalité et la délinquance.
La combinaison de ces facteurs, auxquels s’ajoutent le recours à la violence comme instrument de règlement des conflits, la corruption, l’indifférence et la fatalité, peut conduire à l’embrasement général. Il suffit d’une étincelle. *Nissa-H / Liberté / lundi 22 janvier 2018
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Recours à la justice pour faire taire la protestation
Les syndicats dénoncent des «décisions politiques et illégales»
le 29.01.18 | el watan
Les résidents, qui ont recours aux services d’avocats, énumèrent les points de dysfonction qui entachent la décision
du tribunal.
Les syndicats ont décidé de poursuivre leurs actions de protestation malgré des décisions de justice ayant décrété l’illégalité de ces grèves. Le Collectif autonome des médecins résidents (Camra), qui encadre la grève des médecins résidents depuis le mois de novembre, organise des sit-in et appelle au maintien du boycott des examens, qualifiant d’ailleurs de «politique» la décision du tribunal ayant décrété mercredi dernier que la grève des résidents était illégale.
Pour le porte-parole du Camra, le Dr Taileb, les résidents sont «surpris» par cette décision «qui ne respecte pas tous les aspects juridiques et techniques d’une décision de justice». Les résidents, qui ont recours aux services d’avocats, énumèrent les points de dysfonction qui entachent la décision du tribunal.
«La décision qui stipule l’arrêt de la grève et l’évacuation des lieux de protestation ne comporte pas les détails rudimentaires obligatoires dans une décision officielle, tels que les noms des destinataires de la décision, ni l’endroit ciblé par la décision. Aussi, le tribunal n’a ni convoqué ni écouté la partie concernée, ce qui rend la décision, du point de vue juridique et administratif, nulle et inapplicable», précise le Dr Taileb.
Les résidents «ne reconnaissent pas la décision du tribunal» et ont donc décidé de poursuivre la grève jusqu’à l’aboutissement de la plateforme des revendications, ajoute le délégué du Camra. Pour les résidents, «le recours à la justice pour prendre une décision politique est loin d’intimider les 15 000 résidents, décidés à poursuivre leur combat pour l’amélioration des conditions dans lesquelles ils évoluent».
Le Camra, pour rappel, exprime des revendications liées notamment à la suppression du service civil dans sa formule actuelle et la levée de la mesure «discriminatoire» qui exclut les plus de 30 ans de la dispense du service national. Le Syndicat algérien des paramédicaux (Sap) a été contraint de trouver un autre moyen pour poursuivre son débrayage «tout en se conformant à la justice».
Après avoir vu sa grève jugée illégale par le tribunal, le Sap a annoncé, samedi, la suspension de la grève enclenchée le 8 janvier dernier pour des revendications socioprofessionnelles. Le conseil national qui s’est réuni a décidé de lancer un autre préavis de grève illimitée à partir du 5 février prochain, sachant pertinemment que la justice la déclarera «illégale». Pour le président du Sap, Lounes Ghachi, qui dénonce le recours à la justice par le ministère, «le syndicat poursuivra son action de protestation, sans piétiner la loi».
Pour lui, «le recours à la justice pour déclarer la grève des paramédicaux illégale prouve que les portes du dialogue sont fermées». Le Sap considère que le ministère se livre au «chantage, en refusant d’un côté de reconnaître la légitimité des revendications et d’ouvrir un dialogue pour trouver une solution, et d’un autre, prétendre que la grève porte atteinte aux intérêts des malades. C’est du pur chantage qui ne sert les intérêts de personne», souligne M. Ghachi.
**Fatima Arab / 29.01.18 | el watan
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* une simple gerbe de fleurs fait peur au pouvoir
Le FFS dénonce la brutalité policière
Une délégation du FFS, conduite par son premier secrétaire, Mohamed Nebbou, a été empêchée par la force de l’ordre de déposer dimanche une gerbe de fleurs à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse.
A la suite de quoi , la direction du parti a réagi dans un communiqué virulent dans lequel elle exprime sa désapprobation.« Le FFS dénonce avec la plus grande fermeté la brutalité de l’intervention des forces de sécurité, présentes en masse sur les lieux ainsi que l’interpellation ou l’arrestation des militants politiques, des droits de l’Homme et du monde associatif qui se sont associés à cette activité pacifique » lit-on dans le communiqué du parti.
Revendiquant le droit aux partis politiques d’être partie prenante pleine et entière de cette célébration, le FFS « dénonce avec énergie la prétention des autorités à faire de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, un domaine réservé aux officiels ».
Et tout en estimant que « toute Algérienne et tout Algérien à le droit de s’exprimer, de célébrer et de participer pacifiquement à toute action ou manifestation qui s’inscrit dans ce cadre », le parti présidé par M. Nebbou relève ce paradoxe de voir « dans tous les commissariats en Algérie, sont placardées des affiches proclamant que l’Etat de droit commence par la police; dans tous les commissariats d’Algérie sont placardées des déclarations des droits de l’homme, mais la réalité est malheureusement toute autre sur le terrain ».
En revanche, ajoute le communiqué du FFS, « sur le terrain, ce sont les matraques, les fourgons cellulaires, les propos agressifs et les séjours prolongés et injustifiés dans les locaux des commissariats qui sont la pratique ordinaire ». Et tout en rappelant que « pour le FFS, liberté d’expression et démocratie sont inséparables » , le premier secrétaire souligne en conclusion qu’ « on ne peut pas parler de démocratie là où la liberté d’expression est bâillonnée comme on ne peut pas parler de liberté d’expression dans un Etat autre que démocratique ». *Par Khidr Ali | 03/05/2015 | algerie1.com
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*Le retour du bâton!
Manifestants poussés dans les escaliers, militants incarcérés pendant plusieurs jours, étudiants traînés sur le sol et frappés à coup de bottes. Depuis une semaine, les forces de l’ordre ne prennent plus de gants. Leur cible : les contestataires.
La manifestation de Barakat mercredi dernier, la marche pour le 34e anniversaire du Printemps berbère, l’arrestation de deux militants… Depuis une semaine, le pouvoir a durci ses réponses à la contestation. Le politologue Rachid Tlemçani estime : «La gestion violente des événements de Tizi Ouzou, Ghardaïa ainsi que l’arrestation des membres du mouvement Barakat et des autres ONG ont révélé l’étendue de la crise au sein de la classe des oligarques et des intouchables.» Pour Halim Feddal secrétaire général adjoint de l’Association nationale de lutte contre la corruption, «le clan Bouteflika est très fragile et familial, il s’est octroyé tous les pouvoirs. Ce clan hermétique et restreint a réussi à rassembler tout le monde contre lui. Il s’est fait beaucoup d’ennemis à cause de la gestion catastrophique du pays : la mauvaise gouvernance, la corruption généralisée et le climat d’impunité.» Et d’ajouter : «L’élection présidentielle est cruciale : c’est un moyen de confirmer sa pseudo-légitimité vis-à-vis de l’étranger. Il s’est finalement attribué une légitimité par la fraude.» Rachid Tlemçani poursuit : «C’est la première fois qu’une opposition ferme, ouverte et publique s’est constituée contre le clan présidentiel.
Le pouvoir se recroqueville sur lui-même et actionne les vieux réflexes du système autoritaire.» Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid, fait le même constat : «Le pouvoir a été remis en cause. Il perd pied, la fraude a eu raison du soutien populaire.» Kamel Benkoussa, ex-candidat à l’élection présidentielle, estime, quant à lui, que «le régime a peur de se faire dépasser par la propagation des revendications citoyennes sur le territoire national. Nous assistons à la naissance d’un réel éveil citoyen en Algérie. Le régime qui ne comprend pas le peuple algérien, retombe donc facilement dans ses vieux travers en faisant usage de la force».
Réponse politique
C’est aussi l’avis de Moussa Touati, arrivé dernier du scrutin. «Le pouvoir a quelque chose à se reprocher. La fraude est la raison pour laquelle l’Etat veut empêcher toute manifestation avec une telle violence», développe-t-il. Selon Soufiane Djillali, la répression était prévisible : «Face à une opinion publique qui s’éloigne et à une opposition de plus en plus en forte, le pouvoir panique. Après une utilisation abusive des moyens de l’Etat durant la campagne, le peuple n’a plus confiance. On assiste à la mise en place de la phase finale impliquant la force brutale. Quand on a moins de carottes dans le panier, on multiplie les coups de bâton». Halim Feddal rejoint cette analyse : «Un régime sans légitimité populaire n’a que la répression comme moyen de dialogue avec le peuple.»
La jeunesse et internet sont perçus comme une menace pour le pouvoir, selon Kamel Benkoussa : «Le régime a peur de cette société civile ‘‘virtuelle’’, qui est aussi capable de se mobiliser dans la rue. D’ailleurs la vitesse de propagation de la vidéo de Tizi Ouzou sur les réseaux sociaux a provoqué une telle indignation et les autorités ont dû réagir.» La violence à Tizi Ouzou était pour lui un choix calculé du régime. «Le pouvoir a fait le choix, sciemment, de réprimer la manifestation pacifique à Tizi Ouzou. Il ne pouvait pas empêcher avec force les manifestations dans tout le pays vis-à-vis de l’opinion internationale. Il se serait mis à mal avec ces puissances qui ont soutenu cette élection. Ainsi, les événements de Tizi Ouzou apparaissent simplement comme des dépassements locaux», soutient Soufiane Djilali.
Pourtant, «le message est destiné à tous les Algériens», dit-il. Même si l’appareil sécuritaire a atteint ses limites depuis bien longtemps, la répression a été terrible à l’égard de jeunes manifestants pacifiques, regrette Rachid Tlemçani, qui insiste : «La violence n’est pas la solution.» Kamel Benkoussa se montre pessimiste : «Les répressions à venir seront très certainement l’élément déclencheur qui incitera les différentes formations politiques démocratiques à dépasser leur ego et à se fédérer derrière la société civile et devenir, enfin, une réelle force d’opposition.» «La jonction entre le mouvement social d’une part et la récente contestation électorale politicienne d’autre part est en train de façonner une nouvelle dynamique conflictuelle. Il est de l’intérêt du clan dominant de prendre en considération cette nouvelle réalité, prévient aussi Rachid Tlemçani. L’Algérie de Bouteflika 4 est différente des précédentes. Elle est bien décidée à crever l’abcès. Le grand dérapage qui guette le pays deviendrait plus problématique que la crise sécuritaire des années 1990. La nouvelle conflictualité en perspective serait préjudiciable pour tous les Algériens, y compris ceux qui ont expatrié des capitaux à l’étranger au détriment de l’investissement national productif. Veut-on mettre le feu aux poudres ?»
Tayeb Belaïz : «Des actes isolés»
Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, a affirmé hier que les «dépassements» émanant d’agents de police le 20 avril dernier à Tizi Ouzou relevaient de comportements «exceptionnels» et d’«actes isolés». «Les corps de sécurité sont tenus par le respect rigoureux des lois de la République dans toutes leurs interventions», a précisé le ministre lors d’une conférence de presse qu’il a animée à l’issue d’une visite de travail et d’inspection à la direction des unités républicaines d’El Hamiz. Pour le ministre de l’Intérieur, «les corps de sécurité ont fait montre d’un haut degré de professionnalisme dans le traitement des émeutes, manifestations et marches dans certaines wilayas». «Le directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel, a ordonné qu’une enquête soit ouverte à ce sujet et je pense que les personnes impliquées dans les dépassements ont été suspendues de leurs fonctions par mesure préventive», a indiqué Tayeb Belaïz.Selon lui «l’enquête suit son cours» et si des «preuves corroborent les faits signalés, ces personnes seront déférées devant la justice comme tous les citoyens». «L’Etat a accompli son devoir et les services de sécurité sont tenus par le respect de la loi. L’agent de police est le premier à qui incombe le respect de la loi et la préservation de la dignité des citoyens», a-t-il martelé. «A défaut de plainte, des sanctions administratives seront imposées aux personnes impliquées», a ajouté le ministre. Le DGSN a instruit, lundi, les autorités compétentes d’ouvrir une enquête urgente sur le contenu d’une vidéo montrant des agissements de policiers contraires à l’éthique professionnelle dans la wilaya de Tizi Ouzou.
