Issiakhem,ce pionnier de l’art moderne algérien
*Biographie. M’hamed Issiakhem (1928-1985)
Une vie à cœur battant
-1928 – Naissance le 17 juin au village de Taboudoucht (Aït Djenad, Azzefoun, wilaya de Tizi Ouzou).
-1931 – Installation de sa famille à Relizane.
-1942 – Débarquement des alliés en Afrique du Nord et installation des troupes anglo-américaines en Algérie.
-1943 – M’hamed, 15 ans, dérobe une grenade dans un camp militaire. En la manipulant, elle explose, tue deux de ses sœurs et un neveu et lui arrache le bras gauche.
-1947 – Il s’initie à l’art à la Société des beaux-arts d’Alger durant trois années.
-1951 – Entrée à l’Ecole des beaux-arts d’Alger.
-1953 – Entrée à l’Ecole des beaux-arts de Paris. Etudes jusqu’en 1958. Milite dans le mouvement nationaliste. Il rencontre Kateb Yacine (avec le cinéaste français Armand Gatti), naissance d’une indéfectible amitié.
-1958 – Installation en Allemagne (RDA) où il se trouve avec Mohamed Zinet. Première exposition individuelle à Leipzig.
-1962 – Obtient une bourse de la Casa Velasquez de Madrid. Retour en Algérie. Dessinateur au quotidien Alger Républicain.
-1963 – Membre fondateur de l’UNAP (Union nationale des arts plastiques).
-1964 – Dirige un atelier de peinture à l’Ecole des beaux-arts d’Alger jusqu’en 1966.
-1965-1982 – Conception de billets de banque et de timbres-poste.
-1967 – Devient directeur pédagogique de l’Ecole régionale d’Oran. Réalise avec Kateb Yacine le téléfilm Poussières de juillet pour la RTA (Radio télévision algérienne).
-1968 – Réalisation des décors du film La Voie, de Slim Riad.
-1971 – Professeur d’art graphique à l’EPAU d’Alger (Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme). Création des décors du film Novembre.
-1972 – Voyage au Vietnam.
-1973 – Médaille d’or à la Foire internationale d’Alger pour la décoration du stand du ministère du Travail et des Affaires sociales.
-1973-1978 – Dessinateur de presse.
-1977 – Dirige la réalisation d’une fresque à l’aéroport d’Alger. Parution d’une plaquette préfacée par Kateb Yacine et intitulée Issiakhem, œil de lynx et les Américains, 35 ans d’enfer.
-1978 – Séjour de quelques mois à Moscou.
-1980 – Reçoit le premier Simba d’Or à Rome, distinction décernée par l’Unesco à un artiste africain.
-1984 – Dirige les peintres travaillant pour le Musée central de l’armée à Ryadh El Feth.
-1985 – Décès le 1er décembre à Alger des suites d’une longue maladie.
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* 1er décembre 2015 à Relizane
manifestation artistique en hommage à l’artiste peintre M’hamed Issiakhem
La direction de la culture de la wilaya de Relizane organise, à partir du 1er décembre 2015, une manifestation artistique en hommage à l’artiste peintre M’hamed Issiakhem, à l’occasion de la commémoration du 30ème anniversaire de sa mort. Au programme de cette manifestation de trois jours, une conférence sur le parcours artistique d’Issiakhem sera animée par des enseignants d’arts plastiques et une fresque sera réalisée à l’ancienne gare ferroviaire de la ville de Relizane par des élèves des écoles des Beaux-arts et des artistes du pays. Cette manifestation comporte plusieurs activités dont un salon d’arts plastiques avec la participation d’une cinquantaine d’artistes algériens et élèves des instituts des Beaux-arts d’Alger, de Mostaganem, de Sidi Bel-Abbès, d’Oran, de Tlemcen, de Tizi Ouzou et de Batna.Des tableaux de l’artiste Issiakhem et autres copies de ses œuvres, de même que des esquisses qu’il a réalisées à l’occasion du premier anniversaire de la fête de l’indépendance et des essais de critique conçus par l’artiste seront exposés à l’occasion.Le salon regroupera, à la maison de la culture de la ville, des artistes nationaux de renom dont Azzaoua Maameri, Necib Rachid, Djeffal Adnane, Valentina Ghanem, Larbi Arezki, Zohra Sellal, Hachemi Ameur, Chandar Said, Hakar Lazhar et Hellal Zoubir.
