pouvoir et opinion publique en Algérie

 **Devant le manque d’écoute…  Couper la route:  le dernier recours des citoyens                              

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Décidément, le procédé devient le mode d’emploi pour les citoyens des quatre coins du pays : couper la route pour exprimer leurs revendications, leur colère ! En effet, d’aucuns jugent que c’est la meilleure façon d’attirer l’attention des pouvoirs publics par rapport à une revendication sociale quelconque.
Dans la forme, le procédé qui pénalise autant les citoyens que les ‘officiels » ne peut être qualifié que ‘d’acte incivique », mais dans le fond, et devant le malaise social qui atteint parfois son paroxysme, il n’est pas forcément dit qu’il faut accabler davantage les citoyens qui trouvent cette méthode comme le dernier recours. ‘C’est le dernier recours qui nous reste dans ce pays, où nous nous retrouvons souvent devant la sourde oreille des autorités censées nous écouter. Y en a marre de la hogra ! ». À quelques nuances près, c’est le commentaire qui revient sur toutes les bouches des protestataires. Couper la route pour protester, ce modus operandi de plus en plus adopté par les porte-voix de la communauté, souvent des jeunes, est davantage préféré au passage des ‘cortèges officiels ». Avant-hier mardi, la délégation officielle, menée par le ministre des Ressources en eau et le wali de Tipasa, l’a vérifié à ses dépens dans la localité de Gouraya, où des citoyens ont décidé de couper la route, en dressant un ‘barrage » de pneus brûlés sur la RN11. Il s’agit des habitants de la commune Aghebal, (ouest de Tipasa), qui veulent profiter notamment du passage du wali, pour réitérer leur revendication de ‘pourchasser l’entrepreneur » à qui a été attribué le projet d’élargissement de la RW14 à partir de la RN11, Gouraya à Aghebal, (environ 13 km).
Selon les protestataires, l’entrepreneur en charge de ce projet n’aurait pas donné satisfaction, et les usagers de la route d’Aghebal restent toujours pénalisés par l’état dégradé de la chaussée. Le cortège ministériel, en visite de travail dans cette wilaya, qui était de retour de la commune de Damous, a été ainsi contraint de rebrousser chemin, vers 13h, pour ne retourner que tard dans l’après-midi, vers 17h. Le wali, qui a fini par descendre de son véhicule, n’a pas pu faire entendre (sa) raison aux protestataires visiblement surexcités en cette journée de canicule. De même les services de sécurité mobilisés pour la circonstance. Mieux, l’arrestation de certains manifestants par les gendarmes et les policiers a davantage aggravé les choses. Après quoi, la délégation a préféré quitter les lieux et rejoindre le siège de la daïra de Gouraya, et attendre que les échauffourées prennent fin. Dans ses explications, le wali de Tipasa, Mustapha Ayadi, soutient presque tout le contraire de ce qui a été avancé par les citoyens protestataires. Pour lui, il n’est pas question d’arrêter un entrepreneur sur un simple coup de tête. Il rappelle que l’entrepreneur, objet des protestations, avait bénéficié réglementairement de ce projet, et qu’un contrat fixant toutes les modalités de ce marché a été signé entre lui et l’administration. ‘Pour un montant de 30 milliards de centimes, ce marché concerne la réalisation d’un projet d’élargissement de 40 km de route dans un délai de 8 mois, et cela fait 3 mois depuis que les travaux ont débuté. Il est encore prématuré d’évaluer la prestation de cet opérateur », a tenu à préciser le wali, non sans rappeler à l’ordre les protestataires en leur demandant d »agir avec un esprit de citoyenneté ». Néanmoins, M. Ayadi avoue qu »en cette période préélectorale, nous n’avons pas mis en place tous les mécanismes d’écoute ». À méditer ! (Liberté-30.08.2012.)