A Ghardaïa, un responsable mozabite sous contrôle judiciaire
Il fait pourtant partie des «modérés», selon des observateurs des violences à Ghardaïa. Khodir Babbaz est membre du FFS et de la cellule de coordination et de suivi, qui observe les poussées de violence dans la ville. Cet habitant mozabite a également des responsabilités au sein de l’association locale des commerçants. Mardi, alors qu’il se rend au commissariat pour aider un habitant du quartier de Melika, il est arrêté par la police et incarcéré. «Je suis allé au commissariat n°1 pour demander les raisons de l’agression sur cet homme de Melika. Les policiers m’ont insulté et frappé et j’ai été arrêté», raconte-t-il.
Les forces de l’ordre l’accusent d’avoir agressé et frappé des agents. Lui soutient que c’est tout le contraire : «Une fois à l’hôpital, un policier m’a dit : ‘Maudit soit l’Etat qui vous donne votre liberté, si j’avais le pouvoir je boirais ton sang.’ Le deuxième policier, un inspecteur, a poursuivi : ‘Celui pour qui tu as voté ne pourra rien pour toi’.» Après la visite médicale, Khodir Babbaz est ramené au commissariat où il passe la nuit de mardi à mercredi en garde à vue avant d’être présenté devant le procureur. Il est relâché mais placé sous contrôle judiciaire.
Sur place, on ne comprend pas ce qui s’est passé. «Khodir Babbaz est un représentant mozabite correct qui n’a jamais appelé à la violence, contrairement à certains. Si lui est attaqué par les forces de l’ordre, ce sont tous ceux qui résistent à l’appel à la violence qui vont être fragilisés», commente un observateur. «Je n’accuse pas tous les officiers, mais il y a des policiers qui veulent que la situation s’empire. Je pense qu’ils ont pour but de l’aggraver», témoigne Khodir Babbaz qui met directement en cause le chef de la sûreté et cinq de ses hommes. Ces nouveaux événements accentuent le sentiment de manipulation de certains notables mozabites. «Cela fait 4 mois que la population demande une commission d’enquête et il n’y a rien. Tandis que des policiers ont eu des promotions après des bavures», déplore-t-il.
Leïla Beratto
*Hassiba Hadjoudja-Watan-le 25.04.2014
**Anser Layachi. Chercheur en politique sociale :
Il n’y a plus de pouvoir homogène
-Comment expliquez-vous qu’en quelques jours, l’Etat ait usé de violence contre des manifestants ou des contestataires ?
Il y a une corrélation entre le retour de la violence et la fin de l’élection. Avant le scrutin, il y avait une grande pression sur les pouvoirs publics, certaines ONG ont dénoncé la violence contre les protestations comme celles de Barakat. Le pouvoir a donc été plus flexible, moins violent. Mais une fois l’élection passée, le pouvoir s’est senti rassuré et il répond de la manière qu’il estime la plus efficace pour faire passer le message : les autorités n’accepteront plus qu’on conteste leur pouvoir.
-Quel peut être l’impact de cette violence ?
Tout le monde sait que l’utilisation de la force est une solution vouée à l’échec et qui peut menacer le développement du pays. Ce n’est judicieux ni pour le pouvoir ni pour la société. Le pouvoir va droit dans le mur avec cette méthode. Il y a désormais des pressions extérieures, de la part des ONG mais surtout des pressions intérieures de la part des associations, des syndicats… Les organisations de la société civile ne laisseront pas faire.
-Comment peut réagir le pouvoir ?
Il n’y a plus d’autorité homogène ni de stratégie globale du pouvoir. Il n’y a plus de centre de décision unique. Le pouvoir est éclaté, donc chaque groupuscule au pouvoir essaye de réagir à sa manière pour obtenir plus de pouvoir. C’est grave pour l’Etat et cela mènera à plus de violence. Il est également possible que les autorités prennent la mesure du risque et reviennent à une situation de dialogue.
-Pensez-vous qu’un retour au dialogue est possible tant que Abdelaziz Bouteflika est président ?
Le président Abdelaziz Bouteflika n’est pas dupe. Il sait qu’il souffre d’un déficit de légitimité et cela doit peser sur ses réactions futures.
*Leïla Beratto–Watan-le 25.04.2014
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*La répression policière choque les Algériens
La vidéo choc qui continue à faire le buzz sur les réseaux sociaux et met clairement et crûment à nu la sauvagerie avec laquelle la police a réprimé des manifestants lors de la marche avortée du 20 avril, à Tizi Ouzou, s’est révélée fort embarrassante pour le régime.
Ces images, filmées par un anonyme, ont eu l’effet d’une bombe et, pour tout dire, elles tombaient mal (pour Boutef IV) quand on sait que les faits se sont produits deux jours à peine après la réélection du président sortant pour un quatrième mandat.
Ces images se posent comme une pièce à conviction des plus accablantes qui ne laisse point de doute quant au caractère profondément répressif du «système». Au-delà de la «bavure» policière, elles témoignent d’une violence plus ancienne et plus profonde.
Une violence d’Etat. Elles disent le caractère coercitif et résolument fermé du «récit dominant». On n’est pas obligé d’être spécialiste en sémiologie de l’image pour y voir un abus de pouvoir et, surtout, un abus «du» pouvoir dans le monopole de la violence légitime (Weber). Un pouvoir qui bascule, sans scrupules et sans ménagement, dans la violence illégitime.
Un air de Ramallah
Depuis l’assassinat de Abane, la violence politique, on le sait, est dans l’ADN du régime. De moyen d’accession au pouvoir, elle est érigée depuis belle lurette en mode de gouvernance. Dont acte ! Par ailleurs, cette vidéo trahit le caractère pas très «républicain» d’une institution censée agir sous le magistère de la loi au lieu de servir une caste. Une nouvelle fois, les troupes du général Hamel se seront distinguées par une propension à abuser de la matraque et à «casser de l’Algérien» dès qu’il nourrit la moindre velléité de battre le pavé et d’agir en citoyen à part entière. Au final, ces images sont révélatrices de l’ampleur de la cassure, pas seulement entre les services de sécurité et la population, mais, surtout, entre le pouvoir et le peuple. Une cassure que résume cet officier de police qui nous confia un jour, dans un commissariat : «J’ai le sentiment de porter l’uniforme de la police coloniale.»
D’aucuns, en voyant ces «flics», en uniforme ou en civil, s’acharner sur un jeune homme qui ne remue plus, lui assénant des coups de pied au train et le traînant comme du gibier, ont pensé au comportement de la police israélienne face aux manifestants palestiniens, et il est difficile de leur donner tort.Cette bastonnade hystérique, administrée avec une haine démesurée à ce corps qui ne répond plus disent, en sous-texte, l’entêtement du pouvoir à vouloir dresser à tout prix la population à l’obéissance civile après lui avoir coupé tout canal d’expression pacifique et après avoir confisqué tous les espaces publics.Bien sûr, le patron de la police, le général Hamel, s’est empressé de diligenter une enquête pour faire la lumière sur ces dépassements.
Visiblement gêné, le DGSN fait une nouvelle fois de la com’, pour ne pas dire de la «politique», pour rattraper les bourdes à répétition de ses hommes. Sauf qu’il ne s’agit nullement, ici, d’une bavure «isolée». Qu’on se souvienne de Ghardaïa, du laxisme coupable de la police au moment où des voyous détruisaient méthodiquement les mausolées de Ami Saïd et autres symboles-clés de la culture mozabite.
Une attitude qui a grandement contribué à nourrir le pourrissement. Qu’on se souvienne de la brutalité avec laquelle des militants pacifiques ont été réprimés mercredi dernier à Alger. Qu’on se souvienne de toutes les manifestations non violentes réprimées dans le sang depuis les événements de 2001.
Casser la citoyenneté active
Au-delà de l’émotion et de l’indignation que ces images ont suscitées et à juste titre, celles-ci nous amènent à nous interroger sur la trame idéologique et doctrinale dans laquelle elles s’inscrivent. Ces séquences, en apparence hachées, traduisent l’échec retentissant d’un régime se revendiquant de l’histoire du Mouvement national à fédérer les Algériens autour d’un vrai projet national, d’un vrai contrat social basé sur la libre adhésion de chacun plutôt que sur la soumission de la majorité silencieuse par la force et le chantage.
Depuis 1962, le pouvoir, sous ses différents visages, se sera échiné à empêcher l’émergence d’une citoyenneté active et participative pour lui substituer une masse informe de néo-indigènes interdits de questionnement. En ramenant le problème à une simple histoire de «bavures» anecdotiques, nos gouvernants entendent le confiner dans un registre technico-sécuritaire quand il est, avant tout, question des fondements mêmes du régime de gouvernance et de pensée. Et cela nous renvoie de plein fouet à cette «violence d’Etat» dont nous parlions tantôt.
Celle-ci se manifeste dans tous les segments de la société. Comment s’étonner, dès lors, que la police agisse avec autant de hargne et de mépris ? Comment lui demander de respecter notre intégrité physique quand notre «polis», notre «ethos» et notre intégrité citoyenne sont piétinés, profanés et bafoués tous les jours ?
L’élection est vidée de son sens. L’intronisation par la fraude, l’argent sale, la manipulation de masse et l’arrogance d’un président à l’article de la mort est vécue par un large secteur de l’opinion comme un viol du corps électoral.
A quelques encablures du scrutin, des gendarmes ont débarqué dans les locaux d’Al Atlas TV, saisi le matériel de la chaîne et l’ont fermée manu militari en raison de sa position éditoriale, quand les chaînes de Mahieddine Tahkout qui, elles, pour le coup, sèment la haine et appellent au lynchage de l’opposition, continuent à émettre en toute impunité.
L’ANEP est instrumentalisée sans vergogne pour étouffer financièrement la presse «récalcitrante», comme nos confrères d’El Djazaïr News et Algérie News viennent de l’apprendre à leurs dépens. L’une des rares bouffées d’aération cathodique qui égayait notre morne paysage audiovisuel, en l’occurrence l’émission System DZ animée par notre ami Abdallah Benadouda, est tout bonnement supprimée de la grille de la chaîne de Ali Haddad au motif qu’elle se permet une trop grande liberté de ton qui n’est pas dans l’esprit de la maison.
A l’heure où nous mettons sous presse, Kadi Mohand, un militant de RAJ, et un ressortissant tunisien, Moez Benncir, qui l’accompagnait, croupissent à Serkadji pour avoir pris part à la manifestation de mercredi dernier, à Alger. Toutes ces violences successives ne pouvaient que faire le lit de la violence policière à laquelle nous assistions, impuissants, ce samedi, à Tizi Ouzou.
A force de brimer la société, de casser les initiatives, de terroriser les cadres, de réprimer l’opposition, d’étouffer les syndicats, de noyauter les associations, d’acheter les juges, de domestiquer le FCE, de surveiller les partis, de persécuter les intellectuels… qu’attendre de la police, sinon de briser les os des derniers Algériens debout ? Evidemment, le régime va encore nous seriner son leitmotiv de campagne : Printemps arabe. Ou… Printemps berbère dans le cas de Tizi. Oui. Désamorcer le printemps avant qu’il ne bourgeonne dans les têtes et ne donne des idées aux autres saisons.
