Les comiques de la politique
**Bouteflika, les dix-neuf et l’éléphant qui veut une éléphante
**Par Aziz Benyahia / .algerie-focus/ lundi 09 novembre 2015
Les dix-neuf signataires de la demande d’audience au Président de la République, ont fini par obtenir gain de cause malgré le tir de barrage de sa garde rapprochée. Le bruit circule que c’est grâce à une femme de ménage qui a donné la lettre à une infirmière. On n’en sait pas plus. Un membre de la délégation, préférant garder l’anonymat, a bien voulu nous réserver en exclusivité le compte-rendu de cette audience.
La délégation a été reçue ce vendredi vers 15 heures. Derrière le Président, il y avait deux dames devant des ordinateurs et deux hommes en civil. Mais pas de têtes connues.
Le Président avait l’air en forme. Chacun à son tour lui a serré la main. Il a parlé à Zohra Drif et à Louisa Hannoun séparément. Difficile de comprendre ce qu’il leur a dit parce que sa voix est très basse. Tout le monde a pris place. Le Président se fait placer deux micros cravate.
« Quand on m’a donné la lettre, je me suis dit : ils ont raison, parce que par la poste elle ne serait jamais arrivée. Elle est là la ministre des postes ? C’est bien une femme ? ». Rictus du Président. Rires bruyants mais brefs dans l’assistance.
Après les salutations d’usage, il a commencé par demander qui était à l’initiative de cette démarche en regardant ostensiblement Zohra Drif. Imperturbable. Pareil pour Louisa Hannoun. Pas de réponse
« A la vérité, ça m’est égal de savoir qui a eu cette idée. C’est normal après tout de demander une audience au Chef de l’Etat. Mais si je demande à savoir qui d’ente vous est à la manœuvre, c’est parce que je pense que c’est quelqu’un de très malin.
Premièrement : Pourquoi dix-neuf ? Ça rappelle le dix-neuf mars, donc le cessez-le feu. Je me suis dit : on veut me faire comprendre qu’il y a trop de bisbilles chez moi et qu’il faut que ça s’arrête. C’est bien vu ! C’est même très subtil. C’est tellement rare dans la maison !
Deuxièmement : J’ai examiné la liste des noms. Dix femmes et neuf hommes. C’est plus que la parité. A l’Etranger, ils vont croire que chez nous les femmes en politique sont très actives. Tant mieux. Mais comme dit le proverbe, on n’apprend pas au vieux singe à faire la grimace. Je devine que c’est parce que le bruit circule que j’aurais dit à un chef d’Etat étranger en lui présentant la sœur Louisa Hannoun que c’était « le seul homme politique chez nous ».
Le Président lève l’index pour réclamer un kleenex. Il se frotte le nez et reprend : « Chères sœurs et chers frères ! Je devrais dire mes chers DIX-NEUF, car je suppose que vous voulez entrer dans l’histoire. Comme on dit les sept héros de la Révolution. Heureusement que vous n’êtes pas quarante et que je ne m’appelle pas Ali. Qu’est ce qu’on aurait dit ? »
Un ange passe.
« J’ai bien relu votre lettre. Elle contient des choses justes ; même si les mots ne sont pas toujours à leur place. Il chausse ses lunettes et cherche un passage. Ah ! Voilà ;
« Le recours à la presse pour vous faire parvenir notre demande d’audience est dicté par notre crainte légitime qu’elle ne vous parvienne jamais par les canaux institutionnels autorisés ». Si j’ai bien compris, vous voulez insinuer qu’il y a une censure chez moi et ça je ne l’admets pas. »
Il se retourne. Un monsieur en gants blancs lui tend un verre d’eau. Il avale péniblement une gorgée. Le monsieur aux gants blanc lui essuie les lèvres avec un kleenex. Le Président reprend.
« Oui ! Il y a des choses que je n’admets pas. Je suis au courant de tout ici. Ensuite vous dîtes que c’est grâce à la presse que vous avez pu m’informer Vous parlez de la presse nationale, n’est-ce pas ? Savez-vous que nous avons l’une des presses les plus libres du monde ? Non seulement les journalistes s’expriment librement; mais en plus, c’est l’Etat qui leur donne l’argent. Comme dit le Premier ministre, pas Ouyahia, l’autre, je ne sais plus comment il s’appelle, « on donne les bâtons pour se faire battre ».
Le Président reprend la lettre, cherche les lignes qu’il a soulignées et poursuit :
« L’abandon du droit de préemption de l’Etat, renoncement à la souveraineté nationale, déliquescence des institutions de l’Etat. C’est des mots tout ça ! Mais là où c’est grave, c’est quand je lis : je cite : la substitution d’un fonctionnement parallèle, obscur, illégal et illégitime au fonctionnement institutionnel légal en faveur duquel etc, etc.
Qu’est ce que ça veut dire ? Qu’il y a un deuxième bureau ici ? Qu’il y a un gouvernement bis ? Un shadow cabinet comme on dit ? C’est très très grave ».
Il manque de s’étrangler. On lui ressert un peu d’eau et on lui essuie les lèvres. Toujours l’homme aux gants blancs.
Dans l’assistance personne n’ose lever les yeux. Zohra Drif, imperturbable. Louisa Hannoun ajuste ses lunettes. Silence total.
« Et puis c’est quoi cette histoire d’abandon des cadres algériens livrés à l’arbitraire, aux sanctions partiales et je ne sais trop quoi ? Je veux bien croire qu’il y a des dysfonctionnements, des manquements et même des injustices. Mais croyez-vous que c’est facile de diriger un pays comme le nôtre ? Quand quelqu’un, à soixante ans, vous dit je suis fils de chahid, vous trouvez ça normal ? Moi pas ».
