le marché parallèle des changes
*Marché parallèle de la devise
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*l’euro en baisse face au dinar- il est en dessous des 200 dinars.
Après de longs mois de flambée de l’euro et du dollar face au dinar sur le marché parallèle, les cours de ces principales devises sont repartis à la baisse avec des taux variant d’une région à une autre. Mais ce qui est certain, c’est que l’euro est en dessous des 200 dinars. Il oscille entre 170, voire 165, et 190 DA. Au square Port-Saïd, la place la plus connue d’Alger pour l’échange des devises sur le marché, l’euro était cédé le 2 juillet à 190 DA contre 185 DA le 6 juillet, au lendemain de la grandiose marche du 5 juillet.
Certains tablent sur la poursuite de cette tendance baissière et avancent même que l’euro va baisser au-dessous des 150 DA. «La monnaie européenne sera même vendue à 111 DA», prévoit un cambiste. D’autres préfèrent suivre l’évolution du marché pour voir.
Officiellement, l’euro, selon les dernières cotations de la Banque d’Algérie (134,2789 DA à la vente et 134, 3077 DA à l’achat) contre respectivement 119,099 DA et 119,0249 pour le dollar. Ainsi, l’écart entre les taux officiel et informel tourne autour de 35-40 DA. Il y a quelques mois, juste après le début du hirak, le marché se présentait différemment.
Il était en hausse. En mars dernier, il avait atteint des pics vertigineux à 220 DA à la vente et un peu moins à l’achat (218 DA), alors qu’au niveau des banques, il était coté à près de 150 DA à la vente et un peu plus de 130 DA à l’achat. Tout le monde tablait à cette période sur une autre hausse, en raison bien sûr de la situation politique.
En mai également, après la décision portant nouvelle autorisation d’importer des véhicules de moins de trois ans, les observateurs ont misé sur une nouvelle hausse des cours de la devise au niveau des principales places animant le marché informel.
Même le directeur général de la Bourse d’Alger, Yazid Benmouhoub, a prévu cette tendance. «Pour pouvoir acheter des véhicules de moins de trois ans, il va falloir aller sur le marché parallèle pour acquérir de la devise.
Et là, le risque serait encore une fois la flambée de la monnaie étrangère par rapport au dinar», a-t-il relevé lors d’une de ses sorties médiatiques. Mais finalement, la mise en œuvre d’une telle mesure ne serait effective, selon le ministre du Commerce, Saïd Djellab, qu’en 2020.
Donc, pas de ruée pour le moment sur le marché noir de la devise. Un marché dans lequel la demande varie, faut-il le noter, en fonction de plusieurs facteurs surtout en période estivale, avec les départs en vacances vers l’étranger, des départs pour lesquels l’allocation touristique reste dérisoire depuis plusieurs années, comparativement aux montants appliqués dans d’autres pays voisins.
Il y a, à titre indicatif, selon les experts, cinq éléments qui peuvent jouer sur l’évolution des cours des principales devises. En plus des déplacements touristiques, notamment le tourisme cultuel (hadj et omra), les études à l’étranger, l’épargne des citoyens, les déplacements des hommes d’affaires et enfin la fuite des capitaux. Depuis quelques années, la saison du hadj intervient en pleine période estivale.
On s’attendait donc encore cette année, précisément en ce mois de juillet qui précède les premiers départs vers les lieux saints de l’islam, à une hausse de la demande.
Or, ce n’est pas le cas. Parallèlement, le durcissement des conditions d’inscription pour les études universitaires en France (principale destination des étudiants algériens) a fait également chuter la demande, en plus de la baisse de l’épargne des citoyens qui, habituellement, préfèrent économiser en achetant des euros sur le marché parallèle.
«La baisse du pouvoir d’achat, même si elle ne se fait pas sentir dans les taux d’inflation rendus publics régulièrement, a un peu contribué à faire flancher l’euro et le dollar», nous dira un expert. L’autre élément qui revient aussi dans les analyses des uns et des autres est lié à la conjoncture politique.
«Le ralentissement économique observé depuis quelques mois suggère qu’il y a un manque d’argent. Nous avons observé une hausse du prix des devises au début du hirak, ce qui pouvait suggérer une fuite des capitaux», nous dit d’ailleurs à ce sujet l’expert financier Nour Meddahi, dans l’entretien.
Or, la tendance s’est inversée et ils sont nombreux à expliquer cette chute par l’opération de lutte anti-corruption lancée contre certains hommes d’affaires pour, entre autres, transfert illicites de devises vers l’étranger.
Une opération qui a fini par freiner la montée de l’euro et du dollar face à la monnaie nationale avec des transactions économiques passées au peigne fin. Donc, il est de plus en plus difficile de transférer des devises vers l’étranger dans ce climat de suspicion.
Echapper au fisc
Ce sont ainsi toutes les composantes de ce marché noir qui expliquent son retournement. Et ce, d’autant que l’offre n’a pas changé. Une offre qui émane généralement de la part des retraités, dont les pensions sont libellées dans la monnaie européenne, les émigrés, les binationaux qui circulent régulièrement entre l’Algérie et la France.
Mais aussi de certains opérateurs du commerce extérieur qui peuvent accéder au change officiel, mais tout en préférant recycler certains montants dans l’informel. Et ce, de manière à profiter de la différence toujours élevée entre les deux niveaux des cours.
Il y a par ailleurs une autre raison qui pousse les acteurs de l’import-export à s’approvisionner en devises sur le marché parallèle. «En moyenne, l’opportunité d’échapper à un système de contrôle fiscal par le commerce extérieur pousse les opérateurs économiques à recourir à ce type de marché pour pouvoir payer leur marchandise en hors circuit.
Ce levier échappatoire permet de réduire la TAP, l’IBS et même la TVA. Réunies, toutes ces taxes peuvent représenter jusqu’à 60% de la valeur produite ou à commercer.
Ainsi, le cours de la devise sur le marché parallèle est en moyenne égal au cours officiel auquel on ajoute un taux moyen des droits de douane et de la TVA plus enfin la partie spéculative des revendeurs qui ne dépasse pas, dans les meilleurs des cas, 15% (une moyenne de 8%)», nous expliquera à ce sujet l’expert économique, Mohamed Badis, qui poursuivra : «Ceci ramène le cours maximal de la devise sur marché parallèle à environ 165% de la valeur du cours officiel.
Exemple : prenons un cours officiel de 132 DA pour un 1 euro, sur le marché parallèle, le cours maximal est 130 X 1.65 = 214 DA pour un euro. En d’autres termes, le compromis fait entre les revendeurs de devises et les importateurs sur le niveau observé est déterminé par le partage des gains espérés (TAP, TVA, IBS et droit de douane) qui devraient revenir au Trésor et par ricochet à la communauté en général.»
Or, les pertes sont colossales pour le Trésor avec la persistance du phénomène. D’où l’urgence de la réforme de la politique monétaire. Ce ne sont pas les propositions qui ont manqué tout au long de ces dernières années à ce sujet. «Il s’agit de redorer le blason du dinar par rapport à sa vraie valeur productive en Algérie.
Une action qui sera salutaire à moyen terme, le temps de constituer une base productive concurrentielle, surtout industrielle, permettant de diversifier l’économie et de bien rémunérer le facteur travail.
Une fois constituée cette base productive, nous pouvons dévaluer notre monnaie pour aller sur le marché international avec des prix plus concurrentiels», nous explique Mohamed Badis pour qui la dévaluation du dinar est «un terrible piège» sans une base productive.
«Il est opportun de lancer la réforme économique par la réforme de la monnaie en reconsidérant sa monnaie sur la base de la valeur économique de ses biens et services et non sur les espoirs attendus d’une dévaluation qui, pour le rappeler, dure depuis plus de 20 ans», conclut notre expert.*SAMIRA IMADALOU - elwatan- lundi 08 juillet 2019
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**Actu au Scalpel #45
vidéo: *pourquoi le dinar est maintenu dans une position de faiblesse
**cet état de fait n’est possible qu’avec la complicité des plus hauts dirigeants de l’Algérie ou de leur incompétence
Nous allons aborder aujourd’hui un point crucial de la vie des nations, celui de la monnaie, ce qui revient à parler d’économie. Il s’agit comme vous l’aurez compris du nerf de la guerre. La question que je veux poser aujourd’hui est simple ! Comment se fait-il que le dinar algérien malgré un taux de croissance qui ferait rêver certains pays européens, un PIB quadruplé en 30 ans, des réserves de change phénoménales et une dette extérieure nulle, soit aussi faible et perde de sa valeur quasi quotidiennement ? C’est une question essentielle à poser afin de comprendre comment l’Algérie et un grand nombre de pays dans le monde sont pillés littéralement par les puissances occidentales. C’est une question essentielle d’autant que personne ne la pose en Algérie, pire encore tout le monde trouve ça normal.
Un grand nombre de personnes ne comprennent rien aux mécanismes économiques, car le système s’est sciemment employé à nous faire croire que c’était compliqué et qu’il fallait faire beaucoup d’études pour saisir les finesses de cette « science ».
En réalité, la science économique n’est pas une science en soi, puisqu’elle appartient au domaine des sciences sociales et elle fait intervenir beaucoup de facteurs qui ne sont pas quantifiables ni mesurables comme la « confiance » par exemple. [fiducia]
Il n’y a pas si longtemps, le 15 août 1971, toutes les monnaies mondiales étaient adossées à l’or. Il fallait donc avoir l’équivalent en or afin de pouvoir imprimer de la monnaie papier. À partir de cette date, les USA ont décidé unilatéralement de mettre fin à cette parité tout en imposant leur dollar comme unité de monnaie universelle. C’est grâce à cette astuce diabolique que les États-Unis d’Amérique ont pu se développer de la sorte et conquérir le monde. Il s’agit tout simplement d’un tour de passe-passe extraordinaire, revenant pour ainsi dire à transformer un vulgaire bout de papier (le dollar) en or, sachant que la valeur du dinar algérien s’évaluera toujours par rapport au dollar !
Une autre règle va définir la valeur de votre monnaie. C’est le principe du dynamisme de votre économie, du développement de son industrie et bien évidemment du fameux taux de croissance. Curieusement, le taux de croissance annuelle algérien est bien plus élevé que beaucoup de pays occidentaux et notamment la France. Cette dernière a perdu absolument toute son industrie qui a été, au fil des dernières décennies, délocalisée en Europe de l’Est ou en Chine et pourtant l’euro n’a pas perdu de sa valeur. Tout le monde a pu constater une croissance en berne ainsi qu’une augmentation exponentielle du nombre de chômeurs alors que, curieusement, la monnaie est restée stable. Il semble donc que cette règle de base ne s’applique pas à la France ni aux USA.
Il est d’ailleurs fort utile voire essentiel de revenir au sujet de l’économie algérienne. Alors que tout le monde répète sans cesse que l’économie algérienne est fondée sur les hydrocarbures, une simple étude du PIB de 2017 prouve le contraire. Rappelons que le PIB représente tout ce qui a été produit comme richesse sur le sol algérien en une année. Il était de 213 milliards en 2014 et 170 milliards de dollars en 2017, 165 milliards en 2015 ! Étant donné que les recettes en hydrocarbures ont été de 38 milliards en 2015, il nous reste tout de même 127 milliards de richesses qui n’ont pour origine, ni le pétrole ni le gaz! Comment se fait-il que personne n’en parle ? Nous avons d’ailleurs un PIB qui est quasiment le double de celui du Maroc avec une population quasi équivalente, 35 millions contre 42. Pourtant le dirham marocain est plus fort que le dinar algérien ! Les réserves marocaines en or sont estimées à 22 tonnes, bien loin derrière les 173,6 tonnes algériennes ; on y reviendra plus loin. Le PIB algérien a été multiplié par quatre par rapport à 1990 ! Au même moment, la valeur du dinar algérien a été divisé par 15 ! En 1990 il fallait 7,86 dinars pour un dollar aujourd’hui il en faut 119 ! Sa valeur a donc été divisée par 15 ! Tout ceci n’a absolument rien de logique.
On apprend d’ailleurs qu’en 2017 le PIB algérien par habitant était de 15.200 $, l’équivalent de 1270 $ mensuels ! Étant donné le salaire moyen algérien actuel, c’est-à-dire 170 $ par mois, on aimerait bien savoir où passe cet argent ?
Parlons maintenant de la dette. Cette question de la dette est essentielle car c’est le premier chiffre qu’un investisseur voudra connaître lorsqu’il s’agira de mettre de l’argent sur la table. Alors que la dette de la France est approximativement de 100 % de son PIB c’est-à-dire 2500 milliards de dollars, la dette extérieure de l’Algérie est nulle ! On peut également prendre l’exemple des USA dont le PIB est de 19.390 milliards de dollars et dont la dette est de 20.205 milliards de dollars c’est-à-dire plus que le PIB comme vous pouvez aisément le constater. Il faut bien comprendre que mathématiquement et physiquement parlant, ces deux dettes ne seront jamais remboursées, il est actuellement impossible d’y mettre fin, c’est d’ailleurs le principe de la dette moderne qui se veut éternelle afin de mettre les peuples à genoux et les y maintenir.
Qu’en est-il des réserves de change. Wikipédia nous explique que « Les réserves de change sont des avoirs en devises étrangères et en or détenues par une banque centrale. Elles prennent généralement la forme de bons et obligations du Trésor d’États étrangers, ce qui permet à ces réserves de rapporter un intérêt. Elles sont utilisées par les autorités monétaires pour réguler les taux de change ».