La commémoration du 30ème anniversaire de la mort de M’hamed Issiakhem sera une occasion pour les hôtes de Relizane de visiter l’école primaire « la mosquée » de Relizane où a étudié l’artiste et des sites archéologiques que recèle la wilaya.
Né en 1928 à Azzefoune (Tizi Ouzou), M’hamed Issiakhem s’est installé à Relizane avec ses parents à l’âge de trois ans et y a étudié avant de rejoindre en 1947 l’école des Beaux-arts d’Alger puis l’école des Beaux-arts de Paris (France) de 1953 à 1958.
Après l’indépendance du pays, il a enseigné les arts plastiques à Alger et participa à plusieurs expositions en Algérie et à l’étranger remportant plusieurs prix. L’artiste est décédé le 1er décembre 1985.*HuffPost Algérie/ lundi 30 novembre 2015
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* M’ hamed Issiakhem. L’art de l’émotion et du tragique
Connaître M’hamed Issiakhem (1928-1985) ! L’homme. L’enfant terrible au tempérament à la fois tendre et fougueux. Le peintre. Ce créateur de génie à l’imagination fertile, à la sensibilité à fleur de peau.
Sa vie. Blessée. Mouvementée. Tourmentée. Torturée. Sa trajectoire artistique. Riche et dense. Ses œuvres picturales qui révèlent un portraitiste de talent. Tel est l’objectif de l’ouvrage intitulé M’hamed Issiakhem. A la mémoire de…, publié par FIAC éditions, sous la direction de Djaâfar Inal. Par le truchement de documents iconographiques, de témoignages et de données biographiques, Malika Dorbani-Bouabdellah, l’auteure du texte, tente de cerner celui qu’on surnommait L’homme aux mille éclats, tout en livrant des commentaires, voire une analyse de la création de ce peintre, à qui le Musée national d’art moderne et contemporain d’Alger (MAMA) vient de rendre hommage en organisant une exposition rétrospective de ses œuvres.
Le portrait de l’artiste, structuré en sections correspondant aux étapes de la vie et de l’œuvre d’Issiakhem, fait ressortir un personnage au caractère et à la personnalité complexes. Il est décrit, d’une part, comme un homme qui brillait par sa sensibilité, sa lucidité, son intelligence, son don du lien social et le souci d’autrui. Et, d’autre part, comme un être énigmatique, «à la fois violent, revendicateur, contestataire, victime, imposant, à la limite de la tyrannie». Corps amputé. Car, handicapé d’un bras dès la prime enfance à la suite de l’explosion d’une grenade qui a entraîné le décès de ses deux sœurs et de son neveu. Esprit mutilé. Car cet enfant, par qui le malheur arriva, est chassé du paradis maternel. Rejeté par la mère. Celle qui l’a enfanté et nourri de son sein. Privé d’amour maternel ! Manque ! Douleur ! Souffrance ! Depuis la chute, M’hamed Issiakhem est en perpétuelle quête d’une reconnaissance. Celle de la mère, cette femme parée de robes «très riches en couleurs, très, très riches en couleurs (…), chatoyantes [et] brûlantes [qui] ne savait pas qu’elle transportait de la couleur…». Celle du public qui mériterait d’être davantage sensibilisé à l’art. Et enfin, la reconnaissance des pouvoirs publics qui a tardé à venir et dont l’urgente tâche est d’encourager et de promouvoir la création artistique algérienne en Algérie et ailleurs.