Le Président pose les feuillets devant lui se fait éponger le front et se tait, le regard perdu, pendant une longue minute. L’assistance est figée.
Il murmure des mots dans sa barbe, pour lui-même, comme pour se redonner du courage ou pour éloigner de mauvaises pensées. Il cherche Louisa Hannoun du regard. Elle essuie se lunettes. Le Président reprend.
« Mesdames et messieurs les Dix-neuf,
La plupart d’entre vous ont fréquenté les allées du pouvoir, certains y ont même fait souche. Vous avez été témoins, acteurs, passeurs, relais, producteurs d’idées, promoteurs de projets. Vous avez colporté ou fabriqué des ragots. Cela fait partie de la faiblesse humaine. Vous avez tous été plus ou moins partie prenante, témoin involontaire, témoin gênant, facilitateur, complice inconscient, spectateur naïf. Vous avez été en colère, révoltés, choqués, hors de vous, sidérés. Mais vous étiez bien contents d’avoir un poste de responsabilité. Votre calvaire, entre guillemets a duré des années, des dizaines d’années. Vous avez assisté impuissants à l’arbitraire, au fait du prince, aux passe-droits, aux faveurs, à l’injustice. Vous avez tellement souffert durant tant d’années. Vous en avez perdu le sommeil et la santé, n’est-ce pas ? Et n’écoutant que votre courage et le serment fait à nos chouhadas, vous avez fini par démissionner avec fracas en criant que trop c’est trop et que cela ne se passera pas comme ça ».
Content de son effet, le Président a brusquement l’œil brillant et esquisse un vague sourire jubilatoire. Il savoure avec gourmandise sa tirade lue péniblement, mais bien audible. Pas un geste, pas un bruit dans la salle.
« Bien entendu cela concerne ceux parmi vous, mesdames et messieurs les dix-neuf qui ont accepté des responsabilités gouvernementales, et qui, par un matin de novembre 2015, après avoir réfléchi toute une nuit et profité durant des années du système, ont décidé de passer à l’acte, de jeter à la rivière des restes de scrupules, et de sauter le pas pour monter à dix neuf avec dix neuf fourches à l’assaut du château, pour bouter les hallebardiers et arriver enfin au pied du trône pour crier votre colère et exiger la tête du souverain. Qui veut commencer ? Une femme peut-être ? Ce serait plus original, non ?»
Le silence est glacial. Des regards cherchent celui du Président comme pour lui dire qu’il s’agit d’un malentendu. Comme il connaît la musique et qu’il en a vu d’autres, il trouve le moyen de détendre l’atmosphère et leur raconte l’histoire du fils du calife :
« Un calife avait un fils qui s’amusait tout le temps avec un jeune éléphant. Il dévale chaque jour la rue principale et s’amuse de voir l’éléphant détruire les étals de marchandises sur son passage. Les commerçants et les habitants de la ville n’en peuvent plus. Ils décident d’aller en délégation se plaindre au calife en scandant : l’éléphant ! l’éléphant ! l’éléphant ! Le calife sort sur son balcon, désigne un membre de la délégation et lui dit : Toi là ! Qu’est ce qu’il a l’éléphant ? Le délégué se tourne vers ses camarades subitement muets et regardant tous par terre. Il répond alors au calife : Eh bien l’éléphant ? Il est mignon. Il lui faut une éléphante. »
Les dix-neuf rient, serrent chacun à leur tour chaleureusement la main du Président et se dirigent vers la sortie avec le sentiment du devoir accompli
*Par Aziz Benyahia / .algerie-focus/ lundi 09 novembre 2015
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*Filiation à l’île de Lilliput
Le ministre et comment devraient être cassés les œufs à la coque.
(…) comment éviter de parler de Bouteflika tout en s’offusquant de sa politique ? Eh bien, en s’attaquant à Abdeselem Bouchouareb. Ministre de l’Industrie d’un pays sans industrie. Absselam Bouchouareb réussit ainsi la performance d’être au centre des grandes controverses autant que peut l’être les patrons de General Motors, Dassault et Krups réunis.
La prouesse prouve deux choses : on peut se passer d’une industrie mais pas d’un ministre de l’Industrie ; il faut toujours, à un gouvernement bien conçu, un Ministre au dos assez large et à la langue assez fourchue. Bouchouareb sait autant encaisser que répliquer par des formules assassines. Il polémique sur tout et sur rien, surtout sur rien, s’agissant d’un pays si brillamment désindustrialisé et si spectaculairement classé en queue de peloton en matière de performances économiques.
Le brave ministre s’acquitte à merveille de la noble tâche de rappeler au monde notre filiation à l’île de Lilliput. Pour ceux qui auraient oublié l’œuvre de Jonathan Swift, précisons que les Lilliputiens ne mesurent qu’environ six pouces de haut mais ont une telle idée d’eux-mêmes qu’ils passent leur temps à se faire la guerre. Ils sont, du reste, divisés en deux peuples, les Gros-boutiens et les Petits-boutiens, dénommés ainsi en raison du motif de la guerre qui les oppose : un roi a voulu imposer le côté par lequel devaient être cassés les œufs à la coque.