En dehors de la problématique cruciale du taux d’intérêt et donc de l’usure qui est formellement interdite par l’islam, nous pouvons constater que malgré des réserves de change ayant atteint les 200 milliards de dollars il y a quelques années et qui sont aujourd’hui de 88 milliards de dollars, le dinar algérien a toujours continué sa chute et sa dépréciation ! L’Algérie est mondialement classée 27e devant le Canada, l’Espagne, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède, l’Autriche… En réalité, l’existence même de cette monnaie de réserve que représente le dollar est une hérésie intellectuelle. Elle ne doit son existence qu’à la force militaire de ce pays belliqueux.
Il faut parler aussi des stocks d’or afin d’être complet sur le sujet. Le World Gold Council a mis à jour les stocks mondiaux début janvier 2018 et l’Algérie est classée 25e avec 173,6 tnnes d’or. Nous sommes loin des 8000 tonnes des USA ou des 2500 tonnes italiennes mais nous ne sommes pas loin de la Belgique et loin devant les pays du golfe comme le Qatar ou les émirats qui ont pourtant des monnaies puissantes ! Quelle est la logique d’une telle disparité ? D’autant que la valeur de l’once d’or a été multipliée par trois depuis 2008 et la crise des Subprimes et qu’elle s’est stabilisée depuis autour de 40.000 € le lingot d’un kilo ! Faut-il rappeler que la valeur mondiale de l’or est décidée à Londres dans des conditions totalement opaques.
Il faut ajouter que quelque soit X, vu les besoins mondiaux et vu les troubles géopolitiques au Moyen-Orient, les recettes en hydrocarbures ne feront et ne pourront qu’augmenter. D’autant que les réserves mondiales sont en train de s’amenuiser, ce qui ne fera qu’augmenter la valeur du baril. Nous pouvons également mentionner les quelques 4 milliards de dollars que rapporte la diaspora algérienne chaque année et qui représentent un apport non négligeable.
Alors que le dinar algérien continue à chuter avec un taux de 135 DA pour 1 € à la banque alors que sur le marché informel l’euro s’échange contre 215 dinars, ce qui est normalement totalement illégal et répréhensible mais qui est toléré sur la place Port-Saïd d’Alger et ailleurs au vu et au su de tous !
En somme, toutes les règles qui régissent l’économie sont bafouées quand il s’agit du dinar algérien, comme si toutes les volontés du monde se mettaient d’accord pour l’affaiblir toujours plus. C’est d’autant plus curieux qu’aucun expert économique ne parle de ces contradictions sur les plateaux télé algériens ou ailleurs.
À l’instar du franc CFA imprimé en France et imposé à 14 pays africains afin de les piller plus facilement, le dinar algérien est maintenu faible afin de pouvoir s’accaparer les richesses de l’Algérie à moindre coût.
Si vous n’êtes pas encore convaincus que cette économie est manipulée afin d’affaiblir l’Algérie, nous vous invitons à lire ce qui est écrit sur la page consacrée à l’Algérie sur le site de la Banque Mondiale :
« Troisième économie de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et locomotive du Maghreb, l’Algérie fait partie des quelques pays qui sont parvenus à faire reculer la pauvreté de 20 % en 20 ans. »
Malgré ses excellents chiffres, le dinar est déprécié toujours plus. C’est comme si un mauvais élève améliorait toutes ses notes dans toutes les matières au fur et à mesure de l’année mais que sa moyenne générale restait très basse ! C’est illogique et injuste !
Pour ceux qui objecteront l’argument de la planche à billets, celui-ci est nul et non avenu car aussi bien les États-Unis que l’Europe ont pratiqué la planche à billets de manière 100 fois plus grave sans jamais déprécier leur monnaie. L’ex patron de la réserve fédérale américaine Ben Bernanke a même été surnommé « Helicopter Ben », au vu du nombre de Quantitative easings ou assouplissement quantitatifqu’il a mis en place afin de relancer l’économie US après la crise bancaire de 2008. En bon roublard, Bernanke n’utilise pas le terme de planche à billets mais d’assouplissement quantitatif ! Il a éjecté des milliers de milliards de dollars totalement fictifs dans son économie. Ce sera la même chose d’ailleurs en Europe via la BCE. Ils n’ont d’ailleurs plus besoin d’imprimer quoi que ce soit aux États-Unis, ce sont juste des écrits sur un ordinateur. Nous sommes dans de la pure création ex nihilo de richesses comme le fait d’ailleurs le taux d’intérêt qui n’a pas besoin d’interdit religieux pour être banni de l’économie, il suffit juste de se rendre compte que c’est le taux d’intérêt qui détruit justement l’économie est appauvri les peuples et les nations.
Bien sûr, cet état de fait n’est possible qu’avec la complicité des plus hauts dirigeants de l’Algérie ou de leur incompétence crasse.
**lelibrepenseur.org - salim laibi
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Ruée sur l’euro
lundi 25.09.17 |
Au square Port Saïd, le marché parallèle de la devise connaît une forte activité. La flambée a commencé depuis une semaine. D’après des échos, les déclarations du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sur les mesures du gouvernement (planche à billets) ont provoqué une hausse historique de la devise au marché noir.
Le marché parallèle de la devise connaît une forte activité. Au square Port Saïd, «Bourse informelle» de la devise à Alger, les cambistes s’activent pour répondre à la forte demande. Ici, l’euro s’échange à 195 DA à l’achat et 196 DA à la vente. Ces taux ne sont pas fixes. «L’euro se négocie à 196 DA et parfois jusqu’à 200 DA et plus à la vente. Le vendeur juge selon la somme proposée et même la crédulité de son client. Il y a ces derniers jours une forte demande suite à la dépréciation du dinar. Le taux de change officiel a aussi augmenté (133 DA à l’achat et 134 DA à la vente).
La flambée a commencé depuis une semaine, quinze jours», signale un jeune cambiste, une liasse de billets dans une main, un smartphone dernier cri, faisant office de calculatrice dans l’autre. Ses collègues, éparpillés presque à équidistance à l’extrémité de la rue Abane Ramdane et sur les ruelles adjacentes au square Port Saïd, accueillent plus de clients que d’habitude. Après la période du hadj et celles des voyages et des démarches des étudiants, d’autres clients, qui ne sont pas des habitués des lieux, cherchent le change parallèle.
«J’ai reçu ces deux derniers jours un haut cadre accompagné de son ami travaillant pour un député qui a craint de se présenter lui-même de peur d’être reconnu. Ils sont repartis avec plus de 4500 euros chacun», raconte un cambiste, mis en confiance. D’après des échos, les déclarations du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sur les mesures du gouvernement (planche à billets entre autres) ont provoqué une hausse historique de la devise au marché noir. «Tout le monde veut des euros.
Du simple salarié aux hauts cadres de la nation, dont la situation est plutôt stable, en passant par le promoteur qui veut délaisser l’immobilier et l’importateur qui fait des affaires juteuses. La devise, qui est devenue ces derniers mois une valeur refuge, plus que l’immobilier et même l’or, devrait augmenter et dépasser les 200 DA à l’achat.
Tout le monde craint la dévaluation du dinar», explique doctement un vendeur d’un magasin de la place, qui s’est mis au change parallèle depuis plusieurs mois, «pour compenser les pertes de son commerce». Ferhat Aït Ali, expert financier a une explication presque similaire : «La hausse (de la devise) pas très prononcée fait suite à un mouvement d’inquiétude sur la valeur du dinar, qui a dû pousser quelques montants de plus sur ce marché pour sécuriser la valeur des détentions.» (voir entretien).
Marché florissant !
Cette forte demande a-t-elle causé une baisse de l’offre ? A entendre les jeunes du square, la devise ne s’est pas raréfiée pour le moment. «Ici, tu peux tout ramener et repartir avec des sommes invwcroyables en dinar et devise. La dernière fois, un collègue a vendu pour plusieurs millions de dinars à un promoteur immobilier», signale le jeune, jetant des regards furtifs sur les nombreux piétons qui traversent les allées de la place, située entre la rue marchande de Bab Azzoun à la Basse-Casbah et les quartiers populeux d’Alger-Centre.
Toutes les opérations des cambistes du square se déroulent au vu et au su des autorités.
Entre l’imposant palais de la justice Abane Ramdane et les institutions de la finance algérienne sur les grands boulevards Zighout Youcef et Che Guevara. A part une anecdotique descente de la police, qui serait due à la mésaventure qu’aurait vécue l’enfant d’un haut responsable, la «Bourse du square» fonctionne à plein régime. Les services de sécurité et la Douane communiquent périodiquement sur des saisies dans le cadre de transfert illégal à l’étranger.
Sans plus. Le marché parallèle de la devise, c’est «une place centrale», l’ex-square Bresson, actuellement fermé pour travaux de réaménagement, des «succursales», dans les commerces du centre-ville à Alger et dans toutes les wilayas du pays. Mais aussi des sites internet qui donnent le taux du change parallèle quotidien et ouvrent des forums à leurs nombreux internautes. Une rapide visite sur ces sites, qui ne sont jamais gênés par la censure publique, permet de voir des discussions où s’échangent des numéros de téléphone et des mails entre clients et acheteurs potentiels.
Dans les marchés couverts du centre d’Alger, les vendeurs d’habillements font du change parallèle une activité plus importante que celles déclarées au Registre du commerce. Au marché communal Redha Houhou (ex-Clauzel), des commerces poussiéreux servent de «bureaux de change». «Ici les gens venderont tout, même ‘‘el ibad’’ (les humains). L’économie nationale est leur dernier souci», lâche, un tantinet moqueur, un commerçant.
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Le gouverneur de la Banque d’Algérie juge cela «prématuré» : Pas de bureaux de change dans l’immédiat
Les pouvoirs publics ne sont pas décidés à mettre un terme par des mesures fortes au marché parallèle de la devise qui porte un coup fatal à l’économie nationale. Pourtant, ce ne sont pas les demandes de réformes qui manquent.
La mission d’évaluation de l’économie algérienne du Fonds monétaire international (FMI) a suggéré, dans son rapport rendu public en juin dernier, «une plus grande flexibilité du taux de change».
Les experts de l’instance financière ont demandé aux autorités algériennes de développer le marché de changes obligataire et réduire l’activité sur le marché parallèle (5 milliards de dollars par an).
Mais les pouvoirs publics ne sont pas près de mettre en place les mesures nécessaires. En réponse aux questions des membres du Conseil de la nation en avril dernier, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, a considéré comme «prématurée» l’ouverture des bureaux de change.
Selon le gouverneur, «tant que nous n’avons pas un tourisme intense, l’existence de bureaux de change ne sert à rien». Pour lui, il est prématuré d’ouvrir ces bureaux dans le contexte actuel.
«Sur les 47 bureaux de change agréés, 13 ont rendu leurs agréments et le reste n’a jamais ouvert », précise-t-il en assurant que l’intérêt d’ouvrir ces bureaux est d’«absorber de la liquidité circulant sur le marché informel».
En attendant ces mesures qui risquent de ne plus arriver, le marché parallèle continue d’absorber l’argent sale de la drogue, du blanchiment, du crime organisé, etc. N. Id.
***Nadir Iddir- el watan-lundi 25 septembre 2017
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Ferhat Aït Ali. Expert financier
«Légaliser le droit au change est l’unique moyen de casser ce marché»
- Pourquoi cette hausse de la devise au marché parallèle ? Quand a-t-elle débuté et comment s’explique-t-elle ?
Cette hausse somme toute pas très prononcée fait suite à un mouvement d’inquiétude sur la valeur du dinar, qui a dû pousser quelques montants de plus sur ce marché, pour sécuriser la valeur des détentions, mais n’aura pas d’autres effets de hausse, avant la dégringolade du dinar sur le marché officiel qui suivra dans les mois à venir.
Pour l’Etat, étant responsable lui-même de cet état de fait, je le vois mal, en assumer les correctifs, qui iront à l’encontre des visions et des intérêts de certains centres de décision bureaucratiques et mêmes spéculatifs.
- Quelles sont les répercussions de cette situation sur l’économie ?
Pour l’économie, il n’y aura pas plus de conséquences que celles qu’on voit déjà. L’économie étant un mot de trop pour designer le système d’accaparement décisionnel de la rente en Algérie ; sans Hassi Messaoud, on peut dire que le Lesotho a une économie et pas nous.
- Des solutions à cette situation ?
La solution est de désacraliser la devise et de ne pas en réserver l’accès aux initiés du commerce extérieur et des combines sur la facturation. Tout ce qui fait l’objet d’un monopole ou d’une interdiction d’accès entraîne un marché noir et des activités illégales. De ce fait, légaliser le droit au change est l’unique moyen de casser ce marché, mais je doute fort que l’Etat actuel accepte dans sa configuration d’emprise sur la société, en dehors des règles saines de l’économie et même de celles du droit.
Je pense, sincèrement, que ce refus de vendre des devises officiellement dans les banques aux Algériens selon des besoins définis et des règles transparentes quant à l’origine des devises et des dinars qui servent à les acheter, obéit à la pression de cercles qui ont tout intérêt dans l’existence d’un seul marché, qu’ils alimentent et ponctionnent dans l’opacité et l’illégalité la plus totale, en y poussant délibérément le reste des Algériens de force, pour faire écran de fumée et boucliers humains.
Sinon aucune logique économique, ni règle morale ou juridique ne justifie l’existence d’un marché dit illégal, et l’inexistence d’un autre légal, pour l’accès à la devise. Et par expérience personnelle, j’ai appris que tout ce qui ne s’explique pas logiquement, s’explique autrement.
