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Rendez le pouvoir au peuple
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* 2éme anniversaire du Hirah et de contestation populaire pacifique inédite
*Le 22 février 2019, le peuple a sauvé l’Algérie et sa Révolution récoltera les fruits escomptés
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Des centaines de milliers d’Algériens dans les rues : L’Algérie gronde
Lundi 22 février 2021. C’est le deuxième anniversaire du hirak. Il est moins de 10h et Alger est bleue et grise. Un impressionnant dispositif de police quadrille la capitale. Un hélico fait un boucan dans le ciel. Une pluie ininterrompue tombe depuis le matin. Avec le P comme «police» et le P comme «pluie», on se dit que ce n’est pas un jour pour sortir. Pourtant, on parle avec insistance d’un retour du hirak.
En traversant la rue Didouche Mourad, jusqu’à la place Audin et la Grande-Poste, il n’y a pas la moindre velléité «d’attroupement non armé», comme dit la formule judiciaire. Des fourgons de police partout. Des agents, en uniforme ou en civil, sont disséminés dans les moindres recoins. Des grésillements de talkies-walkies, des sirènes des voitures de police qui filent à tombeau ouvert confortent cette impression de ville assiégée. Alger est comme en état de siège.
Nous coupons par l’hôpital Mustapha pour gagner le 1er Mai (ex-Champ de manœuvres). Chemin faisant, nous croisons Mustapha Atoui, président de l’Association nationale de lutte contre la corruption, accompagné d’un autre militant.
Les deux activistes revenaient du Ruisseau où ils avaient pris part à l’une des premières manifs de la journée. «Nous étions à peu près 200 personnes. Cela fait trois mois qu’on prépare cette action. On a préféré éviter le centre-ville et lancer notre marche à partir du Ruisseau. On a réussi à faire entendre notre voix. Il y avait des gens qui klaxonnaient.
Mais la police est intervenue et il y a eu pas mal d’interpellations», témoigne Mustapha Atoui. Sur les réseaux sociaux, on alertait sur des arrestations du côté du Hamma. Nous apprendrons également que Fethi Gheres du MDS a été interpellé à la Grande-Poste.
D’autres infos parlaient de groupes de manifestants qui venaient de Bab El Oued et la place des Martyrs. Nous rebroussons chemin. Direction : la Grande-Poste. Nous coupons par le marché Réda Houhou (ex-Clauzel) pour gagner la place Audin. L’horloge qui trône sur la place indique exactement 12h10. Des clameurs montent à ce moment précis.
Des cordons des forces antiémeute se déploient dare-dare, tandis que des cris fusent. A notre immense surprise, des jeunes, environ une centaine au départ, qui étaient arrivés de Bab El Oued, ont réussi à occuper un tronçon de la place Audin, à hauteur du café Les Capucines.
La foule commence à grossir, occupe la chaussée. Un scénario totalement imprévu au vu de la répression constatée plus tôt. Cela rappelle de façon troublante le scénario du 22 février 2019 : ce jour-là aussi, le matin, toutes les rues étaient bouclées, les premiers manifestants arrêtés, mais l’après-midi, devant la marée fulminante des frondeurs, les digues coercitives ont fini par céder. On voyait ainsi hier le périmètre de la place Audin se remplir rapidement.
La foule en furie scandait : «Dawla madania, machi askaria» (Pour un Etat civil, non au régime militaire), «L’istiqlal, l’istiqlal !» (L’indépendance), «Lebled bledna we endirou raïna» (Ce pays est nôtre et nous ferons ce qui nous plaît).
Les manifestants continuent à affluer en martelant : «Ma djinache bech nehtaflou, djina bech terahlou» (On n’est pas venus pour faire la fête, on est venus pour vous chasser). On entendait aussi : «Ma kan islami, ma kan ilmani, kayen issaba tesreq aÿnani» (Il n’y a ni islamiste ni laïc, il y a juste une bande de brigands qui vole au grand jour).
Nous remarquons la présence de Mohamed Tadjadit, le fougueux poète de La Casbah, parmi les manifestants. Nous en profitons pour recueillir ses impressions : «Le pouvoir prétend fêter le deuxième anniversaire du hirak.
Il veut le récupérer. Mais nous, on n’est pas venus pour festoyer, on est venus pour leur dire partez !» assène-t-il. Pour l’ex-détenu d’opinion, il ne fait aucun doute que «le hirak est toujours vivant, il n’a jamais abdiqué. Ce deuxième anniversaire est pour nous l’occasion d’affirmer notre détermination à les dégager. Ecoutez les slogans, ce ne sont pas des slogans de fête.
Les gens sont en colère». Mohamed se dit favorable à l’organisation du mouvement. Toutefois, il récuse le statut de «représentant du hirak», sauf «si le peuple le décide». «Je me soumets à la volonté du peuple. Le dernier mot lui revient. Moi je suis un homme de terrain, je ne suis pas fait pour organiser les marches. Mais l’organisation est forcément une bonne chose», argue-t-il.
Bientôt, la place Audin est noire de monde. Une marée humaine déferle sur la rue Didouche jusqu’à buter contre un autre cordon de sécurité, plus hermétique, formé à hauteur du cinéma L’Algéria. Les manifestants scandent tout le répertoire des chants et des slogans du hirak : «Klitou lebled ya esseraquine» (vous avez pillé le pays bande de voleurs), «Ya Ali Amar, bladi fi danger, enkemlou fiha la Bataille d’Alger» (Ali, mon pays est en danger, nous poursuivrons la Bataille d’Alger), «Ahna ouled Amirouche, marche arrière ma nouellouche» (Nous sommes les enfants de Amirouche, on ne fait pas de marche arrière), «We enkemlou fiha ghir besselmiya, we ennehou el askar mel Mouradia» (Nous continuerons notre combat pacifiquement et nous bouterons les militaires du palais d’El Mouradia»…
On pouvait entendre dans la foulée l’incontournable La Casa d’El Mouradia. Chair de poule. Sur l’une des pancartes brandies, ce message cinglant : «Des mains intérieures veulent le changement. Le hirak ne complote pas contre son pays.» Un autre écrit : «La feuille de route du système est dans l’impasse.»
Une dame résume ainsi les revendications du mouvement : «Les objectifs du hirak : un Etat de droit, la démocratie et l’indépendance de la justice.» L’admirable Amina Haddad proclame pour sa part: «Ceci est un hirak, pas un «talahoum» (cohésion, ndlr). ENTV & Co, ne mentez pas. Non à la falsification de l’histoire.»
La foule est transfigurée. La magie du hirak est revenue. Même la pluie s’est arrêtée. Une forte émotion se lit sur les visages, exaltés par ces retrouvailles tant attendues. Accolades fraternelles. Certains fondaient en larmes. «J’attendais ce moment sur des charbons ardents. Ça m’a tellement manqué», lâche un hirakiste chevronné. «Je suis aux anges.
C’est extraordinaire !» exulte Lyès, un jeune de trente ans, avant de nous confier : «2019 reste la plus belle année de ma vie !» D’aucuns se donnaient déjà rendez-vous pour aujourd’hui, mardi, en répétant ce mot d’ordre : «Ghadwa maâ etalaba» (demain avec les étudiants).
Dans l’esprit des manifestants rencontrés hier, le retour du hirak est désormais acté, se donnant d’emblée rendez-vous pour vendredi prochain. «Bien sûr que je sortirai vendredi. Il était temps», lance Abdelkader, la soixantaine, cadre dans les télécoms, avant d’ajouter : «Le pouvoir a fait ce qu’il voulait. Il faut que le hirak reprenne. C’est le seul espace d’expression que nous ayons pour dire notre mot.»
**Mustapha Benfodil – elwatan- mardi 23 février 2023
Deux ans après, quels sont les acquis arrachés par les Algériens ? L’espoir est-il permis pour l’avenir ? Le débat sur ces questions est lancé depuis plusieurs mois déjà.
Deux ans. C’est le deuxième anniversaire du mouvement populaire, appelé communément hirak, qui a ébranlé, un certain 22 février 2019, les fondements d’un régime, dont les tenants se croyaient éternels. Ce jour-là, des millions d’Algériens, dans un éveil citoyen qui a ébloui le monde entier, ont déferlé sur les rues du pays pour réclamer un changement radical du système, l’édification d’un Etat de droit et l’instauration d’une véritable démocratie.
Deux ans après, quels sont les acquis arrachés par les Algériens ? L’espoir est-il permis pour l’avenir ? Le débat sur ces questions est lancé depuis plusieurs mois déjà. Il y a d’abord un point qui fait consensus : le hirak a fait barrage à un mandat de trop au profit d’un Président impotent.
En effet, intransigeants et faisant preuve d’un haut degré de maturité politique, les manifestants ont réussi à déjouer les manœuvres du pouvoir de l’époque qui avait tenté de jouer la carte du temps en proposant la prorogation du 4e mandat, avant de suggérer une période de transition.
Peine perdue. Le hirak a maintenu la pression et contraint les tenants du pouvoir à céder. La présidentielle programmée pour le 18 avril de la même année a été annulée et le président Abdelaziz Bouteflika a été poussé à la porte de sortie, après vingt interminables années d’un règne sans partage. Mais ce que les Algériens croyaient être le début d’un processus de démocratisation du pays s’est transformé en un véritable cauchemar. La victoire est tronquée.
Dès la confirmation de la démission du chef de l’Etat, les tenants du vrai pouvoir, comme l’affirment de nombreux acteurs politiques, se sont mis en scène pour tracer leurs propres règles de jeu politique. Faisant fi de toutes les initiatives des partis d’opposition et des organisations de la société civile, ils imposent alors un passage «obligé» par l’élection présidentielle, au nom d’une «solution constitutionnelle».
Et ce n’est pas tout. Malgré le caractère pacifique du mouvement, les tenants du pouvoir n’ont pas hésité à enclencher la machine répressive. On a assisté alors à une vague d’arrestations et d’emprisonnements des militants politiques et des activistes du hirak.
La cible était particulièrement les acteurs les plus en vue : le moudjahid Lakhdar Bouregaa (décédé en 2020 des suites de la Covid-19), Karim Tabbou, Fodil Boumala, des militants de l’association RAJ, Samir Belarbi, et des porteurs de l’emblème amazigh… Des milliers de manifestants ont fait l’objet d’arrestation, et des centaines ont été présentés devant la justice et poursuivis pour divers chefs d’accusation. Ainsi, le hirak qui aspirait à plus de liberté est réduit, des mois durant, à réclamer la libération des détenus d’opinion.
Parallèlement à la campagne répressive, le pouvoir a renforcé son dispositif législatif limitant davantage les espaces de liberté. C’est ainsi que les réunions publiques, la libre expression, les manifestations sont carrément remises en cause. Les médias sont également fermés devant toutes les voix discordantes, revenant ainsi aux anciennes pratiques ayant prévalu par le passé. Et la situation ne fait qu’empirer. Mais l’aspiration au changement est toujours présente. Elle ne fait que se renforcer. *MADJID MAKEDHI – lundi 22 février 2023- elwatan
Liberté : Comment lisez-vous cette reprise du Hirak avec cette forte mobilisation, cela était-il prévisible ?
Louisa Dris-Aït Hamadouche : Pour moi, il n’y a pas de reprise du Hirak, parce que le Hirak ne s’est pas arrêté. Seules les manifestations ont été interrompues en raison de la crise sanitaire. Le reste des activités et des actions liées au soulèvement populaire s’est poursuivi par d’autres moyens. Elles se sont poursuivies sur les réseaux sociaux, les réseaux de solidarité pendant la crise de la Covid-19, à travers le soutien aux détenus politiques et d’opinon, à travers les initiatives qui sont apparues ces derniers mois.