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**Prenez les voyous et rendez-nous notre papier

Lu çà et là dans la rubrique faits divers : des combats de rue, de véritables batailles de tranchées urbaines secouent des quartiers populaires de la capitale et des villes de l’intérieur du pays. Des bandes rivales se battent pour le contrôle de territoires ou pour régler leurs comptes à quelques bâtiments du QG de la République. Résultat : des morts d’innocents, des blessés et une psychose en supplément. Comme si les Algériens avaient besoin de la menace permanente d’une bande de criminels, à peine sortis de l’adolescence. L’absence de l’Etat dans ces pires moments prend en otage toute une population livrée à elle-même, incapable de se défendre face à la vague de violence qui habite ces énergumènes, véritables guerriers de la lâcheté. Frappant en meute et en traitre, ils font la loi en absence de la loi. Ils colonisent des cités entières lorsque la police de la République pointe ses matraques en direction de poitrines revendicatrices de pain et de liberté. Vol, agression, racket sont leur menu quotidien et épées artisanales, bombes lacrymogènes, couteaux à cran d’arrêt et pistolet d’alarme, leur rosaire de chevet. Ils sont devenus maîtres de l’espace laissé en friche par l’Etat qui préfère voir ailleurs jusqu’à ce qu’un gamin se fasse tuer en allant faire les provisions familiales. On se rappelle alors de ces zones « dortoirs » qu’on ne visite qu’une fois la contestation sociale risque de déborder en dehors de ces cités insalubres. On fait la chasse aux voyous et l’uniforme bleu devient plus ostentatoire empêchant la justice collective de frapper. Mais dans tout ce magma putride, ces joueurs de couteau, ces petites frappes ne sortent pas de nulle part. Ils sont le fruit de la grâce qui, chaque année, ouvre les portes des prisons pour remettre en liberté une petite délinquance qui ne fait que prendre du grade. A chaque date anniversaire, la République décide d’aérer ses geôles en libérant des numéros d’écrou récidivistes qui, une fois dehors, se remettent au boulot en gang ou en solo. Si la police arrête, la justice libère. Si la justice condamne, le président gracie. Voilà toute l’histoire de la chaîne criminelle aujourd’hui en Algérie. Pour ceux qui s’offusquent des conditions carcérales, pour les âmes sensibles qui s’émeuvent de la qualité de la nourriture ou du m2 de la cellule, il faut savoir qu’ailleurs, dans la capitale de la démocratie occidentale, aux States, les prisonniers sont enchaînés et envoyés dans des camps de travail. Alors que chez nous, et depuis qu’on a arrêté les cargaisons de petits truands acheminées vers le sud pour faire connaissance avec l’alfa, l’Algérie produit plus de voyous que de papier de qualité..(Quotidien-Oran-30.08.2012.)

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  «Les Algériens n’aiment pas leurs ministres»

 Le sociologue Nacer Djabi publie un ouvrage complet sur les origines et le parcours des ministres en Algérie…

Selon le sociologue Nacer Djabi, les Algériens ont une mauvaise image des ministres et ne les considèrent pas comme une «élite».

La sociologie politique algérienne s’est rarement intéressée aux origines et à la carrière des dirigeants du pays. Les biographies personnelles ou collectives sont peu nombreuses, compliquant la tâche aux chercheurs, étudiants, journalistes, analystes ou lecteurs curieux. Par exemple, il n’existe pas de livre crédible retraçant l’itinéraire politique et professionnel des chefs d’Etat algériens depuis l’indépendance.Ceux qui ont écrit sur le colonel Houari Boumediène l’ont fait par nostalgie idéologique, par militantisme ou simple passion historique. Il n’y pratiquement rien dans la bibliothèque algérienne d’ouvrages sur Chadli Bendjedid, Ahmed Ben Bella ou Ali Kafi.