Alors, tantôt Gros-boutien, tantôt Petit-boutien, notre ministre s’en va en guerre à chaque fois qu’il peut, contre le premier adversaire venu…(…) voilà l’ennemi, le fourbe serviteur de l’oligarchie, l’adroit acolyte des Français, le Raspoutine qui a fomenté le putsch contre le juste et respectable chef de l’État…
Tout cela n’est pas bien sérieux. Bouchouareb est sans doute l’exécutant de basses-œuvres, mais seulement en soldat Shvek, pas en décideur ! Bouchouareb n’est que l’ouvrier vacataire d’une stratégie définie par le président lui-même, pour ses propres intérêts de pouvoir ! Bouchouareb n’était pas au gouvernement quand les ventes françaises en Algérie augmentèrent de 700 % en l’espace de 6 ans, ni quand Sarkozy faillit obtenir la fusion GDF-Sonatrach ! Il n’était pas ministre quand le Président noua ses premiers contacts avec ce que Mme Hanoune appelle l’oligarchie, c’est-à-dire ces milliardaires de l’économie informelle, (…) dans un marché économiquement dérégulé, où l’on ne produit presque rien car presque tout est importé, même de la tomate concentrée en provenance… d’Arabie saoudite – les importations ont quintuplé, passant de moins de 10 milliards de dollars en 1999 à plus de 40 milliards de dollars à fin 2009 ! D’où l’impasse financière dans laquelle est coincé le pays aujourd’hui.
C’est une stratégie d’inféodation de longue date qu’il faut dénoncer, étudier pas seulement les seconds couteaux. Il n’est plus temps de s’interroger si la Présidence est derrière telle ou telle atteinte à la souveraineté nationale : elle l’est, forcément !*source: tsa/ samedi 28 novembre 2015
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*Gouverner peut nuire à votre entourage
La scène se passe dans un kiosque d’Alger. Un jeune homme, mal réveillé, demande un paquet de Marlboro «entourage».
Sans réfléchir, le buraliste lui tend un paquet de cigarettes sur lequel est marquée la mention «Fumer nuit à votre entourage». Renseignement pris, le jeune homme est un habitué et achète chaque jour son paquet «entourage». Le buraliste le connaît et explique qu’il y a plusieurs mentions apposées sur les paquets de cigarettes pour prévenir le fumeur des dangers qu’il court, «Fumer provoque le cancer», «Fumer tue» ou «Fumer amoindrit vos capacités».
En souriant, le buraliste précise que le jeune homme choisit toujours «entourage», pensant qu’ainsi, il va réellement nuire à son entourage et échapper par ailleurs au cancer, à la mort et à l’incapacité. De la même façon, on explique que même en mauvaise santé, le Président est alerte, efficace, doué d’alacrité et suit pas à pas tous les dossiers, mais que son entourage lui cache les journaux sous le tapis, lui expliquant que tout va bien et que les Algériens sont les plus heureux du monde.
Ce que les 19 signataires de la demande d’audience n’ont pas vraiment précisé, entretenant une certaine confusion. Le Président est-il victime de son entourage ou est-il dans l’incapacité de gouverner sérieusement un pays qui doit faire face à tant de défis ? Soit c’est son entourage qui perturbe sa vision et ses décisions, auquel cas c’est un manque d’autorité, soit c’est lui qui fait tout, ce qui devient un manque de clairvoyance.
Dans les deux cas, ce n’est guère glorieux pour lui et aller le voir ne règlera pas la question, d’autant que la lettre a été remise à son entourage, ce fameux cercle qui dirigerait à l’insu du Président. En attendant un hypothétique renouvellement des espèces, il ne reste qu’à fumer des cigarettes «entourage» évidemment. Pourquoi mourir alors qu’on peut tuer ceux qui vivent autour ? *Chawki Amari / el watan / 11.11.2015 |
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*A l’approche des élections, les Algériens se moquent de plus en plus de leurs hommes politiques
La présidentielle, pas une si mauvaise blague !
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**Les comiques de la politique
*Ils promettent de faire refleurir le désert, de faire surgir les villes comme des champignons après l’averse, d’organiser la Coupe du monde de football en Algérie, ou de créer des emplois par millions. Le plus sérieusement du monde. Sans rire et sans «smir». Galerie de portraits de candidats plus ou moins givrés.
A temps plein, il est marchand de fruits et légumes à Bab El Oued, quartier populaire d’Alger. Bonne pomme et sourire en coin, il vient annoncer au monde son intention de se présenter à l’élection présidentielle. Ayache Hfaïfa se dit artisan. Un noble métier, certes, mais n’est-il pas un tantinet incompatible avec la fonction qu’il brigue ?«Et alors ? Jésus était bien charpentier, non ! Cela ne l’a guère empêché de devenir prophète», assène-t-il avec conviction au journaliste qui l’interviewait entre un cageot de courgettes et un monticule de pommes de terre. S’il est vrai que nul n’est prophète en son pays, Président, cela reste encore possible.
Le candidat au pantacourt
Aujourd’hui point n’est besoin d’être un brillant politicien pour rêver de diriger son pays. Salah Souaker, un magasinier originaire de N’gaous, a fait de son pantacourt, avec lequel il pose fièrement sur sa page Facebook, son principal argument. Cet accessoire vestimentaire, il le veut la preuve cinglante qu’on peut s’habiller d’un pantacourt comme monsieur tout le monde et être candidat à l’élection présidentielle. Avouez que c’est un peu… court comme argument mais c’est plutôt original.
«Pourquoi ne pas concurrencer l’Allemagne ?»
Daoud Akkacha, lui, se voit en preux chevalier partant à la conquête du palais d’El Mouradia. La modestie n’étouffe pas non plus cet illustre inconnu : «Mon seul concurrent aujourd’hui est le président Bouteflika lui-même», dit-il d’un geste qui semble inviter toute la classe politique à aller refaire ses classes.La modestie, ce n’est pas non plus chez Djamel Saïdi qu’il faut la chercher. Cet ancien officier de l’armée au physique de catcheur se dit poète, dessinateur, architecte, directeur de journal, président d’un parti politique et d’une flopée d’associations. Si ses amis le comparent volontiers à un bulldozer, c’est avec la force qui caractérise ce gros engin qu’il propose de construire 25 villes dans le Sud algérien. Excusez du peu, mais ce n’est pas tout. Il promet, s’il est élu, de concurrencer la grande Allemagne. Son slogan ? «Pourquoi ne pas concurrencer l’Allemagne ?». On raconte que depuis cette tonitruante déclaration, Angela Merkel a du mal à trouver le sommeil.