Aujourd’hui, on observe des manifestations populaires, le jour symbolique de la date-anniversaire du déclenchement du Hirak. Ce qui est important à travers ces manifestations et toutes ces activités au sein du Hirak depuis février 2019, c’est effectivement cette revendication qui reste constante, à savoir l’amorce d’une transition démocratique ordonnée, qui aboutisse à un vrai changement, dans la préservation des institutions de l’État et de façon pacifique. De ce point de vue-là, le Hirak n’a pas changé d’un iota.
Les mobilisations du 22 février sont-elles un prélude à la reprise des traditionnelles manifestations du vendredi ?
C’est très difficile à dire. Mais ce qui me semble important, c’est que ces manifestations ont montré de façon visible, pacifique et civilisée que les revendications du Hirak n’ont pas changé.
Donc, pour moi, que les manifestations du vendredi reprennent ou pas, l’essentiel est de dire que toutes les mesures, toute la politique poursuivie depuis décembre 2019 n’ont absolument pas répondu aux aspirations du soulèvement populaire et qu’elles restent, deux ans après, aussi fortes qu’auparavant.
Quelles leçons peut-on tirer des marches qui ont eu lieu partout dans le pays ?
Contrairement à ceux qui pensaient qu’il avait pour but d’empêcher un cinquième mandat, il considère que changer de président, dans les mêmes conditions et selon les mêmes procédures, n’est pas acceptable. Le Hirak a une vision beaucoup plus globale, beaucoup plus profonde du changement politique.
Le Hirak veut une véritable transition démocratique. C’est ça le message des marches du deuxième anniversaire du mouvement.
Pensez-vous que ces fortes manifestations qui ont eu lieu à travers le pays vont influer sur les choix politiques du pouvoir ?
Le dispositif mobilisé pour empêcher les manifestations est une preuve que les autorités voulaient absolument les empêcher. Or, cela n’a pas été possible dans la capitale et les autres wilayas. Mais surtout dans la capitale, c’est très symbolique.
Le fait que ces manifestations se déroulent de manière pacifique montre qu’effectivement, elles étaient une source de pression supplémentaire. Cela devrait montrer aux autorités politiques que les choix qui sont faits depuis décembre 2019 ne peuvent, en aucun cas, résoudre la crise politique profonde que vit notre pays.
**Entretien réalisé par : LYÈS MENACER – Liberté – mercredi 24 février 2021
Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies a réclamé vendredi aux autorités algériennes de mettre immédiatement fin aux violences contre des manifestants pacifiques et d’arrêter les détentions arbitraires.
« Nous sommes très préoccupés par la détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie et par la répression continue et croissante contre les membres du mouvement pro-démocratique du Hirak« , a déclaré Rupert Colville, un porte-parole du Haut-Commissariat lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève.
Le porte-parole a fait état de « rapports crédibles » selon lesquels près d’un millier de personnes ont été poursuivies pour avoir participé au mouvement du Hirak ou pour avoir publié des messages critiques à l’égard du gouvernement sur les réseaux sociaux mais aussi qu’ »au moins 32 individus sont actuellement détenus pour l’exercice légitime de leurs droits fondamentaux, et certains d’entre eux sont passibles de longues peines, tandis que d’autres sont toujours en détention provisoire ».
Le Haut-Commissariat a aussi reçu « des allégations de torture et de mauvais traitements en détention, y compris de violences sexuelles ». Par conséquent, il appelle à cesser tout recours à la violence contre des manifestants pacifiques et « à mettre un terme aux arrestations et détentions arbitraires ».
Le Haut-Commissariat a toute une série de demandes pour le gouvernement algérien, à commencer par « la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes arrêtées ou détenues arbitrairement pour leur soutien présumé au Hirak, et à abandonner toutes les charges retenues contre elles ».
L’agence onusienne, dirigée par Michelle Bachelet, demande aussi des enquêtes « rapides, impartiales et rigoureuses » sur les allégations de torture et de mauvais traitements en détention et elle enjoint les autorités algériennes à abroger les textes qui sont utilisés pour poursuivre des personnes qui ne font qu’exprimer leur opinion et exercent leur droit de réunion pacifique.
Le Haut-Commissariat accuse les forces de sécurité algérienne d’un usage excessif de la force. Il estime que des centaines d’individus ont été arrêtés depuis la reprise des manifestations le 13 février 2021.
Cette situation fait écho à ce qui s’est produit en 2019 et 2020, lorsqu’au moins 2.500 personnes ont été arrêtées ou détenues dans le cadre de leur engagement pacifique », souligne t-il.
De même, les procédures pénales engagées en 2019 et 2020 contre des militants, des défenseurs des droits de l’homme, des étudiants, des journalistes, des blogueurs et des citoyens ordinaires qui ont exprimé leur opposition se sont poursuivies pendant les deux premiers mois de 2021, constate encore l’institution onusienne.**AFP – vendredi 05 mars 2021
**vendredi 12 mars 2021
*vidéos: Répression à Oran : les policiers usent de force contre les manifestants pacifiques
Le 108ème vendredi du Hirak dans la capitale de l’Ouest, Oran, est encore une fois synonyme de répression, opérée par les forces de police dans les rangs des manifestants, sortis, encore une fois, en nombre dans les rues de la ville pour participer à la marche.
En effet, la rédaction de Radio M a appris, via son correspondant présent sur place, que la police a usé des bombes lacrymogènes et de la violence, afin de tenter de disperser les manifestants. Sur la vidéo amateur (publiée par un citoyen sur Facebook), l’on peut même voir des enfants pleurer au milieu de la foule, sous l’effet étouffant du gaz.
Des avocats et des militants politique, ont également été réprimés.*Radio M - vendredi 12 mars 2021
Les vendredis du Hirak dans la capitale de l’ouest du pays sont régulièrement émaillés de répression, celui d’avant-hier n’a pas dérogé à la# règle. Les victimes ont décidé cette fois-ci de porter plainte. La sûreté de wilaya, quant à elle, dément “tout usage de la violence”.
À l’occasion de la marche populaire de vendredi dernier, les forces de police d’Oran ne se sont, une nouvelle fois, pas montrées sous leur meilleur jour. Que ce soit à la place du 1er-Novembre avant le départ de la marche ou à proximité de la Direction de l’éducation où l’accès au siège de la wilaya a été bloqué, certains éléments des forces de l’ordre n’ont pas hésité à recourir à la violence contre des citoyens pacifiques.
Les vidéos et images publiées sur les réseaux sociaux vendredi soir sont éloquentes et ne souffrent aucune ambiguïté : un nonagénaire à la barbe blanche exhibant des hématomes sur le bras se plaint d’avoir été frappé, des jeunes et moins jeunes ont été pris de malaises pour avoir inhalé du gaz lacrymogène, des femmes pleurent en se frottant les yeux pour atténuer la douleur des brûlures…
“Cette fois encore, certains policiers ont dépassé les bornes, ces dérapages et cette hogra doivent cesser immédiatement”, a dénoncé Me Ahmed Mebrek qui a lui-même reçu un coup de bâton à l’arrivée du cortège à proximité du rond-point du lycée Lotfi. “J’avais déjà été bousculé à la place du 1er-Novembre, mais là, c’est un policier qui m’a mis un coup de trique vicieux”, a-t-il précisé.
À la place d’Armes, au cours d’un des nombreux face-à-face qui avaient opposé des hirakistes décidés à marcher et le cordon des forces de l’ordre qui interdisait l’accès au boulevard Émir-Abdelkader, un policier a soudain aspergé les manifestants de gaz lacrymogène provoquant la panique dans la foule. Beaucoup de personnes se trouvant mal se sont écroulées sur les pelouses, alors que des jeunes accouraient pour leur porter secours.
“Un homme m’a tiré en arrière, mais j’avais déjà reçu du gaz. Je n’arrivais plus à respirer et il m’a fallu du temps pour retrouver mon souffle”, témoigne Farid Khemisti, un autre avocat proche du Hirak qui a subi la violence policière. Étendu sur le sol, un quadragénaire avait quasiment perdu connaissance. Il répondait par monosyllabes à un jeune qui l’interrogeait sur son identité et son lieu de résidence.
Un peu plus loin, des femmes avec des enfants maudissaient la police et son manque d’humanité face à des citoyens innocents et inoffensifs. Plus tard, on apprendra que Kaddour Chouicha, vice-président de la Laddh, avait été violenté par un policier.
“Il l’a étranglé pendant plusieurs secondes jusqu’à ce que le pauvre tombe par terre”, s’est insurgé un témoin. Une demi-heure plus tard, à hauteur du rond-point du lycée Lotfi, le même Chouicha sera une nouvelle fois pris par surprise par d’autres policiers. “Il a pris un coup dans les parties intimes qui l’a mis à terre. Son fils qui a tenté de le secourir a également été violenté jusqu’à ce que les manifestants interviennent”, rapporte encore un témoin choqué.
Se tordant de douleur, le militant des droits de l’Homme a dû quitter la marche avant de se fendre d’un post sur Facebook dans lequel il rapporte sa douloureuse mésaventure et réitère sa détermination à poursuivre la lutte. Kaddour Chouicha annonce, par ailleurs, qu’il compte porter plainte contre l’officier qui l’a étranglé et le chef de sûreté de la wilaya d’Oran.
De son côté, Me Mebrek s’est fait délivrer un certificat médical qui doit accompagner son dossier de plainte contre les violences policières. L’avocat appelle toutes les personnes qui ont subi des violences à ne pas hésiter à porter plainte. “Les citoyens doivent apprendre à défendre leurs droits et leurs libertés qui sont consacrés par la Constitution algérienne et par les conventions internationales relatives à la protection des droits que l’Algérie a ratifiées”, dit-il en substance.
Si les Oranais ont réussi à marcher vendredi dernier, ils ont de nouveau fait l’objet d’une violence gratuite — vu le caractère pacifique de leur manifestation — et inutile parce qu’ils persistent à poursuivre la lutte pour le changement.
Dans un communiqué rendu public hier, la cellule de communication de la sûreté de la wilaya d’Oran dément les allégations rapportées par les réseaux sociaux sur l’usage de la violence lors de la marche de vendredi passé : “(…) Les services de la sûreté de la wilaya d’Oran démentent formellement l’usage de la violence et de gaz lacrymogène contre les citoyens, le vendredi 12 mars 2021 dans les rues d’Oran”, peut-on lire dans le communiqué qui considère que les informations véhiculées sur les réseaux sociaux sont fausses. *S. Ould Ali - Liberté – dimanche 14 mars 2021
À déplorer l’arrestation des deux fillettes âgées de 9 et 4 ans, embarquées en compagnie de leur père.
L’ensemble des activistes arrêtés vendredi, à Tiaret, dans le sillage du 108e acte du mouvement populaire pacifique, dont le coordinateur du Mouvement démocratique et social (MDS), Fethi Ghares, son épouse Messaouda Cheballah et l’activiste de Mostaganem, Dalila Touat, a été relâché dans la soirée, a-t-on constaté sur les lieux.
Nonobstant ce qu’il y a lieu de retenir de déplorable, c’est l’arrestation des deux fillettes Meriem et Khadidja Dahmani, âgées de 9 et 4 ans, qui ont été embarquées en compagnie de leur père Mohamed, un fidèle du Hirak. À ce sujet, ce dernier nous a déclaré ne rien comprendre aux agissements des policiers qui n’ont pas épargné l’innocence en piétinant la déontologie de sécurité à l’égard des enfants. “Avant de nous relâcher, on nous a présentés, certes, devant un médecin généraliste, mais les filles devaient être consultées par un psychologue car leur arrestation pourrait engendrer des troubles psychiques”, s’est-il lamenté.