- Qu’en est-il des bureaux de change dont on a annoncé l’ouverture ?
Il n’y a pas et il n’y aura jamais de bureaux de change en Algérie au sens universel du terme, tant que des intérêts sont aux commandes à la Banque d’Algérie et ailleurs. La loi prévoit que ces derniers peuvent acheter mais pas pour vendre de la devise, comme si les gens étaient des imbéciles pour vendre à 13 ce qu’ils achètent à 20.
Et si tout ce beau monde a une sainte horreur du FMI, et autres instances internationales, suivis par quelques naïfs et idéologues de la guerre froide, ce n’est pas par patriotisme à fleur de peau, mais juste parce que ces genres de pratiques peu orthodoxes n’ont pas cours là où officient ces instances, mais si elles ne sont pas faites de pères Noël, elles non plus.
Au fond, le problème global de l’économie algérienne est dans la prise de position de force dans les sphères de décision, des pires échantillons de la bureaucratie médiocre des années 1980, arrivés à l’âge de la légitimation par l’ancienneté dans la nuisance confondue avec l’expérience dans l’utilité.
Le problème algérien est un problème d’absence de classe politique, ce qui a laissé un vide, pour des carriéristes promus politiques par la force des choses, mais aussi des complots dont seuls les habitués des couloirs des administrations ont le secret. *Nadir Iddir / el watan-lundi 25 septembre 2017
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*le marché parallèle créé par le système. Ce marché illégal qui a vite capté les appétits les plus voraces de toutes les activités illégales
**Pour se délester de ce qui est considéré, suivant l’optique des pouvoirs publics, comme un fardeau, l’allocation touristique, un temps, l’État a trouvé la parade en tolérant et en orientant le client vers le marché parallèle. Ce marché illégal, aurait-il d’ailleurs, selon les propos de l’ancien ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, une fonction sociale ? Le citoyen ordinaire, maintenu dans le statut d’humilié avec une allocation touristique à 100 euros lorsque des milliards de dollars se sont volatilisés ces dernières années, est implicitement orienté vers ces marchés.
À peine si les banquiers ne sont pas instruits de suggérer à leurs clients d’aller s’approvisionner au marché parallèle des devises du coin.
La prospérité de cette activité a vite capté les appétits les plus voraces de toutes les activités illégales et les trésors des fléaux qui ont fleuri à l’ombre d’un pouvoir absent ou aveugle.
De palliatif pour le touriste ou l’étudiant, volontairement laissé se développer dans toutes les villes du pays, ce business a muté pour devenir un ogre qui concurrence l’économie nationale. Pire, il la menace tant il nourrit, selon les estimations, une bonne partie de toutes les transactions commerciales, les importations. Surtout le fruit de la corruption qui se réfugie dans les valeurs sûres des devises. Et ce n’est pas un hasard si son ampleur a attiré les regards du FMI qui, désormais, intègre ce facteur dans les paramètres de son analyse. Car, c’est l’État qui veille et encourage, est-il avéré, cette activité semi-légale qu’aucune autorité, vu sa taille, ne peut contrôler.
Peut-on s’attendre à une réaction officielle ? C’est incertain, répondront même les plus optimistes. Car même des hommes d’affaires, des importateurs gravitant à la périphérie du cercle présidentiel, font leurs emplettes de dollars au Square.
Et ce n’est pas le FMI, tant que le pays n’est pas débiteur, qui pourra ramener au pragmatisme nos gouvernants. Parce qu’ils ne sont mus, ces dernières années, que par l’instinct de survie, la leur qui dépend de celle du système qui les a cooptés ou créés. * liberté / Algérie / jeudi 19 juillet 2018 / par Djilali Benyoub
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*L’euro et le dollar à 189 et 170 dinars
*Alger–mercredi 14 décembre 2016
Le marché parallèle du change flambe en cette fin d’année, encouragé par une demande exceptionnellement élevée. Fêtes de fin d’année, séjours religieux aux Lieux Saints de l’islam (omra), valeur refuge…
Des facteurs qui génèrent une forte demande en devises par rapport à l’offre ont ainsi des incidences sur les cours. Distribué au compte-gouttes dans les banques, l’euro, la monnaie la plus prisée, vaut 189 DA à l’achat et 186 DA à la vente au marché noir. Un record rarement égalé auparavant. Le dollar américain coûte quant à lui 170 DA à l’achat et 169 DA à la vente.
Le marché parallèle du change flambe en cette fin d’année, encouragé par une demande exceptionnellement élevée. Fêtes de fin d’année, séjours religieux aux Lieux Saints de l’islam (omra), valeur refuge… des facteurs qui génèrent une forte demande en devises par rapport à l’offre, entraînant ainsi des incidences sur les cours.
Au square Port-Saïd d’Alger, principal marché informel du change du pays, la valeur du dinar était hier au plus bas, alors que les principales devises étrangères, notamment l’euro et le dollar, enregistraient d’importantes hausses. Distribué au compte-gouttes dans les banques, l’euro, la monnaie la plus prisée, valait 189 DA à l’achat et 186 DA à la vente dans ce marché noir.
Un record rarement égalé auparavant. Le dollar américain valait quant à lui 170 DA à l’achat et 169 DA à la vente. Sur le marché officiel interbancaire du change, le billet vert et la monnaie européenne étaient cotés respectivement à 110 DA et 117 DA, selon les chiffres publiés le même jour sur le site de la Banque d’Algérie. Entre les deux circuits, l’écart est de 72 DA pour l’euro et 60 DA pour le dollar.
Alors que le projet de revoir à la hausse l’allocation touristique, fixée actuellement à 115 euros en fonction de la cotation officielle du dinar, a été avorté, les Algériens n’ont d’autre choix que de payer les devises au prix fort. Une aubaine pour les cambistes qui dope leurs chiffres d’affaires. «Malgré la crise économique, les fêtes de fin d’année sont une période bénie pour nous !
Après une relative baisse il y a quelque temps, l’euro a commencé à se revigorer depuis plus de deux semaines en raison d’une demande croissante. Avec les fêtes de fin d’année, propices aux voyages à l’étranger, et la omra, c’est normal que la valeur des devises européenne et américaine augmente», confie un jeune cambiste, interrogé non loin du Palais de justice.
Notre interlocuteur pronostique en revanche que les prix de devises baisseront une fois passée cette période de grosse demande. «Si le dollar, par exemple, culmine à 170 DA, c’est seulement une hausse conjoncturelle. Il ne tardera pas à baisser à partir de janvier pour se maintenir à un niveau moyen», tente-t-il d’analyser.
Quelques mètres plus loin, la rue de la Liberté est pleine à craquer. L’effervescence est à son comble. Sous les arcades où à même la chaussée, les vendeurs informels de devises sont adossés aux voitures stationnées à défaut de bureau de change dont le projet d’ouverture a été mis au placard par les hautes autorités du pays. Dans ce marché informel où les transactions se déroulent sous les yeux de policiers conciliants, la croissance de la demande en devises étrangères, émanant de bourses moyennes, n’explique pas tout.
D’aucuns soulignent que de nombreux opérateurs économiques y recourent systématiquement et provoquent des tensions sur les taux de change. «Parmi notre clientèle, il n’y a pas que les petits demandeurs. De gros consommateurs de devises, dont des importateurs et des hommes d’affaires, sollicitent souvent le marché parallèle pour payer cash leurs achats de produits. Lorsqu’une hausse de devises spectaculaire survient, il faut se rendre à l’évidence que de gros acheteurs ont passé d’importantes commandes», explique un autre cambiste.
Selon des experts, 40% de la masse monétaire circule sur le circuit du marché informel de change du pays. Outre les raisons conjoncturelles, d’autres «cambistes» évoquent un problème de confiance, à tel point que les monnaies étrangères sont devenues pour beaucoup d’Algériens une valeur refuge en ces temps de crise financière, conséquence de la chute des recettes pétrolières.
«Si certains achètent de la devise, ce n’est pas forcément pour faire du tourisme ou pour les besoins de soins à l’étranger. Ils préfèrent faire des économies en devise, parce qu’ils ont confiance plutôt dans l’euro ou le dollar que dans la monnaie nationale, dont la valeur ne cesse de se déprécier», avance un autre cambiste.*Hocine Lamriben / el watan / mercredi 14 décembre 2016
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*Vers l’ouverture des bureaux de change
*La fin du marché informel de la devise ?
L’annonce d’une réorganisation des bureaux de change officiels, les tensions sur les devises sur le marché parallèle et l’érosion continue de la valeur du dinar laissent entrevoir des changements profonds dans la politique de change observée jusque-là par les pouvoirs publics.
Va-t-on vers un rapprochement des taux de change officiel et informel et, par conséquent, vers l’affaiblissement, voire l’élimination, du marché parallèle des devises ? La question est assurément à l’ordre du jour, même si les implications qu’elle suppose quant à la convertibilité du dinar semblent encore loin d’être tranchées.
L’annonce faite tout récemment à ce sujet par le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, laisse entendre que le gouvernement prépare effectivement un véritable changement de cap dans sa politique de gestion du taux de change. Intervenant mardi dernier sur les ondes de la Radio nationale, le premier argentier du pays a ainsi annoncé que la Banque d’Algérie (BA) est désormais en train de travailler «pour changer les règles de fonctionnement des bureaux de change».
Dès que le nouveau système sera mis en place, la même institution «en informera les acteurs concernés», a-t-il dit, ajoutant que tous les enseignements ont été tirés du fait que la mise en place de bureaux de change officiels n’a pas fonctionné par le passé.
Et c’est là justement le point nodal de la question. Qu’est-ce qui a changé ou qu’est-ce qui va changer pour que le dispositif des bureaux de change officiels — qui n’a jamais fonctionné depuis près de vingt ans — puisse aujourd’hui devenir opérationnel ? D’ores et déjà, des sources proches des milieux bancaires évoquent l’amorce d’une démarche claire au sein de la Banque d’Algérie pour aller vers un rapprochement entre les taux de change pratiqués sur les marchés officiel et parallèle. Une telle option paraît en tout cas en cohérence avec les propos du ministre des Finances, qui évoquait «des enseignements tirés des échecs passés».
Il faut rappeler en effet que dès 1997, la Banque d’Algérie a agréé quelque 40 bureaux de change à l’échelle nationale sans qu’aucun d’entre eux ne voie vraiment le jour. Même après l’annonce, quelques années plus tard, d’une révision à la hausse de la marge fixée pour ces bureaux, rien n’a vraiment changé au royaume trouble du commerce des devises. Aussi, si des enseignements ont été effectivement tirés de ces expériences loupées, ils doivent forcément concerner le problème des marges et de la rémunération des bureaux de change que l’Etat envisage désormais de relancer.
Sauf que pour nombre d’économistes, une attractivité des niveaux de rémunération des bureaux de change officiels passe davantage par un alignement ou un rapprochement des parités que par la fixation de commissions plus ou moins appréciables.
En clair, il pourrait être question ou d’une double parité officielle — l’une commerciale et l’autre pour les particuliers — ou d’un rapprochement des taux de change parallèle et officiel de sorte à ce que le marché informel perde naturellement sa raison d’être. En l’état actuel des choses, en tout cas, le pays, confronté qu’il est à un grave problème de tarissement de ses ressources en devises, ne peut envisager d’alimenter un quelconque marché officiel où l’accès au change deviendrait plus libre et plus facile.
Bien au contraire, en œuvrant à favoriser l’installation de bureaux de change agréés, il chercherait plutôt à récupérer les fonds des émigrés et autres retraités qui profitent jusque-là au seul marché parallèle vu les taux qu’il offre.
Quoi qu’il en soit, alors que l’Etat commence déjà à manquer cruellement de ressources en raison de la chute des prix du pétrole, l’annonce d’une réactivation des bureaux de change officiels laisse augurer d’une réelle mutation de la sacro-sainte politique de change, restée figée depuis près de deux décennies.
Reste que dans un contexte où le dinar est en perpétuelle chute et où l’inflation repart fortement à la hausse, la problématique de la gestion du taux de change risque d’être diablement épineuse.*Akli Rezouali / el watan / dimanche 20 mars 2016
***Entre accueil un tantinet favorable et rejet, les avis sont partagés. Désireux de sortir de la clandestinité, d’aucuns accueillent favorablement l’annonce de Abderrahmane Benkhalfa, premier argentier du pays.
«Cela fait plus de cinq ans que je travaille ici au noir. Même si la police ne nous pourchasse pas, les conditions de travail sont pénibles. Franchement, j’ai envie de laisser tomber tout ça et d’entrer dans la légalité. En plus, c’est l’assurance d’un gagne-pain pérenne. En tout cas, c’est une bonne chose», réagit un cambiste clandestin, des liasses de dinars et autres monnaies européennes à la main.
Son camarade, la dégaine sportive, l’interrompt : «A ce que je sache, ce n’est pas la première fois qu’on annonce ce genre de choses. Les autorités sont connues pour leurs effets d’annonce. Nous voulons du concret. Après, on verra ! » dit-il, l’air sceptique.
La rue Abane Ramdane et les ruelles adjacentes sont très animées en ce samedi, jour de repos. Le marché aux devises Port-Saïd, appelé communément «la bourse d’Alger», est toléré par les pouvoirs publics. Pour preuve, à quelques mètres des institutions législatives de l’Etat, au vu et au su des policiers, les cambistes effectuent des opérations d’achat et de vente sans être inquiétés. Le décor est devenu, avec le temps, tellement ordinaire que personne n’y trouve à redire. Fait rarissime, on s’est même permis le luxe de lancer un site internet dédié à ce marché illicite de la capitale.