«La providence m’appelle»
C’est justement pendant son sommeil que Messaoud Ghouat s’est vu devenir président de la République. «C’est un signe du ciel», s’est-il dit.«La providence m’appelle. Vite ! Mon destin est de diriger ce pays». Il revêt alors son plus beau burnous et pose devant l’emblème national dans une attitude qui singe le ténébreux Boumediene. Son seul regret, cependant, est de n’avoir pas connu le président Liamine Zeroual en 1999. Sinon, il lui aurait demandé de lui confier le pouvoir plutôt que de le remettre à Bouteflika. Jamais de mémoire de chroniqueur politique on a vu autant de candidatures déclarées. Une averse, un déluge, qui fait que cette élection présidentielle ressemble désormais aux dernières élections communales et législatives avec leur cortège de candidats plus ou moins farfelus, loufoques ou carrément givrés.Les réseaux sociaux et les nouvelles télés offrent à tous ces lunatiques leur quart d’heure de gloire. Ennahar TV et Echourouq TV s’arrachent les candidats atypiques et leur déroulent le tapis rouge sur leurs plateaux.
Le candidat- rappeur
Dès que l’on se déclare publiquement candidat, il y a toujours un micro bienveillant qui vous pend aussitôt au nez et un média avide de recueillir votre incomparable programme et vos louables intentions. C’est le cas de Mister AB, rappeur de son état. Confondant visiblement gouvernement et studio d’enregistrement, il annonce son intention de faire du chanteur Houari Manar son premier ministre et de Cheba Dalila sa ministre de la Culture. Ça va chanter gaiement dans les chaumières. Quand une télé tente de l’interviewer sur le principal projet de son «barnamedj», il ânonne péniblement dans un savoureux mélange de français et d’arabe populaire : « Euh… par exemple, condamné à mort. Condamné à mort… ndir condamné à mort. Par exemple, parce que fil waqt hada gaâ nass tkhaf ala rouh’ha…». Les spécialistes du langage qui se sont penchés sur cette fracassante déclaration ont fini par conclure que notre homme voulait sans doute exprimer son intention de rétablir l’application de la peine de mort.
Le visionnaire incompris
A ce cirque plus comique que politique, il manquait le maître du genre. Celui-là même qui avait donné ses lettres de noblesse à cette discipline qui tient autant du vaudeville que du one man show et il vient tout juste de faire son entrée sous le chapiteau d’Index TV. L’inénarrable Rabah Benchérif, ce farouche adepte du capitalisme horizontal qui avait tant amusé les Algériens au début des années 1990. Avec quelques cheveux grisonnants en plus, il vient de réinvestir la scène, son éternel projet de mer intérieure sous le bras.
En plus de noyer le désert, ce visionnaire incompris veut pomper l’eau de la nappe phréatique du grand Sud et nourrir les Algériens et tous leurs voisins, en créant au passage quelques millions d’emplois et en protégeant la vieille Europe de la montée des eaux… La Toile, comme à son habitude, s’est emparé de ce phénomène médiatique. Au chapitre des blagues très marrantes et des vidéos amusantes, ces nouveaux candidats concurrencent aujourd’hui sérieusement deux grosses vedettes qui font de l’humour à leur corps défendant : Abdelmalek Sellal, Premier ministre, et Cheikh Chemissou, l’imam cathodique. Qu’à cela tienne, à défaut de se faire élire, ils arrivent au moins à nous faire rire.*Djamel Alilat-El Watan-27.02.2014
**La présidentielle, pas une si mauvaise blague !
A défaut de communiquer par les urnes auxquelles ils ne croient plus et qu’ils boudent allègrement, les Algériens se moquent, tournent en dérision et rient de la chose politique. Un humour qui cache mal la morosité qu’ils subissent au quotidien.
Quelle est la différence entre Sellal et Messi ? Contrairement à Messi qui dribble, passe et tire, Sellal ‘‘yetiri bark’’ (il ne fait que tirer, dire n’importe quoi, ndlr)». La blague, parmi tant d’autres qui mettent en scène nos hommes politiques, fait le tour de la toile. «Pourquoi à bord du Boeing 747 reliant New York à Miami tout le monde a un gilet de sauvetage sauf Chakib Khelil ? Bah, parce que c’est le seul qui sache voler… Rigolez pas, c’est sûrement avec votre argent qu’il a appris à l’faire».
Cette autre blague fait franchement rire, arrache juste un petit rictus d’amusement ou quelques expirations saccadées. Au pire (au mieux ?), un sourire mais elle a le mérite de permettre ce précieux recul que les Algériens ont besoin de prendre pour ne pas trop déprimer d’une vie politique qui, au fond, n’a rien de drôle. Privés d’une démocratie participative, de justice et de considération, les Algériens subissent leurs gouvernants, depuis des années, en silence.
Presque en silence. Jamais deux sans trois. Une vanne cynique cette fois qui fait le buzz : «Déçu par le DRS qui décide de porter plainte contre Saadani car cela veut dire que l’on a écarté l’option de la liquidation physique». A défaut de communiquer par les urnes auxquelles ils ne croient plus et qu’ils boudent allègrement de scrutin en scrutin, les Algériens se moquent, tournent en dérision et rient de la chose politique. Ils broadcastent des images satiriques du Président, des ministres et chefs de parti. Ils inventent des blagues, élaborent des montages vidéo, écrivent des chansons, multiplient les plaisanteries et les moqueries qui se répandent comme une traînée de poudre sur la toile depuis que les Algériens ont investi les réseaux sociaux.