Cependant, et heureusement que les deux anges étaient au top de leur mental le lendemain, l’arrestation des deux petites sœurs a polarisé la vox populi et a particulièrement fait réagir, sur les réseaux sociaux, les membres de sa famille et la plupart des citoyens qui ont eu vent de la triste nouvelle. Pour sa part, et parlant de ces arrestations, le coordinateur du MDS, Fethi Ghares, se dit outré par ce qu’il a vécu vendredi à Tiaret.
“Plus ignominieux que scandaleux ce qu’était la ville de Tiaret qui était émaillée d’un pur état de siège où l’on a procédé à des arrestations arbitraires et musclées, alors que ceux qui ont bradé les richesses du pays sont couverts et protégés”, dira-t-il.
“Je dirais que rien ne nous étonne dans la mesure où nous savons pertinemment que nous sommes gouvernés par la 3issaba qui nous recommande aujourd’hui de nous préparer pour des élections sans peuple.
Sinon, comment pouvez-vous concevoir ce qui se passe dans le pays où la voix du peuple est muselée en l’empêchant de s’exprimer et d’exercer son droit constitutionnel de revendiquer ses droits les plus naturels et légitimes”, a-t-il ajouté, non sans montrer son indignation quant à ce qu’a vécu la ville de Ksar Chellala où les citoyens sont poussés au suicide par des affairistes sans foi ni loi.
Le même sentiment d’affliction est perçu chez la plupart des autres activistes arrêtés puis relâchés, à l’image de Khadidja Belkhodja, elle aussi membre du bureau national du MDS, qui avoue avoir assisté à une véritable chasse à l’homme marquée par des interpellations arbitraires.
“Ce n’est pas la première fois que je subis un tel sort, mais même si je n’ai été victime d’aucun dépassement, je suis toujours affligée par ce comportement indigne en étant témoin de ces scènes de courses-poursuites des activistes à telle enseigne que même leurs enfants ne sont pas ménagés, comme c’est le cas de Meriem et de Khadidja”, s’est-elle lamentée. *SALEM REMANE - Liberté – dimanche 14 mars 2021
Personnage emblématique du Hirak dans la wilaya de Mascara depuis les premières heures, Hadj Ghermoul a, de nouveau, été interpellé vendredi l’occasion de la tentative avortée de la manifestation du vendredi dernier. Il a été arrêté et conduit au commissariat par les forces de l’ordre. Mais la particularité de cet événement réside dans la présence à ses côtés de son fils Zakaria, âgé tout juste de 7 ans, et qui est scolarisé en deuxième année primaire.
“Nous avons tenté d’entreprendre la marche à partir de la place Émir-Abdelkader, et Zakaria, drapé dans l’emblème aux couleurs nationales, se tenait à mes côtés. Après avoir empêché le départ du cortège, les forces de l’ordre m’ont embarqué avec mon enfant qui s’est retrouvé dans le fourgon de la police avec d’autres activistes du Hirak”, témoigne Hadj Ghermoul.
Celui-ci n’était pas seul car une dizaine d’autres activistes ont également été arrêtés et embarqués dans le fourgon de police. “Nous avons été retenus dans les locaux du commissariat durant 3 heures environ avec toujours Zakaria près de moi. Il était traumatisé par les scènes qui se sont déroulées avant, pendant et après notre arrestation.
J’ai refusé de signer le procès-verbal. En quittant le commissariat, on a été transportés à l’hôpital pour consultation avant d’être tous relâchés”, raconte Hadj Ghermoul. Au lieu de rentrer chez eux, les activistes du Hirak se sont retrouvés pas loin de la place Émir-Abdelkader et se sont mis à scander les slogans habituels du mouvement populaire “Algérie libre et indépendante” ou encore “Dawla cha3bia, machi 3askaria”.
À ce moment-là, la police est intervenue pour arrêter de nouveau les activistes du mouvement populaire dont Hadj Ghermoul qui était en compagnie de son fils. “Zakaria n’a pas été embarqué, mais a suivi en courant le fourgon de police dans lequel nous étions, et a failli être renversé par un autre véhicule. Après près de deux heures de garde à vue, nous avons été libérés, mais mon fils ne se sentait pas bien. Il a été emmené chez un médecin qui l’a examiné et lui a prescrit un traitement”.
Selon les marcheurs, outre Zakaria, un autre activiste a été arrêté alors qu’il était en compagnie de son enfant Anfel, âgée de 4 ans, laquelle a tout vu et est également sous le choc. “Aujourd’hui (samedi) Zakaria va mieux. Il a retrouvé l’ambiance familiale et joue avec ses cousins venus avec leurs parents pour s’enquérir de ses nouvelles.
Toutefois, je compte le conduire chez un psychologue, et la marche à suivre dépendra des résultats de l’expertise. En cas de complications, je saisirai un avocat”, assure Ghermoul. Plusieurs activistes du Hirak ont manifesté leur solidarité à Hadj Ghermoul en lui rendant visite chez lui.* Liberté – dimanche 14 mars 2021
Le RCD a appelé hier à la vigilance après l’agression et l’intimidation dont ont été victimes certains journalistes couvrant la marche de vendredi à Alger. “Le RCD, fidèle à son combat pour la consécration des libertés et l’expression de la diversité, appelle à la vigilance et condamne toute violence. Il réitère son soutien aux journalistes et à la presse dans l’exercice de cette noble mission”, écrit le RCD dans un communiqué rendu public.
Selon le parti de Mohcine Belabbas, le droit à l’information et à la libre expression est consacré et doit être défendu avec “vigueur par tous”. “Le déni du droit à l’information et la transformation des médias inféodés en organes de propagande désignent comme cible toute expression indépendante et ouvrent la voie aux aventuriers de tous bords. Le caractère pacifique de la révolution ne convient pas aux abonnés à l’intrigue”, soutient-il. “Il faut à tout prix sauvegarder cet acquis de la révolution populaire pour faire triompher ses revendications”, souligne-t-il encore.
Pour sa part, l’association RAJ a salué et exprimé son soutien aux journalistes “libres qui exercent professionnellement leur profession malgré les pressions et le black-out médiatique imposés par l’autorité”. “Nous ne pouvons pas construire un État de droit, de démocratie et de libertés sans garantir et respecter la liberté de la presse”, estime cette association.
Plusieurs journalistes et photographes ont été ciblés vendredi par des individus présentés comme des “baltaguis” et dont l’identité reste à établir. *Liberté – dimanche 14 mars 2021
Fidèles à leur rendez-vous hebdomadaire, les hirakistes de Kherrata sont sortis, hier, dans la rue pour réitérer leur détermination à poursuivre leur combat pacifique jusqu’à l’aboutissement des revendications de la révolution populaire en cours depuis le 16 février 2019. Rejet populaire de l’agenda électoral du pouvoir, changement radical de système politique et instauration d’un véritable État démocratique et social : ce sont là les principaux mots d’ordre de la 108e marche organisée, hier, dans la ville historique de Kherrata, devenue malgré elle, l’épicentre du mouvement populaire.
Comme à l’accoutumée, les manifestants, munis qui du drapeau national, qui de l’emblème amazigh, se sont retrouvés, vers 10h, à la symbolique place du 16-Février, sise à la sortie sud de la ville avant que la marche ne prenne, quelques minutes plus tard, la direction du centre-ville aux cris de “Ulac l’vote ulac !” (pas de vote), “Makanch intikhabat m3a el-îssabat” (pas d’élections avec les bandes mafieuses), “Echaâb yourid isqat enidham” (le peuple veut la chute du régime), “Système dégage” ou encore “Dawla madania matchi askaria” (pour un État civil et non militaire)…
Tout le long du parcours, sur l’artère principale de la ville, les manifestants n’ont pas cessé de réaffirmer leur rejet de toute échéance électorale organisée par un pouvoir “illégitime”, affirmant que les élections législatives annoncées pour le 12 juin prochain devront connaître le même sort que celles du 12 décembre 2019 et du référendum constitutionnel du 1er novembre 2020. “Ma votina ma 3ndna raïs” (nous n’avons pas voté, nous n’avons pas de président), ont-ils scandé, dans une allusion à la forte abstention enregistrée dans la région, lors de l’élection présidentielle du 12/12.
Arrivés sur la place de la mairie au centre-ville, point de chute de la manifestation, les hirakistes ont organisé un rassemblement pendant plusieurs minutes en reprenant en chœur tous les slogans phare du Hirak, avant de se disperser dans le calme. Rendez-vous est pris pour samedi prochain. *KAMAL OUHNIA - Liberté – dimanche 14 mars 2021
La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a averti hier contre les “dérives” que peut engendrer l’organisation des élections législatives anticipées, prévues le 12 juin. Lors de sa prise de parole, à l’ouverture des travaux du comité central du PT, à Alger, Louisa Hanoune a estimé que ces élections, qui interviennent dans un contexte politique, social et économique explosif, ne feront qu’aggraver la situation du pays et la crise multidimensionnelle qui frappe de plein fouet des pans entiers de la société.
“La convocation, par le chef de l’État, du corps électoral, en prévision des prochaines élections législatives anticipées, pose plusieurs interrogations d’autant que le contexte dans lequel cela intervient est porteur de dangers et de menaces”, a affirmé la pasionaria du PT avant de s’interroger : “La prochaine élection législative réglera-t-elle le problème de représentation politique du peuple qui lui est déniée depuis 1962 ? Les prochaines élections régleront-elles la crise multidimensionnelle que vit le pays ? Régleront-elles la crise politique latente du régime ? Cette élection apportera-t-elle des solutions pour les citoyens écrasés par les multiples crises ? Cette élection mettra-t-elle fin à la grande corruption ? L’organisation de ces législatives mettront-elles fin à la répression institutionalisée ? Mettra-t-elle fin à la propagande du pouvoir ?” La réponse, affirme Louisa Hanoune, est “non”.
Bien au contraire, estime-t-elle, cette élection n’est qu’une autre fuite en avant du régime dont le seul souci est son maintien coûte que coûte. “Il n’y a aucun Algérien — ouvrier, chômeur, femme, jeune — qui soit convaincu de ces élections”, dit-elle encore avant de soutenir que le processus électoral engagé par le régime, depuis la chute de l’ancien président Bouteflika, à ce jour, n’a d’objectif que le sauvetage du système.
“Depuis la chute de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, en mars 2019, le régime, dont le seul objectif est sa survie, a engagé un processus électoral qui a d’ailleurs très vite montré ses limites”, affirme-t-elle, en voulant pour preuve le rejet, par l’immense majorité des Algériens, de la précédente élection présidentielle et du référendum pour la nouvelle Constitution dont les taux de participation ont été historiquement bas.
Dans sa prise de parole, Louisa Hanoune s’en est également prise aux dirigeants les accusant de vouloir “caporaliser” et “contrôler” tous les instruments institutionnels par la création d’entités et d’associations civiles fantoches. “La création de Nida El Watan, une association et parti composé d’une majorité de personnes issues des rouages de l’administration n’est que la preuve que le système ne veut pas changer ses pratiques anciennes servant à étouffer toutes les voix démocratiques et libres”, fulmine Louisa Hanoune qui, par ailleurs, a alerté sur le danger de ses “dérives récurrentes”.
Évoquant la nature “répressive” du système, la patronne du PT a dénoncé la répression des journalistes, vendredi, lors des marches populaires à Alger. “S’en prendre aux journalistes lors de l’exercice de leur métier est grave.
Ces groupes occultes qui ont agressé hier (vendredi, ndlr) plusieurs journalistes sont des baltaguis. Depuis le début du Hirak, en 2019, les marches ont été organisées dans un pacifisme exemplaire. Pourquoi ces violences interviennent-elles après la convocation du corps électoral ?”, s’est interrogée Louisa Hanoune qui a rappelé, en outre, que même l’ONU a épinglé l’Algérie en raison des multiples atteintes aux droits de l’Homme.