Il y a une année, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, avait déclaré que les agréments pour créer des bureaux de change seraient lancés dès 2015, mais jusqu’ici, ils n’ont toujours pas pu voir le jour en Algérie.
L’annonce des officiels d’ouvrir des bureaux de change suscite par ailleurs le rejet de nombreux cambistes.
Quelques ruelles plus loin, près du tribunal d’Alger, un autre intervenant sur le marché résume cet état d’esprit : «S’inscrire dans le circuit formel ne serait pas rentable du tout. Ajoutez à cela toutes les tracasseries bureaucratiques. Je préfère que la situation reste telle quelle ! A mon avis, peu de gens ici, même ailleurs, daigneront se reconvertir dans l’activité légale.
Que les autorités décident d’ouvrir des bureaux ou pas, l’activité du marché informel de la devise continuera sous une forme ou une autre.» Ces déclarations rappellent les propos controversés de l’ancien ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, qui soulignait déjà en 2014, alors qu’il était à ce poste, que le marché noir des devises ne doit pas être interdit, ajoutant que les citoyens y «trouvent leur compte».
«L’ouverture de bureaux de change, c’est-à dire la mise en place d’un marché officiel, serait sans aucun doute une menace pour ce marché parallèle des devises, lequel bénéficie du soutien de barons qui on t pignon sur rue dans les affaires économiques et financières. C’est un secret de polichinelle. Je ne pense pas qu’ils vont laisser filer ce gros filon», confie un autre cambiste clandestin presque en chuchotant.
Outre des clients occasionnels, les importateurs figurent parmi la clientèle privilégiée du marché noir des devises.
Ces derniers y recourent pour contourner les contraintes réglementaires liées aux transferts de devises vers l’étranger, apprend-on. Les sommes échangées sur le marché parallèle de la devise sont estimées entre 3 à 5 milliards de dollars, selon les chiffres de l’Association des banques et établissements financiers. *Hocine Lamriben / el watan / dimanche 20 mars 2016
L’euro et le dollar à 172 et 150 dinars
*Alger–13 octobre 2015
Le dollar et l’euro valent, ce mardi 13 octobre 2015, respectivement 150 dinars et 172 dinars au taux de change parallèle noir. Sur le marché interbancaire, la monnaie européenne est à 120,18 dinars tandis que le billet vert américain est à 105,36. Il paraît donc économiquement plus avantageux de changer au marché noir, qui échappe à tout contrôle, plutôt qu’au taux officiel via le circuit bancaire.
Une question se pose alors : que font les autorités face à ce phénomène nuisible à l’économie nationale ?
Rien. Pire : au moment où le gouvernement souhaite « bancariser » l’argent de l’informel à travers le lancement d’une amnistie fiscale, avec un objectif de collecter 1 000 milliards de dinars (soit 10 milliards de dollars), l’État ne semble pas disposé à prendre des mesures, pourtant simples, pour réduire la portée du marché noir de la devise. Il est pourtant estimé entre 4 et 5 milliards de dollars en circulation, à travers un mécanisme complexe sans aucune forme de contrôle des autorités, ouvrant la porte à toute sorte de trafics, fuite de devises, blanchiment d’argent etc.
Les émigrés, les retraites en euros et les importateurs alimentent le marché noir
Dans les faits, le circuit bancaire officiel vient même alimenter ce marché. En effet, lorsque des émigrés ayant travaillé à l’étranger perçoivent leurs retraites en euros en Algérie, ces sommes sont retirées légalement en devises de nos banques, puis changées clandestinement au taux de change parallèle.
D’autre part, les importateurs, qui surfacturent leurs achats en devises (au taux officiel),revendent ces devises au marché parallèle pour réaliser des gains très rapides. C’est sans doute la principale cause des surfacturations effectuées par les nationaux – les entreprises étrangères surfacturent pour d’autres raisons.
Par ailleurs, les expatriés avec des salaires non-plafonnés, les hommes d’affaires étrangers et les Algériens (ou binationaux) résidant à l’étranger qui se rendent en Algérie ne sont soumis à aucune obligation de déclaration de devises. Il est pourtant évident qu’ils ont recours au change de devises, ne serait-ce que pour subvenir à leurs besoins durant leurs séjours.
Ce sont donc là des centaines de milliers de personnes par an qui alimentent le marché parallèle de la devise, alors qu’une obligation de déclaration de devise à l’entrée sur le territoire national permettrait de réguler ce flux de monnaie étrangère, l’intégrer au circuit officiel et d’alimenter les rentrées de devises et donc les réserves de change de l’État algérien.
Des solutions simples et rapides : les autorités font la sourde oreille
De nombreux experts ont préconisé des mesures efficaces et relativement faciles à mettre en place pour juguler la fuite de devise et assécher le marché noir de la devise. En premier lieu, nous citerons l’augmentation de l’allocation touristique : actuellement à l’équivalent de 15 000 dinars, son augmentation à l’équivalent de 500 euros réglerait 50 % du problème du marché parallèle, selon des acteurs du secteur bancaire. Le gouvernement pourrait également autoriser les étudiants à financer leurs études à l’étranger via le circuit officiel.
Par ailleurs, l’État a l’option d’autoriser les compagnies d’assurances à financer les soins à l’étranger. Dans ce cas de figure, l’on peut imaginer une contribution de la communauté nationale établie à l’étranger qui réglerait ce service en devises, ce qui minimiserait l’impact sur les réserves de change algériennes.
Cet ensemble de mesures, sans nécessairement y mettre fin, permettrait tout de même de réduire drastiquement la fuite de devises d’Algérie vers l’étranger et réduire la part de l’informel et des surfacturations.* mardi 13 octobre 2015 | Par Tewfik Abdelbari | tsa
**Le change parallèle débarque sur Internet
Plus besoin d’aller au Square port Saïd, au marché Clauzel, à certains magasins de Hydra à Alger ou ailleurs pour acheter des devises. Un site internet propose de mettre en contact les revendeurs informels de devises et les acheteurs potentiels.
DZ square contient déjà des dizaines d’annonces de vente d’euros, de dollars, de Yuans et d’autres devises. Sur ce marché noir virtuel, les 100 euros s’échangent entre 17 500 jusqu’à 19 000 DA. chaque vendeur fixe son taux.
Dans leurs annonces, les revendeurs informels mettent à la disposition des visiteurs du site leurs adresses électroniques et même leurs numéros de téléphone. Ils précisent le montant en devise qu’ils ont en leur possession, s’ils souhaitent échanger la totalité de la somme ou s’ils acceptent de vendre juste une partie.
Nous avons testé le site et les annonces semblent sérieuses. Un vendeur d’Oran nous a proposé plusieurs lieux de rencontre pour effectuer la transaction. La création de ce site intervient alors que des voix s’élèvent pour dénoncer le maintien du change parallèle. Une pratique qui favorise le blanchiment d’argent et les surfacturations des importations.*vendredi 18 décembre 2015 | Par Hadjer Guenanfa | tsa
*les cambistes de nouveau à l’oeuvre au square Port-Saïd d’Alger
Mi-avril 2015, le marché parallèle de devises à Alger était fermé après une opération coup-de-poing menée par la police. Cette semaine, les cambistes sont à nouveau à l’oeuvre sur les lieux.
En effet, le mouvement habituel avec des «cambistes» éparpillés sur les trottoirs aux alentours du Palais de justice d’Alger est de nouveau visible.
A propos, un euro est à 160 DA sur le marché parallèle de devises en Algérie. La cotation officielle d’avril 2015 donne un euro pour 104,7 dinars. Avec cet écart, les devises se vendent et s’achètent sur la place publique sans aucune intervention bancaire. Il faut savoir aussi que la valeur du dinar est fonction de la confiance et d’une économie productive. Pour les experts, la convertibilité totale est possible avec l’importance des réserves de changes algériennes et permettrait de réduire le marché parallèle et de redonner confiance en la monnaie. Selon l’économiste, Abderrahmane Mebtoul, il existe en Algérie depuis des décennies des distorsions entre le taux de change officiel du dinar et celui sur le marché parallèle. Le square Port Saïd à Alger, certaines places à l’Est et à l’Ouest sont considérées comme des banques parallèles à ciel ouvert fonctionnant comme une Bourse où le cours évolue de jour en jour selon l’offre et la demande et les cotations au niveau mondial du dollar et de l’euro. Ce marché noir joue comme assouplisseur à un contrôle des changes trop rigide. Bien que les données soient souvent contradictoires, certaines sources estiment environ entre deux et trois milliards de dollars qui se seraient échangés, annuellement, sur le marché parallèle algérien entre 2009/2014. Le montant est extrêmement faible en comparaison avec les sorties de devises. Pour preuve en 2014 plus de 71 milliards de dollars de biens et services formaient l’ensemble des importations.
L’écart s’explique par la diminution de l’offre du fait que la crise mondiale combinée avec le décès de nombreux retraités algériens ont largement épongé l’épargne de l’émigration. Cette baisse de l’offre de devises a été contrebalancée par les fortunes acquises régulièrement ou irrégulièrement par la communauté algérienne localement et à l’étranger.
Le marché parallèle de devises est bien plus important que l’épargne de l’émigration permettant des achats d’immobiliers qui expliquent la flambée des prix, notamment dans les grandes agglomérations et même dans des zones semi-urbaines. Ces montants fonctionnent comme des vases communicants entre l’étranger et l’Algérie et renforcent l’offre. Quant à la demande, elle provient de simples citoyens qui voyagent comme les touristes, ceux qui se soignent à l’étranger et les hadjis du fait de la faiblesse de l’allocation devises dérisoire.
La demande provient également de la sphère informelle qui contrôle 40% de la masse monétaire en circulation avec une concentration au profit d’une minorité rentière et 65% des segments des différents marchés. Malgré tous ces éléments, les bureaux de change officiels tardent encore à faire leur apparition. *Par Ali TIRICHINE – L’Expression–Samedi 30 Mai 2015
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*L’euro et le dollar se négocient au prix fort au marché informel des devises
L es cours des devises étrangères, principalement l’euro et le dollar, se maintiennent à des niveaux élevés au niveau du marché de change clandestin.
Au square Port-Saïd d’Alger, l’effervescence était hier à son comble. Entre cambistes clandestins, clients et flâneurs, il était difficile de se frayer un chemin. Dans ce marché parallèle aux devises, toléré par les hautes autorités monétaires du pays, l’euro valait 155 DA à l’achat et 157 DA à la vente. Officiellement, il est toujours coté 107 DA, selon la Banque d’Algérie. Pour de nombreux cambistes clandestins, le maintien de l’euro à des niveaux aussi hauts s’explique par la sacro-sainte règle de l’offre et de la demande.
«La demande reste relativement importante. C’est la raison principale pour laquelle l’euro est négocié au prix fort», confie Mohamed, trentenaire, des liasses de billets à la main. A en croire ce cambiste, cette demande est boostée particulièrement par les importateurs et les grosses fortunes. La période de fêtes de fin d’année, propice aux voyages à l’étranger pour de nombreux Algériens, participe aussi à cette hausse de la demande sur la monnaie européenne, précise-t-il. Ceci dit, le cours actuel de l’euro est loin d’égaler le seuil atteint lors de la période estivale, quand il a dépassé la barre psychologique des 165 DA.
Cette période coïncide avec le retour massif des émigrés algériens. Sur ce marché clandestin, la hausse des cours de devises a touché particulièrement le dollar. Cédé à 117 DA en juin, le billet vert a dépassé les 125 DA, très loin du cours officiel de la Banque d’Algérie établi à 86 DA. Interrogés sur les raisons de cette flambée du dollar, de nombreux cambistes évoquent la conjoncture internationale, marquée par la chute vertigineuse des prix du brut. «Depuis l’été dernier, la valeur du dollar augmente peu à peu en raison de la baisse des prix du pétrole. Seule une hausse des cours de l’or noir pourrait infléchir la situation. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », s’accordent-ils à dire, relevant que de nombreux clients se rabattent sur le billet vert en raison de la cherté de l’euro.
Contrairement à ces cambistes, dont l’activité illicite fait florès, la hausse des cours des devises exaspère beaucoup les clients aux revenus moyens. C’est le cas de Hamid, employé dans une entreprise privée et candidat au voyage en Espagne : «Le cours actuel de l’euro est très pénalisant. Le problème, il n’a jamais baissé ! Même l’allocation touristique de devises, fixée actuellement à 130 euros, est dérisoire pour faire face aux dépenses !» En attendant une hypothétique hausse de cette allocation, de nombreux clients sont obligés de payer l’euro et le dollar au prix fort.*Hocine Lamriben-El Watan-jeudi 18 décembre 2014
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*le marché parallèle des devises
*faux euros et blanchiment d’argent
Plusieurs descentes de police ont été effectuées à Hussein Dey au square Port-Saïd dans le cadre d’une enquête sur un réseau de trafiquants de faux euros. Jusque-là, les policiers auraient récupéré 30 000 euros en faux billets. L’affaire a provoqué la panique chez les revendeurs informels de la devise…
Les éléments de la Sûreté nationale sont sur le qui-vive à Alger. Plusieurs descentes ont été effectuées dans les marchés informels de la devise. Les raisons n’ont aucun lien avec l’activité, jusque-là tolérée par les autorités. Les policiers ont ouvert une enquête sur le trafic de monnaie, après la découverte de liasses d’euros en faux billets, apprend-on de sources bien informées.