Sortir du mal-vivre ensemble
La dérision version web prend d’autant plus d’ampleur depuis que la scène politique algérienne est sortie brusquement de sa torpeur avec la maladie de Bouteflika, la lutte des clans qu’elle provoque, la gestion présidentielle par procuration et la multiplication des déclarations de Sellal, Saadani et autres politiques qui tentent vainement de faire bonne figure pour sauver un régime de moins en moins convaincant. Une situation politique qui frise le ridicule, «dont il vaut mieux rire qu’en pleurer», semble vouloir nous dire la toile algérienne qui déborde de ces acronymes que l’Algérien 2.0 s’approprie, MDR (mort de rire), sa version anglaise LOL (Laughing out loud) et algérienne MBD (Miet Bedahek).
Les Algériens ont toujours aimé rire de la politique : du temps de Chadli, Zeroual, Kaïd Ahmed, ou des premières années de Bouteflika au pouvoir. Depuis que le pays a plongé avec son Président, malade et absent, dans la crise, il y a comme un regain de drôlerie dans la société. Sur le net autant que dans la rue. Le rire devient-il un réflexe inconscient de survie à une situation socialement et politiquement insoutenable ? «Effectivement, cet humour permet aux Algériens de décompresser, de sortir du mal-vivre ensemble, de l’anomie telle que définie par Emile Durkheim (sociologue français, ndlr)» explique le sociologue Nordine Hakiki.
De son avis, ce comportement irrationnel est intéressant dans la mesure où il prouve que les Algériens ne se désintéressent pas de la politique. «Ils n’adhèrent pas au discours officiel, mais s’intéressent à tout ce qui touche le domaine politique. Ils s’y intéressent en jugeant les politiques parfois même violemment», ajoute-t-il. Le rire devient leur remède salvateur.
Démocratie participative par le rire
Il y a souvent de la violence dans les plaisanteries et caricatures qui circulent sur la toile. En témoigne un montage photo qui met en scène les deux frères Bouteflika, Abedlaziz et Saïd, souriants, appuyés sur la carte géographique de l’Algérie, entourée d’une chaise roulante, d’un baril de pétrole, de dollars et du logo de Sonatrach. En haut de l’affiche, leur nom est détourné : «Les frères Boutesrika (les voleurs) réclament la confiance du peuple pour mieux le spolier».
Ou encore cette photo de Mandela, accompagnée de cette phrase assassine : «Les dirigeants devraient prendre exemple sur Madiba, en mourant». Pour Rachid Grim, politologue, c’est là une manière de participer à la vie politique, quitte à verser dans l’insulte ou dans l’insolence de mauvais goût. «Dans les pays démocratiques, ou dits démocratiques, les humoristes (caricaturistes de presse, imitateurs, chansonniers, stand-up, cinéastes, etc.) participent pleinement – par la caricature, l’imitation, le grossissement des traits, l’insolence et parfois l’invective et le mauvais goût à l’‘‘activité politique’’. C’est la soupape de sécurité d’une société moderne qui se moque d’elle-même et de ses politiques».
A la seule différence qu’en Algérie, pays où l’autoritarisme punit la moindre critique désobligeante, très vite interprétée comme «une atteinte à la sûreté de l’Etat», l’humour trouve sa place non plus chez les professionnels du rire mais dans la société. «L’humour agit ainsi en tant que soupape de sécurité par l’autodérision, la moquerie anonyme, la dénonciation allusive contre la déprime et la morosité ambiante», explique encore Rachid Grim. Le sujet, complexe à la base, devient très vite déprimant. Une autre blague cinglante pour ne pas y perdre son sens de l’humour : «Quelle est la différence entre un sidéen et le président Bouteflika ? On est au moins sûr de trouver quelque chose de positif dans le bilan du premier». Si Bouteflika inspire particulièrement ces humoristes 2.0, qu’ils soient anonymes ou avec pseudo, leur cible préférée reste Sellal avec son «Fakakir» et «Nanak etrouh». Des sorties beaucoup moins drôles que celles des «contestataires de la toile».
Sellal et les ‘‘Fakakir’’
Abdelmalek Sellal, l’homme qui incarne le pouvoir depuis plus d’un an, crée le buzz avec ces «blagues très maladroites» qui se retournent impitoyablement contre lui. En multipliant les jeux de mots censés être drôles à chacune de ses sorties médiatiques, le Premier ministre est devenu la risée de la toile. Sa plus célèbre «bourde», l’emploi du terme ‘‘Fakakir’’, lui a valu des dizaines de vidéo-montages où il est tourné en dérision à souhait. L’homme est victime de son sens de l’humour (en a-t-il vraiment ?) et de l’inconsistance de ses déclarations. «Nos dirigeants manquent tellement de ressources intellectuelles qu’il est très facile de les tourner en dérision», note le sociologue Nordine Hakiki.
Le politologue Rachid Grim va dans le même sens : «contrairement à l’humour populaire utilisé souvent comme cache-misère, l’humour dont fait preuve — parfois à tort et à travers — Abdelmalek Sellal, n’a pas cette fonction de baume sur les blessures populaires. Il est consubstantiel de la personne même de l’actuel Premier ministre, connu depuis toujours pour son humour potache qui est devenu sa deuxième nature». Ses tentatives désespérées de nous faire rire échouent presque à chaque coup. Il semble mal maîtriser l’humour comme technique de communication avec laquelle les politiques, ailleurs, jonglent à volonté, pour séduire les électeurs.