“Si l’Algérie a été épinglée par l’ONU, c’est parce que c’est le régime en place qui a conduit à cette situation. C’est l’entêtement du régime à vouloir perpétuer ses pratiques de répression qui met aujourd’hui l’Algérie en danger et la livre à toutes les interventions étrangères”, dénonce Louisa Hanoune. *Karim Benamar - Liberté – dimanche 14 mars 2021
Le Front de forces socialistes (FFS) a averti, hier, dans un communiqué de l’instance présidentielle, contre toute “dérive” du pouvoir face aux manifestations populaires, à travers tout le pays, au moment où le contexte de crise socioéconomique risque d’alimenter davantage la révolte des Algériens.
“Les revendications légitimes des Algériens pour un État souverain, fondé sur la légitimité populaire et ancré sur la justice sociale, le respect des droits de l’Homme, les pluralismes politique et linguistique, et l’émancipation économique”, si elles continuent d’être “ignorées”, prévient le parti de l’opposition, risquent d’alimenter encore davantage la fronde sociale “avec plus de détermination et d’intransigeance”.
Tout en rappelant l’exemplarité de la mobilisation citoyenne de millions d’Algériens, le document dénonce “le caractère autoritaire du régime” et le “mépris” qu’il affiche face à ce soulèvement pacifique et inédit.
“Cette ignorance, qui frise le mépris de la volonté populaire, se manifeste par le renforcement du dispositif répressif, l’instrumentalisation de certains médias et le rejet systématique de toutes les initiatives politiques de sortie de crise qui proposent des solutions concrètes et consensuelles pour désamorcer ce contexte particulièrement explosif”, lit-on dans le communiqué de l’instance présidentielle.
Brossant un tableau peu reluisant de la situation du pays, le FFS s’inquiète de l’“immobilisme du régime”, incapable, selon lui, de répondre aux préoccupations des Algériens.
“Au moment où la situation socioéconomique et le mode de vie de pans entiers de la société algérienne se dégradent dangereusement et deviennent insupportables pour le plus grand nombre, le régime se cantonne dans un immobilisme destructeur qui pousse à la révolte, alors qu’une telle situation exige des actions fortes, notamment sur le plan politique.”
Le FFS, rappelle-t-on, qui a pris part aux consultations initiées par le chef de l’État, le 14 février dernier, a appelé à des mesures d’apaisement et à des gestes à même de rassurer les Algériens, notamment en ce qui concerne la libération des détenus d’opinion.
Dans son communiqué d’hier, le plus vieux parti de l’opposition semble un cran plus critique et virulent vis-à-vis du pouvoir. “Le FFS considère que le contexte politique national actuel ne peut plus supporter d’autres dérives autoritaires et d’autres échecs.
Notre pays et notre peuple méritent de prétendre légitimement à un destin politique et socioéconomique stable et prospère”, écrit l’instance présidentielle du parti qui appelle, par ailleurs, le pouvoir en place à s’engager sur la voie du changement.
“Le FFS somme les tenants du pouvoir à s’engager sérieusement, pour l’intérêt suprême de la nation, dans un élan patriotique de changement pacifique de l’ordre établi. Cet engagement devra être illustré par une volonté politique de créer un climat de détente et de confiance en faveur de ce changement”, indique le communiqué.
**K. BENAMAR - Liberté – mercredi 24 février 2021
Dans cette escalade, tout se passe comme si la violence physique était en train de venir en renfort à une répression judiciaire qui a montré les limites de son efficacité politique.
Sur le terrain, la rudesse avec laquelle sont parfois traités les manifestants est souvent appuyée par la vulgarité du propos. On le voit, ces faits de maltraitance s’observent à différents niveaux et sont d’une gravité variable, mais ils témoignent tous de la prégnance du sentiment d’impunité chez les personnels de répression. Peut-être y a-t-il là la conviction de bénéficier d’une prérogative d’arbitraire qu’ils doivent au fait de défendre un système contesté.
Ce droit, forcément tacite, à outrepasser les limites légales de l’acte de répression dont jouissent les forces chargées de repousser la contestation d’un pouvoir désavoué constitue, lui-même, une expression de la nature de ce système politique : ce recours au dépassement de la légalité est particulièrement courant dans le cadre de systèmes qui, parce qu’ils sont illégitimes et décriés, cultivent la répression politique. La délinquance de droit commun, qui n’est en général pas politiquement subversive, bénéficie, quant à elle, de bien plus de ménagement.
Dans ce contexte, la précarité judiciaire et physique frappe donc prioritairement l’opposant et l’activiste politiques et sociaux. Dans un État de droit, la justice n’est pas sous influence autoritaire ; elle protège alors le citoyen sans considération de son camp politique et contre tous les abus de toutes les institutions. Dans un État de droit toujours, le pouvoir n’est pas sous dépendance répressive et peut, lui aussi, veiller à l’intégrité du citoyen, ne serait-ce que parce que ce dernier est aussi électeur.
Dans l’État autoritaire, c’est le statut politique du citoyen qui constitue, selon le cas, sa première circonstance atténuante ou aggravante. Aux yeux du pouvoir comme aux yeux des instances chargées de l’ordre social.
Cette situation affaiblit le pouvoir politique et renforce le pouvoir répressif. Celui-ci se sent alors lui pousser des ailes et commence à en faire à sa tête. Dans le cas extrême, il peut se mettre à agir en pouvoir autonome.
Le risque, c’est qu’il finisse par se charger de concevoir le système de récompense-punition qui assure le mieux le contrôle du comportement politique du citoyen et la maîtrise autoritaire de la société. Parvenu à ce stade, le système aura évolué en État policier.*Publié par Mustapha HAMMOUCHE - Liberté – mercredi 24 février 2021
Les manifestations populaires qui ont eu lieu cette semaine dans plusieurs wilayas du pays ont démontré que le mouvement pacifique du Hirak ne peut être “binaire” ou ambivalent. Il ne peut, en effet, exister de Hirak à bénir et à idéaliser à travers un matraquage médiatique public qui ne trompe d’ailleurs personne, et un autre à diaboliser, à interdire et à essayer de réprimer par tous les moyens.
Le mouvement du Hirak, né il y a deux ans ; un certain vendredi 22 février 2019, est, par vocation, un sursaut révolutionnaire pacifique émanant naturellement du peuple et portant clairement, et sans la moindre ambiguïté, des revendications légitimes de changement radical de système politique.
Par la clarté de ses objectifs et de ses aspirations ; renouvelés et réitérés sans équivoque lors des marches pacifiques de cette semaine, le Hirak ne peut être qu’“un et indivisible”… En dépit même de toutes les sensibilités et diversités politiques, idéologiques, culturelles et géographiques dont il est issu et qui, à certains égards, lui confèrent justement sa portée historique, sa vigueur pacifique et sa résilience désormais indéniable.
Béni et authentique, le Hirak l’est incontestablement. Non pas comme voudraient le faire entendre certains discours qui tentent de l’altérer en le confinant dans quelques slogans creux pour le présenter comme devenu caduc après la chute de l’ancien régime. Le Hirak peut être uni et authentique surtout et avant tout par ses finalités claires de mouvement populaire non violent, revendiquant ni plus ni moins l’avènement d’un État de droit, d’une justice et d’une démocratie respectueuse des libertés et de la citoyenneté.
Plus qu’une célébration, le 22 février 2021 aura été un signal clair de résilience et de continuation pour le mouvement du Hirak, de par l’ampleur des marches qui ont marqué cette date. Celle des étudiants qui a suivi dès le lendemain n’a pas manqué de confirmer ce constat. Si ce n’était la répression dont ont fait acte les forces de l’ordre. Une répression qui du reste fait redouter une rupture définitive entre le peuple et ses gouvernants. *Publié par Akli REZOUALI - Liberté – jeudi 25 février 2021
La feuille de route initiée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ne semble pas convaincre les hirakistes de déserter la «rue» pour intégrer le processus politique en cours, comme les invitent à le faire ceux qui, au sein de la classe politique, ont décidé d’y adhérer.
Des milliers de personnes sont sorties à travers plusieurs wilayas du pays, à l’occasion du deuxième anniversaire du hirak, défiant ainsi les pronostics de ceux qui avaient parié sur sa fin. Même si cette journée du 22 février a coïncidé avec un jour «ouvrable», et non un vendredi, il n’en demeure pas moins que les foules étaient là. Il est fort probable, à cet effet, que les Algériens vont reprendre leurs marches hebdomadaires dès ce vendredi.
La feuille de route initiée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ne semble pas à cet effet convaincre les hirakistes de déserter la «rue» pour intégrer le processus politique en cours, comme les invitent à le faire ceux qui, au sein de la classe politique, ont décidé d’y adhérer.
Désapprobation
La mobilisation qu’a connue cette journée du lundi, après bien entendu les manifestations de Kherrata et Khenchela, est dans la droite ligne de la défection populaire, qui a marqué le référendum sur la Constitution du 1er novembre dernier, lequel a enregistré un taux de participation historiquement bas de 23,7%. Un «score» qui avait déjà, au moment des faits, poussé plus d’un à suggérer au chef de l’Etat de revoir sa stratégie.
Des «mesures» (en plus de la dissolution de l’APN, le Président avait également gracié de détenus d’opinion) qui n’ont pas empêché les Algériens de sortir en masse ce 22 février pour exprimer, toujours, leur rejet du «système» et, par conséquent, de la feuille de route du Président.
Tebboune va-t-il quand même maintenir son cap au risque de voir la même défection enregistrée lors du référendum se reproduire ? Ce qui ne ferait inéluctablement qu’amplifier le sentiment de rejet chez les hirakistes.
«Le pouvoir doit prendre acte de l’échec de sa feuille de route et amorcer en urgence un nouveau processus démocratique authentique en faveur de la satisfaction de la revendication du hirak : le changement démocratique et apaisé du système», a déclaré, à cet effet, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH).
Et d’ajouter : «Continuer à vouloir imposer son agenda contre la volonté du peuple, c’est exposer le pays à des risques certains d’instabilité et de délitement. Le pays est au bord de l’ingouvernabilité tant les institutions souffrent encore de carences en légitimité démocratique.» C’est cette «légitimité» bien entendu que le chef de l’Etat tente d’asseoir via sa feuille de route.
Ce qui ne semble pas, jusque-là, avoir grand effet sur le hirak. D’autant plus que le discours «officiel» ne cesse, ces dernières semaines, d’évoquer des «complots» et «mains étrangères», lorsqu’il est fait référence au hirak, rappelant, jusqu’à une certaine mesure, les éléments de langage adoptés par l’ancien chef d’état-major de l’ANP, dans une entreprise visant certainement à dissuader les Algériens de reprendre la «rue».
Un procédé qui alimente beaucoup plus le «ressentiment» à l’égard du pouvoir que de contribuer à apaiser le climat.
Une «campagne» adossée à des champs, politique et médiatique, toujours fermés, où ceux qui s’opposent au processus politique en cours n’ont pas droit de cité.
Et c’est cette fermeture aussi qui annihile toute volonté allant dans le sens de l’émergence d’une «nouvelle» classe politique crédible, ou de la mise en branle de dynamiques existantes et «reconnues» dans le hirak qui puissent être une passerelle pouvant contribuer au règlement de la crise. La feuille de route actuelle sera-t-elle ainsi maintenue si la pression de la rue augmente dans les semaines à venir ?
Pour l’heure, rien n’indique que le pouvoir en place est disposé à y apporter le moindre changement. Mais rien n’est à écarter.