Les marchés informels de la devise à Alger sont depuis quelques jours sous la loupe des services de police. Plusieurs descentes ont été effectuées dernièrement à Hussein Dey et hier au square Port-Saïd dans le cadre d’une enquête sur un réseau de trafiquants de monnaie, qui a réussi à introduire de nombreuses fausses coupures d’euros. Nos sources précisent qu’à ce jour, la somme récupérée aurait atteint les 30 000 euros en petites coupures, notamment à Hussein Dey et au square Port-Saïd, les plus importantes places de la devise. L’opération a créé une véritable panique chez les revendeurs.
Confrontés aux plus folles rumeurs sur l’interdiction de cette activité illégale mais tolérée, de nombreux «cambistes» auraient préféré se mettre en mode veille en attendant de voir plus clair. Nos sources affirment que les investigations de la sûreté de la wilaya d’Alger n’ont toujours pas abouti, elles ne savent pas comment ces billets ont alimenté ces marchés parallèles, qui, depuis toujours, ont été à l’abri des trafiquants.
«Jusqu’à présent, les policiers ont pu récupérer une importante quantité de faux billets.
Cependant, leur origine, les circonstances de leur introduction dans le marché informel et l’identité des trafiquants ne sont toujours pas élucidées jusqu’à présent. A ce stade de l’enquête, rien n’est encore établi. Il se pourrait qu’il y ait d’autres billets encore en circulation et qui n’ont pas été récupérés, comme il se peut qu’il ne s’agisse uniquement que de la somme saisie.
Tout comme il est très tôt pour savoir si cette fausse monnaie a été importée ou fabriquée localement. L’enquête a démarré, il y a quelques jours seulement. Elle a déjà porté ses fruits. Il faut du temps pour avoir tous les résultats. D’importants moyens humains et matériels sont déployés dans le cadre de cette enquête, suivie non seulement par le premier responsable de la Sûreté nationale, mais aussi par les plus hautes autorités du pays.»*Salima Tlemçani -El Watan-lundi 13 avril 2915
***Au café mythique « Tonton ville », le sujet est au cœur de toutes les conversations. « C’est une opération diligentée, après des informations sur l’introduction d’une grosse quantité de faux billets » croient savoir certains. Pas si sûr pour d’autres qui croient dur comme fer que cette action de la police est en rapport avec la décision des pouvoirs publics de lutter contre le marché parallèle de la devise.
Narquois, un des cambistes ne croit pas du tout à la thèse des pouvoirs publics qui voudraient mettre de l’ordre. « Ce sont bien eux les responsables qui sont les premiers à venir acheter les devises à Port Said » dit-il. Un banquier de l’agence BDL du square port Said est formel : « Vous risquez de tomber sur des faux billets à la banque, mais pas chez ceux qui font le change, ce sont des gens sérieux, c’est leur business ».
Un autre banquier qui a souhaité garder l’anonymat ne croit pas à l’efficacité de cette intervention policière. « Même s’ils (ceux qui proposent le change) les chassent, le phénomène ne va pas disparaitre, car c’est un besoin. Ceux qui ont l’habitude d’acheter, ils vont aller au marché Clauzel, à l’aéroport ou ailleurs », croit-il. C’est quoi alors la solution ? « C’est de légaliser les bureaux de change, d’autant plus que la loi existe », dit-il en citant des pays comme la Pologne, la Roumanie, la Hongrie qui ont pu maitriser le change de devises avec la mise en place de ces bureaux. Sauf que cette proposition est loin de faire l’unanimité, certains mettant en avant le risque d’assister à une fuite des capitaux vers l’étranger au moment justement où les réserves du pays sont mises sous pression par la baisse des prix du pétrole, alors que d’autres avancent qu’après tout ces devises ne viennent pas des banques publiques soulignant à juste titre que c’est l’argent de la diaspora algérienne.*Par Abbès Zineb | 13/04/2015 | algerie1.com
*après l’opération coup-de-poing au square Port-Saïd -Alger
Raréfaction de la devise sur le marché parallèle
La plaque tournante de la devise au square Port-Saïd s’est réveillée, hier, dans une ambiance morose. Au lendemain de l’opération coup-de-poing rondement menée par les services de police, la situation qui y prévaut est, on le comprend aisément, tendue. Après de nombreuses années «d’impunité», jamais ce lieu «tant préservé par les autorités», pour reprendre la réflexion d’un «cambiste» habitué des lieux, n’a connu une telle situation.
Les revendeurs informels de la devise étaient encore là hier, hantant les artères Bachir Azzouz, Che Guevara, Abane Ramdane et square Port-Saïd, sans pour autant s’adonner à leur activité lucrative. «Que va-t-on faire ? C’était notre gagne-pain…» disent-ils, éplorés. Pour ces derniers, il leur semble que le moindre geste est scruté, suspecté par des policiers en civil. «Personne ne se risquerait à vous vendre de la devise par les temps qui courent.
Tout le monde est sur le qui-vive», nous confie l’un des cambistes sous le sceau de l’anonymat. Un autre s’approche de nous pour prendre la parole : «L’opération éclair d’hier a été exécutée sans que personne s’y attende.» Les cambistes qui déambulent dans les parages préfèrent utiliser un langage codé afin d’éviter d’être repérés dans ce qui est devenu pour eux un «guêpier» surveillé par des indicateurs anonymes. Selon les informations recueillies sur les lieux, après la saisie des liasses de devises contrefaites (30 000 euros), une cinquantaine d’individus ont été arrêtés, embarqués, auditionnés puis relâchés en fin de journée. «On nous a auditionnés au niveau du poste de police.
Tout le monde a été entendu et des PV ont été dressés en vue d’une comparution prochaine devant la justice à une date qui n’est pas encore fixée», nous confie notre interlocuteur. Par ailleurs, les nombreux revendeurs de devises s’indignent de la saisie de leur argent dont ils ne connaissent pas le sort qui lui est réservé. Selon les nombreuses personnes interrogées, aucun accusé de réception ne leur a été délivré par les services de police qui pourrait éventuellement attester des sommes confisquées. L’enquête diligentée par les éléments de la Sûreté nationale est toujours en cours afin d’élucider la provenance des faux billets interceptés.
Indifférence des pouvoirs publics
Le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, avait insisté, il y a quelques mois à l’APN, sur l’ouverture de bureaux de change, qui devraient être agréés dès 2015 pour parer au marché noir. Dans le même contexte, il avait affirmé que la Banque d’Algérie avait accordée 40 autorisations pour l’ouverture de ces bureaux depuis 1997, dont certaines ont été annulées en raison d’infractions.
Ceci dit, ces déclarations sont restées lettre morte et ne semblent pas du goût de tous nos responsables, à l’instar de Daho Ould-Kablia, alors ministre de l’Intérieur, qui avait estimé que les citoyens et l’Etat «trouvaient leur compte» dans le marché parallèle de la devise et qu’il n’existait pas de raison pour l’interdire. En somme, le marché parallèle de la devise remplissait une fonction sociale que l’Etat était incapable d’assumer. Des déclarations fortement critiquées en leur temps par les députés.
Après cette opération contre le marché informel de la devise, l’on se demande comment les autorités vont répondre aux besoins des citoyens en quête de devises, particulièrement ceux appeler à faire des soins à hors du pays et les familles qui financent à grands frais les études de leurs enfants à l’étranger, entre autres. Même les candidats à l’accomplissement du pèlerinage aux Lieux Saints de l’islam n’hésitent pas à solliciter le marché parallèle de la devise…*Aziz Kharoum -El Watan-mardi 14 avril 2015
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*Après le change parallèle, voilà les banques informelles
Depuis environ trois ans, un nouveau commerce prospère. A tous ceux à qui la banque refuse de faire un prêt, des banquiers informels mettent à leur disposition de l’argent, remboursable à des taux d’intérêt très élevés. Mais rien ne protège les débiteurs.
200 millions de dinars. C’est la somme dont Madjid (*), 52 ans, disposait pour faire tourner son business. «J’injectais 150 millions dans des prêts sur lesquels me revenaient des taux d’intérêt. Et je gagnais de l’argent sur les 50 millions restants grâce à des opérations de change», explique le jeune commerçant – il tient une boutique d’alimentation générale – dans la wilaya de Bouira.
Mais il y a deux ans, une affaire a très mal tourné. «J’ai prêté 100 millions de dinars à une personne – qui s’est avérée être un escroc – mais je ne les ai jamais récupérés. Un jour, un monsieur s’est présenté à moi comme étant un homme d’affaires. Il prétendait investir son argent dans le blé et la Bourse. Il me racontait qu’il achetait des voitures à des concessionnaires, des voitures neuves et des voitures d’occasion, pour les revendre plus tard à perte. Au départ, tout le monde l’avait cru, même moi.
Je me suis renseigné rapidement auprès des gens à qui il achetait les voitures et tout le monde m’a affirmé que c’était un bon payeur, raconte Madjid. Au début, l’inconnu a demandé de lui prêter 200 millions. Cependant, je ne voulais pas bloquer tous mes fonds. Alors je ne lui en ai prêté que 100, avec un taux d’intérêt de 20% par mois, sans lui faire signer aucune reconnaissance de dette.» Madjid n’a jamais revu son argent.
Des histoires comme celle du jeune commerçant, il y a des centaines dans tout le pays. Car depuis trois ans environ, une nouvelle activité a explosé : la banque informelle. Le principe ? Une personne qui a de l’argent choisit de mettre ses fonds à la disposition d’autres personnes qui ne peuvent pas avoir recours aux banques. Des particuliers comme des chefs d’entreprise à qui une banque ordinaire a rejeté le dossier ou qui n’entrent pas dans le cahier des charges des demandes de crédit.
Tuer
«En général, nos clients ont rapidement besoin d’argent pour investir dans une affaire qu’ils pensent très rentable et donc remboursables sur une très courte durée», explique Madjid. Le revers de la médaille : le prêt est accordé avec un taux d’intérêt très élevé, environ 20% par mois, alors que le taux bancaire officiel varie entre 5 et 8%. L’emprunteur n’a plus besoin de perdre ses journées à remplir de la paperasse. Il n’a pas non plus besoin d’attendre, ni d’hypothéquer ses biens. Il n’a qu’à se rendre chez le notaire, avec son créditeur pour signer une reconnaissance de dettes, sur laquelle ne figure toutefois pas… que des intérêts doivent être versés chaque mois, ce qui est formellement interdit par la loi. C’est là que commencent les problèmes.
Car à raison de 20% d’intérêts par mois, la somme prêtée se double en seulement… cinq mois ! Si vous empruntez un million de dinars, vous paierez 200 000 DA par mois d’intérêts, soit au bout de cinq mois, vous devez rembourser 2 millions de dinars au total. Il arrive que le «banquier» accepte de récupérer uniquement l’argent qu’il a prêté quand il sait que son client est en situation difficile, en faisant une croix sur les intérêts.
Mais parfois, quand le client perd tout son argent dans une affaire et qu’il n’a même pas de quoi rembourser la somme empruntée, le «banquier» peut avoir recours à toutes les méthodes de son choix, puisque son activité est illégale, et donc, le créditeur ne risque pas de déposer plainte : du harcèlement jusqu’au crime. «Je connais le cas d’un homme qui a tué un emprunteur qui ne lui avait jamais rendu son argent.»
Dans le meilleur des cas, celui qui ne peut pas honorer sa dette peut voir ses biens vendus. «Il m’est arrivé de vendre des voitures, des biens immobiliers et des terrains afin de récupérer mon argent, quand le client possède quelque chose, reconnaît Madjid. Mais dans le cas contraire, il nous arrive de patienter et d’attendre que la personne se relance pour avoir une chance au moins de revoir l’argent prêté.» Un de ces banquiers informels, rencontré par El Watan Week-end à Boumerdès, évoque aussi «l’implication de certains responsables des banques publiques». «Ces gens travaillent avec leur argent mais aussi avec l’argent des banques officielles.
Intérêts
Certains directeurs de banque mettent parfois à la disposition de ces banquiers informels des crédits avec un taux d’intérêts de 8% maximum par an, et le banquier reloue l’argent avec les 20% par mois. Ces gens sont très bien organisés. L’argent des banques publiques est débloqué sous forme de crédits pour des registres du commerce».
Pour limiter les déconvenues, ces banquiers sauvages ont, d’après Amine, versé dans ce business installé dans la wilaya de Boumerdès, mis en place une sorte de centrale de risques virtuelle. «Dès que quelqu’un qu’on ne connaît pas très bien demande un prêt, on sollicite notre réseau pour savoir si la personne est honnête, sérieuse, savoir dans quoi elle va investir l’argent, et si son affaire est vraiment rentable ou pas.» Le réseau est constitué de toutes les personnes qui travaillent dans la filière du change informel. «Si quelqu’un vient de Sétif à Boumerdès pour me demander de l’argent, il m’est impossible de voir si la personne est fiable ou pas, précise Amine.
Alors j’appelle les collègues de sa wilaya pour me renseigner.» Le réseau sert aussi à dépanner les créditeurs qui n’ont pas assez de fonds ou des clients qui sollicitent de très grosses sommes, comme certains importateurs. «Dans ce cas, poursuit Amine, si un collègue vient me voir pour me demander de compléter un crédit, par exemple de 5 ou 6 millions de dinars, je le fais parce que je ne peux pas refuser.
