A vous la Sonatrach, à nous la matraque

** cette nomenklatura qui suce le pays

La justice, les partis politiques et les organisations de la société civile ont-ils été à côté d’une belle opportunité pour torpiller cette nomenklatura qui suce le pays? Dans un moment de distraction politique ou simplement par témérité, Djamel Ould Abbès a jeté un pavé dans la mare en révélant aux Algériens que lui, le tout-puissant ministre de la Santé, subit des pressions venant… d’en haut. «Il y a des personnes qui se présentent comme des fils de hauts responsables de l’Etat, afin que je cède à la pression, mais ils se trompent», a-t-il dit. Avec une aussi grave déclaration et dans un secteur aussi sensible que celui de la santé, la révélation n’a pas fait tilt. A part peut-être la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune qui en fait état dans l’une de ses interventions, il y a quelques jours. Pourtant, la perche tendue par Ould Abbès est l’occasion de faire la démonstration que l’appartenance à la nomenklatura n’est plus un blanc-seing. Une mesure, une autosaisine de la justice, un commentaire de partis politiques ou d’associations auraient eu l’effet d’un avertissement: quelle que soit leur place dans la hiérarchie, les officiels, les fils des officiels et leurs familles s’ils commettent une faute, peuvent être limogés et condamnés par la justice. Le moment distraction – appelons-le ainsi – de M. Ould Abbès n’a pas été exploité et le ministre a vite fait de se rétracter en déclarant, 72 heures plus tard, comme pour s’excuser que «j’ai juste fait des constats et je n’ai accusé personne». La cagnotte du médicament évaluée bon an mal à environ 2 milliards de dollars est ainsi donc entre les griffes des lobbys intouchables! La confrérie doit être plus large et plus puissante. Il est établi que les grandes affaires de criminalité se réalisent par le truchement de trois partenaires: le milieu des affaires, le pouvoir politique et les professionnels de l’escroquerie. Le trio se trouve réuni pour l’occasion dans des joint-ventures frauduleuses et chaque segment joue sa partition en parfaite harmonie pour une mélodie du mal, celle de la corruption dans le médicament et donc de tuer ses concitoyens froidement sans état d’âme. Est-ce le propre des grandes affaires? En tout cas, dans cet attelage qui fonctionne à merveille chez nous, le milieu des affaires, entreprises et banques, commandite les opérations et en assure le montage juridique et financier. Il fixe les modalités et les règles de facturation, choisit les responsables impliqués, désigne les sociétés écrans, aménage le financement, la circulation et le transfert des fonds vers des destinations sûres. On ne verra que du feu. Le pouvoir politique, quant à lui, assure la couverture administrative, policière et juridictionnelle des opérations, quitte à faire usage de certains services étatiques. On fermera les yeux sur les violations des réglementations en vigueur. Si la combine foire, on orientera les investigations et l’instruction pour que cela se termine par des condamnations symboliques. Enfin, les professionnels de l’escroquerie, eux, se chargent de l’exécution. Champions en la matière, ils gèrent des réseaux de sociétés et ils sont capables de réaliser n’importe quelle opération commerciale ou financière et échapper à toute investigation. Souvent leurs ramifications au sein de la classe politique sont très fortes, ils forment des réseaux parallèles et une secte politico-affairiste. On a raté l’occasion de démanteler cette secte. (L’Expression-03.08.2011.)

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Le pillage de Sonatrach, de l’intérieur et de l’extérieur

La maffia du pétrole a empoché des milliards de dollars

Sonatrach, mamelle de la république ou… de certains particuliers?

Les scandales liés aux pots-de-vin qui ont secoué Sonatrach continuent de faire couler beaucoup d’encre. En effet, dans une lettre rendue publique, un ancien responsable de cette firme apporte sa version des faits et assène ses vérités. Mieux Hocine Malti indique des pistes et fait étalage sur d’autres affaires .

L’information révélée au début du mois en cours par le site du journal italien El Sore 2 sur l’existence de pots-de-vin (200 millions d’euros) versés en 2007 par la firme italienne Saipem à d’ex-responsables de Sonatrach pour l’obtention de trois contrats d’un montant de 580 millions pour le premier, de 142 millions pour le second et de 100 millions pour le troisième, soit un total de 822 millions de dollars, refait surface.

Et ce n’est pas la justice algérienne qui s’en est chargé mais un ancien responsable de Sonatrach aujourd’hui établi en France, Hocine Malti. Dans une lettre adressée aux décideurs et à l’opinion publique, il tente d’apporter quelques éléments de réponse.

«Si vous vous penchez sérieusement sur le dossier Saipem, vous découvrirez que cette entreprise, fer de lance du groupe ENI, a réalisé en Algérie, durant les cinq dernières années seulement, un montant global d’affaires 25 à 30 fois supérieur.

Les 200 millions de dollars de commissions ne représentent probablement qu’un acompte sur d’autres versements qui suivront ou alors une échéance sur un calendrier de paiements préétabli portant sur plusieurs affaires signées ou à venir», est-il écrit dans sa missive.

Selon Hocine Malti, cette firme pétrolière a eu déjà un démêlé avec la justice lors d’un procès tenu en 1991, portant sur diverses affaires de corruption, «dont celle relative à la construction du gazoduc sousmarin Algérie-Italie».

Selon cet ancien responsable de Sonatrach, le président de l’ENI avait reconnu, devant le juge d’instruction en charge du dossier près ce même parquet de Milan, «avoir versé au nom de son entreprise une commission de 32 millions de dollars à un citoyen libyen agissant en qualité d’intermédiaire avec une haute personnalité algérienne.

Trentedeux millions pour une haute personnalité par ailleurs bien connue des Algériens et 200 millions pour des managers de la Sonatrach ?» Qui sont ces managers qui ont été arrosés. N’en disant pas plus, M. Malti préfère vraisemblablement garder pour lui les noms de ces managers ou bien pense-t-il que qu’ils sont connus de tous.

Et il le dit d’ailleurs clairement aux enquêteurs : «Je vous recommande fortement de ne pas vous focaliser sur les managers de la Sonatrach [impliqués, ndlr] et d’approfondir vos investigations dans ces trois affaires, que vous auriez déjà étudiées d’après la presse algérienne. Vous y découvrirez certainement des pots-de-vin autrement plus substantiels que celui mis au jour et des participants à une razzia d’un autre calibre que ceux que vous avez débusqués jusqu’alors.»

3 à 6 milliards de dollars prélevés par la maffia sur le gaz et le pétrole

Aussi fait-il appel au Balthazar Garson, ce juge espagnol courageux en mesure de remettre de l’ordre dans cette affaire qui pour rappel est en cours d’examen judiciaire à Alger et implique Saipem chargée de fournir des services d’ingénierie au groupe pétrolier algérien lié par le contrat du gazoduc Galsi. L’enquête diligentée en Algérie en 2010 implique l’ancien PDG de la Sonatrach, Mohamed Meziane, ainsi que quinze autres dirigeants poursuivis pour corruption et détournement de fonds.

Parmi ces mis en cause, figurent des dirigeants du groupe notamment les vice-présidents de Sonatrach, Benamar Zennasni et Boumediene Belkacem, l’ancien directeur de la banque Crédit populaire algérien (CPA), Meghaoui, l’homme d’affaires algérien Hachemi et son fils ainsi que deux fils de Mohamed Meziane. En 2010, avant même que n’éclate cette affaire, le PDG de la filiale italienne Saipem, Tullio Orsi, avait pris la fuite à l’étranger.

Il aurait rejoint son pays d’origine, l’Italie. Orsi a quitté l’Algérie pour fuir l’enquête en cours sur les malversations présumées des contrats attribués par Sonatrach à des groupes étrangers, alors qu’il était en poste lors de l’attribution de plusieurs contrats dans les hydrocarbures à Saipem. En plus du patron de la filiale, huit autres cadres, tous italiens, ont également pris le vol sans retour à destination de l’Italie.

Les comptes bancaires de l’entreprise ont été gelés à la suite d’une enquête diligentée par les inspecteurs de l’IGF. S’adressant aux futurs enquêteurs, l’ancien dirigeant de Sonatrach jette un véritable pavé dans la mare.

Selon lui, 3 à 6 milliards de dollars sont prélevés annuellement sur les contrats du gaz et du pétrole par une maffia bien tapie à l’ombre du système mafieux mis en place par «certains hommes-clés, à savoir le réseau de commissionnement et des dessous de table perçus dans le cadre des contrats de vente du pétrole et du gaz.

«Si l’on prend, à titre d’exemple, le montant du chiffre d’affaires à l’exportation de 56 milliards de dollars mentionné plus haut et qu’on l’affecte d’un pourcentage de commissions aussi minime soit-il, on se rend compte que les montants détournés, volés chaque année au peuple algérien, représentent quelques milliards de dollars.

De 3 à 6 milliards de dollars au moins ! C’est comme si l’on retirait cent à deux cents dollars environ au revenu annuel de chaque Algérien !», dit-il encore. *25 Décembre 2012- Le Jeune Indépendant

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*Incroyable aveu de la Cour des comptes:

       « Sonatrach nous échappe »

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Ce dossier risque d’avoir l’effet d’un tsunami sur le groupe pétrolier déjà éclaboussé par d’innombrables scandales de corruption.