Devant une situation socioéconomique qui se dégrade de jour en jour, avec les risques d’explosion sociale que cela engendre, il y va de l’intérêt de tous de rechercher un consensus pour enclencher un processus apaisé, visant à solutionner une crise qui dure maintenant depuis deux ans.* ABDELGHANI AICHOUN – elwatan- mercredi 24 février 2021
Dans ce livre paru ce mois-ci aux éditions El-Amel à l’occasion du l’an II du Hirak, l’auteur revient sur la situation actuelle du pays, qui est, écrit-il, “jusqu’à aujourd’hui régi par un système qui ne répond pas aux aspirations du peuple”. Les jeunes appartenant à cette “génération désenchantée” sont pourtant le moteur de la révolution. Et c’est dans les tribunes des stades que leur “ras-le-bol” trouve écho.
“Les Algériens et les Algériennes comme un seul homme, comme un sursaut de dignité, dans un volcan dormant, se sont levés pour crier leur ras-le-bol du pouvoir en place”, écrit Jugurtha Abbou dans cet essai publié à l’occasion du 2e anniversaire du Hirak, aux éditions El-Amel.
L’auteur du livre affirme d’emblée que la révolution populaire du 22 Février a effacé des mentalités la notion de “petit peuple”, de même qu’elle a consacré la distinction entre “l’élite” qui est au service du peuple et celle tentée par les appétits du pouvoir.
Jugurtha Abbou évoque également cet espoir d’une nouvelle Algérie, rêvée par une nouvelle génération éprise de liberté et de justice. “Qui sont ces jeunes qui ont défié la terreur et brisé le mur de la peur ?”, s’est demandé l’auteur et pour qui “ces jeunes n’ont pas d’appartenance politique et ils ne veulent pas en avoir, même s’ils se rangent affectueusement du côté islamiste ou démocrate, sans toutefois s’identifier à l’une de ces idéologies”.
Dans cet essai, Jugurtha Abbou a estimé que cette nouvelle génération est toutefois différente de la génération des années 80 et 90. “Ils n’assistent pas aux meetings et conférences et ne reçoivent pas les orientations politiques des mosquées. Leur refuge, c’est le stade. C’est dans les tribunes qu’ils ont appris à dénoncer le régime”, a-t-il affirmé, en donnant comme exemple le chant La Casa del Mouradia, chanté dans les stades et devenu même un chant qui a longtemps rythmé le Hirak.
Cependant, a ajouté l’auteur, ils ont pour références historiques les Amirouche, Ali La Pointe, Abane, Bouhired et autres. À travers ces figures symboliques, écrit Jugurtha, “ils se plaignent de l’injustice qui s’érige en maître, et de la corruption qui s’étend jusqu’au cafetier du quartier”. Abordant le volet politique, Jugurtha Abbou estime que l’Algérie est régie par un système qui ne répond pas aux aspirations de Novembre. “A contrario, il a été assis depuis 1962 à nos jours sur l’autoritarisme et l’impunité comme seuls et uniques modes de gouvernance”, a-t-il considéré.
“À chaque revendication de changement, le peuple s’est heurté à une fin de non-recevoir brutale de la part des décideurs, au point de susciter un désespoir et une désillusion durables”, a-t-il poursuivi. Dans le même sillage, l’auteur explique qu’il est évident que le système aujourd’hui ne peut être ni démocratique ni social, du moment où les libertés individuelles et collectives sont plus que jamais menacées.
“Le peuple en a ras-le-bol des humiliations, ras-le-bol de la dictature, ras-le-bol des passe-droits et des injustices subies au nom d’une justice au téléphone, ras-le-bol qu’on lui nomme des responsables illégitimes et irresponsables, ras-le-bol qu’on conçoive à son insu des politiques servant à l’empêcher de faire de la politique”, a réagi Jugurtha Abbou dans cet essai qui résonne, en fait, comme un cri porteur de la voix d’une jeunesse en quête de changement. Pour rappel, Jugurtha Abbou est psychologue de formation.
Il intervient depuis dans différents médias, notamment Libre Algérie, pour traiter des questions d’ordre politique, social, économique et culturel. Hier, aujourd’hui, demain, l’Algérie est son deuxième ouvrage. *K. Tighilt - Liberté – mercredi 24 février 2021
*vidéo: HIRAK 53 ALGIERS ALGER -21 févr. 2020
*marches grandioses prévues pour ce deuxième anniversaire
la révolution qui a ébranlé le système
*Le Hirak est un état d’esprit
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*Algérie Debout
Le Hirak algérien : un laboratoire de citoyenneté
Depuis le 22 février, l’Algérie vit au rythme de mobilisations inédites. Des millions d’Algériens ont investi les rues du pays, pour s’opposer au cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, avant de revendiquer un changement radical de régime. Il en a résulté une inflation d’analyses visant autant à définir le phénomène – insurrection, crise, révolte, Hirak, révolution – (Hammouche 2019 ; Ferhani 2019) qu’à réfléchir à ses conditions d’émergence (Aziri 2019 ; Mohamed Aziz 2019). Certaines lectures expliquent ainsi le timing des mobilisations par l’opportunité politique qu’offrirait le moment électoral en contexte autoritaire ; d’autres soulignent le rôle des nouvelles technologies dans la structuration des réseaux qui articulent le mouvement ; d’autres encore expliquent les mobilisations par la dégradation des finances publiques et la corruption qui alimenteraient les griefs populaires ; certaines insistent enfin sur la contribution des jeunes et s’attachent à décrire l’avènement d’une génération politique débarrassée des traumatismes du passé et porteuse de renouveau démocratique.
Nous souhaitons compléter ces analyses en posant la question des expériences citoyennes que les mobilisations rendent possibles. L’objectif est moins de faire l’inventaire des conditions nécessaires à l’émergence du mouvement que de comprendre comment des figures citoyennes se forment et se révèlent, à mesure qu’elles fabriquent l’espace public qui les constitue. La citoyenneté est alors saisie par les pratiques sémiotiques des acteurs : la manière dont ils façonnent les catégories de leurs engagements publics, tracent les contours de leurs communautés et définissent le sens du bien commun.
Nous montrons plus spécifiquement que les mobilisations procèdent d’un souci de soi (Foucault 1984) qui se manifeste dans le déploiement d’une civilité urbaine. Les performances publiques des citoyens algériens contribuent, par l’autocontrôle et la maîtrise de soi, à démentir un discours officiel qui condamnait les manifestations au « chaos syrien ». Les citoyens puisent en outre dans un fonds commun de luttes pour la dignité, afin de rompre avec des figures de corruption que le régime avait fini par incarner (Hachemaoui 2011). Le roman national devient alors le support d’un processus de subjectivation politique qui accompagne la publicisation de l’espace public (Terzi et Tonnelat 2016).
Cette réflexion prend appui sur un matériau collecté en ligne : slogans et pancartes, vidéos des agoras citoyennes, entretiens accordés par les manifestants à des journalistes. Nous mobilisons également des données recueillies lors d’enquêtes de terrain réalisées entre 2012 et 2016, dans le cadre d’une recherche sur les émeutes en Algérie.
**Une histoire de luttes qui informe le présent
Les mobilisations des derniers mois s’inscrivent dans une longue histoire algérienne de lutte pour la dignité. Entamée après la Seconde Guerre mondiale avec le mouvement de libération nationale, qui devait mettre un terme au joug colonial français et constituer les Algériens en sujets politiques de plein droit, cette lutte se poursuit dès l’indépendance avec l’entrée en clandestinité de militants de gauche ou d’extrême gauche opposés au régime de parti unique (Metref 2017 ; Redjala 1988).
Dans les années 1970, Alger devient le lieu d’exil privilégié des révolutionnaires. L’ANC de Nelson Mandela, l’OLP de Yasser Arafat et les Black Panthers d’Eldridge Cleaver y trouvent refuge et assistance. L’Algérie soutient alors le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et interpelle les pays du Sud sur la nécessité de prendre leur destin en main (Deffarge et Troeller 1972).
Les années 1980 voient l’émergence d’un mouvement culturel berbère (MCB) revendiquant la reconnaissance officielle d’une identité amazighe, dépréciée par les tenants du nationalisme arabe (Temlali 2016). Les mouvements féministes s’amplifient également, portés par une opposition au nouveau code de la famille, accusé de confiner la femme algérienne au statut de mineur à vie (Belhouari-Musette 2006).
En dépit de la guerre civile des années 1990, les luttes n’ont jamais cessé, si bien que le premier mandat du président Bouteflika est marqué par d’importantes mobilisations en Kabylie, au printemps 2001, après la mort d’un jeune homme dans les locaux de la gendarmerie nationale. Ces mobilisations débouchent sur une plateforme de revendications exigeant alors le respect des libertés individuelles et l’approfondissement de la démocratie (Temlali 2003).
Qu’il s’agisse du cadrage des revendications ou des répertoires d’action, les marcheurs des dernières semaines ont largement puisé dans ce fonds commun de luttes, tantôt pour s’en faire l’écho, tantôt pour en tirer des leçons. C’est particulièrement évident dans la manière dont les symboles du roman national sont réinvestis : chants patriotiques, figures héroïques de l’indépendance, drapeau national comme signifiant d’un attachement indéfectible à la patrie.
« Un seul héros, le peuple », slogan fort du mouvement de libération national, se retrouve à nouveau écrit sur les pancartes. Les portraits de Larbi Ben’Mhidi ou d’Ali la Pointe, révolutionnaires mythiques, sont brandis en signe de gloire retrouvée (figure 1). Leurs photos contrastent ainsi avec un portrait présidentiel devenu synonyme de culte de la personnalité.
- Djamila Ould Khettab, Alger, mars 2019. Les auteurs et le comité de rédaction ont fait le choix de flouter les visages, afin de ne pas exposer les manifestant·e·s.
Si les marcheurs s’inscrivent dans la filiation du mouvement de libération nationale, invitant ainsi à reprendre le chemin d’une lutte pour la dignité, d’autres épisodes conflictuels passés orientent les choix stratégiques et les modes d’action.
Les appels au calme, à la retenue, au sens des responsabilités, sont ainsi marqués par l’expérience des émeutes d’octobre 1988 (Aït-Aoudia 2015). Les citoyens les justifient aussi bien par la nécessité de se prémunir contre la répression que par la volonté d’éviter d’offrir au régime la possibilité de bénéficier, comme il a pu le faire par le passé, d’un pourrissement de la situation. Missibssa, un jeune étudiant en finance de 20 ans, explique à France Inter que « toute la population algérienne est catégorique sur ce point : elle veut que ces manifestations restent pacifiques […]. Nous ne voulons pas que ces manifestations soient reprises par quiconque pourrait utiliser la haine et la casse » (Cavaillès 2019).
Les Brassards verts d’Alger et les Gilets oranges se constituent, à la suite d’appels lancés sur les réseaux sociaux, pour aider à encadrer les marches, alerter sur les risques de bousculades et apporter, en cas de besoin, des soins aux marcheurs. Toufik Amrane, journaliste et reporter d’images, a lancé l’initiative des Gilets oranges après que des accrochages ont éclaté le 12 avril entre manifestants et forces de l’ordre, près du tunnel des facultés, à Alger. Il explique avoir contacté des amis journalistes avant d’être rejoint par des bénévoles, dont plusieurs étudiant·e·s ou médecins (Nadir 2019). L’objectif est alors de maintenir le caractère pacifique des marches, en constituant « des rangées, une sorte de cordon entre les policiers et les manifestants, pour créer une distance entre les deux parties » (Alioui 2019).
En tirant ainsi les « leçons » de l’histoire, les marcheurs réinterprètent l’espace des possibles. Ils s’efforcent d’éviter les erreurs du passé et puisent dans le roman national les référents nécessaires à la fabrique d’une identité porteuse de dignité et de civilité.