Nos chers experts de la GDF (gestion démocratique des foules) n’ont donc pas encore compris que ce sont précisément ces méthodes qui ont poussé les peuples à la révolte en emportant tout sur leur passage ? Conseil tactique : un masque à oxygène, vite, sinon ce sera tous les jours le 20 Avril !
Mustapha Benfodil- El Watan-23.04.2014
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Atteintes aux libertés en Algérie :
les limites de la solidarité par communiqués
« Les libertés ne sont pas une affaire de communiqués. Quand on est un parti politique, une Ligue…on ne peut pas se suffire d’exprimer sa solidarité par communiqués. La présence sur le terrain vaut bien mieux que beaucoup d’écrits… ».
Les autorités algériennes continuent à réprimer les militants des droits sociaux et politiques dans l’indifférence quasi totale de la société. La semaine dernière, la police a procédé à des interpellations massives dans les rangs des syndicalistes indépendants venus manifester pacifiquement devant l’APN. Quelques jours plus tard, la justice condamne Hassan Bouras à une année de prison ferme pour avoir réalisé et diffusé une vidéo où l’on a cité des responsables de la police dans une affaire de pot-de-vin à El Beydh. En septembre dernier, la Cour de Sétif a condamné Slimane Bouhafs à trois ans de prison ferme pour avoir diffusé des opinions religieuses sur Facebook. La liste des victimes de ces pratiques liberticides est trop longue.
Ces atteintes aux libertés sont souvent relayées par les médias et dénoncées par les ONG de défense des droits humains ainsi que par certains partis politiques. Mais cela n’a pas eu l’effet espéré, à savoir amener le pouvoir à renoncer à son comportement brutal ou du moins à en diminuer l’ampleur.
Interrogé sur cette situation, Hakim Addad, militant pour les libertés et membre fondateur du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), a tenu tout d’abord à mettre en exergue « la volonté des autorités de faire taire » tous ceux qui développent un discours différent de celui du pouvoir en place. « Le mouvement militant n’est pas au mieux de sa forme du fait de décennies de répression », observe Hakim Addad, en guise de « circonstances atténuantes » en faveur de la société civile qui souffre, en outre, de son « atomisation ».
Mais cela, poursuit-il, ne dispense pas les militants, ligues, partis politiques et autres associations de leur « responsabilité de trouver des solutions ». Selon lui : « les états-majors (partis, ONG …) ne se saisissent pas suffisamment de la question fondamentale des libertés ».
Laïc ou islamiste ?
Hakim Addad n’a pas manqué de critiquer l’attitude de certaines organisations associatives et formations politiques : « Les libertés ne sont pas une affaire de communiqués. Quand on est un parti politique, une Ligue… on ne peut pas se suffire d’exprimer sa solidarité par communiqués. La présence sur le terrain vaut bien mieux que beaucoup d’écrits ».
Parlant de la dernière manifestation de l’Intersyndicale à Alger, l’ancien leader de RAJ fait remarquer : « les gens sont matraqués à l’extérieur alors que certains, dans le confort de leurs bureaux, pondent des communiqués pour exprimer leur solidarité avec les victimes… Chwya ! ».
De son côté, le coordinateur du Comité national de défense des droits des chômeurs (Cnddc), Nawfel Chekaoui, considère que le mouvement militant est miné par les idéologies. « Le pouvoir corrompu investit dans les idéologies. Les militants doivent dépasser leurs références idéologiques et arrêter de dire que telle victime est laïque ou islamiste. Il faut se mettre d’accord sur un seul principe, celui de la citoyenneté. ».
Citant le cas de Hassan Bouras, le coordinateur du Cnddc suggère aux militants de se déplacer au niveau des tribunaux pour « mettre la pression sur la justice le jour du procès ». D’après Nawfel Chekaoui, « les organisations ayant les moyens de se déplacer et de mobiliser des avocats ne font pas toujours leurs devoir vis-à-vis des victimes des autorités ».**Farouk Djouadi / * el watan / vendredi 02 décembre 2016
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*Liberté de manifester pacifiquement/
*La LADDH dénonce la répression du rassemblement organisé devant l’APN
Plusieurs acteurs de la société civile, militants des droits de l’homme et syndicalistes ont été empêchés dimanche 27 novembre 2016, de tenir un rassemblement pacifique devant l’Assemblée Populaire Nationalepour protester contre les projets des lois sociales.
Les interpellations effectuées parmi les manifestants remettent à l’ordre du jour la question de la liberté de manifester pacifiquement et d’exprimer une opinion, droits consacrés par la constitution et les conventions internationales relatives aux droits politiques, civils, économiques et sociaux, pourtant, ratifiées par notre pays. La LADDH exige la libération immédiate de toutes les personnes interpellées et rappelle que ces citoyens n’ont fait qu’exercer leurs droits fondamentaux et que les autorités sont tenues de respecter les textes qui les garantissent.
La LADDH exprime son inquiétude face à la dégradation des conditions de vie des pans entiers de la société et des catégories sociales les plus vulnérables. La LADDH s’inquiète également des tentations autoritaires et sécuritaires comme solutions aux problèmes politiques, économiques et sociaux. Elle appelle les autorités à privilégier le dialogue et la concertation avec les syndicats, la societe civile et les citoyens comme moyens pacifiques et apaisés d’entrevoir des perspectives meilleures. La LADDH se solidarise avec tous les mouvements sociaux qui défendent pacifiquement leurs droits et exercent leurs libertés, toutes leurs libertés .
*Le President de la LADDH, Maître Nourredine Benissad
**algerie-focus / dimanche 27 novembre 2016
***La contestation réprimée
Un dispositif sécuritaire impressionnant a confiné les manifestants sur la place de la Grande-Poste, sans aucune possibilité d’avancer.
Le rassemblement contre la réforme de la retraite et de l’érosion du pouvoir d’achat auquel a appelé l’intersyndicale a été empêché hier par les autorités.
Des centaines de syndicalistes et travailleurs ont bravé le dispositif de sécurité et improvisé un rassemblement sur la place de la Grande-Poste d’Alger ; ils ont scandé des slogans hostiles à la politique d’austérité décrétée par le gouvernement pour faire face à la baisse des revenus nationaux. Les protestataires ont exprimé «la détresse des familles algériennes menacées appelés à combler les lacunes de la mauvaise gestion des revenus engrangés durant plus d’une décennie puis dilapidés par l’incompétence et la mauvaise gestion ainsi que la corruption».
Les participants à ce rassemblement sont venus de plusieurs wilayas pour chahuter le débat ouvert à l’APN sur l’amendement de la loi portant sur le système de retraite. Les slogans scandés par les protestataires exprimaient le rejet du projet d’annulation de la retraite proportionnelle et de la retraite anticipée après 32 ans de service sans condition d’âge. Des pancartes dénonçant la mauvaise gestion du dossier de la retraite ont été également brandies par les protestataires.
Un dispositif sécuritaire impressionnant a contraint les manifestants à se confiner sur cette place, sans aucune possibilité d’avancer. Les policiers déployés empêchaient toute tentative de rejoindre les manifestants, priant les passants de circuler. Certains éléments de la police ont utilisé la force pour immobiliser des manifestants qui essayaient de forcer le dispositif de sécurité pour permettre aux protestataires d’avancer vers leur destination initiale. En moins d’une heure, les protestataires ont été dispersés.
L’empêchement du rassemblement avait commencé au niveau des accès à la capitale, puisque des syndicalistes et des délégués syndicaux ayant mobilisé des centaines de leurs camarades ont été empêchés d’atteindre Alger en bus. Des syndicalistes ont été arrêtés alors qu’ils tentaient de rejoindre Alger très tôt le matin. Des centaines de personnes ont été interdites de quitter les bus qui les transportaient et ont été gardées à bord durant plusieurs heures dans la gare routière d’Alger, tandis que d’autres ont été contraintes de rebrousser chemin au niveau des wilayas limitrophes de la capitale.
A Blida, des chauffeurs de bus transportant des manifestants ont été empêchés de prendre la route.
«Alger est en état de siège», dénonçaient les représentants des syndicats autonomes, initiateurs de ce mouvement de protestation. Plusieurs responsables syndicaux ont été arrêtés. Les organisateurs de ce rassemblement annoncent «des milliers d’arrestations arbitraires».
«Piètre prestation du parlement»
«Les policiers ont interpellé nos camarades même en dehors du rassemblement. Certains ont été embarqués dès l’aube, à leur sortie des cafés», révèle Sadek Ziri, président de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef), dans un point de presse tenu hier à Alger.
Les représentants des syndicats autonomes, rejoints par le Syndicat des imams, ont exprimé leurs craintes des «traitements violents» subis par leurs collègues entassés dans des bus des heures durant, «empêchés même de se rendre aux sanitaires». L’intersyndicale a dénoncé la répression du mouvement de protestation. «Nous avons été traités comme si nous étions de vulgaires voleurs, alors que nous sommes des cadres honnêtes qui voulions nous exprimer pacifiquement», soulignent des responsables syndicaux, qui dénoncent «la violence infligée aux protestataires empêchés de se mouvoir». «Les procédés de l’administration centrale rappellent ceux utilisés durant la période coloniale. Où est notre droit à la liberté d’expression ?» s’interroge M. Ziri.
De son côté, Djamel Ghoul, représentant des imams, a fustigé les députés ayant voté en faveur de la loi de finances et «qui ne sont pas près de montrer la moindre résistance aux textes impopulaires que le gouvernement soumet au Parlement». Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp), estime que «le pouvoir a donné une mauvaise image avec la répression du rassemblement». Pour ce syndicaliste, «les parlementaires ont offert fait une piètre prestation durant ce mandat où tous les textes qui enfoncent dans la détresse les Algériens ont été votés».
Soulignons que les groupes parlementaires du Parti des travailleurs, de l’Alliance de l’Algérie verte et du Front des forces socialistes ont soutenu cette manifestation. Des députés se sont d’ailleurs déplacés sur le lieu du rassemblement. Les membres de l’intersyndicale, qui se sont félicités du suivi de la journée de grève qui a vu l’adhésion de plus d’effectifs que les éditions précédentes, annoncent la tenue d’une réunion le 3 décembre prochain. «Nous n’allons pas nous taire, même si ces textes sont votés, nous continuerons à lutter pour les corriger.» La grève se poursuivra aujourd’hui et demain. *Fatima Arab/ el watan / lundi 28 novembre 2016
**L’opposition parlementaire dénonce un Parlement usurpé
Les députés de l’opposition ont proposé et insisté sur le report du débat sur ce projet qui a suscité une polémique et des interrogations, en vain.
Comment peut-on débattre du projet de loi relatif à la retraite alors que l’APN est sous embargo ? Elle est assiégée par une armada de policiers. Honte à ce Parlement, à son bureau et à ces représentants», ont scandé, hier, les parlementaires de l’opposition dans le hall de l’hémicycle Ziroud Youcef. Ces députés ont proposé et insisté quant au report du débat sur ce projet qui a suscité une polémique et des interrogations.
En vain. La plénière a eu lieu et 175 députés se sont inscrits pour intervenir et apporter leur appréciation. A l’entame des débats, au moment de la lecture du rapport préliminaire de la commission santé, affaires sociales et travail de l’APN, les députés de l’Alliance de l’Algérie verte (AAV) et du Parti pour la justice et le développement (PJD) ont quitté la séance plénière pour protester contre ce qu’ils qualifient de «rapport préfabriqué» et «imposé d’en haut». Ils dénoncent plus particulièrement leur non-association à l’élaboration du contenu du rapport.