Mais cet homme, qui croyait que «son talent était une punition des dieux», n’avait-il pas tendance à concevoir son acte créateur comme une tentative
désespérée de réparation ? Créer, par l’entremise du pinceau et des couleurs, était sans doute pour lui une façon de se «racheter» en donnant la vie, si symbolique soit-elle, à des personnages imaginés et façonnés à l’image de son corps amputé, de son esprit torturé et de sa tragédie. Tel un dieu dans son Olympe, M’hamed Issiakhem tentait, de manière tout à fait inconsciente, d’incarner le rôle d’un créateur d’êtres aux visages dépouillés d’expression, aux corps mutilés et aux âmes tourmentées.
C’est à Alger qu’il s’initie à l’art. Après avoir fréquenté la Société des beaux-arts, il s’inscrit, en 1949, à l’Ecole des beaux-arts où il a le statut d’élève «indigène». A cette époque, il a à peine vingt-et-un ans. Les photographies de cette période renvoient l’image d’un jeune homme heureux, jovial, accueillant la vie à cœur ouvert. C’est auprès de Mohamed Racim, peintre, calligraphe et miniaturiste (1896-1975) qu’il fait son apprentissage en arts traditionnels et académiques. Puis, il élargit ses centres d’intérêt et s’initie «à l’histoire de l’art, de la gravure, de l’anatomie et peint d’après le modèle vivant». M. D. Bouabdellah précise que «des paysages tracés et dessinés au crayon et à la plume sont des traces de ses débuts».
Entre 1953 et 1958, il fréquente l’Ecole supérieure des beaux-arts de Paris où il apprend à peindre selon le mode européen. Mais, très vite, il prend de la distance avec ce type d’enseignement et s’oriente vers la production de compositions à dimension sociale et politique. C’est ainsi qu’il réalise des «tableaux de mœurs», en lien avec l’histoire nationale de l’Algérie et le contexte de l’époque. Il peint alors des figures humaines imaginées et inspirées de la réalité de son environnement immédiat, de ses souvenirs et bien d’autres sources d’inspiration (veuves, orphelins, ancêtres…). «Le Cireur» (1955), «Mendiants et aveugles d’Alger» sont des tableaux représentatifs de cette époque.
M’hamed Issiakhem était un «dessinateur prodigue» qui excellait dans l’art de la miniature, de la céramique, de la peinture et de la gravure. Puis, au fur et mesure de l’avancement de sa trajectoire artistique, il émerge comme un portraitiste de talent. Ses discours relatifs à l’art font ressortir l’image d’un artiste peintre partisan d’une vision esthétique qui puise son essence dans le réalisme socialiste. En effet, M’hamed
Issiakhem attribuait à l’art un rôle essentiellement social et éducatif. Il croyait fermement que le but principal de l’art consistait à servir une cause et à être au service de la révolution, de la société et du peuple. Et à la lumière de cette conception, la mission de l’artiste consistait à permettre au peuple, c’est-à-dire aux gens ordinaires, l’accès à l’art. Cette conception militante et idéologique, qui avait un lien avec le contexte colonial, découlait du fait qu’il était animé par la profonde conviction d’être investi d’une mission révolutionnaire dont la finalité était la libération des peuples.
Peintre abstrait ? Peintre figuratif ? «Entre abstraction et figuratif», répond M. D. Bouabdellah. Quant à M’hamed Issiakhem, il affirmait : «Si ce n’est mes visages, ma peinture est abstraite». Cette démarche, conciliant figuratif et abstrait, dénote son souci de se questionner et de se rechercher à travers des compositions picturales caractérisées par une forte note d’ambivalence et de dualité en matière de forme et de contenu.