Il y a des vérités qui donnent des frissons. La suivante en est une: la fiscalité pétrolière échappe totalement à la Cour des comptes. Oui, en 2013, l’Algérie n’a pratiquement pas de contrôle sur sa mamelle. Cet incroyable aveu a été souligné, hier, par la Cour des comptes dans son rapport d’appréciation sur l’exécution du budget 2011 qui a d’ailleurs relevé «des insuffisances» dans la gestion des services chargés du recouvrement de la fiscalité pétrolière. La situation est inquiétante quand on sait que le montant de la fiscalité pétrolière est faramineux. Rien que pour les quatre premiers mois de l’année en cours, le ministère des Finances a estimé cette fiscalité à près de 20 milliards de dollars! Comment se fait-il qu’une pareille somme échappe au contrôle de l’Etat? Quels sont les mécanismes de ce contrôle? La Cour des comptes estime que «l’administration fiscale ne dispose pas de moyens appropriés». Seulement trois agents sont affectés au service de la fiscalité pétrolière chargés de la gestion et du suivi des dossiers fiscaux. Aussi, pour vérifier les déclarations fiscales de Sonatrach et de ses associés, l’institution de contrôle recommande la généralisation des systèmes de comptage des puits de pétrole sur l’ensemble des périmètres en exploitation. «Un nouveau système électronique est installé sur un site pilote (Hassi Berkine) pour une période de dix ans qui tire à sa fin, en attendant la promulgation d’un texte réglementaire portant généralisation dudit système», précise l’institution de contrôle des finances publiques. Des sources proches de la direction des grandes entreprises rencontrées hier, par L’Expression rapportent qu’«en réalité, il n’y a que deux agents chargés de ce contrôle. Quant au troisième cité par la Cour des comptes il est affecté à la fiscalité parapétrolière». Les mêmes sources ajoutent que la situation est des plus confuses dans ce dossier. «La DGE est exclue du champ de contrôle. Elle se contente des chiffres que lui fournit Sonatrach. C’est cette dernière qui fait sa propre déclaration et celles de ses associés comme Anadarko et autres. En réalité, elle le fait dans le cadre de la loi 05- 07 instituée au milieu des années 2000.» La Cour des comptes a recommandé la généralisation des systèmes de comptage sur l’ensemble des gisements d’hydrocarbures en exploitation pour mieux contrôler les déclarations fiscales sur le chiffre d’affaires de Sonatrach et de ses associés. Mais est-ce possible du moment que Sonatrach, en vertu de la loi déclarera ce qu’elle veut ou du moins ce qui lui semble bon? D’autre part, l’administration fiscale ne dispose pas d’une structure centrale ayant pour mission le contrôle et le suivi des flux des produits pétroliers, relève encore la Cour des comptes dans son rapport. Quant à la direction des grandes entreprises (DGE), la Cour des comptes estime qu’elle n’assure pas pleinement ses attributions, particulièrement en ce qui concerne la gestion des dossiers fiscaux et le contrôle des déclarations fiscales. Pour 2011, note le même document, la DGE n’a procédé, en aucun cas, à des redressements relatifs à la détermination du chiffre d’affaires des compagnies pétrolières. Les redressements d’un montant de 670 millions de DA enregistrés durant cette année s’avèrent en relation, dans leur totalité, avec la TVA sur des importations ou sur des achats locaux, précise-t-il. Dans le même rapport sur le projet de loi portant règlement budgétaire de l’exercice 2011, la Cour des comptes a fait état d’un cumul de la fiscalité non recouvré qui a frôlé les 8000 milliards de DA à fin 2011 en raison des lacunes dans les procédures de recouvrement. Ce dossier risque d’avoir l’effet d’un tsunami sur le groupe pétrolier déjà éclaboussé par d’innombrables scandales de corruption. Les dossiers Sonatrach 1, Sonatrach 2 n’ont pas été classés et voilà qu’un autre pointe déjà du nez.*Par Brahim TAKHEROUBT-L’Expression-Jeudi 12 Decembre 2013

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**Association Sonatrach/ConocoPhilips/Talisman

  Une fraude de 45 millions de dollars

Un audit de routine des comptes de l’exercice 2010, visant la vérification du respect des dispositions contractuelles de l’association Sonatrach/ConocoPhilips/Talisman exerçant dans le périmètre de Menzel Ledjmet Nord (MLN – Bloc 405a), a permis à un groupe de comptables et financiers algériens de découvrir des surfacturations et des dépenses non justifiées, dont le total s’élève à 45 millions de dollars.

L’examen des coûts de l’exercice comptable 2010 dans le cadre du contrat de partage et de production pour la recherche et l’exploitation des hydrocarbures sur le périmètre contractuel de Menzel Ledjmet Nord (MLN – Bloc 405a) de l’association Sonatrach/ConocoPhilips/Talisman laisse constater une multitude d’opérations de surfacturation totalisant plus 15 millions de dollars et plus de 23 millions de dollars de dépenses à justifier. Ces opérations frauduleuses, dûment consignées par les cadres de la direction centrale de l’audit du groupe Sonatrach – donc la partie algérienne –sont consignées dans un rapport de 70 pages datant de juillet 2011 qui fait apparaître de graves irrégularités en matière de transfert de fonds vers l’étranger, de protection de l’environnement et surtout une fraude fiscale en matière de retenue à la source de l’IBS.

Ainsi, les auditeurs ont constaté une imputation massive de coûts sans supports justificatifs probants de l’ordre de 23 638 750,29 dollars, contrairement à la procédure comptable du contrat d’association. Il s’agit notamment de consommation d’outils de forage en l’absence de rapports de fin de sondage, de non-présentation du mode de calcul de l’IRG acquitté, de transactions d’un montant global de 20 857 193,68 dollars dont les pièces justificatives ne sont pas accessibles et l’absence des justificatifs pour divers coûts d’un montant de 169 262,57 dollars. Le rapport d’audit relève également des dépassements budgétaires de l’ordre de 16% et de 178% au-delà du seuil autorisé par l’article 2.7 de la procédure comptable du contrat d’association. Ces dépassements concernent des équipements de puits injecteurs de gaz pour 3 336 733,43 dollars ainsi qu’un écart de 733 500 dollars dans les livres comptables de l’opérateur qui a, par ailleurs, imputé au projet MLN une quote-part des coûts de gestion du système d’information de la maison mère et de télécommunication intercompagnies pour 74 709,93 dollars, des salaires totalisant 72 397 dollars afférents à des agents ayant quitté le projet…

Loin de s’arrêter là, le partenaire étranger n’a soumis aucun plan d’abandon et de remise en état des sites en fin d’exploitation, les financiers algériens ont constaté l’absence de provision budgétaire affectée à ce type d’opération, ce qui dénote une volonté de laisser les lieux en l’état après la fin de la phase d’exploration, alors que ConocoPhilips/Talisman s’est permis l’imputation aux coûts pétroliers de frais de fonctionnement du bureau de Houston déjà couverts par les frais généraux ! L’opérateur a, en effet, imputé aux coûts pétroliers une quote-part des frais du personnel du bureau de Houston, assurant des prestations de support pour plusieurs projets sur la base de time-writing. Certaines de ces fonctions, partiellement imputées au projet MLN pour un montant global de 158 078 dollars, sont déjà rémunérées dans le cadre de la quote-part forfaitaire des frais généraux. Outre les recommandations d’usage pour la régularisation des opérations comptables de cet exercice, le rapport d’audit souligne en caractère gras les totaux mis en cause, à savoir les frais à exclure de l’ordre de 15 829 221,67 dollars et les montants à justifier qui  s’élèvent à 23 841 876,99 dollars. *Houria Alioua-El Watan-12.03.2013.

    « Sonatrach II fera tomber de grosses têtes »

L’histoire retiendra que c’est Ali Brahimi, ex-député, qui a osé, en 2010, faire une proposition de commission d’enquête sur la corruption, rejetée par l’APN de l’époque. Dans cet entretien, il revient sur les scandales de corruption et le rôle manqué de la société civile et du Parlement devant la propagation de ce phénomène qui menace l’existence de l’Etat et ses institutions. Il estime que l’affaire dite Sonatrach 2 aboutira à faire tomber une, deux jusqu’à trois grosses têtes.

**L’Expression: Des scandales de corruption éclatent chaque jour et la presse en fait de larges échos, mais la justice ne s’auto- saisit pas automatiquement.
Est-ce un problème de manque d’indépendance de la justice ou de manque de volonté de lutte contre le phénomène?
–Ali Brahimi: Les deux. Malgré le passage formellement légal vers le pluralisme et l’Etat de droit en 1989, la confusion des pouvoirs continue de grever lourdement le fonctionnement des institutions.

Le judiciaire tout comme le législatif d’ailleurs, continuent d’être des fonctions auxiliaires assujetties à l’Exécutif.
Pire, la large implication des appareils sécuritaires dans les affaires politiques se traduit par une bicéphalisation de l’exercice du pouvoir, principalement au détriment de l’autorité apparente.
Avec une telle architecture institutionnelle, parler de «manque d’indépendance de la justice» est un euphémisme. Dans tout ce qui peut mettre en cause le personnel du régime et ses choix en matière de gouvernance et de gestion du pays, la justice ne se met en mouvement que si le gouvernement, via la chancellerie, manifeste clairement sa volonté de la requérir. Hélas, jusqu’ici, pouvoir apparent et réel ont joué la montre -quitte à recourir à des shows-leurres- contre une vraie démarche de lutte contre la corruption.
Au demeurant, les magistrats comme ceux de la Cour des comptes ainsi que le syndicat de la profession maintenant, viennent de le crier, avec des appels au secours contre les ingérences, les pressions et les sanctions injustes. Faut-il rappeler que le principe d’inamovibilité du juge a été -comme pour faire exprès – gravement altéré par la révision de la loi portant statut de la magistrature tout au début des années 2000.

**Les pouvoirs publics ont quand même déclaré leur volonté et la justice instruit et juge certains gros cas, non?
–S’il y avait volonté politique, l’affaire Khalifa, l’autoroute Est-Ouest, BRC (plus grave parce qu’entachée du crime d’espionnage), la Générale des concessions agricoles et tant d’autres «coups du siècle» auraient emporté leurs auteurs, du commanditaire et bénéficiaire en chef jusqu’au lampiste.
S’il y avait indépendance de la justice, il y a longtemps que nos tribunaux se seraient autosaisis des premiers scandales de corruption révélés depuis plus d’une décennie par la presse nationale sans attendre que les juridictions étrangères s’en mêlent.
Chez nous, ce n’est que lorsque la honte d’un scandale étouffe un secteur ou un département ou que le ou les clans veulent sacrifier un «bouc émissaire» que l’on ordonne ce qui s’apparente plutôt à «une expédition punitives». Des arrêts de renvoi cousus, mais, comme dans l’affaire Khalifa, prennent toujours soin, au préalable, de soustraire des filets de la justice, le gros poisson.