Les parlementaires du FFS leur ont emboîté le pas en signe de protestation contre ce texte de loi et surtout contre l’encerclement du siège de l’APN par un dispositif de sécurité déployé aux alentours afin d’empêcher les syndicats autonomes d’organiser un sit-in pacifique. Les élus PT ont, quant à eux, rejoint carrément les manifestants en signe de solidarité.
Abderrahmane Benfarhat, président du groupe parlementaire AAV, accuse la commission compétente de ne pas avoir débattu le texte et d’avoir élaboré le rapport préliminaire sans aucun amendement. «Les membres de la commission ont pour mission d’élaborer un rapport sur tous les projets qui émanent du gouvernement de manière collégiale et en concertation avec les concernés dans le domaine. Or, ce rapport nous a été imposé et nous ignorons qui l’a rédigé. C’est inadmissible», explique le député. «L’AAV refuse de cautionner un tel document.»
Les députés du MSP ne nient pas que le pays traverse une crise financière, mais se range du côté des travailleurs.
«L’histoire vous jugera»
Le député Belkaidi Abdelaziz pense que l’Etat a commis une erreur grave en annonçant la suppression de la retraite anticipée du jour au lendemain. «Cette mesure a été instaurée il y a 15 ans, les travailleurs ont considéré cela comme un acquis. Pour corriger cette situation, il aurait fallu passer par une phase transitoire, expliquer et préparer les mentalités.
C’est de cette façon que l’on peut arriver à un consensus. Avec le mépris et la répression, nous n’arrivons à aucun résultat», affirme cet élu. Chafaa Bouaiche, chef du groupe parlementaire FFS, s’est élevé contre un Parlement qui tourne souvent le dos au peuple. Jugeant que les conditions permettant de discuter un projet aussi important ne sont pas réunies, les députés FFS ont claqué la porte de la session en qualifiant de «honteuse» l’attitude des responsables de la Chambre basse. «Nous dénonçons ce Parlement usurpé.
La logique aurait voulu l’annulation de cette séance. Il est insensé de débattre d’un projet rejeté par la moitié des travailleurs», lance M. Bouaiche qui déplore, en outre, le refus du bureau de l’APN d’accorder au FFS l’organisation d’une journée parlementaire sur la question de la retraite. «Ce bureau est composé d’une mafia, d’une oligarchie. Nous sommes en train de détruire tous les repères de ce peuple. C’est une honte pour ces représentants du peuple. Comment peut-on participer à un débat alors que les travailleurs sont malmenés à l’extérieur ? Nous sommes avec les revendications légitimes du peuple», explique le député.
Les élus du PT, qui ont rejoint en début d’après-midi le Parlement, ont appelé le gouvernement à la raison. «Il faut savoir raison garder», estime le député Taazibt, dont le parti lutte pour le retrait du projet de loi et l’ouverture d’un débat non exclusif. «La solution n’est pas dans la répression qui ne peut que pousser aux affrontements et risque de mener vers une explosion sociale. Cette loi est inutile, c’est pour nous une contre-réforme», renchérit Taazibt, qui s’insurge contre le comportement du pouvoir face à des revendications légitimes.
Les parlementaires de l’opposition ont également dénoncé la programmation en une seule journée du débat sur un projet aussi important alors que le vote interviendra dans trois jours : «Nous ne comprenons pas pourquoi cette précipitation, pourquoi vouloir à tout prix empêcher les syndicats de s’exprimer. Rien n’est supérieur à l’intérêt de la nation. L’histoire jugera ceux qui cautionneront ce projet.» *Nabila Amir / el watan / lundi 28 novembre 2016
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*Les retraités malmenés…nos pères et grands-pères…honte à vous!
* j’ai 70 ans et j’ai du mal à retenir mes larmes en regardant ces scènes atroces, où nos enfants, nos frères et søeurs sont matraqués, battus, humiliés, trainés comme des voyous. HONTE A VOUS!
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* l’Algérie vire progressivement vers un Etat policier, où toute voix discordante est étouffée par le gaz ou la matraque.
Le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN) qui a promis la «gestion démocratique des foules», comptabilise la première victime à In Salah.
Le malheureux Moulay Nakhou a succombé à l’inhalation forcée du gaz lacrymogène alors qu’il se trouvait chez lui quand les CNS ont réprimé, lundi, les manifestants antigaz de schiste. Agé de 33 ans, ce citoyen handicapé a dû ainsi payer de sa vie l’entêtement du pouvoir à exploiter le gaz de schiste.
C’est un premier dérapage à In Salah. Pas ailleurs. Aux quatre coins de cette Algérie prise à la gorge, le pouvoir, avec ses bras armés et sa justice aux ordres, entreprend une opération méthodique consistant à mettre les libertés publiques à genoux. A Laghouat, la justice de Bouteflika a abattu, mercredi dernier, sa main lourde sur huit militants pour la défense des droits humains et des chômeurs.
Dans un simulacre de procès à huis clos, ces jeunes militants ont eu droit à des verdicts sans pitié, de six mois de prison ferme et six mois avec sursis. Lundi, c’est le tribunal d’El Oued qui s’est distingué dans ce triste hit parade de la répression en condamnant le président du comité de défense des droits des chômeurs, Rachid Aouine, à six mois de prison ferme.
In Salah, un gaz, une victime
Son péché ? Avoir publié un commentaire sur facebook exhortant les policiers à réclamer leurs droits au lieu de réprimer les manifestants. Il n’en fallait pas plus pour brandir l’article 100 du code pénal et l’accuser d’«incitation à attroupement». Rachid Aouine est ainsi envoyé en taule, au grand dam de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), pour qui ce verdict souligne à grands traits «la vague de pression sans précédent que subissent les défenseurs des droits de l’homme depuis plusieurs mois».
Et quand ce n’est pas justice de Tayeb Louh qui frappe sans état d’âme, c’est la police de Hamel ou la gendarmerie de Bousteila qui se chargent de tout mouvement de protestation citoyen. La mésaventure vécue par le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, sur sa route vers In Salah, en dit long sur cet Etat policier rampant qui s’installe dans le pays. Stoppé au niveau de plusieurs barrages, cet homme politique parti soutenir la population d’In Salah contre le gaz de schiste a eu cette incroyable réplique d’un gendarme : «Vous êtes un danger pour nous !» Cette réaction teintée de peur et de manque de confiance peut être mise dans la bouche de n’importe quel responsable algérien, du chef de daïra au président de la République.
C’est l’état d’esprit d’un régime finissant qui tente, par des soubresauts, de se remettre à flot en usant de méthodes et de moyens des moins recommandables. L’attitude du président Bouteflika, qui glose à chaque discours écrit sur les vertus de la démocratie et la nécessité de construire un «front intérieur», paraît au mieux déplacée, au pire cynique.
Dans un pays qui se prétend libre et démocratique, un journaliste talentueux vient de se voir retirer son accréditation par le ministère de tutelle. Les écrits décapants de notre confrère et ami Boualem Ghomrassa, alias Hamid Yas, ne trouvent pas grâce aux yeux du ministre, dont le seul ordre de mission est de gérer la rente publicitaire et, si possible, punir les journaux qui ne le caressent pas dans le sens du poil.
Le régime et ses relais administratifs et sécuritaires ont manifestement une feuille de route à suivre dans ce qui semble une entreprise de soumission de la société.
Front intérieur ? Vraiment ?
Pris de panique par la perspective biologique de passer la main, tôt au tard, il recourt au bâton contre ceux qui veulent hâter, même pacifiquement, son départ. L’interdiction systématique des marches de la CLTD, voire de ses réunions thématiques dans des salles fermées, est un indice qui ne trompe pas sur la peur panique qui s’est emparé du sérail. Et en appoint, le pouvoir ressort sa rhétorique incolore et inodore sur la «stabilité du pays» et les «menaces étrangères» pour faire passer la pilule de la prétendue manipulation.
Bensalah, Saadani, Ghoul et Sidi Saïd sont invités à réciter à pleins décibels ce disque rayé qui ne trompe plus personne de Tlemcen à Tébessa et de Tizi Ouzou à Tamanrasset. Ce quarteron et d’autres serviteurs du régime clientélisés et payés pour faire ce sale boulot se trompent de société.
Les Algériens acceptent de moins en moins que leurs libertés soient placées sous état de siège au nom d’une conception autoritaire de l’Etat. Les manifestants d’In Salah, les animateurs de la CLTD, les chômeurs de Laghouat, les journalistes Abdelhai Abdessamia et Hamid Ghomrassa, Karim Tabbou de l’UDS veulent juste que la force revienne au droit et s’opposent au droit de la force. L’Algérie de Bouteflika, qui accueille aujourd’hui un conclave des ministres arabes de l’Intérieur, sera certainement fière de partager son «expérience» en matière de répression des libertés. Ces hôtes arabes, eux, ne se sentiront pas dépaysés…*Hassan Moali / El Watan/ mercredi 11 mars 2015
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*La sous-traitance de la Sonatrach varie entre 15 et 23 milliards de dollars par an contre seulement 5 milliards par le passé
Le marché de sous-traitance de la Sonatrach se situe aujourd’hui entre 15 et 23 milliards de dollars par an contre seulement 5 milliards de dollars par le passé, selon les estimations fournies directeur de la division engineering et construction à la Sonatrach, Abderahmane Belkacem.
Intervenant, mercredi matin-25/mars/ 2015, sur les ondes de la radio nationale, le même responsable a saisi l’occasion pour inviter les entreprises nationales à s’impliquer pour éviter de recourir aux importations afin de préserver les devises en faisant état de difficultés rencontrées pour trouver des entreprises par son groupe dans certains domaines notamment la sismique
Belkacem a fait état, dans le même sillage, de rencontres par filière avec des entreprises nationales (publiques et privées) pour leur expliquer les besoins de Sonatrach dans les différents domaines et ce afin de les intégrer dans la sous-traitance. Le même responsable du groupe pétrolier algérien a relevé que même si le taux d’intégration des entreprises locales dans la construction est positif (80 à 90%), il reste trop faible dans le volet fourniture de bien et matériel. Il a, à ce propos, précisé qu’ »hormis le tube, les câbles, la vannerie, pour le reste tout est importé » tout en soutenant que Sonatrach a toujours été ouverte aux opérateurs public et privé nationaux ».*Par Mourad Arbani | 25/03/2015 |algerie1.com/
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***L’UGTA au service du pouvoir***
Pas au service des vrais travailleurs!
**Pacte sociale ou pacte de la rente?
Des centaines de milliers de travailleurs ont quitté massivement l’UGTA pour créer des syndicats autonomes. Quelques années ont suffi pour qu’ils supplantent l’organisation de Sidi Saïd dans la Fonction publique l Les initiateurs du Comité national de réappropriation et de sauvegarde de l’UGTA, eux, ont préféré y rester pour mener un combat contre l’actuelle direction nationale en vue de redonner à leur syndicat ses lettres de noblesse.
Préférée du pouvoir, qui l’impose comme seul partenaire social au sein de la tripartite, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) est depuis quelques mois dans l’œil du cyclone. De petites rébellions contre la direction nationale par-ci, une brève contestation par-là, l’organisation de Abdelmadjid Sidi Saïd, qui joue le rôle de soupape pour désamorcer la bombe sociale, s’apprête à organiser son douzième congrès au milieu d’une tempête dont on ignore encore l’ampleur. Un mouvement de contestation qui cible sa direction a vu le jour en avril dernier.
