Salon international du livre-Alger
**23ème salon international du livre-Alger
du 29 octobre au 10 novembre 2018
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Il pleut des livres à Alger
01 NOVEMBRE 2018
Malgré une situation économique difficile, bon nombre de maisons d’édition proposent, à l’occasion du Salon international du livre d’Alger, de nouveaux titres de romans, essais, ainsi que des albums originaux de littérature pour enfants. Tour d’horizon.
– El Kalima éditions
Les éditions El Kalima publient dans la collection Petits inédits maghrébins (PIM), le livre collectif Alger 1967, Camus, un si proche étranger, présenté par Agnès Spiquel et signé par Laâdi Flici et d’autres.
Il s’agit de revenir sur l’hiver 1966-67 (année de tournage de l’Etranger, de Visconti), à partir de conférences, de comptes-rendus ou de journaux intimes inédits, pour décortiquer l’image de Camus dans l’Algérie naissante.
La maison d’édition propose aussi dans son catalogue Le roman des Pov Cheveux, de Nadia Chouitem (récipendiaire du prix Mohamed Dib 2018), le treillis et la minijupe, de Djillali Bencheikh, ou encore L’offense de Hadj Hamou, de Hadj Miliani.
– Barzakh
L’essai- événement de ce Sila 2018 est incontestablement De l’ALN à l’ALP, La construction de l’armée algérienne (1954-1991), de l’essayiste Saphia Arezki, déconstruisant des mythes sur l’armée algérienne.
Les lecteurs découvriront sur leurs étals des romans comme Nulle autre voix, de Mayssa Bey, Body writing, de Mustapha Benfodil, Balak, de Chawki Amari, Les yeux de Manssour, de Ryad Girod, Le naufrage de la lune, de Amira-Géhane Khalffallah, Aïzer.
Un enfant dans la guerre, de Mohamed Sari, ou encore Le peintre dévorant la femme, du journaliste Kamel Daoud. La maison d’édition réédite par ailleurs, Octobre, ils parlent, ouvrage de référence de Sid Ahmed Semiane, sur les événements d’octobre 1988, avec, en prime, une édition enrichie.
– Casbah éditions
Pour sa rentrée littéraire, Casbah éditions mise sur une valeur sûre de la littérature algérienne. Yasmina Khadra y signera son dernier roman Khalil. La maison d’édition compte dans son catalogue le roman Débacle, de Mohamed Sadoun, lauréat du prix Mohamed Dib 2018, la Colombe de Kant, de Aïcha Kassoul, lauréate du prix de l’Escale littéraire d’Alger 2018, ainsi que La demoiselle du métro, recueil de nouvelles de Meriem Guemache, journaliste à la Chaîne III, croquant la société algérienne avec humour et tendresse.
Les lecteurs y découvriront aussi l’ouvrage du chantre de la tariqa alaouia, Cheikh Khaled Bentounès, celui de l’avocat Miloud Brahimi auteur de En mon âme et conscience, ou encore le dernier livre de Benaouda Lebdaï, Winnie Mandela – Le mythe et la réalité.
– Anep éditions
Les éditions Anep sont présentes au Sila avec 33 nouveaux ouvrages. Faisant la part belle aux jeunes auteurs, l’ANEP a permis a Mohamed Abdallah d’y signer son second ouvrage, Souvenez vous de nos sœurs de la Soummam. Des plumes plus rodées au Sila viendront leur prêter main-forte.
Il s’agit notamment de Merzak Bagtache, lauréat du Grand prix Assia Djebar du roman 2017, pour son roman en arabe El Matar Yaktoub Massiratihi, La pluie écrit ses mémoires, Belkacem Meghzouchen, pour son ouvrage Mouabin al-Mahroussa youadin fi Florença et Yamina Chellali, auteure de Yamina Chellali, une femme au maquis. Mostefa Khiati dédicacera Les irradiés algériens, un crime d’Etat.
Mohamed Balhi dédicacera Dey Hussein, dernier souverain d’El Djazaïr (1818-1830). Au rayon Essais figure notamment La civilisation musulmane, de Mostapha Chérif et Les voies de la paix, Rahma, concorde et réconciliation, d’Ammar Belhimer. Pour les enfants, l’ANEP propose une série de biographies des plus grands personnages historiques algériens.
– Chihab éditions
La rentrée littéraire de Chihab éditions est marquée par le formidable récit de Jean François Garde, enseignant coopérant à Batna de 1966 à 1969, sur ses années «algériennes» dans un ouvrage intitulé A la rencontre des Aurès. La maison Chihab édite également Les couffins de l’equinoxe, recueil de nouvelles d’Ameziane Ferhani, et les romans Aimer Maria, de Nassira Belloula, et Sentiments irradiés de Djamel Mati. A noter, par ailleurs que Pluies d’or, de Mohamed Sari, traduit vers le tamazight est également disponible au stand Chihab.
– Koukou éditions
Les éditions Koukou apportent une once d’audace à ce Sila 2018 à travers les ouvrages Democtature, de Me Mokrane Aït Larbi, Les Derniers jours de Muhammad, de Hela Ouardi, ainsi que l’ouvrage aussi nécessaire qu’ambitieux de la psychanalyste Karima Lazali, Le trauma colonial.
– Apic éditions
La maison Apic fête cette année le dixième anniversaire de la série Dissonances, donnant la voix à de grands penseurs s’intéressant au monde arabe et aux troubles du monde contemporain. Un hommage sera, à cette occasion rendu à feu Samir Amin. La maison Apic publie par ailleurs Le système éducatif dans l’Algérie coloniale, de Kamel Kateb, Les sciences arabes en Afrique, ou encore le roman Au secours Morphée ! d’Akram El Kébir.
*EL WATAN MAGAZINE — jeudi 01 NOVEMBRE 2018
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Tentative de censure des livres de Mokrane Aït Larbi et de Hela Ouardi
Le journaliste et directeur des éditions Koukou, Arezki Aït Larbi, dénonce une tentative de censure des deux ouvrages exposés dans son stand au Salon international du livre d’Alger (SILA 2018). «Mardi 30 octobre vers 18h, cinq individus en costard se disant “membres de la commission de lecture du ministère de la Culture” se sont présentés au stand de Koukou Editions, au Sila (pavillon central, stand D n°31).
Prétextant un problème de coordination entre le commissariat du Sila et le ministère de la Culture, ces fonctionnaires ont tenté de saisir deux ouvrages, pourtant légalement édités en Algérie», précise l’éditeur dans un communiqué rendu public hier matin. Les livres ciblés par cette tentative de censure sont, selon la même source, Les derniers jours de Muhammad, enquête sur la mort mystérieuse du Prophète, de l’universitaire tunisienne Hela Ouardi et Démoctaturia, des événements d’Octobre 88 au 4e mandat (en arabe) de l’avocat algérien Mokrane Aït Larbi. «Après avoir rappelé aux préposés à la censure que l’interdiction éventuelle d’un livre relevait de la seule compétence du pouvoir judiciaire, nous leur avons opposé un refus catégorique de leur remettre les livres “litigieux”, sans une décision émanant d’un magistrat», explique l’éditeur. Arezki Aït Larbi rappelle, dans ce sens, le contenu de l’article 44 de la Constitution. «(…) La mise sous séquestre de toute publication, enregistrement ou tout autre moyen de communication et d’information ne pourra se faire qu’en vertu d’un mandat judiciaire. Les libertés académiques et la liberté de recherche scientifique sont garanties», précise l’article en question.
Ainsi l’éditeur condamne une violation de la Constitution. «Au-delà du nécessaire débat qu’appellent les livres “litigieux”, cette tentative de censure – pour l’instant avortée – est une violation de la Loi fondamentale. Parce que nous sommes respectueux des seules lois – écrites – de la République, nous refusons de nous soumettre à l’arbitraire des bureaucrates qui tentent d’usurper les prérogatives du magistrat et nous userons de tous les moyens légaux pour faire respecter nos droits d’éditeur et nos libertés de citoyen», ajoute le directeur des éditions Koukou dans son communiqué.
Réagissant à cette intimidation, le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), Saïd Salhi, témoigne sa solidarité avec les éditions et exprime son «indignation contre ces pratiques d’un autre temps, contre le retour à l’ère de la pensée unique, pourtant révolus». «Les libertés d’opinion, d’expression sont garanties par le droit. Les libertés académiques le sont aussi dans la dernière Constitution de 2016, aucun argument ne peut justifier ces pratiques. Ces ouvrages ne font ni l’apologie de la haine ni celle de la violence ou autres formes de discrimination, bien au contraire, ils participent au débat, si important dans notre société, sur les modes de gouvernance, la place de la justice, pour le premier ouvrage de MeMokrane Aït Larbi, et de la place de la religion, du sacré et de l’histoire combien controversée, dans le second ouvrage de Hella Ouardi», indique-t-il.
*EL WATAN — jeudi 01 NOVEMBRE 2018
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Programme détaillé du SILA 2018
**AYMEN ALLECHE / .vinyculture / 20 octobre 2018
Le Salon International du Livre d’Alger (SILA) qui se tient depuis le 29 octobre et qui se terminera le 10 novembre 2018 a dévoilé une partie de son programme pour sa 23ème édition. Voici les programmes détaillés des ventes-dédicaces par maison d’édition, de « L’esprit Panaf » et du « Haut commissariat de l’Amazighité » :
Programme ventes-dédicaces :
- Médias Index :
Jeudi 1 novembre (14h) : Faïza Acitani
Vendredi 2 novembre (10h) : Mehdi Messaoudi
Samedi 3 et dimanche 4 novembre (10h) : Ouarda Baziz Cherifi
Jeudi 8 novembre (14h) : Djamila Abdelli Labiod
- Casbah Éditions :
Mardi 30 octobre, 15h. : Mohamed Sadoun et Meriem Guemache.
Mercredi 31 octobre, 15h. : Achour Raïs et Abdelaziz Grine.
Jeudi 1 novembre, 15h. : Yasmina Khadra.
Vendredi 2 novembre, 15h. : Cheikh Khaled Bentounes, Farhi Abdelmoaiz et Sadia Barèche.
Samedi 3 novembre, 15h. : Yasmina Khadra.
Dimanche 4 novembre, 15h. : Mohamed Khelladi, Benaouda Lebdai et Messaoud Djennas.
Lundi 5 novembre, 15h. : Meriem Guemache et Anys Mezzaour.
Mardi 6 novembre, 15h. : Aïcha Kassoul auteure et Farid Kacha.
Mercredi 7 novembre, 15h. : Djoher Amhis-Ouksel, Mustapha Chérif et Ahmed Benzelikha.
Jeudi 8 novembre, 15h. : Miloud Brahimi.
Vendredi 9 novembre, 15h. : Hosni Kitouni, Akli Tadjer et Amèle El-Mahdi.
- Éditions Apic : (à partir de 15h pour toutes les dates)
Vendredi 2 novembre : Akram El Kebir et Youcef Merahi
Samedi 3 novembre : Ahmed Djebbar et Akram El Kebir
Dimanche 4 novembre : Hamid Larbi, Youcef Tounsi et Hubert Haddad
Lundi 5 novembre : Dominique Devigne, Denis Martinez, Alloula, Youcef Tounsi et Hamid Larbi.
- Editions Alpha : (à partir de 14h30 pour toutes les dates)
*Mardi 30 octobre : Abdelkader Bendamèche.
Mercredi 31 octobre : Zhour Ounissi et Hamid Bilek.
Jeudi 1 Novembre : Amar Belkhodja.
Vendredi 2 novembre : Mohammed Alih.
Samedi 3 novembre : Zhour Ounissi.
- Editions Anep :
Mardi 30 octobre : Merzac Bagtache et Belkacem Meghzouchen.
Mercredi 31 octobre : Ammar Belhimer et Mustapha Chérif.
Jeudi 1er novembre : Yamina Chellali et Mostefa Khiati.
Vendredi 2 novembre : Kader Ferchiche, Amina Mekahli et Mohamed Abdallah.
Samedi 3 novembre : Brahim Romani, Amine Kherbi et Abdelmadjid Ibn Tchoubane.
Dimanche 4 novembre : Hamid Zouba, Ahmed Bessol Lahouari et Nazim Bessol.
Lundi 5 novembre : Ginette Aumassip et Sid-Ahmed Kerzabi ainsi que Mohamed Balhi.
Mardi 6 novembre : Kamel Bakiri et Lila Benzaza.
Mercredi 7 novembre : M’hamed Houaoura.
Jeudi 8 novembre : Abdelkrim Tazaroute.
Vendredi 9 novembre : Mohamed Malaïka et Mohamed Bouazzara.
- Barzakh :
- El-Kalima éditions :
– Felix Colozzi du 30/10 au 10/11/2018, de 10h à 17h
– Le professeur Guy Dugas du 2 au 4 novembre 2018 de 10h à 17h
– Djillali Bencheikh le 3, 4, 5 Novembre 2018, de 10h à 17h
– Linda Chouiten le 1, 7, 9, 10 novembre 2018 de 10h à 17h
– Amar Belkhoudja le 2 novembre 2018 de 10h à 17h
– Yamina Cherrad du 30 au 10 de 10h 16h
– Zoubeida Mameria tous les jours du 30 au 10 novembre.
– Mansouria Medereg Belkheroubi le 04 novembre de 10h à 16h
– Belkacem Rouache du 30/10 au 10/11 de 10h à 17h
– Hadj Miliani le 8 novembre 2018 à 15h
- Hibr Editions :
- Z-Link :
Matougui Fella : Jeudi 1er novembre et Samedi 03 novembre.
Saihia Ahlmed/Rachid/Adjabi Rassim : du 1 au 05 novembre.
Said Sabaou signera : Mardi 02, mercredi 3 novembre aussi vendredi 09 et samedi 10 novembre 2018.
Nattif : Mercredi 31 novembre, mardi et mercredi 06 et 07 novembre et le samedi 10 novembre.
Oudjiane Sidali : mardi 30 octobre et Samedi 03 novembre.
Boulkaboul Amina (Lost Land) : Samedi 03 novembre – Samedi 10 novembre2018.
- Editions Frantz Fanon :
LE MARDI 30 OCTOBRE 2018
Bachir Dahak signe son livre Les Algériens, le rire et la politique. Depuis 1962 à nos jours de 11h00 à 18h00.
LE MERCREDI 31 OCTOBRE
Rachid Boudjedra signe ses deux livres Chroniques d’un monde introuvable et son pamphlet التاريخ زناة de 10h30 à 14h00.
Bachir Dahak signe son livre Les Algériens, le rire et la politique. Depuis 1962 à nos jours de 14h30 à 18h00.
LE JEUDI 01 NOVEMBRE
Rachid Boudjedra signe ses deux livres Chroniques d’un monde introuvable et son pamphlet التاريخ زناة de 11h00 à 18h00.
LE VENDREDI 02 NOVEMBRE
Hedia Bensahli signe son roman Orages de 11h00 à 18h00.
LE SAMEDI 03 NOVEMBRE
Ahmed Gasmia signe son roman Promesse de bandit de 14h00 à 18h00.
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Le livre otage du gouvernement
En reconnaissant la crise du livre lors de l’inauguration du Sila 2018, Ahmed Ouyahia commet un truisme qui remplit passablement le vide créé par l’indifférence, celle de l’Etat face à l’agonie de l’édition en Algérie et l’ensemble des métiers liés au livre.
Quel que soit le succès de ce Salon et ses millions de visiteurs, il est devenu impossible de cacher l’échec national à faire des Algériens des lecteurs, en les encourageant et en leur garantissant les conditions nécessaires pour ce dans ce sens, tel qu’énoncé dans le droit constitutionnel à la culture. Il s’agit de la politique nationale du livre, pilier de la politique culturelle du pouvoir exécutif.
Certes, en la matière, Ahmed Ouyahia n’est pas un champion, et son mépris envers ces choses n’est pas à démontrer. En témoigne la réduction de près de 80% du budget de la culture depuis le déclenchement de la crise économique et le maintien de Azzedine Mihoubi à la tête du secteur, en dépit de la contestation générale.
La réalité du livre est faite de promesses non tenues et de rendez-vous ratés par les gouvernements successifs. Durant le règne de Bouteflika, l’argent a coulé à flots, faisant prospérer les éditeurs, même si une faune de parasites a vite fait de vampiriser le secteur. En tout cas, cette branche a pris des couleurs et des milliers de titres ont envahi les étals.
En parallèle, les professionnels ont tenté de défendre au mieux le livre au niveau institutionnel afin de moderniser le marché, conforter les maillons faibles, tels que le métier de libraire, ou encore introduire la lecture de textes littéraires dans les programmes scolaires. Ces acquis auraient pu fournir les anticorps au secteur et le prémunir en ces temps difficiles de crise.
Hélas, depuis la promulgation en juillet 2015 de la loi n°15-13 relative aux activités et au marché du livre, et au bout de trois années, les professionnels ont perdu espoir de voir libérer les textes d’application par le ministère de tutelle. Une autre loi censée soulager le secteur, la loi de finances 2010, avait exonéré d’impôt le papier destiné à la fabrication du livre, et le Premier ministre n’ignore certainement pas que ce cette loi n’a jamais été appliqué, faute de textes d’application. Autant en emporte le vent.
Le gouvernement ne tient pas ses promesses faites aux lecteurs comme aux gens de métier, à quoi s’ajoute sa résistance légendaire à l’idée de détaxer le livre pour le rendre accessible. Ce qui affecte sensiblement le secteur et participe inévitablement à l’extinction de la création et de la lecture.
Privés de ces moyens structurants et exposés aux quatre vents de la crise économique, les éditeurs et libraires, même les plus téméraires, souffrent de la disette et font face à la faillite. Quand M. Ouyahia leur demande de «tenir bon face à la crise», il est difficile de le prendre au sérieux, car c’est lui-même qui empêche le livre d’être à la portée des Algériens.* NOURI NESROUCHE - elwatan - jeudi 01 NOVEMBRE 2018
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21è salon international du livre-Alger
du 27 octobre au 5 novembre 2016
au Palais des Expositions des Pins maritimes.
–avec la participation de 968 maisons d’édition
**L’Egypte invitée d’honneur, Retour de la Russie
Cinquante pays ont confirmé leur présence au 21e Salon international du livre d’Alger (Sila) qui se déroulera du 27 octobre au 5 novembre au Palais des expositions des Pins maritimes, Safex, à l’est de la capitale.
Les pavillons du Palais seront occupés par 968 maisons d’édition dont 265 algériennes. «Le livre, totale connexion» est le slogan choisi pour l’édition de cette année avec l’Egypte comme pays invité d’honneur. «Le choix de l’Egypte est motivé par les bonnes relations qui existent entre les deux pays et la culture millénaire de ce pays.
L’Egypte a donné à la littérature arabe, un Nobel de littérature, Naguib Mahfoud», a précisé Hamidou Messaoudi, commissaire du Sila, lors d’une conférence de presse tenue hier à la Bibliothèque nationale d’El Hamma, à Alger. «Le volet culturel est un élément important de notre coopération avec l’Algérie. La culture est le pont des peuples, sans visa et sans barrière douanière. Nous serons présents avec de la littérature, du cinéma et de la musique», a annoncé, pour sa part, Omar Ali Abou Aich, ambassadeur d’Egypte à Alger.
L’Inde, la Grèce et le Canada participeront pour la première fois à la manifestation, alors que la Russie marquera son retour après une absence de six ans. Le comité d’organisation espère dépasser la barre des 1,5 million de visiteurs enregistrés lors de la précédente édition. «Nous souhaitons atteindre les deux millions de visiteurs surtout que le Sila coïncide avec les vacances scolaires.
L’affluence du public est un facteur déterminant pour la réussite d’un Salon. Toutes les conditions sont réunies pour permettre la venue du public, surtout que le parking du Palais des expositions a été aménagé. Tout est fin prêt pour recevoir les éditeurs, les visiteurs et les invités du Sila», a soutenu Hamidou Messaoudi, saluant l’effort des sponsors pour soutenir financièrement le Salon.
Le budget du sila a été réduit de 50% en raison de la politique d’austérité du gouvernement. Le règlement intérieur du Salon a été amendé pour interdire le dépôt des livres à même le sol au niveau des stands. «Les éditeurs doivent se débrouiller pour éviter cette humiliation faite aux livres. Je rappelle que le commissariat du Sila s’occupe des procédures douanières. L’éditeur étranger ou algérien est mis à l’aise puisqu’il trouve ses ouvrages dans son stand», a précisé le responsable du Salon. Selon lui, le nombre d’exemplaires de livres exposés au Sila n’a pas été augmenté. «Nous n’avons rien changé. Chaque éditeur a le doit de mettre en vente 200 exemplaires pour chaque livre paru en 2015 et en 2016, 50 exemplaires pour les ouvrages parus en 2013 et 2014», a-t-il dit.
Des réserves sur 131 titres
Le comité de lecture présidé par le directeur du livre au ministère de la Culture, Ahcène Mermouri, a retiré 131 titres sur plus de 30 000 titres prévus au Sila 2016. «Il s’agit de 0,03%, quantité négligeable selon les physiciens. Le comité, qui travaille depuis le 12 mai dernier, a remis la liste des livres sur lesquels des réserves ont été exprimées le 27 septembre. Il ne s’agit ni d’une censure ni d’une interdiction, mais de mesures préventives. L’article 8 de la loi sur le livre interdit la circulation de livres contraires à la Constitution, à l’islam, aux autres religions ou qui font la propagande du terrorisme ou de l’extrémisme ou qui glorifient le colonialisme et le racisme», a indiqué M. Mermouri.
Le même texte de loi interdit, selon lui, la vente de livres qui portent atteinte à la souveraineté, à l’unité et à l’identité nationales, aux valeurs culturelles de la société, aux impératifs de sécurité ou de défense. «Notre travail se poursuivra durant les journées du Salon. Le bureau du comité restera ouvert», a-t-il noté. «Il faudrait savoir ce que l’on veut. Lorsque l’on trouve un livre qui a échappé à la vigilance du comité de lecture dans les stands, on organise tout un tapage. Et lorsque l’on retire un livre, on nous demande pourquoi. C’est vrai qu’il y a internet, chacun est libre de lire ou de publier ce qu’il veut. Mais, nous, au Sila, on ne veut pas de livres qui portent atteinte à nos valeurs et à notre société», a déclaré Hamidou Messaoudi.
Une centaine d’invités
Le comité d’organisation a invité une centaine de personnalités pour animer une vingtaine de conférences et de rencontres-débats. «60 invités sont Algériens et 28 viennent des pays arabes. Nous avons donc donné la priorité aux écrivains et auteurs algériens. C’est après tout, notre fête ! Nous avons donné la chance à tout le monde, y compris aux écrivains de la troisième génération, ceux notamment qui ont décroché l’année dernière le prix Assia Djebar du meilleur roman. Ils seront entourés par le grand romancier Waciny Laredj», a soutenu le responsable du Sila.
Selon Djamel Chaâlal, directeur de la communication du Sila, le programme des activités culturelles a été préparé en concertation avec plusieurs institutions culturelles et scientifiques ainsi que des représentations diplomatiques. «Nous avons programmé au moins 17 rencontres. Il s’agit de débats ouverts avec des écrivains et des intellectuels. Nous avons également programmé des projections de films. Le pays invité, l’Egypte, a également préparé son propre programme qui va s’étaler sur toute la durée du Salon», a-t-il indiqué.
Le Sila 2016 rendra hommage, entre autres, à Boualem Bessaih, Cheikh Bouamrane, Rachid Aït Kaci, Nabile Farès, Abderrahmane Zakad, Salah Khebbacha, Hamid Nacer Khodja et Mouloud Mechkour, disparus cette année.
Le cinéaste franco-grec, Costa Gavras, sera également à l’honneur. «Costa Gavras n’est plus à présenter tant son engagement avant-gardiste est connu de tout le monde. Ses films seront projetés à la salle Ali Maâchi et à la Cinémathèque d’Alger», a précisé Djamel Chaâlal. Le samedi 29 octobre, Cervantes et Shakespeare seront célébrés à la faveur des 400 ans de leur disparition. Deux débats leur seront consacrés, animés, entre autres, par Issa Islam (Grande-Bretagne), Mohamed Kali (Algérie), Rafael Valencia (Espagne) et Adriana Lassel (Algérie-Chili).
L’Esprit Panaf, l’espace consacré aux littératures africaines, change de place, passe du pavillon central au pavillon G. Plusieurs conférences et rencontres y sont prévues autour de thématiques variées comme «Les littératures africaines entre langues d’expression et langues d’écriture», «Anglophones, lusophones ou francophones : l’Afrique et ses littératures plurielles», «Les éditions numériques, l’Afrique s’y met» et «La poésie africaine, un monde de musique et de couleurs». Enfin, Hamidou Messaoudi a annoncé que le prix Assia Djebar du meilleur roman algérien ne sera pas remis durant le Salon, mais en décembre prochain.
***Des Rendez-vous à retenir
Jeudi 27 octobre Salle du Sila, 11h
Information et culture, côte à côte ou face-à-face ?
«C’est un débat proposé par Monsieur Le ministre de la Culture. Nous avons constaté en tant que lecteurs que la presse ne donne pas assez d’espace à la culture. Notre souhait est que les journalistes s’intéressent davantage aux nouvelles publications, au théâtre, au cinéma… », a déclaré Messaoudi Hamidou, commissaire du Sila. Participeront à ce débat Saïd Khatibi, Belkacem Mostefaoui, Saâd Bouakba (Algérie) et Hassen Nedjmi (Maroc).
Salle Ali Mâachi, 14h et 16h
Projection des chefs-d’œuvre du cinéma égyptien : Saladin de Youcef Chahine et La Momie de Chadi Abdeslam.
Vendredi 28 octobre
Salle Ali Maâchi, 14h
Journée islam. Une journée consacrée au ministère des Affaires religieuses. Toutes les publications de ce département seront exposées et présentées au public avec débats.
Samedi 29 octobre
Salle du Sila, 14h
Littérature algérienne, 3e génération.
Une rencontre parrainée et modérée par le romancier Waciny Laredj. Elle sera divisée en deux parties : «Les thématiques chez les jeunes auteurs» et «Les expériences en écriture». La rencontre sera animée par, entre autres, Hadjer Kouidri, Mustapha Benfodil, Nassima Bouloufa, Abdelwahab Aissaoui, Kaouther Adimi, Abderrazak Boukeba et Amine Aït El Hadi.
Dimanche 30 octobre
Salle El Djazaïr, 17h
Chemins d’exil, pistes d’écriture : les mouvements migratoires dans les littératures africaines. Débat en présence de Abdelkader Messahel, ministre chargé des Affaires maghrébine, de l’Union africaine et de la Ligue arabe.
Lundi 31 octobre Salle du Sila, 14h
Rencontre : Quand la littérature va à l’école. Présence de la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit. Débat autour des expériences dans le monde et en Algérie. «Des groupes d’élèves visiteront le Salon et certains de nos invités de marque iront dans les collèges et les lycées», a annoncé Djamel Chââlal. *Fayçal Métaoui / el watan / dimanche 23 octobre 2016
*** Yasmina Khadra, persona non grata au SILA
Le célèbre écrivain algérien, Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, auteur de plusieurs romans considérés comme des best-sellers dans de nombreux pays, n’a pas été invité au salon international du livre d’Alger qui se déroulera du 26 octobre au 05 Novembre 2016 palais des expositions des Pins Maritimes.
“Chères lectrices, chers lecteurs, je suis sincèrement désolé de ne pouvoir me joindre à vous à l’occasion du Salon du Livre d’Alger. Cette année encore, les organisateurs du SILA n’ont pas jugé utile de m’inviter. Il ne s’agit donc ni d’un caprice de ma part ni d’un engagement ailleurs”, explique sur sa page Facebook l’écrivain algérien. “J’aurais aimé vous revoir, vous rencontrer, vous écouter et puiser un peu de force en retrouvant intact votre engouement pour le livre et pour les écrivains. Mais, bon… Toutes mes excuses”, ajoute encore sur un ton amer l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages. Pour rappel, Yasmina Khadra est traduit en trente deux langues. Il est l’un des ambassadeurs de la culture algérienne dans le monde. Mais ses virulentes attaques et critiques envers le régime politique actuel lui ont valu une excommunication au sens propre du terme.**algerie-focus./ lundi 24 octobre 2016
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«Vu la conjoncture économique actuelle, je ne m’attendais pas à un salon aussi riche et diversifié, je suis assez surpris, l’engouement des algériens est sans pareil et les efforts consentis par le ministère de la culture ont donné leurs fruits.» s’exclame Jihad Baydoune, de la maison des livres scientifiques,
Le stand iranien séduit surtout par les couleurs chaudes de ses ouvrages, et la calligraphie de ses lettres, puisqu’ils sont tous en langue perse «Les livres sont uniquement pour l’exposition, car nous n’avons pas de livres en langue arabe. En Iran, on a des trésors littéraires, des livres très diversifiés dans plusieurs secteurs, mais uniquement en perse ou en kurde, la dynamique de la traduction est encore faible chez nous, mais j’espère revenir au SILA avec beaucoup de livres traduits en arabe, et que le lecteur de la chère Algérie puisse les lire », confie le Dr Moussa Bidaj, poète, traducteur et rédacteur en chef du magazine Cheraz, une fenêtre arabophone sur la littérateur iranienne.
A quelques allées de là, les stands syrien, marocain, tunisien, jordanien, émirati, saoudien, sont aussi présents et très présents, avec des collections plus riches les unes que les autres.
Et du côté européen ?
La France, l’Italie, la Belgique, la République Tchèque, la Délégation Européenne ont également marqué leur présence avec beaucoup d’ouvrages. L’Espagne à titre d’exemple, expose pas moins de 101 livres, dont 11 traduits en arabe, le reste en espagnol, essentiellement des romans, qui retracent la vie de Cervantès.
L’auteur de « Don quichotte de la mancha » sera également honoré à travers une journée d’études dédiée à l’œuvre de l’un des grands auteurs de la planète, de même que le monument de la littérature universel William Schakespeare, aura une place importante dans le programme dédié à l’auteur de «songe d’une nuit d’été», et c’est en collaboration avec le British council .
Du côté des écrivains, de remarquables titres exposés en attente d’être vendus et dédicacés par leur auteurs, comme ces deux médecins, français qui co-écrivent des livres depuis des années, ils sont à leur 6eme titre qui vient de sortir à Alger et qui est intitulé « Siamoises »
«C’est la 2eme fois qu’on vient au SILA, mon ami Michel et moi, on aime beaucoup venir, parce que c’est un moment de convivialité, il y a beaucoup de monde, on dédicace beaucoup …c’est bien de se retrouver face à ses lecteurs, ça permet des échanges et de voir que l’intérêt de la littérature est très important en Algérie » Confie Djamil Rahmani, médecin et écrivain.
«Djamil et moi, on se connait depuis la nuit des temps, on a fait des études de médecine ensemble, et on exerce toujours la médecine, et comme on passe beaucoup de temps ensemble, un jour on a décidé d’écrire… et aujourd’hui on fête notre 6èm roman « Siamoises » qui vient de sortir en Algérie » confie Michel Canesi. Au sujet du Salon d’Alger il dira « Quand je vois la ferveur qu’il y a ici, je suis très surpris, la dernière fois que je suis venu, il y a quelqu’un qui m’a dit j’ai fait 500 kms pour vous rencontrer, et pour me faire dédicacer votre livre, il y a une ferveur de l’Algérien vis-à-vis de la lecture, c’est très touchant. » ajoute Michel Canesi.
Professeur de relations internationales à l’Université d’Alger, Abderezak Djerad, n’est pas à son premier livre puisqu’il a déjà 5 à son actif, mais c’est la 1ère fois qu’il participe au SILA avec son ouvrage «La géopolitique, repères et enjeux» paru aux éditions Chihab. «Le SILA est un moment fort qui permet au livre de retrouver sa place dans le paysage culturel en Algérie, les gens viennent avec leurs enfants et en famille, cela traduit la curiosité intellectuelle qu’il y a chez les jeunes et moins jeunes, et ça fait vraiment plaisir.»
La révolution numérique
La révolution numérique est au cœur des priorités, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a insisté lors de l’ouverture du salon, sur l’importance et l’urgence de la révolution numérique. A ce propos le jordanien Basheer Al Nasser, Directeur général d’El Manhal nous explique son concept «Notre travail est de convertir les livres académiques, les magazines scientifiques ainsi que les mémoires universitaires en livres électroniques, cela permettra au livre d’être vu, lu, promu et traduit aux quatre coins du monde, et nous aspirons à des collaborations avec le ministère algérien de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.»
La représentante du Sénégal, Hulo Guillabert, directrice général de Diasporas Noires qui revient en Algérie après une première participation au Festival des arts contemporains Fiac «Je suis parmi les premières femmes en terme d’édition numérique dans toute l’Afrique de l’ouest, j’ai débuté en 2011 avec ma maison d’édition, j’ai publié plus de 30 livres dont celui d’un auteur algérien Arezki Amaris, ainsi que des écrivains du Cameroun, du Côte d’ivoire et des romanciers de France et d’ailleurs »
Dans le stand Panaf, ses voisins Maliens et Camerounais étaient présents … Le Canada vient conquérir un public francophone avec son immortel académicien Dany Laferiere, les Japonais, les Russes, les Grècs, les Suisses, les Vénézuéliens sont venus ils sont tous là. Le Mexique a innové cette année en invitant le grand écrivain mexicain Alberto Rué Sanchez qui montera les estrades du SILA en compagnie du grand réalisateur Costa Gavras.
Populaire, familial et convivial, le Salon passionne ses nombreux visiteurs qui viennent découvrir et acquérir des livres, se laisser surprendre par d’autres cultures, et faire de belles rencontres littéraires.
Le salon du livre c’est aussi un RDV majeur pour tous les professionnels de la plume, et un moment clé pour tous les bibliophiles.
A deux jours du 1er novembre, le SILA réinvente l’esprit novembriste en réhabilitant les étrangers, ces justes qui ont pris part au combat libérateur, un devoir de mémoire envers ces hommes et ces femmes qui ont opté pour la cause juste de l’indépendance, une indépendance qui a vu l’arrivée d’un médecin poète bulgare Vera Ketova, une femme exceptionnelle qui a été sublimée par l’Algérie profonde, et qui a déclamé la beauté de Mostaganem en vers ciselés d’une beauté onirique «J’emporte dans ma valise un vrai trésor caché d’un lointain jardin, un bout de terre, comme un bijou offert par un être cher, en souvenir d’une ville nommée Mostaganem.»
Cette grande dame déc
ernée de médaille et distinction à travers le monde, sera l’une des invités d’honneur du SILA 2016. Une édition qui fermera ses portes le 5 novembre prochain, avis aux retardataires ! *Par Amina Lakri| 31 Octobre 2016 | algerie1.com
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*Ahlem Mosteghanemi, la princesse à la robe blanche
Vêtue de blanc, la romancière algérienne, Ahlem Mosteghanemi, ressemblait, dimanche 30 octobre au Palais des expositions des Pins Maritimes, à l’est d’Alger, à une princesse.
Le blanc lui va si bien, elle qui a écrit sur le noir ! Cela fait longtemps que l’auteure de Dhakiratou al jassad (Mémoires de la chair) n’a pas marqué de sa présence le Salon international du livre d’Alger (Sila).
Elle est revenue par la grande porte pour la 21e édition. Montant les escaliers sur tapis rouge, aux côtés de Hamidou Messaoudi, commissaire du Sila, elle a constaté, quelque peu étonnée, qu’une foule compacte s’est constituée devant l’entrée du pavillon central attendant son arrivée.
Elle a passé tout l’après-midi de dimanche à signer et dédicacer ses ouvrages au stand du ministère de la Culture, assise près d’un bouquet de roses, entourée de centaines de fans. Il a fallu la mise en place d’un dispositif de sécurité pour ne pas encombrer les allées du Salon. Debout, les lecteurs ont attendu pendant des heures pour se faire signer un roman de l’écrivaine. Tous ses romans sont des best- sellers dans le monde arabe et ailleurs. «Je suis ravie. Le lecteur algérien aime le livre et son auteur.
L’amour des Algériens est beau et effrayant à la fois. Un amour si fort !», a déclaré Ahlem Mosteghanemi aux journalistes qui ont difficilement pu tendre leur micro. Elle a rendu un hommage au petit génie Mohamed Abdallah Farhdjelloud, qui, à 7 ans, a décroché dernièrement le Prix du concours panarabe, Tahadi al Qira’a al aârabi (Arab reading challenge) aux Emirats arabes unis. Selon elle, les Algériens sont capables de beaucoup de réussite, beaucoup de choses. «Il faut juste réunir les conditions», a-t-elle affirmé. Critiquée, jalousée et attaquée par les cercles salonards de la bien-pensance et les détenteurs des «clés» de «la haute» littérature, la romancière est, de loin, la plus populaire des écrivains algériens. Les jeunes étaient ravis de se prendre en photo avec elle.
Certains étaient même en pleurs. Chaleureuse, la romancière n’hésitait pas à aller vers la foule, touchant la main à ses fans avec beaucoup de sincérité et de bonheur. A quelques mètres du stand du ministère de la Culture, la salle Sila abritait, dimanche, une conférence de Waciny Laredj, autre écrivain populaire, venu présenter son dernier roman, Les femmes de Casanova, publié aux éditions Enag. Sur son lit de mort, Casanova, qui, à l’origine devait s’appeler Loth dans le roman, réunit ses quatre femmes pour leur faire ses adieux. «L’homme, qui a perdu le pouvoir, peut à peine parler. Il reçoit ses épouses chacune à part.
Et chacune d’elle raconte sa propre histoire, lui avoue ce qu’il ne connaissait pas. Les femmes savent que leur époux n’a plus de force, donc se permettent d’être franches, frontales. Casanova était face à quatre Sherazad», a souligné Waciny Laredj. C’est le début d’une trame à travers laquelle Waciny Laredj donne «un visage», voire «un caractère», algérien au séducteur et magicien vénitien. L’œuvre explore les relations femmes-hommes mais également les rapports, parfois conflictuels et ambigus, des femmes entre elles. Waciny Laredj renoue donc avec le roman psycho-social après une longue période «politique» avec notamment ces deux derniers romans, 2084, le dernier arabe et Les cendres de l’Orient.
Territoire de l’imaginaire
L’auteur canado-haïtien, Dany Laferrière, l’un des grands invités du Sila 2016, a précédé Waciny Laredj à l’estrade Sila. L’auteur de L’Enigme de retour a développé avec beaucoup de modestie sa vision de la littérature et du monde actuel. «Pour savoir d’où vient un écrivain, visitez sa bibliothèque», a-t-il conseillé aux journalistes qui l’entouraient après sa conférence. Entre deux signatures de ses ouvrages, Dany Laferrière, qui semble être bien apprécié par les lectrices, a confié qu’il appartient au territoire de l’imaginaire et qu’il n’aime pas trop qu’on parle d’«exil» à propos de son voyage de Haïti à Montréal, au milieu des années 1970, où il avait travaillé dans une usine avant de connaître la gloire grâce à l’écriture. L’auteur de L’Art presque perdu de ne rien faire adore le contact direct avec les lecteurs. «Des lecteurs qui vous aiment sans vous connaître. Qui vous aiment à travers vos livres.
Quel sentiment fabuleux !», a-t-confié. Samedi 29 octobre, l’affluence du public est plus importante que la veille au Sila. Temps ensoleillé, petite brise marine au Palais des expositions des Pins Maritimes (Safex) à l’est d’Alger. Un nouveau projet se prépare, semble-t-il, au niveau de ce palais qui fait face à l’hôtel Hilton. Il est question de construire des tours d’affaires, des hôtels et des parcs à thèmes. Le gouvernement a, aux dernières nouvelles, donné son accord pour le lancement de ce projet, qui sera soutenu par un montage financier. Le pavillon central et les deux pavillons situés autour de la placette devraient être épargnés de la destruction, mais temporairement. Le Sila doit d’ores et déjà «penser» à un autre lieu d’hébergement, à moins de revenir à…l’architecture éphémère. Messaoudi Hamidou a tenu parole.
Dès le deuxième jour, une quarantaine de maisons d’édition arabes et algériennes ont été mises en demeure après avoir déposé des ouvrages à même le sol. «Nous ne voulons plus de cette humiliation du livre. Rendez-vous compte, même le Coran est jeté par terre», a estimé le responsable du Salon. Selon le règlement intérieur du Sila, la vente en gros des livres est interdite. Ce samedi 29, la venue du ministre égyptien de la Culture, Hilmi Nemnem, et celle de son homologue algérien, Azzedine Mihoubi, ont créé une petite ambiance devant l’entrée du pavillon central. L’Egypte est le pays invité d’honneur du Sila 2016. Wacincy Laredj dédie son roman
Les femmes de Casanova au ministre égyptien. Hilmi Nemnem, qui évoque le renforcement de la coopération culturelle entre les deux pays, annonce que l’Algérie sera le pays invité d’honneur au Salon du livre du Caire en 2018. Azzeddine Mihoubi a annoncé, pour sa part, qu’une discussion est menée pour concrétiser le projet de coproduction de deux films. Il a plaidé pour un échange plus dense entre les maisons d’édition des deux pays et pour la coédition des livres. Chaque jour, le stand égyptien, situé devant l’entrée principale du pavillon central, abrite des débats sur la culture, les arts et l’histoire du pays des Pyramides. Des enregistrements vidéo d’anciennes conférences données au Salon du Caire par les poètes Mahmoud Darwich et Nizzar Kibbani seront projetés au public au niveau du même stand.
Génération
Haitham El Hadj Ali, président de l’Organisation publique égyptienne du livre et chef de délégation, a parlé des difficultés de l’industrie éditoriale en Egypte. «Nous importons 70% de la matière première, comme les encres et le papier. Cela se répercute directement sur le prix des livres. Mais l’Etat, à travers le projet Maktabat al ousra, soutient le prix des livres jusqu’à 40%», a-t-il souligné, plaidant pour l’édition numérique. Pour lui, la coédition des ouvrages et des revues entre l’Algérie et l’Egypte, par exemple, va régler beaucoup de problèmes.
«Cela va faciliter la circulation des livres entre nos deux pays et dépasser les difficultés liées aux procédures douanières, administratives ou de transport», a-t-il confirmé. Dans l’après-midi, Waciny Laredj a animé un débat sur «la littérature algérienne, 3e génération» au niveau de la salle Sila. Devant un public nombreux, de jeunes auteurs, parfois intimidés, ont parlé de leur expérience, se sont réservés sur le générique de «3e génération». «L’écriture n’a pas d’âge», a estimé Hadjer Kouidri. «Je refuse d’écrire toutes sortes de parrainages.