C’est en tant que portraitiste qu’Issiakhem s’est distingué. Entre 1963 et 1985, année qui marque la fin de sa trajectoire artistique, il a réalisé un grand nombre de portraits que l’auteure qualifie de talismans et de points de repère. Il réussit là la prouesse de concilier l’intériorité et la réalité environnante et d’atteindre l’harmonie entre les moyens artistiques et les buts esthétiques. Les portraits, qui dominent l’univers pictural de M’hamed Issiakhem, sont représentés majoritairement par des figures qui soulignent la prédominance du thème de la femme. Cette dernière a été représentée sous diverses déclinaisons.
L’un de ces thèmes est celui de la mère qu’il représente comme une femme à la maternité bienheureuse. Le tableau intitulé «La mère comblée» (1970), met en scène l’image d’une famille dans le bonheur. Cette œuvre est réalisée en techniques mixtes : dessin à l’encre de Chine, peinture, en l’occurrence de la gouache bleue et noire, et collages de coupures de journaux et de reproductions d’art. La Mère, c’est également cette multitude de femmes aimantes qui tiennent dans leur bras des bébés.
C’est aussi cette figure maternelle prise dans les mailles de la folie et mise en scène à travers le tableau «La folle», en hommage à la mère de son ami, l’écrivain et dramaturge Kateb Yacine. Cette composition met en perspective l’image d’une femme dont l’état psychique suscite de l’angoisse et de l’effroi. A travers «Passé, présent, avenir», le peintre rend hommage à sa mère, cette femme qu’il voit en couleurs. Ces couleurs qu’il manie, triture, travaille, mélange, entasse sur la toile afin de dire sa douleur, sa souffrance, son décalage, ses désirs, ses rêves, ses fantasmes…
Cependant, la figure féminine ne se limite pas qu’à la représentation de la mère. Car, tout au long de sa trajectoire artistique, M’hamed Issiakhem a peint des portraits de femmes qui incarnent des dimensions culturelle, historique et personnelle. En effet, la dimension amazighe, omniprésente dans ses compositions, est exprimée par divers signes et accessoires (açaba, abrouq, foulard…) symbolisant la culture amazighe : «Chaouia» (1966), «Targuia» (1971) et bien d’autres œuvres. La référence à cette culture, certainement pas fortuite, a pour fonction de marquer les origines du peintre et d’affirmer sa culture confisquée. Par ailleurs, cette dimension souligne l’engagement du peintre dans l’histoire de son pays et renvoie probablement à la quête identitaire collective qu’il s’approprie pour mieux l’affirmer et la servir. Le thème de «La femme algérienne» est exprimé à travers des figures féminines réelles, telles que les moudjahidate qui ont combattu durant la guerre de Libération nationale, mais aussi les actrices, les femmes artistes… Enfin, de son environnement amical, figurent des femmes telles que Zoulikha Inal (Lecture, 1972), Khedidja Hamsi (Khedidja, 1981)…
Dans sa classification, M. D. Bouabdellah a répertorié deux types de portraits. D’une part, la catégorie des figures humaines représentant des femmes, des mères, des enfants, des hommes, des solitaires, des couples, des groupes correspondant à «des portraits virtuels (qui) obéissent à des inspirations fantasmagoriques». Très souvent anonymes, ces figures sont imaginées et créées au gré de l’inspiration du peintre, de son humeur, de ses états d’âme… D’autre part, la catégorie de portraits dits «à part entière», c’est-à-dire ceux où les personnes représentées sont identifiées, très souvent parce que faisant partie de son entourage. Elles se caractérisent par une mise en valeur de l’expression et des traits du visage, en l’occurrence les yeux, le front… Ces œuvres doivent leur existence à une panoplie de sentiments tels que l’émotion, l’amitié, la reconnaissance, l’affection, la sympathie, la complicité… «La Mère», «Le Cardinal Duval», «Samir Rafaâ» sont des toiles représentatives de ce type de portraits.