Ce dernier a écrit ses Mémoires (toujours non publiées), les deux premiers ne l’ont pas encore fait. Et aucun président algérien n’a écrit un livre de sa propre plume ! On ne sait pratiquement rien sur Liamine Zeroual. Idem pour Abdelaziz Bouteflika. Le sociologue Nacer Djabi, au bout de dix ans de travail de recherche, a élaboré un volumineux livre de 670 pages riche en biographies des ministres encore en poste ou ayant servi par le passé. Une véritable «recherche géologique» à l’intérieur de la société algérienne. Al wazir al djazaïri, oussoul oua massarat (le ministre algérien, origines et parcours), qui vient de paraître aux éditions Chihab, permet d’avoir une idée assez précise sur ceux qui, depuis l’indépendance du pays, se sont succédé dans les départements ministériels de tous les secteurs. L’auteur a réalisé des entretiens avec plus de 150 ministres.

«La majorité de mes interlocuteurs ont accepté de répondre à mes questions. Je suis allé chez eux, ils sont venus chez moi ou à mon bureau, au Cread. Cela dit, certains n’étaient pas coopératifs à l’image de Bouteflika, Ben Mohammed, Kherroubi, Bouchama. En sociologie, on sait que les membres de l’élite sont toujours méfiants. Il est toujours plus facile de faire parler les gens ordinaires», a indiqué Nacer Djabi, en margé d’une séance de vente-dédicace au 16e Salon international du livre d’Alger (SILA).

La réticence de certains hommes politique n’a, d’après lui, pas d’explication précise. Curieusement, les universitaires ont été les plus réservés, les moins ouverts. «Première conclusion de mon travail : les Algériens n’aiment pas leurs ministres. Ils ont une mauvaise image d’eux et ne les considèrent pas comme une élite. Cette mauvaise perception est plutôt celle du système dans son ensemble et pas forcément le ministre en tant que tel», a noté l’auteur, précisant que les Algériens ne font pas de différence entre le système et les individus. Selon lui, les ministres constituent une élite «ordinaire» de par leur parcours, leur origine sociale, leurs diplômes et/ou formations.

Autre constat établi par Nacer Djabi : les régions du centre du pays et l’extrême sud ne sont pas représentés dans les nominations des ministres. Sonatrach, Sonelgaz, les grandes universités, les grandes écoles françaises, les médersiens ont «produit» la plupart des ministres algériens. «Peu de ministres sont venus des partis. A l’époque de l’unicité de pensée, les ministres deviennent militants du FLN une fois nommés à leur poste», a-t-il dit.

Les zaouïas, ou ce que le sociologue appelle «institutions traditionnelles», «livrent», elles aussi leurs ministres, même si «les institutions modernes» sont plus pourvoyeuses en cadres. «Vous pouvez même trouver des docteurs d’Etat cooptés par des zaouïas. Une trentaine de ministres sont arrivés à des postes de responsabilité grâce à des zaouïas», a-t-il souligné.
Nacer Djabi a étudié quatre générations : grands-parents, parents, ministre lui-même et enfants. «Nous avons donc une vue d’ensemble. A travers le ministre, c’est toute l’histoire économique, sociale et politique de l’Algérie qui est étudiée. Certains ministres proviennent de milieux aisés, d’autres de familles pauvres, d’autres encore de cercles proches de l’Etat depuis l’époque ottomane. Il y a donc des milieux qui ont produit pour les Turcs, les Français, la guerre de Libération et les gouvernements d’après l’indépendance. Il s’agit donc d’une continuité dans l’acte de servir l’Etat», a noté le sociologue.

D’autres cercles sont apparus avec la guerre de Libération. Il a estimé que l’élite ministérielle reflète, d’une certaine manière, l’histoire politique et économique du pays ainsi que les grandes changements sociaux. Il cite l’exode rural, l’émergence de l’école, le développement des villes, etc. D’après le chercheur, des familles ont produit plusieurs ministres à l’image des Mentouri, des Zerdani et des Ziari.

La compétence est-elle un critère de sélection pour un poste ministériel ? «C’est relatif. Le ministre est chargé de la gestion d’un secteur. Il doit théoriquement être qualifié pour le faire, avoir au moins un diplôme. Il ne fait pas de politique. Il est nommé pour gérer», a précisé M. Djabi comme pour évoquer le caractère «technocratique» attribué, à tort ou à raison, aux gouvernements algériens (Bouteflika a consommé huit Exécutifs depuis son arrivée au pouvoir en 1999). Le sociologue prépare une suite à Al wazir al djazaïri, oussoul oua massarat. Il s’agit d’un travail d’analyse. Nacer Djabi est, pour rappel, auteur de plusieurs études et essais comme l’Algérie : l’Etat et les élites ainsi que les Elections, l’Etat et la société. (El Watan-02.10.2011.)