Regroupant des syndicalistes de divers secteurs, anciens et nouveaux, le Comité national de réappropriation et de sauvegarde de l’UGTA (CNRS) compte bien faire parler de lui d’ici la prochaine échéance organique du syndicat. Sa première sortie médiatique a fait l’effet d’un tonnerre dans le ciel serein de responsables syndicaux se complaisant depuis des années dans le confort de la rente. Mais aussitôt que la crédibilité de l’actuelle direction est mise en cause par le CNRS, qui révèle des pratiques peu amènes visant à acheter le silence des syndicalistes et surtout leur voix, des membres du secrétariat national réagissent pour défendre leurs responsables hiérarchiques et en premier lieu Abdelmadjid Sidi Saïd. Pas un seul des collaborateurs de ce dernier n’ose défier les règles du «milieu».
En réalité, hormis quelques brèves phases de son histoire, l’UTGA a toujours fonctionné comme cela. Organisation de masse depuis les premiers jours de l’indépendance, soupape du régime et véritable amortisseur contre les chocs sociaux qu’a eu à connaître le pays, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) n’a pas changé de statut depuis. Certains pensaient que «la centrale syndicale» allait s’amender avec le pluralisme syndical institué par les différentes constitutions qui se sont succédé depuis février 1989.
Mais qu’à cela ne tienne, elle a continué à être imposée comme l’unique partenaire social du gouvernement, même si sa représentativité est très discutable. Cela se fait bien évidemment au détriment des syndicats autonomes devenus, au fil des années, plus représentatifs. Un ancien syndicaliste, Meziane Meriane, aujourd’hui à la tête du Snapest, un syndicat autonome, parle de l’UGTA et évoque les raisons qui l’ont poussé à partir.
«Le congrès de 1965 a consacré le syndicalisme d’Etat et a mis fin au syndicalisme de combat et l’ugta est devenue une organisation satellite du parti unique. Le défunt Abdelhak Benhamouda, assassiné en 1996 sur le perron de la Maison du peuple au sortir de son bureau, a été le seul, selon lui, à vouloir le repositionner dans le sillage tracé par ses géniteurs, Aïssat Idir et Abane Ramdane. En 1991, le défunt secrétaire général avait défié le gouvernement de Mouloud Hamrouche en observant deux jours de grève, qui ont permis l’institution de la tripartite, et en imposant un programme anti-Fonds monétaire international (FMI). Pour lui, l’UGTA, qu’il a quittée peu de temps avec l’assassinat de Abdelhak Benhamouda, n’a plus de crédit. Dans la Fonction publique, elle n’a presque plus droit de cité. Ce sont les syndicats de la santé, de l’éducation, de l’enseignement supérieur, des corps communs et autres qui occupent le terrain.
Silence contre privilèges de tous genres
Dans le secteur économique, si quelques organisations syndicales arrivent à échapper à l’emprise de la direction nationale de l’UGTA, à l’instar des postiers et des syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba où subsistent encore des relents du combat social, force est de constater que les luttes sociales dans ce secteur font face à de terribles pressions qu’exercent toujours de nombreux partisans de Abdelmadjid Sidi Saïd et son équipe, comme le soulignent des militants syndicalistes qui préfèrent garder l’anonymat. Bénéficiant de confortables privilèges, ces syndicalistes agissent comme une sorte d’étouffoir de toute contestation sociale. Ahmed Badaoui, ancien n°1 du syndicat des Douanes, victime d’une incroyable cabale pendant des années, affirme (voir l’interview) que «100 véhicules ont été offerts aux secrétaires généraux des fédérations et des unions de wilaya».
Plus que cela, certains membres de l’exécutif de l’UGTA ont fait des affaires florissantes, d’autres se sont assuré des retraites dorées de parlementaires, sans oublier, par ailleurs, la mise à l’abri de leur progéniture, en la plaçant dans les plus riches entreprises publiques. De ce côté-là, il faut dire que les retombées du pacte social signé en 2006 par l’UGTA avec le gouvernement sont plus que positives. Selon un syndicaliste, le pacte social n’a pas lieu d’être pour la simple raison que ce type de contrat peut se concevoir dans des périodes de crise pour réunir les conditions de succès aux politiques économiques, ce qui n’était pas le cas de l’Algérie en 2006.
Mais s’il est vrai que l’organisation syndicale de Abdelmadjid Sidi Saïd a énormément servi pour contenir la colère des travailleurs, force est de constater que le pacte en question n’a pas empêché la montée au créneau des syndicats autonomes qui ont paralysé des secteurs entiers de la Fonction publique par plusieurs mouvements de grève ces dernières années. L’Etat a été contraint de mettre la main à la poche et très généreusement pour acheter la paix que l’UGTA elle-même n’a pas pu assurer pour avoir perdu toute sa crédibilité auprès de très larges pans de travailleurs. Seulement le pouvoir n’a pas besoin d’un syndicat représentatif, mais d’un appareil prompt à applaudir ses actions et lui servir d’appendice d’appui pour se maintenir.*Said Rabia–El Watan-samedi 20 septembre 2014
**Quand Abdelmadjid Sidi Saïd demande aux travailleurs de ne pas revendiquer et de geler tous les mouvements de protestation.
La direction natonale de l’UGTA, qui joue au pompier lorsqu’il y a des mouvements de grève, n’a pu ni empêcher ni arrêter des mouvements de grève décidés par certaines de ses structures syndicales.
D’abord les cheminots en janvier 2014 et avant eux les postiers qui ont paralysé la Poste pendant plusieurs jours au début de l’année 2013, et ils menacent toujours de débrayer. En plus du pacte social signé en 2006 entre la centrale syndicale et le gouvernement, Abdelmadjid Sidi Saïd, n’a pas manqué de mettre en garde les travailleurs voulant passer à l’action pour défendre leurs intérêts. Avant la dernière élection présidentielle, c’est carrément une instruction qu’il adresse aux fédérations dans laquelle il leur demande de geler tous les mouvements de protestation.
L’argumentaire avancé est que la conjoncture de l’avant-élection «n’était pas propice pour soulever des problèmes et des revendications sociales». «Le gouvernement a d’autres préoccupations en ce moment, notamment le prochain scrutin, et rien ne sert d’alimenter les tensions à travers des mobilisations de protestation qui n’aboutiront à aucun résultat», ajoutait alors le secrétaire général de l’UGTA, qui rappelait son soutien au quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika. Pour certains syndicalistes, Sidi Saïd «fait plus de politique que de syndicalisme».
Une situation qui agace les travailleurs qui ne manquent d’ailleurs pas de quitter en masse son organisation pour tenter l’expérience d’un syndicat autonome, ce qui est le cas récemment des travailleurs de Sonelgaz. Le fait que le secrétaire général de l’UGTA tente de calmer les esprits à propos de la nouvelle mouture du code du travail et la suppression apparemment graduelle de l’article 87 bis, pourrait aussi se retourner contre lui. Le Comité national de réappropriation et de sauvegarde de l’UGTA ne cesse d’ailleurs de compter des adhésions à son combat.
La dernière en date, ce sont des syndicalistes des corps communs de l’administration qui ont rejoint le mouvement qui vise à se constituer en force pour se réapproprier l’organisation syndicale lors de son 12e congrès. Des syndicalistes confient sous le couvert de l’anonymat qu’«il y a un profond malaise au sein de la ‘‘centrale’’, et le maintien de son secrétaire général à son poste n’est rendu possible que par ses soutiens politiques».*Said Rabia–El Watan-samedi 20 septembre 2014
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*Les manifestations se transforment en émeute à In Salah
*Une nouvelle vague de répression: des dizaines de blessés, le siège de Daïra incendié
Chassés la veille, les manifestants d’In Salah, très nombreux, ont repris possession de leur place emblématique Somoud.
Ils étaient quelque 4.000 manifestants à accéder, hier, place Somoud, après en avoir été éjectés la veille vers minuit par les tirs de bombes lacrymogènes. La population d’In Salah vient de reprendre possession de l’emblématique esplanade de la résistance antigaz de schiste. Après un samedi violent et une nuit mouvementée, les forces de l’ordre ont réussi à lever le camp dressé depuis deux mois sur la place Somoud, jouxtant le siège de la daïra d’In Salah.
D’impressionnantes images de tentes brûlées ont circulé durant la nuit sur les réseaux sociaux, dénonçant la violence excessive contre les manifestants, hommes et femmes, qui sont sortis dans la rue en fin d’après-midi pour demander aux gendarmes et aux policiers de relâcher les détenus arrêtés dans la matinée, qui ont fini par être libérés vers 16h. Mais les affrontements entre les agents antiémeute et les manifestants ne se sont pas estompés pour autant.
La confrontation a continué de plus belle, dans la nuit, avec pour seul objectif une épreuve de force visant à déloger les habitants de la place Somoud et effacer tous les signes d’une résistance inédite qui aura duré exactement 60 jours. Hier matin, ils étaient des centaines à se regrouper devant le siège de la daïra. D’abord depuis les quartiers voisins pour contourner les 4000 manifestants sur place, puis d’autres quartiers, quadrillés par la police et repoussés par le cordon sécuritaire massif, se sont joints à ce défilé bizarre où les CRS couraient derrière eux avec des bombes lacrymogènes.
Violents affrontements
Les manifestants entonnaient un chant patriotique, Samidoun lil ghaz sakhri rafidoun (nous résistons et refusons le gaz de schiste). Ils manifestaient contre les violences policières, une résistance affichée après les événements de la veille. Des témoins parlent «de bombes lacrymogènes encore plus fortes, qui n’ont pas épargné les établissements scolaires, notamment Omar Ibn El Khettab où des jets ont atteint les classes où les enfants essayaient de passer leur premier examen de la journée». A l’heure où nous mettons sous presse, les affrontements se poursuivent. Des images ahurissantes de femmes déplaçant des fardeaux de bouteilles de vinaigre ou brisant des roches pour alimenter Sahat Somoud en cailloux.
Le matin, des avions militaires ont acheminé les renforts attendus depuis deux ou trois jours, selon nos sources. Ces renforts ont vite pris position dans les points névralgiques d’In Salah qui vit ses premières émeutes et où la première confrontation avec les forces antiémeute suscite beaucoup d’amertume et un regain de mobilisation. L’étincelle ?
Des affirmations officielles qui circulent depuis jeudi dernier sur le maintien de la fracturation hydraulique décriée par la population et… de la bouche même du chef de brigade chargé de la protection de la base de vie de Halliburton, située à 10 km d’In Salah, qui aurait crié aux manifestants samedi matin : «Nous sommes là pour protéger ceux qui viendront fracturer le second puits, vous n’y pourrez rien.» Une nouvelle provocation, de nouveaux blessés qui sont soignés à domicile pour éviter d’être repérés par les forces de l’ordre.
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*La LADDH appelle à la libération des manifestants
La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) a dénoncé la violente répression de la manifestation pacifique des militants antigaz de schiste à In Salah.
Dans un communiqué adressé hier à notre rédaction la LADDH a vivement condamné l’intervention musclée des forces du maintien de l’ordre contre des manifestants pacifiques tout en demandant «la libération des personnes arrêtées».
La LADDH rappelle ainsi que «ce 28 février 2015 donc, soit quatre jours après que le pouvoir et ses épigones aient tenté de surfer sur la date symbolique de la nationalisation des hydrocarbures, le voilà qui défend les multinationales contre le désir des Algériens d’empêcher que leur environnement soit détruit du fait de l’exploitation du gaz de schiste».