Pour l’expert en sciences du langage, Abderezak Dourari, le Premier ministre est presque «drôle malgré lui et par défaut». «Souvent, les politiques ont recours à l’humour pour faire passer leurs messages. Dans le cas du président français, François Hollande, l’humour est mis au service d’un contenu. Chez Sellal, le contenu est sacrifié au profit de l’humour. C’est à mon sens tout simplement parce qu’il a un défaut linguistique, il ne maîtrise pas assez bien l’arabe ni le français, il fait donc appel au parler populaire mais sans défendre un contenu.»
Une société au bord de l’explosion
Pour le linguiste, c’est pour cette raison que les jeunes et moins jeunes à qui il inspire tant de railleries le lui rendent bien. «En se moquant de lui, ils lui disent, à lui et au pouvoir qu’il incarne : ‘‘Nous ne sommes pas aussi niais que ce que vous pensez. Nous savons tourner en bourriques ceux qui nous prennent pour des bourriques’’». Pour lui, «les gens du pouvoir s’imposent grossièrement à la société, ils ne maîtrisent pas les techniques de communication et n’en ont même pas besoin pour se maintenir au pouvoir.» Les Algériens qui se moquent des hommes politiques sur la toile et ailleurs n’ont aucun pouvoir, ils déploient des efforts et font preuve d’imagination pour «déconstruire la logique discursive du pouvoir par la simple culture populaire» qu’ils maîtrisent d’ailleurs mieux que leurs dirigeants. Une forme de résistance politique spontanée par le rire. Une dernière pour finir : «Un Algérien, à propos de sa femme : elle voulait que je lui dise de belles choses. Alors, je lui ai dit que notre amour est comme Bouteflika, même s’il n’est pas grand, il ne risque pas de s’éteindre de sitôt». Ce n’est peut être pas une blague.*Bouredji Fella-El Watan-27.02.2014
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*Ça raille de partout
Le petit journal» de Canal + récidive avec encore plus de sarcasmes sur l’état de santé de notre Président et sa décision de briguer un 4é mandat.
Non seulement il est revenu à la rescousse pour montrer qu’il avait raison dans le trucage des séquences de la télévision publique pour camoufler son handicap physique, mais il a poussé très loin la dérision à travers un sketch improvisé pour tourner au ridicule l’incroyable décision de Bouteflika de briguer un quatrième mandat alors que son incapacité à gouverner le pays est flagrante. Un sketch dans lequel la chaise roulante tenait le rôle principal, c’est dire… «Le petit journal» animé par Yann Barthes qui est très suivi dans l’hexagone et ailleurs — en Algérie y compris évidemment — égalant même l’audience (s’il ne la dépasse pas) du «Grand journal», a pris la réputation d’être un magazine satirique qui ne fait pas dans les sentiments quand vous lui offrez l’occasion de vous découper en rondelles. A situation burlesque et grotesque qui choque l’opinion, il répond par une critique féroce qui vous amène à réfléchir sur les situations les plus improbables au lieu d’en rire. Le divertissement est ici conçu comme un édito qui remplace les commentaires de presse les plus pointus. Exactement comme les guignols de l’info mais dans un tout autre style. Tous les acteurs publics, qu’ils soient des politiques, des artistes, ou des sportifs craignent comme la peste ce petit canard qui guette la moindre bêtise ou anomalie pour en faire des sujets de plaisanterie qui font grincer les dents. Il doit son succès populaire à sa sagacité à aller chercher là où il se trouve le détail qui fait mouche, accompagné d’arguments ou de preuves difficilement contestables. Quand il s’était attaqué la première fois à Bouteflika pour mettre à nu le montage technique par lequel on a cherché à dissimuler son impotence dans les audiences protocolaires, il y a eu un tollé de contestation chez nos responsables, dont celui du Premier ministre et du DG de l’ENTV qui se sont empressés de crier au scandale d’une grossière entreprise de désinformation. Yann Barthes serait-il animé de quelques intentions de déstabilisation du régime algérien en montrant ses propres images d’un Président malade, presque figé et ayant du mal à communiquer avec ses interlocuteurs ? Ce serait vraiment aller trop vite en besogne en pensant, comme le font nos dirigeants, que toute critique qui viendrait de l’étranger est forcément malveillante, voire pernicieuse dans son intention de vouloir porter atteinte à la stabilité du pays. La main de l’étranger, quoi !… Le refrain est connu et archi usé pour avoir une chance de se remettre au goût du jour comme au bon vieux temps des années de plomb. Les démentis de nos officiels, qui ont été fortement ébranlés par cette charge inattendu du «petit journal» n’ont cependant convaincu personne parmi les Algériens lambda qui ont suivi avec délectation le contre-trucage des séquences du Président par la télé privée française. La preuve, les réseaux sociaux ne sont pas restés indifférents à cet étalage de la vérité, et se sont bien amusés à leur tour de la politique du mensonge menée par un sérail visiblement en perte de vitesse, de crédibilité, et pris la main dans le sac en flagrant délit de tromperie dans la marchandise. Que vont dire nos officiels offusqués à propos de cette deuxième offensive du «Petit journal» qui a caricaturé à sa manière une démarche présidentielle qui nous vaut raillerie et humiliation à travers le monde. Rien… Ils ne pourront rien dire car en s’accrochant désespérément à son trône malgré une maladie fortement invalidante, c’est le candidat Bouteflika assuré de sa propre succession qui donne matière aux spécialistes de la satire pour lui tailler un costume à sa mesure, et dans la foulée donner de l’Algérie une image exécrable d’un pays livré à la gérontocratie qui veut régner par la force alors que les besoins d’un changement démocratique sont immenses. Le Président qui ne s’est pas adressé au peuple depuis son accident cardio-vasculaire est-il conscient