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 *Karim Tabou : « Le pouvoir algérien est très mauvais, il a détruit la société»

 Le premier secrétaire du Front des Forces Socialistes (FFS), Karim Tabou, qui a animé, dans l’après-midi de samedi 22 octobre 2011, un meeting à Bouira, est revenu sur sa rencontre avec le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, qui a effectué mardi dernier une visite de travail en Algérie.

«C’était une occasion de lui expliquer que cela fait 20 ans que le pouvoir algérien vend un discours qui garantit les intérêts des étrangers», dira-t-il.

Ainsi, Tabou aurait soufflé à son interlocuteur que « le régime en place est basé sur des personnes». Le premier secrétaire du FFS a accusé le pouvoir d’être derrière le climat d’insécurité qui règne dans le pays, estimant que «cela fait 20 ans qu’il  (le pouvoir, ndlr) passe son temps à détruire la société».

«C’est un pouvoir très mauvais», a lâché le secrétaire national du plus vieux parti d’opposition. Pour étayer ses propos, Karim Tabou cite les derniers attentats ayant ciblé ces dernières années Alger et ses environs, notamment celui qui a visé l’académie militaire de Cherchell.

« Soit c’est eux (le pouvoir ndlr), qui font de la violence, soit ils sont incompétents», dénonce-t-il. Ainsi, le retour de l’islamisme inquiète le FFS. Selon l’orateur, « les plus grands marchés de l’informel sont aujourd’hui détenus par des islamistes et des repentis».

Il n’a pas manqué de fustiger également certaines formations politiques, en les qualifiant, de « faux partis qui ont aidé le régime à maintenir le statu quo». (El Watan-22.10.2011.)

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**Les supers-citoyens et les autres

***Ils se considèrent au dessus des lois et au dessus du peuple

Ce qui s’était passé le 21 août dernier à  Beni Haoua, dans la wilaya de Chlef, n’était pas un fait anodin ou fortuit. Miloud Mokran, ex-conseiller à à la Présidence de la République du temps de Liamine Zeroual, avait tenté d’assassiner son jeune cousin pour la simple raison qu’il avait commis le “crime” de…se garer devant sa maison. Six balles tirées. La victime est hospitalisée et ne doit son salut qu’au miracle. 

L’ex-haut responsable a été uniquement placé sous contrôle judiciaire alors que dans d’autres dossiers, beaucoup moins délicats, des Algériens ont été incarcérés comme nous le rappelle si bien le feuilleton de l’affaire KBC. Mais, passons.

Le drame de Beni Haoua nous renvoie vers une autre problématique : les dirigeants algériens ressentent un besoin pathologique d’abuser de leur pouvoir y compris dans leur quartier. Même là où ils habitent, nos hauts responsables se considèrent comme des maîtres à qu’il faut se plier. Devant chez-eux, c’est aussi chez-eux ! Ils ne saisissent pas la notion de l’espace public. Ils privatisent les rues, les quartiers, l’espace commun en un mot. Ce sont des super-citoyens. Devant leurs maisons, les sous-citoyens que nous sommes n’ont pas le droit de garer leur véhicule, d’emprunter la route ou de se prélasser dans un jardin public qui fait face à leurs fenêtres. La tragédie de Beni Haoua ne relève pas de l’anecdote. Une simple virée dans les quartiers huppés d’Alger, tels ceux de Hydra ou d’El-Biar, démontre que là où il y a une résidence d’un officiel algérien, la circulation est bloquée, les espaces sont verrouillés, les passants chassés et les rues deviennent des impasses.