Le bureau national a réaffirmé par là même «son engagement avec les citoyens d’In Salah» et a appelé «les Algériens, dont une partie a déjà montré sa solidarité, à continuer dans la même direction pour aider tous nos concitoyens à ne pas vivre avec cette menace». R. P.
**Houria Alioua/ El Watan/ lundi 02 mars 2015
***Les événements qui se sont succédé ce dimanche à In Salah ou un véritable climat d’insurrection régnait sur la ville jusqu’en milieu de matinée ont fait plusieurs blessés parmi la population avant que la médiation du comité des sages de la ville via le chef du secteur militaire n’aboutisse à un retour au calme en fin d’apres-midi.
La population meurtrie par l’intervention musclée de la police et de la gendarmerie la veille. La gendarmerie a participé à réprimer la fougue des manifestants qui demandaient samedi après-midi la libération de leurs camarades qui ont été interpellés prés de la base de vie de Haliburton ont pris d’assaut la brigade de gendarmerie située au centre-ville. Ses éléments ont poursuivi les manifestants dans les venelles de la ville dans une courses poursuite effrénée jusqu’au soir.
La police a quant à elle pris sur son compte la répression au niveau de la Place Somoud. Il s’agit vraisemblablement d’une véritable bavure policière a laquelle est confrontée la population d’In Salah depuis samedi. Les manifestants témoignent d’un excès de violence dans l’intervention des forces de police qui ont emboité le pas aux gendarmes ayant poursuivis les jeunes du site de la base de vie Haliburton, à 10km de la ville, vers Place Somoud en plein centre.
L’intervention musclée à la fois de la gendarmerie munie de chars chasse-neige utilisés pour dissuader la foule de se rassembler en ce lieu de contestation depuis 60 jours a exacerbé la tension. Dimanche matin, après une nuit blanche, la population a riposté par une marche de grande envergure qui a commencé avec quelque 4 000 manifestants avant de s’élargir aux autres quartiers. Attaquée par la police qui avait mis fin au sit-in permanent depuis 60 jours sans interruption à Sahat Somoud, la population s’est organisée en relais pour contrecarrer les policiers usant de bombes lacrymogènes.
Bavure policière
Les insultes proférées contre les femmes ainsi que les propos racistes de quelques policiers auraient attisé la colère. « Vous les khaleche, repartez en Afrique vous n’êtes même pas des Algériens » auraient répété des agents de police à l’encontre des manifestants selon des témoignages. Cette fois-ci et après avoir bénéficié de cailloux et grandes quantités de vinaigre distribués par les femmes, les jeunes exaltés ont encerclé le commissariat qui est resté sans électricité durant toute la journée après que les manifestants aient mis le feu à un véhicule blindé et au poste du transformateur d’électricité.
« Les policiers ont tiré non pas des tirs de sommation mais sur la foule, ils ont blessé une jeune au pied, il a été admis en urgence à l’hôpital d’in Salah » affirme un témoin. La situation s’enlisait vers plus de violence quand un groupe de sages, en pourparlers avec les uns et les autres sont arrivés à une trêve avec le chef du secteur militaire d’In Salah qui est allé vers 13h vers les assaillants du commissariat, les exhortant « à regagner la place Somoud comme avant avec la garantie de la sécurité ». « Personne ne s’en prendra à vous » a-t-il crié haut et fort.
Pendant ce temps, les forces de police venus en renfort affrontaient les manifestants et des colonnes de fumée sont restées visibles jusqu’en fin d’après-midi. L’intervention du chef du secteur militaire a fait son effet. Le calme est revenu petit à petit à la ville et les esprits se sont apaisés pour un temps alors que le matin même, trois avions militaires atterrissaient à l’aéroport mixte de In Salah avec à leur bord 1 200 éléments. Le convoi de plusieurs bus a pris la piste du coté est de la ville. Un itinéraire contournant la ville et qui va de l’aéroport jusqu’à la sortie sud d‘in Salah.
Le vent des émeutes souffle aussi sur Tamanrasset
Après les violents affrontements qui ont éclaté, samedi, à In Salah, le climat des émeutes s’étend à Tamanrasset. Les manifestations organisées, ce 1er mars vers 1h du matin, par les opposants à l’exploitation des ressources schisteuses dans le sud ont vite dégénéré en échauffourées avec les forces de l’ordre.
Tout est parti lorsque les manifestants ont décidé d’investir la rue pour exprimer leur colère et leur mécontentement face à la conduite répressive des gendarmes ayant fait plusieurs victimes parmi les activistes anti-gaz de schiste à In Salah. Scandant des slogans hostiles au pouvoir, les contestataires ont marché du centre universitaire vers le siège de la wilaya en sillonnant les principales artères de la ville.
Cette fois-ci, les marcheurs ont toutefois dérogé à la tradition et opté pour une nouvelle forme de protestation qui sort du cadre pacifique. Ils ont saccagé les bacs à ordures mis en place aux accotements de la route principale menant au chef-lieu de la wilaya et ont attaqué plusieurs institutions publiques, à savoir la bibliothèque communale principale, le parc automobile de la wilaya et l’hôtel des enseignants, situés au centre-ville.
Les protestataires ont également incendié le poste de contrôle du barrage sécuritaire dressé à la sortie nord de la ville de Tamanrasset. Face à cette escalade, des escadrons de la brigade anti émeute sont intervenus pour disperser les manifestants. Faisant usage de bombes lacrymogènes, les forces de police ont, après quelques affrontements, réussi à remettre de l’ordre et à ouvrir les routes, barricadées à l’aide de pierres et d’autres d’objets hétéroclites, notamment au niveau de la sortie menant vers l’aéroport.**Houria Alioua et Ravah Ighil / El Watan/ dimanche 01 mars 2015
**Après une journée de dimanche marquée par de violentes protestations contre l’exploration du gaz de schiste, la ville d’In-Salahv(750 km au nord de Tamanrasset) a renoué, lundi, avec le calme.Un retour au calme qui est intervenu aussi après une rencontre qui avait eu lieu dimanche soir entre les autorités sécuritaires locales et les représentants des protestataires.Et la protestation n’a pas pour autant cessé mais elle a juste repris sa forme pacifique par l’organisation d’un sit-in devant le siège de la daira d’In-Salah, incendiée la veille par les émeutiers.*lundi 02 mars 2015
**Abderrazak Makri:
ce pouvoir est un véritable danger pour l’Algérie
Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) rompt avec la politique participationniste de ses prédécesseurs et installe résolument son parti dans le camp de l’opposition.
- Quel bilan dressez-vous de la manifestation du 24 février contre le gaz de schiste ?
Je pense que c’est un grand succès, au regard des objectifs que nous avions assignés à cette action. Pour nous, sortir dans la rue est une façon d’impulser une dynamique politique pour faire bouger les choses, donner du courage aux citoyens et essayer, en quelque sorte, d’éveiller les consciences.
La finalité est de dire aux Algériens que le changement pacifique est possible et qu’il faut s’y mettre. La situation politique, ces dernières années, est en effet figée. Il y a une sorte d’anesthésie mentale qui s’est emparée des Algériens à cause des tragiques événements qu’a connus l’Algérie. Chacun craint légitimement pour la sécurité du pays et la sienne naturellement. Mais aujourd’hui, il faut agir, sinon cette instabilité qu’on redoute tous va s’installer.
Si on laisse le pouvoir faire ce qu’il veut, il va irrémédiablement nous mener à un véritable péril. L’Algérie vit de la rente et celle-ci s’amincit jour après jour. Tout le monde parle de l’affolement du pouvoir face à la chute brutale des cours du pétrole. La situation est hélas beaucoup plus grave, puisque l’on assiste, depuis 2006, à la décrue de la production du gaz et du pétrole et nos réserves reculent depuis vingt ans.
- Est-ce une menace pour le pouvoir ?
C’est surtout une menace pour le pays ! C’est pourquoi, nous, en tant que partis de l’opposition, nous avons le devoir, voire l’obligation, de bouger, de sensibiliser et d’alerter l’opinion publique pour créer un nouveau rapport de forces à même de contraindre le pouvoir à dialoguer pour un changement dans l’intérêt de l’Algérie. Et s’il campe sur ses positions, qu’il sache que nous sommes en train de créer, aux Algériens, une opposition crédible qui pourra contenir la situation en Algérie, si le régime venait à s’effondrer. De ce point de vue, je pense qu’on a franchi un pas essentiel. Le 24 février dernier est pour moi la deuxième journée historique de l’opposition après la conférence de Mazafran.
- Surtout qu’il y a eu des actions simultanées dans beaucoup de wilayas…
Effectivement, c’est la première fois depuis l’indépendance qu’il y a eu des manifestations politiques dans les 48 wilayas ; c’est du jamais vu ! C’est la première fois que l’opposition arrive à coordonner ses efforts pour des actions unitaires de cette envergure. Nous avons franchi le mur de la peur et c’est très important. Cela a été aussi un moment d’entraînement pour nos militants. Je retiens d’ailleurs cette image magnifique des militants de nos partis qui coordonnaient et encadraient les actions sur le terrain dans toutes les wilayas.
- Pour autant, la réaction du pouvoir a été une fois de plus brutale, voire expéditive, comme ce fut le cas à Alger. Pourquoi, à votre avis, abat-il sa main lourde ?
Cette réaction montre tout simplement la fragilité du pouvoir et sa crainte. Il n’a plus confiance en lui-même, donc, forcément, il craint que les Algériens retrouvent une opposition crédible. Les Algériens affichent deux postures : soit ils se taisent et cèdent à leur pessimisme ambiant, soit ils revendiquent de manière énergique en usant même de la violence.
Mais, le 24 février, nous avons tracé une nouvelle ligne politique et proposé une nouvelle pédagogie politique qui consiste à résister pacifiquement. Je dirais même que nous avons peut-être dessiné une nouvelle ligne de conduite politique dans tout le monde arabe, à l’exception de la Tunisie où elle a déjà fait ses preuves. C’est une voie médiane que nous proposons entre les tentations radicales de certains qui veulent le chaos et d’autres qui affichent une attitude très méfiante à force d’être terrorisés.
- Vous et vos partenaires de la CNLTD avez été accusés de porter atteinte à l’unité nationale et de chercher à provoquer le chaos à travers ces manifestations publiques…
Ce sont d’anciennes chansons qui ne valent rien du tout ; un vieux disque qu’on ressort à chaque fois comme au bon vieux temps du parti unique.
- Amar Ghoul, votre ancien compagnon, a même qualifié d’«irresponsable» votre décision d’organiser une marche. Un commentaire ?
Ce qui est irresponsable, c’est la corruption. C’est le fait d’être allié à un pouvoir corrompu qui a montré ses faiblesses, sa faillite et son incompétence. Le patriotisme sincère est de s’opposer à ce pouvoir, parce qu’il représente un danger pour l’Algérie. Un danger pour sa stabilité et son unité. Le laisser persister dans cette voie voudrait dire accepter l’effondrement du pays, c’est cela l’irresponsabilité, de mon point de vue. L’irresponsabilité est de travailler pour ses intérêts personnels et non pas pour ceux du pays.
- Vous allez donc continuer à travailler au sein de l’Instance de suivi pour d’autres actions à venir ?
Oui, nous avons d’ailleurs convenu de nous réunir prochainement en conclave sous la forme d’un congrès de l’opposition au cours duquel nous allons arrêter notre stratégie et les actions à mener.
- L’idée d’une élection présidentielle anticipée est-elle toujours à votre ordre du jour ?