D’une manière générale, un grand nombre de portraits mettent en perspective, d’un point de vue psychologique, des figures humaines, majoritairement des femmes dépouillées de leur expression humaine. Ces êtres, réels ou inventés, sont très souvent représentés de manière tragique. Les visages tristes, livides, torturés, tourmentés, les corps mutilés, ces représentations picturales s’offrent à nos regards dans leur fragilité et leur nudité la plus touchante, la plus émouvante. Par ailleurs, les œuvres portant sur les relations mère-fils, l’amour maternel, la famille heureuse, la séparation d’avec la mère sont des sujets qui ont hanté l’imaginaire du peintre, nourri son inspiration, apaisé sa douleur et favorisé la constitution d’une œuvre d’une valeur inestimable. M’hamed Issiakhem était un peintre de talent, un dessinateur prodige, un artiste d’une grande culture picturale qui avait le souci constant d’innover et d’enrichir son geste créateur. Cette volonté transparaît clairement à travers de nombreuses toiles où il ne se limitait pas à produire des formes figuratives et abstraites. Il avait ainsi tendance à intégrer dans ses compositions des écritures diverses, poèmes, dédicaces, citations et signes symbolisant la diversité historique de l’Algérie, en tamazigh, latin, arabe. (El Watan-12.02.2011.)
M’hamed Issiakhem, «A la mémoire de…», ouvrage publié sous la direction de Djaâfar Inal, Textes de Malika Dorbani-Bouabdellah, MAMA, FIAC éditions, Alger, décembre 2010.35 000 visiteurs à l’expo :
Comparé aux scores habituels en Algérie, il s’agit d’un véritable record. Et pour la première fois, le Mama a utilisé une méthode moderne de comptage en délivrant à chaque visiteur des billets d’entrée gratuits, édités par système informatique avec statistiques. Cette méthode va permettre également d’étudier les jours et heures de pointe, les rythmes d’affluence…
En dépit d’un début d’année mouvementé et d’une promotion modeste, l’exposition Issiakhem a réuni
35 000 visiteurs en deux mois (décembre-janvier). La renommée de l’artiste a sans doute pesé. Mais c’est un signe particulièrement encourageant pour le musée et pour le potentiel culturel du public algérien.
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Le deuxième autoportrait d’ Isssikhem
La fierté et la khamssa
L’analyse d’un tableau, surtout d’un autoportrait, peut en dire long sur le peintre.
Cette composition figurative à dimension autobiographique a été réalisée en 1976. M’hamed Issiakhem était alors âgé de quarante-huit ans, soit neuf années précédant son décès (1985). C’est l’homme dans la force de l’âge, à la fois imposant, touchant et intouchable qu’il exhibe à travers ce portrait achevé.
Debout, le buste en biais, sur un fond gris vert, il se tient au centre de la composition picturale figeant son image dans une posture qui capte toute l’attention. Le regard droit et fier qui laisse deviner une intelligence vive, il nous regarde et nous invite à le regarder à notre tour, à le fixer, à le scruter, à le découvrir, à l’admirer, afin de satisfaire son ego, de combler son sentiment narcissique et de porter un jugement sur lui. Le voilà donc qui se met à nu, offrant une partie de son corps, en l’occurrence son visage et son buste, au regard curieux, voire inquisiteur du spectateur qui, inévitablement, focalise son regard sur l’image du peintre vêtu d’un pull-over de couleur noire et qui affiche une mine à la fois figée, inquiète et sérieuse. Le visage du peintre est allongé et parsemé de traits gravés par le passage du temps. Ses joues sont creuses. Il fronce les sourcils. Ses cheveux sont noirs et abondants, signe de bonne santé et de jeunesse. Son nez est long et fin. Ses lèvres fines sont entourées d’une moustache noire et fournie.
La position en biais met en perspective le côté droit du buste du peintre qui brandit sa main droite face au regard du spectateur, qui se délecte de ce portrait suscitant à la fois des questionnements, de l’admiration et de la sympathie à l’encontre du peintre et de sa main tendue, détachée du bras et du poignet. Dans cette composition, la main a un triple symbole.