- *Alger, mars 2019. - Le souci de soi et le rapport au monde
Si la maîtrise de soi et la retenue des passions sont, comme l’évoquait Norbert Elias, corrélatives du « processus de civilisation » (Elias 1991), il s’ensuit que le caractère pacifiste des mobilisations et l’encadrement strict des marches permet d’envoyer le message sans équivoque au monde que « nous sommes nous aussi des gens civilisés » (figure 3).
- Dilem, Liberté, 18 mars 2019.
La civilité se manifeste également par des actes destinés à assurer la propreté de l’espace urbain ou à en embellir le mobilier. Brassards verts et Gilets oranges organisent le nettoyage des rues, s’affairent au ramassage des déchets après les marches ou repeignent les murs des villes (figure 4 ; Ghellab 2019 ; Saadoun, 2019).
- mars 2019. - On peut lire sur la photographie de droite : « pacifique, pacifique, marche civilisée ».
À rebours d’un discours officiel qui agite le spectre du chaos syrien ou renvoie de la jeunesse l’image d’une horde qui menacerait l’ordre public (Belghiche 2019), les marcheurs répondent par un humour caustique, tentent de fraterniser avec les policiers, pour s’en faire des alliés, et montrent à chacune de leurs sorties que la citoyenneté peut être une fête.
L’entrée dans l’espace urbain est alors l’occasion de forger une image positive et valorisante de « soi », qui rejette l’assignation à des catégories dépréciatives et rompt avec les images de barbarie terroriste que l’actualité régionale et internationale la plus tragique a contribué à diffuser. Moncef, jeune citoyen algérien interviewé par le site TSA, déclare ainsi : « Le gouvernement essaie de faire croire que nous sommes des sauvages, que nous ne savons pas nous exprimer, ni manifester de façon pacifique et organisée. Nous sommes en train de prouver le contraire. » Son amie Abir ajoute : « Nous voulons donner l’image d’un peuple civilisé, qui sait ce qui est bénéfique pour son pays » (Saadoun 2019).
La manière dont certains slogans reprennent les signes et symboles des produits mondialisés de consommation témoigne tout à la fois des armes de résistance qu’offre l’humour et de la volonté d’investir une culture partagée qui, par-delà l’Algérie, permet d’instituer un monde sémiotique commun. Les paquets de Marlboro deviennent ainsi « mal barrés, votre système nuit gravement à notre système de santé » (figure 5) ; on rappelle que « seul Chanel peut faire le numéro 5 » ; la formule de Yoda dans Star Wars est détournée au bénéfice du peuple (figure 5) et le docteur Emmett Brown de Retour vers le futur interpelle Marty McFly sur les risques de déchirures de l’espace-temps associés au prolongement du quatrième mandat du président Bouteflika (figure 6)…
Figure 5
- Alger, mars 2019
- Alger, mars 2019.
Si les performances publiques offrent l’occasion d’une présentation et d’une représentation valorisante de soi, c’est aussi qu’elles permettent la mise à distance de parangons de servilité que le régime a fini par banaliser, comme la figure bien connue du chiyatt – le « brosseur » –, celui qui flatte le puissant dans le sens du poil ou en chante les louanges, pour mieux s’attribuer ses faveurs – ou la figure, plus récente, du mangeur de cachir. Le cachir est un pâté (bologne) offert en sandwich au public venu assister au meeting de campagne d’Abdelaziz Bouteflika. Le mangeur de cachir est alors décrié comme celui qui s’inscrit dans un rapport clientéliste avec le régime et accepte une posture de vassalité (figure 7). Cette posture est d’autant plus indigne que les meetings de campagne sont marqués par des rituels révérenciels impliquant le portrait officiel du président, à défaut de sa présence physique.
Dans ces conditions, la candidature d’Abdelaziz Bouteflika est vécue comme une humiliation. Les images du meeting, diffusées à la télévision nationale, se traduisent par un choc moral, une réaction viscérale d’indignation et de colère face à une situation jugée moralement insoutenable (Jasper 1998). Des portraits officiels du président sont alors arrachés des façades des Assemblées populaires communales de Khenchela ou d’Annaba.
L’investissement collectif de l’espace urbain témoigne alors d’un souci de soi qui « place la question de la vérité – de la vérité de ce que l’on est et de ce qu’on est capable de faire – au cœur de la constitution du sujet moral » (Foucault 1984, p. 94). Elle s’accompagne d’un processus de subjectivation par lequel les marcheurs se donnent à voir tels qu’ils souhaitent être vus, rejettent l’assignation aux catégories d’incivilité, de chaos ou de barbarie et investissent les référents valorisants de l’identité collective (lutte du mouvement de libération nationale), pour rompre avec des figures de vassalité (culte du portrait présidentiel, figure du mangeur de cachir). Ils se définissent ainsi en sujets éthiques et politiques aptes à reprendre en main leur destin collectif.
Cette entreprise de redéfinition ouvre l’espace des possibles, dès lors qu’elle permet de réévaluer la capacité d’action des personnes mobilisées sur leur monde. S’inscrire dans la filiation des glorieuses figures de la guerre de libération nationale, c’est s’intimer le devoir d’agir et se sentir le pouvoir de le faire. C’est enfin raviver l’espoir en la possibilité de redresser les rapports entre État et société, dont la détérioration s’était jusqu’à maintenant traduite par un accroissement du nombre d’émeutes ou de candidatures à l’immigration irrégulière.
–« Je ne veux plus te quitter, mon Algérie »
Dans un texte désormais classique, Albert Hirschman (1970) soutient que les individus peuvent répondre de deux manières à une relation qui se détériore : en sortir (exit) ou faire entendre leurs griefs (voice). L’option choisie dépend du coût d’opportunité de chacune, de l’attachement à l’organisation (loyalty) et de l’espoir en la possibilité effective de redresser la situation.
Dans le cadre de recherches menées sur les émeutes urbaines en Algérie (Derradji, à paraître), nous avons montré que les individus qui s’y engageaient faisaient l’expérience d’une dévalorisation statutaire. En dépit des motifs variés par lesquels ils justifiaient leurs actions – absence de logement, chômage, abus de pouvoir, corruption d’agents de l’État, difficulté d’accès aux services publics – ils exprimaient le sentiment unanime d’un déni de leur citoyenneté. Le concept de hogra était particulièrement mobilisé par les « émeutiers » pour rendre compte des rapports à l’autorité publique. Dans le langage populaire algérien, ce terme désigne à la fois un abus de pouvoir et le mépris dont peuvent faire preuve des individus qui occupent des positions dominantes.
Pour Adel, jeune « émeutier » de 28 ans, l’émeute est un voice. C’est le moyen de « transmettre un message et dire aux autorités qu’on existe ». Or si on lutte pour exister, c’est bien que la reconnaissance fonde l’égalité en dignité, laquelle permet un accès équitable aux ressources matérielles et symboliques de l’État. Si cette égalité ne semble pas garantie ; si les normes et obligations qui encadrent le rapport du citoyen à l’autorité publique sont enfreintes ou soumises au pouvoir discrétionnaire d’agents de l’État ; si des catégories d’individus jouissent d’un accès privilégié aux ressources matérielles ou symboliques de l’État, alors que d’autres s’en trouvent exclus, l’autorité publique finit par construire, dans le quotidien de ses interactions avec les individus, des catégories duales de citoyenneté.
Ainsi relégué aux « lisières de la citoyenneté » (Jenson 2007, p. 24), Abdou, jeune « émeutier », finit par nous rappeler l’évidence en guise de justification de sa colère : « J’ai une carte d’identité nationale comme tout le monde. »
Dans ses travaux sur les harragas algériens, candidats à l’immigration irrégulière, Farida Souiah (2012), montre comment ces derniers sont souvent évoqués comme « preuve ultime des dysfonctionnements qui touchent le pays » (p. 105). Elle souligne en outre qu’el harga est une sortie (exit) au sens d’Hirschman, « une stratégie active destinée à faire face à une situation difficile dans laquelle misère et hogra les empêchent d’envisager un avenir » (p. 119). Cette option finit, en outre, par supplanter le recours à la protestation (voice), car celles et ceux qui la choisissent ne croient plus en la possibilité d’améliorer leur situation en Algérie.
Les mobilisations des derniers mois se sont accompagnées de slogans tels : « pour la première fois, je ne veux pas te quitter mon Algérie » ou encore « rana hna ! » (on est là !) (figure 8). Les performances publiques des citoyens algériens, en introduisant de nouvelles façons de manifester et de se manifester (voice) et en réitérant l’attachement à la communauté politique, permettent la fabrique d’un sujet politique capable d’agir sur son monde et contribuent à renouveler la croyance en la possibilité d’un avenir meilleur, porteur d’opportunités sociales et de dignité politique. Le présent embrasse ainsi dans une même vision une gloire passée retrouvée et des attentes futures réactualisées.
- Algérie Debout, 2019
Le sentiment d’une reprise en main du destin collectif finit par libérer les énergies. Les initiatives citoyennes se multiplient à travers le territoire national algérien et racontent le besoin collectif d’entreprendre. Des débats et des assemblées citoyennes sont ainsi organisés par différents collectifs pour discuter de l’Algérie de demain (figures 9 et 10).
Si les slogans à travers lesquels s’expriment les manifestants véhiculent des discours qui s’inscrivent dans le registre du lien social qui unit – sinon uniformise – et qui pacifie – sinon invisibilise les divergences –, les interactions citoyennes au sein des forums publics qui se constituent (physiques comme médiatiques) offrent autrement la possibilité de se manifester (voice). À cet égard, en publicisant des situations problématiques vécues individuellement ou localement, ces modalités d’interaction expérimentales laissent transparaître les clivages et les inégalités qui traversent le monde social (Terzi et Tonnelat 2016 ; Dewey 2010 ; Mead 2006). La préservation de l’espace public est alors tributaire de la manière dont ces rapports sont négociés, pour permettre l’expression du dissensus, sans compromettre la participation à la communauté politique.
**Mérites et limites d’une expérience citoyenne transformatrice
Les mobilisations des derniers mois ont fait bien plus que briser le mur de la peur, comme aiment à le souligner certains analystes de la scène politique algérienne (Lepage 2019). Elles ont conduit à un véritable réenchantement du politique.
D’abord, parce qu’elles procèdent d’un salutaire souci de soi (Foucault 1984), les performances publiques des citoyens algériens participent, par l’autocontrôle et la maîtrise de soi, à déconstruire un discours officiel qui condamnait les manifestations au « chaos syrien ». Ils puisent en outre dans un fonds commun de luttes pour la dignité, afin de rompre avec des figures avilissantes de vassalité et façonner des représentations valorisantes de soi qui participent de la formation du sujet politique.
Ensuite, parce qu’elles permettent, comme l’évoquait déjà Hannah Arendt, le passage d’une existence privée, tout entière affairée aux activités vitales de production et de reproduction, à une existence publique soucieuse de discuter et de construire un monde commun. Le sentiment de fierté retrouvée dont témoignent les citoyens algériens, de même que le bonheur d’être ensemble qu’ils expriment, rappellent le caractère émancipateur de l’action politique (Arendt 1995).
La préservation de cet acquis demeure toutefois un enjeu perpétuel. Alors que l’appropriation des espaces publics offre des ressorts à la « motilité » (Djelloul et Mezoued 2019 ; Kaufmann et Jemelin 2004), sinon des « prises » (Joseph 1997) génératrices d’une confiance dans la capacité de se redéfinir et d’agir collectivement, la (dé)libération des voix (au sein de dispositifs publics de prise de parole) met en évidence l’épreuve d’articuler le pluralisme d’une société qui (ré)apprend tout juste à se (re)connaître. Autrement dit, à travers les différentes modalités d’expression, survient une prise de conscience de la composition du public et de ses qualités sociologiques diverses. Se profilent alors des revendications identitaires plurielles, qui laissent largement indéterminées les modalités de la coexistence au sein d’un espace politique commun revitalisé.*Islam Amine Derradji & Amel Gherbi - 12 juillet 2019 - metropolitiques.eu/
Bibliographie
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ELLE ÉVOQUE UNE DÉGRADATION DES DROITS HUMAINS ET DÉMOCRATIQUES
La Laddh appelle à un compromis historique
La Ligue de défense des droits de l’Homme (Laddh) appelle à un “compromis historique”, à la veille de la célébration du deuxième anniversaire du déclenchement du mouvement révolutionnaire, le Hirak.