Bien évidemment. Le pays est plus que jamais bloqué. Avec un Président qui concentre tous les pouvoirs, et qui plus est incapable d’exercer ses fonctions, il est logique de réclamer une présidentielle anticipée pour débloquer la situation. Vous savez, le système algérien est unique au monde. Nous avons un hyper Président qui décide de tout, un gouvernement qui n’est pas nécessairement issu de la majorité et un Parlement pratiquement soumis à l’Exécutif.
C’est un système qui n’est ni présidentiel ni parlementaire. C’est plus qu’une monarchie, en ce sens que le Président décide de tout mais n’est responsable de rien. Nous avons en revanche abandonné la revendication de l’activation de l’article 88 de la Constitution sur l’empêchement, pour la simple raison qu’elle nous semble dépassée aujourd’hui.
De plus, nous avons jugé que cet article est pratiquement inapplicable dans l’état actuel des institutions. Il va de soi qu’il nous aurait été difficile d’expliquer aux Algériens cette démarche «technique». C’est pourquoi nous considérons qu’il est plus réaliste de convoquer une présidentielle anticipée pour sortir de cette impasse politique.
- Bouguerra Soltani a menacé de vous destituer, si vous continuez à vous opposer au pouvoir. L’initiative des consultations politiques est-elle une parade pour déjouer cette menace ?
S’il veut me destituer démocratiquement, je lui dis chiche ! Il en sera incapable, parce que j’ai la caution et la légitimité de toutes les structures du mouvement, dont le majliss echoura (conseil consultatif) et le bureau national. Vous savez, je suis le seul, je dis bien le seul, responsable du MSP qui a fait partie de tous les bureaux nationaux du parti depuis sa création en 1991. Personne n’a été aussi proche du défunt cheikh Mahfoud Nahnah comme je l’ai été.
Je n’ai donc pas de leçon à recevoir. Pour autant, et en tant que président du parti, j’ai le devoir d’écouter tous les avis, y compris de ceux qui ne sont pas d’accord avec moi. Ces consultations politiques s’inscrivent dans la stratégie de notre parti qui vise à créer des passerelles pour rendre le dialogue autour du changement possible.
Le MSP, tout comme les autres partis de la CNLTD, voire de l’Instance de suivi et de coordination de l’opposition (ISCO), est libre d’avoir des initiatives politiques. Je dois préciser tout de même que cette démarche s’inspire et s’appuie sur les principes et la plateforme politique de la CNLTD. Les deux démarches ne sont donc pas contradictoires, mais plutôt complémentaires.
- La conférence du consensus du FFS, un temps couverte d’éloges, a fini par être déclarée hors jeu par les partis du pouvoir. Pourquoi, d’après vous ?
Je pense qu’il est inutile de revenir sur cet épisode. Il n’est jamais bon de critiquer un parti d’opposition. En l’occurrence, le FFS est un parti crédible et qui a du crédit auprès des Algériens. Mais son initiative a juste permis au pouvoir de gagner du temps. Ce parti gagnerait à revenir dans son milieu naturel qu’est l’opposition. A la CNLTD en tout cas, nous l’accueillerons à bras ouverts. Le pouvoir a utilisé son initiative pour chahuter le travail de la Coordination avant de déclarer via ses partis qu’il n’était pas preneur.
- Le MSP est connu pour être un parti intimement lié au pouvoir depuis des années. Qu’est-ce qui vous empêcherait de fausser compagnie à vos amis de la CNLTD ?
Vous savez, ma rupture personnelle avec le pouvoir remonte à 1997, quand le pouvoir a ordonné et exécuté une fraude massive et généralisée au profit d’un parti «bébé moustache», le RND. Ce fut une cassure pour moi. J’avais estimé que le MSP, qui a participé à la sauvegarde du pays, à la consolidation des institutions et lutté contre le terrorisme, ne pouvait ni ne devait rester dans un gouvernement qui détourne la souveraineté populaire.
J’ai rédigé un texte au défunt cheikh Nahnah, que j’ai d’ailleurs publié, où j’exprimais ma déception. Depuis, je n’ai jamais changé de position par rapport au pouvoir, tout en restant discipliné à l’égard de la ligne politique de mon parti. Il a donc fallu attendre 2012 pour que ma ligne de conduite politique soit couronnée de succès.
Etre élu président du MSP est pour moi la consécration de ma façon de voir les choses. J’observe, par ailleurs, que beaucoup parmi les responsables politiques, avec qui je manifestais à Alger contre la fraude électorale en 1997, sont aujourd’hui dans le gouvernement et d’autres l’ont été auparavant (rires). C’est un constat que j’ai partagé avec mes amis de la CNLTD. Dois-je souligner par ailleurs que le pouvoir a corrompu tous les partis politiques sans exception.
Pour revenir à votre question, sachez qu’au sein de la coordination nous sommes devenus des amis après avoir été des partenaires puis des collègues. C’est un formidable acquis démocratique que nous puissions nous parler sans a priori. De ce point de vue, le pouvoir a réussi à nous unir et c’est tant mieux !
- En tant que parti d’obédience islamiste, que pensez-vous des appels au meurtre et des fatwas lancés à tout-va par certains individus au nez et à la barbe des autorités ?
Je crois que toutes ces questions trouveront leur réponse dans le cadre d’un Etat de droit qui garantit les droits, les devoirs et les libertés des citoyens. Nous ne sommes malheureusement pas encore arrivés à ce stade. Il est évident que ces questions parasitent le débat sur les vrais sujets politiques et le pouvoir tire profit de ces polémiques en détournant l’attention des Algériens. La consécration de la liberté dans la vie nationale est cardinale. Certains savants de l’islam pensent même que la liberté doit primer sur la charia.
- On a l’habitude de cataloguer votre parti dans la «rubrique» des Frères musulmans. Avez-vous des rapports avec la confrérie égyptienne ?
Non, non, nous n’avons rien à voir avec les Frères musulmans et nous ne faisons pas partie de leur mouvement. Ceci dit, nous avons des dénominateurs communs et partageons certaines idées. Le MSP appartient à l’école de la modération dont on peut retrouver beaucoup de partis d’obédience islamique et pas uniquement des Frères musulmans.
- Que pensez-vous du nouveau pouvoir en Egypte et des bombardements aériens effectués par son armée en Libye contre Daech ?
S’agissant du nouveau pouvoir, comme vous dites, je considère que Abdelfattah Al Sissi a opéré un coup d’Etat contre un Président démocratiquement élu. Quant aux frappes aériennes contre les bases du Daech en Libye, au MSP, nous soutenons totalement la réaction de notre diplomatie. *Hassan Moali / El Watan-mardi 03 mars 2015
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*Ahmed Badaoui. Porte-parole du CNRS
«Il y a de graves dérives à la direction de l’UGTA»
*Remettre cette organisation entre les mains des travailleurs.
-Des syndicalistes de l’UGTA veulent se réapproprier leur syndicat, l’idée a-t-elle trouvé écho dans le monde du travail ?
**Excusez-moi d’apporter une précision de taille et une clarification nécessaire à la compréhension des choses. Aucun syndicaliste parmi les initiateurs de ce comité n’a l’intention ni la prétention de se réapproprier cette organisation syndicale. Si tel était le cas, cela ne voudrait plus rien dire et pratiquement cela reviendrait au même. Remplacer un groupe par un autre n’est pas l’objectif recherché à travers cette initiative. Il s’agit fondamentalement de remettre cette organisation entre les mains des travailleurs. C’est la base, qui est en mouvement, qui doit se réapproprier cet instrument de lutte pour, par la suite, la refonder totalement avec l’introduction de nouvelles mœurs, de nouvelles pratiques, une nouvelle culture syndicale et une forme d’organisation nouvelle plus fluide donc moins bureaucratique et plus démocratique dans laquelle la parole revient de droit aux travailleurs et aux militants de base, où le carriérisme sera banni par l’introduction du principe de la limitation des mandats, où le cumul des responsabilités sera interdit à jamais, où les intérêts personnels et les privilèges seront définitivement abolis.
Pour ce qui est du deuxième volet de votre question, je pense qu’il est trop tôt pour évaluer objectivement l’écho qu’a eu cette initiative dans le monde du travail pour diverses raisons. La première c’est que l’initiative en elle-même est récente, elle date seulement de quelques semaines, elle est aussi nouvelle de par le problème qu’elle pose — la remise en question de toute la direction actuelle sans aucune exception — et la manière dont elle le pose, en dehors des structures de l’organisation — avec la création d’un comité national de réappropriation et de sauvegarde — a en quelque sorte bousculé la culture dominante qui repose sur l’allégeance, les anciennes pratiques éculées et les dogmes établis sous la couverture d’une prétendue discipline qui n’est autre que de l’asservissement.
La deuxième raison, c’est que l’idée en elle-même paraît gigantesque, tellement s’est ancré dans le subconscient des syndicalistes que cette direction est indéboulonnable du fait de sa proximité avec certaines sphères du pouvoir. La troisième raison est que le secrétaire général de l’UGTA avec son secrétaire national chargé de l’organique gèrent cette organisation par la terreur administrative avec les décisions de gel, les suspensions, les exclusions et les désignations.
En conclusion et dans ce climat délétère, de terreur et répressif à souhait, comment voulez-vous que cette initiative, aussi juste soit-elle, trouve l’écho escompté en quelques semaines ? A titre d’exemple, le SG de l’UGTA avec son acolyte du département organique viennent de suspendre plus de 120 syndicalistes du secteur des douanes. Malgré cela et dans ces conditions pénibles, nous sommes arrivés à regrouper autour de cette initiative une multitude de syndicalistes anciens et nouveaux, des sections syndicales, des fédérations, des membres d’unions locales et unions de wilaya, des membres de la commission exécutive nationale et surtout les travailleurs.
-Selon vous, est-ce que ce ne serait pas plus facile aujourd’hui de créer d’autres syndicats, les fédérer pour constituer une force plutôt que de se réapproprier l’UGTA?
**Bien entendu qu’il serait plus facile d’aller vers la création d’autres syndicats que de vouloir se réapproprier l’UGTA. Seulement chaque médaille a son revers et l’expérience des syndicats autonomes est là pour le prouver. Les syndicalistes des organisations dites autonomes proviennent majoritairement de l’école de l’UGTA. Ils ont fait leur propre expérience dans les structures de cette organisation. Ils étaient confrontés aux mêmes problèmes que ceux que nous dénonçons aujourd’hui. Loin de moi l’idée de remettre en cause le principe du multisyndicalisme, mais est-ce que pour autant le choix fait depuis le début des années 1990 a permis aux travailleurs de trouver un outil et un instrument de lutte qui correspondent à leurs aspirations ?
Est-ce que cet émiettement et cette atomisation du mouvement syndical tendent vers la consolidation des moyens de lutte, ou bien au contraire contribuent à les affaiblir ? En ce qui me concerne, je ne sais pas. Il est trop tôt pour en tirer des conclusions, mais ce dont je suis certain, c’est que chaque mouvement ouvrier de par le monde doit faire ses propres expériences, affiner ses propres instruments et tirer les conclusions qui s’imposent à lui et aux conditions dans lesquelles il évolue.
Pour revenir à l’UGTA, nous considérons qu’elle n’est la propriété de personne, bien au contraire elle est le patrimoine et l’héritage de tout le mouvement syndical et ouvrier. Elle possède après le parti du Front de libération nationale des moyens matériels et financiers colossaux, qui, s’ils viendraient à être mis au service de l’émancipation sociale des travailleurs, la situation de ces derniers ferait un bond gigantesque dans l’amélioration des conditions de leur vie. C’est pour cela que nous considérons qu’il faut rendre l’UGTA aux travailleurs et qu’il est nécessaire et utile de se la réapproprier. Nous considérons que c’est une obligation historique.