Je mets mon père à l’avant dans une assemblée, mais je ne veux pas qu’il domine toute l’assemblée», a souligné Abderrazak Boukkeba. Le critique Lounis Benali a, lui, préféré parler de «renouvellement» dans l’écriture et non pas de «nouvelle écriture». «J’ai du mal à définir mon écriture. C’est aux critiques de le faire», a repris Kaouthar Adimi, qui vient de publier aux éditions Barzakh Des pierres dans ma poche. La journaliste Faïza Mustapha a, elle, signé son nouveau recueil de nouvelles El berrani (L’étranger), paru aux éditions El Fairouz. Le recueil porte également un texte théâtral, Moudoun el cartoun (Les villes en carton).
«L’Algérien se sent parfois étranger dans son propre pays», a déploré Faïza Mustapha, qui vit et travaille à Paris. En 2010, elle a publié son premier recueil de nouvelles, Azraq jareh (Bleu blessant). Au stand de l’ANEP, le premier roman de Djawad Rostom Touati, Un empereur nommé désir, prix Ali Mâachi 2016, fait parler les connaisseurs de la littérature. L’écriture du jeune Djawad fait débat. Comme celle d’autres auteurs algériens qui arrivent sur la scène littéraire. «Les jeunes peuvent chercher une place sur cette scène sans exclure les générations qui les ont précédés», a conseillé Waciny Laredj. Tout un débat…**Fayçal Métaoui / el watan / 01 NOVEMBRE 2016
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* Une belle leçon de deux femmes d’exception
*Rencontre avec Manal Omar et Jahana Hayes au SILA
Deux parcours différents. Deux regards croisés. Deux pérégrinations. Mais un seul but. Une unique voie. Celle deux femmes américaines. Une halte à Alger.
Mardi matin, au pavillon central du Salon international du livre d’Alger, deux femmes ont « investi » l’espace réservé aux Etats-Unis. Elles s’appellent Manal Omar et Jahana Hayes. Et elles ont fait entendre leurs voix. Plus fort. Plus haut. Une sacrée union. Manel Omar, américaine d’origine palestinienne, vice-présidente adjointe du Centre pour le Moyen-Orient et l’Afrique Institut pour la paix des États-Unis (USIP) est auteure. Elle est venue au SILA pour parler et présenter au public algérien son poignant livre intitulé Barefoot in Baghdad: A Story of Identity—My Own and What It Means to Be a Woman in Chaos( Pieds nus dans Baghdad : une histoire d’identité, la mienne et ce que veut dire qu’être femme dans le chaos) paru aux éditions Sourcebooks.
Jahana Hayes, enseignante d’histoire au lycée Kennedy High School dans le Connecticut ( New England), a été élue sur-tenez vous bien-sur 3,5 millions de lycées et collèges des Etats-Unis, « Enseignant National de l’Année 2016 ». A l’issue d’une sélection qui aura pris toute année s’articulant sur des visites pédagogiques, entretiens, voyages…Elle brillera par son exemplarité, son impact positif et motivant sur les apprenants de la communauté et parmi ses pairs. Une consécration à saluer tout bas. Et Jahana a eu l’insigne honneur d’être officiellement congratulé par le président Barack Obama lui-même, le 3 mai 2016. Donc, deux femmes d’exception. Manal Omar nous avouera que marcher pieds nus dans Baghdad n’est pas une lubie.
Ce n’est pas Bagdad Café ( le film de Percy Adlon). Ce n’est pas une sinécure et non plus du cinéma. Manal Omar, ancienne journaliste, humaniste oeuvrant pour les droits des femmes au Yemen, Bahrain, Afghanistan, Soudan, Liban, Palestine, Kenya ou encore en Libye, signe un ouvrage s’inspirant d’un aphorisme irakien et turkmène qui dit : « marche pieds nus et les épines te feront mal.». Manal Omar, ayant vécu de 2003 à 2005, en Irak, à Baghdad plus précisément, nous dévoile la lutte des battantes et combattantes de la liberté. Un combat féminin. Celui des femmes courage dont on n’en parle pas assez. Et que Manal Omar rehausse, relève et distingue. Dans le chaos. Des chroniques d’un peuple qui, malgré le climat belliqueux, renaît de ses cendres.
Tel un phénix. Manal Omar chronique Baghdad sous les bombes vicié par l’horreur, la folie meurtrière quotidienne de par un poignant témoignage. Car témoin oculaire du courage, la détresse, l’amitié, l’amour malgré tout encore une fois et puis l’espoir. Elle se défausse de cette image d’Epinal et autres idées reçues. « Mon plus grand défi, c’était d’avoir un livre fidèle à la réalité. J’ai envoyé tous les chapitres au premier éditeur. Mais on me remettra mon livre complètement différent. Où on représentait la femme arabe comme une victime, comme une personne incapable de se prendre en charge.
Alors que j’ai une très grande admiration pour les femmes à travers le monde. Justement je suis contre cette image de victimisation de la femme qu’on a tendance à vendre dans les médias et dans la littérature. Ils adorent cela parce que c’est vendeur et cela attire le lectorat. A travers les voyages et les rencontres que j’ai effectués dans le monde, je n’ai trouvé aucune femme pauvre et résignée. J’ai vu des femmes fortes et courageuses voulant changer la société. Après j’ai pris un autre éditeur. Une femme, c’était mieux. Vous savez, quand vous publiez un livre, vous n’avez aucun mot à dire à propos du choix du titre et de la photo de couverture. Donc, j’au du négocier avec l’éditeur pour « photoshoper » les larmes de cette jeune femme qui ne ressemble pas à une arabe (rire)… ».
Jahana Hayes, ravie de se trouver en Algérie confiera : « Je vous remercie de me recevoir ici, en Algérie. En rencontrant des Algériens durant mon séjour, j’ai constaté que nos défis ne sont pas aussi différents. Les solutions semblent aussi similaires. Donc, ce fut une grande opportunité pour moi pour collaborer, partager des choses. J’ai hâte de rentrer aux Etats-Unis pour partager ce que j’ai appris ici… ». Une belle leçon compulsée par Jahana Hayes et Manal Omar. Dont le titre est : « La femme est l’avenir de l’homme ».*K.Smail / el watan / jeudi 03 novembre 2016
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Le journaliste Edwy Plenel au Salon international du livre d’Alger
«Ce vieux monde qui refuse de mourir»
| el watan / 02 novembre 2016
Le directeur du site d’information Mediapart, Edwy Plenel
Le journaliste français Edwy Plenel ne croit pas à l’existence de l’identité au singulier.
Edwey Plenel, directeur du site d’information français Mediapart, était l’invité, lundi, du 21e Salon international du livre d’Alger qui se déroule jusqu’au 5 novembre au Palais des expositions des Pins maritimes. Il est revenu, dans une conférence animée à la salle El Djazaïr, sur la situation politique en France, sur certains enjeux géostratégiques et sur le journalisme. Il a évoqué «la quête du bouc émissaire» en France après les derniers attentats terroristes (Paris, Nice) et parlé de «la politique de la peur» portée par «un discours autoritaire».
«C’est une honte ! Ahmed Merabet, le policier qui a été tué lors de l’attentat contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo, était musulman et gardien de la paix de la République française. Il n’a pas été brandi en exemple. Presque un tiers des victimes de Nice avaient un lien avec l’Algérie. Face aux menaces, on invoque la restriction des libertés, la mise en congé du peuple. On refuse de faire confiance au peuple et à sa dynamique. On refuse de parler de la liberté comme si la liberté était faible», a déclaré l’auteur de Pour les musulmans (paru en 2015).
Il a qualifié la «polémique» sur le port du burkini l’été dernier en France d’«épisode ridicule». Il a critiqué l’attitude de certains hommes politiques français qui disent que «les réfugiés devraient rester chez eux». «Le propre de l’humain est de bouger. Notre espèce n’a pas arrêté de se déplacer, de faire mouvement. Depuis plus de cinq siècles, l’Occident qui, comme l’a souligné Edward Saïd, est une création politique, pas une réalité géographique, s’est projeté sur le monde, est allé chez tous les peuples sans leur demander leur autorisation. Et nous continuons, par nécessité économique, à être des prévaricateurs partout, la Françafrique notamment.
En même temps, nous dénions aux autres peuples le droit de bouger, de partir ailleurs pour avoir une vie plus digne», a estimé Edwy Plenel. «Nous vivons dans un monde fragile avec les enjeux écologiques. Les civilisations et les espèces peuvent mourir. Nous voulons tout faire ensemble, pas se refermer. Eux, ils veulent bâtir des murs», a-t-il dit reprenant une citation de Frantz Fanon : «Il ne faut pas essayer de fixer l’homme puisque son destin est d’être lâché.» Edwy Plenel, ancien directeur de rédaction du quotidien Le Monde, a critiqué certaines pratiques journalistiques actuelles. «C’est le divertissement qui gagne, l’audience, le buzz, le people, la superficialité.
Albert Camus, en prenant la direction du journal Combat (en 1943), disait qu’il fallait élever le pays en élevant son langage. Pour moi, la démocratie, c’est une conversation. Il faut qu’au cœur de cette conversation il n’y ait pas la rumeur, l’idéologie, le préjugé. Il faut qu’il y ait des faits et des vérités. C’est ce que nous devons arriver à produire en étant au service du droit de savoir des citoyens», a-t-il soutenu. M. Plenel a précisé que Mediapart est un site observé et sujet de thèses d’université, comme à la faculté d’économie de Chicago (Etats-Unis). «On veut comprendre pourquoi le journal marche.
Ce n’est pas pour tirer une gloire, mais pour dire qu’il y a un chemin et que derrière ce chemin, il y a l’attente du public. Une attente d’exigence démocratique», a-t-il appuyé, faisant un plaidoyer pour l’égalité. La quête de l’égalité a été, selon lui, le moteur du combat anticolonial. «Non, une nation n’est pas supérieure à une autre au point de vouloir occuper son territoire. Une civilisation n’est pas supérieure à une autre au point de nier l’existence, les droits, la culture et les croyances d’une autre civilisation.
Il n’est pas normal qu’un pays qui se réclame des droits de l’homme n’offre pas les droits à tous les hommes et à toutes les femmes. Nous avons le droit d’avoir les droits et de nous battre pour les avoir. Nous avons le droit de refuser l’injustice et les inégalités», a-t-il dit, soulignant que ceux qui rejettent la dynamique de liberté sont une minorité : «Ce sont ceux qui ont approprié le bien commun politique et économique. Ils ont donc peur de cette exigence d’égalité et pour affronter cette dynamique, ils mettent un habillage. Cela s’appelle ‘l’identité’.
La France, en la matière, est un véritable laboratoire. On construit un mythe, l’identité au singulier, l’identité nationale. On se sert de cela pour créer une hiérarchie. Tu n’appartiens pas à cette identité parce que tu es musulman, tu es venu d’Algérie, tu viens d’une situation sociale inférieure… D’où la nécessité de restaurer les causes communes de l’égalité qui n’ont pas de frontière, qui nous appartiennent à tous contre cette vision des identités closes, fermées.»
L’auteur de Dire nous. Contre les peurs et les haines (paru en 2016) a confié avoir beaucoup appris des itinéraires de Dany Laferrière (un des invités du SILA 2016), de Frantz Fanon et d’Edouad Glissant. «Nous devons avoir l’imaginaire de notre monde. C’est nous qui avons raison. Je vous parlais des crispations d’un vieux monde qui ne veut pas mourir et qui a peur de ce nouveau monde que nous représentons et qui n’a pas encore percé.
Malgré les conflits et les drames, nous vivons dans un monde intra et pluriculturel. Nous sommes liés les uns aux autres, nous sommes faits les uns des autres», a-t-il noté. Pour lui, le candidat républicain Donald Trump, qui veut construire un mur entre le Mexique et les Etats-Unis, est l’exemple même de ce «vieux monde».*Fayçal Métaoui / el watan / 02 NOVEMBRE 2016
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Débat sur les migrations dans les littératures africaines au Sila 2016
Déconstruire le système éducatif colonial
La Sénégalaise Hulo Guillabert a prévenu contre les dangers de l’édition de programmes scolaires africains en Europe.
Hulo Guillabert, qui se présente comme une Africaine du Sénégal, assume avec fierté son panafricanisme. Dimanche 30 octobre, au 21e Salon international du livre d’Alger (Sila), elle assistait à une conférence sur «Les chemins d’exil, pistes d’écriture. Les migrations dans les littéraures africaines», organisée par l’Esprit Panaf’ à la salle El Djazair au Palais des expositions des Pins Maritimes.
Afroptimiste, l’éditrice Hulo Guillabert a créé sur internet La revue des bonnes nouvelles pour changer une certaine image entretenue sur l’Afrique. «Nous mêmes produisons parfois un discours pessimiste que les autres n’ont pas de mal à faire perdurer à travers les médias», a-t-elle dit. Elle a créé également un site pour permettre aux Africains du monde de créer une carte d’identité africaine virtuelle. «Je fais partie d’un comité d’initiative qui veut organiser un grand congrès d’intellectuels et de diplomates pour réclamer l’Afrique fédérale.
Nous lançons un appel aux Algériens pour constituer un comité local», a-t-elle déclaré. «Message reçu», a répondu Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes. «Nous avons un grand problème d’aliénation par rapport à l’Occident. L’origine de cette aliénation est notre système d’éducation hérité de la colonisation et qui perdure aujourd’hui avec des effets sournois. Pour le Sénégal, les programmes sont conçus, écrits et imprimés en France.
L’Afrique est un continent riche. Nous sommes assis sur un tas d’or et pensons que nous sommes sur un tas de poubelle. Ce n’est pas normal», a souligné Hulo Guillabert. Selon elle, les Occidentaux n’éditeraient jamais des auteurs africains «si leurs textes allaient contre leurs intérêts». «Il faut conduire un grand changement de consciences pour que l’Afrique devienne une terre promise pour ses enfants, au lieu d’être l’enfer qui les oblige à fuir vers d’autres cieux.
Pour cela, il est important que le système scolaire soit totalement refondé partout dans le continent, surtout en Afrique francophone, où nous sommes tous le fruit d’un système éducatif colonial bien ficelé pour nous aliéner gravement. Ce système est en crise partout dans cet espace», a-t-elle soutenu. Elle a qualifié de «cancer» les programmes scolaires «caricaturaux» qui ne sont pas conformes aux identités et aux valeurs africaines. «Le cancer de la géographie européenne apprise par cœur, du spectre de ces grands rois européens qui hantent l’esprit de nos enfants nuit et jour, alors que les nôtres sont totalement absents.
Nos rois sont présentés comme des despotes, sanguinaires et esclavagistes. Cest ce cancer qui fait que nos enfants voient une image falsifiée d’eux-mêmes dans le miroir. On ne doit plus laisser l’Occident éduquer nos enfants de loin», a souligné Hulo Guillabert. D’après elle, même la carte géographique de l’Afrique a été falsifiée. Abdelkader Messahel a évoqué, pour sa part, l’existence d’un socle culturel commun entre le Sahel, le Sahara et l’Afrique de l’Ouest. «Un socle qui se traduit par la rythmique, le symbolique, le vestimentaire, le culinaire, le religieux.
La Qadiria et la Tijania sont parties du Sahara central de chez nous. A l’époque, il n’y avait pas de barrières entre les hommes, les idées ou les cultures», a-t-il noté, parlant du musolée d’Ahmed Baba à Tombouctou, au Mali, qui regorge de milliers de manuscrits précieux. Selon lui, le déclin de la route des caravanes (auXVe siècle) était lié à l’arrivée des premiers colonisateurs européens. «La route des comptoirs a remplacé la route des caravanes, a déclassé la relation séculaire entre l’Afrique du Nord et le Sahel. Cela s’est soldé par le drame de constrution d’espaces géopolitiques desquillibrés à cause du colonialisme.
L’idée du panafricanisme s’inspire du socle culturel et du destin communs. Il faut compter sur soi, s’approprier notre avenir. Il faut se rapproprier l’histoire, se rapproprier l’école pour qu’elle soit une école authentiquement africaine. L’Afrique est riche en symboles, en repères, en écritures et en histoires. Il faut que nos enfants soient fiers de cette culture. Là, le rôle des intellectuels est fondamental», a souligné Abdelkader Messahel, rappelant l’appel de Syphax, «l’Afrique aux Africains». * Fayçal Métaoui / el watan / jeudi 03 novembre 2016
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*L’édition numérique, un grand défi pour l’Afrique
Ils sont assez nombreux les auteurs et écrivains africains à avoir recours, par choix, à l’édition numérique.
L’écrivaine sénégalaise, Halo Guillabert, est venue témoigner, lundi après-midi, au niveau de l’espace Panaf, de son expérience personnelle dans le domaine de l’édition numérique à travers une communication intitulée «Les éditions numériques, l’Afrique s’y met». Halo Guillabert, qui se définit comme une activiste panafricaine, est directrice, depuis 2011, de la maison «Diaporas Noires Editions».
Mais comment cette femme dynamique de lettres a-t-elle pu opter pour le numérique, à défaut de la version papie. Pour comprendre son choix, il faut revenir à son parcours. Hulo Guillabert a vécu plusieurs années en France, avant de se décider de regagner le pays natal en 2009. Elle crée un cabinet de consultance à Dakar, mais très vite elle se rend compte que ce n’est pas le créneau dont elle rêvait. Elle s’exile au Canada, mais la nostalgie pour son pays est telle qu’elle y revient en 2011.
Là elle est déterminée à mener à bien ses projets en direction de l’Afrique. Elle crée alors la maison d’édition numérique «Diasporas Noires» ainsi que la revue des bonnes nouvelles. L’éditrice Halo Guillabet soutient que ce qui l’a poussée à devenir éditrice, c’est quand elle s’est aperçue que l’Afrique n’avait pas beaucoup de maisons d’édition.
«Je me suis rendu compte aussi, dit-elle, qu’on s’édite souvent en Occident. Franchement, je trouve que ce n’est pas normal. Parce qu’on a des choses à dire. Et ce qu’on avait à dire n’allait pas forcément dans leur intérêt. Je me disais que si on avait des choses à dire contre leurs intérêts, on ne saura pas éditer. D’où l’initiative de vouloir faire nous même nos éditions, parce qu’on a des choses à dire qui ne vont pas forcément dans le même sens que les autres.
Nos intérêts sont divergents. L’intérêt des Occidentaux, c’est de prolonger leur propre vision des Africains et de l’Afrique. J’ai toujours soutenu qu’il fallait que nous écrivions nous-mêmes notre Histoire et nos histoires. Nous devons absolument donner notre propre version des faits». Sa maison d’édition numérique, Diaporas Noires, est avant tout une maison d’édition internationale. Celle-ci ne cible pas uniquement l’Afrique, mais aussi toutes les diaporas, ainsi que les Afro-descendants du monde entier qui peuvent être édités.
Au bout de cinq ans d’existence, cette maison d’édition numérique sénégalaise compte dans son catalogue une moyenne d’une trentaine de titres émanant de vingt-cinq auteurs de sept nationalités. Halo Guillabert est également détentrice d’une revue en ligne intitulée Les bonnes nouvelles d’Afrique. Une revue qui attire beaucoup de monde. Soit 500 personnes par jour, qui se connectent pour lire la revue en question. Pour cette spécialiste, l’Afrique commence à prendre place dans toute la sphère numérique pour stocker sa mémoire, transmettre sa culture, ses langues et son histoire par des moyens autres que l’oralité. Elle reconnaît que le numérique n’est pas assez développé. Un long chemin reste à faire. Selon elle, c’est un combat qui doit être mené au quotidien. «L’internet nous offre l’opportunité d’innover.
Le numérique sauvegarde les connaissances et le savoir.
L’oralité occupe une place primordiale dans les sociétés africaines». Hulo Guillabard pense qu’il y a un retour à l’oralité via le numérique, à l’image du livre audio sur le Net. Le livre en version papier continuera d’exister. Le livre papier est autonome, alors que le livre virtuel dépend de l’éléctricité pour fonctionner. Si le e-book tombe du cinquième étage, il est clair qu’il se casse alors que le livre classique reste intacte. Le livre traditionnel et le livre virtuel se complètent», ajoute-t-elle. La directrice de «Diaporas Noires» est catégorique. L’édition numérique est un grand défi pour le continent africain. Il est impératif que l’Afrique utilise l’ensemble des innovations technologiques pour avancer vers le progrès et l’excellence à la fois. Il est à noter, par ailleurs, que l’éditrice Halo Guillabert est en train de rédiger un livre portant le titre Prenez le pouvoir. Un livre qu’elle adresse à la jeunesse.
Car depuis 2011, elle s’est fixé comme mission de conscientiser la jeunesse africaine et de lui montrer ses responsabilités. Comme elle le préconise si bien : «Les jeunes doivent prendre absolument en main l’avenir de l’Afrique. Réinventer les nouvelles voies de l’Afrique. Aujourd’hui, toutes les voies qu’on a empruntées jusqu’ici n’ont pas marché». Le livre en question sera gratuit au téléchargement. *Nacima Chabani / samedi 05 novembre 2016
**Blog et réseaux sociaux
Le numérique est le moyen qui permet de briser les frontières.
Blog et réseaux sociaux, une autre vision sur les éditions», tel est le thème que s’est attelé à développer le critique littéraire congolais Réazzi Ouabonzi Gagoueus, mardi dernier, au stand Panaf’ du Sila 2006. Critique littéraire, auteur, journaliste et producteur, R. Ouabonzi a créé un blog en 2007 afin de vulgariser la critique littéraire. Il a voulu faire découvrir aux internautes des auteurs africains et partager avec eux ses lectures africaines.
Il estime qu’à travers son blog, il raconte ses lectures d’une manière assez esthétique. Il se plaît à mettre en scène ses lectures, autour desquelles il raconte une histoire donnée. Progressivement, l’audience augmente et la connexion s’envole. Comme il le souligne si bien, le blog a légitimé son discours, «il m’a permis de m’imposer au sein de la logosphère».
Au départ, Réazzi Ouabonzi Gagoueus a été amené à organiser des rencontres littéraires sur Paris autour du concept Africa, qui propose des rencontres et produit des critiques littéraires pour la revue Cultures Sud. De fil en fil, il rencontre un producteur, avec qui il lancera une émission intitulée lectures gangoues sur un format long. Le roman est au centre de l’émission pendant 52 minutes. C’est une émission qui ne passe pas en direct, mais qui est mise en ligne. Elle réunit un critique, un auteur et deux lecteurs qui ont lu, au préalable, le livre de l’invité. Le conférencier qui est, rappelons-le, informaticien, est convaincu qu’il crée par le biais de son émission des contenus autour d’un produit littéraire.
Le web est, pour lui, un moyen favorisant la circulation du livre. D’où cet intérêt pour l’édition numérique. «Le livre-papier ne circule pas. Le livre numérique a renversé la donne. Il vient assurer une plus grande circulation, là où le livre-papier continue de subir des contraintes d’ordre logistique : distribution, diffusion… Et cela est lié au coût.» Autre constat formulé par Ouabonzi Gangoues : le numérique permet un accès aisé au livre et des horizons plus larges. L’édition numérique a ce pouvoir de dépasser les frontières. Il compte mener à bien un projet, consistant à développer la création de librairie en ligne.
Il pense que le livre numérique est la solution pour que les livres circulent dans tout l’espace de la francophonie et après dans le monde. Pour cet informaticien, la librairie numérique africaine est un rassemblement d’éditeurs africains, une plateforme commune ayant pour dénominateur commun la diffusion internationale de leur catalogue. Il a rappelé, en outre, que des maisons d’éditions africaines ont vu le jour en grand nombre. R. Ouabonzi Gangoueus regrette, cependant, que les maisons d’édition africaines ne proposent pas de livres en version numérique.
Manière singulière de restreindre la circulation de leur produit «et du coup ils limitent pour le lecteur l’accès au livre. Il faudrait penser à des stratégies pour développer l’édition numérique. Il y a de véritables énergies à mettre en place. Il suffit juste d’exploiter ce potentiel existant», précise-t-il. Il est à souligner que R.O. Ouabonzi est titulaire d’un DEA en mécanique des matériaux, obtenu en 2000 à l’université de Montpellier. II travaille depuis près de 10 ans dans l’informatique de gestion (banques, assurances, médias) en région parisienne. Il a obtenu le prix Amakpa 2011, volet culture, récompensant le blog Chez Gangoueus, et a été finaliste dans le cadre du concours des BOBs Awards 2010 dans la catégorie «meilleur blog francophone».*Nacima Chabani / el watan / jeudi 03 novembre 2016
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*Sublime Vera Kitova
un quatrième recueil de poésie intitulé Algérie, pays de bonheur.
A la faveur de la 21e édition du Salon international du livre d’Alger, la poétesse bulgare, Vera Kitova, s’est dévoilée, hier, lors d’une rencontre avec le public.
Avec des mots pleins de tendresse et une voix étouffée par l’émotion, la poétesse, artiste-peintre et médecin, Vera Kitova, n’a pas caché son amour pour l’Algérie. Un pays qu’elle a découvert en 1962 et qu’elle continue d’aimer dans son cœur et dans son âme. Ses toiles, d’ailleurs, renseignent sur cet amour indéfectible qu’elle porte à ce pays qui l’a accueillie durant sept ans.
Elle indique qu’elle est arrivée en Algérie le 10 novembre 1962, dans le premier avion, avec des médecins, des sages-femmes et des infirmiers bulgares. «J’y suis restée, confie-t-elle, jusqu’en 1968, à la demande du regretté premier président de la République algérienne, Ahmed Ben Bella. A l’époque, les hôpitaux étaient vides de médecins, d’infirmiers et de médicaments. C’était la lutte au quotidien contre la mort pour ces milliers de malades qui venaient se soigner. J’étais affectée à l’hôpital Che Guevara de Mostaganem.» Quelques mois plus tard, elle fonde avec le directeur de l’époque de l’hôpital de Mostaganem, M. Berber, un service de pédiatrie. «Nous avons mis deux ans pour ouvrir ce centre avec une fierté incommensurable.
Dans ce service de pédiatrie, il y avait l’acharnement et la disponibilité. A l’époque, les médecins bulgares étaient éparpillés un peu partout au niveau de l’Afrique, mais le plus grand nombre était concentré en Algérie. Maintenant, fort heureusement, les hôpitaux algériens sont remplis de leurs compétences», dit-elle. La conférencière Vera Kitova rappelle qu’à cette époque charnière de l’histoire algérienne, les coopérants étaient méfiants vis-à-vis de l’OAS. «Je me rappelle que sur le toit de certaines maisons, il y avait des gens de l’OAS qui pouvaient nous tuer.
Cette organisation a fait plusieurs tentatives pour tuer les coopérants. Malgré tout cela, nous nous sommes cantonnés dans notre rôle, celui d’aider les malades et de combattre certaines maladies infectieuses», se souvient-elle. La poétesse frôle une deuxième fois le sol algérien en 2013 à la faveur d’un pèlerinage à travers trois villes de l’Algérie. Si Vera Kitova a sillonné plusieurs autres pays, dont la Tunisie, où elle est restée 7 ans pour aider ce pays à se reconstruire dans le domaine hospitalier, elle avoue que l’Algérie reste, pour elle, un pays de cœur qu’elle ne saurait oublier.
De cette nostalgie et cet amour pour ce pays d’accueil, elle va écrire un premier ouvrage intitulé Page d’un ambassadeur en blanc, où elle raconte ce qu’elle a vu et vécu en Algérie. Elle va écrire un deuxième recueil de poésie poignant et plein de tendresse, intitulé Algérie sublimée, édité par l’ENAG. En effet, elle va coucher sur le papier toute sa douleur loin de ce pays. L’ensemble de la production de Vera Kitova se caractérise par des poèmes déchirants, alternant avec des poèmes solaires.
Pour cette mordue de la culture ensablée algérienne, l’Algérie est un pays de bonheur. «Vous qui vivez ici, vous ne pouvez pas le comprendre. Moi qui viens de loin, je peux comprendre cela. L’Algérie est restée dans mon cœur pour toujours. Il y a certains pays dans le monde où il fait bon de vivre. On peut tomber amoureux d’un pays toute sa vie et cela ne peut pas s’estomper», lance-t-elle avec des perles de larmes.
Vera Kitova sait jongler habillement avec ses trois passions. La journée, elle exerce sa fonction de médecin à Sofia, en Bulgarie ; le soir, elle tisse ses vers. Et le dimanche, elle s’adonne à la peinture sur son chevalet et ses pinceaux peignent l’Algérie et l’Afrique, ses coutumes et ses traditions. Autre fierté pour cette dame au grand cœur que de se présenter, chaque année, au Salon du livre de Paris, avec ses œuvres, brossant la beauté et la grandeur de l’Algérie. Il est à noter que Vera Kitova est en train de plancher sur un quatrième recueil de poésie intitulé Algérie, pays de bonheur. *Nacima Chabani / el watan / 30 octobre 2016
*20e salon international du livre-Alger
du 29 octobre au 7 novembre 2015
*il sera inauguré le mercredi 28 octobre 2015 et durera jusqu’au 7 novembre à la Safex-Alger- avec comme slogan «20 ans à la page»
** Son directeur, Mohamed Iguer, est formel : il n’est aucunement question « de censure » au Sila. Il y a simplement « des titres sur lesquels on émet des réserves, comme ceux qui font l’apologie de l’islamisme et de l’intégrisme ou ceux qui portent atteinte à l’unité nationale », a-t-il expliqué, ce mercredi 28 octobre, sur les ondes de la radio Chaîne III.
Il a cité l’exemple « d’un livre qui porte le titre Le printemps arabe, jusqu’à quand, avec une couverture provocatrice d’anciennes personnes à l’origine des massacres ». « Nous émettons des réserves sur ce genre de titres qui portent atteinte à notre pays », a-t-il précisé. Les réserves sont émises par une commission de lecture composée de représentants des ministères de la Culture, de l’Intérieur, de la Défense et de l’Éducation nationale. « Ce sont des personnes compétentes, qui sont en mesure de faire un traitement des livres ». « Le Sila accueille 30 000 livres et on émet des réserves sur 100 titres. C’est infime », a-t-il estimé.* mercredi 28 octobre 2015 |TSA
**Clôture du 20e salon international du livre-Alger
Plus de 1, 4 million de visiteurs au Sila 2015
Plus de 80 000 élèves ont visité le Salon international du livre d’Alger.
Record de visiteurs au 20e Salon international du livre d’Alger (SILA) qui a fermé ses portes, hier soir, au Palais des expositions des Pins maritimes, à l’est de la capitale. «Jusqu’à samedi 16h, nous avons enregistré 1 472 000 visiteurs au Salon. Des chiffres vérifiés. Ceux qui doutent n’ont pas fait le déplacement au SILA», a déclaré hier en début de soirée Hamidou Messaoudi, commissaire du SILA, lors d’une conférence de presse au pavillon central du Palais des expositions.
Selon lui, les records de fréquentation ont été enregistrés vendredi 6 novembre avec 423 000 visiteurs et dimanche 1er novembre avec 320 000 entrées. «Autrement dit, presque 800 000 visiteurs en deux jours. Nous avons exprimé le vœu, l’année passée, d’atteindre les 1,5 million de visiteurs. Je pense que nous avons dépassé cette barre. Certains pays souhaitent seulement avoir le nombre de visiteurs d’une seule journée du SILA», a-t-il indiqué, précisant que les chiffres sont encore provisoires.
Le SILA 2015 a été marqué, selon Hamidou Messaoudi, par la participation de 53 pays représentés par 908 maisons d’édition qui ont exposé plus de 25 000 titres. «Le ministère de l’Education nationale a pris l’initiative de faire venir des enfants et des adolescents scolarisés de vingt wilayas. D’après les chiffres encore provisoires, plus de 80 000 ont visité le SILA. Des élèves bien encadrés puisque nous n’avons pas enregistré de problème. C’est une manière de faire entrer nos enfants dans le monde du livre», a-t-il précisé. D’après M. Messaoudi, le livre religieux n’a pas été mis de côté. «Et, contrairement à ce qui a été dit ou écrit, le livre religieux n’a pas dominé le SILA cette année. Ce livre a ses lecteurs», a-t-il noté.
L’orateur a annoncé que le stand d’un éditeur syrien, qui a tenté de vendre ses ouvrages en gros, a été fermé. «Cet éditeur ne reviendra plus au SILA en application du règlement intérieur. Ce Salon est destiné au public, aux lecteurs, aux étudiants…Certains éditeurs ont recruté des groupes de jeunes pour faire sortir des livres en petites quantités. Nous n’avons pas encore éradiqué le phénomène de la contrebande (…). Je reconnais qu’il y a eu quelques failles. Nous allons régler tout cela l’année prochaine, c’est une promesse. Il faut dire que nous avons frôlé le parfait. Tout est perfectible», a relevé Hamidou Messaoudi.
Le comité de lecture du SILA a exprimé des réserves sur 106 titres. «Deux ou trois journaux nous ont critiqués. Il est évident que nous ne pouvons pas organiser un référendum pour décider d’exposer tel ou tel ouvrage au Salon», a dit Hamidou Messaoudi. Un journal s’est étonné de voir un livre pour enfants traitant de certaines maladies, comme l’impuissance sexuelle. «C’est un livre scientifique destiné aux enfants. Malgré cela, nous avons retiré l’ouvrage. Cela n’a en aucune manière eu des retombées sur le déroulement du Salon», a-t-il assuré.
Interrogé sur l’absence de certains invités, M. Messaoudi a répondu que des problèmes de visa ont été rencontrés, notamment dans des pays arabes connaissant une situation interne instable. Le 21e SILA aura lieu du 26 octobre au 5 novembre 2016 au Palais des expositions où des espaces seront, selon Hamidou Messaoudi, rénovés. «J’ai eu un entretien amical avec mon ami M. Zitouni, directeur général de la Safex, sur un projet, applicable à court terme, de revoir les infrastructures du Palais des expositions qui datent de 1969.
A l’époque, nous étions 12 millions d’Algériens avec un parc roulant d’à peine 50 000 voitures ; il est de 6 millions de véhicules actuellement. Le Palais des expositions n’est plus en mesure d’accueillir un nombre élevé de visiteurs, d’éditeurs ou de véhicules. Il est temps de revoir cette structure», a souligné le commissaire du SILA. Il a annoncé qu’en 2016, les horaires seront prolongés la nuit pour une ou deux journées du SILA. *Fayçal Métaoui / el watan / Dimanche 08 novembre 2015
**Le premier prix Assia Djebar attribué à:
Abdelwahab Aïssaoui, Rachid Boukhroub et Amine Aït El Hadi
Le premier prix Assia Djebar pour le roman a été attribué mercredi soir sous le chapiteau de l’hôtel Hilton, en marge du 20e Salon international du livre d’Alger (Sila) qui ferme ses portes ce soir au Palais des expositions des Pins Maritimes (Safex), à l’est de la capitale.
Dix ministres ont assisté à la cérémonie de remise des prix.
Pour la langue arabe, Abdelwahab Aïssaoui a été distingué pour son roman Sierra Muerte (Les montagnes de la mort) publié par la maison de la culture d’El Oued.
Pour tamazight, le prix est revenu à Rachid Boukhroub pour Tislit n’oughanim (La poupée de roseau) publié par les éditions Amel. Amine Aït El Hadi a décroché le prix pour son roman L’aube au-delà paru en français aux éditions Aden.
«Dans Sierra Muerte je raconte l’histoire de républicains espagnols qui ont été internés dans la région de Djelfa par le régime de Vichy après avoir fui l’Espagne.
Le campement de Djelfa s’appelait Aïn Asrar. J’ai pu retrouver des témoignes de ces détenus qui étaient originaires d’une vingtaine de pays. Au début des années 1940, presque mille détenus étaient dans ce campement.
J’ai tenté avec mon texte de relier la chronique de la guerre d’Espagne et son rapport avec l’Algérie et avec le gouvernement de Vichy», a expliqué Abdelwahab Aïssaoui. Rachid Boukhroub s’est inspiré du patrimoine kabyle pour raconter une histoire qui ressemble à un conte dans Tislit n’oughanim. L’auteur s’est dit fier d’avoir eu un prix au nom d’Assia Djebar. «Dans notre région, nous avons organisé un salon du livre dédié à cette romancière.
C’est une dame qui mérite tout notre respect. Elle a laissé beaucoup de choses pour nous. Je pense qu’il faut traduire ses œuvres.
Et vous avez remarqué qu’il existe peu d’études critiques algériennes sur son travail», a relevé Rachid Boukhroub. Merzac Bagtache, qui a présidé le jury, a estimé que les trois romans ont été primés pour la qualité de l’écriture. «Il y a aussi la structure du roman lui-même, le style et les sujets. Des sujets qui portent sur la femme, le terrorisme, l’Algérie qui se développe.
Créer le prix Assia Djebar est la meilleure manière de rendre hommage à cette dame que nous avons enfin pu rapatrier. C’est aussi une occasion d’ouvrir les horizons devant les nouveaux auteurs», a relevé Merzac Bagtache.
Chaque prix est doté d’une somme d’un million de dinars. Le prix Assia Djebar du roman est cofinancé par l’Entreprise nationale des arts graphiques (Enag) et l’Agence nationale de l’édition et de publicité (Anep).
Des professionnels ont proposé durant le Sila la création d’une fondation pour Assia Djebar qui sera chargée de la constitution du comité chargé de discerner chaque année le prix littéraire. *Fayçal Métaoui / el watan / 07 novembre 2015
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Grand-messe du livre à Alger :
Les belles promesses du SILA 2015
Le 20e Salon international du livre d’Alger (SILA) se déroule du 29 octobre au 7 novembre 2015 au Palais des expositions des Pins maritimes, à l’est de la capitale. Des exposants venus de 53 pays seront présents .Le SILA est le premier du genre en Afrique et dans la région arabe de par le nombre de visiteurs
Les auteurs montent sur l’estrade
Trois estrades seront réservées cette année, et pour la première fois aux auteurs algériens et étrangers au 20e SILA. Les écrivains, chercheurs et historiens auront une heure pour parler de leurs œuvres, développer leurs idées au niveau de la salle de conférences du pavillon central (aile C2).
Samedi 31 octobre, le micro sera ouvert, à partir de 10h, et ce, jusqu’à 18h, pour Philippe Vasset, Benjamin Stora, Mathias Enard et Dominique Wolton (France), Waciny Laredj (Algérie), Maria Teresa Andruetto (Argentine) et Samuel Shimon (Irak).
Lundi 2 novembre, la tribune sera offerte aux Algériens Maïssa Bey, Rachid Boudjedra, Amin Zaoui et Fadéla El Farouk, ainsi qu’aux Syriens Nabil Souleiman et Khalil Souilah.
Rachid Boudjedra parlera notamment de ses 50 ans d’écriture, alors qu’Amin Zaoui reviendra sur son dernier roman, Qabla al hob bi qalil (quelques instants avant l’amour), publié à Alger et à Beyrouth.
Vendredi 6 novembre, Anouar Benmalek parlera de son récent roman consacré à la terreur nazie, Fils de Sheol, paru à Alger et Paris. Il laissera place ensuite à la Libanaise Pamela Chrabieh, l’Irakien Ali Bader et aux Français Laurent Gaudé et Olivier Barrot.
Les crises du monde arabe au menu
Focale est un espace de débat au niveau de la salle El Djazaïr. Le premier débat sera sur «Le Machreq en ébullition» avec El Hag Warrag (Soudan), Richad Labevière (France), Nabil Souleïman (Syrie), Hocine Bellaloufi et Mohamed Khodja (Algérie), ainsi que Abdelaali Qadhem (Irak).
Le deuxième débat accueille le politologue français Gilles Kepel qui interviendra sur «Le nouvel enjeu de puissance au Moyen-Orient». L’autre intervenant à suivre est Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques de Paris, qui parlera «des crises et conflits actuels» au niveau de la salle de conférences de la direction générale de la Safex (en face de la salle El Djazaïr).
Prix Assia Djebar du roman
Un jury composé de onze membres et présidé par l’écrivain Merzac Bagtache doit choisir le meilleur parmi une soixantaine d’œuvres pour attribuer le premier prix Assia Djebar du roman. Merzac Bagtache maîtrise l’arabe, le tamazight et le français. Il semble le mieux indiqué pour présider le jury. L’ANEP et l’ENAG cofinance ce prix littéraire qui sera décerné dans la soirée du 4 novembre 2015 au niveau de l’hôtel Hilton à Alger.
Esprit Panaf’ es-tu là ?
Plusieurs débats sont prévus à l’espace Esprit Panaf’ autour de thèmes variés : «Du nom de l’Afrique», «L’Afrique face aux enjeux du XXIe siècle», «Quand l’histoire vous colle à la peau», «Littérature maghrébine et littérature subsaharienne», «Nouvelle littérature africaine, vers une rupture ?» et «Quel rôle pour la littérature dans le changement en Afrique ?» Viendront débattre, entre autres, Mukala Kadima Nzuji (Congo), Mahamadou Soumaré (Mali), Armand Gauz (Côte d’Ivoire), Boubacar Diallo (Guinée), Azza Filali (Tunisie), Aïcha Bouabaci (Algérie) et Latévi Atcho Elliot (Togo).
La France, pays invité d’honneur
Après les Etats-Unis en 2014, la France est le pays invité d’honneur au SILA 2015. «L’invitation de la France au SILA implique une programmation à la hauteur de l’événement et de la relation culturelle, diplomatique et historique qui lie les deux pays», indique un communiqué de l’ambassade de France à Alger.
Un stand de 200 m2 est installé au niveau du pavillon central du palais des Expositions pour abriter les activités culturelles animées par l’Institut français d’Algérie (IFA). «L’Espace France mettra à l’honneur la littérature française et francophone et proposera différentes animations : rencontres, dédicaces, expositions, cours de français, concours d’écriture…», est-il encore indiqué.
Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, sera présente pour assister aux Journées professionnelles algéro-françaises des éditeurs, prévues ce jeudi 29 octobre à partir de 10h à la Salle El Djazaïr entièrement rénovée.
Fleur Pellerin sera accompagnée de Azzeddine Mihoubi, ministre de la Culture. Hassen Bendif, directeur général du Centre national du livre (CNL) et Jean Guy Boin, président du Bureau international de l’édition française (BIEF) parleront du secteur du livre dans chaque pays.
Debray, Côte et les autres
L’Espace France, au milieu du Pavillon central, abritera plusieurs débats et rencontres. Le jeudi 29 à 14h, Regis Debray viendra présenter son dernier roman, Madame H, dans lequel l’auteur tentera de répondre à une curieuse question : «Comment sortir de l’histoire sans broyer du noir ?».