**Les autorités ont aussi installé plusieurs instances de lutte contre la corruption. Avec leurs prérogatives, ces instances peuvent-elles jouer le rôle catalyseur pour éradiquer ce phénomène?
–Au risque de me répéter, la lutte contre la corruption est d’abord, affaire de volonté politique au plus haut niveau de décision. Ce n’est ni affaire d’instances ni de prérogatives. Les institutions de renseignement et de sécurité existantes auparavant étaient déjà suffisantes.
Dgsn, gendarmerie, DRS, IGF, Cour des comptes, institutions fiscale et douanière, juridictions judiciaires, avaient l’essentiel des prérogatives nécessaire pour investiguer, instruire et sanctionner le délit de corruption, à fortiori dans un pays sous état d’urgence permanent.
La loi anticorruption existe maintenant depuis 2006, soit sept ans. On a rajouté des offices divers. On a créé les pôles judiciaires. Les agents des divers services et magistrats ont bénéficié de formations de pointe à l’étranger. Rien n’est de trop et que demande l’aveugle si ce n’est la lumière. Seulement, qu’est-ce qui a empêché ces nouvelles instances d’activer? On a mis des années à en nommer les responsables dont certains viennent juste de démarrer leurs activités. Et l’opinion n’est pas convaincue du choix des hommes pour de telles missions.
L’absence de mise en oeuvre de la politique et des mécanismes institutionnels de prévention -je dis bien simple prévention (adhaâfou al imane) – prévus par la loi de 2006 est la preuve la plus patente du refus de diligenter ce dossier d’un point de vue juridique et judiciaire.

**Que voulez-vous dire par-là?
–Sur beaucoup d’affaires, les enquêtes sont ficelées depuis des années sans avoir trouvé le starter qui enclenchera la machine judiciaire immédiatement après comme dans un vrai Etat de droit. Qui a empêché cela? Au lieu de cela, on assiste à des rumeurs, puis des fuites dans la presse, des lâchages de grands noms, puis plus rien. Il arrive même souvent que le mis en cause bénéficie d’une reconduction ou d’une promotion spectaculaire dans la high society politique ou économique qui détient notre destin.
L’opinion est alors totalement déroutée, ce qui jette plus de discrédit sur les institutions à l’origine de ces manoeuvres. C’est malheureux à dire, en Algérie, la justice, sur les affaires de corruption des grands du système, suit les méandres des luttes de clans.
Depuis toujours, le traitement politicien a prévalu sur l’action judiciaire. Le mécanisme compliqué, très politique et surtout juridiquement aléatoire pour traduire en justice un ministre est une preuve patente de cette volonté d’imposer l’impunité au bénéfice des dirigeants. Le refus de mettre en place la Haute Cour de justice telle que prévue par la Constitution en est une autre.

**Le Parlement, la société civile et les partis politiques, à quelques exceptions près, se sont distingués par leur silence alors que le phénomène gangrène la société? Ces institutions contribuent-elles à la corruption? Sinon comment expliquez-vous leur silence?
–Quel Parlement? Celui confectionné sur mesure par le tandem infernal de la regrettable abstention massive des électeurs et du logiciel de la fraude? La loi 06-01 de prévention et de lutte contre la corruption n’est pas une initiative de l’APN, n’émane pas du programme du gouvernement, ayant été imposée par l’évolution du droit international et de ses instances.
N’est-ce pas l’APN qui a rejeté en juin 2010, ma proposition de commission d’enquête sur la corruption?
Quels partis? Ceux dits
d’opposition qui, en 2010, ont refusé à leurs députés de cosigner ma proposition d’enquête pour motif…de mésentente personnelle de leurs zaims avec moi, lui préférant la gentille dénonciation verbeuse et sans risque?
Cela fera bientôt un an que la nouvelle APN regorge de députés FFS, PT, islamistes coalisés, tous auto-déclarés de l’opposition et tous en nombre supérieur au chiffre magique de vingt pour initier une commission d’enquête. Ils pourraient, s’ils unissaient même partiellement leurs forces, réaliser une interpellation plus que respectable.
Quelle société civile? Celle qu’on a enseveli dans le carcan de la loi associative révisée lors des contre-réformes de 2011 après en avoir tué la substance par vingt années de répression et de terrorisme? Quelle citoyenneté? Peut-on parler de participation de la société civile dans un régime qui refuse d’agréer -autre preuve d’absence de volonté politique- une association nationale ou locale de lutte contre la corruption?
Le silence est sidéral et la passivité de tous ceux qui détiennent en main des leviers institutionnels d’Etat ou de partis est criarde. Visiblement, les plus farouches (?) s’en tiennent au verbe. Faut-il donc en conclure que tout le monde se tient par la barbichette?

**A votre avis, où peut-on aller avec l’affaire Sonatrach 2?
–Je suis tenté de répondre: là où était arrivée Sonatrach 1 qui s’est limitée à quelques lampistes ou de vous signaler que le moussalssal en est déjà à Sonatrach 3! Surtout que ce rebond brusque d’enquêtes ficelées depuis des années pointe du doigt l’approche de l’élection présidentielle de 2014.

Je me demande même dans quelle mesure cet envahissement de la scène politique par les scandales sans réelle sanction n’est pas un écran de fumée pour faire passer la révision constitutionnelle sans vrai débat et éloigner les regards des tractations claniques qui complotent contre le droit des citoyens à l’autodétermination en 2014. En somme, le régime arrive même à rentabiliser ses propres turpitudes.
Mais, pour une fois et au vu du contexte interne et régional explosifs et du regard extérieur relativement suspicieux, l’affaire pourra faire tomber une, deux jusqu’à trois grosses têtes.
Mais attention, une fois n’est pas coutume. La corruption est dans la nature politique autoritaire, voire despotique du régime. Elle se nourrit de l’absence de démocratie et des libertés. Elle touche tous les clans. Seule une mobilisation décisive des citoyens peut vaincre le fléau en imposant l’Etat de droit et le changement démocratique.*L’Expression-12.03.2013.

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*A vous la Sonatrach, à nous la matraque

*Les médecins crient leur ras-le-bol

Mercredi de la colère acte III. Les praticiens de la santé publique ont tenu, hier, leur rassemblement devant le Palais du gouvernement. Ils étaient des milliers à affluer des 12 wilayas du centre du pays sur Alger. Cela prouve que notre mouvement prend de l’ampleur, a déclaré le Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp), lors d’une intervention remarquable durant le sit-in tenu au jardin de l’horloge florale, au pied de l’édifice gouvernemental.
Lui emboîtant le pas, le Dr Lyès Mérabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), a fustigé l’attitude méprisante des autorités, notamment de la chefferie du gouvernement, à l’égard de leur mouvement.
«Notre action est pacifique, nos revendications sont légitimes. A ceux qui nous accusent d’être manipulés par des officines étrangères ou des chapelles politiques, je dis que nous ne sommes manipulés que par la misère quotidienne que nous vivons», a fulminé le Dr Mérabet. Le rassemblement, hier, a été une véritable démonstration de force des blouses blanches. Rien ne semble les arrêter dans leur élan. Ni la matraque, ni les ponctions sur salaire, ni même l’étiquette d’agitateurs, ne semble entamer la détermination.
Aussi, la présence massive des services de sécurité ne les a pas dissuadés, ils ont maintenu leur manifestation. Tôt dans la matinée, Alger-Centre était littéralement quadrillée par la police. En contre-bas du Palais du gouvernement, l’avenue Pasteur était soigneusement «surveillée» et l’entrée par la Grande Poste filtrée.
Plus haut, le carrefour jouxtant le Palais était sous l’oeil attentif, mais «discret», des «Casquettes bleues.» L’avenue qui monte du carrefour vers le rond-point Saïd-Ouaguenoune est occupée. Tous les chemins en provenance des hauteurs d’Alger sont sous contrôle. Les alentours du Palais du gouvernement sont bouclés. Il est 10h30. Pour le moment, les médecins se font discrets. Nous effectuons le tour des lieux. Pas une mouche qui vole sans attirer des «yeux» à l’affût. Les flics en civil veillent au grain. Zohra, chirurgien-dentiste, n’en croit pas ses yeux: «Tout cet arsenal déployé pour nous empêcher de crier notre colère», lance-t-elle.

La presse et les médecins insultés
Nous redescendons à l’avenue Pasteur. Les premiers groupes de médecins arrivent. En deux temps, trois mouvements, le jardin de l’horloge florale se transforme en ruche de blouses blanches, de casquettes et de….casques bleus! Les deux entrées du jardin sont fermées. Les médecins sont pris en étau. L’horloge du jardin est en folie. Les évènements se succèdent à un rythme infernal. A l’entrée supérieure, un policier profère insultes et obscénités contre les praticiens. La presse en aura aussi pour son grade. Le Dr Moussaoui, président de la région centre du Snpsp, est bousculé. Un agent de l’ordre le fait entrer de force dans le jardin. Pis, le Dr Kadem, chirurgien à l’hôpital de Beni Messous, est empoigné par quatre flics en civil. Il sera placé dans un fourgon des CRS. «Ils m’y ont mis en compagnie d’un délinquant», déplora-t-il après sa libération. La colère des médecins monte d’un cran. «Il est inadmissible que les praticiens soient traités de la sorte par les pouvoirs publics. Au lieu de la répression, les autorités doivent proposer des solutions concrètes. Surtout que le diagnostic de la situation a été fait par les médecins», déclare le Dr Aït Aissa Salima, pédiatre à la polyclinique de Kouba.

Plusieurs interpellations
Entre-temps, des rumeurs circulent sur l’arrestation du Dr Merabet. L’inquiétude est à son comble. Arrivé à la Fac centrale, le Dr Merabet à la tête de 300 médecins, est interpellé.
Les policiers tentent de les empêcher de rejoindre le lieu du rassemblement. Echec de la première tentative. Une seconde fois, les blouses blanches sont arrêtées au moment d’atteindre le tunnel des Facultés. En vain. Ces derniers continuent leur avancée. Ils atteignent à l’entrée basse du jardin, au bord de l’avenue Pasteur. Là, les choses se corsent.
Les policiers se montrent hermétiques. «Nous avons reçu des instructions», indique un officier devant le portail. A la vue de leurs collègues, les médecins qui occupent déjà le jardin scandent: «Nous sommes des praticiens, nous ne sommes pas des chiens!» Sur la voie publique, les autres répliquent «Un, deux, trois, où sont nos droits?» Devant leur détermination, les policiers lâchent du lest. Le groupe mené par le Dr Merabet entre enfin dans le jardin. Il aura droit à un accueil triomphal de la part des autres praticiens. Mais l’inquiétude subsiste. Plusieurs médecins sont interpellés.
D’autres se sont vu confisquer leurs papiers. «Pourtant, nous avons demandé, il y a quelques jours, à être reçus par le chef du gouvernement ou l’un des représentants de l’Exécutif. Cette demande a été renouvelée ce matin mais elle a été refusée», a regretté le Dr Yousfi. Ce dernier a, néanmoins, salué le sens de la responsabilité des officiers dépêchés sur place. «Ils ont reçu des instructions fermes allant jusqu’à notre embarquement, mais ils ont su se montrer ouverts aux négociations et le rassemblement a été toléré», a-t-il reconnu.
Les praticiens se sont fixé rendez-vous, mercredi prochain, pour un rassemblement devant la présidence de la République.(L’Expression-18.02.2010.)