L’entraide est une règle dans ce milieu. Mais je touche 5% sur les 20% de taux d’intérêts que verse le client.» Dans le jargon bancaire, cela s’appelle «le taux de réescompte», à l’image du taux d’intérêt versé par chaque banque à la Banque d’Algérie lors de chaque prélèvement des intérêts. Madjid espère se refaire avec les profits qu’il retire du change parallèle. «Car c’est comme ça que j’ai commencé, raconte-t-il. Les clients me demandaient de leur avancer de l’argent sur des devises qu’ils voulaient me vendre.
En contrepartie, ils me donnaient un bénéfice supplémentaire pour le risque que je prenais en leur avançant l’argent.» Selon lui, c’est le lancement du dispositif d’aide à la construction en milieu rural qui a permis à ce business de prospérer. «L’aide de l’Etat ne suffisant pas pour construire, les gens se sont alors tournés vers leurs familles et vers l’étranger pour achever leurs travaux. Mais à l’époque, le taux d’intérêt n’était que de 5% !».*Bouzid Ichalalene/ El Watan– vendredi 19 juin 2015
*Le marché parallèle des devises est florissant en Algérie
Quand les émigrés alimentent l’informel
Tout le monde sait que ces courtiers d’une «Bourse» d’un autre genre ne sont que façade, qu’ils sont alimentés par les barons qui eux sont soutenus par les bonnets de l’Etat.
Il est connu de tous que notre diaspora participe d’une matière directe à l’activité économique nationale. L’appui de «nos émigrés» est la source d’activité et création de richesses dans différents domaines. Il serait, d’ailleurs, intéressant d’en évaluer l’impact sur l’économie nationale. Sauf qu’à l’image d’autres secteurs, cet apport, en plus d’être mal apprécié, mal rentabilisé institutionnellement, suit des sentiers parallèles qui échappent à toute forme d’organisation ou de contrôle qui auraient pu optimiser son apport au profit de la collectivité au lieu de servir des intérêts occultes et soutenir ainsi une économie souterraine. Le marché de la devise est à ce titre édifiant. D’aucuns constatent l’incapacité de notre système financier, nos institutions bancaires à se hisser aux nouvelles exigences d’une économie de marché et de soutien à l’investissement. C’est sans doute ce blocage qui alimente le marché informel de la devise et par la même occasion la saignée de l’économie et la finance nationale. Quand l’ex-ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia déclarait «qu’il ne fallait pas éradiquer le marché informel des devises du square Port-Saïd sous prétexte que les citoyens y trouvaient leur compte». On en a, là, l’expression officielle d’un environnement politique qui ne peut favoriser aucune dynamique d’investissement étranger. Plutôt «l’encouragement» d’une pratique illicite et frauduleuse au vu et au su de tout le monde». Le square Port-Saïd en est l’arène d’une «banque» à ciel ouvert de trafic de devises sous les regards des «spectateurs impuissants» ou complices des pouvoirs publics. Il doit y avoir suffisamment d’intérêts occultes et personnels en jeu pour que cette situation perdure et surtout ne suscite aucune alerte. En revanche, il est aisé de constater la mobilisation des forces de sécurité pour chasser et courir derrière, parfois, des «badauds» et autres «commerçants à la sauvette» squattant des trottoirs. Et pourtant, nos voisins, tunisiens et marocains, ont réussi à organiser leur diaspora pour en faire de leur apport un soutien à leur économie locale. Ce que nous n’avons toujours pas réussi à faire alors que nous possédons de plus meilleurs atouts. C’est aussi cela le retard que prend le pays dans une quête de positionnement politique et économique régionale. Il est clair que pour parler de la «Bourse» informelle, il faut remonter aux pontes qui sont derrière. Voir ces jeunes hommes brandissant des liasses de devises et de dinars, interpelle à plus d’un titre. Comment peuvent-ils vaquer à leur commerce sans être inquiétés par la police qui d’ailleurs n’est pas loin, à croire qu’elle est là pour les protéger. Bref, tout le monde sait que ces courtiers d’une Bourse, d’un autre genre ne sont que façade, qu’ils sont alimentés par les barons qui, eux, sont soutenus par les bonnets de l’Etat. Le gouvernement au lieu de régulariser le marché des devises en créant des bureaux de change, comme c’est le cas chez nos voisins, encourage le marché noir de la devise, car ces pontes trouvent leurs comptes. Ils s’enrichissent sur le dos du peuple. Quand on part en voyage, outre l’allocation devise – dérisoire au passage – on est dans l’obligation d’acheter de la devise au marché noir, contribuant malgré nous à la croissance de cette «Bourse» informelle. On ne peut pas voyager à l’étranger avec nos dinars vu que notre monnaie ne vaut rien, car dévaluée.*L’Expression-Mardi 03 Decembre 2013
**Le marché du change parallèle s’affole à Oran
un euro à 155 dinars
Le marché du change parallèle s’embrase. L’euro a désormais atteint un seuil trop élevé, jamais égalé dans le passé. Il a été échangé jeudi à partir de 153 dinars (15,30) chez les cambistes. L’euro a dépassé au début de l’année la barre symbolique des 150 dinars. Il y a quelques jours il a même atteint 155 dinars (15,50)», affirme ce connaisseur du marché du change parallèle. «L’achat est à 151 dinars (15,10) et la vente à 153 (15,30)», lance ce cambiste au centre-ville d’Oran.
Les cambistes que nous avons interrogés estiment que cette flambée du change parallèle est due à de nombreux facteurs, essentiellement la baisse de l’offre et la progression de la demande des acheteurs qui prisent l’euro.
La monnaie locale est sous pression depuis la fin 2013 sur le marché du change parallèle. Il s’agit, selon un connaisseur du marché, d’un mauvais signe pour l’économie nationale. Les acheteurs semblent perdre de plus en plus confiance dans la monnaie locale au profit des autres monnaies étrangères. Pourquoi cette perte de confiance des acheteurs ? Les incertitudes au plan politique, économique et social que connait le pays ont finalement poussé de nombreux acheteurs (opérateurs économiques, grosses fortunes, ressortissants étrangers…) a jeter leur dévolu sur la monnaie européenne.
Le marché du change parallèle a en fait commencé à s’affoler avec la conjoncture actuelle. Le cours de l’euro sur le marché informel n’est pas resté insensible face à la conjoncture politique extrêmement délicate conjuguée au flottement des choix économiques du gouvernement et le recul des recettes des exportations des hydrocarbures qui ont chuté, selon la banque d’Algérie, de 10,2% en 2013 pour s’établir à 63,3 mds de dollars contre 70,5 mds de dollars en 2012 sont parmi les principales causes de la dépréciation du dinar. Le recul sévère des recettes des exportations des hydrocarbures a été causé par deux facteurs : les importations ont atteint en 2013 un niveau non soutenable eu égard au profil des exportations tant en volume qu’en valeur, alors que les quantités d’hydrocarbures exportées ont baissé de 7,3% durant la même période.
Le pays gagne ainsi de moins en moins d’argent et continue de dépenser de plus en plus. L’autre raison de la flambée du cours de l’euro sur le marché de change parallèle est la chute drastique des transferts en devise des émigrés. Les ressortissants algériens résidant en Europe et particulièrement en France avaient l’habitude d’alimenter régulièrement le marché parallèle des devises en Algérie où ils peuvent gagner des sommes exorbitantes. Nos émigrés recourent rarement aux banques pour transférer leur argent. Ils préfèrent le marché parallèle pour convertir à un meilleur taux leurs économies. Malheureuse ment, ces dernières années, les émigrés algériens semblent souffrir des affres de la récession économique qui a frappé l’Europe.
Difficile de faire de l’épargne dans une période de crise et de progression des taux de chômage en particulier parmi la communauté maghrébine. Le manque à gagner est considérable pour le marché parallèle. En parallèle au tarissement des ressources du marché de change parallèle, les transferts illicites de fonds vers l’étranger par des hommes d’affaires algériens et des sociétés étrangères ont progressé ces dernières années. La crise économique et financière internationale qui a frappé les pays du sud du continent européen a eu pour conséquence une chute des prix des biens immobiliers, comme en Espagne, ce qui a poussé de nombreux concitoyens à investir dans l’immobilier dans les villes côtières de la péninsule ibérique.*Le Quotidien d’Oran-08.03.2014
L’argent d’El Khaddafi circule au Square Port Said-Alger
Dernièrement, d’autres personnes détentrices de devises, ont investi le circuit du marché parallèle, tel les Libyens, les Syriens et les Tunisiens.
Le marché parallèle de la devise n’est pas prêt de disparaître. Le ministre des finances, Karim Djoudi, le puissant ministre des finances déclarait devant les députés: » Le gouvernement va combattre le marché informel de la devise.
La loi ne permet pas l’existence d’un marché parallèle de la devise » ajoutant sur le même ton: » dans l’économie, il existe un marché officiel. Il n’y a pas de place pour le marché noir « .
En fait , Karim Djoudi sait très bien que c’est son collègue de l’intérieur Daho Ould Kablia qui a raison et qui a bien résumé le sentiment général en soutenant que le marché parallèle du change ne doit pas être interdit car les » citoyens y trouvent leur compte « .
Par cette affirmation en forme d’aveu, M. Ould Kablia est même encore au dessous de la vérité. Dans l’état de fonctionnement et d’organisation actuels du système financier algérien, on peut soutenir sans aucune exagération que le marché noir de la devise est aujourd’hui une activité de salubrité publique.
Le marché se porte bien, grâce ou à cause, c’est selon, des importateurs et hommes d’affaires qui s’alimentent souvent, ditil, du côté du Port Saïd pour réaliser les transactions avec leurs fournisseurs étrangers.
Le montant officiel de change dont ils ont droit annuellement n’est pas suffisant, soutiennent- ils dans des forums, pour honorer leurs factures liées aux commandes d’importation.
« Veuillez inscrire dans votre papier que nous ne sommes que de simples préposés qui travaillent pour le compte des propriétaires de l’argent qui sont souvent loin d’Alger. Nous sommes en quelque sorte de simples vendeurs de l’argent des riches, mais pas des cambistes dans le vrai sens du mot » explique-t-il le rôle d’intermédiaires qu’ils jouent dans ce marché noir où s’échangent, dit-il, des millions d’euros chaque jour.
« Quand un client demande une forte somme d’euros et qu’il négocie le taux à la baisse, nous sommes obligés d’appeler notre interlocuteur pour avoir son avis, s’il accepte ou non la transaction avec le taux proposé par le client » selon la procédure de négociations à distance.
Un grand nombre de détenteurs de l’argent n’habitent pas à Alger, mais à l’intérieur du pays ; dernièrement, d’autres personnes ont investi le circuit tel les Libyens, les Syriens et les Tunisiens.
En effet, après la chute des régimes Arabes, une grande quantité de devises circule et d’après des initiés de la place, l’argent du régime Khaddafi circule à outrance. Les chiffres avancés par les uns et les autres s’élèvent à des dizaines de millions de dollars. C’est une Bourse à ciel ouvert, mais non soumise aux contraintes fiscales et au contrôle de change.
Les transactions se font souvent dans un véhicule stationné dans les ruelles adjacentes, entre la rue de la Liberté et la rue Abane Ramdane, pas loin de l’ex Cour d’Alger. D’où proviennent alors toutes ces centaines de milliers d’euros qui se négocient, tous les jours, au vu et au su de tout le monde, au square Port Saïd. * La Tribune des Lecteurs-23.05.2013.
Suscitée par Ould Kablia
Polémique sur le marché parallèle des devises
*Le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a estimé à propos du «change informel des devises en Algérie», que c’est «tout le monde qui trouve son compte dans cette affaire» d’autant plus, a-t-il ajouté, que «le change au niveau informel obéit aux fluctuations du marché». Il n’est pas écarté que l’APN interpelle le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, sur cette question lors de son prochain passage au Parlement.
Le marché parallèle de la devise en Algérie est une réalité mais demeure visà- vis de la loi illégal. Cependant, dans sa guerre déclarée contre l’informel, le gouvernement Sellal ne s’attaque pas aux barons de la devise mais quand un membre de l’Exécutif dit publiquement qu’il n’y a pas de raison d’interdire cette activité, des interrogations s’imposent.
Il est à noter que selon des experts en économie et la finance, «le change non officiel de la devise facilite le blanchiment d’argent à grande échelle». Dans ce cadre, il n’est pas écarté que l’APN interpelle le gouverneur de la banque d’Algérie, Mohamed Lakscaci, sur ce marché lors de son prochain passage au Parlement pour présenter son rapport.
C’est ce qui a été indiqué hier par le président de la Commission des finances, Mahi Khelil. Samedi dernier, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a estimé en réponse sur le «change informel des devises en Algérie», que c’est «tout le monde qui trouve son compte dans cette affaire» d’autant plus, a-t-il ajouté, que «le change au niveau informel obéit aux fluctuations du marché».
Devant les responsables locaux réunis avec la présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, il dira : «Je ne vois pas d’inconvénient à ce que le change informel soit supprimé ou laissé.
C’est une activité illégale certes, mais comme les intervenants sont identifiés, ils peuvent prémunir contre la fausse monnaie, en dinars ou en euros», a ajouté Ould Kablia. Enfin, il a indiqué que c’est «facile de le combattre car les intervenants dans ce circuit sont connus et identifiés», qualifiant, par ailleurs le problème de «mineur».
Cet avis de ministre de l’Intérieur n’est pas partagé par le président de la Commission des finances et du budget de l’APN, Mahi Khelil, qui a déclaré hier «tout ce qui n’est pas légal doit être interdit». S’exprimant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, ce parlementaire a souligné : «Un arsenal juridique existe pour lutter contre le blanchiment d’argent.