Le géographe Marc Côte présentera le 2 novembre son ouvrage Guide de Constantine, paru aux éditions Média Plus. Sobhi Boustani, directeur du Centre de recherche Moyen-Orient Méditerranée, interviendra sur l’ouvrage collectif Poétique et politique, la poésie de Mahmoud Darwich. Le photographe franco-algérien Bruno Boudjelal fera découvrir Clos comme on ferme un livre, un ouvrage de photographies sur l’Algérie, le 31 octobre à 11h.
Marie-Christine Saragosse, présidente-directrice générale de France Media Monde, présentera le 29 octobre à 17h son premier roman Temps ensoleillé avec fortes rafales de vent paru aux éditions Média Plus.
Des réductions aux éditions Koukou
Les éditions algériennes Koukou ont prévu des remises allant jusqu’à 50% sur les ouvrages exposés au niveau pavillon central au SILA. Au niveau du stand, des ventes-dédicaces sont prévues chaque jour à 14h, à partir du 29 octobre, pour les ouvrages de Arezki Metref, Aomar Oulamara et Belaïd Abane. La plupart des éditions (Chihab, Apic, Casbah, Dar El Othmania, Houma, El Ikhtilaf, Mim, Barzakh, ENAG, Alpha…) organisent des ventes-dédicaces au niveau de leurs stands.
Le polar à l’honneur
Le polar est le thème choisi pour les Rencontres euro-maghrébines des écrivains qui sont à leur septième édition. Organisées par la Délégation de l’Union européenne à Alger, ces rencontres marquent leur présence pour la première fois au SILA les 30 et 31 octobre à la salle El Djazaïr. Des auteurs sont invités à débattre du roman policier comme les Algériens Hakim Laâlam, Amine Zaoui, Nassima Bouloufa, Samir Toum, Abderlarazak Boukeba et Akli Tadjer.
Viendront débattre aussi Atef Attia (Tunisie), Sandro Piazzese (Italie), Attila Végh (Hongrie), Kostas Kalfapoulos (Grèce) et Bernardo Alexis Ravelo (Espagne)…
«Le polar est le genre littéraire du XXIe siècle par excellence. Il fut un temps où le polar était considéré comme un sous-genre littéraire confiné à une niche étroite au fond d’une librairie, car considéré comme roman de gare», précise la Délégation de l’EU dans une fiche de présentation des rencontres.
Présence scandinave
Les ambassades de Norvège et de Finlande organisent un débat sur «Les littératures, les écrivains et les pays» à la salle El Djazaïr. Les notions de géographie, de territoire, d’appartenance et d’identité culturelle seront développés par la Norvégienne Helene Uri, la Finlandaise Johanna Homlström et les Algériens Fatiha Chara et Mohamed Lakhdar Maougal.
Pavillon central : le casse-tête
Le pavillon central, qui s’étend sur 8000 m², est un véritable casse-tête chinois pour les organisateurs du salon. «Nous ne pouvons pas mettre tous les exposants dans ce pavillon. Les éditeurs qui ont une certaine ancienneté, un catalogue, une production et une expérience sur le terrain ont une priorité pour avoir des stands dans ce pavillon.
Qu’on ne me demande pas l’impossible !» a déclaré Hamidou Messaoudi, qui s’est plaint des pressions exercées sur lui par les éditeurs. 298 maisons d’édition, dont 117 algériennes, exposent au niveau du pavillon central. Un programme de réhabilitation du Palais des expositions est prévu pour avoir plus d’espace (de 20 000 à 25 000 m²).
Des chiffres du SILA 2015
-70% des livres exposés sont des nouveautés
-91 millions de dinars est le budget du salon
-175 invités sont prévus au salon dont 95 algériens
-910 exposants dont 290 algériens
-17 pays arabes participent au salon
-60 candidats se sont présentés au jury du prix Assia Djebar du roman
-4 salles sont réservées aux débats et aux projections de films : Ali Mâachi, El Djazaïr, Sila aile C2 et Safex DG
-126 ouvrages ne sont pas autorisés d’exposition au salon en vertu d’un décret qui date de 2002.
**Fayçal Métaoui / el watan/ jeudi 29 octobre 2015
******Grinçant, piquant, dénonciateur et frontal, le roman algérien en langue arabe se lit avec plaisir. Courez vite au Salon international du livre d’Alger (SILA) qui se tient jusqu’au 7 novembre à la Safex pour le re(découvrir) !
Tahar Ouettar, Abdelhamid Behadouga et Ahmed Réda Houhou ne sont plus là. Leurs œuvres sont parfois méconnues des jeunes lecteurs. Il est rare de trouver dans les librairies Ghada Oumou el Qora (Houhou), Al Chamaâ oua dahaliz (Ouettar) ou Nihayatou al Ams (Benhadouga). Aucun effort n’a été fourni pour réediter ses incontournables classiques de la littérature algérienne. Qui a la charge de la sauvegarde de la mémoire littéraire algérienne ?
Il n’y a pas encore de réponses. Peu d’écrits existent sur le parcours créatif de Ouettar, Benhadouga, Houhou voire Malek Haddad, Noureddine Aba ou Mohamed Dib. Les éditions Maqamat et l’Entreprise nationale des arts graphiques (ENAG) viennent de prendre l’initiative d’éditer des textes complets de Ahmed Réda Houhou sur le théâtre et sur la littérature.
Cela comble un vide, mais ce n’est pas suffisant. Aujourd’hui, Rachid Boudjedra, qui fêtera ses cinquante ans d’écriture au Salon international du livre d’Alger (SILA), ne publie plus de roman en langue arabe malgré son attachement à la langue de Amrou Ibn Othman Sibawaih. Waciny Laredj et Amin Zaoui continuent d’écrire, explorant les thématiques des tourments actuels du Monde arabe, des grands changements sociopolitiques, des ratés de l’histoire, du poids des traditions, de la modernité, de la femme, des échecs répétés et de l’avenir incertain.
Anti-traditionaliste
Waciny Laredj, qui préfère éditer ses livres à l’étranger, revient cette année avec 2084, el Arabi el Akhir (2084, le dernier arabe) avec déjà un début de polémique avec Boualem Sansal sur le titre du roman et sur son contenu. Et Amin Zaoui sera présent, notamment, au SILA, avec son dernier roman Qabla el Hobi bi Qalil (Peu avant l’amour) et avec un roman révisé, Wa yashou al harir (La soie se réveille). Habituellement, Amin Zaoui aborde la saison littéraire avec deux romans, l’un en arabe, l’autre en français. En 2014, il avait publié Le Miel de la sieste en français et Al Malika en arabe.
Dans les pays arabes, Ahlam Mosteghanemi et Fadéla El Farouk enregistrent actuellement des records d’audience. Véritables combattantes pour les libertés, ces deux romancières, fort respectées de leur lectorat, continuent d’explorer l’univers littéraire, cassant barrières et portières en cours de route. Ahlam Mosteghanemi et Fadéla El Farouk élèvent la voix avec courage, heurtant parfois les gardiens «permanents» de la bonne conscience et des bonnes mœurs.
La littérature anti-traditionaliste de Ahlam Mosteghanemi et Fadéla El Farouk trouve un écho auprès du jeune lectorat arabe prêt à sauter les verrous. Iktichafou al Chahwa (La découverte du désir) de Fadéla El Farouk n’a pas plu à certains critiques arabes en raison de l’évocation du sexe et du corps féminin. Même réaction ou presque à la sortie des romans de Ahlem Mosteghanemi, Dhakiratou al Jassad (Mémoire de chair) et Abir sarir (Passager d’un lit). Cela n’empêche pas que les romans de Ahlem Mosteghanemi sont actuellement les livres les plus vendus dans les pays arabes. Autant parler d’un phénomène littéraire.
Viol
«Dans les pays arabes, l’écrivain meurt de faim lorqu’il échoue, enrichit les autres lorsqu’il réussit», a estimé Ahlem Mostaghenemi, dont l’œuvre littéraire a été saluée par le grand poète syrien Nizar Qabani. «J’ai grandi entre deux univers, deux pères, deux continents, deux pays, deux villes. Ma rébellion est née de cette situation, cet environnement. J’ose dire parfois que je n’aime personne !» a soutenu, pour sa part, Fadéla El Farouk qui est établie au Liban.
Selon elle, le Liban lui a donné la liberté que l’Algérie ne lui a pas permis d’avoir. «Je défie chaque Algérienne de me dire qu’elle peut sortir la nuit en Algérie sans être harcelée ou agressée. Encore écolière, les garçons me lançaient des pierres, sinon des boules de neige. Cette situation n’a pas changé», a-t-elle déclaré. La romancière a toujours dénoncé certaines lois dans les pays arabes qui forcent au mariage les femmes qui ont subi un viol. «Je me raconte dans mes livres.
Je suis derrière chaque personnage. Il y a le bien et le mal dans chaque être humain. Je peux dire toujours que ma liberté est violée à chaque fois pour la simple raison que je suis une femme, sinon une femelle. Je ne dois pas aller là-bas, je ne dois pas m’asseoir ici, je ne dois pas m’habiller de cette manière, je ne dois pas parler de cette façon…», a relevé Fadéla El Farouk, qui sera présente au SILA et publiera bientôt à Beyrtouth un recueil de poèmes, Fi Hobi Qidis (De l’amour d’un homme saint).
Ahmed Tibaoui avait fait sensation en 2014 avec son roman Mawt Naîm (Mort douce) paru aux éditions El Ikhtilaf à Alger et Al Dhifaf à Beyrouth. Le livre raconte l’histoire d’une femme partagée entre l’illusion, l’espoir et l’échec. Une femme contemporaine qui a rêvé d’un autre destin, d’une autre existence, d’un autre délire. Mawt naîm a obtenu le troisième prix Tayeb Salih du meilleur roman arabe.
Liberté
Les éditions Al Ikhtilaf, nées d’une association culturelle, travaillent depuis 2003 avec Al Dhifaf. «Nous proposons des textes et des auteurs. L’impression se fait à Beyrouth et la distribution pour le Monde arabe se fait à partir de cette ville. Entre 2003 et 2014, nous avons produit 500 titres. C’est pratiquement une révolution», a souligné Assia Moussaï, responsable des éditions.
Le catalogue d’Al Ikhtilaf est riche en ouvrages sur la philosophie, la sociologie, la critique littéraire, le théâtre, les nouvelles et les romans. «Nous faisons aussi beaucoup de traduction du français vers l’arabe. Le lecteur arabophone algérien ne s’intéresse pas qu’au livre religieux ou au livre de cuisine. Ce n’est pas vrai. Chaque année, nous sommes présents au Salon international du livre d’Alger et chaque année, notre public s’élargit. Nous avons crée une seconde maison d’édition, Hakaya, spécialisée en littérature de jeunesse.
Ces trois dernières années, nous avons constaté un retour vers le roman», a relevé Assia Moussaï. Amel Bouchareb, révélée l’année dernière par un recueil de nouvelles, Alayha thaltha achar, revient cette année avec un roman qui sucite déjà un petit débat parmi les connaisseurs de la jeune littérature algérienne, Sakarat Nadjma, paru aux éditions Chihab. «Je n’aime rien imposer aux lecteurs.
Je leur laisse la totale liberté d’imaginer, de tirer les conclusions, de plonger dans le texte sans rien lui suggérer. Pour moi, mettre un point final à un texte littéraire signifie que la mission de l’écrivain est terminée, commence alors celle du lecteur dans l’interprétation dans le sens le plus large. C’est ce qui fait la beauté de la littérature. La littérature n’est pas une science exacte. Elle offre la liberté de penser», nous a expliqué Amel Bouchareb, qui considère la nouvelle comme un exercice pour aller vers l’écriture romanesque.
Obsessions
Hadjer Kouidri, très discrète, continue son petit bonhomme de chemin. Après le succès de Nawras Bacha, consacré par un grand pix littéraire arabe, Hadjer Kouidri revient avec Erraïs, un roman qui plonge dans l’Algérie ottomane de 1791, paru chez Al Ikhtilaf et Al Dhifaf. Hadjer Kouidri, qui se distingue par une écriture imagée et vivace, a fait de la «grande histoire» un domaine vaste de création. Erraïs dresse un portrait de Raïs Hamidou à travers son entourage, une narration polyphonique qui tente de rendre de justice à un homme toujours méconnu des siècles après sa mort.
Marginalisation
Samir Kacimi — un nom qui compte dans la littérature algérienne écrite en arabe — n’a pas peur pour la liberté d’expression dans l’écriture romanesque en Algérie. «C’est domaine où l’on peut dire beaucoup de choses. Le problème peut venir de la mauvaise distribtion des livres ou de l’exclusion des écrivains. Pour moi, ce qui a été qualifié d’’écriture de l’urgence’ (des années 1990, ndlr) n’a pas apporté grand-chose au roman algérien écrit en arabe.
Les obsessions de la nouvelle génération d’écrivains en arabe ne sont pas celles des autres générations. Cela apparaît clairement dans la construction littéraire et artistique des romans ou des nouvelles. La littérature algérienne est aujourd’hui plus représentée par les jeunes écrivains que par ceux ayant une certaine notoriété», a analysé Samir Kacimi, auteur de plusieurs romans de qualité comme Yaoum Rai lil Mawt (Belle journée pour mourir), Fi achki Imraatin Akir (pour l’amour d’une femme stérile), Halabil et Al Halem (le rêveur).
Samir Kacimi construit ses romans à partir du réel, densifie l’imaginaire par une poésie d’une rare beauté, servie par une langue contemporaine épurée. Bachir Mefti, qui a fouillé dans les profondeurs insondables de ses souvenirs pour écrire ses deux derniers romans, Achbah el Madina el Maktoula (Les fantômes de la ville morte) et Ghorfatou el Dhikrayat (La chambre des souvenirs), partage les mêmes tourments que Samir Kacimi. Ils sont de la même génération, ont subi les douleurs et les chocs des années 1990, ont souffert de la marginalisation, parfois du mépris, et ont décidé de ne plus jamais taire leur colère, leur déception, leur amertume…
La littérature algérienne en langue arabe est également portée par de jeunes écrivains qui puisent dans les océans de la poésie et dans les champs fertiles du roman, à l’image de Mohamed Rafik Taïbi (qui s’est dinstingué avec un livre au langage nouveau, Assifatou al Atifa (La tempête du sentiment, paru en 2014), Aïcha Gahem, Toufik Ouamane, Miloud Yabrir, Aïcha Benour, Smaïl Yabrir, Fatma-Zohra Boularas, Fayçal Al Ahmar, Allaoua Hadji, El Khir Chouar, Abderrezak Boukeba, Lamisse Saïdi… et d’autres encore. L’avenir de la littérature algériene s’écrira en arabe. Les jeunes auteurs font montre d’un grand courage, d’un débordement de folie, d’une intense créativité et d’un fort désir de briser les murs et de dépasser les interdits.*Fayçal Métaoui / el watan/ vendredi 30 octobre 2015
*****Les restrictions budgétaires telles qu’instituées par le ministère de la Culture touchent cette année aussi le Salon international du livre d’Alger, nous apprend-on, le budget a diminué de 50%. Néanmoins «Nous allons réussir. Si nous échouons ce sera toute l’Algérie qui aura échoué» fera savoir, lors d’un point de presse à la Safex, Hamidou Messaoudi, commissaire du Sila qui a atteint cette année la 20 ème édition. «Et à 72 heures avant son lancement il réussira. Tout est prêt pour accueillir son inauguration le 28 octobre.».
Et d’étaler le programme en chiffres, avertissements et détermination. Aussi, cette année «nous accueillons un chiffre record de pays invités, soit 47 sans compter d’autres pays comme le Mali présent en force avec ses auteurs? mais pas en tant qu’éditeurs. Sinon, on atteindra le chiffre de 53». Le Sila 2015 enregistre 910 maisons d’édition arabes et étrangères, 290 algériennes, parmi elles 117 seront visibles au Pavillon central. Et le ton qui monte, M.Messaoudi fera remarquer que certains éditeurs ont été sanctionnés car ayant dépassé les 48 heures réglementaires pour rendre compte de leur inventaire. M.Messaoudi insistera sur ce qui constitue pour lui un véritable «casse-tête chinois», à savoir le Pavillon central dont les éditeurs se disputent chaque année une parcelle pour déposer leurs livres. Or, argue-t-il comme d’habtiude, «le pavillon central est d’une superficie de 8000 m² seulement et nos besoins dépassent les 14 000 m². Il est donc impossible que toutes les maisons d’édition soient domiciliées là-bas. On réfléchit à ce que l’année prochaine le Pavillon central soit réservé uniquement aux expositions. S’il y a bien quelque chose qui me fatigue durant le Sila c’est bien ce pavillon». Aussi, cette année, parmi les 175 auteurs invités a-t-il relevé, 59 sont algériens soit 45,5, les 24%, 14% et 1,2% restants appartiennent respectivement à l’Europe, les pays arabes et les USA. Evoquant le pays invité d’honneur qu’est la France, notre conférencier se mettra d’emblée à justifier ce choix par le fait que l’Algérie a été l’hôte de la France à maintes reprises notamment en 2003 avec «l’Année de l’Algérie en France» mais aussi au festival de la BD à Montreuil, à Montpellier etc, bref dans plusieurs manifestations au pays de l’Hexagone et il finira par dire: «Ce choix a été dicté pour des raisons exclusivement culturelles.» Aussi plus de 25.000 titres de livres seront exposés avec la priorité qui revient comme toujours à la nouveauté, à la littérature, le livre scientifique et universitaire mais aussi au film pour enfant. Si cette année «l’espace BD a été supprimé, c’est pour ne pas justement faire du Sila un Fibda bis», a expliqué le commissaire.
S’agissant des livres qui ont été retirés des stands cette année du Sila, car jugés blasphématoires, ils sont au nombre de 106.
M.Messaoudi a préféré la formule «mettre des réserves» plutôt que censure, expliquant cet acte par le fait que ce sont des livres qui font soit l’apologie du terrorisme et de la violence ou ils portent atteinte à l’honneur du pays ou de la Révolution algérienne. Aussi, tiendra-t-il à signaler que contrairement à ce qui a été dit, le ministre de la Culture n’a pas vu et corrigé le programme du Sila. Ce dernier n’a pas été modifié.
M. Hamidou Messaoudi attaquera avec virulence les éditeurs qui exportent leurs livres sous le manteau. Des agissements qui selon lui bafouent le règlement intérieur du Sila. C’est pourquoi a-t-il annoncé, «le Sila sera cette année sous haute surveillance de la Gendarmerie nationale».
Le prix Assia-Djebar qui devait être institué comme le Grand Prix du Sila sera mis en application finalement en totale indépendance avec ce dernier. Il sera financé communément par l’Anep et l’Enag. Il sera remis le 04 novembre prochain. Son jury est présidé par Merzak Bagtache. Outre les ventes-dédicaces des auteurs et tables rondes qu’organisent les différents éditeurs, le Sila accueille cette année aussi une «Journée professionnelle algéro-française» des éditeurs», la 7e Rencontre euro-maghrébine des écrivains avec comme thème central le polar, une rencontre du Syndicat national des éditeurs, mais aussi des conférences proposées par l’Anep. Quatre espaces d’animation ont été mobilisés pour accueillir l’ensemble des programmes, la salle du Sila, au pavillon central, aile C2, la salle Ali Maâchi, équipée de projecteurs pour la circonstance, la salle El Djazair, rénovée et enfin la salle de conférences de la Safex, entièrement réaménagée et équipée. Un cycle de films aura lieu simultanément à la salle Ali-Maâchi et au Musée du cinéma, 26, rue Larbi-Ben M’hidi. Il s’agira d’un cycle cinéma-littérature portant sur les films adaptés de romans. Enfin, les activités de l’Esprit Panaf se dérouleront dans l’espace qui est affecté au sein du Pavillon Central. Ce cycle de conférences et tables rondes débutera le 30 octobre et se tiendra tous les jours à partir de 15h.
L’Esprit Panaf accueillera différents auteurs et éditeurs, mais aussi d’autres spécialistes de la question littéraire africaine comme des critiques littéraires, des universitaires ou encore le directeur du livre au ministère de la Culture du Cameroun et le vice-président du département livre, au ministère de la Culture du Burkina Faso. Ce sont une trentaine d’invités qui feront partie de cette aventure baptisée «l’Afrique par le livre».
Parmi les autres pays invités on citera la côte d’Ivoire, la Guinée (Conakry), le Sénégal, la Tunisie, le Bénin, le Niger, le Congo. Parmi les invités de l’Espace Esprit Panaf on notera Olivier Le cour Grandmaison (France) qui viendra nous parler notamment de son ouvrage L’empire des hygiénistes, vivre aux colonies. A ne pas rater donc! *L’Expression-Lundi 26 Octobre 2015
**La France est l’invitée d’honneur du 20e Salon international du livre d’Alger (Sila) qui se tiendra du 29 octobre au 7 novembre à la Safex des Pins maritimes. Une première depuis le lancement du Sila en 1985. Ce choix, qui n’a pas fait l’unanimité chez les intellectuels algériens, s’explique, selon le Commissaire général du Sila, Hamoudi Messaoudi, par les « demandes répétitives » de l’Hexagone à chaque édition.
Pour ce rendez-vous culturel important, la France a établi un programme pour « valoriser le patrimoine linguistique et littéraire partagé par la France et l’Algérie », selon les termes de l’Ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié.
La France a présenté le programme détaillé de ses activités durant la dizaine du Sila. La majorité de ses invités ont un lien, de près ou de loin, avec l’Algérie. Parmi eux Alexandre Arcady, réalisateur de Ce que le jour doit à la nuit (2012), Yamina Benguigui, ancienne ministre déléguée de la Francophonie et réalisatrice, Gilles Kepel, politologue et écrivain pour parler de son livre Passion de Kabylie ou Kamel Daoud qui co-animera une conférence sur les « Religions et laïcité ».
L’identité algérienne au cœur du programme
Mais le Sila ne sera pas uniquement français. Au total, 910 maisons d’éditions de 53 pays seront présentes dont 290 algériennes, soit une baisse de 16 éditeurs étrangers et une légère hausse de 23 exposants algériens par rapport à l’année dernière. 25 000 titres seront exposés, 106 ont été interdits pour diverses raisons comme « apologie au terrorisme » ou « atteinte aux symboles de l’État ».
La nouveauté de cette 20e édition est l’instauration d’un pavillon réservé au livre numérique, qui remplacera celui de la bande dessinée et l’instauration du prix « Assia Djebar » du Roman, qui sera décerné le 4 novembre prochain.
Dans le programme de cette édition, placée sous le slogan « 20 ans à la page », figurent des rencontres thématiques sur l’identité culturelle et l’onomastique, l’édition et le livre numérique, l’Histoire et les crimes de guerres, l’école et le livre, la critique littéraire et la littérature et la société.
Des journées seront organisées autour de la langue et la littérature arabes, l’islam, l’édition et la littérature amazighe. Des projections de long-métrages adaptés d’œuvres littéraires sont aussi prévues. Parallèlement, des tables-rondes, des conférences, des débats, des ventes-dédicaces et estrades, qui accueilleront auteurs et romanciers pour la présentation de leurs derniers ouvrages sont au menu.*mercredi 28 octobre 2015 | Par Walid Hamada | tsa
Les événements les plus marquants du programme du Sila
Date | Lieu | Rencontre, journée, estrade, projection ou débat |
29 octobre à 10h30 (réservé aux professionnels et aux médias) | Salle Djazaïr (Safex) | Panorama du secteur du livre en Algérie et en France |
16h00 | Salle du Sila (Safex) | Rencontre onomastique : Les noms propres de personnes en Algérie, entre Histoire et état-civil |
30 octobre à 10h30 | Salle du Sila | La numérisation des archives |
14h00 | Salle Djazaïr | La vie est-elle un polar ? Crime et vie |
15h00 | Espace esprit Panaf (Safex) | Du nom de l’Afrique, des lieux de l’Afrique |
15h30 | Salle Ali Maachi (Safex) | Journée Langue : Présence de la littérature algérienne dans l’espace culturel français (enjeux et horizons) |
31 octobre à 11h00 | Salle du Sila | Présentation du dernier livre de Benjamin Stora |
14h00 | Salle Djazaïr | Les littératures, les écrivains et les pays [Finlande, Norvège et Algérie] |
15h00 | Espace esprit Panaf | L’Afrique face aux enjeux du 21ème siècle |
1er novembre à 15h00 | Espace esprit Panaf | Quand l’Histoire vous colle à la peau |
16h00 | Salle du Sila | Les crimes coloniaux |
2 novembre à 10h30 | Salle Ali Maachi | Table-ronde : Islam et modernité |
15h00 | Espace esprit Panaf | Littérature maghrébine et subsaharienne : Quel regard sur le temps qui passe ? |
17h00 | Salle du Sila | Présentation du dernier ouvrage d’Amin Zaoui |
3 novembre à 14h00 | Salle Djazaïr | Focale : Le Machreq en ébullition |
15h00 | Espace esprit Panaf | Nouvelle littérature africaine : vers une rupture ? |
16h30 | Salle du Sila | L’école et le livre : promotion de la lecture-plaisir |
4 novembre 14h30 | Salle du Sila | Rencontre : La critique a-t-elle encore un avenir ? |
15h00 | Espace esprit Panaf | Dire « non ! » au théâtre africain |
15h30 | Salle Djazaïr | Pluralisme linguistique et effets sur l’industrie du livre |
18h00 | Salle Ali Maachi | Remise du prix « Assia Djebar du Roman |
5 novembre à 14h00 | Salle Ali Maachi | Production écrite en tamazight : édition, coédition et traduction |
15h00 | Espace esprit Panaf | Quel rôle pour la littérature pour un changement en Afrique ? |
17h30 | Salle du Sila | Rencontre : Vécus d’écrivains, sources d’inspiration |
6 novembre à 11h00 | Salle du Sila | Présentation du dernier écrit d’Anouar Benmalek |
11h00 | Salle Djazaïr | Focale : Le nouveau jeu des puissances au Moyen-Orient |
15h00 | Espace esprit Panaf | Contez-moi l’Afrique |
19e salon international du livre-Alger
du 30 octobre au 8 novembre 2014
au Palais des Expositions des Pins maritimes.
sous le thème : “Le Livre et nous”
926 exposants représentant 43 pays, dont 267 éditeurs algériens
L’accès est gratuit au public tous les jours de 10h à 19h.
Les Etats-Unis d’Amérique sont l’invité d’honneur de la 19e édition du Sila, qui verra la participation de 926 exposants représentant 43 pays issus de quatre continents, dont 267 éditeurs algériens, répartis sur une superficie de 20 000 m². Coïncidant avec le 60e anniversaire du déclenchement de la Révolution, le Salon propose diverses tables rondes et conférences ayant trait à l’histoire.
**Ce salon a pour ambition de réunir des éditeurs algériens et étrangers. Les auteurs donnent des conférences et font des signatures, participent à des débats et tiennent des ateliers.
Le SILA devenu de manière incontestable le plus important rendez-vous culturel en Algérie offre aux visiteurs la possibilité d’assister à des conférences et des débats autour de sujets variés et atypiques animés et modérés par d’illustres noms de la littérature algérienne, arabe et mondiale.
Des politiques, des historiques, des auteurs, ou encore des journalistes se chargeront d’animer les 10 jours que durera le salon cette année.
Les débats consacrés à l’histoire de la révolution algérienne sous tous ses aspects seront animés notamment par Omar Carlier, Hervé Bismuth, Damien Carron Benjamin, Caliore Mauss-Copeaux, Brower, Ouanassa Siari-Tengour, Samah Idriss, Nils Andersson ainsi que Sadek Hadjeress, Réda malek, Mohamed El Korso ou encore Fouad Soufi.
La célébration du 60e anniversaire du déclenchement de la révolution sera également célébrée sur l’esplanade du palais des expositions. Cet anniversaire sera commémoré à travers d’autres éléments du programme notamment les hommages, les conférences ou les rencontres spéciales.
Des rencontres thématiques sont prévues pour ce 19ème salon notamment celles relative à la relation entre le journalisme et la littérature programmées pour les journées du 30 et 31 octobre et celles réservées à la toponymie et l’onomastique prévues pour les 2 et 03 novembre.
La relation entre la littérature et le cinéma n’est pas en reste. Deux journées seront consacrées à cette thématique. Ainsi le 5 et 6 novembre les visiteurs du salon pourront assister à des débats mais aussi à des cycles de films adaptés de la littérature. Un programme élaboré en partenariat avec la cinémathèque algérienne.
L’esprit Panaf ne disparaîtra pas du 19 e salon d’Alger. De nombreux auteurs africains y animeront d’aussi intéressantes conférences que les éditions passées. Le programme panafricain s’étalera du 31 octobre jusqu’à la clôture du salon en l’occurrence le 08 novembre prochain.
Deux tables rondes sont programmés autour de deux thèmes phares: l’Emir Abdelkader, Henri Dunant et le droit humanitaire ainsi que la librairie et la question de la formation.
Les conférences de clôtures, seront deux moments de grand intérêt. Animées par deux poids lourds dans le monde des médias, ces conférences draineront certainement de nombreux visiteurs du salon. Gilles Kepel présentera « regards sur les bouleversements du monde arabe contemporain » alors que Hamdi Kandil fera sa lecture du paysage médiatique arabe.
L’invité d’honneur du salon cette année seront les Etats-Unis d’Amérique. Le pays hôte de l’Algérie sera au pavillon central où il prévoit de nombreuses activités dont des rencontres avec des auteurs américains et la projection de films et des débats. Une plaquette spéciale sera réservée au programme du pays invité d’honneur.
Au total 926 exposants seront présent à cette manifestation dont 659 étrangers. 43 pays seront au rendez-vous du salon international du livre d’Alger dont 15 pays, arabes, 15 pays africains, 11 pays européens et les Etats Unis, pays hôte de cette 19 ème édition du Sika.*.huffpostmaghreb.
Rendez-vous au Palais des Expositions des Pins maritimes.
***Le site web du SILA
*Placé sous le slogan «Le livre et nous» le plus grand rendez-vous littéraire de la rentrée ouvrira ses portes du 30 octobre au 8 novembre et sera inauguré le 29 octobre par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal.
C’est sous le signe de la célébration du déclenchement de la révolution du 1er Novembre que sera placée cette année la 19e édition du Salon international du livre d’Alger qui se tient à la Safex aux Pins maritimes. Lors du point de presse animé dimanche dernier dans la grande salle des conférences du Sila, la ministre de la Culture, Nadia Cherabi Labidi, qui a tenu à assister et venir encourager cet événement, a salué le caractère hautement engagé de ce salon qui a été lancé en 1994 en pleine décennie noire et se poursuivra jusqu’aujourd’hui, en passant par l’opération de la Réconciliation nationale instaurée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et qu’elle a jugée plus que symbolique, voire «un acte culturel» selon ses termes, en vue d’instaurer la paix en Algérie. Aussi, associer la célébration du 1er Novembre au Sila n’est pas anodin ni bizarre, a-t-elle estimé, car c’est grâce à cela que l’indépendance a été acquise et que des enfants furent scolarisés et l’analphabétisme banni.
La ministre de la Culture se félicitera de l’installation d’un pavillon spécial pour enfant tout en plaidant encore pour la promotion de la lecture et l’écriture à travers la mise en place prochaine de résidences et d’ateliers en ce sens, englobant ainsi le large programme de promotion de la littérature tracé par son ministère. Pour sa part, le ministre de la Jeunesse, Abdelkader Khomri, fera remarquer que la venue de ce salon était un réel moyen de lutter contre le terrorisme. Il est devenu aujourd’hui un véritable outil de rayonnement culturel. Inscrire le salon dans l’agenda international était une bataille. Aujourd’hui il est devenu l’un des plus grands rendez-vous au monde».
Pour le commissaire du Sila, Hamidou Messaoudi, tout ce qui a été dit par la ministre de la Culture se veut une «feuille de route à consolider». Et de faire remarquer que «le Sila occupe la troisième place dans le monde et le premier Salon du livre arabe et africain» et de dérouler enfin le programme. Si l’édition de l’an dernier a accueilli 1.300.000 visiteurs, il souhaitera que cette année ce chiffre augmente compte tenu de plusieurs facteurs, notamment les vacances scolaires et la fête de Achoura la semaine prochaine. Aussi, 926 exposants représentant 43 pays issus des quatre continents, dont 267 éditeurs algériens prendront part à l’édition 2014. Le Sila, nous affirme-t-on, confirme sa dimension internationale avec la participation de pays très éloignés géographiquement comme la Chine, le japon, le Pérou ou le Venezuela. L’Afrique et le Monde arabe sont fortement représentés avec 15 nations arabes et 15 africaines. Les Etats-Unis d’Amérique sont l’invité d’honneur de cette année. Le commissaire explique ce choix en ces termes: «La nouvelle génération s’intéresse davantage à la langue anglaise qu’au français, c’est un fait. Aussi, pour nous il s’agit de «sortir de la langue du colonisateur. Le président Kennedy avait aussi soutenu d’ailleurs la cause algérienne..» et de souligner un peu plus loin: «La France sera tout de même présente avec une participation de nombreux éditeurs, auteurs, conférenciers qui viendront témoigner des exactions qu’a subies l’Algérie durant la période de colonisation.» La nouveauté est l’introduction d’un pavillon spécial enfant, entre conte, BD (pavillon G) et éditeurs spécialisés dans le livre jeunesse et parascolaire (pavillon A), sans oublier moult animations de plein air qui se tiendront tout au long du Sila (place du Palais des expo). Il y aura une seule salle de conférences cette année. Trois rencontres de deux jours chacune seront proposées au public sur des thématiques diversifiées: le journalisme et la littérature, la toponymie et onomastique, la littérature et le cinéma. Notons qu’une journée sera consacrée au livre en Algérie et autres conférences. Se tiendront plusieurs hommages. Outre celle réservée à la rencontre internationale sur le 1er Novembre 1954, ces journées thématiques alternent avec les rencontres thématiques de deux jours. Parmi ces hommages, on relève ceux à l’intention d’Emmanuel Robles, Jean-Louis Husrt, Samih El Kacim, Gabriel Garcia Marquez et Abou El Kassem Saâdalah.
L’Afrique sera fortement présente cette année encore avec le pavillon esprit Panaf, lequel est devenu une tradition depuis la deuxième édition du Festival culturel panafricain d’Alger en 2009. Le programme débutera chaque jour à 15h. Plusieurs auteurs, éditeurs et autres invités seront présents de différents pays du continent dont Samy Tchak et Eugène Ebodé pour ne citer que ceux-là, de vrais habitués du Sila. Parmi les sujets abordés lors des conférences: l’Afrique des laïcités, Etat, religion et pouvoirs au sud du Sahara, littérature féminine et engagement sur la condition de la femme en Afrique, littérature et musique: convergences et divergences. Outre ces rencontres, des lectures et ventes-dédicaces émailleront ce menu riche en voyages et découvertes. La célébration du 60e anniversaire du 1er Novembre fera l’objet de nombreuses tables rondes. Elle sera également présente dans l’espace esprit Panaf le 30 octobre avec les éditeurs militants et la bataille de l’écrit. D’ailleurs, la cérémonie du déclenchement de la guerre de Libération nationale se tiendra le 1er novembre sur l’esplanade du Palais des expos et sera marquée par un recueillement à la mémoire des martyrs, avec un lâcher de 60 ballons et un fort programme d’animation.
Le cinéma aussi aura sa part dans ce programme. 30 films historiques seront projetés et à la salle Ali-Maâchi et à la Cinémathèque algérienne. «Si le slogan paraît simple car il renvoie juste à l’utilité du livre, c’est grâce au livre qu’on peut connaître notre histoire», a expliqué le commissaire.*Par O. HIND - Mardi 28 Octobre 2014*L’Expression
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***Hamidou Messaoudi, commissaire du Salon international du livre d’Alger (Sila), a tenu, hier après-midi, au pavillon central du palais des expositions Safex (Pins Maritimes), une conférence de presse, durant laquelle il a présenté les grandes lignes de la 19e édition, prévue du 30 octobre au 8 novembre prochain (de 10h à 19h), et placée sous le thème : “Le Livre et nous”. Cette conférence a été marquée par la présence de la ministre de la Culture, Nadia Labidi, et le ministre de la Jeunesse, Abdelkader Khomri. Le ministre des Moudjahidine, qui devait également être présent, n’a pu, en fin de compte, se libérer. Mme Labidi a prononcé un discours, dans lequel elle a estimé que sa présence était une manière d’“encourager” le travail qui a été fait et qui se fait par tous les acteurs du livre et les organisateurs du Sila. Elle a également soutenu que le Sila était “un rendez-vous très attendu, une des plus grandes manifestations culturelles en Algérie”, tout en rappelant que la loi sur le livre, actuellement en débat à l’APN, pourrait être considéré comme “un acquis” et “un point de départ à même d’organiser les manifestations autour du livre”. Selon la ministre de la Culture, cette loi a permis la création “d’une plateforme de débat”. “Il est très important que les professionnels de l’édition rejoignent un atelier qu’on organisera prochainement pour prendre part à un débat”, a-t-elle annoncé. Mme Labidi, qui a salué le travail des associations (en leur demandant de s’impliquer davantage), a, en outre, annoncé que son département encourage la lecture mais aussi l’écriture, à travers notamment la mise en place prochaine de résidences d’écriture et d’un grand prix du roman. Dans son allocution, la ministre a aussi rappelé le travail qui se fait avec les ministères de la Jeunesse et de l’Éducation nationale – encourager la lecture et accorder plus d’importance aux matières artistiques. De son côté, le commissaire du Sila, M. Messaoudi, qui a déclaré que le Sila-2013 avait accueilli “plus de 1 300 000 visiteurs”, a présenté le programme de cette édition. Le Sila-2014 verra la participation de 926 exposants représentant 43 pays issus de quatre continents, dont 267 éditeurs algériens, répartis sur une superficie de 20 000 m². Le programme d’animation se répartira en deux volets : le premier est dédié à la littérature avec plusieurs tables-rondes, et le deuxième s’inscrit dans le cadre de la célébration du 60e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Ainsi, des historiens et chercheurs algériens et étrangers aborderont plusieurs thèmes ayant trait à l’histoire. Comme chaque année, le Sila organise plusieurs hommages : cette année, il sera question d’hommages à Emmanuel Roblès, Jean-Louis Hurst, Samih El-Kacem, Gabriel Garcia Marquez, Abou El-Kassem Saâdallah. A cela s’ajoute un programme cinéma, organisé aussi bien au niveau de la Safex qu’à la Cinémathèque algérienne et qui comporte des projections de plusieurs films, notamment des adaptations cinématographiques à partir d’œuvres littéraires. Quant à l’invité d’honneur, en plus d’un stand qui lui sera réservé et des projections, trois auteurs américains, à savoir Marc Greaney, Eyre Price et Jennifer Steil, prendront part à cette édition et animeront une table ronde. Le programme est certes riche cette année, mais hélas, sans figures dominantes du monde de la création littéraire. Pourtant, le Sila est l’événement culturel le plus important de l’année.*liberte-algerie.*Lundi, 27 Octobre 2014
*Présence renforcée les éditeurs français et de l’IFA
Les grands éditeurs français annoncent une présence renforcée au Salon International du Livre d’Alger (19e SILA), qui se tiendra du 30 octobre au 8 novembre 2014, au Palais des Expositions des Pins Maritimes. L’Institut français d’Algérie (IFA) a tracé, pour l’occasion, un riche programme.
Côté éditeurs, ce rendez-vous culturel majeur verra la participation des grands groupes généralistes comme Hachette international, Arnaud Bizalion édition, Parenthèses, Agone, Editeurs du sud, Le Bec en l’air, Images plurielles, etc.
A l’occasion, l’Institut français d’Algérie, qui installera son espace dans le Hall central, a tracé un riche programme qui comprend, notamment, une présentation de l’actualité de la coopération française en Algérie, des signatures d’auteurs (Maïssa Bey, Guy Dugas, Armand Vial, Gilles Kepel), le lancement du Prix 2015 de la Nouvelle fantastique et « mini cours » de français pour les juniors.
Par ailleurs, TV5 Monde sera présent au SILA avec une émission spéciale de Maghreb Orient Express et le présentateur Mohamed Kaci rencontrera ses auditeurs au stand de l’IFA.
Le programme d’activités de l’espace de l’Institut français d’Algérie :
Présentation des études en France et aide à l’orientation par les conseillers Campus France. Présentation de Campus Art (accès aux formations artistiques en France) le lundi 03 novembre à 11h
Présentation des cours de français de l’IFA, avec un accent mis sur les cours juniors, du 02 au 08 novembre à 16h (sauf le 04 novembre). Un concours permettra aux jeunes participants de ces « mini-cours » de gagner chaque jour une inscription gratuite pour la prochaine session de cours juniors qui débutera en janvier 2015. Proclamation des noms des gagnants le 08 novembre 2014 ; les vainqueurs seront prévenus par courriel.
Présentation de la médiathèque numérique, le lundi 3 et mercredi 5 novembre à partir de 15h, par Yazid Faci, bibliothécaire IFA, ces animations permettront de découvrir en quelques clics plus de 35000 documents en lignes dans différents domaines
Présentation du Bureau du Livre de l’Institut français d’Algérie, le mardi 4 novembre à partir de 11h et le Jeudi 6 novembre à partir de 15h. le Bureau du Livre de l’Institut Français d’Algérie est un partenaire naturel de l’édition algérienne. Il participe depuis de nombreuses années au développement du secteur du Livre en Algérie et s’attache à renforcer les relations profondes qui lient le monde de l’édition des deux côtés de la Méditerranée. Programmes d’aide à la Publication, aide à la traduction, soutien à la formation professionnalisante et universitaire (Master en partenariat avec l’université Alger 2), mobilité des acteurs, diffusion dans le réseau des Instituts Français d’Algérie.
L’animateur de Maghreb Orient Express sur TV5 Monde, Mohamed Kaci, qui consacre chaque année un numéro spécial au SILA, donne rendez-vous au public et à ses fans algériens le vendredi 31 octobre à partir de 17h.
Centenaire Roblès. L’Institut Français d’Algérie a soutenu la parution d’un ouvrage en partie inédit de l’écrivain Emmanuel Roblès, éditeur de Mouloud Feraoun, « Malika et autres nouvelles d’Algérie » sous la direction de l’universitaire et grand connaisseur de Roblès, Guy Dugas. Cet ouvrage, paru aux éditions El Kalima, fera l’objet d’une présentation et d’une vente dédicace par Guy Dugas, sur le stand de l’IFA le lundi 3 novembre à partir de 15h.