de la tache noire qu’il va inscrire dans l’histoire en refusant l’alternance qui pourrait ouvrir des perspectives radieuses à notre société ? Que veut-il prouver en faisant un passage en force pour immortaliser sa présence à la tête de l’Etat, alors qu’il évolue dans les arcanes du Pouvoir depuis l’âge de 25 ans quand il avait été nommé ministre de la Jeunesse et des sports. Bouteflika a tout connu avec l’Algérie. Il a occupé de multiples postes de responsabilité avant d’être porté vers le plus haut. Il a côtoyé tous les grands de ce monde. Et il fait trois mandats dont un de trop après avoir révisé la Constitution dans ses articles portant sur la limitation des mandats. En agissant ainsi, il avait déjà brisé le rêve que nous avait laissé Zéroual, celui de voir enfin notre pays entrer dans la réalité démocratique par un jeu de l’alternance qui commence par le sommet. Sellal qui a été l’un des artisans de ce forcing présidentiel parle, lui,… d’un capital expérience inestimable pour l’avenir de l’Algérie. En plus de ses facultés intellectuelles qui sont supérieures à celles des Algériens, Bouteflika serait donc un gage d’expérience qui nous est indispensable pour les cinq années à venir, et peut-être plus pourquoi pas. Les autres candidats ne pourront donc pas soutenir la comparaison car ils manquent d’expérience. C’est un peu comme ce jeune diplômé chômeur qui n’arrive pas à trouver du travail parce qu’on lui demande de l’expérience. Mais comment acquérir cette expérience si on ne lui donne pas l’occasion de travailler… La vision de Sellal, décidément, ne fait pas rire, même pas les caricaturistes tant elle est violente dans le mépris de l’autre.*Abderezak Merad-El Watan-27.02.2014
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*L’humour en politique
La politique n’intéresse plus l’ensemble de la société. Et les hommes qui l’incarnent n’ont plus le soutien de la population. Une désinvolture certaine alliée à un amusement a progressivement conquis la place publique. Les structures politiques semblent de plus archaïques quand elles ne sont pas altérées. Et c’est pourquoi l’on plaisante beaucoup de la politique, de ses personnages, de ses pseudo débats. C’est pour beaucoup un monde à part qui prête à rire.
Il faut d’abord distinguer l’humour de la moquerie. L’humour est une forme d’esprit qui consiste à présenter la réalité de manière à s’en détacher. Le sujet visé est soi-même. On acquiert ainsi un autre regard sur ce qui nous arrive. « On ne dramatise pas, on relativise. » La moquerie, elle, porte sur autrui. Elle s’accompagne d’un jugement. Ainsi, « le fou du roi, par ses mimiques, ses singeries, donnait un message caché en provenance de la cour au roi. Le roi, selon son humeur, prenait du recul sur une situation qui lui était présentée et prenait une décision. Le roi faisait ainsi preuve d’humour ».
De tout temps l’on a tourné la politique, ou plutôt le pouvoir en place, en dérision. «Les pièces de Shakespeare, Hamlet et Les Fourberies de Scapin pour ne citer qu’elles, possèdent toujours une critique dissimulée du système politique ». L’humour est donc une forme de contre-pouvoir. « C’est l’apanage de la démocratie » est-il dit. Pourtant, « si sous une dictature la raillerie publique n’est pas tolérée, caricatures ou autres formes de dérision « se passent sous le manteau » ». Et si le peuple s’amuse du gouvernement qui le dirige, c’est pour ne pas y être assujetti et pour s’accaparer un recul qui lui donne le pouvoir de le remettre en cause. La liberté d’expression, lorsqu’elle existe, assure à ce contre-pouvoir un écho manifeste.
Qu’en est-il alors lorsqu’un pouvoir médiatique distinct s’élève aux côtés de celui des citoyens et du politique ? Il en est fait souvent référence dans les Cafés; les médias ont une grande influence sur notre société. Ainsi, avoir sa marionnette aux « Guignols de l’Info » est-il un signe de notoriété.
L’image d’un homme politique est très importante pour lui-même et pour les citoyens. En effet, c’est un homme public. « Cette représentation publique ne lui appartient pas. Elle est modelable par la société toute entière ». Mais on souligna que la limite entre vie privée et vie publique chez les comiques était souvent ambiguë. Et le danger, pour un intervenant, «c’est l’utilisation par les comiques de cette sphère privée. Les hommes politiques ne pourraient porter plainte contre ces humoristes. On ne tolèrerait pas qu’un politicien, déjà discrédité, s’accroche à sa dignité ». Pour d’autres Arcadiens, « les français comprendraient qu’un homme politique poursuivent en justice des comiques qui ont bafoué sa vie privée. » « C’est un citoyen comme un autre. Il a le droit au respect de sa vie privée. »
Le mode comique peut alors dévier vers la méchanceté. Pourtant, faire de l’humour ne signifie pas blesser les gens. « Mais comment faire rire des millions de citoyens tous les jours à toute heure ? Les émissions humoristiques tombent forcément dans la facilité. »
Qui du politique ou des médias modèle le mieux l’image de ce premier ? Pour certains, les politiciens ne peuvent guère s’insurger contre cette médiatisation qui a déjà tant d’emprise sur les Français. Ils ne contrôlent pas leur image. Pour d’autres, ils laissent faire et évoluent au gré des humeurs cathodiques. Ils s’arrangent ainsi de l’image qu’on leur fabrique quand ils n’occasionnent pas parfois les thèmes ou répliques des futurs sketches.
Comment l’image du politique nous parvient-elle ? Pour ne pas paraître élitiste, ce qui, ajouté à leur difficulté à diriger le pays, révolterait les français, les politiques tentent de vulgariser leur image, « en patin à roulettes, à vélo ou en enlevant leur cravate. » Pour autant, cette image semble ne pas plaire; « Certainement parce que les missions politiques restent dans l’esprit des Français très sérieuses. » L’homme politique incarne l’intérêt général. Il est censé représenter le peuple.