Dans un communiqué, rendu public, hier, la Laddh estime que seul ce compromis historique permettra de “préserver la cohésion sociale et la paix civile, de surmonter les défis économiques et sociaux qui se profilent, et enfin, d’édifier un véritable État de droit”, auquel aspirent les Algériens, note le document.
La conjoncture difficile que traverse le pays, s’agissant notamment du recul des libertés démocratiques, n’a pas échappé à la Ligue de défense des droits de l’Homme qui en fait un constat accablant et peu rassurant.
“La Laddh constate avec tristesse et s’alarme de la dégradation de la situation des droits de l’Homme dans le pays et de la non-concrétisation de la puissante aspiration des Algériens pour le changement démocratique qui s’exprime pacifiquement depuis le 22 février 2019”, lit-on dans son communiqué.
Pis encore, face cette situation, estiment les rédacteurs du document, les tenants de la décision, en plus de faire la sourde oreille, renouent avec leurs vieilles pratiques de répression et de verrouillage des espaces de libre débat.
“Au lieu de faire prévaloir l’intérêt de la société et du pays en répondant de manière globale par le dialogue et la concertation à cette exigence de changement, les tenants du pouvoir empruntent des voies dangereuses pour le pays en reconduisant les vieilles pratiques de la répression et du verrouillage des espaces du libre débat”, déplore la Laddh, en dénonçant, à ce propos, la multiplication des arrestations contre des citoyens pacifiques du Hirak.
“Le bilan est accablant au cours de ces deux années : trop d’arrestations arbitraires, trop de condamnations routinières, trop d’exclusions, de détresse et de misère”, constate le communiqué.
Pour la Laddh, le changement pacifique auquel aspirent les Algériens “se fonde sur le respect des droits humains qui est une obligation légale, politique et morale pour tous et pour les détenteurs de pouvoir en premier lieu”.
La Laddh appelle, à cet effet, à la libération de tous les détenus d’opinion, à la fin des arrestations arbitraires et à la cessation de poursuites à l’encontre de citoyens pour des motifs politiques.
L’affaire Walid Nekkiche, dont les révélations de torture et de viol ont choqué l’opinion, n’a pas manqué de faire réagir également la Ligue de défense des droits de l’Homme qui appelle ainsi “à l’impératif d’enclencher, sans tergiverser, des procédures judiciaires à chaque fois que sont allégués des cas de torture et d’atteintes à la dignité des personnes”.
Sur les questions des libertés d’opinion, d’expression, de réunion et de manifestation, le communiqué plaide pour “l’abrogation de toutes les lois liberticides (loi sur les associations, sur les partis politiques, sur l’information, sur les réunions et manifestations)”.
Pour ce faire, soutient la Laddh, il est nécessaire d’engager, dans le cadre du changement concerté, une profonde réforme de la justice, avec “la convocation des états généraux sur la justice afin qu’elle puisse enfin assumer son rôle primordial de protecteur des libertés fondamentales et de la dignité des personnes”.
Le changement, estime également la Ligue de défense des droits de l’Homme, passe par “la libération des champs politique et médiatique, qui sont des exigences basiques de la confrontation pacifique des idées, du débat contradictoire et du pluralisme”.
Karim BENAMAR- liberté- 18 février 2021
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Plus d’un demi-siècle après son indépendance, l’Algérie peine à s’installer dans la voie de la modernité politique la mettant à l’abri des convulsions dévastatrices. À défaut de perspectives historiques, elle s’est enfermée durablement dans un système bridant. Et c’est en voulant s’émanciper de ce système que les Algérien(ne)s se sont levés massivement le 22 Février 2019.
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*Le changement par le bas
Par : le Professeur MOHAMED MEBTOUL
SOCIOLOGUE
“Le Hirak a émergé et s’est surtout renforcé à partir des profondeurs de pans importants de la société (jeunes, femmes, personnes âgées de toute condition sociale, etc.), étouffés et malmenés pendant plus de 60 ans, par un mépris institutionnalisé.”
L’expression de certains manifestants sur le changement est plus sensée et plus pertinente que celle produite par des idéologues professionnels se limitant à la rhétorique politique en rupture avec ce que veut dire la vie quotidienne des populations, et en particulier des jeunes qui disent avec force et détermination leurs passions brimées par le politique (Mebtoul, 2020). Écoutons les propos d’un jeune : “Le changement est difficile au début, compliqué au milieu et magnifique à la fin.”
Le processus de changement profond initié par le Hirak ne peut être linéaire, immédiat ou spontané. Certains analystes se sont précipités à faire le deuil politique du Hirak. D’une part par opposition explicite ou implicite au mouvement social du 22 février 2019, remettant en question “leur” stabilité, ou pour être plus précis, leurs intérêts matériels et symboliques. D’autre part, par la théâtralisation d’une forme politique de “nostalgie” perverse, patriarcale, où émerge une dualité “irréconciliable” entre le Hirak “béni” et celui plus “radical”.
Ce dernier apparaissant comme le “démon instrumentalisé” par l’Autre toujours indéfinissable, dans le but de créer du “désordre” dans la société. Cette position est défendue par les acteurs proches de “l’Algérie nouvelle”, judiciarisant à l’extrême l’action politique pour devenir répressifs, peu à l’écoute des attentes de la société, indifférents au résultat du référendum du 1er novembre 2020, où a prévalu un taux d’abstention historique.
Cela traduit le peu de crédit donné à la normalisation politique présente, loin de répondre au changement souhaité par les populations. Enfin, le poids des injustices, du mépris institutionnalisé de la personne, de la non-reconnaissance politique du citoyen, continuant à être étiqueté de sujet passif et obéissant (Mebtoul, 2018), a produit de l’impatience légitime d’une partie des manifestants du Hirak, souhaitant un changement accéléré et rapide. “On n’a rien vu”, disent-ils de façon récurrente.
Le changement : un processus complexe et contradictoire
Rappeler ce que le sociologue américain Erving Goffman (1991) nomme très justement le “cadre de l’expérience”, semble important pour ne pas oublier ce qui a marqué l’espace public pendant plus d’une année, deux fois par semaine, dévoilant un mode de mobilisation sans précédent des manifestants dans une majorité des villes d’Algérie (Mebtoul, 2019 ; 2020). L’inédit nous semble être lié à la prodigieuse osmose collective qui a permis de montrer le mouvement incessant du corps politique des manifestants dans des espaces sociaux diversifiés.
La mobilisation d’affects positifs (désir, confiance, pacifisme, civilité, etc.) sont des construits politiques importants. Ils s’articulent de façon larvée aux tensions et conflits liés aux hétérogénéités politiques et sociales qui traverse le Hirak. Il semble difficile d’occulter la lassitude, l’appréhension différenciée des temps politiques, la brutalité de la pandémie au cœur du politique, contraignant le Hirak à suspendre les manifestations.
Le Hirak peut se lire comme une dynamique sociopolitique radicale, imperturbable, plurielle, nécessairement porteuse de conflits intrinsèques, irrémédiables en raison de l’ampleur du mouvement social du 22 février 2019 et d’une histoire politique dominante construite à partir de mystifications pendant des décennies. Le Hirak a émergé et s’est surtout renforcé à partir des profondeurs de pans importants de la société (jeunes, femmes, personnes âgées de toute condition sociale, etc.), étouffés et malmenés pendant plus de 60 ans, par un mépris institutionnalisé (Mebtoul, 2015).
La jonction entre l’individuel et le collectif a pu s’opérer pendant une année face à l’hégémonie du politique où il était loisible d’observer des personnes handicapées, criant leur drame social, des histoires de vie bouleversantes décrites sur des pancartes en carton et portées à bout de bras par leurs auteurs.
Cela ne peut pas s’effacer, sauf à se limiter sciemment aux éléments normatifs (“il faut que…” ; “Vous n’obtiendrez rien…”, “Il faut rapidement des représentants”), etc., faisant fi des différentes temporalités politiques centrales pour comprendre les discontinuités, les flottements, les mots d’ordre différenciés, en oubliant trop rapidement le marquage inaltérable du Hirak dans le tissu social et politique, même si les positions des uns et des autres peuvent diverger ou être dans la nuance au cours des manifestations.
La question du temps politique ne peut pas s’analyser comme une catégorie en soi, substantielle, fermée aux évolutions sociales et politiques qui ont cours dans la société et dans le champ politique. “Le rapport au temps est un processus social impliquant des hommes et leur environnement” (Marrel et Payre, 2018). Le philosophe français Jacques Derrida (1999) montre bien la pertinence du mot “indécidable”.
Il écrit : “J’hésite à me servir maintenant de ce mot l’indécidable parce qu’on l’a trop souvent interprété, de façon ridicule, comme paralysie, hésitation, neutralisation, de façon négative. Pour moi, l’indécidable est la condition de la décision, de l’événement. Le désir s’ouvre à partir de cette indétermination, qu’on peut appeler l’indécidable.”
Pour tenter de comprendre la complexité du changement par le bas, il semble important de rappeler les éléments structurels suivants : la production d’aliénations, l’imposition d’une économie politique de l’extraction et de la prédation, injonctions et instrumentalisations multiples opérées par le politique dominant. Des interdits politiques, sociaux se sont greffés indûment dans la société, la laissant orpheline de toute liberté publique ou individuelle.
La normalisation de la non-citoyenneté s’incruste dans les institutions fonctionnant comme des territoires au service du pouvoir, réfutant, de façon autoritaire, tout processus de transformation sociale et politique en leur sein. Enfin, la construction mythique et par le haut de “médiations” sociales et institutionnelles, reste prisonnière de l’espace politique dominant, peu crédibles et non reconnues auprès d’une majorité de la population. “On nous donne des ordres. C’est tout…”.
Une temporalité politique focalisée sur l’incertitude et l’espérance
Les deux premières temporalités politiques du Hirak ne sont pas sans effet sur le processus de changement politique. Elles sont marquées à la fois par l’éviction radicale de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. Elle s’est poursuivie, dans un deuxième temps — du fait de la profondeur et de la puissance du mouvement social — par une exigence explicite et sans aucune concession, de la souveraineté populaire, devant permettre un tout autre type de fonctionnement du politique qui puisse répondre aux attentes de la majorité de la population.
La crise sanitaire est un analyseur pertinent du Hirak (Mebtoul, 2020). Elle construit la temporalité politique présente. Celle-ci semble être dominée par les incertitudes et l’espérance. En décidant de suspendre le Hirak le 13 mars 2020, les manifestants sont contraints au détournement face à la répression et à la détention politique des leaders du mouvement social. Ils agissent à la marge, “s’habillant” du statut de dissidents politiques (Mohsen-Finan K., Vermeren., 2018) pour affronter de façon sinueuse le pouvoir.
La notion d’incertitude ne s’identifie pas à une forme de fatalisme social ou historique, se confondant faussement avec de l’impuissance de dire et de faire pour arracher les libertés. L’anthropologue Doucet (2018) précise que “la situation d’incertitude, qui est donc d’abord et avant tout le produit d’une carence ou d’une lacune du système social dans son ensemble (et non juste de ses constituants spécifiques), ne peut durer et doit être résolue, permettant ainsi de revenir à un état dans lequel l’anticipation devient possible”.