Lancement de la deuxième édition du concours de la Nouvelle fantastique, qui vise à faire émerger les nouvelles plumes algériennes (18 – 35 ans) et à promouvoir la littérature de genre « fantastique ». Un point presse sera organisé, le mardi 04 novembre à partir de 15h, sur le stand de l’IFA en présence de la lauréate 2014 et d’autres auteurs édités. A cette occasion, sera présenté le recueil de la 1ère édition « Noces », en présence de Maïssa Bey, marraine de cette nouvelle édition, qui dédicacera ses derniers ouvrages parus chez Barzakh le mercredi 5 novembre à partir de 15h.
Dans la perspective de la célébration de Constantine, capitale de la culture arabe 2015, l’Institut Français d’Algérie a soutenu la publication d’un beau-livre inédit du photographe Armand Vial, « Ksar Tina ». Ce Constantinois de cœur, portant un regard original sur le Rocher, montre la beauté de cette ville, parfois où on ne l’attend pas. Cet ouvrage, paru aux éditions SEDIA, fera l’objet d’une présentation et d’une vente dédicace par Armand Vial, le vendredi 7 novembre à partir de 15h, sur le stand de l’IFA.
L’intellectuel et spécialiste du monde musulman Gilles Kepel est l’invité du Salon International du Livre d’Alger. Dans la foulée de sa conférence, il viendra honorer le stand de l’Institut Français et signer quelques exemplaires de ses ouvrages, Passion Arabe et Passion Française (Gallimard), le samedi 8 novembre à partir de 17h.*radioalgerie.dz*Lundi, 27 Octobre 2014
**Vol au-dessus d’un nid de bouquins
De manière relative, le Sila est devenu une sorte de rentrée littéraire, même si depuis quelques années il se tient pour l’essentiel début novembre. Nous ne disposons pas de statistiques, hélas, mais le volume des nouveautés nous paraît encore faible par rapport au nombre d’éditeurs algériens, 267, annoncé en cette 19e édition. Cela dit, la plupart d’entre eux n’assurent pas une promotion suffisante de leurs ouvrages.
Raison de plus pour encourager ceux qui enrichissent leur catalogue et le font savoir. Survol donc des parutions d’ouvrages dont nous présenterons certains dans les éditions à venir. Commençons par les éditions Sédia qui se distinguent par une série de traductions. Sept romans écrits en français deviennent accessibles aux lecteurs arabophones, contribuant à briser les barrières linguistiques. Il s’agit de Nulle part dans la maison de mon père de Assia Djebar ; Les Amants désunis de Anouar Abdelmalek et pas moins de cinq titres de Yasmina Khadra : Ce que le jour doit à la nuit» ; Cousine K ; La part du mort ; A quoi rêvent les loups ? et L’imposture des mots.
Cette maison propose également deux rééditions de Rachid Mimouni, Une peine à vivre (1991, Stock, Paris), roman sur la dictature et Le printemps n’en sera que plus beau (1978, ENAL, Alger) sur la guerre de Libération, ainsi que l’unique et posthume roman de Mazouz Ould Abderrahmane, Le Café maure. Cadet du grand dramaturge Kaki et comédien de théâtre, Mazouz est décédé en 2012 au Canada où il résidait. Deux essais viennent s’ajouter aux sorties Sédia : Histoire des Croisades de Jacques Heers, spécialiste français de l’histoire médiévale, décédé l’an dernier et un passionnant L’Algérie de Pétain de Pierre Darmon paru cette année (Perrin, Paris) et sous-titré Les Algériens ont la parole.
L’auteur s’est en effet appuyé sur des archives très particulières restituant de manière directe ou indirecte les propos des Algériens durant cette période : rapports de police, écoutes téléphoniques, contrôle postal, lettres de délation, correspondances adressées à l’Administration, etc. Signalons enfin un bel album de photographies de Armand Vial sur Constantine sous le titre de Ksar Tina sur lequel nous reviendrons. Les éditions Barzakh, dans la foulée du beau succès de Meursault, contre-enquête (2013) de Kamel Daoud, confirment leur prédilection littéraire sans négliger les autres segments de leur catalogue, et notamment les essais.
Notre confrère Chawki Amari, avec son nouveau roman, L’Âne mort, vient donner une belle épaisseur narrative à une expression populaire algérienne, construisant une histoire désopilante mais foncièrement sérieuse sur l’Algérie actuelle, oscillant entre l’imaginaire d’un Boris Vian et celui d’un Apulée de Madaure, antique auteur numide de L’Âne d’Or. Pour sa part, Amine Zaoui signe Le Miel de la sieste, présenté par l’éditeur comme «une célébration de l’outrance et de la poésie, un hommage érudit et ludique aux Mille et Une Nuits».
L’auteur, fidèle à sa verve politico-érotique, s’attache à un personnage frappé d’une particularité physique pour le moins originale, surfant sur ses fantasmes, souvenirs et récits. Enfin, toujours chez Barzakh, cette Querelle autour d’un cochon italianissime à San Salvario, œuvre de Amara Lakhous, cas particulier de la littérature algérienne contemporaine, puisque vivant et éditant en Italie, dans la langue de ce pays. Il nous sert ici, avec son humour habituel, une dénonciation de «la malhonnêteté d’une certaine presse, plus prompte à désigner des boucs émissaires qu’à analyser des phénomènes complexes».
Au chapitre des essais, on notera la sortie de Souvenirs d’un rescapé de la wilaya III de Mohand Sebkhi, récit d’un simple moudjahid recueilli et préfacé par l’historien Daho Djerbal, ouvrage qui apparaît comme une tentative de renouvellement du genre en Algérie et que l’éditeur présente comme «un témoignage à hauteur d’homme, qui s’impose par son humilité et un désir de vérité si fort, si tendu, qu’on peut imaginer combien il en a coûté à son auteur». Plus loin dans le temps, Chronique arabes des Croisades de Francesco Gabrieli que ce grand arabisant italien a élaboré à partir d’archives rares ou inédites, apportant une vision précise et plus juste de cette période historique majeure.
Ouvrage très original, A travers le mur de Jean-Charles Depaule aborde les mille et une façons de concevoir les seuils et les percées des habitations du Machreq, d’un point de vue architectural mais également symbolique. Enfin, Algérie-Kabylie, études et interventions, regroupe des textes du professeur anglais Hugh Roberts sur la période contemporaine de notre pays, et ce, jusqu’aux années 2000. Les éditions Chihab ont présenté au Sila de nombreuses nouveautés. Roman en langue arabe, Chifar min sarab (Code de mirage*) de Ismaïl Bensaâda, est un roman d’espionnage, le deuxième de l’auteur après Fou de Tripoli.
Nacira Belloula, qui écrit depuis quelques années à partir du Canada, sort Terre des femmes où elle sublime le courage et la grandeur des femmes des Aurès à travers quelques personnages emblématiques. Algérienne née à Damas en 1984, Amel Bouchareb signe son premier ouvrage, un recueil de nouvelles intitulé Alayha thalathatou aâchar (Treize sur elle), que l’on promet étonnant. Avec Les Sauvages II, Sabri Louatah propose un deuxième tome à son premier roman. Une histoire politico-rocambolesque où un certain Idder Chaouch, candidat à la présidentielle française, est victime d’un attentat. Dans son offre 2014, Chihab affiche surtout des essais, dont plusieurs consacrés à l’histoire de la libération de l’Algérie.
Mémoires d’une combattante de l’ALN de Zohra Drif Bitat, qui avait marqué le Sila 2013, sort enfin en version arabe. Document exceptionnel paru en 1960, La Pacification de Hafidh Keramane, ou Le livre noir de six années de guerre en Algérie, dénonçait avec précision la répression coloniale. Sa réédition, avec une préface de Nils Anderson qui l’avait initialement publié en Suisse, est une aubaine pour les passionnés d’histoire comme pour les chercheurs. Biographie détaillée d’un grand combattant des Aurès, Abbès Laghrour, du militantisme au combat de Salah Laghrour apporte un éclairage sur les moudjahidine du 1er Novembre 1954 tout en faisant découvrir un homme exceptionnel décédé dans des conditions encore «opaques».
Notons également Guerre de libération, histoire de la révolution algérienne de Malek Abada qui propose une vision large de cette période. Il est intéressant de noter que sur les livres consacrés à la guerre d’indépendance, deux s’attachent à la dimension culturelle de cette période. Il s’agit du très attendu Cinéma et guerre de libération ; Algérie, des batailles d’images de Ahmed Bedjaoui, le Monsieur Cinéma de l’Algérie, et du remarquable Editeurs et éditions pendant la guerre d’Algérie de Nicholas Hubert. On y découvrira comment l’image et le livre ont été aussi des terrains d’affrontement historiques.
Le professeur Amina Azza Bekkat propose un Dictionnaire des écrivains algériens de langue française (1990-2010) dont elle a dirigé la rédaction. Sur le même plan, Chihab publie Jean El-Mouhouv Amrouche : algérien universel de Réjane Le Baut, biographie magistrale parue en France en 2006 (Ed. Alteredit). Enfin, de Achille Mbembe, professeur à Johannesburg, Sortir de la grande nuit : essai sur l’Afrique décolonisée et, de Fadela Sammari, Chroniques françaises, destins algériens, cinquante portraits de Franco-algériens dressés avec émotion et précision par une auteure, issue de l’émigration, qui effectue une carrière professionnelle de niveau international tout en agissant dans la société civile.
De chez Dalimen nous sont parvenus deux albums de BD, l’un des domaines de prédilection de la maison d’édition. Notre confrère Le Hic fait encore des siennes. Avec Le quatrième mandat expliqué à ma fille et, accessoirement, Facebook expliqué à ma mère, il propose un album désopilant sur l’univers de la politique et des nouvelles technologies. L’auteur n’hésite pas à se mettre en scène et il nous prouve au passage qu’il n’est pas seulement caricaturiste mais aussi un véritable auteur de BD. Toujours dans le 9e art et toujours chez Dalimen, Gyps revient avec AlgeReine, un album caustique sur la femme en Algérie, au quotidien mais aussi dans l’histoire. On y sent la progression d’un talent déjà affirmé.
Notons ce livre de Anissa Zouiouche, Les Couleurs de ma vie ; lettre à mes petits-enfants, un texte atypique, entre autobiographie, récit et témoignage qui embrasse sa vie personnelle, l’évolution de l’Algérie et des questions philosophiques. Notre collaboratrice, Nadia Agsous, propose pour sa part Des hommes et leurs mondes, recueil d’entretiens avec le sociologue Smaïn Laâcher, faisant aujourd’hui autorité en Europe et dans le monde dans sa discipline. Un voyage dans les migrations humaines mais également à travers le monde arabe et musulman, montrant notamment comment les protestations qui s’y sont déroulées ne sont pas des révolutions.
Les éditions El Kalima, à la faveur du centenaire de la naissance d’Emmanuel Roblès, publient Malika et autres nouvelles d’Algérie de l’écrivain né à Oran. Elles publient également trois ouvrages relatifs à la guerre d’indépendance : La Villa Sésini, tortures en Algérie de Henri Pouillot, La résistance à l’occupation française dans la région de Miliana (disponible en langues arabe et française) de Ahmed Benblidia et Mémoires de prisons (1956-1962) de Felix Colozzi.
Dar El Othmania annonce seize nouveautés cette année, dont une majorité d’essais comme Médias et liberté d’expression en Algérie de Belkacem Mostefaoui ou Ibn Khaldoun, nouvelles du Maghreb au XIVe siècle de Mohamed Saouli. Avec la romancière Maïssa Bey pour marraine, le Prix de la nouvelle fantastique 2014, organisé par l’Institut français en Algérie, enfante d’une publication qui détonne par sa fraîcheur. Edité par Média-Plus (Constantine), Noces fantastiques, dix nouvelles d’Algérie s’ouvre sur le texte de la lauréate, Gamra Essia Benbakir-Bougherra, Noces de miel, et présente les nouvelles des 9 autres candidats sélectionnés par concours. L’édition 2015 est en cours de lancement, toujours sur les traces d’Edgar Allan Poe.
Signalons ici, pour l’écho qu’ils ont eu, des livres qui portent sur la guerre de Libération nationale et sur la période post-indépendance : Quand une nation s’éveille de Sadek Hadjerès (Ed. Inas) ainsi que Ils ont trahi notre combat de Zoulikha Bekkadour et Heureux les martyrs qui n’ont rien vu de Mohand-Arab Bessaoud, publiés aux éditions Koukou. Nesrine Sellal, notre consœur d’El Watan Week-end qui nous a quittés en juillet dernier à l’âge de 27 ans, voit ses nouvelles publiées posthumément par les éditions Lazhari Labter sous le titre Journal intime d’une condamnée à vivre.
Enfin, les éditions Flites de Médéa nous ont agréablement surpris en lançant une splendide réédition de Proverbes d’Algérie et du Maghreb de Mohamed Ben Cheneb dont la première édition remonte à 1906. Plus de 700 pages comprenant 3121 proverbes et de nombreux adages accompagnés des notes érudites de ce savant qui tutoyait l’arabe, le français, le latin, l’allemand, l’hébreu, etc. Nous parlerons plus tard de ce livre-monument que tout Algérien devrait avoir chez lui. Et n’oubliez pas qu’il y a une vie après le Sila. En librairie…*El Watan-Samedi 08 Novembre 2014
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*18e salon international du livre d’Alger
du 31 octobre au 9 novembre 2013
L’accès est gratuit au public tous les jours de 10h à 19h.
**Le grand rendez-vous des professionnels du livre inauguré en présence du Premier ministre M.Sellal.
Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a inauguré hier le 18e Salon international du livre d’Alger (Sila). Etaient présents lors de cette cérémonie, le président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci, la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi en charge de l’événement, des membres du gouvernement, Messahel, Benyounès et des membres de représentations diplomatiques à Alger. Le Premier ministre a commencé sa tournée par le pavillon du ministère de la Culture, mettant l’accent sur le livre scientifique. Le Premier ministre a visité également le stand de la Fédération Wallonie-Bruxelles, pays à l’honneur pour cette édition. Lors de sa tournée dans les stands des éditeurs privés, Sellal a déclaré à la ministre de la Culture que le gouvernement va solliciter la Chambre de commerce pour encourager l’exportation du livre algérien à l’étranger. «Le livre est une force économique» a tenu à déclarer le Premier ministre qui a mis l’accent aussi sur le livre scientifique. La ministre de la Culture a indiqué de son côté que grâce à la nouvelle loi qui sera présentée bientôt à l’APN, le livre va bénéficier de la distribution nationale et internationale, ajoutant que le ministère en charge de ce secteur va encourager la coédition qui allégera les coûts de l’édition. Par ailleurs, le Premier ministre a insisté sur l’ouverture de nouvelles librairies à l’intérieur du pays, notamment dans le Sud. C’est dans un Palais des expositions flambant neuf où l’on sentait encore l’odeur de la peinture mêlée à celle des cartons qu’a eu lieu hier après-midi, l’inauguration de la 18e édition du Salon international du livre d’Alger. Le rendez-vous littéraire incontournable de la rentrée. Le grand rendez-vous des professionnels du livre a ainsi été inauguré officiellement, hier, en présence du Premier ministre M. Sellal. Ouvrant ses portes au public aujourd’hui et s’étalant jusqu’au 9 novembre, le Sila enregistre cette année un nombre record de participation d’éditeurs, soit au total de 922 exposants qui seront répartis sur les trois pavillons du palais en provenance de 44 pays, avec 260 maisons d’édition algériennes. «Ouvre moi sur le monde» est le slogan du Sila 2013 qui aura comme invité d’honneur la Fédération de Wallonie-Belgique et la Chine comme nouvelle participation. Un Sila qui «entre dans un âge de maturité» a fait remarquer son commissaire, M.Messaoudi Hamidou lors de la conférence de presse. Classé maintenant au 4e rang mondial en termes de fréquentation, a-t-il fait aussi savoir, il a drainé l’an dernier plus de 1,2 million de visiteurs, on espère davantage pour cette année. Dispatché principalement au pavillon central ainsi qu’au pavillon C pour les conférences, le riche et diversifié programme de cette année se déclinera en quatre compartiments distincts. Une place de choix est réservée cette fois au continent africain avec la tenue les 7 et 8 novembre d’un colloque international intitulé: «L’Afrique dans les littératures et les arts», à l’initiative du Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique (Cnrpah). Une trentaine d’interventions de chercheurs et d’universitaires y sont prévues. «Le Colloque sera inauguré et clôturé par deux moments forts. En ouverture, le professeur V.Y.Mundibe de l’Université de Duke (USA), philosophe, écrivain, poète et critique littéraire, né en République démocratique du Congo, proposera une conférence inaugurale au titre prometteur: «Au nom de la décence: un témoignage concernant une pratique subjective dans la configuration contemporaine.» Enfin, l’ultime séance du Colloque international consistera en un débat sur l’avenir de l’Afrique, qui sera animé par les professeurs V. Y. Mundibe, Slimane Hachi, Françoise Vergès, Amina Bekkat et Benaouda Lebdaï» peut-on lire sur le site Web du Sila. C’est ainsi que nous apprenons aussi que le colloque a été structuré en cinq séquences réparties sur deux jours. La première est consacrée à un état des lieux de l’Afrique envisagée du point de vue des langues et des cultures et de leurs rapports à la mondialisation ou à leurs représentations dans «la langue de l’Autre», avec une focale sur l’Afrique du Sud postapartheid. Deux autres séquences sont consacrées à l’Afrique dans l’Antiquité, ses représentations durant cette période, autant à partir de l’Empire romain que du monde pharaonique. Cette partie du programme promet des découvertes intéressantes puisqu’elle s’intéressera par exemple à l’identité africaine des écrivains de l’Afrique romaine, à la diaspora africaine en Inde de l’Antiquité à nos jours ou encore au théâtre de Kateb Yacine, d’Eschyle à Brecht. Tout cela pour la première journée du 7 novembre. Le lendemain, le Colloque a réservé deux de ses séquences à l’Afrique dans la littérature postcoloniale, une autre à l’Afrique dans les arts et enfin une dernière à l’Afrique dans les Amériques où il sera notamment question de l’écrivaine américaine Toni Morrison et de ses inspirations africaines, le Cnrpah a inclus, par ailleurs, dans son spécial Sila, un atelier sur la traduction, un focus sur la situation du Monde arabe et les «nouvelles formes de domination et de colonialisme». Pour la 5e édition consécutive, l’espace Sila reconduit Esprit Panaf, où seront conviés des écrivains et éditeurs d’Afrique pour présenter, lire et communiquer autour des livres de leur sélection, mais aussi sur la situation en Afrique et les mots de Sony Labou Tansi et Aimé Césaire, notamment. Pour sa part, l’Espace nouveautés accueillera à lui seul plus d’une soixantaine de nouvelles publications parues en 2013 chez des éditeurs algériens. Une quinzaine de rencontres et tables rondes sur des thèmes comme «Les jeunes auteurs algériens», «Le voyage dans la littérature», «La reconnaissance des émigrés, réfugiés et exilés par la littérature» ou encore une rencontre sur Albert Camus dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance, figurent au programme du désormais célèbre salon. Des auteurs venus d’horizons divers comme la Palestinienne Suzanne El Kenz, l’Iranien Kader Abdolah et le Français Barouk Salamé, animeront des rencontres aux côtés de romanciers algériens, à l’exemple de Malika Mokeddem, Waciny Laredj, Amine Zaoui, Habib Tengour ou encore de jeunes auteurs comme Sarah Haïder.
Aussi, plusieurs hommages seront attendus aux «personnalités du monde littéraire» décédées en 2013 et qui auront marqué l’histoire de l’Algérie dont Henri Alleg, journaliste et militant de l’indépendance de l’Algérie, Pierre Chaulet, militant de l’indépendance, le poète et parolier Mustapha Toumi, le comédien et metteur en scène Habib Réda ou encore la romancière Yamina Mechakra. L’accès, gratuit, est autorisé au public tous les jours de 10h à 19h.*L’Expression-31.10.2013
***La Belgique invité d’honneur
Pour sa 18e édition, le Salon international du Livre d’Alger a choisi la Belgique en tant qu’invité d’honneur. Le livre et l’édition dans ce pays constituent un secteur qui dispose d’une riche expérience et qui, en dépit des difficultés qu’il connaît actuellement, génère une dynamique économique et culturelle appréciable. Avec environ onze millions d’habitants, la Belgique, organisée en état fédéral, compte trois langues officielles : le néerlandais, le français et l’allemand. Le taux d’alphabétisation est de 99 %. Une étude de 2007 sur la population francophone du pays a permis de déterminer une moyenne annuelle de lecture de 7 livres par personne. On comptait parmi les sondés une frange très active de 10 % d’individus lisant entre 10 à 20 livres par an et une autre de 6 % allant jusqu’à plus de 50 livres par an. Comme dans de nombreux pays, les femmes lisent plus que les hommes. Une étude similaire, côté flamand, a révélé que plus de 60 % des plus de 15 ans avaient lu un livre ou une bande dessinée dans les six derniers mois et que la dépense moyenne consacrée à l’achat de livres était de 27 euros par an.En Wallonie, l’association des éditeurs belges (ADEB) comptait 67 membres en 2011, lesquels réalisaient un chiffre d’affaires de près de 240 millions d’euros (+ 1,1 % par rapport à 2010). Pour les membres de l’ADEB seulement, la production, toutes langues confondues, a atteint en 2011 près de 10.500 titres, dont 4.098 nouveautés. Les catégories éditoriales produisant le plus de nouveautés sont la littérature générale, les encyclopédies et dictionnaires et les beaux-arts (100 % chacun), les livres pratiques et parascolaires (86,9 %) et les sciences humaines (64,3 %).En Flandre, ce sont les éditeurs scolaires qui sont traditionnellement les plus importants et on y trouve plusieurs filiales de maisons d’éditions néerlandaises. Le secteur flamand de l’édition a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 211 millions d’euros correspondant à la vente de plus de seize millions de livres, sans compter les livres éducatifs et scientifiques. Dans la production néerlandophone globale incluant les Pays-Bas – soit plus de 28.000 titres en 2009 –, on estime à 3.000 le nombre de nouveaux titres publiés chaque année par les éditeurs des Flandres.On note que les performances de ventes incluent les livres importés : 69,4 % pour le marché francophone et 60 % pour le marché néerlandophone. Cependant, l’édition belge a connu entre 2010-2011, une augmentation de 2,7 % de ses exportations, avec 25.500 exemlplaires vendus dans le monde pour une valeur de 109,7 millions d’euros (membres de l’ADEB uniquement).Les langues de publication distinguent 65 % des publications en français, 32 % en néerlandais et 2 % dans d’autres langues. Les albums de bande dessinée, les livres scolaires et les sciences humaines représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires de l’édition belge. La remarquable importance du 9e art, particularité de la Belgique, se rattache à une tradition artistique qui s’est appuyée sur des auteurs de dimension internationale, et notamment Hergé, créateur de « Tintin ». Particularité de la Belgique, sans doute unique au monde, les La diffusion non marchande du livre s’appuie sur un réseau diversifié de bibliothèques. La lecture publique est un des atouts du livre en Belgique. En 2004, on comptait pas moins de 544 bibliothèques en Wallonie dont 533 fixes, 7 itinérantes et 4 dites spéciales formant le réseau de lecture publique en langue française. En 2007, le nombre des usagers de bibliothèques était de 480.050 individus. Le maillage du territoire par la lecture publique permet à près de 80 % de la population de Wallonie et de Bruxelles de disposer d’une bibliothèque de proximité. Les dépenses totales des bibliothèques de cette région linguistique dépassaient 61 millions d’euros.
**Le site web du SILA
***«On ne peut interdire les livres religieux», dira le commissaire, M.Messaoudi, sachant que 150 titres ont fait l’objet de réserves ou de censure cette année pour cause notamment, «d’apologie de la violence, du racisme et de la discorde, conformément à la loi 2012».
Azzedine Guerfi, Karim Cheikh, Slimane Hachi et enfin Hamidou Messaoudi, respectivement chargés du pôle littérature, du pôle Esprit Panaf, du colloque international, du pôle Histoire actualité et enfin le commissaire du Sila dans sa 18e édition ont animé hier matin, un point de presse à la Bibliothèque nationale d’El Hamma, afin de présenter le programme final du prochain Salon du livre qui se tiendra cette année du 31 octobre au 9 novembre.
Prenant la parole en préambule, le commissaire du Sila qui s’est félicité du fait que le salon coïncide avec le 1er Novembre, mais aussi qu’il revienne à la Safex comme l’année dernière a expliqué ce choix par plusieurs facteurs dont la disponibilité du parc automobiles, des moyens de transport qui existent à proximité. Aussi, la date de sa tenue a été repoussée de septembre à octobre en raison de la chaleur dont beaucoup se plaignaient l’année dernière souhaitant que le nombre des visiteurs de cette année puisse dépassé celui de 2012 qui a avoisiné les 1200.000. Un signe, dira Messaoudi qui démontre bien que le salon est devenu un des plus grands rendez-vous littéraires du monde occupant ainsi la troisième place du podium après celui de l’Inde et Francfurt. Cette année, fera-t-il remarquer, un nombre record d’éditeurs sera de la partie.
Au total 922 exposants seront répartis sur les trois pavillons du palais en provenance de 44 pays, avec 260 maisons d’éditions algériennes, nous assure-t-on, soit une augmentation de 204 participants ou de 22% de nombre éditeurs dont la Chine qui participe pour la première fois. l’Algérie sera présente avec un taux de 51% au niveau du pavillon central. Ayant comme slogan «Ouvre-moi le monde», c’est la fédération Wallonie de Belgique qui sera le pays d’honneur cette année. «Tout est fin prêt à 95%. Mais mon cauchemar est bien le pavillon central, car tous les éditeurs veulent y être. Or, ce dernier fait 8000 m2 et pour placer tous le monde il faudra 20 000 m2. J’aurai aimé qu’on puisse faire pareil qu’à Paris, Abou Dhabi ou Frankfurt, mais c’est impossible. Sinon cette année on va éviter le pavillon G en y consacrant un espace média et un autre destiné aux enfants et à la BD. Il y aura plus de marques signalétiques pour l orientation au sein du salon pour ne pas se perdre…» a-t-il rajouté. Evoquant le colloque «l’Afrique dans les littératures et les arts», qui se tiendra les 7 et 8 novembre au Hilton, Slimane Hachi dira que le succès de l’ancienne édition a poussé les organisateurs à la reconduction de ce colloque scientifique qui comprendra 30 conférences dont des intervenants d’une dizaine de pays, notamment la Tunisie, le Maroc, la Russie la France, l’Egypte et le Soudan. Le colloque abordera plusieurs thématiques dont celui de la traduction, l’actualité du Monde arabe en ébullition, le néocolonianisme ainsi que plusieurs conférences portant notamment sur les nouvelles formes de domination dans le monde, mais aussi sur l’état de recherche en France sur l’histoire de l’Algérie colonisée et la différence africaine.
Des hommages auront lieu à destination de plusieurs personnalités ayant disparues en 2013. On citera, entre autres, Habib Réda, Henri Alleg, Jacques Verges, Mustapha Toumi et Pierre Chaulet. Pour sa part, le responsable des éditions Apic chargé du pôle Esprit Panaf qui a vu le jour en 2009, mettra l’accent sur l’importance du sens à donner à ce rayon littéraire qui est plus basé sur le plaisir des mots avec comme invités des éditeurs du continent et du Maghreb, lesquels seront invités à nous faire découvrir leurs auteurs préférés à travers des séries de lecture, de conférences et de présentations dans les différentes langues, arabe, française et amzighe.
«C’est notre façon de faire le bilan de ces cinq dernières années tout en avançant dans l’esprit qu’on veut donner à cet espace». Ce dernier sera ainsi offert aux professionnels et ouvert au public et réunira donc huit éditeurs d’ici et d’ailleurs notamment du Bénin, Togo, Cameroun, Tunisie, qui hormis le choix des auteurs invités, et leurs parcours tracés un après-midi, sera consacré aussi à «l’Edition ensemble» (coédition, traduction). Une autre conférence tout aussi importante sera axée sur l’Union panafricaine des éditeurs avec «Idée de se construire nous-mêmes, l’Afrique et Maghreb réunis…».
Ce sera tous les jours de 14h à 18h. De son côté, Azzedine Guerfi fera remarquer qu’une belle part sera réservée à la littérature du monde des cinq continents, avec la venue d’écrivains prestigieux, de l’ancienne et nouvelle génération, issus de 12 pays.
Ils animeront 16 rencontres littéraires et des hommages, notamment à Yamina Mechakra, au centenaire de Mouloud Feraoun et aborderont enfin les sujets de l’écriture dans la langue de l’exil, le polar, mais aussi les littératures au/du Maghreb… Interrogé sur la prédominance du livre religieux au Sila, le commissaire Messaoudi dira qu’«on ne peut pas les interdire», avouant que ces derniers sont tout aussi bien surveillés.*Par O. HIND-L’Expression-Jeudi 24 Octobre 2013
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** 17e salon international du livre d’Alger du 20 au 29 septembre 2012
Le Sila s’enrichit d’un pôle cinéma
*750 exposant originaires de 40 pays, dont 245 Algériens, sont présents
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*Clôture de la 17e édition du Sila
Une affluence surprenante… heureusement surprenante
Beaucoup de visiteurs du SILA sont venus «faire le plein» de livres
*******La fureur de lire
Après une dizaine de jours de grande affluence, la 17e édition du Salon international du livre d’Alger a baissé rideau, samedi 29.09.2012, sur fond de regret, au Palais des expositions des Pins M aritimes, à Alger.
*Vidéo: L’Algérie à l’honneur du salon du livre d’alger YouTube
Avec un million et demi de visiteurs, bien plus que l’année dernière, le Salon international du livre d’Alger (SILA) peut se targuer d’avoir été le plus grand et le plus important du genre après celui du Caire. Le bilan de cette 17e édition semble, a priori, être une réussite, en dépit de certaines lacunes, soulevées par l’ensemble des participants, liées en grande partie au problème de climatisation. En effet, les nombreux exposants ont souffert du problème d’aération, occasionnant par la même des odeurs nauséabondes. Samia Zenadi Chikh a trouvé la parade pour lutter contre la chaleur.
Dans son stand décoré aux couleurs de l’Afrique, elle a installé un ventilateur, mais qui ne pouvait donner la fraîcheur tant recherchée compte tenu des fréquentes coupures d’électricité. «On a du mal à travailler dans de telles conditions. Le Palais des expositions est un espace qui date des années 1970. Il est temps de songer à l’améliorer avec des équipements modernes qui répondent aux normes internationales», a-t-elle suggéré. Abondant dans le même sens, Saïs Djamel des éditions Clic pointe du doigt le problème de climatisation : «Mis à part la ventilation qui nous a exaspéré, le Salon s’est déroulé dans de bonnes conditions.» D’autres éditeurs nationaux ont été unanimes pour affirmer que le SILA tend vers l’amélioration. Ils déplorent, cependant, la perturbation dans la programmation, la redondance des thèmes débattus et le choix des mêmes invités chaque année. Dans l’ensemble, souligne un représentant de la maison d’édition égyptienne El Mahroussa, «cette manifestation culturelle s’est déroulée dans de bonnes conditions, même si la chaleur nous a beaucoup incommodés, aussi bien les exposants que les visiteurs. Ce Salon a été une excellente aubaine pour rapprocher les amoureux du livre».
Les lampions de cette édition éteints, les organisateurs et les exposants se sont quittés en se donnant rendez-vous pour l’année prochaine, espérant, à coup sûr, corriger les couacs enregistrés lors de cette édition, notamment penser à la climatisation des stands. Il est à noter que la 17e édition du SILA a enregistré un chiffre record d’affaires concernant la vente de livres scolaires et parascolaires ainsi que les ouvrages religieux. Soucieux d’accompagner leurs enfants dans leur scolarité, de nombreux parents se sont rués vers les différentes maisons d’édition nationales pour acquérir les ouvrages jugés utiles et intéressants à la fois. Le stand des éditions françaises Hachette n’a pas désempli.
Une variété de dictionnaires aux différents formats, ainsi que les coffrets contenant des livres de grammaire, d’orthographe et de conjugaison se sont taillés la part du lion.
La dernière journée du Salon a été une véritable aubaine pour les acheteurs, puisque des réductions notables ont été concédées sur certains ouvrages. Une façon judicieuse, pour la majorité des exposants, d’écouler plus facilement leurs stocks. Un autre point positif est à recenser, celui de la distribution gratuite, en ce jour de clôture, d’un livre pour enfants intitulé Anis va au SILA. Ce dernier est édité par les éditions ENAG.
Une manière ludique de sensibiliser l’enfant sur le livre.
En somme, la 17e édition du Salon international d’Alger a brillé par ses communications de haut niveau, ses ventes-dédicaces intéressantes, son colloque d’une haute portée intellectuelle et de son fidèle public. Gageons que la 18e édition prendra en considération les lacunes de la version 2012. *El Watan-30.09.2012.
**Comme en 2011, ils sont venus nombreux, en famille, entre groupe d’amis ou d’étudiants, visiter les stands des 630 maisons d’édition représentant 41 pays. Une grande partie des visiteurs s’est déplacée de l’intérieur du pays.
Des lecteurs sont même venus d’Adrar, de Ouargla et de Ghardaïa. Des milliers de kilomètres pour acheter des livres. Qui a dit que les Algériens n’ont plus la soif de lecture, ne s’intéressent plus à la culture ? …Le réseau de l’ex-Société nationale d’édition et de diffusion (SNED) a disparu. Les librairies sont parfois «englouties» dans la vente de fournitures scolaires ou parascolaires, de tabac ou autres accessoires. Il faut réinventer le métier de vente du livre.
L’Etat, avec les éditeurs et les libraires sérieux, devrait, en urgence, ouvrir un chantier pour doter le pays d’instruments modernes de distribution du livre. C’est un secteur «recruteur» d’emplois aussi. Seules, Alger, Constantine ou Oran ne peuvent pas «faire» un best-seller. Il est nécessaire de revoir tout ce qui ne fonctionne pas dans le réseau pour qu’un livre à succès à Alger soit disponible au même moment à Tamanrasset, à Saïda ou Blida.
Beaucoup parmi les visiteurs du SILA sont venus «faire le plein» de livres, un «approvisionnement» pour l’année. D’où un achat en masse. Les adeptes du «marché noir» n’ont, bien entendu, pas manqué de faire le déplacement, eux aussi. Ils ont ciblé les ouvrages religieux, les livres techniques et universitaires. Ils vont les revendre, pas forcément dans des librairies, à double ou triple prix. «L’informel» culturel existe aussi ! Contrairement aux années précédentes, le livre religieux n’a pas réuni tous les suffrages. Il y a une tendance claire à la baisse. Difficile d’expliquer cette régression, même si le lectorat demeure assez important pour ce genre d’ouvrages.
Le phénomène nouveau au SILA est le retour en force du roman. Cela a été constaté chez toutes les maisons d’édition. Le français Gallimard, avec sa collection Folio, a fait de bonnes affaires malgré les prix élevés et la très petite réduction de 10%. Aux éditions algériennes El Ikhtilaf, le jeune romancier Samir Kacimi a fait sensation avec son dernier livre, Al Halim (Le Rêveur). Idem pour Bachir Mefti, Amine Zaoui, Yasmina Khadra, Mohamed Benchicou, Hajder Kouidri, Waciny Laredj, Fadéla Merabet et Hafid Derradji. Des livres parus chez El Ikhtilaf, Barzakh, Casbah, Koukou, Dar El Djamal, Dalimen et Echourouk.
Les ouvrages d’histoire caracolent toujours en tête du hit-parade des ventes. Les récents ouvrages de Daho Djerbal, Hamid Abdelkader, Corinne Chevalier, Claude Juin, Akli Benmansour, Sylvie Thénault, Gilles Manceron n’ont pas laissé indifférents le public. Il reste que les grands acteurs de la guerre de Libération nationale ont brillé par leur absence, en dépit de la célébration par l’Algérie des 50 ans d’indépendance du pays. Les Mémoires de Chadli Bendjedid ne seront prêts qu’à la mi-octobre 2012, alors que l’ex-président de la République aurait pu être «la star» du SILA.
Le Salon a été marqué aussi par beaucoup de débats, tables rondes, conférences… L’éparpillement des salles Ali Mâachi, Moufdi Zakaria et celle de la direction générale de la Safex n’a pas facilité la tâche au public. La mauvaise signalétique a fait que souvent, les salles étaient peu remplies malgré l’importance et la qualité des intervenants. Il serait utile de doter le SILA, pour les prochaines éditions, de bureaux d’information à l’entrée des pavillons pour mieux orienter les visiteurs. L’utilisation des affiches, flyers et annonces sonores doit être complètement revue pour que les messages soient mieux transmis.
Le manque de climatisation au niveau du Pavillon central n’a aucune explication. Il en est de même pour le non-nettoyage autour des lieux de restauration durant la journée. Le commissariat du SILA doit penser à éditer les ouvrages des écrivains et auteurs choisis pour les hommages. Les jeunes rencontrés au SILA ne connaissent presque rien de Ahmed Réda Houhou ni de Mouloud Feraoun. Rééditer des romans tels que Ghada Oumou El Qora ou Le Fils du pauvre et les mettre en vente à des prix symboliques aurait contribué à rapprocher ces deux auteurs – les seuls écrivains algériens tués par le colonialisme français – des jeunes lecteurs. Que la leçon soit retenue pour l’année prochaine.
Autre chose : il faut peut-être penser à ouvrir le Salon du livre durant la nuit. Rien ne l’interdit. Le Palais des expositions est doté de tout (éclairage, restauration, sécurité, station tramway), cela peut permettre au public d’être plus à l’aise et d’éviter les bousculades de fin de journée. La porte entre l’hôtel Hilton, où sont hébergés les invités du SILA, et le Palais des expositions doit être ouverte. Les raisons de sécurité invoquées par les autorités de la wilaya d’Alger n’ont aucun sens. Cela faciliterait la fluidité de la circulation et le travail tant à la presse qu’aux conférenciers du Salon. On doit une fois pour toutes sortir de la logique du «tout fermé». *El Watan-30.09.2012.
*********un taux de fréquentation record.
**Vendredi, 27 septembre 2012. a 16h, le Palais des expositions de la Safex aux Pins Maritimes, enregistre un taux de fréquentation record.
C’est ce qu’on constate du moins de visu. C’est le week-end et nous sommes à 24 h de la date de sa clôture. Les retardataires, entre jeunes étudiants, parents, grands et petits, barbus et flâneurs prennent d’assaut le salon.
Dehors, les embouteillages créent un bouchon monstre comme au temps du chapiteau du Hilton pendant le Ramadhan et les piétons affluent à pied en masse! Les policiers tentent de célérer le trafic auto. Difficilement. A l’arrivée, l’on est étonné du nombre d’enfants qui assistent à un spectacle assuré par l’animateur Achouri dans une ambiance bon enfant. Le carré offert aux enfants est gigantesque digne d’une scène de concert des grands jours.
Les enfants participent joyeusement à l’animation. Les parents debout, agglutinés devant la balustrade, sourient aux commentaires de Hamid Achouri. Tout autour, assis cette fois, des gens dégustent qui un sandwich ou une crêpe au chocolat. A regarder de près, le Sila crée un espace de distraction inégal tant sa surface est immense et peut accueillir plein de monde. C’est ce qui arrive en vérité durant le Salon du livre. En raison du manque de lieux de loisirs, les Algériens se sont rabattus en masse sur le Sila. Mais on y vient pour manger ou acheter? Se nourrir l’esprit ou l’estomac? L’un n’empêche pas l’autre, diriez -vous. A l’intérieur du Pavillon central, nous nous sommes approchés de quelques personnes pour prendre la température du Sila 2012. Une chose est sûre et tout le monde est unanime à dire qu «’ on suffoque!» Mais pourquoi tant de chaleur à l’intérieur des stands? Pas de climatisation? Selma Hellal des éditions Bazakh affiche une mine de satisfaction.
«On est contents parce qu’on est plus confortables que les années précédentes où on était au 5-Juillet un peu confiné. Là on respire et puis contents aussi sur le plan de la rencontre avec le public comme chaque année et peut-être plus que jamais cette année la rencontre est là, elle a eu lieu.
Les gens sont au rendez-vous avec une loyauté et une curiosité indéfectibles.» Et de souligner:
«Oui on vend, même plus sans doute parce que les gens viennent, parce qu’il y a le tram et le métro. Du coup, le salon est accessible à plus de monde. Y a clairement pour ce moment de l’année une mobilisation générale du lectorat algérien, après, il reste une énigme, pourquoi les autres événements littéraires au cours de l’année ne mobilisent pas de monde? On se pose la question. Pourtant c’est la rentrée scolaire et les gens ont déjà fait des dépenses. Le Sila est un ancrage dans la conscience des Algériens, une espèce de rituel…». Pour le directeur éditorial des éditions Casbah, Mouloud Achour, le Salon d’Alger l’étonnera toujours, qu’il se tienne ici ou ailleurs, par l’influence qu’il draine invariablement chaque année.
«C’est une affluence surprenante… heureusement surprenante. J’ai vécu des temps où ce lieu était la dernière préoccupation de l’Algérien moyen. On s’est toujours plaint que l’Algérien ne lisait pas et cela semblait être un jugement définitif et on commençait même à s’y habituer. Or, à chaque salon on a un démenti formel de ce préjugé. C’est un point extrêmement positif. L’autre point positif c’est l’intérêt du lecteur, du moins du public que je vois évoluer pour absolument tous les genres d’écrit. La littérature générale fonctionne bien, le livre à caractère de témoignage historique attire une foule absolument époustouflante, le livre pour enfants depuis le niveau du dessin pour les crèches jusqu’au livre pour ados suscite à la fois l’intérêt des parents et des enfants, c’est un gisement dont on aurait tort de tirer meilleur profit, parce que voilà un fait qui dicte des améliorations, des dispositions à prendre dans tous les domaines, aussi bien au niveau de l’accueil du public, de l’organisation des parkings, de la signalétique, d’un certain nombre de dispositions très faciles à prendre comme accueillir aussi les handicapés.» Et de faire remarquer encore: «Voilà un endroit qui s’apelle le Palais des expositions qui devrait mériter son appellation. Nous avons non seulement un public, mais également des auteurs, un réseau éditorial. On doit maintenant se pourvoir des meilleurs moyens de diffusion car s’il faut attendre que le Salon du livre se tienne et que l’événement draine suffisamment de monde pour que les rayons des différents éditeurs soient fréquentés, je ne crois pas que ce soit une vue à long terme, j’apprécie la décision prise par le ministère de la Culture de créer un organisme de diffusion, je pense que cela sera un grand point pour les éditeurs. Aussi, on doit veiller à la qualité du livre car il y a des livres qui vous proposent des textes absolument séduisants mais dans une mise en page et un choix de papier dernière catégorie et qui ne vous encouragent pas à le lire.