A Hydra, au niveau de la rue n° 4 du Paradou, la circulation routière est quasiment interdite par un policier qui veille sur la propriété d’Ahmed Ouyahia, le directeur du cabinet de la Présidence. Devant la maison du dirigeant, des policiers ont improvisé un mini-barrage de sécurité. Les passants sont passés au scanner et les automobilistes interrogés sur leur itinéraire. Pourtant, la villa d’Ahmed Ouyahia n’est pas habitée puisque ce dernier occupe une résidence au Club des Pins. Pis encore, un bois au milieu du quartier a été entièrement clôturé pour empêcher que des “sous-citoyens” algériens se détendent devant la propriété du super-citoyen Ouyahia. Dérive, dérapage ou abus de pouvoir, personne ne s’en soucie au sein de l’Etat. Et pour cause, ces pratiques sont d’une banalité consternante chez tous nos hauts responsables.

Toujours à Hydra, en face de l’ambassade de France, se trouve la célèbre résidence Dar Al-Afia. Naguère une belle et majestueuse résidence d’Etat où des officiers de l’armée nationale venaient se reposer, elle est devenue, depuis les années 90, la propriété de deux anciens et puissants généraux qui faisaient la pluie et le beau temps dans notre pays. Le général Nezzar, ancien ministre de la Défense nationale, et le fameux général Toufik, l’ancien patron du DRS, disposent de belles résidences situées sur le domaine de cette résidence d’Etat morcelée et cédée à ces hauts responsables dans les conditions les plus opaques. S”agit-il de logements de fonction qui ont fini par être privatisés ? Personne ne le sait et il ne reste qu’une partie de cette résidence officielle dont on ne sait plus comment et par qui elle est gérée. Quoi qu’il en soit, pour le confort des généraux Nezzar et Toufik, toute la rue est bloquée et interdite à la circulation. Personne n’a le droit de l’emprunter ou de s”y aventurer. L’impasse des généraux est tout bonnement un autre bout de l’Algérie.

A Hydra toujours, tout le monde se rappelle de la résidence du défunt général de corps d’armée Benabbes Gheziel, ancien commandant de la gendarmerie nationale. Durant de longues années, devant la maison de ce haut gradé, les services de sécurité empêchaient les gens de circuler à pied ou à bord de leurs véhicules. Au nom de la sécurité, on justifiait toute une appropriation d’un espace public qui n’a plus de rien de public dés qu’un dirigeant algérien habite à proximité.

L’arrivée du Président Bouteflika n’a guère changé ces pratiques. Au contraire, elles se sont exacerbées. Preuve en est, devant son appartement situé à  El-Biar, pas loin de l’ambassade des Etats-Unis, des 4X4  du DRS bloquent la route et empêchent tout “sous-citoyen” d’entrer s’il n’habite pas dans le quartier. Là aussi, tout un dispositif de sécurité est mis en place pour surveiller un bien privé dédié aux quatre vents ! Le Président Bouteflika est installé à la résidence d’Etat de Zéralda et ne fréquente plus son appartement depuis de nombreuses années. Il dispose, en plus, de plusieurs autres résidences sous haute surveillance et situées à l’abri de cette population perçue comme un danger permanent.

Comment s’étonner, dés lors, qu’un ancien haut responsable en vienne jusqu’à assassiner un “sous-citoyen” pour une simple histoire de stationnement ? Nos dirigeants ont fait sienne cette devise de Paul Valéry : “Le pouvoir sans abus perd le charme”…*par Abdou Semmar / algerie-focus./  jeudi 01 septembre 2016

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*72 % des Algériens mécontents de leurs institutions

72 % des Algériens sont mécontents des institutions de leur pays et de leur fonctionnement, selon les résultats d’une enquète effectuée par l’institut de sondage Abassa. Celui-ci évalue le nombre des Algériens satisfaits à 6 % seulement. Ce qui renseigne sur l’état de dégradation de la relation entre l’administration et les citoyens. Le questionnaire a porté sur la qualité de vie des Algériens dans leurs cités, leurs rapports aux services publics, aux administrations locales et nationales, leurs relations quotidiennes à leur environnement de proximité et à leur vècu quotidien. 40 % des Algériens déclarent vivre mal, voire très mal, dans leurs villes. Face à cette situation,les citoyens revendiquent des responsables crédibles et sincères, et suggèrent une stratégie d’écoute et de communication en direction des jeunes notamment. Les institutions de l’Etat vont-ils tenir compte des résultats de ce sondage et changer en mieux pour restaurer cette confiance perdue et cette crédibilité ébranlée? Beaucoup de citoyens restent sceptiques jusqu’à preuve du contraire.*avril 2008