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Le résultat issu d’un bras de fer fait de grèves et de réunions a fini par aboutir, à la grande satisfaction des parties prenantes que sont les enseignants.

Nous sommes en face de deux conflits axés sur des revendications légitimes de deux corps de métier qui demeurent au niveau des salaires les “mal-aimés” de toutes les professions, mais paradoxalement les plus indispensables au service public, domaine exclusif de l’État. Il s’agit des travailleurs de l’éducation nationale et de ceux de la santé publique.
Leur mission sacrée : former, pour les premiers, et soigner, pour les seconds. Deux fonctions qui n’ont pas de prix affiché au niveau d’une quelconque bourse sinon celle des valeurs qui restent pérennes et ne fluctuent pas en fonction de l’offre et de la demande.
Malheureusement, les pouvoirs publics ont tardé à regarder du côté de ces lettrés mal lotis, leur préférant les secteurs dits productifs, se trouvant déjà dans un état comateux et que tous les sérums du monde n’arrivent pas à titiller.
Dans le secteur de l’éducation, qui peut se targuer d’avoir un effectif presque égal à celui de l’armée, avec en sus des syndicats autonomes volontaires et dynamiques, le résultat issu d’un bras de fer fait de grèves et de réunions a fini par aboutir, à la grande satisfaction des parties prenantes que sont les enseignants, la tutelle du secteur et, surtout, les élèves et leurs parents pris entre le marteau et l’enclume.
Si la sagesse a prévalu dans ce secteur grâce aux mérites des uns et des autres qui ont continué à se voir, se réunir et à négocier, ce n’est pas, malheureusement, le cas dans celui de la santé où les arguments que l’on sort, jusqu’à ce jour, sont le gourdin et le mépris. Un mépris difficile à comprendre surtout quand il est réservé à des spécialistes de la santé dont le cursus universitaire dépasse souvent, et de loin, celui de ceux qu’ils ont en face.
Ces médecins, qui ont choisi le secteur public, l’ont fait, pour la majorité, pour ce sacré serment d’Hippocrate – soigner le pauvre et le démuni –, se font matraquer à la moindre sortie et, pire, voient les portes de leur ministère-employeur se fermer à leur nez.
La différence réside dans la façon avec laquelle on se saisit d’un problème quand on est responsable, et il y a mille et une façons de dire non, sans sortir le gourdin. Il est vrai que c’est une affaire de tact et… d’éducation. (Liberté-18.02.2010.)

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Praticiens de santé publique : Les salaires de la honte 

 Si les blouses blanches s’insurgent, ce n’est pas pour une question de privilèges luxueux, mais pour tout ce qu’il y a de plus « basique », « trivial » même. Anéantis et révulsés par les conditions dans le secteur public, de nombreux médecins sont allés rejoindre les cliniques privées ou partis à l’étranger.

Le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) entament une énième semaine de grève et durcissent, parallèlement, leur mouvement de protestation en organisant des sit-in et des marches. L’opinion publique, dont les nombreux malades se trouvant dans les établissements sanitaires paralysés du fait de ce débrayage, s’interroge, quelque peu dubitative, quant aux raisons de ces manifestations. D’aucuns se sont d’ailleurs étonnés de découvrir avec effroi les conditions socioprofessionnelles de cette frange émérite de la société. Avant, c’était tabou. L’on répugnait et l’on répugne encore à parler d’argent. Et encore plus lorsqu’il s’agit des salaires de ceux considérés comme l’élite d’un pays », déplore la chef de service d’une polyclinique. Car si à quelque chose malheur est bon, ces manifestations auront eu le mérite de lever le voile sur leurs conditions de vie. « Quelque part, c’était honteux de se plaindre de la précarité dans laquelle notre corporation vit. De revendiquer une meilleure indemnisation de cet acte « sacré » qu’est la médecine », explique, les larmes aux yeux, une praticienne. « Alors oui, c’est un choix, une vocation, une abnégation de soi. Mais un médecin, comme tout autre citoyen, se doit de faire vivre sa famille dignement, dans de saines conditions et de faire manger ses enfants à leur faim », s’exclame-t-elle. Car si les blouses blanches s’insurgent, ce n’est pas pour une question de privilèges luxueux. Mais pour tout ce qu’il y a de plus « basique », « trivial » même. Du pain, un loyer, les médicaments, les habits et autres besoins des enfants. La documentation et la continuité de la formation. Pouvoir faire face aux imprévus. Ne plus avoir peur de l’avenir.

48 000 DA après 26 ans de carrière

Quand, sous d’autres latitudes, le « toubib » fait parti des nantis, en Algérie, son maigre salaire le place au bas de l’échelle « pécuniaire ». A l’entame de sa carrière, un médecin débutant touche, dans une polyclinique ou un centre de soins, près de 32 000 DA. « Je suis célibataire et je vis chez mes parents. Je n’ai que ma propre personne à ma charge. Et je ne vois pas où va mon salaire, qui fond à une vitesse vertigineuse », s’attriste une jeune « bleue ». Qu’en est-il alors des pères de familles nombreuses ? Ce médecin, père de quatre enfants, en sait quelque chose : « Mon salaire est le seul revenu du foyer. Nous avons beau nous serrer la ceinture, en sacrifiant le « superflu » tel que la viande, les aliments ou les accessoires onéreux, les loisirs et autres, malgré cela, les fins de mois sont difficiles. »

Le plus gros des revenus va au logement. « Nous ne gagnons pas assez pour acheter ou pour louer. Mais lorsque vous vainquez votre honte et faites des démarches pour un logement dans le cadre social, l’on vous rétorque, choqué, que vous êtes médecin et que vous n’y ouvrez pas droit », explique une praticienne en fin de carrière. Car les choses ne vont pas en s’améliorant avec le temps. Chaque « palier »d’une carrière vaut un « plus » de 1000 DA. Une broutille. « Ainsi, après 26 ans de carrière, une vie dévouée, au chevet des plus démunis, je gagne, en tant que chef de service, 48 000 DA », avoue-t-elle à grand-peine. Et la prime de responsabilité « qui vous fait endosser la gérance d’un établissement ne s’élève qu’à 1000 DA imposables ».

Une histoire de croûte…

« Comment expliquer que les magistrats, par exemple, aient vu leurs salaires dépasser les 100 000 DA et que ceux qui assurent la bonne santé de la masse populaire n’osent même pas espérer, après une trentaine d’années de service, atteindre les 50 000 DA ? », s’énerve une dentiste, qui ajoute, amère : « Tout simplement parce qu’un médecin public ne rend pas de service aux puissants. » Anéantis et révulsés par les conditions qui sont les leurs dans le secteur public, nombre de médecins sont allés rejoindre les promesses d’eldorado miroitées par les cliniques privées, ou encore par une carrière à l’étranger. Y ont-ils songé ? Quand les plus jeunes avouent y réfléchir sérieusement ou encore envisager une reconversion dans la « délégation médicale », les plus anciens, surtout les généralistes, sont plus réticents à cette idée. « Non, jamais », de marteler la chef de service.

« Je suis intrinsèquement attachée aux soins dans le service public. Je trouverais immoral de demander de l’argent directement à un malade », dit-elle. Haussant les épaules, elle conclut : « Enfin, peut-être bien que quand je serais à la retraite, je changerais d’avis. » Car la pension de retraite accordée n’avoisine que les 20 000 DA. Le président du SNPSSP, quant à lui, déplore : « Les médecins, dans les autres pays, se réunissent et forment des syndicats pour la recherche scientifique. Nous, honteusement, tristement, si nous nous regroupons, ce n’est que pour une histoire de croûte… » (El Watan-15.02.2010.)

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**Expulsion forcée des enseignants des logements de fonction

Les enseignants occupant des logements de fonction à travers la wilaya refusent de quitter les lieux, suite à la décision prise à leur encontre par la direction de l’Education.Ils l’ont fait savoir à l’issue d’une réunion tenue samedi au siège de l’Union de wilaya de l’UGTA de Chlef. Dans un communiqué transmis à notre bureau, le syndicat du personnel en question dénonce la «décision d’expulsion forcée des enseignants des logements qu’ils occupent et ce, à compter du 1er avril prochain», estimant que cette «démarche doit faire l’objet d’un examen préalable de la situation sociale des principaux concernés». En conséquence, le syndicat des enseignants interpelle les autorités locales et centrales pour se pencher en urgence sur «ce dossier délicat  et épineux». Il exige donc «l’annulation immédiate des mesures de gel des salaires des enseignants, l’ouverture du dialogue avec leurs représentants, la cessation des poursuites judiciaires ainsi que les pressions et intimidations contre  l’encadrement touché». En revanche, à  la direction de wilaya de l’Education, on précise que la décision d’expulsion ne concerne que «les cas litigieux du secteur». *El Watan-24.02.2014   

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l’homme par qui le scandale arriva ou le fabuleux destin de Chakib Khelil

Alors que s’égrène l’affaire Sonatrach en plusieurs épisodes et que les enquêtes nourrissent un violent pugilat entre clans au pouvoir, l’homme par qui le scandale arriva, le prince des ténèbres de l’or noir, reste hors d’atteinte. Retour sur le fabuleux destin de Chakib Khelil.

A vous la Sonatrach, à nous la matraque khelil2

A. Antinationale.La politique de Chakib Khelil a été qualifiée d’antinationale et contraire aux intérêts supérieurs de la nation. Plusieurs milieux politiques, Parti des travailleurs en tête, ont alerté l’opinion sur le comportement de ce ministre qui, pour un temps, paraissait insensible à toutes les critiques. Pour Louisa Hanoune, Chakib Khelil a créé «un émirat» en Algérie. Une principauté qui semblait ouverte à beaucoup de monde. Khelil a entraîné Sonatrach dans une instabilité chronique avec des changements à répétition des dirigeants. Chakib Khelil, qui a fait appel à ses proches pour occuper des postes sensibles au sein de Sonatrach, a appliqué une politique salariale dépassant toutes les limites. De très gros salaires ont été accordés à une certaine catégorie de cadres, méprisant le reste du personnel, à commencer par les cadres intermédiaires jusqu’aux agents de sécurité. Tous les cadres de Sonatrach parlent d’une dame, qui s’occupait théoriquement des ressources humaines, qui avait tous les pouvoirs, droit de vie et de mort au sein de la première entreprise du pays, grâce à la protection de Chakib Khelil.