« Il y a danger à voir l’homme politique seulement derrière le filtre de l’humour. » Surtout lorsque cet humour est « préfabriqué ». Car « l’humour endort les gens. Il nous emprisonne et nous détache des faits réels ». De plus, les messages en politique deviennent de plus en plus courts et minimalistes. C’est du « marketing « à l’américaine » ». On capte aujourd’hui l’intérêt des gens à coup de phrases percutantes, de soubresauts saisissants.
L’humour permet certes de nous détacher du contexte politique actuel. Peut-être trop d’ailleurs; car se référer constamment à la dérision peut divertir voire aveugler. Il ne faut pourtant pas que le discrédit dont les hommes politiques souffrent conduise à un manque de respect de l’individu et altère l’esprit citoyen.*source:cafes-citoyens.09/12/2000
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«Il ne faut pas jouer ave ma tête»
Interférences, menaces voilées, jeux de coulisses
**Loin de toute déonthologie
*M.Saâdani veut à tout prix chasser le vice-président de l’APN, Mouad Bouchareb et sa collègue Malika Fodil, députée de Béchar, quitte à déstabiliser l’assemblée.
Rien ne va plus à l’APN. La crise du FLN secoue sérieusement la première chambre du Parlement. Le conflit a atteint le centre de la hiérarchie. Le président Mohammed Larbi Ould Khelifa risque sérieusement sa place à la tête de l’institution parlementaire.
Le secrétaire général du FLN exerce un forcing sans précédent. Amar Saâdani fait pression sur le troisième homme politique du pays pour évincer le vice-président Mouad Bouchareb, qu’il a exclu du parti, du bureau de l’APN. Après que celui-ci ait refusé d’appliquer les ordres lors de la précédente session en se référant au règlement intérieur de l’assemblée, le chef de file du parti majoritaire s’en prend directement au président de l’APN. M.Saâdani veut à tout prix chasser le vice-président de l’APN, Mouad Bouchareb et sa collègue Malika Fodil, députée de Béchar, quitte à déstabiliser l’assemblée. Le secrétaire général a instruit le président du groupe parlementaire du FLN Tahar Khaoua de rencontrer Ould Khelifa pour qu’il trouve une solution en urgence au cas Bouchouareb et le remplacer par le député Kharchi. Saâdani a même engagé Sadek Bougataya à faire pression sur Ould Khelifa. Ce dernier a fait savoir aux responsables de l’administration qu’au cas où Ould Khelifa n’appliquera pas les ordres, la direction lui retirera la confiance. Sous contrainte, Ould Khelifa est passé à l’acte. Lors d’une réunion du bureau tenue le mercredi dernier, le président a saisi l’occasion de l’étude des amendements apportés au Code pénal pour faire glisser comme note à l’ordre du jour l’éviction des deux députés.
La réunion à laquelle ont assisté huit vice-présidents sur les dix a provoqué la pagaille. Le vice-président Mouad Bouchouareb a contesté cette décision et a été soutenu par trois de ses collègues. «Ould Khelifa était malin et voulait passer cette note en catimini en interdisant aux vice-présidents de prendre la parole ce qui a poussé certains d’entre eux à quitter la réunion», a affirmé Mouad Bouchareb. Contacté par nos soins, le concerné explique que le président n’a même pas montré le document portant sur cette décision. C’est sur son insistance que Ould Khelifa a fini par montrer la note du secrétaire général du FLN. Accompagné par les trois vice-présidents, M.Bouchareb est allé même demander des explications auprès du président du groupe parlementaire Tahar Khawa. «Nous avons trouvé Khawa en compagnie de Sadek Bouguetaya qui s’est retiré pour éviter une confrontation», raconte notre source qui précise que Tahar Khawa était incapable de donner une explication valable à cette décision et qu’il ne peut même pas avoir l’accord du tiers du groupe parlementaire pour retirer la confiance. Les trois vice-présidents estiment que l’exclusion d’un député doit être adoptée par l’ensemble des membres du groupe parlementaire et non pas en catimini sur un simple document signé par son président. M.Bouchareb refuse de céder sa place, tant que les députés ne l’ont pas contesté. Le règlement intérieur stipule que le député est élu à un mandat d’une année. Devant cet état de fait, le président a même sollicité le Conseil constitutionnel pour donner son avis. «Le Conseil constitutionnel a tranché que l’APN est une assemblée régie par un règlement intérieur et qu’aucun parti n’a le droit d’interférer dans ses affaires», indique notre source, une réponse que n’a pas voulu diffuser Ould Khelifa. Autrement dit, le président de l’APN n’a pas à se soumettre aux ordres du secrétaire général du FLN et il est tenu de faire respecter le règlement intérieur de l’APN. Craignant pour sa place, le patron de l’APN tente de tout faire pour ne pas subir les affres de Saâdani.
Ainsi, son maintien à la tête de l’APN dépendra du départ de Mouad Bouchareb. «Il ne faut pas jouer ave ma tête», aurait déclaré Ould Khelifa à ce député. En tout cas, cette affaire risque de prendre en otage l’institution parlementaire. En raison de ce conflit, le bureau de l’APN ne s’est pas réuni pendant plus d’un mois lors de la précédente session d’automne. Même pas une semaine après l’ouverture de la session de printemps, le président de l’APN risque de ne pas sortir la tête de l’eau. En plus du FLN, l’opposition lui promet son lot de désagréments. *Par Nadia BENAKLI - Dimanche 08 Mars 2015 / L’Expression
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*L’austérité sous le crayon de Garnotte
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