Cela constitue un préjudice pour l’auteur mais également pour le lecteur lui-même qui mérite qu’on lui offre un livre digne de ce mot.» Evoquant son voeu pour la prochaine édition, notre vis-à-vis souhaitera qu’«on puisse tirer suffisamment d’enseignements pour que réellement ce salon soit à la fois un événement national mais qui puisse avoir cette envergure, cette ambition en étant à la hauteur des salons internationaux, qu’on connaît de par le monde.»
Abdellah est un jeune Algérien qui travaille et que nous avons rencontré sur les lieux. Cela fait quatre ou cinq fois qu’il visite le Salon du livre. Pour lui «c’est une occasion de découvrir de nouvelles choses, je suis plus attiré par le roman policier et en même temps c’est une occasion de voir ce qui se fait comme nouveauté. Je recherche certains titres oui mais parfois j’achète dans le tas. Je fréquente assidument le salon. Je pense que c’est en amélioration par rapport aux années précédentes.
Abdelllah trouve les prix des livres abordables. Sa maman elle, par contre les trouve un peu cher. Elle accompagne chaque année son fils au Sila. «C’est une tradition. C’est vraiment intéressant, je m’intéresse spécialement aux ouvrages de cuisine et de santé», dit-elle.*L’Expression-30.09.2012.
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Le Sila 2012 aura couté 230 millions de dinars
Cette édition, qui coïncide avec la célébration du 50eme anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, constitue le plus important événement littéraire de l’année. L’invité d’honneur cette année n’est autre que l’Algérie. Habituellement, les organisateurs choisissent un pays, ami, comme invité d’honneur. Selon le Commissaire du Salon, Messaoudi qui est aussi P-DG de l’Entreprise national des arts graphiques, une enveloppe financière estimée à 23 millions de dinarsc a été dégagée pour l’organisation de cette édition. Le Sila 2012 s’est au palais des expositions de la Safex, contrairement aux trois éditions précédentes durant lesquelles le salon s’est déroulé sous des chapiteaux, chèrement loués, érigé pour la circonstance sur l’esplanade du complexe Mohamed Boudiaf.
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Vivre de savoir et aussi…. d’eau fraîche
Ambiance chaude au Sila, des vagues massives de foules désorientées ont investi le Salon international du livre à Alger, un nombre incalculable de services sensés s’occuper de l’organisation, un pavillon plus fréquenté qu’un autre, un prix du livre qui ne se revoit pas à la baisse, des livres religieux, techniques, parascolaires et des contes pour enfants qui remplissent, sans surprise, le sac des familles nombreuses. Une forte fréquentation pour cette 17e édition certes, mais qu’en est-il de l’orientation de ce public, de cet appel absent à faire participer ce même public à de vrais débats de fond, organisés tout au long des conférences qui vont jusqu’à concerner les poches des ménages, venus s’abreuver de savoir. Et à quel prix et de quelle façon faire vivre et rayonner ce savoir, sans qu’il s’agisse pour une fois d’un quelconque mercantilisme? La plupart font un tour obnubilant du salon, à la recherche d’un catalogue ou d’un dépliant gratuit, certains livres n’étant pas plus serviables et assez chers, des catalogues dans lesquels sont disposés des produits ou ouvrages disponibles, sans vraiment penser un jour à rouvrir ces mêmes feuillets sur lesquels, beaucoup choisissent de s’asseoir parce qu’il s’avère que ces même feuillets bien touffus, comportent des hiéroglyphes, mais des chiffres aussi de dinars, plus visibles, vu leur désespérante clarté. Un Salon du livre qui a témoigné d’une grande chaleur où la plupart se désaltèrent sur les terrasses, par manque d’activité culturelle aussi, et force est de constater que le public ne peut faire autrement que de se balader ou s’asseoir une fois le salon visité.
Difficile également de participer à une conférence, qui se trouverait dans des salles portant sur le programme, un abécédaire énigmatique, correspondant à des noms de salles qu’il aura fallu deviner, situer, après trois jours de ballottage, et d’arriver enfin à douter de la présence d’un débat, vu l’absence total de public, des salles quasi vides témoins d’hommages transpirant de solitude, des salles abandonnées, voire boudées par leurs invités.
Pour exemple, la conférence qui a porté ce samedi sur la problématique de l’achat des droits et de la coédition, tenue grâce à un effort visible et sincère, qui a visé notamment à éclaircir la situation du livre en Algérie, à travers les interventions de Sami Bencheikh, directeur général de l’Onda (Organisation nationale des droits d’auteurs), du directeur des éditions Media-plus Saïd Hannachi, Hassen Bendif, directeur du Centre national du livre CNL, ainsi que la directrice de la Maison dédition égyptienne El Aïn.
Sami Bencheikh déplorera lors de cette rencontre, l’absence des responsables de maisons d’éditions algériennes: «Ce n’est pas normal que les plus concernés ne soient pas présents, c’est pourtant un sujet important qui se veut soucieux d’un meilleur avenir du livre en Algérie (Casbah, Chihab, Barzakh) Est-ce un boycott?»
A l’instar du directeur de Dar El Outhmania et de Saïd Hannachi qui appuiera ce point important en s’exprimant sur son expérience d’éditeur, à travers ses nombreuses démarches de négociations, insistantes parfois, afin d’offrir le privilège aux lecteurs algériens de découvrir des ouvrages d’actualité et d’histoire souvent indisponibles, «des livres qui intéressent le lectorat algérien». Et de s’interroger: «Il y a le lecteur, puisque sans lecteur on est rien du tout, mais qu’est-ce qu’on peut offrir au lecteur, est-ce qu’on lui offre un livre à 3 000 dinars, ou bien le même livre en euros à 1500 dinars, ou à 1000 dinars». Et de continuer:
«L’avantage dacheter les droits c’est aussi la possibilité de permettre au lectorat algérien de lire, malheureusement les gens qui lisent n’ont pas beaucoup de moyens». Saïd Hannachi ajoutera également: «Offrir au lecteur algérien un livre au prix au moins réduit à 50% de sa valeur en euros» et la difficulté d’acheter les droits de certains livres, fortement recherchés par les lecteurs, et en particulier des étudiants, comme Nedjma de Kateb Yacine, édité chez la maison d’éditions Le Seuil, souvent indisponible à cause «du retard des importateurs», un ouvrage que la maison d’éditions Le Seuil refuse d’en céder les droits. Un sujet qui a manqué de rassembler les plus hauts concernés tels que les éditeurs, en plus d’une organisation paresseuse qui n’aura pas su malgré son effectif assez conséquent, et une programmation assez maigre vu le nombre des annulations, à fournir plus d’indications pour le public, sur des débats culturels et d’histoire, constituant ce mouvement du savoir pourtant nécessaire et primordial. Il reste toutefois le plaisir de se transporter d’un stand à l’autre, en vue de témoigner d’un spectacle figé et fort coûteux.*L’Expression-24.09.2012.
**vidéo: Mohammed Moulessehoul, écrivain algérien plus connu sous son pseudonyme Yasmina Khadra, invité de la 17e édition du Salon international du livre d’Alger (Sila),
les amoureux du livre font la fête à la littérature
**Rassemblement des amoureux du Livre au Sila.
Une belle initiative pour défendre le livre
«Dans un pays où on peut se procurer du cannabis beaucoup plus facilement qu’un livre», a déclaré l’administrateur Saindoune Mohamed Anis.
Voilà bien une excellente initiative, de la part de jeunes lecteurs et étudiants, regroupés sur la page Facebook Les amoureux du livre, une communauté qui compte pas moins de 10.000 adhérents, une prouesse qui s’est concrétisée grâce aux initiatives des jeunes administrateurs, Saindoune Mohamed Anis, étudiant en pharmacie et Yanis Afir lycéen, qui ont organisé cette deuxième manifestation, après avoir rassemblé, prés d’une trentaine de membres, étudiants pour la majorité à l’Université de l’Utshb à Bab Ezzouar.
Les membres de cette grande communauté, Les amoureux du livre, ont saisi l’occasion de se retrouver, et de brandir leurs ouvrages de prédilection, en se rendant dans l’espace vacant et dans le pavillon de la Safex, le groupe affectionne tout particulièrement la littérature. Parmi les oeuvres choisies, on retrouve Mustapha Benfodil L’archéologie du chaos (amoureux), Stephan King La ligne verte, Le sommeil du juste de Mouloud Mammeri, Kateb Yacine Nedjma, Berbard Werber L’empire des anges et Albert Camus La chute, dans le but également, de réaliser des échanges avec les visiteurs, les amoureux du livre. Ils avaient déjà entrepris des lectures sauvages, afin de faire briller le verbe et le besoin de lecture, et ce, dans de nombreux lieux, leur première manifestation a eu lieu à la Bibliothèque nationale d’El Hamma.
Par ailleurs, les administrateurs ainsi que les membres du groupe organisent des concours portant sur l’écriture, ainsi que des échanges de propos sur leur choix des livres également.
Une bouffée d’oxygène pour la culture, une tentative de rendre plus consistante cette 17e édition du Salon international du livre, placée sous le signe «Mon livre, ma liberté», une réelle volonté aussi de hisser le livre hors de ses carcans, de représenter une jeunesse algérienne à l’image souvent désenchantée.
«Dans un pays où on peut se procurer du cannabis beaucoup plus facilement qu’un livre», a déclaré l’administrateur Saindoune Mohamed Anis qui a dénoncé «un paysage culturel déplorable» ainsi qu’«une réalité lugubre de la société algérienne», dans laquelle s’efforcent les amoureux du livre, à tendre une invitation à la réflexion et d’encourager tous les jeunes qui représentent plus de la moitié de la population algérienne.
Espérons que ce vaillant groupe de lecteurs puisse trouver un espace, où ils pourraient manifester et concrétiser de plus amples activités littéraires.*L’Expression-24.09.2912.
**Les amoureux du livre au SILA…Ils sont jeunes et beaux, ils aiment la lecture.
Au Palais des expositions des Pins maritimes, ils sont venus en groupe au Salon international du livre d’Alger.
Ils se sont mis à côté d’un jet d’eau pour montrer cet attachement à un acte culturel noble. «‘‘Les amoureux du livre’’ est un club littéraire qui a une interface sur le réseau Facebook. Nous voulons engager des actions. Nous avons déjà organisé une lecture publique au Jardin d’essai à Alger. C’est un rassemblement de bibliophiles pour renvoyer une belle image de la jeunesse algérienne. Une jeunesse accusée à tort de ne pas lire», nous a déclaré Mohamed Anis Saïdoun, étudiant et président du club. Anis a pris en premier l’initiative de lancer le club avant d’être rejoint par ses amis et par des internautes. Ils sont déjà 9000 sur les réseaux sociaux du web. La sortie publique au Jardin d’essai au printemps dernier a été bien relayée par les médias.
«Nous profitons de la tenue du SILA pour organiser une autre rencontre. Nous voulons également faire des échanges de livres et improviser des lectures sauvages. Grâce à Internet, on peut intéresser tout le territoire national. Des jeunes s’activent à Oran et à Constantine pour faire la même chose», a précisé Anis. Sans doute encouragés par la petite réussite de leur initiative, Les amoureux du livre ont lancé également un cinéclub, manière de joindre la littérature au septième art. «Le cinéclub est axé sur les adaptations littéraires au grand écran. La dernière fois, nous avons projeté Le cercle des poètes disparus (réalisé par Peter Weir en 1989, ndlr)», a-t-il indiqué.
Le groupe a décidé de prendre un autre nom : Carpe diem, Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain (un extrait d’un poème de Horace). «Carpe diem résume la philosophie du groupe, il faut oser, arracher des choses, aller vers l’avant», a estimé Mohamed Anis Saïdoun..* Par Fayçal Métaoui. El Watan-26.09.2012.
**Le Japon pour la première fois au SILA
Le Japon participe pour la première fois au Salon international du livre d’Alger (SILA) qui se tient au Palais des expositions des Pins maritimes. Des livres écrits en français sont exposés, mais non destinés à la vente, à la grande déception des lecteurs algériens. «Nous avons voulu faire connaître un peu la littérature japonaise. Les livres, au nombre de 120, seront offerts à la nouvelle bibliothèque municipale d’Alger-Centre et à un lycée privé à Blida», a précisé Yoshiya Amitani, attaché culturel à l’ambassade du Japon à Alger.
Des romans de Yasunari Kawabata (prix Nobel de littérature en 1968) sont exposés autant que ceux de Kenzabuo Oé qui a eu le prix Nobel en 1994. «Nous avons ramené aussi des livres de Haruki Murakami, très populaire en ce moment dans le monde (…) Nous examinons la possibilité de ramener des maisons d’édition japonaises l’année prochaine au salon. Des maisons qui publient des livres en japonais. Il y a un effort à faire pour la traduction. Nous sommes à l’écoute de toutes les propositions», a souligné Yoshiya Amitani..* Par Fayçal Métaoui. El Watan-26.09.2012.
** «J’écris à force de me taire…»
Débat sur le rapport de la littérature à l’histoire…Dire les vérités autrement
La romancière et nouvelliste Assia Djebbar avait fait cet immense aveu : «J’écris à force de me taire…»
Il est connu que la littérature s’inspire de l’histoire, de la grande autant que de la petite. Mais, la littérature n’est pas l’histoire. Hier à l’hôtel Hilton d’Alger, le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) a, à la faveur du 17 e Salon international du livre d’Alger (SILA), lancé le débat à travers un colloque consacré à ce rapport, toujours ambigu, entre l’histoire et la littérature. Pour l’écrivain Rachid Boudjedra, qui a animé la conférence d’ouverture, le roman exprime le gémissement et les souffrances de l’histoire. Il a estimé qu’on oublie souvent le rôle des «maqamat» dans l’écriture de l’histoire des sociétés arabo-islamiques. Il a souligné que son roman Les 1001 Années de la nostalgie était une relecture de mille ans d’histoire. «Mais ce n’était pas un roman historique.
Le texte prenait appui sur l’histoire, sans l’écrire. Quand on relit les écrits d’Ibn Khaldoun aujourd’hui, on a l’impression de lire un roman marqué d’une certaine musicalité, poésie et précision», a-t-il observé. L’auteur du Désordre des choses a indiqué que les Russes, les Français et les Anglais avaient contribué à créer le roman moderne après les grandes révolutions politiques et socialews européennes. Il a cité l’exemple de Honoré de Balzac avec Les Chouans et Léon Tolstoï avec «Guerre et Paix. «Flaubert a inventé le concept du nouveau roman avec L’éducation sentimentale où l’on retrouve une trame marquée par la présence de l’histoire», a expliqué l’écrivain. Il a également fait mention de l’école irlandaise en citant James Joyce et de l’expérience américaine avec William Faulkner.
«La plupart des romans de Faulkner sont liés à la guerre de Sécession», a souligné Rachid Boudjedra. Il a évoqué son propre roman Maârkatou Ezoukak (La Prise de Gibraltar) sur l’entrée des musulmans en Andalousie. «On en parle peu, mais il s’agit bien d’une colonisation. Il faut avoir le courage de le dire. Nous avons colonisé et nous avons « esclavagé » les autres. Bien avant les Portugais, les arabes étaient des esclavagistes. Il y a encore des non-dits», a soutenu Boudjedra.
L’universitaire Zineb Ali Ben Ali, professeure à Paris XIII, spécialiste des littératures dites francophones, est revenue sur la vie et l’œuvre de Assia Djebbar, romancière et essayiste algérienne à laquelle le colloque est dédié. Elle a analysé le rapport qu’avait l’auteure de La Femme sans sépulture avec son père, l’instituteur arabe qui avait «osé» inscrire sa fille à l’École normale supérieure de Sèvres (France). «Le projet du père va être barré par la guerre, par le sursaut d’un peuple. C’est alors qu’Assia Djebbar va entrer en littérature (…). Elle dit qu’elle va sortir du cercle des aïeules à l’image d’une héroïne d’un roman occidental», a relevé la conférencière.
Le premier roman de Assia Djebbar (Fatima-Zohra Imalhayène) La Soif, sort en 1957. Selon Zineb Ali Ben Ali, la démarche littéraire et dramaturgique d’Assia Djebbar avait connu des pauses et des changements.
«Il n’est pas question pour moi de dire toute la complexité d’une œuvre qui se fait en se défaisant sur la trace du silence et de la parole réprimée. L’auteur elle même a comparé La Soif à un air de flûte qui continue à être entendu et qui continue à être juste. Air de flûte comme musique, mais aussi comme mouvement», a-t-elle souligné. Elle a rappelé la fameuse phrase de l’auteure de Nulle part dans la maison de mon père : «J’écris à force de me taire». «Oui, la faute a entretenu mon propre silence», avait écrit plus loin Assia Djebbar. D’après Zineb Ali Ben Ali, l’écriture de Assia Djebbar est architecturale, le mouvement peut s’y déployer. Une écriture marquée à tout jamais par «le blanc» de 1953 : la tentative de suicide de la future écrivaine.
L’universitaire Benamar Mediène, enseignant à Aix en Provence et auteur de Georges Boukobrine (son dernier roman) a, pour sa part, fait un parallèle entre Taos Amrouche et Assia Djebbar. Il les a qualifiées de sœurs astrologiques «nées de la même constellation d’étoiles». «Le monde féminin habite la moitié du ciel. Quand on parle de littérature et histoire, on ne peut pas éviter les grands textes tels que ceux de Virgile, Gilgamesh ou Les Mille et Une nuits qui sont une forme d’explication du monde à travers l’univers céleste ou à travers la pratique de Dieu», a-t-il dit. Selon lui, l’écrivain subjectivise la réalité «et va l’objectiviser dans son écriture à travers un travail considérable sur soi et sur la langue»,. Parlant des Amrouche (Fatma, Taos et Jean), il a estimé qu’une «république des poètes» était née à leur époque en Kabylie. «Ils vont agir en archéologues de la mémoire et de l’esprit en captant et notant tous les chants et poèmes de la région. Ils vont labourer ce gisement considérable de mythes. Le mythe est constitutif de notre humanité (…). Tout écrivain doit provoquer chez le lecteur la mise en branle d’une pensée. Et toute pensée doit dépasser ce qui est écrit», a encore souligné Benamar Mediène.*Par Fayçal Métaoui.El Watan-30.09.2012.
**Un important colloque qui aura duré deux jours dans le grand chapiteau de l’hôtel Hilton, en marge du Salon international du livre d’Alger.
Un important colloque qui aura duré deux jours dans le grand chapiteau de l’hôtel Hilton, en marge du Salon international du livre d’Alger, a permis à l’assistance présente de réfléchir aux rapports interdépendants qu’entretien l’œuvre de fiction dans sa narration subjective avec le trajet des sédimentations historiques basé sur des faits réels.
D’une haute teneur intellectuelle et universitaire dans sa forme académique, le contenu des communications à maints égards intéressant en ce sens qu’il a convoqué l’Histoire aux détours de l’écriture romanesque maghrébine et arabe à travers un panel exhaustif de textes pour parler des civilisations et des humanités. Inauguré par l’écrivain Rachid Boudjedra, Il aura surtout été question en premier lieu, de rendre un hommage appuyé à l’œuvre monumentale d’Assia Djebbar, l’une des cinq femmes écrivaines et de surcroit algérienne à avoir été admise dans le cercle prestigieux de l’Académie française. Mme Ali Ben Ali Zineb prendra la parole dans une communication intitulée « Assia Djebbar : Dire sans dire. Ecrire la trace du silence et de l’absence » où elle évoquera depuis la première œuvre La soif, sortie en 1953 jusqu’à Nulle part ailleurs dans la maison de mon père, sortie en 2007, les circonstances historiques notamment la grève des étudiants de 1956, deux après le déclenchement de la guerre de libération qui allait faire entrer l’écrivaine dans le vaste projet littéraire, cette fillette arabe que son père instituteur avait accompagnée à l’école comme pour conjurer le sort des femmes cloitrées dont seul le corps parle et signer dès lors la rupture avec l’injustice coloniale en utilisant la langue de l’oppresseur, une sorte d’ultime promesse qu’elle avait faite à son père. C’est avec cette langue sédiment de l’histoire qu’elle écrira « Une vierge savante saura écrire » Mais ce projet va être contrarié par la guerre et l’écrivaine « entre alors en littérature » pour en sortir comme une héroïne de roman occidental, héritière d’une période de feu et avec d’autres écrivains algériens tracer le monde de la scénographie, une sorte de rupture au nom de l’histoire qui semblait prévisible pour commencer alors le long cours de l’écriture. L’intervenante comparera La soif dans sa musicalité poétique à un air de flûte, un mouvement de l’écriture aveugle traduit comme une danse. Selon elle, le dernier roman d’Assai Djebbar fait écho au premier livre publié par l’auteure qui signera l’éclosion de son œuvre majeure laquelle se révèle comme le chant ultime du monde. Lorsque la romancière prend le pseudonyme d’Assia- un prénom arabe qui selon un hadith signifie la quête du savoir- l’originalité de son œuvre n’est alors pas connue. Ce n’est que plus tard que l’écriture prend un élan collectif avec un croisement entre l’histoire de l’Algérie et l’écriture sur soi. La dernière fiction de cette écrivaine historienne de formation raconte en réalité les moments d’un « non-autobiographique » dont le texte fait resurgir la tentation de la mort. Ainsi pour faire entendre toutes les autres voix, la fiction qui est une véritable mise à nu prend le pas sur l’histoire comme le déclare Assia Djebbar à la presse « Cette faute entretenue par mon propre silence » ou encore « Le texte que j’écrivais fut un masque sur le secret ». L’intervenante qui expliquera comment l’auteure mélange allègrement les genres échafaude en réalité toutes les poétiques du monde « une œuvre qui fait découvrir une architecture rigoureuse et mobile de l’histoire à travers le corps et ses élans » dira-t-elle.Lorsque Benamar Médiène intervient à son tour dans belle communication, c’est pour évoquer les œuvres de Taoues Amrouche et Assia Djebbar dans un même discours en commençant d’abord par affirmer que le monde féminin habite la moitié du ciel par référence à tous les textes fondateurs qui sont des formes d’explication du monde dans un ciel où autrefois comme dans les mythes grecs, les dieux présidaient aux destinées humaines. Selon lui, depuis ces temps reculés, il y a eut émancipation de la littérature et de l’histoire avec des écrits comme ceux d’Hérodote ou Ibn Khaldoun « Si l’historien tente de donner une explication cohérente de l’univers, l’écrivain va l’objectiver dans l’écriture par un travail sur soi comparable à une torture et sur la langue pour inventer les mots par ce retournement sur soi comme l’affirmait Proust » a-t-il souligné en guise de préambule avant d’ajouter en parlant de la famille Amrouche que ces derniers ont écrit, consigné et constitué une bibliothèque en inscrivant ce qui a existé dans le passé : « Ils vont fonder une espèce de république des aèdes en travaillant sur des archives sonores, en creusant dans les alentours du village.
Ils vont labourer ce gisement considérable de mythes sachant que ce dernier est constitutif de la réalité algérienne», a-t-il expliqué. Pour lui, Taoues et Assia représentent des sœurs astrologiques qui sont nées d’une même étoile. «Taoues chante d’une voix magique un chant sacré et profane qui constitue l’histoire de l’Algérie, tandis que sa mère Fadhma est, au sens kabloutien, l’ancêtre contemporain de l’histoire, elle va impulser ce travail de l’écriture, une science des traces, du doute poétique», dit-il avec une certaine verve. L’écrivain Nordine Saadi proposera pour sa part une réflexion fort instructive sur le rapport de l’histoire dans le travail d’écriture. Selon lui, il n’a pas une écriture romanesque qui soit subjective dans son rapport à l’histoire pour les écrivains maghrébins et latino-américains. «Quelles que soient les formes d’écriture, le texte est toujours constitué par une sorte de tension par rapport à l’histoire des non-dits qui fait que nous sommes des êtres historiques profondément marqués par l’histoire.
On écrit parce que l’histoire nous parle comme une trace historique qui porte une violence», a-t-il tenu à dire. Chaque écrivain vit de l’histoire, comme l’avait dit le grand écrivain Dib pour «témoigner autrement des monstruosités, de l’enfer d’une guerre pour éviter la banalité», et d’ajouter : «L’histoire est la généalogie qui nous nourrit parce que l’écrivain est dépositaire de l’histoire, et tous les écrivains maghrébins travaillent par et contre l’histoire tout en étant dans les accumulations progressives qu’il va mettre en évidence dans sa fiction. Il y a chez tout écrivain quelque chose qui résiste à l’histoire de sa propre subjectivité. L’écrivain apporte à l’histoire ce que les historiens ne peuvent apporter, c’est le rapport humain.» L’anthropologue Hadj Miliani a présenté une communication dans laquelle il s’est exprimé sur la manière dont l’écrivain prend langue avec l’histoire à travers ce qu’il a nommé «les postures d’écrivains» en passant en revue les romans Abdelaaziz Farrah, Rachid Boudjedra et Ahmed Akkouche, Habib Tengour. Il a notamment débattu l’aspect dialogique des œuvres littéraires de ce que ces dernières pouvaient prendre ou donner à l’histoire. «L’histoire est un ordre du discours, ce n’est pas une donnée hors du langage. C’est la première catégorie historique qui constitue le régime de vérité. Ce dernier est, chez les historiens, identique à celui du roman. Il y a une identité structurale entre l’historiographie et l’écriture du roman», a-t-il souligné en prenant exemple sur des textes d’écrivains dans lesquels il a relevé plusieurs régimes d’historicité et s’est montré frappé par le sens de la construction des processus historiques dans l’espace de l’écriture romanesque. L’intervention de l’écrivaine Hawa Djabali a consisté à montrer comment la fiction intègre l’histoire dans une communication qui, tout en faisant le survol de l’histoire des écritures premières et bibliques, a fait la part belle à l’oralité, une intervention intitulée «Scribes depuis la première histoire gravée». «La littérature, c’est de fait notre histoire d’homme.
Le scribe a saisi l’intérieur de la réalité et il doit attendre toujours. La littérature est un exercice d’hypothèses, de textes anonymes qui ont franchi le dogme religieux», a-t-elle affirmé. La dernière intervenante, Leila Hamoutène, évoquera le couple indissociable de l’histoire et du roman, ce dernier étant lieu de mémoire et de quête identitaire en s’interrogeant sur ce que la littérature apporte à l’histoire. Elle mettra particulièrement l’accent sur la terrible réalité vécue pendant le terrorisme intégriste où dans les romans récents évoquant largement cette époque, le contexte historique ne sert pas de prétexte, mais permet de partager ce qu’elle a appelé «un code commun, un lien fédérateur» à travers les œuvres de Djamel Souidi, Joziane Lahlou qu’elle citera, ces romans qui réactualisent l’histoire et jettent les bases d’une quête identitaire sont une sorte de banque de données qui appartient à tous.* Lynda Graba. El Moudhahid-30.09.2012.
**Débat sur la littérature jeunesse
«Apporter un peu de rêve et d’imaginaire»
L’universitaire, Djoher Amhis, a repris les classiques de la littérature algérienne pour les présenter aux jeunes. Elle s’est notamment intéressée aux livres de Mouloud Feraoun, Kateb Yacine, Mouloud Mameri, Mohamed Dib, Malek Ouari et Tahar Djaout. «Des auteurs qui ont été des éveilleurs de conscience et qui ont donné une visibilité et une voix à l’Algérie. Il était important de mesurer le courage de ces auteurs qui ont écrit durant la colonisation. Pour le système colonial, nous n’existons pas. Nous étions les indigènes dans un système de domination. Ces auteurs ont été pendant longtemps mis de côté. Ils ont écrit en français mais parlent de nous», a-t-elle expliqué, lundi après-midi, lors d’une une conférence sur «La littérature jeunesse», à la salle Ali-Maâchi au palais des Expositions des Pins Maritimes en marge du 17e Salon international du livre d’Alger (Sila).
Elle a souligné que le problème de la langue française a été dépassé. Pour Djoher Amhis, les jeunes Algériens ont été «frustrés» de leur histoire, de leur géographie et de leur culture. «50 ans après, on s’aperçoit que nos enfants ne connaissent rien à la guerre d’Algérie et que leurs modèles, sur le plan de l’éthique, ne correspondent pas à nos valeurs», a-t-elle noté. Elle s’est interrogée pourquoi des œuvres qui ont dépassé les frontières sont occultées en Algérie. «Je voulais faire une réappropriation de notre patrimoine. Il est vrai que les centres d’intérêt des jeunes sont différents. Il y a l’environnement technologique, la complexité de la vie, la mondialisation, les nombreuses sollicitations qui ont fait qu’il existe une désaffection par rapport à la lecture. Mais il n’est jamais trop tard», a insisté l’auteure de L’exil et la mémoire, mettant l’accent sur le rôle important de l’école. Abdelhalim Salhi de l’édition Al Maktaba al khadra (La bibliothèque verte) a, lors du même débat, indiqué que son entreprise est née en 2002 après dix ans de violence.
«A l’époque, il y avait peu d’auteurs spécialisés en littérature jeunesse et pas d’imprimeurs spécialisés. Tout le monde pensait s’adresser aux enfants d’une manière politique. Au lieu de se mettre au niveau de l’enfant, ils voulaient imposer leur vision d’adultes aux jeunes lecteurs. Nous avons pris en compte tout cela, et avons lancé notre catalogue. Nous en sommes aujourd’hui à 500 titres déjà», a-t-il déclaré. Al Maktaba al khadra publie des ouvrages sur les langues et les sciences. Salim Brahimi, journaliste et directeur de la maison d’édition Z-Link, a indiqué qu’au début des années 2000, l’Enag (Entreprise nationale des arts graphiques) a réédité les anciennes bandes dessinée (BD).
«Il n’y avait pas de BD nouvelles à cette époque. La BD est un art à part entière. C’est le neuvième art. Je ne le dis pas pour rabaisser de la valeur des autres formes de littérature jeunesse. Nous sommes ouverts à tous les styles de BD. On s’intéresse au manga car il a du succès. On essaye de lui donner une couleur et une expression algériennes. Nous n’avons pas de barrières linguistiques», a-t-il dit, soulignant que les Algériens étaient influencés par la forme européenne de la BD (franco-belge). Z-Link, qui publie la revue Labstor, est la seule maison d’édition algérienne spécialisée dans la bande dessinée manga dans tous les formats. Labstor est à son septième numéro. Salim Brahimi a remarqué que les BD publiées en français trouvent plus d’écho auprès du public que celles éditées en arabe. «Nous n’avons pas d’explication à cette situation», a-t-il appuyé.
Maya Zerrouki, qui a modéré le débat, a observé que dans les librairies algériennes, les livres pour adolescents ou jeunes adultes écrits par des auteurs algériens son inexistants. Les ouvrages pour enfants sont plus présents. «Il faut faire une enquête pour savoir quelles sont les aspirations de la jeunesse. Ils vivent dans la violence et dans les nuisances. Il faut leur apporter un peu de rêve et d’imaginaire. Ce en quoi l’école a failli gravement. Un jeune ne rêve plus. Il est pris dans une espèce de magma qui le réduit à rien. C’est extrêmement grave. La promotion de la lecture est primordiale pour l’épanouissement de l’être», a conclu Djoher Amhis.* Par Fayçal Métaoui. El Watan-26.09.2012.
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*Pour ceux qui l’attendent avec impatience pour faire le plein en nouveautés livresques, le Salon international du livre d’Alger, lequel est à sa 17e édition cette année, aura lieu du 20 au 29 septembre 2012. Avec un nouveau commissaire à sa tête, à savoir : M. Hamidou Messaoudi, le 17e Sila a, cette fois, plié et rangé son grand chapiteau pour revenir au Palais des expositions des Pins-Maritimes. Un choix judicieux entrepris par les organisateurs et cela en vue de faciliter l’accès aux nombreux visiteurs du salon en raison de la large disponibilité des moyens de transports dans cette zone de la capitale. Autres bénéficiaires de ce retour à la Safex : Les exposants qui auront plus d’espace pour leurs stands. Considéré comme l’un des plus grands rendez-vous culturels de l’année, le 17e sila verra la participation, cette année, de pas moins de 200 éditeurs-représentants, ce qui environne 40 pays, dont les pays arabes et africains.
Avec le slogan «Mon livre, ma liberté», ce 17e Sila intervient en pleine célébration du cinquantenaire de l’indépendance. Dans ce contexte, les organisateurs ont tracé un programme adéquat autour de la thématique de la Guerre de libération dont des débats et des rencontres. Dans ce sillage, le programme du 17e Sila s’est doté cette année d’un pôle cinéma organisé en partenariat avec la cinémathèque d’Alger qui abritera les projections. Du 22 au 27 septembre, les cinéphiles auront à découvrir les adaptations cinématographiques de romans algériens et étrangers sur grand écran dont le film Le Pain Nu de Mohamed Choukri. A raison de 3 séances par jours, la dernière projection, celle de 18h, sera suivie d’un débat autour du film projeté et cela en présence des invités du Sila. Par ailleurs et quatre ans après la création du stand Esprit Panaf, lieu de célébration de la littérature africaine du Sila, cette année, un programme spécial est tracé pour rendre hommage aux cinquante ans de littérature africaine, indépendante et cela sous le slogan «Lettres d’Afrique». Au menu des conférences des rencontres thématiques, des tables rondes mais aussi un forum pour faire le bilan de la littérature africaine et souligner son effervescence. Lieu de rencontres par excellence entres éditeurs et lecteurs, le Sila donnera, également, l’occasion à nos éditeurs algériens d’exposer leurs dernières nouveautés et booster ainsi le marché du livre, un marché qui patine durant toute l’année et souffre d’un grand nombre d’obstacles dont le manque de lectorat, l’absence de médiatisation ainsi que plein d’autres soucis. *La Tribune-10-09-2012
**Bouteflika inaugure le 17e Sila
Le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a inauguré, hier, au Palais des Expositions (Pins maritimes, Alger), la 17e édition du Salon international du livre d’Alger (Sila). Le chef de l’Etat, accompagné du Premier ministre, M.Abdelmalek Sellal, et de plusieurs membres du gouvernement, le chef de l’Etat a passé plus d’une heure entre les stands où des explications lui ont été fournies par les organisateurs sur les différents exposants et le déroulement de cette manifestation culturelle. Pour sa part, M.Bouteflika s’est entretenu avec des directeurs de maisons d’édition auprès desquels il s’est informé du niveau de l’électorat algérien et des nouveautés de leurs «boites». Cette 17e édition qui réunira jusqu’au 29 septembre éditeurs, écrivains et amoureux du livre autour du slogan «Mon livre, ma liberté», verra la participation de 630 éditeurs venus de 41 pays, qui exposeront sur une surface de 14 000 m². Des conférences seront organisées durant le salon et aborderont les thématiques de l’histoire du Mouvement national, de la guerre de Libération et de la création littéraire et artistique en Algérie depuis 1962. Ces conférences seront animées par des écrivains, à l’instar de Wassiny Laâredj ainsi que des universitaires, des éditeurs et des journalistes algériens et étrangers. Le programme de la manifestation comprend aussi des rencontres, dont plusieurs hommages à des écrivains comme Rachid Boudjedra et Yasmina Khadra ou encore aux écrivains martyrs Ahmed Réda Houhou et Mouloud Feraoun, ainsi qu’un hommage à Rabah Belamri. L’Afrique sera à l’honneur avec le stand «Esprit Panaf» dédié à la littérature africaine avec la participation de plusieurs auteurs qui aborderont des thématiques relatives à la création littéraire ainsi qu’à l’histoire des indépendances. L’Agence algérienne pour le rayonnement de la culture (Aarc) organise également des tables rondes autour des questions de l’édition en Algérie et du livre numérique, du patrimoine populaire ainsi que de l’impact de la littérature algérienne dans le monde. Plusieurs soirées poétiques seront également organisées ainsi qu’une rencontre autour du Prix international arabe. Un colloque sera, en outre, organisé les 28 et 29 septembre à l’hôtel Hilton en partenariat avec le Cnerpah (centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques) sur le thème de la littérature et l’Histoire et sera dédié à l’auteure algérienne Assia Djebar. En marge du Salon, des projections-débats de films adaptés d’oeuvres littéraires seront organisées en partenariat avec la Cinémathèque algérienne. L’édition 2011 du Sila avait connu une affluence record avec 1,2 million de visiteurs.*L’Expression-20.09.2012.
**Les intellectuels célèbrent le Cinquantenaire de l’Indépendance
Beaucoup de nouveautés sont attendues dès demain au Salon international du Livre qui aura lieu à la Safex. Des pays qui n’ont jamais pris part à l’événement sont invités pour la première fois alors qu’écrivains, penseurs et cinéastes se sont aussi donné rendez-vous à cette exposition.
Placé sous le haut patronage du président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, le Salon inauguré aujourd’hui et ouvert au public demain, fait partie des événements culturels périodiques institutionnalisés par le ministère de la Culture sous la conduite de Khalida Toumi.
Cette année, 750 exposants, dont 245 Algériens, sont présents. L’an dernier, ils étaient 521, soit un accroissement de 30% environ.
Les exposants sont originaires de 40 pays (Angleterre, Belgique, Canada, Chili, Danemark, Egypte, France, Irak…). L’Iran y prend part pour la première fois. Comme le Salon coïncide avec le Cinquantenaire de l’Indépendance, des débats sont organisés sur l’histoire et le cinéma. Un débat est prévu autour du thème De Gaulle et l’Algérie et les négociations d’Evian. Le thème des luttes révolutionnaires à travers le cinéma et l’image sera abordé par des professionnels. Pour cela, on peut compter sur la présence de Saïd Ould Khelifa, Salim Aggar, Rachid Arfan, Sami Mohamed, Jean-Claude de Salins et Farid Benya. Pour les historiens, ce sont René Galissot et Daho Djerbal qui sont annoncés aux côtés de Zoheir Ihaddaden.
«Transitions postcoloniales» et «stratégies de développement, ainsi que «la globalisation culturelle» seront abordés par Pascal Boniface, Fatma Oussedik, Rachid Tlemçani, Alain Gresh, Naceur Bourenane, Nadji Safir et Hocine Belaloufi qui est l’auteur du livre La démocratie en Algérie: réformes ou révolution. Il est fort à parier que les révolutions arabes et l’instrumentalisation de l’Islam ne seront pas absents des débats.
Le fait que l’actuelle édition du Sila, dix-septième du genre, s’inscrive dans la célébration du Cinquantenaire de l’Indépendance de l’Algérie est propice à ce genre d’analyses. Les organisateurs considèrent que le Salon du Livre a gagné en notoriété et en attractivité auprès de la communauté internationale du livre qui considère l’Algérie comme un marché important et à fort potentiel, et ce dans plusieurs langues et genres éditoriaux.
Ce diagnostic est basé, selon la même source, sur les données relatives au taux d’alphabétisation, à l’importance de la population scolaire et estudiantine et de la formation professionnelle ainsi que le corps enseignant qui génèrent une demande «qui n’a pas encore exprimé toute sa dimension». Les organisateurs mettent le doigt sur quelques difficultés de la distribution et l’insuffisance du réseau de librairies qui contrarient la demande potentielle. On n’est pas loin de souligner également, dans un document remis à la presse par les organisateurs, que la distribution n’a pas suivi le dynamisme du secteur de l’édition marqué par la multiplication des maisons d’édition et la mise en place de mécanismes d’aide par le ministère de la Culture. Mais ces quelques craintes sont vite balayées par d’autres réalités. C’est ainsi que le Salon a accueilli lors de ces deux dernières éditions plus d’un million de visiteurs (1,2 million en 2010). En moyenne, un Algérien sur 37 environ aurait été intéressé par l’événement.
Et, cette année, il est attendu une fréquentation au moins égale à cette performance. Le public aura droit à des rencontres avec les auteurs. L’une d’entre elles aura lieu avec l’auteur Fadela M’Rabet qui présentera à son public le dernier livre: La salle d’attente.
En plus du français, de l’arabe et de l’anglais, le tamazigh sera une des langues dans lesquelles les livres exposés sont édités.
Enjeux linguistiques, nouveaux champs de l’édition: le livre tamazigh est le thème d’une rencontre animée par Tassadit Yacine, Ahmed Boukous, Mohand Akli Haddaddou, Mohamed Saleh Ounissi et Fatma Zahra Oufara.
Les préoccupations sociales des citoyens ne seront pas absentes du Salon. Les éditeurs veulent, en effet, que le sachet en plastique soit banni de l’événement. Ce qui est une manière pour les intellectuels de participer à la préservation de l’environnement.
Mohand Sidi Said présente son livre
Dans le cadre du Salon international du livre d’Alger, qui sera inauguré aujourd’hui, M.Mohand Sidi Said ancien vice-président du groupe Pfizer présentera, demain à 15 heures au stand de l’Enag, son livre autobiographique: L’esprit et la Molécule. Soyez nombreux au rendez-vous.* L’Expression-19.09.2012.