B. Banque mondiale. Chakib Khelil a exercé à la Banque mondiale, à Washington, à partir de 1978. Il a été chargé de suivre l’évolution du secteur de l’énergie dans les pays de l’Amérique du Sud. Il y reste jusqu’à 1999, date de l’arrivée au pouvoir de Abdelaziz Bouteflika. Natif de la même région que lui, le chef de l’Etat fait appel à Chakib Khelil alors en procédure de retraite de la Banque mondiale. Chakib Khelil restera pendant onze ans ministre de l’Energie et des Mines et accessoirement PDG de Sonarach, bénéficiant donc de deux salaires et des primes. Prié de quitter son poste après l’éclatement du scandale Sonatrach, Chakib Khelil se rend presque heureux à Londres pour travailler dans une agence de consulting énergétique, Ame Trade Ltd, qui oriente ses activités vers l’Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient. Ame Trade organise notamment des expositions, foires et événements dans le secteur. Elle assure aussi des programmes de formation. Le responsable de cette agence a participé, au nom d’une autre entreprise, à l’organisation du GNL 16 à Oran en avril 2010, un événement qui a coûté très cher à l’Algérie. A Vienne, en Autriche, Chakib Khelil, qui connaît parfaitement le milieu des affaires, crée, en février 2012, la société CGKL Associates avec l’Irakien Issam Chalabi, le Libyen Ghanem Choukri et l’ancien ministre de l’Energie du Nigeria, Rilwanu Lujman. CGKL devait faire du consulting pour le compte des grandes compagnies au monde et des Etats. Les activités de CGKL ont été gelées après la mort suspecte de Ghanem Choukri. Depuis, Chakib Khelil s’est redéployé ailleurs. Il aurait été recruté par la firme canadienne Wilton Ressources.

C. Chakaba. C’est le nouveau verbe en arabe inventé par les jeunes sur les réseaux sociaux. Chakaba signifie voler en arabe. Ce terme est supposé être plus fort que saraka puisque chakaba concerne les millions de dollars, pas des 200 ou 500 dinars volés au marché de légumes !

D. DRS. Le Département de renseignement et de sécurité (ex-Sécurité militaire) aurait procédé à des perquisitions dans le domicile de l’ex-ministre de l’Energie et des Mines. Cette information a été entourée de secret. Saura-t-on tout sur les richesses de Chakib Khelil ? Ou s’agit-il d’une simple opération de routine ?

E. Etats-Unis. Durant les dix dernières années, Chakib Khelil a procédé à plusieurs placements bancaires. Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique, Chakib Khelil a acquis trois propriétés dans l’Etat du Maryland (nord-est des Etats-Unis). Le montant de la transaction est estimé à 2,1 millions de dollars. Aux dernières nouvelles, ces acquisitions ne seraient que la partie visible de l’iceberg.

F. Fuite. Présent en Algérie lors de l’éclatement du scandale Sonatrach II, à travers la presse italienne relayée par la presse algérienne, Chakib Khelil est resté plusieurs jours à Oran. Il a ensuite pris la fuite, fin mars 2013, au lendemain d’une perquisition aux domiciles de plusieurs hauts cadres de Sonatrach. Il serait parti en Suisse, l’eldorado des fortunés algériens.

G. GNL 16. En avril 2009, la Conférence internationale du gaz (GNL 16) a eu lieu à Oran. 3000 participants. Deux bateaux-hôtels ont été loués pour l’occasion. Des bateaux qui ont accosté au port d’Oran pendant plusieurs jours. L’organisation de cette conférence a, selon des sources, coûté 800 millions de dollars. «Même si cette rencontre a été organisée dans les plus beaux hôtels d’Europe, elle n’aurait jamais coûté autant», a estimé un expert. Faut-il parler de surfacturation ? Possible.

H. Hydrocarbures. Chakib Khelil a voulu imposer la controversée loi sur les hydrocarbures malgré les critiques des experts et de certains partis. A l’intérieur du gouvernement, Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, n’avait pas caché son refus et son désaccord par rapport à ce texte. La loi, selon plusieurs spécialistes, visait à mettre sous contrôle étranger tous les gisements de gaz et de pétrole de l’Algérie. Reste une question : pourquoi le président Bouteflika a-t-il accepté avant de revenir sur sa décision ? Adoptée en 2005, cette loi a été retirée en 2006, sans aucune explication à l’opinion publique.

I. Investigations. The Federal Bureau of Investigations (FBI) américain s’intéresse de près à Chakib Khelil. Le FBI, qui possède une représentation à Alger (qui couvre le Niger et la Tunisie également), enquête sur l’origine de la fortune de Chakib Khelil. L’intérêt vient du fait que l’ex-ministre algérien de l’Energie est un citoyen américain. Cependant, la base de données du FBI, mise en ligne sur internet, ne mentionne nulle part le nom Chakib Khelil. Il ne s’agit probablement que de procédures d’information préliminaires sur les acquisitions de l’ex-ministre algérien en territoires américains et en zones off-shore (voir lettre E). 

J. Je. «Je ne suis rien à côté de Chakib Khelil, à qui je ne pouvais rien refuser : il jouissait de la protection du n° 1 (…) Je n’ai fait qu’exécuter les ordres de Chakib Khelil.» La déclaration est de Mohamed Meziane, ex-président-directeur général de Sonatrach. Aveux faits devant des enquêteurs après l’éclatement de l’affaire Sonatrach en 2010. Le n°1 évoqué par Mohamed Meziane n’est autre que le président Abdelaziz Bouteflika lui-même. Mohamed Meziane est sous contrôle judiciaire depuis 2010, pas Chakib Khelil, libre comme l’air ! L’ex-ministre a donné ordre à l’ancien patron de Sonatrach de signer un marché de gré à gré avec la société allemande Kontal pour un projet de «protection électronique». Kontal a, dans la foulée, donné des cadeaux aux fils de Mohamed Meziane et, bien entendu, à l’ex- ministre de l’Energie.

K. Khalifa. Beaucoup l’ignorent, mais même Chakib Khelil a «mangé» dans la main de l’ex-golden-boy des hauteurs d’Alger. Il fut à plusieurs reprises invité par ce dernier à des dîners gala, bien arrosés. D’après d’anciens employés de Abdelmoumen Khalifa, l’ex-ministre de l’Energie aurait même touché des rétributions en mains propres. Généralement pour des services rendus. On dit que l’homme est riche, mais apparemment pas assez pour éviter de tendre la main pour quelques «milliers d’euros» en plus, des poussières d’or !   

L. Laisser-aller. Chakib Khelil était un ministre hyper présent dans la gestion de l’entreprise Sonatrach. Ce qui ne l’a pas empêché de dénoncer et de mettre fin à des pratiques qui mettent le fonctionnement de l’entreprise en danger. Au-delà des affaires de corruption, l’ex-ministre ne s’est jamais élevé contre le grave problème de pléthore au sein de Sonatrach ou encore la fuite des compétences. Il ne faut pas oublier que c’est l’homme qui a déclaré : «Celui qui veut quitter Sonatrach, eh bien il n’a qu’à le faire, on en recrutera d’autres…» A l’époque de Chakib Khalil, les revendications salariales n’avaient pas d’oreille attentive.

M. Marché. Marché de gré à gré. Sonatrach, du temps où Chakib Khelil était à sa tête à titre provisoire, a signé plusieurs contrats de ce type avec Clearlogic Inc qui est basée à Haddonfield, au New Jersey, aux Etats-Unis. Pourquoi cette entreprise ? Il se trouve que Clearlogic Inc est propriété à 60% de la famille Khelil. L’ex-ministre, son fils Sina et son épouse Najat Arafat (d’origine palestinienne) sont actionnaires dans cette entreprise. Clearlogic Inc agissait en coordination avec Brown and Root-Condor (BRC) (voir la lettre X). Les relations publiques de Clearlogic sont assurées par Jennifer Lynn Khelil, épouse de Sina.

N. Network. Réseau. Chakib Khelil, aidé par son fils Sina, son épouse Najat Arafat, sa belle-fille Jennifer Lynn, ses anciens collègues de la Banque mondiale, a constitué un vaste réseau d’affaires en Europe, au Moyen-Orient, en Amérique du Sud et en Afrique. Entre Londres, Paris, Washington, Toronto, Rome, Tripoli, Dubaï, Chakib Khelil a tissé au fil des ans des relations d’affaires. L’argent distribué grâce à la formule du gré à gré au ministère de l’Energie et des Mines a valu à l’ancien membre du gouvernement algérien une estime du milieu du consulting pétrolier. Il se fait inviter à toutes les conférences, rendez-vous, rencontres, symposiums, expositions… Le retour d’ascenseur !

O. Oujda. Chakib Khelil est né dans cette ville du Maroc oriental le 8 août 1939. Oran et Tlemcen seront les deux autres villes d’adoption. Il existe sûrement des ressemblances quelque part. A Oran, Chakib Khelil possédait une belle villa sur la corniche, un appartement F4 à Aïn El Turk et un lot de terrain à Arzew. Les trois propriétés auraient été vendues dans la précipitation entre février et mars 2013.

P. Pleasant. Bob Pleasant serait «le juriste» américain que Chakib Khelil a recruté au ministère de l’Energie et des Mines dès son installation à ce département avec l’arrivée de Abdelaziz Bouteflika au pouvoir en 1999. Cet homme, qui aurait travaillé à la Banque mondiale, a contribué à l’élaboration de plusieurs textes de loi durant «le règne» de Chakib au ministère de l’Energie. Il aurait reçu la somme de 2 millions de dollars pour «confectionner» la fameuse loi sur les hydrocarbures. Aux Etats-Unis et au Canada, il existe plusieurs personnes qui portent ce nom de Pleasant entre Bob, Robert et Bobby. L’ami de Chakib Khelil aurait plus de 65 ans, son profil n’existe nulle part. Curieux !