Primo, pour le peintre qui a été amputé d’un bras, cette main est le symbole de la survie. Car, c’est cet organe qui lui permet de toucher, de manipuler des objets et de s’affirmer en tant qu’être humain.
Secundo, la main représentée à travers cette toile constitue son «outil» de travail. C’est l’instrument par lequel il accomplit son geste créateur et ce, en peignant, en dessinant, en traçant, en écrivant… C’est le moyen grâce auquel il existe en tant qu’artiste, créateur d’un univers pictural personnel et singulier.
Tertio, cette main, de taille petite, peinte (en fait par apposition de sa propre paume sur la toile) au gré de l’inspiration du peintre peut être appréhendée comme un rempart contre les regards envieux ou hostiles. Ouverte, les doigts pointés vers le haut, la paume tournée face aux regards curieux et surpris, telle une khamssa, la main incrustée dans le tableau est utilisée pour sa fonction protectrice et porte-bonheur.
A la lumière de cette approche, le peintre attribue à la main le rôle d’une amulette ou encore d’un talisman dont l’objectif est d’éloigner le mauvais œil. Le recours à cette croyance populaire, qui puise son essence dans la superstition, fait appel à deux remarques. D’une part, c’est le biais par lequel le peintre introduit une note d’humour et ainsi une complicité et une connivence avec le spectateur. D’autre part, par cette attitude, le peintre défie, nargue et provoque le regardeur pour qui il pose en adoptant une posture solennelle.
Ainsi, l’utilisation de la main comme moyen de protection contre le regard extérieur est le biais par lequel le peintre met en scène l’aspect provocateur de son caractère. Parallèlement à la main qui vient élargir le sens de la composition picturale, le peintre enrichit sa création en intégrant au milieu de sa toile des écritures inscrites au pinceau et à la peinture. «A Zoulikha et Djaâffar Inal puisque cette gueule ne m’appartient plus», écrit-il aux amis à qui il dédie ce tableau. A travers cette œuvre, enrichie du symbole de la main et des écritures qui expriment de l’affection à l’égard d’un couple d’amis, Issiakhem émerge comme un homme généreux, qui a le sens de l’amitié, du don et de la reconnaissance.
Cette toile, sur fond neutre, met en évidence un autoportrait d’un point de vue psychologique. Intemporelle, elle constitue et continuera à constituer un précieux témoignage de soi. Pour la postérité ! (El Watan-12.02.2011.)
Autoportrait II. Format : 92,5 x 45,5 cm. Technique , peinture à l’huile sur draps (1976)
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Issiakhem,ce pionnier de l’art moderne algérien
*Publication. M’Hamed Issiakhem, à la mémoire de…
Un legs inestimable
A l’occasion du 25e anniversaire de la disparition du talentueux artiste peintre M’hamed Issiakhem, l’institution muséale d’art moderne et contemporain, le Mama, a édité un beau livre de référence intitulé M’hamed Issiakhem, A la mémoire de…
L’ ouvrage publié sous la direction de Djaâfar Inal, l’un des fidèles compagnons du regretté artiste peintreM’hamed Issiakhem renferme des textes signés par l’ancienne conservatrice du Musée national des beaux-arts d’Alger, Mme Malika Dorbani
Bouabdellah et des photographies de Boualem Hammouche. A travers ce beau livre en couleurs de 104 pages, le potentiel lecteur ne peut être qu’admiratif devant cette sélection d’œuvres picturales, accompagnées de commentaires constructifs. Dans un genre de texte introductif intitulé «Issiakham entre épopée et conjoncture», Malika Dorbani Bouabdellah souligne que le regretté peintre compte parmi les artistes qui ont incarné, par le biais de la peinture, le rêve de modernité et de renouveau que l’indépendance de l’Algérie en 1962 promettait de réaliser.