Aux services concernés d’appliquer ces textes», a expliqué Mahi Khelil. S’agissant du rôle du Parlement notamment le contrôle de l’action du gouvernement et les dépenses publiques, M. Khelil a indiqué que lors de la précédente législature, des ministres ont été interpellés pour que les erreurs relevées par la Cour des comptes «ne se reproduisent plus», a-t-il dit.
Il est à noter qu’en matière de législation, il y a eu «l’instruction 08/96» datant du 18 décembre 1996, qui fixe les modalités d’ouverture de bureaux de change. A cet effet, cette instruction dispose que «la Banque d’Algérie donne son autorisation à l’ouverture d’un bureau de change après étude de dossier ».
Par ailleurs, «les bureaux de change peuvent effectuer des opérations d’achat et de vente, contre monnaie nationale, devises et chèques de voyage libellés en monnaie étrangère librement convertibles auprès des non-résidents ». Selon la même instruction «les bureaux de change, selon les dispositions de l’instruction, sont soumis à l’obligation d’afficher les cours des monnaies qu’ils échangent.
Ils sont autorisés à percevoir, comme il se fait un peu partout, une commission sur les transactions qu’ils effectuent et les oblige également à afficher le taux de la commission». De leur coté, «les banques et les établissements financiers sont aussi autorisés à créer des bureaux de change ». Il est à rappeler que l’instruction de 1996 a été complétée en mars 97, laquelle autorise le traitement des opérations du commerce extérieur et le change manuel de devises.
Sur le terrain, le marché parallèle de la devise ou bien le Square Port Saïd, le taux de change pratiqué est plus élevé que celui proposé par les banques; d’ailleurs celles-ci proposent à environ «100 DA la vente ou l’achat d’un euro, alors qu’au Square Port Saïd, le taux est à 150 DA pour un euro» nous dira un fidèle du marché informel de la devise, donc, on ignore à qui profite réellement cette activité «illégale ». *23 Octobre 2012-Le jour d’Algérie
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*Quel change ?
Deux raisons principales semblent nourrir cette tendance : d’un côté, l’absence d’un réseau d’agences de change comme en Tunisie ou au Maroc, de l’autre, le pourcentage imposé en dinar pour tout retrait de devises. Ce qui encourage la méfiance vis-à-vis des banques et pousse vers le marché parallèle, que laissent faire les autorités du pays.
Les émigrés algériens ont transféré, en 2010, plus de 2 milliards de dollars.
Le chiffre est assez surprenant pour deux raisons essentielles intimement liées. Cela révèle une mutation dans le comportement de l’émigré algérien et dans son rapport à l’argent qu’il gagne.
Pour les premières générations d’émigrants poussés par la pauvreté, l’équation était différente.
Il s’agissait de se sacrifier pour sa famille laissée au pays. L’émigré s’acquitte de l’ardoise annuelle de sa famille une fois rentré au pays pour ses vacances. Le transfert se fait en dehors de tout circuit bancaire. Ce rapport n’évoluera pas totalement avec l’apparition des réseaux de transfert ou, timidement, l’émigré assimilant ses devises au prix de son sacrifice.
Au lieu d’une injection dans le réseau bancaire pour le besoin de transfert, on opte sans hésitation pour le circuit informel avec une nuée de cambistes à travers toutes les régions du pays.
Des boutiques, spécialisées dans le change parallèle, sont apparues pour combler le retard des institutions censées être mises en place dans ce but.
Souvent le change est effectué par téléphone et l’échange d’argent s’opère sans qu’il quitte le pays d’origine. L’équivalent en dinar est versé dans un compte en devises d’un cambiste algérien. Et quand bien même un émigré déclare une somme à son arrivée, il se trouve toujours une somme qui va être échangée dans l’informel. Et c’est cette dernière ainsi que les pensions, de manière générale, qui transitent par le circuit bancaire, donc comptabilisées dans le chiffre de la Banque mondiale.
Deux raisons principales semblent nourrir cette tendance : d’un côté l’absence d’un réseau d’agences de change comme en Tunisie ou au Maroc, de l’autre, le pourcentage imposé en dinar pour tout retrait de devises. Ce qui encourage la méfiance vis-à-vis des banques et pousse vers le marché parallèle, que laissent faire les autorités du pays.
C’est en définitive le système financier algérien qui favorise ce genre de comportement, quoique l’argent soit introduit par les investissements dans le circuit normal. (Liberté-14.11.2010.)
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**les devises fuient par des voies illégales
Le sous-développement monétaire
C’est pour éviter l’hémorragie de devises et la dépréciation du dinar que l’état a toujours refusé d’envisager la convertibilité de la monnaie nationale.
Ainsi, il contrôle, en théorie, le montant de devises qui peut être expatrié et maîtrise, toujours en théorie, le taux de change du dinar. Mais voilà que l’état avoue que c’est justement là que résident les maux qui hypothèquent le développement et même la sécurité du pays.
D’abord, les autorités s’alarment de l’importance des transferts liés aux bénéfices réalisés par les investisseurs étrangers et au règlement des factures d’importation. Les restrictions de la part étrangère (ramenée à 49% maximum) dans les capitaux des entreprises et l’abrogation de la procédure du Crédoc introduites par la loi de finances pour 2009 se veulent une riposte à ces deux vecteurs de sortie de devises.
On décourage les IDE et on complique la procédure d’approvisionnement en inputs importés, et donc le fonctionnement des moyens de production installés, pour réduire les sorties de devises liées au rapatriement des bénéfices et à l’activité productive.
Mais, malgré ces mesures qui freinent l’investissement et ralentissent l’activité, les devises fuient par des voies illégales comme le montrent ces saisies récurrentes dans les bagages de passagers ou de membres des personnels navigants.
Entre-temps, l’activité de change bat son plein sur les places monétaires informelles, sous le regard impuissant d’un état qui tolère l’existence occulte d’opérations qu’il refuse à ses propres institutions. Pourtant, il ne peut ignorer que ces milliards brassés par des cambistes parallèles sont destinés à couvrir de réels transferts, forcément clandestins. Mais il sait, en même temps, qu’il ne peut efficacement réprimer une fonction créée par un besoin irrépressible. L’émotion révoltée que provoquent ces occasionnelles contraste avec la complaisance débonnaire dont jouit le change parallèle.
Ce monétarisme parallèle engendre apparemment un fort appel d’air : il a besoin de billets de banque que l’on n’arrive pas à fabriquer en quantité ; il fait alors appel à la fausse monnaie. Et le tout semble s’emballer : inflation de billets, faux monnayage, trafics… Tout un système qui ne peut s’embarrasser ni de moyens de paiement scripturaux ni de marché monétaire officiel et transparent.
En somme, toutes les conditions sont réunies pour la formation d’une activité monétaire souterraine, à peine contrariée par une répression à la marge de certaines de ses manifestations. Le refus de la modernisation bancaire et de la convertibilité du dinar permet les mouvements financiers qui ne laissent pas traces.
à force de rejeter le progrès par crainte de perdre son monopole d’allocation de ressources, le pouvoir se retrouve à devoir réprimer, se crée des désordres qu’il doit rattraper ou réprimer. Le pays ne gagne ni sur le tableau de la sécurité ni sur celui du développement : la résistance au marché favorise la délinquance financière en même temps qu’elle gêne l’essor de l’économie. (Liberté-14.11.2010.)
*****************************Cette opération illégale de change se fond dans la légalité parfaite. Aucun de ces «banquiers» ne se cache pour «travailler». Ils le font à la lumière du jour, billets à la main et avec la complaisance des autorités. Oui, les autorités ferment les yeux devant ce commerce qui se fait devant tout le monde…
*«L’euro est à un pour 140,80 dinars pour l’achat et 140,70 pour la vente …
«L’augmentation du prix de la devise est due à la fuite des capitaux» selon Djamel Ben Belkacem, directeur conseiller auprès de la Banque d’Algérie
«Ces opérateurs ou gens fortunés convertissent leur argent sur le marché parallèle pour aller acheter de l’immobilier ou des actifs à l’étranger», assure M. Ben Belkacem.
«La fuite des capitaux est responsable de l’augmentation du prix de la devise dans le marché parallèle», c’est du moins l’avis de Djamel Ben Belkacem, directeur conseiller auprès de la Banque d’Algérie.
Cet expert économique qui s’exprimait sur les ondes de la Radio Chaîne III est formel: les fortunes algériennes reconvertissent leur argent sur le marché parallèle pour aller acheter des actifs à l’étranger! «Beaucoup de fortunes se sont constituées en Algérie ces dernières années. Ces opérateurs ou gens fortunés convertissent leur argent sur le marché parallèle pour aller acheter de l’immobilier ou des actifs à l’étranger», assure sans ambages M.Ben Belkacem. «Ces opérateurs ou gens fortunés se retournent vers le marché parallèle car la réglementation leur interdit la reconversion du dinar pour l’acquisition d’actifs à l’étranger», explique-t-il. «Le dinar est parfaitement convertible pour les opérations courantes de la balance des paiements qui sont celles d’importation, investissement et les opérations sur biens et services», rappelle-t-il. «Pour les transactions financières telles que l’achat d’actif, elles sont réglementées. Il faut passer par le Conseil de la monnaie et du crédit pour avoir une autorisation», ajoute-t-il comme pour expliquer le recours de ces grosses fortunes au marché parallèle pour reconvertir leur argent. C’est ainsi que ces derniers fonds ont explosé la demande qui dépasse l’offre qui, elle, est officiellement estimée entre «2 à 2.5 milliards d’euros, provenant essentiellement des pensions et retraites», souligne M.Ben Belkacem.
Le marché parallèle de la devise est, en effet, devenu «LA» véritable Bourse d’Alger au point qu’un conseiller de la Banque d’Algérie en parle publiquement.
Au «Square Street»…
Le marché parallèle de la devise s’est donc fondu dans la masse faisant même oublier qu’il était illégal. Un petit tour au square Port-Saïd, qui est devenu au fil des années le «Wall-Street» algérien, et on se rend très vite compte de l’ampleur que le marché parallèle de la devise a prise. Une centaine de jeunes, avec des liasses de billets de mille dinars à la main vous apostrophent dès que vous passez dans le coin. «Euro, dollar… devise», vous lancent ces «trader». «L’euro est à un pour 140,80 dinars pour l’achat et 140,70 pour la vente (client qui vend)», atteste un de ces jeunes. «Le dollar, a, lui baissé, il est à un pour 110.80 dinars l’achat et 110.70 pour la vente», rétorque-t-il.
Cette opération illégale de change se fond dans la légalité parfaite. Aucun de ces «banquiers» ne se cache pour «travailler». Ils le font à la lumière du jour, billets à la main et avec la complaisance des autorités. Oui, les autorités ferment les yeux devant ce commerce qui se fait devant l’un des plus grands tribunaux du pays, Abane-Ramdane.
Les voitures de police passent par là-bas sans rien voir, tout comme les agents de l’ordre postés aux alentours…
Le square Port-Saïd n’est pas le seul endroit en Algérie où se vendent les devises au noir, mais c’est lui qui donne le tempo au marché. Dans tous les quartiers du pays, des commerçants se sont mis à la vente parallèle de devises. Tout le monde les connaît, ils font ça dans la «légalité». Mais les prix auxquels ils vendent cette devise se fait d’après le square Port-Saïd. «Si à Port-Saïd l’euro est vendu à 140,80 on doit vendre au même prix», explique Omar qui vend la devise étrangère dans son bureau de tabac celui-ci fait office de bureau de change dans son quartier.
Le square Port-Saïd est donc la Bourse de cette devise qui est très volatile. Mais la question qu’il faut se poser est pourquoi l’État ferme les yeux sur ce commerce? Est-ce à cause du fait qu’il n’a pas trouvé de moyen de substitution pour assurer la demande croissante en devises étrangères de sa population? La réponse pourrait être affirmative puisque chaque citoyen n’a que 15.000 dinars par an d’allocation voyage. Ce qui reste insuffisant. Alors le marché parallèle est devenu la seule solution pour les Algériens qui veulent acquérir de la devise étrangère.
Toutefois, les prix de celle-ci n’arrêtent pas de grimper et l’économie nationale perd elle aussi, beaucoup d’argent à cause de ce marché informel de la devise. En tout cas, une chose est sûre, la bourse du square est plus active que la Bourse d’Alger… À bon entendeur.* L’Expression-19.09.2012.
**A l’approche du nouvel An, le marché parallèle de la devise retrouve des couleurs
La plupart des clients veulent acquièrent des devises pour partir à l’étranger une quinzaine de jours,ou une semaine
Au square Port-Saïd ou ce qu’on appelle communément la « Bourse d’Alger », l’activité semble reprendre de plus belle après un recul assez significatif.
Les «cambistes» rencontrés sur place donnent tous la même explication : l’approche des vacances de fin d’année que nombre d’Algériens ont pris l’habitude de passer à l’étranger.
Cette conjoncture a fait d’ailleurs que les «prix» des devises sont sensiblement revus à la hausse, puisque la demande est si forte. En effet, un euro qui se changeait il y a quelques jours contre 135 Da est aujourd’hui à 146 Da. Le dollar a également enregistré des hausses considérables au marché parallèle.
Dans un proche passé, il était cédé contre moins de 110 da, et hier, il a frôlé la barre des 120 da. Le nombre d’«hommes aux liasses de billets exhibées» a lui aussi doublé ces derniers jours. A Port-Saïd, qui a connu un «repos» après la fin de la saison estivale, des dizaines de personnes offrent leurs services aux passants.