Q. Question. Un journaliste a posé cette question à l’ex-ministre de l’Energie et des Mines : «Est-ce que l’Algérie exploite et exporte du diamant ?» Réponse de Chakib Khalil : «Je ne sais pas de quoi vous parlez.» Le journaliste relance : «Est-ce que l’Algérie est signataire du Processus de Kimberley prônant la non-exploitation et la vente de diamants issus des conflits armés ?» Réponse du haut responsable : «Vous vous intéressez à des choses plus grandes que vous !» A l’époque, Chakib Khalil était à l’apogée de sa «puissance», quelques mois avant l’éclatement de l’affaire Sonatrach. Et, bien entendu, les questions du journaliste restent sans… réponse.  

R. Résidence Chaâbani. C’est dans cette résidence au Val d’Hydra, à Alger, que Chakib Khelil a acquis deux luxueux appartements pour y résider. Ceci lui évitait, dit-on, de longs déplacements quotidiens puisque le siège du ministère de l’Energie et des Mines est à côté. De là à croire que l’ex-ministre pensait à l’économie de carburant en achetant ces deux appartements, ça serait croire à la présence de l’eau sur Neptune ! Les deux appartements auraient été, aux dernières nouvelles, vendus contre la somme de 30 milliards de centimes.

S. Saipem. Une entreprise italienne connue pour ses combines et pour la pratique des pots-de-vin. Cette entreprise a eu tous les privilèges grâce au payement de commissions dépassant les 200 millions de dollars à Chakib Khelil et à de hauts responsables du ministère de l’Energie et des Mines. Le nom de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, a été cité. Il s’est vite défendu dans un texte publié dans la presse : «Je n’ai jamais eu un quelconque rapport avec l’ENI ou la Saipem ou l’une de leurs filiales, ni en Algérie ni à l’étranger. La presse italienne et internationale qui s’est fait l’écho de documents officiels d’enquête contre l’ENI ne s’est jamais hasardée à dire que je suis personnellement concerné par cette enquête.» Le neveu de Mohamed Bedjaoui, Farid Bedjaoui, un redoutable intermédiaire, a été cité à plusieurs reprises dans le dossier ouvert par la justice italienne. Chakib Khelil n’a, lui, rien dit. Depuis le début des «affaires» Sonatrach et autres, l’ex-ministre de l’Energie a opté pour la stratégie du silence.

T. Twin Towers. Chakib Khelil voulait ses tours jumelles pour installer les bureaux du ministère de l’Energie et des Mines. Il est parti, elles ne se sont pas écroulées. Et encore !  Ces deux bâtisses, peu esthétiques malgré l’effort des concepteurs, sont construites sur un terrain marécageux au Val d’Hydra. Tous les spécialistes connaissent le problème de ce terrain. Mais Chakib Khelil et ses nombreux conseillers ne voulaient rien savoir. Il y a de l’argent, pourquoi s’en priver ! La construction de ces deux bâtisses a, d’après plusieurs rapports, engendré des surcoûts. Il n’existe aucune donnée précise sur l’enveloppe dégagée pour ce projet. Le jour de l’inauguration, Bouteflika n’a pas résisté à dire à son ministre de l’Energie : «Tout ça pour ça !» Trois petits tours et puis s’en vont !

U. USA. Chakib Khelil est citoyen américain. Il a fait ses études à la Texas A&M University où il a obtenu son doctorat en ingénierie pétrolière en 1968. En 1970, Chakib Khelil revenait en Algérie pour travailler à Sonatrach à la direction de la valorisation des hydrocarbures. Il s’occupait de la prospective pétrolière et gazière. Pour la petite histoire, Chakib Khelil avait commencé ses études en France en 1959 grâce à une bourse accordée par le FLN.

V. Vierges. La moitié de ces îles, qui appartiennent à la couronne britannique, abritent fiscalement Sonatrach Petroleum Corporation (SPC), boîte off-shore de Sontarach qui a fait l’objet d’un redressement fiscal par les autorités de Londres. Chakib Khelil, qui a visité plusieurs fois la capitale britannique, n’en a jamais parlé. Cette affaire est tenue au secret.

W. Watt. Chakib Khelil, c’est connu, a bloqué l’investissement de Sonelgaz dans le secteur de l’énergie électrique. Que des kilowatts manquaient au pays, ça laissait le ministre indifférent. Il était pris dans une drôle de logique, en déphasage avec les réalités socioéconomiques de l’Algérie. Le pays était souvent plongé dans le noir. Des délestages partout. Des émeutes et des manifestations des citoyens. Chakib Khelil pensait pousser son idée jusqu’au bout, rassuré par le parapluie présidentiel : obliger l’Etat algérien à ouvrir le marché de la production et de la distribution de l’électricité aux étrangers. Il n’a pas réussi, mais l’Algérie enregistre aujourd’hui un immense retard en matière d’infrastructures électriques. Ce qui n’a pas marché avec les hydrocarbures, Chakib Khelil voulait l’imposer dans la production de l’électricité.

X. X. Inconnu. Mystère. L’affaire Brown and Root-Condor, une joint-venture entre Sonatrach et la firme américaine Halliburton, a été rapidement dissoute par Chakib Khelil. Le motif de cette décision précipitée est d’effacer toute trace de surfacturation sur de nombreux marchés établis entre le ministère de la Défense et Sonatrach. Les détails de ces contrats demeurent toujours non connus du public. «Sonatrach est un grand corps, malade cependant, car gangrené par la corruption. Très rares sont les contrats de réalisation de projets, d’achat de matériel ou de prestations de services qui ne font pas l’objet de versement de pots-de-vin», a soutenu Hocine Malti, ancien vice-président de Sonatrach (entre 1972 et 1975) et consultant international. Le dossier BRC serait lié à une affaire d’espionnage. D’où l’opacité entretenue autour du scandale.

Y. Yousfi. Youcef Yousfi, le successeur de Chakib Khelil au ministère de l’Energie et des Mines, est-il Monsieur propre ? N’a-t-il donc rien à se reprocher lui qui ne dit rien publiquement sur son prédécesseur ? Cet ancien président-directeur général de Sonatrach, ancien directeur de cabinet à la présidence de la République, ancien président de l’OPEP et ancien ambassadeur d’Algérie au Canada et en Tunisie, ne semble pas laisser le microcosme d’Alger indifférent. On lui prête aussi de petites affaires, exécutées en toute discrétion, comme la construction d’une clinique, dirigée par son épouse, dans des conditions peu claires. Youcef Yousfi, comme la plupart des ministres, n’a pas fait sa déclaration patrimoine. Mais il y a une constante : Sonatrach,  c’est la roue de la fortune !

Z. Zéro. Transparence Zéro. Chakib Khelil communiquait beaucoup. Malgré qu’il occupait plus que d’autres ministres les espaces médiatiques, Khelil donnait peu d’informations utiles à la presse. Les journalistes algériens lui ont souvent reproché de favoriser les médias étrangers quand il s’agissait de communiquer des nouvelles d’importance, notamment lorsqu’il était à la tête de l’OPEP. A Oran, en mars 2010, lors du déroulement du sommet de la 15e réunion de l’OPEP, les médias étrangers étaient les premiers à donner l’information sur la baisse de production. La chargée de la communication, toujours en poste, a marginalisé la presse nationale et favorisé l’accès aux réunions de l’OPEP aux journalistes étrangers. Sur instruction de Chakib Khelil ? Les journalistes algériens ont protesté contre ce comportement, considérant cet épisode comme une preuve de plus du mépris des responsables algériens envers la presse nationale. Au ministère de l’Energie, l’opacité est une culture ! *Par: Fayçal Métaoui-El Watan-26.04.2013.

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*L’ÉDUCATION NATIONALE RENOUE AVEC LA GRÈVE

  Demain le Snapest, en attendant les autres

«Maintenant il est temps de crier haut et fort : halte aux pratiques caduques, aux promesses sans lendemain, aux mesures aléatoires devenues, hélas, le mode d’emploi de notre ministère non sans conséquences fâcheuses : les enseignants mais aussi tous les travailleurs du secteur ont perdu leur patience et leur confiance vis-à-vis de la tutelle. Aujourd’hui, Ils ne croient qu’à la logique de la pression, qu’aux rapports de force qui pourraient faire aboutir leurs revendications.» La protestation est de retour dans la maison Boubekeur Benbouzid, ministre de l’Éducation nationale. Il y a péril en la demeure. La lettre de ce dernier rendue publique, récemment, n’a pas convaincu pour autant les syndicalistes à renoncer à leurs mouvements, annoncés, faudra-t-il le souligner à rangs renversés. Bien au contraire, elle (lettre) a eu l’effet de la goutte qui fait déborder le vase. Preuve en est : les partenaires sociaux y comptent renouer, bel et bien, avec les actions du terrain le mois courant. Et c’est le Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest) qui vient d’annoncer la couleur. Cette structure syndicale, entamera sauf revirement de dernière minute, une grève d’une semaine renouvelable à partir de demain. C’est ce qu’a indiqué, hier, son coordinateur lors d’une conférence de presse tenue à Alger. Quant au pourquoi du comment de ce retour à la protesta, le conférencier arguera : Cette décision est motivée par « la politique de la fuite en avant des pouvoirs publics quant à la prise en charge de leurs revendications, notamment celle relative au dossier du régime indemnitaire ». Sur ce point, le conférencier n’est pas allé par des chemins sinueux pour dire que la tutelle est «dépourvue de toute volonté» de résoudre le problème qui dure depuis belle lurette. «Deux années d’attente… barakat. Maintenant il est temps de crier haut et fort : halte aux promesses sans lendemain, aux mesures aléatoires devenues, hélas, le mode d’emploi de notre département non sans conséquences fâcheuses : les enseignants mais aussi tous les travailleurs du secteur ont perdu leur patience. Ils ne croient, désormais qu’à la logique de la pression, au rapports de force qui pourraient faire aboutir leurs revendications.» C’est pourquoi, Meziane Meriane était catégorique, soulignant : la grève aura lieu «avec ou sans l’aval des Syndicats». C’est la base» qui a décidé cette fois-ci de prendre sa propre destinée en mains au-delà des intimidations et autres entraves administratives à l’image des ponctions sur salaires.