«Vivant, Issiakhem s’acharnait lui-même à porter haut cet exercice qui retombait chaque fois sous le poids de la vacuité du débat… La méthode des sciences comparées serait légitime si, élaborée selon les critères objectifs, elle nous révélait les inconnues de leur art. Heureusement, leurs œuvres les sauvent de la mort, en soumettant au jugement les valeurs et les qualités intrinsèques qu’elles véhiculent. Les temps changent et le regard s’émancipe aussi malgré les vents sporadiques et contraires à son envergure». La peinture de M’hamed Issiakhem découle de la douleur et de la souffrance. Ses œuvres parlantes témoignent d’un vécu poignant. M’hamed Issiakhem excellait dans les portraits.
Dans ses portraits photographiques de la première période, écrit Malika Dorbani Bouabdellah, «c’est un jeune homme aux yeux de lynx et au regard perçant, heureux, crevant l’intelligence, de désir, de rage de vaincre et de posséder, comme s’il scandait avant l’heure les poèmes de Kateb Yacine. Il ne tardera pas longtemps à rencontrer ce dernier, à devenir son ami et à s’inspirer de lui. Dans cette photographie, le regard de la jeunesse algérienne s’éveillait au nationalisme». Dans une autre photo de famille apparemment heureuse, détaille l’auteur, on aperçoit Issiakhem enfant bien portant dans une pose déjà caractéristique, la main gauche sur la hanche.
Dans une autre photographie de groupe, explique-t-elle, on est en face d’un adolescent de vingt ans à l’allure exubérante.
La peinture de M’hamed Issiakhem connaîtra différentes déviations multiformes à Paris. Il intègre l’Ecole des beaux-arts de Paris en 1953. En témoigne son certificat de scolarité. «On retrouve dans ses œuvres un écho de la figure féminine, de l’expressionnisme, de la monochromie, des tons et des pâtes modulées, ainsi que les tendances sarcastiques de ses deux professeurs, Raymond Legueult et Edouard Goerg», lit -on en page 39.L’artiste peintre est décédé le 1er décembre 1985 à l’âge de 57 ans, en laissant derrière lui un legs inestimable. Pour la spécialiste Malika Dorbane Bouabdellah, Issiakhem a inauguré son entrée sur la scène artistique avec son premier autoportrait et avant de partir, «il a fait ses adieux exactement de la même façon, par le biais d’un ultime Autoportrait III. Il s’en allé en nous gratifiant d’un dernier regard, non plus le reflet de lui-même comme d’habitude, ni pour un bilan définitif ou une sublimation désormais inutile. Il se retourne vers nous, à moitié informe, décharné et sans énergie».
Il est à noter que l’«Autoportrait III» est l’une des œuvres majeures de l’artiste peintre à Alger, peintes entre deux séjours parisiens lors de ses douloureuses séances de chimiothérapie.M’hamed Issiakhem, A la mémoire de… est un beau livre de référence, qui sera d’un apport incontestable pour la génération actuelle et future, voulant en savoir davantage sur ce artiste hors pair qui était en avance sur son temps.(El Watan-18.01.2011.)