-Quelles chances pensez-vous avoir pour réussir votre objectif d’empêcher la direction actuelle de l’UGTA, à sa tête Abdelmadjid Sidi Saïd, de rester lors du prochain congrès, sachant que ce dernier bénéficie de soutiens politiques au sommet de l’Etat ?
**Notre seule chance c’est la mobilisation des travailleurs, des sections syndicales à la base et toutes les autres volontés qui ont à cœur le devenir de l’organisation de Aïssat Idir, Abdelhak Benhamouda, Lakhdar Kaïdi et Boualem Bourouiba. L’autre élément qui joue en notre faveur ce sont les dérives graves constatées par tout le monde, y compris par ceux qui ne nous ont pas encore rejoints, les violences faites aux statuts de l’organisation, le clientélisme, le népotisme et l’arbitraire à l’encontre des syndicalistes honnêtes et porteurs d’une voix «discordante». Pour ce qui est des soutiens politiques, je pense que c’est lui en particulier et seulement lui qui agite le spectre de ces soutiens. Nous pensons sincèrement au sein de ce comité qu’aucun politique digne de ce nom ne peut, ne veut et ne doit associer son nom à celui du secrétaire général pour les raisons évidentes que chacun connaît et surtout pour le mal qu’il a fait à cette organisation, poussant des milliers de travailleurs à la quitter en masse.
-Dans l’une de vos déclarations, vous avez insisté sur «l’achat» par la direction nationale de l’UGTA des secrétaires généraux des fédérations qui se sont vu offrir des voitures, sans oublier les pressions exercées sur les syndicalistes qui ne rentrent pas dans les rangs. Dans ces circonstances où le jeu et ses règles semblent déjà faits, comment comptez-vous vous y prendre ?
**Au sein du CNRS, nous sommes convaincus que le mal est plus profond, il n’y a pas que l’affaire des 100 véhicules achetés et offerts aux secrétaires généraux des fédérations et des unions de wilaya, il y a des situations plus graves. Il y a le problème de tout le patrimoine de l’organisation, aussi bien le patrimoine mobilier qu’immobilier, ainsi que les finances. Vous devez savoir que la commission de contrôle des finances, qui a une existence légale, n’a jamais fonctionné sous la direction de l’actuel secrétaire général. Il n’y a jamais eu d’audit sur la situation comptable de ce syndicat.
Depuis des lustres, bien qu’il soit fait obligation au secrétariat national de présenter et de transmettre à la base pour discussion, débat et adoption par les assemblées générales des travailleurs le rapport moral et financier à la veille de chaque congrès, cela ne s’est jamais fait. Notre objectif est de dénoncer cette situation, de tenter de sensibiliser et de mobiliser les adhérents pour qu’ils demandent aux structures et aux appareils dont ils dépendent, des clarifications et les obliger à présenter des situations financières claires et transparentes de l’union locale jusqu’au secrétariat national, au besoin, exiger par le biais d’assemblées générales la restitution de tous les biens accaparés et acquis illégalement.
-Que reste-t-il, à votre avis, aujourd’hui de l’UGTA, qui a perdu pied dans la Fonction publique, avec la création des syndicats autonomes et dont les représentants s’occupent à assurer dans le secteur économique surtout des positions de rente ?
**Pour être honnête, il ne reste pas grand-chose, l’organisation ressemble aujourd’hui à un tigre en papier. Elle n’existe aujourd’hui que par le semblant de force qu’elle montre en apparence d’une part du manque d’organisation des syndicats dits autonomes afin de dépasser leurs corporatismes et donc d’absence de perspectives à long terme et d’autre part de sa proximité avec le pouvoir qui la maintient sous perfusion depuis que Sidi Saïd a été intronisé secrétaire général. Par ailleurs, l’intéressement à la rente, aux privilèges et aux biens mal acquis est une évidence et une réalité des responsables des appareils qui constituent la première ligne de défense de ce secrétariat national illégal et illégitime. Mais à une ligne de défense aussi solide soit-elle, il faut opposer une ligne d’attaque suffisamment forte et juste qui ne souffre d’aucune équivoque
-Pensez-vous que changer sa direction suffira à lui redonner sa crédibilité et mettre fin à des mœurs qui n’ont rien à voir avec le syndicalisme, des habitudes bien ancrées et installées par le fait que l’UGTA soit un instrument de rente entretenu par les responsables de l’Etat ?
**Bien sûr que non. Le changement de la composante de la direction nationale n’est pas une fin en soi et n’est pas suffisant s’il n’est pas lié à d’autres mesures de refondation importantes. Le départ de la direction actuelle, nous voudrions qu’il soit le prélude à une nouvelle ère qui permettra à de nouvelles compétences d’arriver et d’accéder aux postes de responsabilité les plus élevés.
Nous lions cette revendication à la tenue du 12e congrès réellement démocratique qui soit l’expression de la volonté des travailleurs. Nous affirmons haut et fort que ne doivent être présents à ce congrès que ceux qui ont une relation de travail avec la base et qui sont mandatés par leurs collectifs respectifs pour agir et décider en leurs noms.
Aujourd’hui, onze des membres de ce secrétariat national sont des retraités et de ce fait ils ne peuvent plus ni avoir de mandat ni ne peuvent prétendre à une quelconque responsabilité, seule la fédération des retraités pourra les abriter. Pour ce qui est des responsables de l’Etat comme vous le dites, leur peur de l’inconnu, du nouveau et du changement les pousse à maintenir le statut quo à tous les niveaux. Mais notre conviction est sûrement dans les rapports de force qu’il faut créer au sein de cette organisation pour donner toutes les chances de réussite à ce projet.
Il est vrai aussi que cette organisation est souvent associée, aux yeux du citoyen lambda, aux privilèges, à l’enrichissement occulte et aux biens mal acquis, même s’il est vrai qu’a contrario il faut reconnaître qu’il y a à la base des syndicalistes honnêtes et intègres qui se battent à côté des travailleurs pour leur survie et l’amélioration des conditions de vie et de travail. Et pour étayer mon propos, je ne citerais que l’exemple des travailleurs de la santé, de l’Etusa, des Douanes, d’El Hadjar, des travailleurs de la zone industrielle de Rouiba sans oublier ceux de la Poste et de Sonelgaz et bien d’autres secteurs encore.*Said Rabia–El Watan-samedi 20 septembre 2014
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* gestes d’apaisement de part et d’autre
La situation dans la ville de Tizi-Ouzou est redevenue normale après les émeutes du 20 avril. Visiblement la sagesse a fini par l’emporter sur les passions qui sont toujours de très mauvaises conseillères.
Des gestes d’apaisement de part et d’autre. Ainsi, le Mouvement des étudiants démocrates, tout en condamnant la répression policière contre les manifestants a réaffirmé son attachement à la lutte pacifique. Il appelé aussi à « la vigilance et à la prudence afin d’éviter les dérapages vers la brutalité ».
Du côté des autorités, on a appris que cinq policiers sont suspendus suite à la commission d’enquête diligenté par le patron de la police Abdelghani Hamel, après la diffusion d’une vidéo où l’on voit un manifestant sauvagement battu et trainé par terre.
La Justice y va de son geste aussi. En effet, quatorze manifestants arrêtés lors des affrontements ont été placés mercredi sous contrôle judiciaire. Après avoir été présentés devant le juge d’instruction pour « troubles à l’ordre public », ils sont été tous relâchés.*Algérie1.com-Abbès Zineb | 23/04/2014
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* Karim Tabbou, ancien dirigeant du FFS:
» L’élite politique a failli «
L’élite politique a failli, y compris moi. Cette faillite est due à la corruption et à la peur de la violence du pouvoir qui pratique le chantage social, politique et économique», a déclaré hier Karim Tabbou, ancien dirigeant du FFS, initiateur de l’Union démocratique et sociale (UDS), intervenu à l’issue d’une conférence tenue à l’université de Tizi Ouzou.
«Le régime actuel se repose sur la violence, la corruption, le régionalisme, la rente pétrolière et sur le DRS. Le peuple est un partenaire de l’Etat ; or en Algérie, le pouvoir a démoli l’Etat et a construit un régime. Nous sommes dans un système immoral qui a rendu le pays stérile», a ajouté l’orateur. L’ex-premier secrétaire national du FFS revient sur sa démission de cette formation, estimant qu’«un parti qui cache des vérités est un parti complice. En politique, il faut avoir le courage d’assumer ses responsabilités. On a besoin de partis politiques forts pour aller vers le changement» «J’ai milité 11 ans au FFS. Ce parti m’a formé. A 28 ans, j’ai eu l’honneur d’être à ses commandes», indique-t-il.
A une question sur sa position vis-à-vis du front du boycott né lors de la dernière élection présidentielle, il répond : «Je ne suis pas contre l’idée de rencontrer les partis boycotteurs.» S’agissant de la marche du 20 Avril réprimée dimanche dernier à Tizi Ouzou, tout en condamnant les violences policières, K. Tabbou estime que «les images montrant à la télévision un président-candidat assis sur une chaise roulante en train de voter constituent une violence bien plus grave contre le peuple, par rapport à la répression de la marche du Printemps berbère». En outre, le conférencier a souligné le rôle important de l’université dans la formation des élites politiques, déclarant que «l’université doit être le moteur de l’histoire, le défenseur de la démocratie et de la culture».* El Watan-23.04.2014
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*Les syndicats s’organisent pour le changement
Le Snapap, le RAJ, la CNDDC des chômeurs, le CLA, parmi d’autres, se réuniront demain, à la Maison des syndicats à Alger pour «fédérer avec tous les mouvements qui ont fait des actions pour le mouvement associatif».
Les syndicats disent vouloir créer un espace démocratique. « Y’en a marre de cette situation, il faut qu’il ai un changement démocratique», a expliqué Rachid Malaoui, président du Syndicat national autonome du personnel de l’administration publique (Snapap). Les organisations, collectifs et acteurs de la société civile exhortent les partis politiques «à prendre collectivement leurs responsabilités historiques pour rendre possible l’aspiration au changement». «C’est une rencontre-débat via laquelle on essayera de voir quel changement faut-il maintenant apporter après l’élection présidentielle du 17 avril, mais aussi voir avec quoi la société civile peut contribuer pour apporter ce changement», affirme Idir Achour, secrétaire général du Conseil des lycées d’Algérie (CLA).
Pour ces syndicats, «les pseudo-dialogues», «les fausses réformes» ainsi que les «simulacres d’élections» ne peuvent produire le changement espéré par les Algériens et «basculer vers une société où seront consacrés toutes les libertés et les droits humains, un Etat de droit consacrant la séparation effective des pouvoirs et le rétablissement de la souveraineté populaire à travers des élections libres et transparentes organisées par une instance indépendante de toute tutelle administrative ou autre», affirment les signataires du communiqué rendu public lors de leur première réunion au lendemain des résultats de l’élection.
Les organisations, collectifs et acteurs de la société civile condamnent aussi «le lynchage médiatique à l’encontre des militants, au milieu du silence complice de la justice». Par ailleurs, le Comité national des femmes travailleuses affilié au Snapap animera une conférence de presse demain au siège du Snapap dans le cadre d’une campagne nationale et internationale de sensibilisation et de solidarité pour la réintégration des syndicalistes suspendus, notamment les femmes. «Nous cherchons à sensibiliser la société civile par rapport à la suspension de ces syndicalistes. Demain, des documents seront présentés à la presse», a confié Yamina Maghraoui, la présidente du Comité national des femmes travailleuses.
*Sofia Ouahib-El Watan-25.04.2014
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