LA PRESSION DOIT CHANGER DE CAMP…
Certains, parmi les enseignants et même les syndicalistes n’ont pas omis de souligner que la décision de mettre fin à la précédente grève qui a paralysé tous les établissements scolaires, tous paliers confondus, 21 jours durant, est une erreur qu’il ne fallait point commettre. C’était le cas, par exemple du chargé de communication du Conseil des lycées d’Algérie (CLA) Achour Idir. Celui-ci, s’est montré, ce jour-là, navré quant à l’issue de la grève qui aurait pu, pour lui , faire basculer le cours des choses ». Mais voilà que le coordinateur du Snapest a une toute autre opinion : « ce n’est pas une erreur stratégique mais tout simplement c’était pour nous un geste de bonne volonté.» Le conférencier s’est exprimé, par ailleurs, sur l’attitude de certaines parties, notamment les associations des parents d’élèves qui « à chaque mouvement de protestation trouvent les moyens et les ressources nécessaires pour tirer à boulets rouges sur les Syndicats autonomes. Meriane dira à ce sujet que la pression doit « changer de camp » cette fois-ci. Comment ? Au lieu que ces associations s’attaquent aux syndicalistes leur demandant d’arrêter la grève avec comme argument la scolarisation des élèves, celles-ci, (associations) se doivent plutôt d’exercer une pression sur la tutelle afin qu’elle trouve une issue favorable à ce bras de fer. En tout état de cause, soutient la même voix, en sus de ce mouvement de protestation, il sera question d’organiser un sit-in au plus tard le 24 février. Le lieu sera décidé incessamment. Les enseignants pourraient, également, marcher dans certaines wilayas du pays. Notons enfin que le Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest) a opté pour une grève d’une semaine renouvelable à partir du 25 du mois courant. Le conseil des lycées d’Algérie (CLA) entamera une grève d’une semaine renouvelable à compter du 21 février prochain. C’est dire combien le terrain est miné dans le secteur de l’éducation nationale. Le premier responsable en charge de ce secteur quant à lui, a qualifié ces actions d’injustes et même d’extrémistes. Reste que le dindon de laÒÒÒ‹‹ farce de tout cela demeure encore et pour toujours l’élève. Au moment ou les plaies de la dernière grève ne sont pas encore totalement cicatrisées avec comme legs, un retard considérable dans l’achèvement des cours, un recul notable a été enregistré dans les résultats scolaires, voilà qu’un autre mouvement de même type, grève illimitée, pointe à l’horizon.Tout ça laisse à dire que le spectre de l’année blanche est là. La menace est des plus sérieuses. À moins que Benbouzid n’intervienne pour sauver les meubles. Une urgence. Ce qui n’est pas le cas pour le moment… peut être dans les jours à venir. (Le Courrier d’Algérie-15.02.2010.)

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*DES CENTAINES DE MÉDECINS PROTESTENT DEVANT LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ

 «Barakat, barakat», scandaient, hier, les praticiens de la santé publique devant le siège du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière à Alger. Cartons rouges brandis, les blouses blanches ont répondu en masse à l’appel au rassemblement conjoint du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp) et du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp). «Cela montre que nous sommes des partenaires sociaux fortement ancrés dans la corporation», a déclaré le Dr Lyès Merabet, président du Snpsp. Ce dernier a indiqué que les deux organisations syndicales ont officiellement saisi le Bureau international du travail et l’Internationale des travailleurs. Ainsi, les blouses blanches accentuent la pression sur les pouvoirs publics. «Nous fonctionnons sur une plate-forme de revendications socioprofessionnelles qui, jusqu’à aujourd’hui, ne sont pas satisfaites», a renchéri le Dr Merabet. Ce dernier a rejeté en bloc, et dans le détail, les accusations de manipulation politique qui pèsent sur leur mouvement. «Nous ne répondons à aucune chapelle politique», a indiqué l’orateur. Toutefois, ce dernier a précisé: «Nous sommes soutenus par des partis politiques de l’opposition, ainsi que ceux qui font partie de l’Alliance présidentielle tels que le FLN et le MSP». Au registre des soutiens, le Dr Merabet a cité le Parti des travailleurs, la Ligue de défense des droits de l’homme, le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique. En guise de solidarité, le Snapap a tout simplement boycotté la réunion à laquelle il avait été convié par le département de Saïd Barkat. Pour sa part, l’association El Fedjr d’aide aux cancéreux a adressé un message de soutien aux medecins. Prenant la parole, le Dr Yousfi a fustigé le déploiement d’un dispositif sécuritaire impressionnant aux alentours du ministère. «L’Etat qui est aussi pauvre dépense autant d’argent pour réprimer la contestation», a-t-il ironisé.
Le verbe tranchant, le Dr Yousfi lance: «Cela ne nous impressionne nullement. Car, nous agissons dans la transparence, nous n’avons pas de scandales à cacher. Et ce n’est pas le cas de nos gouvernants.» Sur ces propos, la foule scande: «A vous la Sonatrach, à nous la matraque.» Au terme de leurs interventions, ils ont annoncé la tenue d’un rassemblement devant la chefferie du gouvernement, mercredi prochain à partir de 10 h.
Un dispositif sécuritaire impressionnant
Tôt le matin, l’entrée principale du ministère était déjà quadrillée par un arsenal de police antiémeute qui donnait froid dans le dos. Aussi, un nombre important de véhicules de police longeaient les voies publiques à proximité du lieu du rassemblement. Au pied du Maqam Echahid, une dizaine de fourgons de la police antiémeute occupaient les lieux. Ainsi, tous les chemins qui menaient au ministère étaient «surveillés».
D’ailleurs, des praticiens venus des villes du centre du pays, pour participer à la manifestation, ont été refoulés. Ils ne vont pas participer à ce deuxième mercredi de la colère qui a bel et bien eu lieu.
La manifestation ne s’est pas limitée à la capitale. Des rassemblements et marches dans plusieurs villes du pays ont été tenus. Il s’agit entre autres, de Annaba, Constantine, Sidi Bel Abbès, Oran et Ouargla pour dire que la colère des praticiens va crescendo.
Les psychologues présents
Pour revenir à la manifestation d’hier, le Syndicat national algérien des psychologues (Snapsy) a été, également, de la partie «Nous, à notre sixième rassemblement, notre action s’articule autour de deux revendications: la définition du statut du psycholoque et l’ouverture du débat sur le régime indemnitaire», a affirmé Khaled Keddad, président du Snapsy. C’est dire que les blouses blanches ne décolèrent pas. Pour faire aboutir leurs revendications, ils sont prêts à aller jusqu’au bout. «Nous maintenons la grève dans sa forme ouverte», avait affirmé le Dr Lyès Merabet. Même son de cloche chez le Dr Yousfi, président du Snpssp. Ce dernier est allé encore plus loin. Il a mis à nu l’incapacité du ministère de la Santé à apporter des solutions à même d’éviter l’impasse. Devant cette situation, les syndicats grévistes ont interpellé le ministère pour qu’il ouvre les portes du dialogue dans le cadre de la réglementation en vigueur. «La tutelle a la responsabilité d’organiser des réunions de conciliation», a affirmé a ce sujet le Dr Merabet. Pour sa part, le Dr Yousfi avait fustigé la manière avec laquelle le département de Saïd Barkat traite avec les blouses blanches en grève. En effet, le ministère avait convié les deux syndicats à une réunion de travail le jour où ils avaient animé leur conférence de presse et…à la même heure. Selon le Dr Yousfi, cette invitation fut la deuxième du genre. La première leur a été adressée pour le mercredi 3 février ou…le premier mercredi de la colère. Ce jour-là, les praticiens de la santé publique voulaient marcher de l’hôpital Mustapha-Pacha vers la Présidence de la République, mais ils se sont heurtés à la brutalité des forces de l’ordre. Tout simplement, le premier mercredi de la colère a tourné à la répression. Epouvantés, les praticiens grévistes estiment que les médecins ne revendiquent que leurs droits garantis par la Constitution. Il s’agit, entre autres, de bénéficier de la cessibilité du logement de fonction, à l’image des autres salariés de la Fonction publique. Aussi, ils demandent d’établir un régime indemnitaire à effet rétroactif à partir de janvier 2008.
Entamé le 21 décembre dernier, le débrayage des praticiens de la santé publique est à son 52e jour de grève. Un autre échec pour Saïd Barkat, après celui de la campagne de vaccination contre la grippe A. Au rythme où vont les choses, il y a lieu de se demander si le secteur de la santé ne représente pas un cas de maladie chronique. (L’Expression-11.02.2010.)
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*Urgence..“fermeture” au dialogue.

 Mais au-delà de l’impact de cette grève, c’est de constater que, aussi bien du côté des médecins comme du ministère, on ne semble pas avoir pleinement conscience que la situation peut dégénérer à tout moment. Car l’hôpital, à la différence des autres institutions de l’État, est en rapport avec la santé, avec la vie des citoyens.

Le portail du ministère de la Santé était hier fermé à double tour devant les médecins grévistes venus en nombre exprimer leur grogne sur place. L’image est forte. Elle témoigne pour le moins de cette “fermeture” du ministère de tutelle au dialogue, le vrai, pour débloquer une situation qui est en train de virer au pourrissement.
En effet, le mouvement de protestation des médecins en est à sa sixième semaine. Et bien malin qui pourrait en prédire la fin, tellement les positions semblent inconciliables. En tout cas, pour le SNPSP et le SNPSSP, qui montent chaque semaine en puissance dans leur démarche revendicatrice, il est hors de question de capituler.
D’autant plus que la mobilisation des blouses blanches n’a pas connu de fléchissement. On a vu, au contraire, combien les médecins restent déterminés comme on avait pu le constater la semaine dernière quand ils avaient bravé les matraques de la police.
Il est vrai que le service minimum est assuré au niveau des urgences de même que la vaccination contre le virus AH1N1 pour les personnes dites à risque. Mais les actes médicaux dans les structures hospitalières ne se limitent pas malheureusement aux urgences. Il y a les prestations ordinaires et le fait qu’elles ne soient plus assurées depuis le début de la grève est extrêmement pénalisant, singulièrement pour ces demandeurs de prestations qui n’ont pas les moyens de se rabattre sur le privé.
Mais au-delà de l’impact de cette grève, c’est de constater que, aussi bien du côté des médecins comme du ministère, on ne semble pas avoir pleinement conscience que la situation peut dégénérer à tout moment. Car l’hôpital, à la différence des autres institutions de l’État, est en rapport avec la santé, avec la vie des citoyens.
Ce tableau clinique de la situation qui prévaut actuellement dans le secteur de la santé, comme dans celui de l’éducation, doit amener les uns comme les autres à plus de responsabilité, chacun devant faire l’effort de lâcher un peu de lest. Il y a véritablement urgence. (Liberté-11.02.2010.)