A Clauzel, les «cambistes», qui se font plus ou moins discrets, avouent que les clients ont plus que doublé. «C’est ainsi à chaque fin d’année», dira l’un d’eux dans un magasin aux étals vides.
Ainsi, après un arrêt relatif de l’échange parallèle des devises, le nouvel an vient lui donner un nouveau souffle.Un «cambiste» exerçant à la «Bourse d’Alger» nous expliquera que «si l’euro est le plus demandé, il reste que le dollar l’est aussi, mais moins fortement».
«Des échanges amicaux avec des clients confirment que la plupart d’entre eux acquièrent des devises pour partir à l’étranger une quinzaine de jours, une semaine ou encore moins, le temps de profiter des fêtes de fin d’année», rajoute-t-il.
Rappelons qu’à la même occasion en 2011, quelque 100 000 Algériens ont pris la route vers la Tunisie pour profiter d’offres touristiques alléchantes. D’autres, moins nombreux, ont préféré l’Europe, notamment la France et la Turquie.
Cela ne peut être autrement puisque la destination algérienne n’enchante pas trop les Algériens eux-mêmes. Avec un service médiocre et des prix qui dépassent l’entendement, en dépit de la diversité des paysages touristiques, l’Algérie peine à se faire distinguer comme destination même pour les nationaux. En attendant, des sommes considérables vont dans les caisses de pays étrangers empruntant des circuits pas toujours légaux.
Cela, en attendant que la promesse faite par les pouvoirs publics soit une réalité : «des bureaux de change légaux et agréés». Pour rappel, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, qui a mis il y a deux mois de cela, l’accent sur le caractère «illégal et interdit» du marché parallèle de devises en Algérie, avait – emboîtant le pas au ministre des Finances, Karim Djoudi – annoncé l’intention de l’Etat de créer des bureaux de change où rien n’a filtré depuis.
La polémique s’était enflammée quand le ministre le l’Intérieur, Daho Ould Kabila, avait déclaré qu’au marché noir des devises «tout le monde y trouve son compte», avant de tenter de rectifier le tir.* 10 Décembre 2012-Les Débats
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Des milliards, des patrons et des intouchables
La face cachée de la «Bourse» des devises
S’il y a un créneau qui a fleuri à l’aune de l’ouverture de l’économie algérienne, ce n’est autre que celui du change informel des devises étrangères. Cette activité, à la fois illégale mais tolérée par les pouvoirs publics, observe une nette croissance ces dernières années.
Au vu des spécialistes, hormis les recettes publiques, puisées essentiellement de l’exportation de la manne pétrolière du pays, les cambistes, notamment les barons du secteur, véhiculent la plus grande masse monétaire en valeurs étrangères en Algérie. Ces derniers estiment la somme des transactions annuelles, générées par l’apport de l’immigration algérienne, à plus de 5 milliards d’euros.
Cependant, disent-ils, ce chiffre est loin de refléter la dynamique financière existante. Selon eux, les virements des retraites en devises ainsi que l’apport de l’émigration algérienne, même s’ils trouvent généralement leurs points de chute dans le marché informel, est considéré comme unité secondaire intervenant dans l’équation du commerce informel de la devise.
D’où puise-t-on autant de capitaux pour faire tourner ce gros moulin ? Les entrées en devises, issues des immigrés, génèrent, outre les dividendes issus des opérations de vente et d’achat, des postes de travail qui se chiffrent par milliers sur l’ensemble du territoire national. Toutefois, il reste insignifiant pour alimenter un marché noir dont la demande est en constante croissance.
Une chose est certaine, cette dynamique caractérisant ce marché, ne profite en rien pour améliorer l’économie nationale, en dépit de la consistance des opérations effectuées. Ce qui engendre, en l’absence de tout contrôle de l’Etat, un manque à gager considérable, facilité par l’imbroglio qui semble bien installé auprès des dirigeants du pays au sujet de la tolérance de ces types de marchés. Des avis des plus antimoniques ont été avancés à ce propos par deux faces du gouvernement en place.
Ce qui renseigne, si besoin est, sur les agendas des deux hommes, dont les priorités ne semblent pas puiser du même menu. Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a indiqué que le marché informel des devises est «salutaire». Même, dira-t-il, en soulignant que «c’est grâce à ces «marchés informels» que «les citoyens trouvent leurs comptes».
Quant à son homologue des Finances, Karim Djoudi, en l’occurrence, celui-ci le qualifiera de marché noir de la devise. Balayant d’un revers de la main, les déclarations de son partenaire au gouvernement en promettant plus de fermeté à l’égard des opérateurs de ce secteur informel, notamment la détermination de son département à combattre le marché informel de la devise.
Les facettes du marché noir
Il n’est un secret pour personne que les lieux où exercent les cambistes sont connus de tous. Ces derniers exercent en plein jour et dans des boulevards et places bien sécurisés. Le citoyen, quel que soit son rang social, fait souvent appel à des adresses connues pour changer l’argent. Des boutiques d’habillement, des magasins d’alimentation générale, des restaurants et autres, chaque cambiste trouve un point de chute qu’il ne cédera à n’importe quel prix.
Les cambistes ont su, au fil des ans, comment s’accommoder aux exigences que dictent les différentes mutations imposées par la globalisation de l’économie. Ils ne sont pas du tout en reste de ce qui se passe. Certains d’entre eux affirment même posséder des bureaux qui leur servent de contacts, à l’étranger. Ils sont à l’affût de l’euro à sa source, disent-ils.
Les points de contacts qu’ils ont établis, en France, permettent de toucher des émigrés, notamment ceux en situation irrégulière afin d’extrader des fonds en Algérie. Il suffit juste de déposer la liasse et par un coup de téléphone un autre reçoit sa contrepartie en dinars, en Algérie, selon le coût en usage.
Employés ou patrons
Et parmi les lieux les plus prisés, en Algérie, il y a le fameux Square Port-Saïd, où le décor des différents agents employés dans ce secteurs, garnit les moindres recoins des esplanades de ce jardin. Billets de toutes natures exposés, comptés sans relâche, et manipulés entre des mains expertes, avec la même délicatesse d’un agent bancaire chevronné; les cambistes par le biais de ce rituel accostent d’éventuels clients.
Nombreuses sont les personnes qui se trompent sur les véritables têtes qui contrôlent ce secteur. Du premier regard, d’aucuns diront que ce sont ces jeunes, généralement habillés en tee-shirt, jeans et training qui détiennent ce marché. Des belles bien conseillées facilitant la fuite en cas de traque des services de sécurité. Cependant, de l’avis d’un cambiste, les véritables patrons sont plus que réservés.
Ils opèrent de loin pour éviter d’attirer l’attention des autorités. Il dira également, qu’eux-mêmes ne connaissent pas l’identité de leurs patrons. En contrepartie de leurs tâches, ces jeunes perçoivent une indemnité journalière et parfois même un bonus sur des transactions importantes. Le marché de change de devises, bien qu’illégal, fait tourner de l’argent, mais pas n’importe quel argent, dira notre ami, qui rêve aussi de faire tourner son propre moulin un jour.
«Il est très difficile de calculer les dividendes des patrons, car il s’agit de multi-employeurs qui sont à la tête de plusieurs niches. Et chaque niche emploie plusieurs employés. Ce qui est certain c’est qu’ils sont fortunés, possédant des avoirs et des biens, ici, comme à l’étranger», évoquera-t-il sans cacher ses ambitions.
Blanchiment d’argent
A la lumière des différentes interventions des services de sécurité, qui se sont soldées par l’arrestation de plusieurs barons de change, des sources bien introduites parlent de liens directs liant ce secteur avec le blanchiment d’argent.
Outre les virements des retraites des ex-immigrés et des immigrés qui font entrer des sommes considérables en devises, notamment durant la période estivale où des millions de nos concitoyens, travaillant à l’étranger, affluent au pays, l’ouverture du commerce extérieur marque l’avènement de nombreux fléaux, servant les intérêts particuliers au détriment de l’intérêt national.
Les facilités accordées à certains des opérateurs économiques, en vue de l’accomplissement de leurs opérations, sont, dans plusieurs cas, détournées de leur vocation pour être employées à des fins spéculatives.
Parmi les subterfuges inventés par «une caste de vampires», se nourrissant des réserves nationale de devises, le plus vieux vice bancaire permettant d’assurer la mainmise sur des sommes importantes des valeurs étrangères échangeables, revient toujours à la charge dès la manifestation des premières prémices de santé financière du pays.
Il s’agit du fléau de la surfacturation. En effet, plusieurs opérateurs intervenant dans l’import-export, procéderaient au gonflement des factures de leurs marchandises.
Cette technique leur permettrait, avec la complicité du partenaire étranger, d’extrader vers l’extérieur des devises au-dessus du coût réel de la marchandise à acheter. Une autre étape interviendrait par la suite, celle du partage du butin.
La procédure ne représente absolument pas le moindre casse-tête. Il suffit de détenir une domiciliation bancaire destinée au commerce extérieur, acheter quelques tuyaux et surtout un partenaire étranger complice et sûr, apprend-on.
Une fois le partage de l’argent accompli, l’excédant sera rapatrié suivant des canaux classiques, entre autres, ports, aéroports et même des virements bancaires sûrs sans laisser la moindre trace du parcours de cette escroquerie qui cause une saignée importante pour le pays. Bien qu’aucune tendance n’eut affirmé ou infirmé cette méthode, la plausibilité de cette démarche reste de vigueur, estime-t-on.
A la lumière des mesures restrictives adoptées par les pouvoirs publics, pour lutter contre le transfert illégal de capitaux de monnaies fortes vers l’étranger, et étant donné l’insolvabilité de la monnaie nationale sur les marchés internationaux, il ne pourrait y avoir d’autres explications possibles justifiant les quantités de devises circulant aux quatre points cardinaux du pays.
Le circuit est purement algérien, mis à part l’introduction d’un partenaire étranger représentant la partie charnière par laquelle seront récupérées les sommes pour être rapatriées par la suite sur le marché noir national. Telle est la recette, comme expliqué et relaté par des acteurs se prétendant informés des dessous du plus lucratif marché qui pourrait exister.
Marché en progression
En dépit d’une entrée massive des émigrés en Algérie, cette année, les cours de change informels ont atteint des sommités. Pour certains intervenants, qui sont au fait de ce dossier, plusieurs facteurs ont été déterminants dans le maintien des prix des différentes devises étrangères.
Outre le recours de tierces personnes à l’importation directe de l’étranger, le fluorescent commerce du cabas favorise l’ascension des monnaies étrangères, notamment le dollar américain et l’euro. «Le marché du textile et celui des chaussures, bien que discret, requiert des sommes colossales en valeurs étrangères.
Les importateurs de cabas, comme leur nom l’indique, recrutent des jeunes, payent leurs frais et salaires pour transporter de la marchandise à partir de Dubaï ou de Turquie et la fréquence des voyages permet de mettre en place un marché digne de ce nom auquel sont associés des capitaux considérables de devises», expliquera notre interlocuteur.
Par ailleurs, ajoute-t-il, un autre facteur de taille était plus que déterminant dans cette flambée. Il s’agit de la préparation de la saison du pèlerinage, coïncidant cette année avec la phase départ des émigrés. L’afflux des hadjis sur la devise a accentué la demande, entraînant de fait un déséquilibre entre l’offre et la demande.
«Ce qui n’était pas sans tirer vers le haut», dira-t-il tout en étant confiant en l’avenir de ce secteur. Pour rappel, l’Etat s’est lancé dans une vaste épuration de l’espace public du commerce informel. Quel serait l’avenir des cambistes, sachant que leur activité relève également de l’informel ? *Par Kamal Lembrouk…03 Novembre 2012, Les Débats
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**Change parallèle-10 milliards en devises confisquées
*La section d’investigation de la Gendarmerie nationale d’Alger a mis la main sur un gang de 17 individus spécialisés dans le change de monnaies étrangères de manière illégale.
Ce réseau de 17 éléments dont la majorité est originaire de Milia dans la wilaya de Jijel, dont 4 exercent aux services des impôts à Hydra et El Madania à Alger ainsi qu’un ressortissant turc.
Agissant sur informations, les éléments de la section d’investigation de la Gendarmerie nationale de la capitale ont fait irruption le 3 de ce mois en cours dans trois locaux à caractère commercial situés à Hydra, El Madania et Birkhadem où ils ont réussi à récupérer de sommes colossales d’argent estimées à plus de 10 milliards en devises.
Lors de l’opération menée par les gendarmes à Hydra, trois frères originaires de Jijel ont été arrêtés dans un magasin d’alimentation générale et des sommes d’argent considérable de différentes devises ont également été saisies. Les éléments de la Gendarmerie nationale ont trouvé en possession de ces trois frères 2500 DHM, 5504 dinars tunisiens, 2326 rials saoudiens, 1520 francs suisses, 2300 livres sterling, 1395 dollars canadiens, 2965 dollars américains, 3080 euros. S’ajoute à cela une somme de 2000 dollars qui était en possession du ressortissant turc qui travaille en tant que représentant de la compagnie aérienne Turkish Airlines en Algérie.
A Birkhadem, après une perquisition d’un local destiné à la vente de tabac et des produits cosmétiques, une personne a été arrêtée, et des sommes d’argent ont été confisquées.
A El Madania, deux frères originaires de Jijel ont également été arrêtés ainsi que d’importantes sommes d’argent ont été confisquées.
Les cinq éléments arrêtés à Hydra et El Madania ont été placés en garde à vue pour fraude fiscale, blanchiment d’argent et association de malfaiteurs. (Echorouk-11.10.2011.)
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