*Un colloque sur la Révolution sera dédié à Assia Djebar
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«Toutes les contraintes ont été levées»
M.Gana est catégorique:
«Ces interdictions ne sont pas l’apanage seule du ministère de la Culture mais tout un comité de control composé aussi des ministères des Affaires religieuses et celui de la Défense, ainsi que de la Gendarmerie nationale notamment et ont trait aux livres qui font l’apologie du terrorisme, à la falsification de l’histoire, à l’atteinte de la sûreté de l’Etat ou encore au non respect du Coran». Aussi «Si le Sila revient cette année à la Safex, c’est dû essentiellement, la disponibilité de parking de voitures et à l’installation du tramway», dira Hamidou Messaoudi, nouveau commissaire du Sila et DG de l’Enag, hier matin lors de d’un point de presse animé à la Bibliothèque nationale. Dédié à feu Abdou B, l’édition de cette année aura comme participants 41 pays contre 32 l’année dernière et 630 maisons d’éditions entre arabes et étrangers dispachées sur une superficie de 14.000 m². Une édition placée sous le slogan «Mon livre ma liberté»..«Car parfois l’impact de la plume peut être plus fort que le fusil», a-t-il souligné tout en estimant que ce qui se passe en Syrie ne peut influer sur la tenue du Sila, autrement la nature ou obédience politique de telle ou telle maison syrienne (au nombre de 48) qu’elle soit pro-régime ou proche des rebelles n’est pas une chose importante à ses yeux. Un peu bizarre comme réponse compte tenu du slogan du Salon. «Ce qui se passe en Syrie ne nous ne concerne pas. On a répondu favorablement à toutes les maisons d’éditions qui nous ont sollicités» a-t-il déclaré… M.Messaoudi dira que le Sila fournira toutes les commodités nécessaires pour le confort des participants et que toutes les conditions ont été réunies pour ce faire. «Les contraintes qu’on avait avant ont été levées», dira pour sa part M. Hadj Nacer, directeur du livre et la lecture publique au ministère de la Culture. Le commissaire souhaite que les éditeurs revoient les prix du livre au profit du lecteur souhaitant qu’ils aient une petite marge de bénéfice avec un maximum de ventes au lieu d’une grande marge avec peu de livres vendus. Il reconnaîtra par ailleurs que le Salon du livre est aussi une affaire commerciale tant qu’il existe des vendeurs et des acheteurs, sans pour autant en avoir honte car telle est la réalité. Notons que le choix des maisons d’éditions égyptiennes à participer au Sila est revenu, a-t-il fait remarquer, à l’Union des éditeurs arabes qui ont sélectionné 108 sur plus de 200 demande en provenance d’Egypte. Le hic a-t-il souligné est que tous les éditeurs algériens au nombre de 250 veulent être placés au niveau du pavillon central qui fait 8000 m² ce qui est logiquement impossible. Enfin outre la projection de nombreux films algériens et étrangers à la Cinématique algérienne liés à la guerre d’ Algérie et adaptés d’un roman, un colloque de deux jours (28 et 29 septembre) organisé par le CNPRH se tiendra à l’hôtel Hilton et sera dédié à Assia Djebar qui a «tôt écrit sur la guerre d Algérie», a relevé M.Slimane Hachi. La célébration des 50 ans de l’anniversaire de l’Algérie étant au centre de plusieurs débats et conférences cette année. C’est l’Algérie qui est mise à l’honneur à cette occasion. Enfin, le stand Esprit Panaf revient encore avec plusieurs auteurs et professionnels du secteurs de l’édition du continent et comprendra outre des conférences, un forum et deux expos de peinture dont une sur le manuscrit et une autre de la fameuse Valentina. De nombreux hommages seront rendus dont un à Abdelhamid Benhadouga, Rachid Boudjedra, Yasmina Khadra et autres. De nombreux invités prestigieux attendent d’aller à la rencontre du public. Rendez-vous pris pour le 20 prochain. Que la fête du livre commence! .* L’Expression-17.09.2012.
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** La 16e édition…du 21 septembre au 1er octobre 2011
***Clôture en apothéose
Aucun stand sur les 530 installés à la Cité olympique du 5 Juillet n’a échappé au rush du public
** vidéo:Salon du livre d’Alger 2011 TV5
Le rideau est tombé sur la seizième édition du Salon international du livre d’Alger. Tous les participants aussi bien que le public n’ont pas caché leur satisfaction suite au triomphe de cet événement qui a drainé, durant dix jours, des dizaines de milliers de visiteurs. Ces derniers ne sont pas venus uniquement par curiosité mais ils ont fait montre d’une curiosité intellectuelle certaine. Aucun stand sur les 530 installés à la Cité olympique du 5 Juillet n’a échappé au rush du public. Une affluence qui a connu son apogée samedi dernier, qui était également le dernier jour du salon. Des bouchons interminables étaient constitués à l’entrée du gigantesque parking du stade du 5 Juillet. Ce qui donnait un avant-goût de l’ambiance à l’intérieur des chapiteaux. Des dizaines de milliers de citoyens et de familles étaient présents sur les lieux. Tous les stands ont affiché des réductions des prix à l’occasion de cette ultime journée. Les réductions étaient au moins de 15% et ont atteint dans certains stands, notamment arabophones la marge des 50%, ce qui explique que le public n’a pas eu tort de patienter jusqu’à ce samedi pour compléter leurs achats à l’occasion du SILA. Des citoyens sont venus de plusieurs wilayas du pays. On pouvait notamment distinguer des bus immatriculés à Relizane, Oran, Béjaia, etc. Les caissiers au niveau des stands avaient beaucoup de mal à faire face aux queues interminables qui se formaient continuellement. Au stand des éditions Gallimard, l’un des plus prisés, la caissière, une quinquagénaire, est visiblement éreintée. Elle tente de se désaltérer en buvant à la hâte un verre de Selecto. Puis la machine reprend de plus belle. Une jeune fille de moins de vingt ans avance dans la queue avec à la main, De l’Amour du géant de la littérature française Stendhal. Aussi, d’autres jeunes, des dames, des vieux poursuivent cette quête spirituelle à travers son meilleur porte-drapeau: le livre. Un homme achète des romans de Marguerite Yourchenar, une dame se penche plutôt sur ceux de Zola et c’est toute une culture et une littérature universelle qui se trouve être au rendez-vous du SILA. Dans les stands des éditions Hachette, il ne restait presque plus rien sur les étals ce samedi du livre. Les prix parfois excessivement chers n’ont pas dissuadé les lecteurs. Presque tout a été vendu, constate-t-on. Idem chez Acte Sud, venu avec les romans pathétiques de Dostoïevski, ceux de Naguib Mahfoud ou encore de Alaa El Aswany. Chez les éditeurs algériens, l’ambiance était la même. Sedia qui proposait les romans de Yasmina Khadra, Anouar Benmalek et Assia Djebbar ne désemplissaient pas. D’intéressantes remises ont été accordées par les éditions Sedia. En face, les éditions Alpha offrent aussi des réductions conséquentes à l’occasion du Sial. C’est le cas aussi chez Dalimen, Casbah Editions, Chihab, l’Anep, l’Enag, El Amel, l’Odyssée, Zyriab, Koukou où le public n’a pas cessé de mettre la main à la poche. Dans les stands des éditeurs arabophones, l’ambiance est identique. Beaucoup de livres qui étaient disponibles en centaines d’exemplaires les premiers jours du Sila sont épuisés ce samedi. Une partie des étals était nue.Les meilleures ventes
Quant aux meilleures ventes du salon, une petite tournée chez quelques éditeurs nous donnera une idée. Ainsi, chez Gallimard c’est le romancier Mario Vorgas Llosa, prix Nobel 2010, qui est en tête des ventes. Les éditions Gallimard sont venues avec treize de ses titres et en 40 exemplaires pour chacun et tout a été épuisé avant samedi passé. Aux éditions Sedia c’est le livre de Yasmina Khadra, intitulé Ce que le jour doit à la nuit qui a été le plus demandé. Chez Alpha, la première place des ventes est revenue à La vie sur la pointe des pieds, dernier recueil de nouvelles de Hamid Grine. Chez Apic, les meilleures ventes ont été enregistrées par l’auteur Samir Amine pour son ouvrage «Le monde arabe dans la longue durée». Aux éditions Dalimen, on retrouve en première position le livre Le café de l’imam écrit par Fadela M’rabet.
Chez l’Anep, c’est le livre de Tahar Zbiri intitulé Mémoires du dernier chef historique qui détient la palme des ventes durant le seizième Sila. Chez Casbah, C’est l’Algérie mon amour de Dilem, chez Hachette, c’est le livre Mon intime conviction de Tarik Ramadan et enfin Chihab nous annonce Badr’eddine Mili pour son deuxième roman Les miroirs aux alouettes. (L’Expression-03.10.2011.)
«Le salon a été une totale réussite»
Rencontré le dernier jour du Salon international du livre d’Alger, samedi dernier, Youcef Sayah, l’un des journalistes littéraires les plus connus en Algérie et également membre du commissariat du Sila, coordinateur des conférences en langue française, commente la 16e édition du Sila pour nos lecteurs.
L’Expression: Vous êtes responsable du volet animation en langue française au SILA. Quel bilan faites-vous de la onzième édition qui s’est terminée samedi dernier?
*Youcef Sayah: Au volet animation et conférences en langue française que je coordonne, le bilan est excessivement positif pour la simple raison que 90% des conférenciers que nous avons invités ont répondu présent et étaient là.
Nous avons toutefois remarqué qu’il n’y a pas une grande affluence sur les conférences. Souvent, la présence du public a été trop timide. A quoi est dû cela d’après vous?
*C’est tout à fait vrai. Vous avez raison de le souligner. Je pense que cette situation est due au fait que la culture des conférences n’est pas très bien établie chez nous. Je suis au niveau du commissariat du Sila depuis trois ans et j’ai constaté qu’il y a des conférences qui ne passent pas et pourtant avec des personnes très intéressantes. Parce que, malheureusement, on n’a pas l’habitude des conférences pendant toute l’année pas seulement sur Alger mais dans les quatre coins d’Algérie.
Concernant la tenue du Salon, quel est votre avis notamment en comparant cette seizième édition à celles des années précédentes?
*Cette année, il y a plus d’exposants par rapport à l’année passée comme vous l’avez sans doute relevé parce qu’il y a pratiquement un tiers de plus d’exposants. L’année dernière, il y en avait 400 et cette année, nous en sommes à plus de 530. Pour cette édition, il y a d’autres pays qui ont rejoint le salon comme la Russie, le Tchad, le Chili, les Etats-Unis. Il y a aussi de nombreux autres nouveaux venus, notamment d’Egypte, de Syrie, du Liban, etc. Ces derniers ont marqué le Sila de cette année avec une très forte participation.
Ce constat nous amène à penser qu’effectivement, il faudrait encore prévoir plus de places pour l’année prochaine compte tenu du nombre d’exposants, y compris les éditeurs étrangers et bien plus particulièrement les exposants français parce que ce sont ceux qui viennent le plus au Sila. Et là, je pense aux grandes maisons d’édition comme Hachette et Gallimard qui se sont multipliées en trois ou quatre au niveau de la surface occupée au Sila et surtout, ce qui est plus important que la surface, c’est le nombre d’ouvrages exposés et leur diversité.Avec cet acquis en matière de bonne organisation et surtout en matière d’affluence phénoménale du public sur le Sila, peut-on espérer qu’à partir de l’année prochaine, le Sila pourrait avoir comme invités d’honneur de grands romanciers, par exemple des Goncourt célèbres ou autres écrivains de cette trempe?
*En posant cette question, vous pensez peut-être à Amin Malouf et à d’autres écrivains de cette dimension. Vous avez parfaitement raison de poser cette question parce que les grandes pointures et les grandes stars de la littérature ou même d’hommes politiques ou d’historiens, il faut les contacter beaucoup de temps à l’avance, souvent plus d’une année à l’avance. Ceci parce qu’ils ont un calendrier excessivement chargé. Là, je dois dire que nous nous sommes pris un peu tardivement. En plus, pour cette année, nous avons été obligés d’avancer le Sila tout simplement parce que l’Aïd va tomber au mois d’octobre. Il y aura aussi la période du Hadj. Les éditeurs arabes ne pouvaient pas participer au salon en octobre. Nous, ça ne nous dérangeait pas de l’avancer. Mais en avançant le Sila à la fin septembre, c’est la rentrée littéraire dans tous les grands pays. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Yasmina Khadra n’a pas pu être présent. L’année dernière, on avait plus de personnes connues tout simplement parce que les écrivains sont plus disponibles en octobre. (L’Expression-03.10.2011.) «C’est l’un des plus grands salons au monde» Rencontré vendredi dernier, à la veille de la clôture du Salon international du livre d’Alger, Smain Ameziane, commissaire du Sila, fait le bilan de la 16e édition aux lecteurs de L’Expression.
L’Expression: Nous sommes à la veille de la clôture de la 16e édition du Salon international du livre d’Alger dont vous êtes commissaire, un événement qui a tout l’air d’avoir été une réussite à tous points de vue. Que vous inspire un tel succès?
Smain Ameziane: Cette grande réussite a été préparée. On ne peut pas réussir un tel événement, comme ça, dans l’improvisation. Le travail a commencé au moins une année à l’avance avec l’aide de la ministre de la Culture, qui a été tout le temps présente avec nous en plus d’un groupe de travail constitué de plus de cent personnes. On a essayé de ne pas négliger les détails. On a pris en considération toutes les lacunes des éditions précédentes pour améliorer les choses. Comme vous pouvez le constater, tout se passe bien. Le public a répondu présent.Avec ces réussites, quelle peut-être la place de ce salon dans le monde?
*Le Salon du livre d’Alger est devenu l’un des salons les plus importants dans le monde et le plus important du Monde arabe.Quels sont les critères sur lesquels vous vous basez pour avancer cette information?
*Il y a d’abord le nombre de pays qui y prennent part. Vous avez trente-quatre pays qui participent au Sila de cette année. Le Salon de Paris n’a pas trente-quatre pays. Les autres critères, c’est le nombre d’exposants et le nombre de visiteurs. Ce sont là les paramètres qui font qu’un salon est réussi ou pas. A titre d’exemple, comparativement à d’autres salons, nous, nous sommes à plus d’un million de visiteurs par édition alors que le Salon de Paris enregistre autour de 350.000 visiteurs. Vous voyez un peu ce que donne la comparaison en nombre de visiteurs. Ce sont ces paramètres qui font la réussite d’un salon et qui le situent sur la scène internationale.Comment expliquez-vous cette affluence extraordinaire sur le livre au moment où l’on parle de plus en plus du recul de la lecture dans notre pays?
*La tragédie nationale, ce n’est pas un vain mot. Il y a eu une coupure dans les habitudes. Les gens fréquentent de moins en moins les librairies. Ce salon, c’est une mégalibrairie. L’avantage que le lecteur peut trouver ici, c’est qu’il y a la majorité des éditeurs du Monde arabe, les grands éditeurs occidentaux comme Hachette, Gallimard, Larousse, etc. qui sont présents. Ce salon offre un éventail très large pour les lecteurs. Ces derniers, une fois ici, ont vraiment le choix des ouvrages qu’ils cherchent. Les gens profitent de ce salon pour acheter les livres à lire pour toute l’année. Il ne faut pas non plus oublier qu’il y a des remises sur les prix de vente.Vous avez sans doute discuté avec les éditeurs étrangers au sujet du déroulement du salon. Ont-ils également été impressionnés par le succès du Sila 2011?
*J’aurais aimé que ce soit eux directement qui le fassent parce que moi, évidemment, je vais vous dire l’écho que j’ai, c’est qu’ils sont ravis dans leur totalité. Il n’ y a pas eu de couacs. Au niveau de l’organisation, les choses ont été parfaites. Les travailleurs de l’administration douanière ont répondu présent. Ils ont travaillé jour et nuit pour que tous les ouvrages des exposants étrangers soient ici présents une semaine avant l’ouverture du salon. Il n’ y a eu vraiment aucun problème à ce niveau-là. Les éditeurs étrangers ont été ravis, en arrivant, de trouver leurs ouvrages déposés dans leurs stands. Le fait qu’il y ait une telle affluence, les exposants étrangers le constatent et ils remarquent aussi que le public algérien est constitué de connaisseurs. Quand je dis que c’est le plus grand Salon du livre dans le Monde arabe, j’en veux pour preuve le fait que les éditeurs étrangers vendent entre 80% et 100% de leur production. Nous avons un public fabuleux, nous sommes là en plein milieu du salon, vous voyez bien. Il y a des familles, des enfants. Le public est merveilleux. Que demande un éditeur étranger quand il vient ici? Chaque année, les éditeurs étrangers veulent doubler leur espace. A titre d’exemple, Hachette qui était à 200 mètres carrés l’année passée, est à 400 mètres carrés actuellement et il pense avoir plus de superficie l’année prochaine. C’est l’un des rares salons où l’on achète un stand aussi important. Vous avez Gallimard en face, et comme vous pouvez le constater également, c’est l’un des rares salons où les éditeurs investissent dans l’aménagement des stands et le design. (L’Expression-02.10.2011.)
**Le rush des visiteurs
Les stands n’ont pas cessé de se vider. Certes, le livre est cher mais le plaisir de lire n’a pas de prix.
A la veille de la clôture de la 16e édition du Sila, l’ambiance au Complexe olympique du 5-Juillet est toujours celle des grands jours. Le nombre de visiteurs, après avoir connu une baisse sensible, durant la journée de dimanche, a vite augmenté particulièrement depuis lundi. D’ailleurs, pour pouvoir atteindre les parkings de stationnement à partir de l’autoroute de Ben Aknoun, il faut plus d’heure d’encombrement. Comme il fallait s’y attendre, aucun stand n’a échappé au rush des visiteurs. Qu’il s’agisse des maisons d’édition françaises ou encore des autres maisons européennes, l’affluence est pratiquement la même avec notamment des exceptions pour certains éditeurs à l’instar des éditions Gallimard et Hachette mais aussi les éditeurs qui proposent des livres religieux. D’ailleurs, ces derniers sont plutôt pris d’assaut par les revendeurs de livres. En attestent les cartons remplis de livres religieux de tous genres avec lesquels sortent lesdits revendeurs. C’est ce qui explique en partie pourquoi les livres religieux sont plus prisés que d’autres. Mais il y a lieu de constater que les stands de tous les autres éditeurs aussi bien algériens qu’étrangers n’échappent aucunement à la fureur des achats de livres. Malika Laïb des éditions Alpha nous a confié avant-hier que l’affluence sur son stand est considérable. «Les gens viennent et achètent. Ça marche très bien. C’est une réussite», souligne Malika Laïb. Au moment de notre passage, trois auteurs étaient en train de dédicacer leurs ouvrages: Youcef Merahi, Fayçal Ouaret et Mohamed Sari. Un grand monde prend aussi d’assaut le stand des éditions Casbah. Ce dernier ne désemplit pas du matin au soir d’autant plus qu’il a accueilli de nombreux auteurs qui drainent les foules à l’instar du caricaturiste Dilem. Le stand des éditions Chihab a aussi connu le flux du public. Avant-hier, c’était l’ancien cadre du Parti du renouveau algérien Sofiane Djilali qui dédicaçait son nouveau livre. Au stand des éditions Dalimen, l’auteur Fadéla Mrabet, infatigable, continue de rencontrer ses lecteurs auxquels elle ne cesse d’offrir de sympathiques sourires et d’inoubliables dédicaces. Par moments, dans certains endroits du Salon du livre, il est difficile de se déplacer facilement tant les allées sont bondées. C’est le cas en particulier en milieu d’après-midi, à partir de quinze heures. C’est d’ailleurs à partir de cette heure-ci que les écrivains rejoignent leurs stands respectifs pour se lancer dans les séances de ventes-dédicaces.
Finalement, le prix des livres n’est pas un critère rebutant puisque les étals de tous les stands se vident de jour en jour, constate-t-on de visu. Pourtant, les prix pour un simple salarié sont plutôt souvent chers. Au stand des éditions Gallimard qui offrent une variété inestimable de chefs-d’oeuvre universels, les prix sont loin d’être attractifs. Pourtant, serait-on tenté de dire, les livres se vendent comme des petits pains ici. Pour avoir une idée de ce que sont les prix, on peut citer La République de Platon, en format poche, qui est cédée à pas moins de 1500 dinars. Les livres d’Albert Camus, très demandés, sont proposés à plus de 700 DA. Et c’est le cas pratiquement de centaines d’autres titres de ce stand mais aussi de ceux des éditions Hachette et de l’Harmattan. Ce dernier propose des livres écrits par des auteurs algériens mais qui ne sont pas disponibles dans nos librairies car l’Harmattan ne distribue pas en Algérie à cause de la contrainte du prix. Le problème de la cherté du livre se pose aussi dans les stands des pays arabes à l’instar de ceux de l’Egypte, la Syrie et autres. Les prix des romans de grands auteurs arabes oscillent autour de 1000 DA. Mais, malgré tout, les stands n’ont pas cessé de se vider car si le livre est cher, le plaisir de lire est beaucoup plus cher. C’est la leçon à retenir d’un Salon du livre qui a tenu toutes ses promesses. (L’Expression)
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*Amine Zaoui. Romancier ..séance de vente-dédicace au dernier Sila
« J’écris avec la même sensibilité et la même vision »
Le dernier roman d’Amine Zaoui, Le chamelier des femmes et des boucs, paru aux éditions El Ikhtilef, s’est complètement vendu au dernier Salon international du livre d’Alger (SILA).Ses derniers romans, Festin de mensonges et La Chambre de la vierge impure (parus aux éditions Barzakh) et son recueil de nouvelles, Irruption d’une chair dormante, publié par les éditions El Beyt, ont connu un succès de librairie. Rencontré à la faveur d’une séance de vente-dédicace au dernier Sila, l’auteur dénonce, dans cet entretien son exclusion des débats du salon.
-Amine Zaoui n’a pas été invité à animer une conférence ou un débat au Salon international du livre d’Alger, s’agit-il d’un boycott ?
Pour la troisième fois consécutive, je suis exclu de ce salon du livre. Pourtant, en 2010, j’ai fait sortir deux romans, un en arabe, un autre en français. Et cette année, je viens de publier un roman en arabe chez Ikhtilef Le chamelier des femmes et des boucs. Je sens que je suis sur une liste noire. Je ne sais pas qui l’a établie. Je suis triste et en colère. Ce comportement d’exclusion n’a rien de culturel, d’artistique ou de politique. Le Salon du livre devrait être un espace d’échanges, de tolérance, de diversité d’idées, de personnes et de sensibilités.
-N’avez-vous pas trouvé une explication à cette mise à l’écart ?
Peut-être que les organisateurs du Salon du livre pensent que j’ai un malentendu avec Mme la ministre de la Culture, cela fait trois ans que j’ai quitté la direction de la Bibliothèque nationale. J’ajoute que je ne suis pas invité par les directions de culture des wilayas. Idem pour les maisons de culture et des théâtres au niveau national. C’est un embargo qui dure et qui commence à peser. Il y a une sorte de peur et de terreur dans les institutions culturelles dès qu’on prononce le nom d’Amine Zaoui. Dommage.
-Pourquoi Amine Zaoui fait-il peur ?
Sincèrement, je ne sais pas. Je n’ai jamais changé de façon d’écrire. Lorsque j’étais à la direction de la Bibliothèque nationale, j’écrivais avec la même sensibilité et la même vision. Et je continue toujours. Malheureusement, un lobby est en train de se constituer autour du Salon du livre et qui le handicape en marginalisant les intellectuels.
-Et que nous raconte Le Chamelier des femmes et des boucs, titre de votre dernier roman paru en langue arabe?
C’est l’histoire de trois sœurs chrétiennes qui embrassent l’Islam dans un village en Algérie. Un journal annonce un jour que ces trois femmes veulent se marier avec des Algériens. C’est alors la folie dans le village et dans le pays. Même l’imam se met de la partie et veut se marier avec une ou deux de ces femmes. En somme, le roman tente de montrer les aspects commerciaux qui peuvent être liés à la religion. Certains cherchent à quitter ce pays par n’importe quel moyen y compris en se convertissant à d’autres religions.
-La contre-révolution se couvrira-t-elle de couleurs religieuses dans le monde arabe après les révoltes ?
Il y a un risque, mais il y a aussi une conscience de la part des forces démocratiques dans ce pays de cela. Il y a une résistance de la part de ces forces en Egypte et en Tunisie. Les femmes tunisiennes sont bien organisées. Autant pour les laïcs. Ils essayent de freiner le courant islamiste. Ce courant tente de récolter les fruits de la révolution. La même chose en Egypte. Je crois que les islamistes pensent qu’il est facile de mettre la main sur ces révolutions…
-Avez-vous l’impression qu’on a retenu la grande leçon des révoltes arabes en Algérie ?
En Algérie, on n’a pas fait de bonnes lectures de ces révolutions arabes. On a sous-estimé un peu ce qui se passe en Tunisie et en Egypte. Avec son histoire avec l’extrémisme, l’Algérie a un avantage. Elle peut faire une lecture plus profonde, dépasser facilement le clivage islamistes/démocrates et aller vers le véritable changement. (El Watan-05.10.2011.)
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* …Livre ouvert pour le public…
**Cette grandiose manifestation qui draine un public nombreux n’a pas dérogé à la règle de faire participer un invité d’honneur, avec cette année le Liban. La récente conférence, qui s’est tenue lundi dernier à la Bibliothèque nationale d’Alger en présence de Azzedine Mihoubi, a permis à l’assistance d’avoir des clarifications quant à l’organisation de cet important rendez-vous livresque. Il faut savoir que pour cette édition, outre les sponsors habituels, le département de Wataniya Telecom Algérie-Nedjma participe en tant que Sponsor Gold de la 16e édition qui marque une nouvelle fois la volonté de promouvoir de façon effective ce pilier de la culture qu’est le livre. Répondant aux nombreuses questions soulevées par les journalistes au cours de cette conférence, l’équipe du commissariat du Sila avec à sa tête Smain Ameziane a souligné que la priorité des organisateurs résidait dans le fait de privilégier le livre scolaire et parascolaire dont la population estudiantine est très demandeuse en lui offrant de larges surfaces d’exposition. S’agissant de la censure de certaines publications reçues au port d’Alger, dès septembre dernier, une commission de lecture composée de plusieurs départements ministériels a travaillé à l’autorisation d’entrée des publications selon des critères bien déterminés, précisant que ladite censure se faisait dans tous les pays arabes même si les membres du commissariat ne sont pas habilités à le faire. Avec une large prédominance des productions littéraires arabes, il faudra souligner que pour cette édition l’Egypte participe en force dans cet événement haut en couleur que les organisateurs ont voulu à la mesure de son importance culturelle abordant tous les aspects de l’animation culturelle suivant cinq pôles d’attraction, à savoir les nombreux cycles de conférences où les initiés pourront aller à la découverte d’invités et de spécialistes dans ce domaine qui sont des sommités dans le monde, dans cette optique la place sera donnée à la parole et aux idées. L’autre pôle permettra aux visiteurs de voyager dans le pays du cèdre puisque la littérature libanaise est à l’honneur. Dans le sillage du 2e Festival culturel panafricain d’Alger, le Sila comme de tradition a donné la part belle aux auteurs africains en leur dédiant un espace spécial. L’autre nouveauté de cette édition, outre le fait que des pays comme la Russie et l’Ukraine participent pour la première fois, est la tenue d’un colloque qui proposera une analyse pluridisciplinaire par des chercheurs et spécialistes universitaire autour d’un débat académique sur les bouleversements actuels dans le monde arabe. La partie la plus intéressante pour les visiteurs est bien entendue incluse dans le volet de l’exposition avec une grande participation, outre nos auteurs résidants à l’étranger, de 32 pays issus de toutes les régions du globe qui mobilisera près de 20.000 m2 et une logistique considérable.(Elmoudjahid-21.09.2011.)
***On a annoncé 32 pays issus de toutes les régions du globe qui prennent part à ce grand rendez-vous de joutes livresques dont quatre pays inédits, à savoir la Russie et l’Ukraine, le Pérou et la principauté de Monaco. Dans sa tournée des stands, la ministre de la Culture s’est attardée au départ sur celui du Liban avant de suivre son périple tout en s’enquérant des publications de chaque maison d’édition. La ministre de la Culture a aussi mis l’accent sur la nécessité de la coédition entre l’Egypte- présente en force, cette année au Sila avec près de 90 maisons d’édition et le Liban. A ce titre, en marge du salon, le ministre Gaby Layoune a animé un point de presse pour annoncer une éventuelle collaboration entre les deux pays frères qui ont payé un lourd tribu durant la guerre civile pour voir leur pays debout. Une nouvelle qui s’inscrit dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Evoquant la censure au niveau du Sila, la ministre de la Culture a tenu a préciser que les ouvrages qui font l’apologie du terrorisme ou du colonialisme notamment n’ont pas leur place au sein de ce salon car dit-elle «l’Algérie est un pays de droit souverain». Une petite promenade à l’intérieur de ce salon qui promet d’ores et déjà une atmosphère quasi «étouffante» au regard de la chaleur surprenante qui régnait dedans hier, noua a permis de découvrir les nouveauté et autres originalités de cette édition. Aussi, outre les grandes maisons d’édition algériennes qu’on connaît telles Chihab, Casbah ou Dalimen, Z-Link spécialisée dans la bande dessinée est présente au grand bonheur des amateurs des bulles. Celle-ci a pour mission la promotion de la bande dessinée et les scénarii qui s’inspirent de la culture algérienne. Le groupe Hachette International, qui prend sous son aile plusieurs maisons d’édition française, s’est transformé en un «village» au sein duquel de nombreux invités du Sila viendront signer leur ouvrage dont Malika Mokaddem, qui était bien pimpante hier et ravie d’être là. D’ailleurs, elle signera ce soir à 16 h son nouveau roman La désirante, sorti également chez Casbah Editions où elle ira aussi à la rencontre de son public samedi à 15h. Autre invité prestigieux de Hachette, on indique Edwy Plenel président et fondateur du journal en ligne Mediapart, où sont traités des thèmes personnels et politiques. Celui-ci sera au pavillon B pour évoquer son parcours et écrits, mardi prochain. Les éditons Alpha seront présents avec de nouveaux titres dont on peut citer En épiant l’histoire de Amar Belkhidaj et Les Ailes de la reine (traduit de l’arabe par Marcel Bois) de Waciny Laredj. Ces derniers se prêteront à la séance vente-dédicace ce vendredi. Samedi ce sera le tour de Hamid Grine avec son ouvrage Une vie sur la pointe des pieds et Fatéma Bakhaï pour son livre Dounia. Le prix de ces livres est fixé à 600 DA tandis que les anciens ouvrages sont cédés avec 30 à 40%de remise. Notons qu’en plus de la trilogie de Mohamed Dib qui a été traduite en langue arabe, quatre livres du même auteur seront disponibles en langue arabe au stand Sédia, noua a informé hier Nassréa Khiat. On relèvera l’Infante maure (Prix de la francophonie), L’Aezza, Simorgh et La Nuit sauvage. L’Ecrivain ainsi que La Part du mort de Yasmina Khadra feront l’objet d’une réédition par Sédia. Pour la première fois, l’Aarc participe au Sila avec un programme riche et divers. L’Agence algérienne pour le rayonnement culturel propose diverses activités liées à ses missions dans le domaine du livre et de la promotion de la littérature. Sont discernables deux expositions synthétiques. La première est L’Aarc et le livre: ses premières actions en matière de promotion de la littérature algérienne à l’étranger, d’accueil des littératures du monde en Algérie, de soutien aux initiatives autour du livre, etc. La seconde a trait à la littérature sud-africaine, à la découverte d’une des plus remarquables littératures du continent, son histoire, son évolution, ses tendances. Cette dernière exposition sera rehaussée par la présence de Breyten Breytenbach (aujourd’hui à à17h30 au pavillon B) et de quatre autres écrivains sud-africains, Vovani Bila, Rian Malan, Charl-Pierre Naude et ZukiswaWanner. La revue littéraire «Lire avec son rédacteur en chef», Philippe Delaroche et plusieurs critiques de la rédaction viendront faire connaître leur expérience, parler des tendances mondiales de la critique littéraire, du regard porté sur la littérature algérienne, etc. Aussi deux cycles de rencontres sont également au menu. La première a pour thème «Auteurs, comment écrivez-vous?» Des romanciers, nouvellistes, poètes, critiques littéraires viendront raconter comment ils travaillent, pour découvrir les dessous de l’écriture.
La seconde réfléchira sur «Comment promouvoir la littérature algérienne à l’étranger?». Elle fera appel aux points de vue de professionnels du livre, éditeurs, libraires, distributeurs, etc. le programme comprendra un concours littéraire in situ:pour gagner une participation à un atelier d’écriture, le 2e week-end du Sila sera consacré au concours Pages Blanches, réservé aux apprentis-écrivains de 20 à 35 ans. Le principe est simple. Il sera tiré au hasard un sujet à rédiger et la rédaction se fera sur place d’une ou deux pages lesquelles seront sélectionnées par un jury. N’oublions pas le colloque international de cinq jours qui se tiendra du 28 septembre au 2 octobre 2001 et se déroulera à la Bibliothèque nationale d’Algérie. Il a pour thème «Le monde arabe en ébullition: révoltes ou révolutions?» Que la fête du livre commence! (L’Expressiom-22.09.2011.)
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«L’écriture littéraire n’est pas bâtie sur des vérités»
Personne n’aurait pensé à écrire un roman ou un poème si le monde était fait de bonheur et de paix !
Photo:Hassan Daoud et Maissa Bey
Le lieu, l’enfance et la critique littéraire. A cela, il faut ajouter la poésie. Des thèmes abordés, dimanche après-midi, au XVIe Salon international du livre d’Alger (Sila) qui se tient jusqu’au 1er octobre prochain sous les chapiteaux de l’esplanade du 5 Juillet à Alger. Le lieu, l’espace ou l’endroit, d’abord. Les romanciers libanais, Hassan Daoud et Mohamed Abu Samra, en ont parlé avec sincérité dans un débat sur «l’intimité du lieu» dans l’écriture littéraire. «Certains me parleront du lieu dans mes écrits. Je pense que cela relève des polémiques que les critiques aiment bien soulever. On peut débattre sur ‘‘l’espace’’ dans le roman arabe, et on n’aboutira à rien qui puisse ressembler à des lignes fixes. L’écriture littéraire n’est pas bâtie sur des vérités, elle s’articule autour de l’interférence entre illusions et réalités. J’élève les illusions au niveau des faits réels. Certains critiques refuseront cette idée», a estimé Hassan Daoud, auteur du célèbre roman Binayet Mathild (L’immeuble de Mathilde). S’il a reconnu que les souvenirs et la nostalgie étaient partout présents dans ses romans et nouvelles, il a estimé que l’écriture littéraire n’a, en principe, pas de règles. «C’est une écriture angoissée et personnelle», a-t-il noté.
«Si tout allait bien dans le monde, on n’aurait pas eu besoin d’écrire des romans ou de la poésie. Le roman est une tentative d’évoquer le vécu, fait de problèmes, de concessions, de tempêtes, d’émotions et de contradictions. Le roman donne une image sur ce monde», a enchaîné Mohammed Abu Samra. L’auteur de Sukkan Essour (Les habitants du mur) a confié que sa propre vie est distribuée en fragments sur celle des personnages de ses romans. Selon Hassan Daoud, les critiques arabes n’ont été d’aucune aide pour l’écriture arabe et pour les auteurs. Il est remonté jusqu’à la dynastie omeyyade pour relever que la critique de la poésie classique de cette époque était plus élaborée. «Cela peut paraître provocateur, mais j’apporte mon témoignage comme romancier. Donc, je sais de quoi je parle», a-t-il appuyé.
Amina Bekkat et Meziane Ferhani eux, ont dit tout ce qu’ils pensaient de la critique littéraire en Algérie, en tant qu’universitaire et journaliste, lors d’un débat organisé par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) dont le pavillon est coincé entre les salles A et B du Sila. «Nous sommes loin d’avoir une critique littéraire constituée. Je ne sais pas si cela est lié au manque d’auteurs qui écrivent dans les journaux ou à la faiblesse du lectorat», a estimé Amina Bekkat, professeur de littérature africaine et de littérature comparée à l’université de Blida. Selon elle, la préface des livres sert parfois de critique qui permet au lecteur de s’introduire dans le champ de la littérature. «Le livre est un objet institutionnel et précieux. Il jouit d’un certain prestige. Il y a aussi ce débat sur le choix entre le e book et le livre en papier», a-t-elle noté.
Elle a regretté l’attribution du prix Mohammed Dib à des journalistes et pas à des auteurs littéraires. Elle a mis cela sur le compte de «la confusion». Le journaliste Ameziane Ferhani a évoqué l’existence de différence entre la critique de presse et celle des universitaires. «La critique universitaire travaille avec des instruments scientifiques sur une œuvre, un ensemble d’œuvres ou sur une période. La critique journalistique est une réaction sur l’instant. Elle intervient sur des livres qui viennent de paraître», a-t-il dit, soulignant l’absence de connexion entre les «deux» critiques en Algérie. L’intervenant a remarqué que les rubriques culturelles des journaux manquent de journalistes spécialisés et souffrent d’effectifs réduits. Selon lui, le volume de travail fait que les journalistes n’ont pas assez de temps pour lire un livre, le présenter et le critiquer.
«Pour être écrivain, il faut avoir lu»
«Les gens heureux n’ont pas d’histoires ». Maïssa Bey en est convaincue. «Ce n’est pas parce que nous avons vécu un événement qu’on va se mettre à écrire. L’enfance ne détermine pas forcément l’écriture, mais elle influe. On écrit à partir de ce qu’on est, de tout ce que les circonstances ont fait de nous», a estimé l’auteur de Sous le jasmin de la nuit. Assis à côté d’elle, Noureddine Saâdi a estimé qu’avoir un choc dans sa vie ne conduit pas fatalement celle ou celui qui l’a subi à l’écriture. «Je ne connais pas une personne qui se lève un matin à 20 ou 40 ans dire qu’aujourd’hui je suis écrivain. Ce n’est pas quelque chose qu’on décide. C’est quelque chose que vous allez porter en vous-mêmes, qui est de l’ordre de l’inconscient et du désir et qui va se matérialiser par l’écriture», a-t-il dit.
L’auteur de Il n’y a pas d’os dans la langue a relevé que des chanteurs algériens, qui n’ont jamais appris le solfège, ont joué avec des instruments, à l’image de El Hadj M’hamed Al Anka. Idem pour les peintres naïfs qui n’ont pas eu accès aux cours des beaux arts. «Mais, l’écrivain analphabète n’existe pas. Pour être écrivain, il faut avoir lu, avoir un certain amour de la littérature, avoir eu un dialogue avec les livres. Cela dit, on peut avoir du talent comme on peut ne pas en avoir», a-t-il souligné. Fadéla Merabet a, pour sa part, confié qu’elle n’aime pas qu’on la qualifie de femme de lettres. «Je ne peux pas m’installer chaque jour à ma table pour écrire un certain nombre de pages. J’écris à la suite d’une émotion et d’une colère. Elles ont pour origine mon enfance», a-t-elle dit.
L’enfance est également présente dans la poésie aérienne de Joumana Haddad. La poétesse et journaliste libanaise a déclamé, en début de soirée, des poèmes, dont certains extraits de son dernier recueil, Kitabou Al Jim. Elle y évoque la première poupée, le manteau rouge, la robe bleue, l’école, la découverte de l’écriture, les sensations amoureuses, les rues de Beyrouth… L’auteur de Waqt lil hulm (le temps d’un rêve) fait des traductions (elle maîtrise sept langues) et est spécialiste de la poésie italienne. (El Watan-27.09.2011.)
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L’Equation africaine, nouveau roman de Yasmina Khadra
Si rien n’a encore filtré sur la venue de Yasmina Khadra au Salon du livre, une chose est sûre cependant: un mois après sa sortie en France aux éditions Julliard, L’Equation africaine, son nouveau roman, vient d’être réédité par les éditions Média-Plus de Constantine.
A la suite d’un terrible drame familial, et afin de surmonter son chagrin, le docteur Kurt Krausmann accepte d’accompagner un ami aux Comores.
Leur voilier est attaqué par des pirates au large des côtes somaliennes, et le voyage «thérapeutique» du médecin se transforme en cauchemar. Pris en otage, battu, humilié, Kurt va découvrir une Afrique de violence et de misère insoutenables où «les dieux n’ont plus de peau sur les doigts à force de s’en laver les mains». Avec son ami Hans et un compagnon d’infortune français, Kurt trouvera-t-il la force de surmonter cette épreuve?
En nous offrant ce voyage saisissant de réalisme, qui nous transporte de la Somalie au Soudan, dans une Afrique orientale tour à tour sauvage, irrationnelle, sage, fière, digne et infiniment courageuse, Yasmina Khadra confirme une fois encore son immense talent de narrateur. Construit et mené de main de maître, ce roman décrit la lente et irréversible transformation d’un Européen, dont les yeux vont peu à peu s’ouvrir à la réalité d’un monde jusqu’alors inconnu de lui.
Un hymne à la grandeur d’un continent livré aux prédateurs et aux tyrans génocidaires. C’est ce que nous pouvons lire dans le texte de 4e couverture du livre. Disponible en librairie, ce livre à rebondissement à 328 pages, promet évasion et méditation.
A acquérir absolument. Traduit dans une quarantaine de pays, Yasmina Khadra est aujourd’hui connu et salué dans le monde entier.(L’Expression-22.09.2011.)
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*Des écrivains, des éditeurs et des lecteurs nous livrent leurs impressions à la veille de l’ouverture du Sila.
Pour Mohamed Attaf, écrivain et lauréat du Prix Apulée 2007 du meilleur roman en langue française, le Salon international d’Alger revêt une grande importance. «Personnellement, c’est en prenant part à ce salon en 2006 que mon premier livre, «l’Arbre de la chance» est sorti de l’anonymat. C’est grâce à ce salon donc que mon premier roman a pu être médiatisé non seulement par la presse écrite mais aussi par la radio et la télévision. Le Salon m’a ouvert également la porte pour rencontrer des lecteurs ainsi que des éditeurs et d’autres auteurs débutants ou anciens. Pour un auteur qui débute, comme moi, un tel salon est vital. D’ailleurs, je n’ai pas cessé d’être présent dans toutes les autres éditions, notamment en 2007, après la sortie de mon deuxième livre «Le Silence des murs. Mohamed Attaf, qui vit et travaille à Tizi Ouzou et qui édite ses livres aux Editions Alpha d’Alger, souligne que ce salon l’a beaucoup encouragé. C’est en partie grâce à cet événement qu’il a continué à persévérer dans l’écriture et à éditer son dernier roman aux éditions Achab, intitulé La Sainte. Mohammed Attaf, tout en insistant sur l’intérêt qu’il porte au Sila, tient toutefois à déplorer le fait que le salon soit délocalisé. «C’était bien mieux à l’époque où il se tenait au niveau de la Safex. Sa délocalisation a tout chamboulé», conclut-il.
De son côté, Omar Cheikh, gérant de la librairie Multi-livres, la plus ancienne dans la wilaya de Tizi Ouzou, estime que la période choisie pour la tenue du Sila n’est pas propice. Selon lui, le fait que le salon soit organisé au lendemain du Ramadhan, de la fête de l’Aïd et de la rentrée scolaire pourrait dissuader une partie du public. Omar Cheikh ajoute que les universitaires n’ont pas encore repris, ce qui est aussi un point négatif, d’après notre interlocuteur.
«Les conditions ne sont vraiment pas réunies pour la tenue du salon en cette période. Je pense qu’il aurait été plus judicieux de le maintenir à la mi-octobre comme cela fut le cas l’année dernière car actuellement il fait encore chaud et avec l’affluence du public les climatiseurs ne pourront pas faire grand-chose. Il fera très chaud à l’intérieur des chapiteaux», termine Omar Cheikh. Ali Oubellil, directeur de la maison d’édition «l’Odyssée», estime que sa participation au Salon du livre est plus qu’indispensable en tant qu’éditeur professionnel «C’est une manifestation qui revient chaque année et c’est important pour un éditeur d’être au diapason de ce qui se fait dans son domaine», souligne Ali Oubellil qui révèle que le Sila est un événement connu à l’étranger. La preuve est que tous les grands éditeurs français sont ou bien présents ou bien représentés. Ali Oubellil ne manque pas de rappeler que compte tenu du succès qu’obtient chaque année ce salon, les éditions l’Harmattan de France y ont pris part pour la première fois l’an dernier. Ils sont aussi nombreux les bibliophiles et grands lecteurs qui seront au rendez-vous et qui ont leur mot à dire à la veille du coup d’envoi du Sila.