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*Journée de protestation dans différentes villes

-Barkat ferme la porte aux médecins grévistes

Hier, c’était jour de réception, le portail du siège du département de Barkat était fermé. En face, quelque 500 praticiens spécialistes de la santé publique étaient rassemblés. À El-Madania, il semble qu’il n’ y a pas de place au dialogue.

Avec un sourire aux lèvres et des pancartes, les praticiens et praticiens spécialistes de la santé publique se sont rassemblés, hier tôt dans la matinée, devant le siège du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière pour crier leur ras-le-bol “à la face” de leur tutelle.
Ce sit-in entre dans le cadre de la feuille de route arrêtée par les syndicalistes qui ont décrété un mouvement de grève illimitée il y a près de 7 semaines.
Pour cette troisième étape — après le rassemblement à l’hôpital Mustapha-Pacha et la tentative de marcher vers la Présidence —, plus de 500 praticiens ont répondu à l’appel de leur syndicat. Tous, venus en blouse blanche, se sont rassemblés à l’intérieur du jardin, face au bâtiment de la tutelle, attendant le feu vert de leurs responsables pour démarrer leur mouvement.
Vers 11h30, les protestataires ont envahi la route qui mène au ministère. Deux groupes se sont formés, l’un à l’intérieur du jardin et l’autre sur la route. “À vous Sonatrach et à nous la matraque”, entend-on crier ou encore : “Nous ne sommes pas des terroristes mais des praticiens” ; “La tutelle vit dans le luxe et les praticiens vivent l’enfer”. Des cartons rouges sont brandis par les grévistes criant “Barkat hors jeu”, comme pour se faire plus significatifs. Emportés par le feu de l’action, certains praticiens ont tenté une marche, très vite stoppée par les responsables syndicaux et les services de sécurité présents en grand nombre. Dès les premiers pas des praticiens, deux cordons de sécurité se sont formés face aux protestataires pour décourager tout mouvement d’ampleur de la marche. Devant ce “mur humain”, les praticiens ne cachent pas leur colère. “Ministère incompétent, à bas la répression !” scandent-ils notamment. Le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) commente : “C’est grave de déranger tout ce beau monde pour un rassemblement pacifiste.” “Regardez les portes du ministère, elles sont fermées, c’est une chose qui n’arrive jamais, surtout pas un jour de réception. Je crois que cela veut tout dire, que ce soit dans la forme ou dans le fond”, fait remarquer le Dr Youcefi. Avec cette action, et une grève sans fin, les praticiens veulent mettre la lumière sur le malaise que rencontre le secteur de la santé et le marasme dans lequel il se débat.
Par la même occasion, il veut démontrer “l’incapacité de la tutelle à gérer”. “Si nous gardons le silence et nous ne mettons pas au grand jour les problèmes que vit la santé publique en Algérie, cela veut dire que nous sommes complices”, disent les syndicalistes. D’autres syndicats avaient rejoint le mouvement par solidarité, comme le Snapap qui avait boycotté la réunion, prévue le matin même avec la tutelle, pour discuter de leurs préoccupations, pour être aux côtés de leurs “frères de combat”. Des représentants de la Ligue des droits de l’Homme, aile Bouchachi, ont tenu à être présents pour soutenir l’action des syndicats et constater, le cas échéant, tout dépassement de la part des forces de l’ordre. À 12h30, les protestataires sont tous revenus à l’intérieur du jardin où les deux présidents de syndicat prennent la parole pour les informer de l’évolution de la situation et de la marche à suivre pour l’avenir du mouvement. Dans leur allocution, les deux responsables syndicaux ont tiré à boulets rouges sur la tutelle et sur ses pratiques qu’ils assimilent à “la politique de l’autruche”. “Pour déstabiliser notre mobilisation et notre détermination, la tutelle n’a pas trouvé mieux que de faire parler un syndicat fictif”, a fulminé le Dr Merabet. “Le mouvement ne s’essoufflera pas malgré les différentes tentatives du ministère. La politique que la tutelle entreprend pour régler la crise ne fera qu’accentuer notre détermination à aller jusqu’au bout”, a-t-il renchéri. Pour marquer leur mécontentement face aux agissements de la tutelle, les syndicats ont déposé, hier, une plainte au Bureau international du travail.
Lors du rassemblement, aucun responsable du ministère n’est apparu. Les praticiens ont d’ailleurs commenté ce silence avec une certaine dérision. “Le ministre est en Suisse et son SG préside une journée d’étude à Béni-Messous, à croire que c’est plus important que de débloquer la situation”, ont fait savoir les praticiens. “Si les autorités ne se manifestent pas, c’est parce que, pour eux, il y a un autre système de santé”, ajoutent-ils.
Les praticiens ont clos leur rassemblement en entonnant l’hymne national et les deux présidents ont fait savoir que la grève continuera dans sa forme actuelle et qu’un rassemblement sera tenu devant le Palais du gouvernement, tout en émettant le souhait d’être reçus par le Premier ministre.
Outre la capitale, des rassemblements ont été observés à Oran, Constantine, Annaba, Ouargla et Adrar, suivis de marches vers les Directions de la santé de wilaya.
Parallèlement, les psychologues ont tenu eux aussi un sit-in devant la tutelle. Une rencontre devant les regrouper, dans l’après-midi, avec des responsables du ministère aurait été annulée par la tutelle. (Liberté-11.02.2010.)

***Les médecins, jusqu’au bout de la lutte….

L’Intersyndicale de la Santé a saisi officiellement le bureau international du travail. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) (aile Mustapha Bouchachi, l’Association El Fadjr d’aide aux personnes atteintes du cancer affichent leur entière solidarité avec l’Intersyndicale de la Santé. Le SNAPAP, (aile Rachid Malaoui) a décliné, hier, l’invitation du ministère de la Santé pour une réunion de travail en guise de solidarité avec les grévistes. Ça grogne… ça grogne dans le secteur de la Santé. Les praticiens sont en colère. La tension va crescendo. La mobilisation est toujours de mise. La solution, tant espérée et attendue ne semble pas pour demain. Hier, médecins, pharmaciens et chirurgiens- dentistes ont organisé un rassemblement devant le département de Saïd Barkat, à Alger. Le rassemblement a drainé une foule nombreuse estimée par les organisateurs à un millier de praticiens. Ces derniers sont venus essentiellement des wilayas du Centre du pays. Il faut, également noter la présence sur les lieux, comme à l’habitude, d’ailleurs, d’un important dispositif sécuritaire. Objectif : empêcher, à tout prix, toute avancée des patriciens vers le ministère. Effectivement, ils ont eu ce qu’ils ont voulu, les policiers… mais pas pour autant à étouffer la voix libre de ces professionnels de la Santé. Et pour cause, ces derniers ont scandé, à qui veulent les entendre : «À bas la répression», «à nous la matraque… à vous la Sonatrach», «nous sommes des praticiens et pas des terroristes» et encore «santé en danger, ministre en congé». Les revendications de l’Intersyndicale tournent autours de deux points importants à savoir la mise en place d’une commission mixte devant travailler sur le dossier du régime indemnitaire, ainsi que sur la révision du statut de praticiens de la santé publique en vigueur et la promulgation d’un statut digne selon la forme négociée avec les partenaires sociaux. Pour Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), le département de Barkat voulait faire cavalier seul sur cette question, et ce, en procédant à l’élaboration d’une mouture conçue à sa guise. Merabet persiste et signe que la balle est dans le camp des pouvoirs publics pour trouver une solution à ce litige. Sauf que cela passe impérativement par l’ouverture d’un véritable dialogue, serein et responsable. La tutelle, à ses dires, se doit de reprendre les réunions de réconciliation avec les Syndicats. Ce qui n’est, malheureusement, pas le cas pour le moment : « Le ministère est absent à tous les niveaux. Il se confine, toujours, dans sa politique de la fuite en avant. Pire encore, il donne l’impression qu’il est totalement déconnecté de ce qui se passe dans le secteur », tonnera-t-il. Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) fera savoir de son côté que, le département de Saïd Barkat prône la politique de l’autruche alors que la logique voudrait qu’il nous réponde par des mesures effectives et concrètes afin de mettre fin à la grève. Mohamed Yousfi rassure l’opinion publique quant à la prise en charge des cas d’urgence et soutient : «Les malades ne sont point pénalisés par la grève. Nous prendrons en charge tous les cas d’urgence. Le service minimum est jusque-là, assuré», dira-t-il. Et de marteler : «Nous n’avons aucune leçon à recevoir de quiconque dans ce sens.» Pour lui, ni les différents dispositifs sécuritaires dépêchés à chaque rassemblement par les pouvoirs publics, encore moins les intimidations de l’administration, ponctions sur salaires, entre autres, ne pourraient les faire fléchir ou renoncer à leur grève. Bien en contraire, « les praticiens sont plus que jamais déterminés à aller jusqu’au bout de leur action», indiquera-t-il. C’est d’ailleurs dans cette logique des choses qu’un autre rassemblement sera organisé, mercredi prochain, devant le Palais du gouvernement. Enfin, le président du Snpsp, Lyes Merabet, indiquera une nouvelle fois, que leur mouvement de protestation n’a rien de politique et que leurs revendications sont purement socioprofessionnelles. Histoire de répondre au Premier ministre qui a déclaré, récemment, que les praticiens sont manipulés. Notons, aussi, que des rassemblements similaires ont été organisés à Oran, Annaba, Constantine et Ouargla.

Les Psy se joignent au mouvement

Le vent de la protestation dans le secteur de la santé ne se limite pas aux praticiens de la santé mais la colère touche, également, le Syndicat national algérien des psychologues (SNAPsy). Ces derniers pour faire entendre leur voix, ont observé, hier, un rassemblement devant le ministère de la Santé. Ils réclament un véritable statut digne du psychologue mais, aussi, l’ouverture des négociations sur un régime indemnitaire. Aux dernières informations, la réunion qui devait réunir le Syndicat avec le ministère de la Santé prévue, hier, à 15h00, a été reportée sans aucun motif valable. (Le Courrier d’Algérie-11.02.2010.)

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10 réponses à “A vous la Sonatrach, à nous la matraque”

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