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* Issiakhem,ce pionnier de l’art moderne algérien
L’Ecole des beaux-arts d’Azazga abrite, jeudi prochain à partir de 9h30 (10.12.09.), une conférence qui portera sur le thème du dessin et de l’illustration de presse, pour lesquels M’hamed Issiakhem a consacré une partie de sa vie. Rappelons qu’aux Beaux-arts d’Alger, il s’agissait d’aborder le contexte social et politique dans lequel a évolué l’artiste. Ces repères historiques sont essentiels pour saisir le personnage et comprendre ce qui a forgé l’homme et l’artiste qu’il fut, nous dit-on. La présence d’un témoin de l’époque constitue le dénominateur commun de ce cycle de conférences. «Point essentiel car ces témoins, de plus en plus rares, ont la particularité d’avoir côtoyé l’artiste et ont été des acteurs actifs de la période concernée. Ces conférences sont, au-delà du partage avec la population, l’occasion de recueillir ces témoignages qui seront préservés et mis à la disposition de tous par le biais de la fondation en cours de construction», affirment Djamila Kabla, une des initiatrices du projet. Aussi, fait-elle souligner, prendra part à la conférence d’Azazga Ziad Mohand Saïd alors journaliste à Alger Répbulicain, qui a côtoyé Issiakhem et Kateb. Cette conférence donnera ainsi l’opportunité aux participants d’échanges avec un acteur significatif de cette aventure journalistique. Au-delà d’Issiakhem, cette conférence rendra hommage à cet art particulier qu’est le dessin et à ceux qui le pratiquent. Pour celà, le caricaturiste le Hic et Djamal Lounis contribueront à mieux cerner cet art. «Aborder Issiakhem par le dessin de presse permet une entrée progressive dans l’univers de celui qui marquera l’art contemporain algérien. On y trouve l’essentiel de ce qui fera la particularité de l’artiste, le souci d’être intelligible par son peuple et l’engagement d’un homme soucieux de ne pas rester spectateur de l’histoire en marche», fait remarquer Mme Kabla. La conférence s’intéressera également au dessin de presse qui sert à prendre, de façon concise et la plus originale possible, le pouls de la société en relevant son actualité avec un seul coup de crayon incisif et mordant. Enfin, il sera question de l’engagement de l’artiste Issiakhem, éternellement «fidèle à ses convictions», et rompu à «ces tiraillements dans un processus complexe de construction de l’Algérie postcoloniale», toujours debout contre le silence quel qu’il soit. L’un des fondateurs de la peinture moderne en Algérie, M’hamed Issiakhem, né en 1928, est de 1947 à 1951 à Alger élève de la Société des beaux-arts puis de l’École des beaux-arts d’Alger et suit les cours du miniaturiste Omar Racim. De 1953 à 1958 il fréquente l’École des beaux-arts de Paris où il retrouve Kateb Yacine – les deux artistes demeureront inséparables. En 1958 Issiakhem quitte la France pour séjourner en RFA puis résider en RDA. En 1962, boursier de la Casa de Velázquez de Madrid, Issiakhem rentre en Algérie. Il est alors dessinateur au quotidien Alger Républicain. En 1963, il est membre fondateur de l’Union nationale des arts Plastiques, de 1964 à 1966 chef d’atelier de peinture à l’ École des beaux-arts d’Alger puis directeur pédagogique de l’École des beaux-arts d’Oran. Il illustre alors plusieurs oeuvres de Kateb Yacine. En 1967 il réalise avec lui un film pour la télévision, Poussières de juillet, en 1968 les décors du film La voie, de Slim Riad. En 1971 Issiakhem est professeur d’art graphique à l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger et crée les décors pour le film Novembre. Il voyage en 1972 au Vietnam et reçoit en 1973 une médaille d’or à la Foire internationale d’Alger pour la décoration du stand du ministère du Travail et des Affaires sociales. De 1973 à 1978, Issiakhem est dessinateur de presse. Il dirige en 1977 la réalisation d’une fresque pour l’aéroport d’Alger. Le ministère du Travail et des Affaires sociales publie à Alger une plaquette dont Kateb Yacine écrit la préface sous le titre Issiakhem, Œil-de-lynx et les Américains, trente-cinq années de l’enfer d’un peintre. En 1978 Issiakhem séjourne quelques mois à Moscou et reçoit en 1980 le Premier Simba d’Or (Lion d’Or) de Rome, distinction de l’Unesco pour l’art africain. Il meurt le 1er décembre 1985 à la suite d’une longue maladie. Il laisse une oeuvre plastique magistrale. (L’Expression-09.12.09.)
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