Bougaci Warda, jeune psychologue et passionnée du livre attend chaque année avec euphorie la tenue du salon. Elle fait même des économies spécialement pour ces dix jours. Pour elle, «c’est plus qu’un Salon du livre. Il s’agit d’une vraie fête culturelle. A travers ce salon, c’est tout un espace gigantesque qui est dédié au livre et qui nous permettra de découvrir les livres les plus récents, particulièrement dans le domaine des publications scientifiques».
Bougaci Warda veut parler bien entendu de sa spécialité: la psychologie «Il y a chaque année de nouvelles techniques et des aménagements sur les thérapies existantes qui sont mises sur pied dans le monde. Il nous faut donc acquérir des livres récents pour prendre connaissance de toutes ces innovations.» Notre interlocutrice met aussi l’accent sur les conférences qui se tiennent à l’occasion de ce salon et qui sont une aubaine pour s’enrichir intellectuellement.
Pour sa part, Madjid Bekkouche, directeur des éditions Alpha d’Alger, a souligné au moment où nous l’avons contacté que lui et les autres étaient en train d’apporter les dernières retouches à la mise en place des stands. Notre interlocuteur souligne que le Salon international du livre d’Alger est en plein processus de maturation.
«Le Sila est en train d’acquérir sa place. C’est un événement culturel qui doit être encouragé puisqu’il est en train de gagner en notoriété. Il permet aux maisons d’édition d’entrer en proximité avec le public et les confrères. C’est l’aubaine pour aller affronter le grand public et se mettre à son épreuve». Pour Madjid Bekkouche, l’évolution de ce salon du livre dépendra de l’environnement. Quant au choix de la période de sa tenue, notre interlocuteur estime: «Nous sommes en pleine euphorie de la rentrée sociale et scolaire ainsi que de son rythme. Je trouve que la période est propice. En tout cas, me concernant, j’ai toujours une vision constructive.» Comme à chaque édition du Sila, Alpha Editions proposera plusieurs nouveautés cette année. Ainsi, on peut citer la sortie du nouveau roman de Hamid Grine intitulé Une ville sur la pointe des pieds.
La même maison d’édition suggèrera plusieurs nouveautés dont la traduction de Marcel Bois en langue française du nouveau roman de Wassiny Laradj. Les éditions Alpha auront aussi sur leurs étals un ouvrage de l’ancienne ministre Zhor Ounissi traduit également en français cette année. Madjid Bekouche précise aussi que sa boîte mettra sur les étals des contes pour enfants écrits par la romancière Fatma Bekaï. (L’Expression-20.09.2011.)
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La 16e édition…du 21 septembre au 1er octobre 2011
«Nous aurons un Salon de choix»
La 16e édition du Salon international du livre d’Alger frappe à notre porte. L’entrée sociale rime chaque année avec l’événement littéraire tant attendu aussi bien par les professionnels du secteur que les amoureux des bonnes feuilles. Ainsi, Printemps arabe oblige, et placé donc sous le slogan «Le livre délivre» le chapiteau du 5-Juillet accueille du 21 septembre au 1er octobre ce rendez-vous incontournable des mots, avec comme invité d’honneur, le Liban. L’occasion pour son commissaire, qui est aussi le directeur de Casbah Edition, de faire avec nous le tour de la question et nous dévoiler les grands axes de son programme.
L’Expression: Sous quel slogan est placé cette année le Sila et pourquoi?
Smaïl Ameziane: Le comité a choisi comme slogan «Le livre délivre». C’est-à-dire c’est l’ouverture, c’est la liberté d’expression pour tout le monde. On parle du rôle que peut jouer le livre, l’écrit.
On croit savoir que le Salon va organiser un colloque dédié au Printemps arabe, est-ce exact? L’Egypte revient donc par la grande porte?
Oui, un colloque international, cela n’a aucun rapport avec l’Egypte. Il s’appellera «Le Monde arabe, révolte ou révolution?» Il y a un certain nombre de conférenciers qui vont essayer de poser des questions pour comprendre ce qui se passe dans les pays arabes. Des conférenciers qui viendront d’un un peu partout, des USA, d’Angleterre, de Syrie, d’Égypte, du Maroc, du Tunisie, etc. C’est un colloque qui durera trois jours, à partir du 28 septembre à la Bibliothèque nationale, jusqu’au au 1er octobre.
Une façon de coller à l’actualité?
Là, c’est un colloque académique comme on en voit dans le monde. Le Sila et les organisateurs ont décidé de faire ce colloque pour écouter ce que peuvent dire les spécialistes sur ce qui se passe dans le Monde arabe
Quelles sont les spécificités de ce Sila, en un mot les grandes lignes?
Cette année, c’est le Liban qui est invité d’honneur. On recevra bien évidemment, à l’ouverture, le ministre de la Culture libanais avec un certain nombre d’auteurs et d’écrivains et poètes qui seront présents à Alger, notamment Joumana Haddad poétesse, traductrice, auteure d’une revue intitulée El Jassad, Rachid El Daïf, traducteur et romancier, Chawki Bezie, poète, responsable de la page culturelle du Safir, etc. Il y a aussi les Egyptiens qui arrivent en force. C’est normal, tout s’est arrangé. Tout est rentré dans l’ordre…Qu’est-ce qui explique ce revirement de situation envers les Egyptiens? L’année précédente ils nous avaient finalement boycottés puisqu’ils ne sont pas venus malgré la dernière invitation du ministère de la Culture…
Je tiens à dire que l’année dernière, moi personnellement, j’étais contre leur venue. Cependant, le monde a changé… Ils ont émis le voeu d’être présents et nombreux. Je précise aussi qu’aucun pays arabe ne peut boycotter l’Algérie et le Salon d’Alger. Indépendamment de tout ce qui s’est passé dans certains pays arabes, aucun éditeur du Monde arabe ne peut boycotter le Salon d’Alger, car il est trop important. Il n’y a aucune raison pour qu’on le boycotte. Il y aura 90 éditeurs égyptiens. C’est la participation la plus importante en nombre et en surface. Je tiens à signaler que le nombre d’éditeurs avoisine cette année les 500. L’Algérie sera présente avec 130 éditeurs environ. Les Libyens n’ont jamais participé au Salon. Sachez que les invitations ont été lancées au mois de mai, bien avant les révolutions. On ne pouvait pas prévoir ce qui allait se passer. On a envoyé les invitations sans faire de distinction. Les Libyens n’ont jamais réagi par rapport aux invitations. Côté nouveauté, la Russie participe pour la première fois, c’est-à-dire que le ministre de la Culture russe sera là. Les USA seront présents avec un grand stand. Les Français seront également présents avec des surfaces qui ont presque doublé cette année. Si on prend le cas de Hachette, ce sont de gros investissements qui ont été déployés pour l’agencement de leur stand, ceci pour montrer un peu la considération que portent actuellement au Sila un certain nombre d’éditeurs étrangers qui, à leurs yeux, est devenu un salon incontournable. Si on prenait le cas de Hachette seulement, la surface de son stand est de 400 m² que Hachette lui-même a investis, chose jamais faite depuis tous les salons. Hachette investit sérieusement au Salon d’Alger. Pour vous dire que le Salon d’Alger est un événement incontournable!Un mot sur les tables rondes et les importants écrivains qui seront parmi nous?
L’accent a été mis sur les auteurs algériens vivant à l’étranger, c’est-à-dire l’écriture hors frontières puisque les écrivains d’ici sont invités d’office. Les Algériens qui seront invités au Sila sont nombreux et présenteront pour la plupart leurs nouveaux ouvrages. Signalons, Yasmina Khadra qui viendra présenter son dernier livre sorti cet été en France, L’équation africaine, Anouar Benmalek, Malika Mokadem, etc. sinon le pavillon esprit Panaf sera reconduit. Parmi les invités il y a aura aussi Smaïn, le comédien qui a sorti un livre, Edwy Plenel, le directeur du site d’information en ligne Médiapart, pour une conférence. Le Chilien Osvaldo Rodriguez, poète et romancier et essayiste, animera une conférence sur tous les inédits de Pablo Neruda, qui vont sortir bientôt dans le monde. Ceci n’est qu’une partie du programme.On croit savoir qu’il y a un livre très attendu au Sila et dont on parle beaucoup. Il a trait aux mémoires du président Chadli Bendjedid
Cela va sortir chez Casbah Edition. Je n’aime pas parler de Casbah Edition quand c’est le commissaire du Sila qui parle. Quand Chadli Bendjedid décidera de les sortir, on les publiera. La décision finale reviendra à l’auteur. Disons que le travail est fait, c’est sûr que cela sortira mais on ne sait pas encore si c’est pendant ou après le Salon. Il y a toujours des dernières corrections à faire quand il s’agit de mémoires. Il faut respecter l’auteur. On a fait tout le travail éditorial, Ce qui nous concerne est fait… Quand le président donnera son OK on le sortira, mais c’est imminent. Cela peut être en septembre comme en octobre. Les éditions Casbah ne collent pas au Salon, on publie à longueur d’année. Mais, croyez-moi, il y a d’autres livres qui méritent aussi qu’on en parle.Quelles sont les nouvelles mesures prises quant à l’aménagement du chapiteau, s’il y en a?
Oui, il y a du changement. On a cette année 5 000 m² couverts de plus que l’an dernier. Il y a une attention particulière bien sûr, pour les stands, tout ce qui est commodités, pour les visiteurs, les restaurants, les cafés. Ce sera vraiment un peu plus qu’un village, un grand village. Chaque année on essaie de s’améliorer par rapport aux critiques et imperfections relevées lors des éditions précédentes. On est rôdé maintenant au niveau des Douanes, il y a une très bonne collaboration avec le service des Douanes, aujourd’hui l’attention sera axée beaucoup plus sur les commodités, les aires de repos, les toilettes, etc. (L’Expression-06.09.2011.)**********
«Tout est prêt pour entamer l’événement»Rendez-vous fortement ancré dans le calendrier culturel des Algériens, le Salon international du livre d’Alger se tiendra du 21 septembre au 1er octobre prochain au complexe olympique Mohamed, Boudiaf sous un immense chapiteau.L’opérateur de téléphonie mobile Nedjma marque une nouvelle fois sa volonté de promouvoir ce pilier de la culture qu’est le livre et prend part en tant que Sponsor Gold et pour la deuxième année consécutive, au plus important rendez-vous culturel de la rentrée. Ce salon a pour ambition de réunir des éditeurs algériens et étrangers. Placé sous le haut patronage du président de la République et organisé par le ministère de la Culture, le Salon international du livre d’Alger a pour commissaire Smaïn Ameziane, directeur des Editions Casbah. Ce dernier, lors d’une conférence animée hier matin à la Bibliothèque nationale d’El Hamma a indiqué que le Sila accueille cette année 521 éditeurs dont 145 algériens et 376 étrangers. 32 pays issus de toutes les régions du globe, seront présents à ce grand rendez-vous livresque qui a mobilisé près de 20.000 m² de surface et une logistique considérable, en plus de 2000 m² supplémentaires. L’Égypte sera en force avec près de 70 éditeurs. Avec le Liban comme invité d’honneur, la 16e édition du Salon international d’Alger (Sila) met en scène une des littératures les plus remarquables du Monde arabe. Certains des auteurs du pays du Cèdre bénéficient d’une notoriété internationale parfois ancienne. C’est le cas de Faris Chidyak (1804-1887), à la fois écrivain, linguiste, journaliste et traducteur, considéré comme un pionnier de la littérature arabe moderne. C’est aussi le cas de Gibran Khalil Gibran dont les oeuvres font partie des fleurons mondiaux. On peut citer également, parmi d’autres encore, le nom de Boutros El Boustani qui confirme l’origine des Lettres libanaises au XIXe siècle. Parmi les pays participant pour la première fois au Sila, on citera la Russie et l’Ukraine.
Chaque année les prix élevés des livres font du bruit. A cela le commissaire du Sila répond: «Les éditeurs sont d’abord des entreprises économiques. Ils viennent pour vendre. C’est d’abord du business. Ne soyons pas philanthropes. Les prix sont fixés en fonction du pouvoir d’achat de chaque pays.» M. Smaïl Ameziane regrettera aussi l’absence du Snel dont un courrier envoyé à leur adresse est resté sans réponse.«Pas de censure au Sila»
Aux dernières nouvelles, des réserves ont été émises pour plus de 400 titres qui devaient être présentés, a indiqué dimanche à Alger le directeur du livre et de la lecture au ministère de la Culture, Rachid Hadj Nacer. Pour faire taire toute les allégations, M. Ameziane fera remarquer qu’«il n y a pas de censure. Le salon n’est pas habilité et n’ a ni le pouvoir ni les moyens pour le faire. Il y a un comité de lecture chargé de contrôler le livre comme il en existe partout dans le monde. Il est constitué de plusieurs instances, des ministères de la Culture bien entendu mais aussi de l’Intérieur, de la Défense, des Affaires religieuses et ce sont des décrets de la République qui statuent contre les livres qui font notamment l’apologie du crime ou pas, etc.».
Placée sous le thème «Le livre délivre», cette nouvelle édition revêt ainsi un double sens, en termes «d’expression et de libération» affirme-t-on. Et Youssef Sayeh, le chargé du volet animation culturelle européenne de souligner: «Au départ le mot d’ordre était en langue arabe. Il fallait l’adapter en français, il peut prendre en effet plusieurs interprétations. Le livre nous délivre à la fois de l’analphabétisme et de l’obscurantisme mais il peut revêtir le sens de faire connaître l’autre et d’aller vers l’universel. Il nous semblait en français aussi bien en arabe que cela avait la même correspondance que ce soit pour le livre écrit par la nouvelle génération ou l’ancienne génération. Le livre délivre un message universel c’est pourquoi le Sila est un des importants salons au monde.» En effet, depuis son institutionnalisation par le ministère de la Culture en 2009, le salon a vu s’accroître sa capacité d’attraction du public comme le nombre de professionnels du livre.
En comparaison avec la précédente édition, celle de 2010 avait permis notamment de relever: une fréquentation très élevée, dépassant 1.200.000 visiteurs avec des pics de 200.000 entrées quotidiennes qui ont nécessité une gestion adaptée des flux au plan de l’accueil et de la prise en charge, une augmentation notable (environ 30% par rapport à 2009) de la participation des exposants, ainsi qu’une extension de leurs origines géographiques et de leurs spécialités; un espace accru (20.000 m² sous chapiteau) et un meilleur aménagement des surfaces d’exposition, des voies de circulation et espaces spécialisés, enfin, et c’est là l’essentiel de sa mission, un programme d’animation culturelle étoffé avec des personnalités de premier plan du monde des lettres et du savoir. Deux atouts peuvent être signalés pour appuyer cette évolution, nous signale-t-on sur le site Web du Sila: s’il est le plus important, le Sila n’est plus le seul événement lié au livre et il s’inscrit désormais dans un dispositif national d’animation appelé à se diversifier (festivals nationaux connexes tels que le Feliv ou le Fidba; initiatives de salons locaux, régionaux ou spécialisés; généralisation cette année à toutes les wilayas de la manifestation «Lire en fête»…). «Nous nous acheminons donc vers une configuration semblable à celle d’autres pays où le Salon international du livre se situe comme le moment privilégié d’une animation globale, décentralisée et régulière. L’avancement de l’important programme de construction et de réhabilitation de bibliothèques dans le pays (qui deviennent d’ailleurs des visiteurs de plus en plus présents et actifs du Sila) renforce chaque jour le réseau de lecture publique et va, à terme, modifier les comportements à l’égard du livre qui sera de moins en moins lié au besoin d’achat et de possession, mais envisagé de plus en plus à travers la lecture publique et donc le prêt en bibliothèque» pouvons-nous lire encore. S’agissant des problèmes d’acheminements des livres vers le chapiteau, là encore M. Smaïl Ameziane a été formel hier matin: «Tous les livres étaient au port le 1er septembre. 90% sont déjà au niveau des stands et le reste le sera à partir de demain, avant midi.»Grande fête du livre, le Sila est appelé à se renforcer et à évoluer avec son époque. C’est la mission que son comité s’efforce d’honorer, nous assure-t-on. Ne dérogeant pas à la règle, le 16e Salon international du livre d’Alger se veut tout aussi riche en activités et animations culturelles avec de nombreuses tables rondes, conférences-débats et autres ventes-dédicaces.Yasmina Khadra viendra, viendra pas?
Cette année, un coup de projecteur est donné sur les écrivains algériens vivant à l’étranger et qui font parler d’eux dans le monde. Ces derniers ne viendront pas les mains vides. Certains présenteront en exclusivité leurs derniers ouvrages tandis que d’autres animeront des conférences au grand bonheur des lecteurs qui seront ravis d’acquérir ces livres fraîchement «débarqués» à Alger. On dénombre aussi une centaine d’invités, entre Algériens et étrangers qui seront amenés à confronter et échanger leurs idées «dans une sorte de résidence d’écriture informelle» dira Yousef Sayeh. Parmi eux on peut citer Malek Alloula.
Outre la poésie, il est également l’auteur de textes écrits pour de beaux livres de photographie ou d’art et qui sont devenus des références, comme Le Harem colonial, images d’un sous-érotisme (1981, réédité en 2001). Malek Alloula se consacre aussi à la mémoire et l’oeuvre de son frère, le dramaturge Abdelkader Alloula, assassiné en 1994. En 2009, il effectue un retour en politique, se voyant confier des missions internationales par le Parlement européen, notamment au Proche-Orient et dans les pays du Golfe. Il abandonne tous ses mandats en juin dernier pour se consacrer à sa nouvelle charge de Défenseur des droits. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, entre essais, oeuvres littéraires et biographies romancées où sa passion de l’histoire transparaît. Omar Azradji, Dominique Baudis. Yahia Belaskri, sociologue oranais auteur de plusieurs livres, Anouar Benmalek qui n’est plus à présenter, Maïssa Bey, Breyten Breytenbach qui est poète, écrivain, dramaturge, peintre et aquarelliste. Il est Sud-Africain d’origine et citoyen français, qui écrit tant dans sa langue maternelle (l’afrikaans) qu’en anglais, l’Italien Valerio De Cesaris, Abdekader Djemaï, Mohamed Kacimi, Fadéla M’Rabet, Waciny Laredj, Malika Mokkedem, Edgar Morin, éminent sociologue et philosophe français, Jaber Osfour, ancien ministre égyptien de la Culture qui possède plusieurs livres de critiques, le Chilien Osvaldo Rodriguez Perz, le Russe German Sadulaev, l’Egyptien, Mohamed Salmaoui, l’humoriste Smaïn toujours prêt à venir en son pays natal, il est au Sila pour présenter son autobiographie, Je reviens me chercher (Lafont, 2011). Youcef Tounsi etc. S’agissant de la présence de l’écrivain Yasmina Khadra, celle-ci est finalement hypothétique en raison de sa campagne promotionnelle de son nouveau livre L’Equation africaine, qui le retient en France. Un agenda sans doute surbouquée qui, pour l’instant, met en péril sa venue à Alger durant le Sila. «Yasmina Khadra a bien émis le souhait d’être au Sila. On attend ses dates», a avoué M. Ameziane.L’esprit Panaf
«Lettres du continent» est le nom attribué cette année au pavillon Esprit Panaf. La présence incontournable de cet espace indique à quel point «l’Algérie se veut africaine, cassant ce préjugé de deux Afriques, une blanche et une noire. La XVIe édition du Sila inscrit clairement cette orientation Sud-Sud afin de valoriser la parole et l’écrit africains, d’autant plus que cinquante ans après les indépendances, les littératures post-coloniales africaines se sont affirmées sur le plan international», affirme-t-on.
Tout au long des journées du Salon international du livre d’Alger, des conférences, des débats sont programmés avec les professionnels du livre: auteurs, éditeurs, critiques littéraires, universitaires. Les évolutions littéraires seront en débat, les richesses culturelles du continent africain seront valorisées, le rôle d’éveilleurs de consciences et de passeurs de culture des écrivains africains sera discuté, la parole des femmes africaines sera entendue car ces dernières sont de plus en plus présentes dans le champ sociétal en faisant entendre leurs voix. «Il s’agira d’une correspondance et d’édification de ce qui unit le continent. La nouveauté est la présence du In (au niveau du stand) et du of (activités en dehors)
En plus de trois rencontres, un forum et l’installation d’un écran plasma pour suivre des documentaires produits par la télé algérienne sur l’Afrique, ces invités africains seront conviés le 26 septembre au Mama pour rencontrer les artistes du Festival de la photographie et le lendemain au Bastion 23 pour assister à une déclamation poétique de l’ambassadeur du Cameroun et une dégustation de mets de ce pays. «Le livre se délivre pour aimer un peu plus», a confié Mariman Saâdoun, la responsable de ce pavillon.
«Pour ce qui est de l’Esprit Panaf, tant mieux qu’il soit reconduit, je pense que c’est une excellente idée d’avoir maintenu cette passerelle de livres dans cette parcelle. Etant donné que j’étais la première responsable du programme et des animations de l’année dernière pour l’Esprit Panaf, je peux te dire que c’est beaucoup de travail, surtout que notre continent n’a pas encore un réseau d’acheminement de livres, les informations sur les éditeurs qui éditent à partir de l’Afrique sont très éparses…enfin, malgré toutes ces difficultés, nous avons réussi, avec une équipe restreinte et dynamique, à programmer et éditer une revue L’Afrique parle livres, qui est d’une grande qualité, à organiser des débats au sein du stand Esprit Panaf, et franchement c’était très réussi et loin d’être du show africain. Donc, en connaissance des choses je ne peux que souhaiter bon courage à cette équipe et bienvenue aux invités de l’Esprit Panaf», nous confiera, pour sa part, Samia Zenadi des éditions Apic.Le Printemps arabe fait l’actualité à Alger
Un colloque se tiendra en parallèle du Sila du 28 septembre au 1er octobre. Il est baptisé: «Le Monde arabe en ébullition, révoltes ou révolutions?». Et quoi de mieux pour nous apporter analyses et éclaircissements sur leurs propres pays que des scientifiques et des universitaires? se demandait-on hier matin. A ce colloque qui, nous prévient-on, sera «plutôt académique que politique». D’éminents chercheurs et universitaires viendront confronter leurs idées. «Cela ne peut qu’être bénéfique et utile à notre élite universitaire» dira-t-on. L’invité d’honneur à ce colloque n’est autre que M. Lakhdar Brahimi, ex-ministre des Affaires étrangères. Pour en savoir plus, une conférence aura lieu au même endroit le 25 septembre prochain.(L’Expression-20.09.2011.)**L’humoriste Smaïn invité au Sila.L’humoriste Smaïn toujours prêt à venir en son pays natal, sera au Sila pour présenter son autobiographie, Je reviens me chercher (Lafont, 2011). Dans cette attachante autobiographie, Je reviens me chercher, Smaïn revisite ses années d’enfance et d’adolescence, ses années de construction de Constantine, en Algérie, à Paris, ses fameuses années 80, ou il est devenu un peu malgré lui «le porte-drapeau d’un nouvel humour Black-Blanc-Beur». Sans nul doute que sa présence à Alger et au Sila en l’occurrence suscitera grandement la curiosité des habitués du sila mais pas que. Sa venue va t-elle provoquer la cohue? Prendra-t-il part prochainement d’ailleurs, à la semaine du rire que compte organiser au mois de novembre la boite événementielle Broshing Events? wait and see…(20.09.2011.)**C’est l’événement culturel le plus important.Pour Ali Bey, gérant de la Librairie du Tiers-Monde, l’une des plus grandes du pays, le Salon international du livre d’Alger représente l’événement culturel le plus important en Algérie.Ils sont des dizaines de milliers à attendre chaque année avec impatience et passion la tenue du Salon international du livre d’Alger. L’événement ne revêt pas uniquement une dimension commerciale bien que cette dernière soit également importante. Il s’agit aussi et surtout d’un rendez-vous culturel qui permet de mettre un terme à une certaine léthargie dans le domaine de la culture, particulièrement tout ce qui est inhérent au livre et à ses mystères.
A la veille de la tenue du Salon international d’Alger, nous avons interrogé Ali Bey, un habitué et inconditionnel de cette rencontre qui nous a livré avec bonheur son sentiment et son avis. Ali Bey, qui gère la Librairie du Tiers monde d’Alger depuis des années, nous confie que le Sila est l’événement culturel le plus important en Algérie durant toute l’année. «C’est l’événement le plus important dans la mesure où les plus grands éditeurs du monde y prennent part.
Ce Salon est aussi l’occasion pour le lecteur de rencontrer les auteurs qu’on a l’habitude de voir à la télévision ou dans les journaux», souligne Ali Bey, qui ajoute que le Sila est une occasion pour nouer des contacts entre libraires, auteurs et éditeurs. C’est aussi, enchaîne notre interlocuteur, une aubaine pour le lecteur afin de découvrir les nouveautés mondiales grâce à la présence des éditeurs étrangers. Ali Bey explique que les librairies algériennes restent pratiquement presque dépourvues de nouveautés durant toute l’année et c’est ce Salon qui permet de faire le plein. Une bonne partie des lecteurs fait des économies durant toute l’année afin de pouvoir effectuer les achats nécessaires durant le Sila, selon Ali Bey, qui précise qu’il connaît beaucoup de bibliophiles qui n’achètent des livres que durant la période du Sila.
Notre interlocuteur indique que pour beaucoup de personnes les livres achetés durant le salon représentent des outils de travail. Ali Bey rappelle que grâce à la parabole le lecteur algérien est informé de tout ce qui est édité outre mer. C’est pourquoi, le lecteur ne peut pas rater l’occasion de ce Salon pour acquérir ce qui attire son intérêt et accroche son attention. Est-ce que le Sila se perfectionne d’année en année? Ali Bey répond que le Sila devient de plus en plus intéressant particulièrement sur le plan de l’organisation. Cette année, par exemple, les importateurs ont pu faire rentrer les livres plus d’une semaine avant le coup d’envoi du Salon. Les ouvrages importés sont déjà déposés au niveau des stands, alors que les années passées des retards étaient enregistrées la réception des livres importés. Cette année donc, le livre est dans arrivé à temps et l’organisation de dernière minute n’est plus de mise au grand bonheur des participants et du public qui n’aura plus à déambuler à travers des stands non encore prêts. Ali Bey, participe pour rappel, chaque année au Sila en sa qualité de libraire mais aussi de représentant de certains éditeurs français qui lui font confiance à l’occasion de cet événement international qui suscite de plus en plus l’intérêt et l’engouement aussi bien des lecteurs que des éditeurs étrangers et même des petits éditeurs nationaux qui veulent gagner leur place au soleil. (L’Expression-20.09.2011.)
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**Inauguré le 26 octobre dernier, le 15ème Salon international du livre d’Alger s’est clôturé hier(06.11.2010.).
** Le dernier jour d’une merveille
Le Salon international du livre d’Alger, dans sa 15e édition, a tenu toutes ses promesses.
Le nombre de visiteurs par jour, les ventes record de livres enregistrées quoti-diennement dans l’ensemble des stands et l’incapacité des salles de conférence à contenir la totalité du public voulant y assister sont les trois indicateurs confirmant que le Sila 2010 est loin d’avoir déçu.
Samedi dernier, à 20 heures, les allées des différents stands du Salon étaient encore prises d’assaut par des milliers de citoyennes et de citoyens ainsi que par des enfants. Pourtant, il restait à peine quelques heures pour la fin du Sila. Ce phénomène a surpris les différents éditeurs venus de l’étranger.
Le responsable de la délégation des éditeurs jordaniens a déclaré à M.Smaïl Ameziane, commissaire du salon, qu’il n’a jamais vu autant de monde dans les Salons du livre organisés dans les pays arabes. Les mêmes révélations ont été faites par des représentants des éditeurs syriens et libanais qui se sont étonnés devant autant d’affluence.
«Les Algériens sont de gros consommateurs de livres», a fait remarquer un représentant des éditeurs libanais. Ces témoignages ont été donnés lors d’une rencontre tenue samedi, deux heures avant la clôture du salon.
Une réunion ayant regroupé le commissaire du salon avec les éditeurs venus des pays arabes. Smaïl Ameziane n’a pas dissimulé sa colère devant ce qu’il a qualifié d’arnaque de la part des transitaires ayant traité avec les éditeurs en provenance de pays arabes. Il a affirmé qu’il s’attendait à ce qu’il y ait des réductions entre 15 et 25% sur les prix des livres de la part des éditeurs arabes comme cela est de tradition dans tous les salons de ce genre. Après les explications livrées par les éditeurs étrangers, on apprendra que la faute incombe aux transitaires qui ont multiplié leurs prix par cinq, c’est-à-dire que chaque éditeur a dû débourser la faramineuse somme de 15.000 dollars pour transporter ses livres à Alger. Smaïl Ameziane a affirmé qu’il n’avait pas connaissance de ce problème et il a dénoncé fermement cette escroquerie. Réduction ou pas, les férus de lecture sont restés au Salon jusqu’à l’ultime minute, guettant le moindre titre qui leur aurait échappé durant les premières visites. Au stand de «Casbah Editions», le caricaturiste Slim continue ses séances de vente-dédicace marathoniennes, à côté de Djoher Amhis qui a choisi d’écrire sur les précurseurs de la littérature algérienne.
L’ancienne ministre et écrivaine Leïla Aslaoui a aussi opté pour le dernier jour du Salon international du livre d’Alger afin de procéder à la signature de ses livres et rencontrer ses lecteurs au niveau du stand «Dalimen».
A côté d’elle, on remarque toujours la présence de l’auteur Louisanne Lahlou, qui est à sa troisième journée de participation au salon. Cette auteure a publié des livres sur Massinissa, Jugurtha, Juba 1er et Juba II. Ses ouvrages ont connu un accueil positif de la part des visiteurs du stand «Dalimen» vu les sujets qu’ils traitent. A 20 heures, toujours samedi dernier, le stand des éditions «Gallimard» ne désemplissait pas.
Des affichettes sont collées ici et là. Elles annoncent que des réductions importantes attendent l’acheteur potentiel. Effectivement, l’ensemble des livres d’Albert Camus sont cédés uniquement à 300 dinars (contre plus de 700 dinars les premiers jours). Les visiteurs se sont rués sur «Le mythe de Sisyphe», «L’homme révolté», «Actuelles», «Caligula», et tant d’autres ouvrages du prix Nobel de littérature en 1957.
De nombreux autres chefs-d’oeuvre de la littérature universelle ont disparu des étals des éditions «Gallimard».
Le stand, très riche des éditions «Flammarion», s’est également vidé en dépit des prix faramineux affichés. Il ne reste plus aucune trace des bests-sellers de l’un des psychanalystes le plus célèbres, Pierre Daco mais aussi des trois livres de l’ancien conseiller du président américain, Stephen Covey ou encore du philosophe indien, Krishnamurti.
En ces dernières minutes d’un Salon qui a défrayé la chronique, il était très difficile de se déplacer entre les stands vu l’affluence du public. 200.000 personnes se sont rendues au salon vendredi et samedi derniers, selon un organisateur. Dans la salle des conférences, Zeyneb Lawedj récite ses poèmes devant un public mordu de poésie. Il s’agit de la dernière rencontre du salon, à la fin de laquelle, une vente-dédicace de son livre édité au Liban était prévue.
Pour permettre au nombre impressionnant de citoyens venus au Salon de profiter de ces derniers instants, les organisateurs ont ajouté deux heures supplémentaires, c’est-à-dire que le salon a fermé ses portes à 21 heures passées, au lieu de 19 heures. (L’Expression-08.11.2010.)
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«Mieux que la raison, l’estomac nous dirige!»disait le dramaturge français Jacques-François Ancelot. Les organisateurs de la 15e édition du Salon international du livre d’Alger semblent y croire dur comme fer. Preuve en est, le visiteur doit traverser près d’une dizaine de fast-foods pour arriver au grand chapiteau où s’est tenu, pendant dix jours, le plus grand rendez-vous du monde de l’édition en Algérie.
A l’esplanade du complexe sportif Mohamed-Boudiaf, la chawarma et les gauffres rivalisent avec le livre. «C’est trop cher!», s’exclame Nabila, une quadragénaire en s’adressant à son mari qui acquiesce. Là-bas, pas un seul commerçant ne propose des plats traditionnels… Le prix des sandwichs de chawarma caracole entre 150 et 180 dinars. Venus en famille, ils préfèrent acheter deux paquets de madeleines pour calmer leur faim.
«On habite juste à côté. Donc on est venus pour changer un peu d’air. En plus, il y a des espaces pour enfants», fait-elle savoir. Un petit tour au salon? L’option reste envisageable… Ce ont les espaces de jeux pour enfants, aménagés en cette occasion, qui les intéressent le plus. «Aya lmehadjeb!», s’écrie un jeune homme ayant la trentaine. Hassan s’est installé juste à proximité du parking avec d’autres vendeurs à la sauvette, depuis le début de la manifestation. Là-bas, ils proposent aux passants des paquets de cigarettes, des cacahouètes, des boissons et même des parapluies. Au loin, on aperçoit des centaines d’automobilistes pâtissant de la perturbation de la circulation. De guerre lasse, certains rebroussent chemin tandis que d’autres continuent à pied.
Le lieu toujours contesté
C’est la deuxième fois consécutive, que le grand rendez-vous de ceux qui aiment lire, se tient à l’esplanade du complexe olympique Mohamed-Boudiaf. La délocalisation du salon, habituellement organisé au Palais des expositions (Pins maritimes), avait alors suscité une grande polémique entre partisans et détracteurs, lors de la précédente édition.
Aujourd’hui encore, certains professionnels contestent la décision qui, semble-t-il, est irrévocable. «Dès le départ, on était contre l’organisation du Sila au complexe, ce n’est pas normal. Que ce soit à Tunis, à Casablanca ou en Egypte, ce genre d’événements est organisé dans un palais des expositions», affirme Assia Moussaï, directrice des éditions El Ikhtilaf.
«On n’a pas boycotté. On participe car on tient au salon. C’est une manifestation très importante, une occasion pour rencontrer nos lecteurs, mais on aurait aimé que ce soit ailleurs, à la Safex», poursuit-elle.
A l’intérieur du grand chapiteau blanc où près de 500 éditeurs algériens et étrangers exposent leurs publications, des cartons, des sacs, des mégots de cigarettes et même de la chique font partie intégrante du décor. Au troisième jour du salon, certains éditeurs n’avaient toujours pas terminé de s’installer. Questionnés, ils évoquent un blocage au niveau du port. Un étrange et insolite système d’évacuation a été également mis en place pour recueillir les eaux de pluie. Plusieurs accès ont été aménagés cette année. «C’est une bonne chose, le problème est qu’on ne s’aperçoit pas facilement qu’il existe plusieurs accès», fait remarquer Salima, une enseignante dans un lycée à Chevalley. Outre ce problème qui a été solutionné, les organisateurs ont remédié à l’étroitesse des couloirs où se bousculaient, il y a un an, des centaines de personnes.
Mais au salon, le visiteur doit se débrouiller tant bien que mal. Ni prospectus ni brochures ne sont mis à sa disposition pour l’orienter. «On s’y perd facilement.»
C’est là un commentaire sans cesse ressassé par les visiteurs. «Je suis un peu perdue, il y a des pavillons définis par des lettres, mais ils ne nous indiquent pas ce qu’il y a dans chaque pavillon, les maisons d’édition qui y exposent!», se plaint Salwa une jeune étudiante en littérature anglaise, à la faculté de Bouzaréah.
«A chaque fois, il faut aller à l’entrée où il y a le plan, c’est pénible.», s’exclame son ami. «J’ai cherché durant presque 40 minutes pour trouver le stand des éditions Barzakh…», affirme Rachid, la quarantaine. «C’est un peu anarchique!», ajoute-t-il. Nul n’en disconviendra, le sempiternel problème d’orientation n’a toujours pas été résolu.
Indétrônable! Le livre religieux reste indiscutablement le plus prisé des ouvrages dans ce genre de manifestations. En effet, on ne part plus au Salon international du livre d’Alger pour acheter du Faulkner, pour chercher Les Dublinois de Joyce ou même l’oeuvre théâtrale de Kateb.
On ne s’y rend plus pour voir les dernières nouveautés des grandes maisons d’édition. Certains éditeurs n’en proposent pas, d’autres n’en ont même pas. Mais ils y participent tout de même. C’est une occasion en or pour fourguer leurs «marchandises».
Une petite promenade dans le chapiteau suffit pour constater l’engouement qu’a le grand public pour cette «littérature». Devant les stands de certaines maisons d’édition syriennes, libanaises et même algériennes qui ne proposent que «ces expédients métaphysiques», les gens se bousculent. Il faut jouer des coudes pour y accéder. Tafir Ibn Khatir, El Sahih Bukhari, El Sahih Muslim, bref «les classiques sont les livres les plus demandés par les potentiels acheteurs», selon Salim un jeune vendeur.
Des ouvrages de bonne qualité et des prix très abordables se situant entre 200 et 2000 DA, c’est l’équation magique des maisons d’édition qui investissent dans ce juteux créneau.
«C’est là un phénomène qui dure depuis des années», affirme Hamid, professeur de dessin.
«Chaque année, on revit la même chose. Ce qui me surprend, c’est qu’il y a de plus en plus de jeunes qui lisent ce genre de bouquins», se désole-t-il. Pour lui, il s’agit d’un atavisme qui se régénère. Sans doute, «la génération du divin» est de plus en plus jeune.
Au stand du Royaume de l’Arabie Saoudite, on ne voit pas que de vieux sexagénaires rabougris, on y rencontre aussi des jeunes. Ils viennent de Bou Saâda, de Biskra, enfin des quatre coins du pays pour s’approvisionner.
Mais à côté du livre religieux trône «majestueusement» le livre de cuisine! D’ailleurs, la popularité dont jouit ce dernier commence à rivaliser avec celle acquise, au fil des ans, par le livre à caractère religieux. Comment prépare-t-on les petits fours? Tout ce que vous pourriez faire avec du poisson, Cuisiner des plats économiques. Ce genre de titres foisonnent sur les étals. C’est, dans leur majorité, des petits livres écrits par des vedettes de la télévision. Leurs prix varient entre 80 et 200 dinars.
«Malheureusement, ces ouvrages ne restituent guère notre riche culture culinaire», fait remarquer Hichem, un publicitaire. «Il ne s’agit pas là de critiquer la passion que pourrait avoir chacun de nous pour la culture culinaire», précise-t-il. Une culture à travers laquelle on peut découvrir l’autre, ses moeurs et ses habitudes. Les ouvrages de cuisine disponibles en cette 15e édition du Salon international du livre d’Alger, ne donnent pas cette occasion aux nombreuses acheteuses. (L’Expression-07.11.2010.)
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**Benjamin Stora harcelé de questions au salon du livre
Mardi soir, face à ce qui ressemblait à un rouleau compresseur de questions et de commentaires, l’historien français Benjamin Stora s’est trouvé forcé d’arrêter une conférence-débat sur «Mitterrand et l’Algérie» animée à la faveur du Salon international du livre d’Alger (SILA). «Cela est le signe d’une certaine frustration du public algérien par rapport aux questions historiques», nous a confié le chercheur Fodil Boumala. Le débat est allé dans tous les sens. Les appels du sociologue Abdelmadjid Merdaci à s’en tenir à la thématique de la conférence n’ont pas servi à grand-chose.
Les présents, nombreux, voulaient tout savoir et sur beaucoup de choses. Benjamin Stora a répondu avec franchise : «Je ne peux ouvrir tous les dossiers en même temps. Dans le registre de l’écriture de l’histoire, il faut être méthodique. Il n’existe jamais de version définitive de l’histoire. Cela dit, on ne rectifie pas pour nier.»
Louisette Ighilahriz a demandé au conférencier les raisons de la nomination du général Schmidt, qui a commis des tortures en Algérie, comme chef d’état-major de l’armée sous le règne de François Mitterrand. «C’est une information que vous donnez. Honnêtement, je n’ai pas travaillé sur cet aspect. Il est vrai que sous Mitterrand, plusieurs personnalités ont été réhabilitées politiquement», a-t-il répondu. Il a rappelé qu’après son retour au pouvoir en tant que président, en 1981, Mitterrand a évité de parler de la guerre d’Algérie dans ses écrits ou ses discours. «Il y a une forme de négation de ce passé alors qu’on ne peut nier ce passé, il revient toujours.
Le retour du refoulé est parfois terrible», a souligné M. Stora. En ce sens, la gauche a, selon lui, plus intérêt à affronter son passé en face au lieu d’accuser la droite «d’avoir fait pire». La gauche française a, d’après lui, très peu interpellé Mitterrand sur les questions de l’histoire. Elle ne pouvait donc pas défendre la position algérienne. «Si elle n’est pas relayée dans l’espace public français, la parole algérienne sur ces questions ne porte pas. C’est également le problème de parole assumée par des appareils politiques», a-t-il averti. Abdelmadjid Merdaci a rappelé que François Mitterrand avait dit que «l’Algérie, c’est la France» et que «la seule négociation, c’est la guerre». «Mitterrand était-il un criminel de guerre ?» s’est-il interrogé. «Mitterrand est décédé. Il faut être dans la réalité politique des choses. Il y a des combats à mener pour la mémoire, mais pour des personnes toujours vivantes. Il faut que la classe politique française reconnaisse ce qui s’est passé. Mitterrand a été rattrapé par la mémoire de Vichy avant la mémoire de l’Algérie. En off, il pensait qu’il allait d’abord être rattrapé par l’Algérie», a répondu Benjamin Stora.