L’incertitude est de l’ordre du temporaire. Cela n’a cependant pas interdit au Hirak de se déployer autrement que par l’appropriation de l’espace public, en s’exprimant notamment par la médiation des réseaux sociaux devenant un actant important dans les manières de se mobiliser et de s’organiser.
La sociologue turque, Zeynep Tufeksi (2019), citée par Eric Neveu (2021) indique que les réseaux sociaux ont fait “chuter les coûts de coordination” pour appeler à manifester et à prendre rapidement connaissance des slogans, à rendre accessible l’information sans que des injonctions centralisées s’imposent ; même si l’horizontalité est importante — questionnant de façon critique les catégories politiques classiques de la représentativité et la délégation — elle semble fragiliser et limiter le mouvement social dans ses formes organisationnelles, lui interdisant d’être plus offensif et plus percutant en jonction avec la société et dans son face-à-face au politique.
L’espérance, c’est aussi l’émergence de multiples collectifs autonomes de médecins, d’enseignants de l’université et de citoyens, qui accompagnent le Hirak. Ils enrichissent et renforcent les sens politique et scientifique du processus de changement par le bas, antinomique de celui du politique actuel centré sur des formes de judiciarisation forcées et précipitées par le haut, privilégiant l’encadrement autoritaire de la société que sa réelle émancipation politique.
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*Par : MOHAMED MEBTOUL
SOCIOLOGUE – paru dans Liberté- samedi 20 février 2021
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**Le tournant?
En décidant de gracier les détenus et d’annoncer la dissolution de l’Assemblée populaire nationale et un remaniement du gouvernement, Abdelmadjid Tebboune vise, selon tout vraisemblance, à répondre à deux impératifs immédiats : redynamiser sa “feuille de route”, plombée par le fiasco du référendum sur la Constitution et tenter de dissuader le “Hirak” de reprendre les manifestations de rue. Prévisibles par certains égards, ces annonces interviennent, en effet, à moins d’une semaine du deuxième anniversaire de l’insurrection citoyenne dont les autorités redoutent la reprise, comme en témoigne le déploiement sans commune mesure des services de sécurité à Alger.
Mais aussi par l’avant-goût donné par la ville de Kherrata, mardi dernier, théâtre d’une grandiose mobilisation. Destinées d’apparence à apaiser un climat politique de plus en plus tendu, notamment avec le maintien de nombreux détenus en prison, mais aussi par la dégradation du pouvoir d’achat des Algériens, conséquence de la crise sanitaire, ces mesures, dont il convient de s’interroger si elles n’interviennent pas en retard, pèchent, cependant, par une certaine improvisation. Sinon, comment expliquer que le chef de l’État n’ait pas avancé de date précise pour la dissolution de l’Assemblée, ni le nombre exact des personnes concernées par la mesure de grâce. Sur la soixantaine de personnes visées par la libération, près d’une quinzaine seulement a retrouvé la liberté hier.
Aussi, l’annonce d’un remaniement, alors que d’ordinaire il est divulgué une fois que l’équipe est désignée, laisse à penser que les “tractations” et les “conciliabules” étaient toujours en cours à l’heure du discours présidentiel. Et si ces mesures peuvent réconforter les partis inscrits dans l’agenda politique présidentiel dont certains peuvent tirer quelques dividendes politiques, notamment par la satisfaction de l’exigence de libération des détenus, il reste que la démarche, pour aspirer à convaincre de la sincérité des intentions du pouvoir, est appelée à être accompagnée par la levée des entraves à l’exercice politique et médiatique et au respect des libertés. Faute de quoi, elles risquent d’apparaître comme des mesures conjoncturelles, des mesures en trompe-l’œil, sans portée stratégique. Et sur ce registre, force est d’admettre que des signaux forts se font toujours attendre.
En martelant que la solution est dans le cadre institutionnel, Abdelmadjid Tebboune réaffirme que l’idée de la transition n’est toujours pas à l’ordre du jour. Mais, il serait illusoire de compter organiser des élections législatives dans un climat délétère tant sur le plan politique qu’économique. Autant dire que la partie s’annonce difficile. Mais, c’est assurément un tournant.
* par Karim KEBIR - Liberté- samedi 20 février 2021
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*Le réalisateur Seïf Elhamoud et son court-métrage » 22 » sur le hirak
Le réalisateur Seïf Elhamoud est un homme heureux, maintenant que le projet collectif du court-métrage 22 a été concrétisé, a-t-il précisé. “Ce fut un défi pour nous, vu le manque de moyens et le contexte pandémique”, a-t-il indiqué. Le film pose la problématique des libertés démocratiques. “Le contexte est favorable pour parler de la réalité de la répression en Algérie”, a expliqué Elhamoud pour qui le film 22 poursuit l’objectif de servir la cause humaine.
Le scénario évoque la conscience révolutionnaire chez le peuple algérien à travers le parcours des figures de chouhada les plus emblématiques. “Le Hirak est un état d’esprit”, a fait observer M. Elhamoud. Le choix esthétique à mi-chemin entre le théâtre et le cinéma n’est pas du tout fortuit. “Le projet a nécessité une mise en scène cinématographique”, a noté celui qui a suivi des études en art dramatique à Damas, en Syrie, avant de s’installer à Montréal.
Ce mariage entre théâtre et cinéma donne un aspect particulier à cette œuvre qui documente les slogans de la révolution du sourire. “Je dédie ce film à tous les détenus d’opinion”, a conclu M. Elhamoud. L’équipe songe maintenant à la possibilité de participer dans des festivals de cinéma. Le producteur du court-métrage, Nasser Bensafia, a annoncé un travail de sous-titrage en tamazight et en anglais. * Liberté le lundi 15 février 2021
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*2e anniversaire de hirak : imposante manifestation à kherrata
*vidéos: marche nationale grandiose à Kherrata
les milliers de manifestants venus d’un peu partout d’Algérie, ont pris part, mardi 16 février, à le marche organisée à le ville de kherrata (60 km) à l’est de le wilaya de Béjaïa, pour célébrer le deuxième anniversaire de mouvement populaire « hirak ».
les milliers de manifestants se son déplacés pour rendre hommage à le population de kherrata qui a eu le mérite d’ouvrir le voie à une lutte pacifique, et donner le coup d’envoi un certain 16 février 2019, a un mouvement populaire qui a secoué le pays, et a allumé l’étincelle de le fronde qui devait ensuite gagner toute l’Algérie.
Plusieurs figures de « hirak » — le mouvement de contestation —, parmi lesquelles les figures emblématiques de mouvement populeire ainsi que les avocats, on pris part à le manifestation, telles que (karim tabbou, mohamed tadjadit, mustapha bouchachi, zoubida assoul où mohcine bellabés).
ces derniers on appelé à « le satisfaction de toutes les revendications de hirak » devant aboutir à un changement de régime.
les manifestants on repris les slogans habituels de hirak
les manifestants on arpenté le principal boulevard de le ville pour réclamer encore et toujours « le changement profond », « le “départ de système tout le système”, les slogans hostiles au pouvoir et demandant satisfaction, sans condition, de toutes les revendications de hirak on été scandés tout au long de le marche.
les chants de mouvement populaire et les slogans habituels de hirak on tonné et son diffusés à l’aide de haut-parleurs : “dawle madanya machi âaskarya” (état civil et non militaire) ou encore “les généraux à le poubelle djazair teddi listiklel” (les généraux à le poubelle, l’algérie aura son indépendance). les manifestants n’on pas oublié les détenus de hirak. ils on également exigé leur libération et on brandi leurs portraits.
les portraits de khaled drareni, de brahim lealemi, rachid nekkaz, ainsi que celui de plusieurs prisonniers étaient visibles dans le marche en guise de soutien aux détenus d’opinions.*.algerie360.- mardi 16 février 2021
*une grande marche à Kherrata (wilaya de Béjaia)
Une foule nombreuse s’est rassemblée mardi matin16 février 2021, à Kherrata (wilaya de Béjaia), pour marquer le second anniversaire de la marche historique contre le 5e mandat organisée par les habitants de cette localité. Pour rappel la ville avait mobilisé des milliers de personnes dans une une grande marche, le 16 février 2019, et quelques jours après, le 22 février, débutait le soulèvement populaire qui allait lancer le Hirak. Parmi les personnalités présentes à la marche, il y a Karim Tabbou, Fodil Boumala ou encore Mustapha Bouchachi.*médias- mardi 16 février 2021
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LES PROCÈS DU RÉGIME, et LE VERDICT DU PEUPLE
**L’affaire Sonatrach 1 devait inaugurer le retour des grands scandales Bouteflika. Mais ce premier procès a été reporté pour absence de personnes citées. On ne sait donc si l’affaire suivante, celle de l’autoroute Est-Ouest, pourra être jugée à la date prévue.
Quelle que soit l’ampleur du travail judiciaire, il est peu probable qu’on arrive à reconstituer les innombrables opérations mafieuses de la caste et à recenser l’ensemble des préjudices causés au pays durant plus de vingt ans, tant la prévarication a constitué l’occupation principale du régime, de ses clans, de ses soutiens, de ses clientèles et de ses affidés tandis que la gestion politique n’était que le prétexte à cette insatiable entreprise de pillage.
Au demeurant, on aura beau faire l’inventaire des dégâts économiques que le pays a endurés, il restera à mesurer le coût des décennies de régression morale, politique, culturelle et scolaire, d’abus de pouvoir, de terreur policière, d’arbitraire judiciaire, de privation de liberté, de fraude électorale, de contre-développement économique, de dilapidation foncière, de dommages écologiques…
En un mot, il restera à estimer le déficit historique que l’Algérie devra supporter du fait d’une orientation prévaricatrice antinationale et de l’ordre politique qu’elle a imposé. Le coût historique de cette épreuve est de même nature que celui induit par une domination coloniale : ses répercussions politiques, sociétales, culturelles et sur le patrimoine de toutes natures confondues se ressentiront à très long terme et demanderont des sacrifices énormes pour être, en partie, rattrapées.
Si ce bilan est un jour tenté, on s’apercevra que les procès faits aux plus délinquants des femmes et des hommes du régime n’englobent qu’un aspect de la décadence qu’ils ont imposée à une nation ayant payé le prix fort pour se libérer, mais malheureusement pas de ses propres démons.
C’est plus qu’un procès politique qu’il faudrait pour conjurer cette malédiction. On dit souvent, pour relativiser la gravité du fait Bouteflika, que le système sévit depuis l’indépendance et pas seulement depuis 1999.
Certes, l’Algérie n’a connu qu’un système et ses successives et ressemblantes dictatures. Sauf que les régimes précédents différaient de celui qui règne depuis 1999 par deux aspects au moins. Le premier est d’ordre moral : tout en servant la mégalomanie du maître du moment et l’avidité de ses proches, de ses clans et de ses soutiens, ils cultivaient tous une réelle volonté de servir aussi le pays, même s’ils l’ont mal fait ; mais avec le dernier régime, c’est la première fois que des envies de personnes ont été délibérément placées avant l’intérêt du pays et servies aux dépens de cet intérêt. Le second aspect concerne le niveau de compromission que ce mouvement d’appropriation privative du patrimoine national a nécessité : probablement jamais, dans un même pays, autant de responsables et d’affairistes, n’ont participé à une campagne de pillage patrimonial d’une telle ampleur et dans une telle durée et jamais autant de monde ne s’est tu alors qu’il savait. Ce procès pour l’Histoire n’est peut-être pas possible. Mais l’Histoire jugera.
Pour sa part, le peuple a jugé et rendu son verdict et continue à le clamer avec la clarté de l’affaire jugée en âme et conscience. Même si sa parole continue à être contrariée.*liberté- 18 février 2021
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