Le vécu et l’idéologie rendent, selon lui, l’histoire compliquée. «Il faut être précis sur le plan historique. En 1956, Mitterrand n’était pas socialiste mais il était solidaire des positions socialistes. Il a défendu la proposition de Guy Mollet», a indiqué l’auteur de La Guerre des mémoires – La France face à son passé colonial. Attaché à la tradition de la gauche jacobine, le Parti communiste français (PCF) estimait, selon lui, que la Révolution française apportait la civilisation dans les colonies. «Les communistes français avaient adopté la position de Jean Jaurès d’améliorer les conditions des indigènes», a-t-il souligné, précisant que ces communistes étaient favorables à «la paix en Algérie». Autrement dit, ils n’étaient pas pour l’indépendance des Algériens mais n’étaient pas contre l’ouverture de négociations politiques avec le FLN. «En 1956, les socialistes n’étaient pas sur cette ligne. Ils étaient pour le cessez-le-feu, autrement dit mater la rébellion, les élections puis l’ouverture des négociations. Des thèses défendues par Guy Mollet», a-t-il indiqué. Benjamin Stora a pris soin de rappeler que les communistes avaient voté pour «les pouvoirs spéciaux» à l’Assemblée, en mars 1956. «Ce n’est que récemment que le PCF a reconnu ses erreurs du passé», a-t-il noté.
«Je vous ai compris», la phrase dite en juin 1958 à Mostaganem par Charles de Gaulle, a, d’après lui, rendu fou tout le monde. «C’est génial comme phrase. Pour certains, des négociations vont être ouvertes. Pour d’autres, c’était l’intensification de la guerre. Mais de Gaulle savait que c’était fini et qu’il fallait sortir du statu quo. L’intégration de l’Algérie française était finie», a expliqué l’historien. D’après lui, cette formule permettait au général de Gaulle de rassembler tous les mécontents autour du pouvoir pour le prendre et de gagner du temps car il ne savait pas encore quelle solution politique adopter. «De Gaulle était pour le fédéralisme, l’association de l’Algérie à la France. Il n’était pas sur une position politique indépendantiste. Il a fallu attendre 1962 pour qu’il consente à passer une position favorable à l’indépendance», a-t-il noté.
Il a observé que les lois mémorielles sur la question coloniale ont été votées sous Jacques Chirac, en 2005, et non pas sous Nicolas Sarkozy. «Le discours que Chirac a fait sur le Madagascar, il ne le fera pas sur l’Algérie», a-t-il dit. Chirac a reconnu la responsabilité de la France dans les massacres commis dans cette île de l’océan Indien en 1947 et 1948. «Après ces déclarations, Chirac a été interpellé par des historiens pour faire la même chose avec l’Algérie. Il n’a pas répondu !» a-t-il rappelé. Il a estimé que malgré les tentatives d’effacement, le passé finit toujours par revenir. Il n’a pas manqué de critiquer dans la foulée le dernier film de Xavier Beauvois, Des Dieux et des hommes, qui revient sur l’histoire des sept moines de Tibhirine, assassinés en 1996 en Algérie. «La tragédie du peuple algérien n’a pas été évoquée dans ce film», a-t-il dit, précisant que les médias ont ignoré cet aspect. (El Watan-04.11.2010.)
**Azmi Bishara analyse les raisons de l’échec du projet arabe
«Le projet des élites dirigeantes arabes est de se maintenir au pouvoir»
Selon Azmi Bishara, la corruption qui sévit dans le monde arabe n’a jamais eu d’égale par le passé.
Le penseur et universitaire Azmi Bishara a fait salle comble dimanche soir au Salon international du livre d’Alger (Sila) qui se tient au niveau du stade du 5 Juillet. Sa conférence sur «L’état actuel du monde arabe» a duré trois heures. Connu par son langage franc, Azmi Bishara est arrivé à la conclusion qu’un cartel dirige la plupart des pays arabes actuellement. Il est composé des familles régnantes, des services de sécurité et des «nouveaux hommes d’affaires».
Des hommes d’affaires qui, selon lui, ont des alliances avec les élites dirigeantes. Cette catégorie est, d’après lui, née de l’élimination du secteur productif public et de la naissance du secteur des investissements rapides dans les services (tourisme et télécommunication). Cette situation bloque la mise en place d’une économie de marché dans le sens capitaliste du terme. «L’économie de marché bannit des considérations politiques qui ont trait au piston et aux passe-droits. Cependant, on constate qu’un féodalisme capitaliste s’est installé. Nous l’avons inventé», a-t-il ironisé, soulignant que dans ce cas, la libre concurrence a disparu. «Le projet des élites dirigeantes arabes est de se maintenir au pouvoir», a-t-il ajouté. Il doute que les populations soient d’accord avec l’idée que ce «maintien» a pour objectif la stabilité du pouvoir. Il n’a pas manqué d’évoquer la lâcheté de certains intellectuels arabes qui se mettent au service des gouvernants. Les responsables arabes sont incapables, d’après lui, de donner des réponses aux questions posées par les citoyens et aux sujets évoqués. Il a souligné la confusion entre Républiques et royaumes. «Cela nous rappelle le temps des Etats sultanesques ou des monarchies nées après l’effondrement du califat», a-t-il relevé.
A ses yeux, cette confusion a gommé les spécificités au point où tous les régimes se ressemblent structurellement aujourd’hui. «L’hérédité au pouvoir est la conséquence de l’effacement de la frontière entre le public et le particulier», a-t-il analysé. L’intervenant a observé que les mouvements libérateurs qui sont arrivés au pouvoir dans certains pays arabes après les indépendances avaient pourtant perçu la République comme «un espace public». «Et l’Etat est un espace public et non pas privé. Le dirigeant n’a pas la propriété de la terre et de ce qu’il y a dessus. Même un dictateur gouverne au nom de la volonté populaire qui est l’expression du domaine public. La longue période des autoritarismes a conduit à l’enchevêtrement entre espaces publics et privés, mais également à l’émergence d’un fléau, jamais rencontré auparavant, celui de la corruption sous toutes ses formes. Par le passé, un ministre, dans un Etat non démocratique, respectait son statut de fonctionnaire et n’abusait pas du bien public», a-t-il insisté. Selon lui, la corruption est accompagnée par la marginalisation des institutions et des partis au profit des familles au pouvoir. «La notion de familles au pouvoir se limitait par le passé aux monarchies seulement, ce n’est pas le cas aujourd’hui», a estimé le conférencier.
Il y a, à son avis, un sentiment général de désespoir et d’inquiétude dans le monde arabe. «La déception n’est pas un concept scientifique, elle émane de rêves, ceux de la génération des grands courants de pensée qui ont traversé les pays arabes durant les années 1960 et 1970. Aujourd’hui, cette déception est le signe de la fin d’une époque», a relevé l’auteur de La problématique arabe. D’après lui, cette fin d’époque n’a pas ouvert la porte à une autre. Aussi, les caractéristiques de la prochaine époque seront-elles définies par ceux qui feront la conclusion de celle qui vient de s’achever. «Faut-il être critique ou nostalgique ?» s’est-il interrogé. Les courants politiques ont, selon lui, fait dire au passé ce qu’ils voulaient en termes de traduction de leurs opinions. Il a estimé que chaque courant présent dans la scène arabe a eu sa chance dans la prise de pouvoir : islamistes, nationalistes et gauchistes. D’où la profondeur de la crise actuelle. «Personne ne pourra dire aux populations qu’il n’a pas eu sa chance ou qu’il n’a jamais gouverné», a-t-il observé.
Il a regretté l’absence d’un projet arabe ou celui d’un Etat-nation (dawla qotria) en soulignant qu’autour du monde arabe, des pays tels que la Turquie ou l’Iran retiennent les leçons du passé et bâtissent des nations s’appuyant sur leurs dynamiques internes. «Le comble est qu’en plein cœur du monde arabe, il existe un projet colonialiste florissant qui construit des institutions et qui nous demande de les reconnaître idéologiquement», a-t-il relevé à propos de la demande de Tel-Aviv de reconnaître Israël comme «Etat juif». Par le passé, la cause palestinienne jetait, d’après lui, un brouillard sur la situation arabe. «Les slogans cachaient beaucoup de mauvaises pratiques. Aujourd’hui, cette même cause met à nu les contradictions entre les Arabes», a-t-il dit. Azmi Bishara a le sentiment que tout est permis avec les Arabes, lesquels sont «au milieu des vents». «Il n’existe pas un ‘‘nous’’ arabe clair avec lequel on peut traiter avec les autres», a-t-il regretté. Optimiste, il a estimé que l’émergence de médias (télévisions d’information continue) ont grandement contribué à rapprocher les points de vue dans le monde arabe. Azmi Bishara, 54 ans, fut à deux reprises député de la Knesset (Parlement) israélienne. Son soutien à la résistance du Hezbollah libanais après l’attaque israélienne de 2006 lui a valu des accusations de trahison. En 2007, il s’est établi au Qatar où il enseigne. Il est auteur de plusieurs ouvrages écrits en arabe, en hébreu et en allemand, dont entre autres, L’identité et la fabrication de l’identité dans la société israélienne, Etude critique sur la société civile et Thèses sur une renaissance entravée. (El Watan-02.11.2010.)
**Jean Ziegler tente d’expliquer les raisons de «LA HAINE» de l’Occident
Réquisitoire contre «l’ordre cannibale» du monde
Le sociologue Jean Ziegler a présenté hier soir au 15e Salon international du livre d’Alger (SILA), qui se tient jusqu’au 7 novembre à l’esplanade du complexe sportif Mohamed Boudiaf, son avant-dernier ouvrage La haine de l’Occident, paru en 2009.
Il a révélé que des éditeurs lui ont proposé de changer le titre au motif qu’il risquait de choquer. «C’était une erreur.
Le livre a été traduit en 14 langues et s’est bien vendu», a-t-il dit. Selon lui, il existe deux types de haine par rapport à l’Occident. «Il y a la haine pathologique et criminelle exprimée par les terroristes.
Quelles que soient les raisons, cette haine doit être condamnée. Elle n’a aucune excuse. C’est le cas d’Al Qaîda», a-t-il déclaré, soulignant que le Coran est un livre d’amour et de tolérance. Portée par des forces politiques, l’autre haine est, selon lui, raisonnée. «Il s’agit d’une rupture organisée avec l’ordre cannibale du monde et sa violence structurelle», a-t-il expliqué, qualifiant tout cela de «renaissance identitaire». La mémoire blessée et «le double langage permanent» de l’Occident sur les droits de l’homme sont, selon lui, des sources de cette haine.
D’après lui, la notion d’Occident a évolué au fil des siècles depuis le concept géographique latin «Descendre là où le soleil descend». A son avis, le capitalisme est arrivé au stade monopolistique terminal. Il serait l’œuvre des Euro-Américains et de leur diaspora qui constituent actuellement 18% de l’humanité. «Depuis plus de 500 ans, cette minorité domine la planète avec des systèmes de domination toujours différents. Il y a eu la conquista, le commerce triangulaire, les déportations esclavagistes, le pillage des ressources naturelles, etc.», a-t-il analysé, insistant sur les 150 ans d’occupation territoriale.
«Et aujourd’hui, la dictature globalisée du capital mondialisé. C’est la forme ultime de la domination de l’Occident sur le monde», a-t-il insisté. S’appuyant sur des données de la Banque mondiale, il a relevé que les 500 plus grandes sociétés transcontinentales privées ont contrôlé, en 2009, 53,8% du Produit intérieur brut (PIB) mondial. «Ces sociétés sont essentiellement occidentales avec quelques alliés chinois et indiens. Elles contrôlent donc plus de la moitié de toute la richesse produite en une année au niveau mondial», a-t-il assuré. Ces firmes ont, selon lui, un pouvoir qu’aucun empereur, roi ou pape n’a jamais eu de toute l’histoire.
L’auteur de Main basse sur l’Afrique a relevé que face à cette concentration de richesses, il existe une grande souffrance dans le Sud. Il en veut pour preuve la mort par malnutrition toutes les 5 secondes d’un enfant de moins de 10 ans. «Chaque jour, 37 000 personnes meurent de faim et presque un milliard d’humains sont sous-alimentés», a-t-il indiqué. Citant le dernier rapport du FAO, il a précisé que la production agricole mondiale actuelle pourrait nourrir 12 milliards d’humains. «Alors que nous ne sommes que 6,5 milliards. Donc, la faim est faite de main d’hommes. Un enfant qui meurt de faim maintenant est un enfant assassiné !», a déclaré l’auteur du livre Le Droit à l’alimentation. D’après lui, presque 90% des pays du Sud sont totalement asservis en matière d’exploitation des richesses et de transfert de capitaux.
Concernant l’Algérie, il a salué le dernier code d’investissement imposant la règle de 49/51. Il a également évoqué «les efforts» des dirigeants du Venezuela et de la Bolivie de «reconquérir la souveraineté» de l’Etat sur ses richesses. Pour lui, l’expropriation de certaines entreprises pétrolières et gazières en Bolivie est une manière de mettre fin au pillage.
«Les milliards de dollars récupérés permettent aujourd’hui d’améliorer la scolarisation des enfants, de lutter contre les épidémies et la pollution de l’eau», a-t-il appuyé.
Parlant du Conseil onusien des droits de l’homme, Jean Ziegler a relevé «l’extrême dynamisme» de la diplomatie algérienne. «Cette diplomatie domine totalement le groupe arabe et africain au sein de ce conseil. On retrouve l’héritage de cette Révolution à travers cette diplomatie», a-t-il souligné. (El Watan-03.11.2010.)
**Les étals se vident
A J-2 de la clôture de la 15e édition du Salon international du livre, les étals de la majorité des stands se sont, contre toute attente, pratiquement vidés.
Contrairement à ce que nous avons annoncé dans nos précédents articles, les prix exorbitants d’une bonne partie des livres proposés à la vente, n’ont finalement pas été un écueil insurmontable. En témoigne l’absence de nombreux livres des étals des éditeurs français qui sont très convoités par le lectorat algérien. L’affluence sur les maisons d’édition d’autres pays a été aussi considérable, notamment ceux du Liban, de la Tunisie, du Maroc, de la Syrie et de tous les autres pratiquement. Les stands des maisons d’édition libanaises ont proposé une diversité très importante de livres d’auteurs universels traduits vers la langue arabe.
Des traductions, qui ne sont malheureusement disponibles dans aucune librairie algérienne. C’est le cas entre autres, des romans de Dostoïevski, Charles Dickens, le récit d’aventure fantastique d’Henri Charrière «Papillon», Les romans d’Ernest Hemingway, le livre sur L’origine des espèces de Darwin, etc. L’ouvrage de Darwin était proposé par une maison d’édition libanaise au prix de 1400 dinars. Mais sans doute les versions arabes des romans de Dostoïevski sont celles qui coûtent le plus cher. L’un de ces derniers est proposé par l’éditeur à 2600 dinars les deux tomes!
Devant le stand Gallimard, sans doute le plus convoité par les visiteurs et bien que les prix ne soient pas attractifs, on a constaté que les clients se ruaient sur les chefs-d’oeuvre de la littérature française.
Afin de faire plaisir à ses clients, cet éditeur français qui ne rate jamais le rendez-vous du Salon international du livre d’Alger, propose deux formules d’arrangement.
La première consiste à offrir gratuitement un livre de poche pour cinq folios achetés. Mais la formule la plus intéressante est la réduction de 50% appliquée à plus de 100 livres édités par Gallimard.
Parmi les ouvrages que le visiteur avait le choix d’acheter à moitié prix, on peut citer l’ensemble des romans, des essais et des pièces de théâtre d’Albert Camus.
Le lecteur pouvait également avoir le roman du très lu Tahar Ben Jelloun et intitulé Sur ma mère avec une réduction de 50% mais aussi quelques romans du prix Nobel français de littérature Le Clézio et du tchèque Milan Kundera. La randonnée à travers les stands du Sila se poursuit et l’on découvre que les étals sont également moins achalandés que les premiers jours chez les autres éditeurs français, comme Hachette dont la présence au Sila est impressionnante.
Cet éditeur français a occupé plus de cinq stands. Il a fragmenté les livres proposés en plusieurs filières. Ainsi, la littérature a eu son propre espace, le «livre de poche», les livres jeunesse, les livres scientifiques, etc., chaque créneau a eu droit à son propre stand. Cette manière de procéder montre à quel point cet éditeur est professionnel. Les stands proposant des livres de cuisine et ceux des ouvrages religieux mais aussi et surtout les bouquins portant sur le développement personnel et tentant de répondre à la sempiternelle question existentielle «comment vivre heureux?», en arabe ou en français, ont connu l’une des affluences les plus remarquables, particulièrement de la part du public féminin.
Aujourd’hui, samedi, le stand des Etats-Unis d’Amérique va offrir gratuitement des livres aux visiteurs, a-t-on appris auprès de l’agent algérien qui s’occupe de cet espace. (L’Expression-06.11.2010.)
**Les éditeurs algériens relèvent le défi
«Le fait d’être à ce rendez-vous est déjà un objectif en soi»
S’il y a un acteur du Salon international du livre d’Alger qui a un grand mérite et qui vaut d’être encensé, il s’agira des éditeurs algériens. Leur participation à ce Salon a été massive et il ne faut surtout pas croire que le fait qu’ils aient pris part à ce festival du livre, ils engrangeraient des fortunes. Loin s’en faut. Il est plutôt question d’une contribution de leur part à un événement capital et important dans le domaine du livre auquel les éditeurs ont tenu à apporter leur concours précieux et indispensable. M.Si Youcef, responsable des éditions «El Amel» de Tizi Ouzou, nous a confié jeudi, que sa participation ne revêt aucun objectif commercial. «Notre but, ce n’est pas de gagner de l’argent, au contraire, nous pouvons en rajouter de notre poche. Mais notre satisfaction est le fait d’avoir pu participer à un tel événement culturel et d’avoir aussi rencontré des auteurs et d’autres éditeurs avec lesquels nous avons eu énormément d’échanges», souligne Si Youcef, qui venait de sortir d’une émission diffusée en direct par la chaîne de télévision amazighe Entv 4. Pour sa part, Nordine Necib, responsable des éditions «Zyriab» abonde dans le même sens. Necib a souligné que le fait d’être à ce rendez-vous est déjà un objectif en soi. Des auteurs ayant publié pour la première fois aux éditions «Zyriab» saisissent l’occasion de ce Salon pour rencontrer des lecteurs. C’est le cas notamment de Chabha Ouahès-Amellal, qui vient d’éditer son premier recueil de nouvelles, intitulé: «Souvenirs et témoignages». Les éditions «l’Odyssée», gérées par Ali Oubellil ont profité de cette opportunité afin de présenter une première en Algérie. Il s’agit de la publication, pour la première fois, d’un roman, rédigé directement en anglais. L’auteur est Belkacem Meghzouchene et il a choisi d’entrer dans le monde de la littérature par la langue de Shakespeare.
D’autres éditeurs ont fourni des efforts afin de rehausser le niveau de ce Salon à l’image des éditions «Alpha» dont le stand est l’un des plus agréables du Salon. De même que cet éditeur, qui, en un temps record, (depuis seulement 2006) a publié plus de 200 ouvrages, a eu l’un des programmes les plus réguliers de ventes dédicaces, comme celles de Youcef Merahi, et Mohamed Sari, jeudi dernier mais aussi celles de Hamid Grine, Fatema Bekhai, Farida Belkhiri et de tant d’autres auteurs qui ont fait confiance à Alpha Editions. (L’Expression-06.11.2010.)
**Clement Moore Henry. Politologue américain
«L’Algérie doit éviter la dépendance technologique»
Clement Moore Henry était à Alger cette semaine pour animer une conférence au Salon international du livre d’Alger, qui s’est achevé samedi 6 novembre, et pour participer aux Débats d’El Watan.
Ce professeur de sciences politiques à l’université d’Austin au Texas vient de publier aux éditions algériennes Casbah un livre de témoignages sur l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema). Spécialiste du Maghreb et de l’Egypte, Clement Moore Henry, 73 ans, est auteur de plusieurs ouvrages sur les régimes politiques et les systèmes financiers dans ces pays.
Avec Robert Springborg, spécialiste de l’économie politique du Moyen-Orient, il vient de publier une deuxième édition de Globalization and the politics of development in the Middle East.
Il a également écrit un ouvrage avec Samuel Huntington, auteur de la thèse controversée du Choc des civilisations, Authoritarian politics in modern society. Il reste que Clement Moore Henry ne partage en rien la théorie de Huntington. - Depuis le début des années soixante, vous n’avez pas cessé de faire des allers et retours entre les Etats-Unis et le Maghreb. Pourquoi cet intérêt pour cette région ?
Après ma venue en Algérie, en août 1962, un mois après l’indépendance, je suis revenu en 1965. A l’époque, j’étais enseignant à Berkley au Michigan. J’ai écrit des lettres aux Algériens et aux Marocains pour venir enseigner. Les Marocains m’ont répondu. J’ai alors commencé à assurer des cours aux facultés de droit de Rabat et de Casablanca. Au printemps de la même année, avant le coup d’Etat, je suis venu par route en Algérie. On m’a présenté au directeur de l’Institut des études politiques (IEP). Cet institut était situé à la rue Ben M’hidi, à Alger. J’avais fait la connaissance de Malek Benabi et de M. Cheriet. Je devais, grâce à leur aide, venir enseigner en Algérie pendant quatre mois à partir d’octobre 1965. Mais entre-temps, il y a eu «le redressement»…
- Donc pas d’enseignement en Algérie ?
Oui. Je suis revenu en 1967. Je devais préparer un autre livre de comparaison entre les systèmes politiques maghrébins. Ce livre, Politics in North Africa, a été publié en 1970. J’avais donné le manuscrit à El Baki Hermassi qui faisait une étude de sociologie en Tunisie. Il a beaucoup utilisé mon livre, sans citer la source. Ce n’était pas très honnête de sa part. Plus tard, il s’est excusé, mais ne l’a jamais fait publiquement (El Bak Hermassi a publié en 1975 à Paris, Etat et société au Maghreb, une étude comparative, ndlr). J’ai partagé l’été 1967 entre la Tunisie, l’Algérie et le Maroc. A cette date, l’Algérie avait rompu ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis à cause de la guerre d’Israël. Cela ne me m’a pas empêché, en tant qu’universitaire américain, de venir en Algérie et de contacter les gens. En 1976, grâce à une bourse Fulbright, je suis retourné à l’IEP Alger pour enseigner pendant une année, mais sans faire de recherches. A l’époque, je travaillais sur l’Egypte. Je suis revenu pour une courte visite en 1979 et en 1985.
- A quelle conclusion êtes-vous arrivé après l’écriture de Politics in North Africa ?
L’Algérie avait un système minime. C’était un régime de parti unique, mais sans parti. Il y avait donc des comparaisons à faire avec la Tunisie. La forme est la même, mais la réalité est différente. La Tunisie, c’était l’Etat sans faille de Bourguiba, tandis qu’en Algérie, c’était un mélange de modèles français et autre pour l’Etat. C’était comme un butin qu’on récupérait. Les systèmes n’étaient pas bien articulés avec beaucoup de va-et-vient à l’échelle locale. L’Etat algérien était faible par rapport à la Tunisie et au Maroc. A l’époque, on pensait que la monarchie marocaine était médiévale et qu’elle n’allait pas résister à l’épreuve du temps. Finalement, cette monarchie est restée.
- Après 1985, vous reveniez régulièrement en Algérie…
Je travaillais à plein temps à l’université du Texas et je préparais un livre sur les systèmes bancaires de cinq pays : la Turquie, l’Egypte, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc. Cette recherche a duré 7 ans. Le livre est sorti en 1996. Il fallait trouver les rapports des banques, faire des analyses assez difficiles pour l’Algérie, parce que tout était étatique. La BNA annonçait qu’elle accordait 3% de ses crédits au secteur privé, c’était surtout pour les anciens moudjahidine.
En 1986, on parlait de réforme bancaire ; simplement, on ne pouvait pas réformer les banques sans réformer le reste. Mouloud Hamrouche a essayé de faire quelque chose en 1990, mais c’était toujours difficile de réformer le secteur étatique. Le système financier demeure le maillon faible du développement en Algérie. Le secteur a toujours des difficultés à trouver des crédits. Sans les crédits, comment les choses peuvent-elles marcher ?
- A titre de comparaison, quelle est la différence entre les systèmes bancaires turc et maghrébin ?
Les systèmes turc et marocain étaient oligopolistiques, un mélange de banques privées et publiques. Des systèmes qui pouvaient d’une manière souple passer de l’importation des produits à une politique de croissance et d’exportation. La Turquie et le Maroc étaient très endettés. Ils avaient subi beaucoup de pressions du FMI. A Ankara, Turgut Ozal (Premier ministre puis président de la Turquie entre 1987 et 1993, ndlr) a engagé des réformes qui ont réussi. Moins de succès au Maroc, mais ce pays était un élève modèle de la Banque mondiale. L’exemple tunisien est intéressant avec les réformes de 1986, qui coïncidaient avec les derniers jours de Habib Bourguiba, et que Ben Ali a continué à appliquer. En Egypte, l’Etat était aussi fort présent dans le secteur bancaire. El Infitah restait aussi trop étatique jusqu’à ces jours-ci. En Egypte et en Tunisie, les banques étatiques continuaient à occuper des positions-clés et accordent des faveurs aux responsables politiques. Il reste que ces deux pays ont un secteur privé qui se développe. Le régime du pouvoir personnel en Tunisie a favorisé la corruption au sommet du pouvoir. Jusqu’à un certain point, la Tunisie a réussi sur le plan économique, mais le développement n’a pas suivi…
- Finalement, le développement économique est lié aux libertés politiques ?
Oui. Le drame dans le monde arabe est qu’on arrive à développer les technologies pour monter sur l’échelle de valeurs et exporter de plus en plus des produits industriels de haute technologie. Pour faire cela, il faut une certaine liberté dans les relations entre les acteurs économiques publics ou privés et l’université. Il y a beaucoup de matière grise qui n’est pas utilisée, même si les régimes sont différents dans le monde arabe. Au Maroc, il y a l’apparence d’un peu plus de souplesse. En Tunisie, il y a l’apparence du pluralisme, mais le régime est trop policier pour que l’université puisse fonctionner.
- Après le travail sur les banques, avez-vous engagé d’autres projets sur la région ?
J’ai écrit un livre avec un collègue, Robert Springborg, (ancien directeur de The American Research Center au Caire, ndlr). Je l’ai connu en tant qu’étudiant en Egypte. Le livre sur la globalisation et la politique de développement a été publié en 2001 au Cambridge University Press. Début septembre 2010, nous avons sorti une deuxième édition. Nous y avons introduit beaucoup de changements. Nous faisons des comparaisons avec les régimes politiques et les systèmes bancaires. Les banques sont le commandement de l’économie. On constate que les oligopoles sont concurrencés en Egypte et en Tunisie. Après la faillite d’El Khalifa Bank en Algérie, les banques demeurent toujours contrôlées par l’Etat. Le roi contrôle plusieurs banques au Maroc, malgré la présence d’un secteur financier privé comme dans les monarchies du Golfe. Dans ces pays, le secteur privé est plus développé.
- Pourquoi, selon vous, l’Union du Maghreb ne réussit pas ?
Pour avoir une union, il faudrait travailler sur le plan économique. Les entreprises et les organisations professionnelles doivent mettre en place un tissu d’intérêts croisés à travers les Etats. Pour faire cela, il faut des accords. On ne peut s’amuser à fermer des frontières. Au Maghreb, la rationalité politique prime sur la rationalité économique. Cette tendance doit être renversée. Il y a beaucoup de complémentarités entre l’économie algérienne et l’économie marocaine. Il faut que les rapports s’améliorent pour qu’on puisse parler du Maghreb.
- En décembre, Alger abritera une rencontre sur le partenariat entre les Etats-Unis et le Maghreb. Pourquoi Washington reprend-il l’idée de traiter avec le Maghreb, en tant qu’ensemble, la fameuse initiative Eisenstat ?
Ce plan Eisenstat a plus de quinze ans. La logique est simple : si on veut attirer le plus grand nombre d’entreprises américaines, il faut un marché plus large. Le Maroc et l’Algérie constituent un marché de 70 millions de consommateurs. Si on ajoute la Tunisie et l’Egypte, cela créera un marché intéressant, même si certains disent qu’il faut éviter l’impérialisme économique. On peut utiliser les investissements étrangers si l’on travaille réellement sur un pied d’égalité et si on l’apprend les systèmes d’organisation managériale aussi bien que les technologies. Par le passé, l’Algérie a eu des politiques économiques ambitieuses avec Belaïd Abdesselam, mais cela a amené à une dépendance technologique du pays. On peut importer et faire tout soi-même, mais il faut que ça marche.
Les choses ne peuvent pas marcher si l’on n’apprend pas et si nous n’assimilons pas les nouvelles méthodes. Si on peut faire cela, on peut avancer sur la chaîne de valeurs de la production de haute technologie. Une technologie qu’on maîtrise. J’ai écrit un livre sur les ingénieurs à la recherche de l’industrie en Egypte et j’ai participé à un débat dans le cadre des conférences sur ce thème organisées par le Centre américain des études maghrébines présent en Tunisie, en Algérie et au Maroc.
Je me rappelle d’une intervention du sociologue Mustapha Madi sur l’utilisation de la langue arabe et qui a dit que les arabisants devraient apprendre le français pour travailler à l’usine.
- En Algérie, on demande aux Européens et aux Américains de transférer la technologie et on lie cela à l’investissement dans le pays. Faudra-t-il compter sur ce «transfert» ?
Cela exige beaucoup de créativité de la part des Algériens et de la souplesse de la part de l’entreprise étrangère. L’apport étranger est important pour hausser le niveau.
Il ne s’agit pas d’argent puisque l’Algérie n’en a pas besoin, mais c’est surtout le savoir-faire. L’Algérie peut essayer de retenir les leçons du passé, et éviter la dépendance technologique venue avec la politique d’industrialisation. (El Watan-08.11.2010.)
***Le Pr Clement Henry invité des Débats d’El Watan
«Encourager les forces libérales pour sortir de l’Etat bunker»
La globalisation : une «panacée» pour les pays arabes dont les régimes sont atteints du «syndrome de l’autoritarisme». Le Pr Clement Moore Henry croit résolument aux vertus émancipatrices de la mondialisation.
Invité des Débats d’El Watan, samedi à l’hôtel Mercure, l’éminent professeur en sciences politiques (université du Texas At Austin) a présenté le phénomène de la mondialisation plutôt comme une «opportunité» à saisir par les sociétés et les régimes arabes minés par les «archaïsmes» et les «blocages».
Les pays en voie de développement, ceux de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) en particulier, peuvent prétendre, selon lui, à occuper une place privilégiée dans un système mondialisé, à «tirer profit» de cette globalisation à laquelle les «musulmans sont (déjà) habitués depuis plusieurs siècles».
L’ «hésitation», la «méfiance» de ces Etats vis-à-vis de la mondialisation, très souvent assimilée à une forme «d’impérialisme», de «néocolonialisme» s’expliquent d’après le conférencier (la communication portait sur : «Les Etats arabes à l’épreuve de la globalisation» par le fait que cette région a été longtemps sous la domination des empires coloniaux. Cette hésitation «compréhensible» par ailleurs, juge l’universitaire américain car «la mondialisation attaquait la vache sacrée de la souveraineté nationale» a laissé place, au cours des années 1990, à des «progrès considérables» après que les Etats de la région MENA eurent transposé les principes néolibéraux du Consensus de Washington dans leurs politiques économiques respectives. Théorisé en 1990 par l’économiste John Williamson sous la forme de dix propositions, (les dix commandements du consensus de Washington), celui-ci désigne un corpus de mesures standard préconisées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale pour surmonter la crise de dettes des pays en voie de développement. S’inscrivant en porte-à-faux du Washington Consensus, les thèses développées par Clement Henry replacent les choix politiques au cœur de la problématique de développement. Dans Globalization and the politics of development in the Middle East, un des derniers ouvrages consacrés par l’auteur à la région MENA, Clement Henry souligne clairement que les principaux obstacles au développement dans les pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord sont avant tout «d’ordre politique». L’intérêt de cet ouvrage, anticipait au début de la conférence le politologue Mohamed Hachemaoui (concepteur du forum de Les Débats d’El Watan), réside dans la réhabilitation du politique. «Ces régions ne sont pas traversées par la bêtise, ni ne sont animées par un refus de la modernité. L’idée force de cette étude est que le politique détermine le développement économique», déclarait le Dr Hachemaoui.
Fin connaisseur du monde arabe, Clement Henry distingue parmi les pays de la région MENA, trois types de systèmes politiques : les monarchies globalisées (globalizing monarchies), les démocraties précaires (precarious democracies) et les Etats bunker (Bunker states). L’Algérie, classée dans cette dernière catégorie au même titre que l’Irak, le Yémen, la Libye, le Soudan, la Syrie, l’Egypte… justifie, d’après Clement Henry, de tous les attributs de l’Etat bunker d’essence prétorienne, de l’«Etat faible» : société civile laminée et réduite à sa portion congrue, opérateurs économiques clientélisés et exclus des cercles de décision, absence de liberté économique et politique, une économie d’importation, dominée par son segment informel, une masse monétaire échappant au circuit bancaire, etc. «Ces Etats n’ont aucune qualité, souligne l’universitaire, pour monter dans l’échelle de technologie (qui commande au processus de globalisation). Pour ce faire, explique l’universitaire, ces Etats ont besoin d’un secteur privé fort, d’une société civile jouant pleinement son rôle d’intermédiaire, d’amortisseur social. Il faudrait à ce titre encourager les forces libérales, une diversification de l’économie…» Bref, plus de liberté (s). C’est le challenge auquel sont confrontés actuellement ces Etats pour se sortir de la logique des Etats bunker. Passionnés, houleux, les débats qui ont suivi la communication du Pr Clement Henry se sont essentiellement focalisés sur des questions de politique nationale, de nature du régime, etc. (El Watan-08.11.2010.)
**«C’est le meilleur Salon du livre au monde arabe»
Rencontré jeudi en fin de journée au Salon international du livre d’Alger, Boubekeur Benbouzid, ministre de l’Education nationale, a accordé ce bref entretien à L’Expression.L’Expression: Vous venez de visiter quelques stands du Sila, peut-on avoir vos impressions quant à cette affluence record, particulièrement de la part des enfants scolarisés, ainsi qu’à la richesse et à la diversité du livre parascolaire et des ouvrages en rapport avec les programmes scolaires dispensés dans le primaire, les collèges et les lycées?
Boubekeur Benbouzid: C’est une excellente initiative prise par Casbah Editions et, notamment M.Améziane, que je remercie et félicite au passage. Je pense que ce salon va dans le sens des efforts des pouvoirs publics.
La loi de finances, comme vous le savez, a pris des initiatives concernant la fiscalité pour permettre aux Algériens d’accéder aux livres à des prix quand même abordables. Je viens aussi de constater qu’il y a beaucoup d’observateurs internationaux présents au Sila qui affirment que c’est le meilleur Salon arabe, organisé depuis longtemps. Je me félicite de cette initiative. Je remercie surtout les organisateurs pour ce travail accompli parce qu’il est incommensurable.Nous avons relevé, depuis le premier jour du Salon, un engouement extraordinaire de la part des enfants et des adolescents qui affluent sans cesse vers les différents stands pour choisir et acheter des livres de différents domaines. Votre département ministériel pourra-t-il capitaliser cet enthousiasme à travers des mesures incitant à la lecture?
Bien sûr, actuellement, nous sommes en train de travailler avec Casbah Editions et le ministère de la Culture pour imposer la lecture à l’école en dehors du programme actuel.
Il sera question d’imposer au moins la lecture de quatre livres pour chaque élève au niveau des trois cycles.
Nous allons le faire et la priorité consiste d’abord, à réunir les moyens financiers. Quand vous avez 25.000 établissements et huit millions d’élèves, c’est facile d’avoir l’idée, mais difficile de la concrétiser et de la mettre en application.
Nous sommes en train de chercher ces moyens financiers à travers le ministère de la Culture, à travers le ministère de l’Education nationale et aussi d’essayer de mobiliser d’autres donateurs parce qu’il y a ceux qui veulent nous aider dans ce projet.
Casbah Editions veut être de la partie de manière à ce que le livre soit abordable.Tous les observateurs pensent que la meilleure façon de parer au problème de la cherté du livre consiste à doter chaque établissement scolaire d’une bibliothèque. Ce projet contribuera sans doute à faciliter la concrétisation de cette idée de la lecture obligatoire par les élèves de quatre livres par année. Au ministère de l’Education nationale, travaillez-vous dans le sens de permettre à toute école d’avoir sa propre bibliothèque?
Bien sûr, nous avons des bibliothèques et heureusement. Mais ces bibliothèques existent seulement au niveau des lycées. Leur généralisation au niveau du primaire et du moyen reste tributaire, comme je vous l’ai dit, de moyens financiers.
Nous sommes actuellement en train de faire passer des actions prioritaires telles que les nouvelles technologies et leur introduction à l’école, et nous allons sans aucun doute arriver aux bibliothèques. La dotation des écoles en bibliothèques comme chose obligatoire au niveau de la nomenclature de l’éducation viendra. (L’Expression-06.11.2010.)
**Fatema Bakhai. Romancière : «Je raconte l’histoire du peuple algérien»
-Vous venez de publier aux éditions Alpha Izuran III, au pas de la Sublime porte, est-ce la fin de la trilogie ?
Oui. Je raconte l’histoire du peuple algérien. Vous direz que c’est ambitieux ! Je commence au néolithique. C’est une manière de contrecarrer certaines assertions qui ne me plaisaient pas sur les origines de la population maghrébine et sur les véritables composantes du peuple algérien. Il me semble qu’il suffit de dire : «Je suis algérien». Inutile de dire je suis arabe, kabyle, oranais, chaoui…
-Et c’est quoi être algérien ?
C’est la résultante d’une Histoire que les Algériens doivent connaître. Tout le monde devrait lire la série d’Izuran. Avec Izuran, au pays des hommes libres, j’ai commencé avec le néolithique jusqu’à la veille des conquêtes musulmanes. Avec Izuran II, les enfants d’Ayye, je démarre des conquêtes musulmanes jusqu’à la chute de Grenade. Je ne suis pas historienne, mais il me semble qu’il s’agit de moments importants dans l’évolution de la société maghrébine, algérienne en particulier. Izuran III, au pas de la Sublime porte remonte à la chute de Grenade jusqu’au fameux «coup de l’éventail» qui justifiait la colonisation de l’Algérie par les Français.
-C’est du roman enquête, du roman historique, comment peut-on l’appeler ?
C’est aux critiques de le dire. J’ai raconté une histoire, le reste ne m’appartient plus. J’ai fait beaucoup de recherches qui ont duré six ans. Le plus difficile fut les recherches pour écrire Izuran, au pays des hommes libres. Il y a un manque de documentations. Pour les deux autres romans, c’est encore plus difficile, parce qu’il y avait trop de documentations. Il fallait faire un choix et trier.
-Pensez-vous avoir tout dit dans ces trois romans ?
Bien sûr que non. Je donne une idée. Peut-être qu’il y aura une suite. J’ai choisi le terme «Izuran» qui signifie racines en tamazight. C’est un terme joli. Pour «Ayye», c’est la grand-mère. Ce terme est utilisé en Kabylie et dans l’Oranais. A Oran, on l’appelle parfois «yaya». Nous sommes donc les enfants d’Ayye. Dans le roman, Ayye est un personnage qui marque le passage de la préhistoire à l’histoire. Mes précédents romans ont évoqué la période coloniale. Je suis une passionnée de l’Histoire car je veux comprendre. Quand on cherche, on trouve beaucoup de réponses. (El Watan-02.11.2010.)
**Gilberte Duval. Auteure
Alger-Constantine : amour express
Rencontrée au stand ENAG, dimanche dernier, pour la vente- dédicace de son premier roman intitulé Sylvie, l’Algéroise, dans le train Alger- Constantine, Gilberte Duval nous parle à cœur ouvert de cette écriture qui s’est imposée à elle par amour pour l’Algérie.
- Pourquoi avoir opté de publier votre premier roman chez une maison d’édition algérienne ?
Il y a 47 ans, j’ai eu l’occasion de venir dans votre pays, pour un baptême, à l’âge de 20 ans. Je devais y rester huit jours, mais je ne suis pas repartie comme convenu. J’y suis restée 3 mois, puis j’ai regagné la France pour ramener mes diplômes de la Croix-Rouge. Je suis revenue pour soigner les enfants d’Algérie. J’ai été séduite par Alger la Blanche et par l’amabilité de la population, notamment par les enfants qui ont évolué avec moi. J’en, garde un merveilleux souvenir. Dans mon livre autobiographie, j’explique pourquoi j’ai été amenée à écrire ce livre. J’ai eu la joie, dans le train Alger-Constantine, de faire une connaissance, malheureusement à cause des traditions, il n’y a pas eu de suite. Je me suis retirée en catimini. Je suis repartie en France avec un souvenir très profond. C’est ce qui explique cette décision de publier mon premier roman en Algérie.
- Par un concours de circonstances, vous êtes revenue à Alger, il y a deux ans…
Tout à fait. Par un concours de circonstances à Paris, j’ai fait la connaissance d’un professeur qui a eu les mots, la fermeté et la douceur dans la voix, qui m’a obligée de revenir à Alger. Croyez-moi, deux mois après, je n’en revenais pas, j’étais de retour à Alger après 45 ans d’absence. A nouveau, Alger m’a séduite. A ma descente d’avion, j’ai pu constater beaucoup de changements. Autant Alger m’avait séduite en vingt minutes lorsque j’avais foulé le tarmac, il y a 45 ans, autant le plaisir était toujours là. Quoique regardant Alger avec un autre regard, je reviens toujours à mon passé. Celui-ci est ma référence. Je relativise. Je me mets à la place de chacun et je reste neutre. Ainsi, je pourrai avancer. Par ailleurs, il est à noter que je fais de l’humanitaire aussi avec l’Algérie. C’est ce que j’ai toujours fait sans rien dire à personne. C’est-à-dire l’amour que j’aurais voulu donner à une personne et que je n’ai pas pu donner, alors je l’ai reporté sur le peuple algérien.
- Sylvie l’Algéroise, dans le train Alger-Constantine reste une autobiographie romancée poignante et les mots crus y occupent une place de choix…
Tout à fait. Dès le départ, j’ai opté pour une trame poignante où les sentiments intérieurs devaient primer. Mon introduction est d’ailleurs parlante. J’explique justement que c’est l’histoire d’une jeune métropolitaine qui tombe dans le piège du plus grand prédateur : l’amour. L’amour de l’Algérie et l’amour d’un homme. C’est ce sentiment qui m’a amenée à l’écriture. Dans cette belle histoire romancée, la nature revient souvent à la surface. Celle-ci m’a toujours permis de m’évader, de me remettre en question et en débat mental.
- Vous caressez le rêve d’écrire le tome 2, n’est-ce pas ?
Effectivement, j’ai l’intention de publier le tome 2 et ce, sous les recommandations de mes proches et de mes amis. Evidemment, je me tournerai vers la maison d’édition ENAG pour la publication. (El Watan-04.11.2010.)
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