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*Abus de pouvoir

 point de vue…Une Algérie avec deux collèges

On prête à feu Kaid Ahmed, ministre du temps du président feu Houari Boumediene, d’avoir déclaré dans un discours «nous sommes au bord du précipice, nous allons faire un pas en avant» ! Il semble établi que cette prophétie s’est confirmée : aujourd’hui, la nation algérienne a fait un grand pas depuis !

Même les invétérés optimistes sont gagnés par le pessimisme présentement ! «En 2005, près de 340 milliards de dinars ont été dilapidés. En 2006, les enquêtes préliminaires dans des affaires de dilapidation de deniers publics ont évalué le préjudice à plus de 1 300 milliards de centimes. Dans le volet des abus de biens sociaux à des fins personnelles par des responsables d’entreprises ou de collectivités locales, les auxiliaires de la justice ont signalé la perte de plus de 2 000 milliards de centimes. Dans les banques, même constat. On se rappelle à peine les montants dilapidés : plus de 7 000 milliards de centimes à El Khalifa Bank, 3 200 milliards à la BNA, 4 000 milliards à la BCIA, 1 100 milliards à la BADR ou encore les 70 milliards d’Algérie Télécom. Il y a aussi le scandale de la Générale des concessions agricoles (GCA) dont les premières estimations font état d’un préjudice de 4.000 milliards de centimes» (quotidien la tribune 02/01/2010)

 Et encore, on ignore les montants des scandales BRC, Sonatrach, l’autoroute Est-ouest et la pêche ! Et tout ceci, n’est que la partie visible de l’iceberg !

 Qui sont ces individus qui ont fait main basse sur le pays, qui disposent de réels pouvoirs, qui profitent dans l’impunité totale des richesses nationales au détriment du peuple algérien et qui pratiquent le népotisme, la corruption et la prédation ?

 Qui sont ces décideurs qui ont institutionnalisé et développé une économie rentière basée sur l’exploitation exclusive des hydrocarbures et ont, subséquemment, entravé le développement de l’agriculture et de l’industrie nous rendant totalement dépendant de l’exportation du pétrole et du gaz ?

 Qui sont ces décideurs qui ont sinistré l’école et l’université, délité la médecine algérienne et l’administration et qui poussent à l’expatriation les milliers de cadres universitaires aux nombres desquels figurent 5000 médecins spécialistes?

 Qui sont ces puissants qui ont institutionnalisé et pérennisé un système parasitaire et clientéliste, qui s’accaparent et s’approprient une richesse naturelle, patrimoine de tous les Algériens, qui transforment la rente pétrolière en réserve financière privée dans les banques européennes, et qui, souvent, jouissent de double nationalité, qui dilapident les deniers publics et mènent une politique de bazar qui compromet la souveraineté nationale ?

UNE ALGERIE AVEC DEUX COLLEGES

Qui sont ces Algériens ou franco-algériens, une minorité, qui disposent de plus de 50% de la richesse nationale générée par l’exportation du pétrole et du gaz, dont les familles sont installées en Europe, dont les enfants étudient dans les écoles françaises, qui se soignent dans les hôpitaux parisiens ?

 Qui sont ces hommes, composant cette minorité algérienne, relativement pauvre à l’indépendance, qui ont pu se constituer, en moins de 50 ans, des fortunes parasitaires, pharaoniques et fulgurantes, sans accumulation de capital grâce à leur position hiérarchique et dont beaucoup jouissent de la nationalité française au détriment de 80% du peuple, contraint à une paupérisation croissante par la conjugaison de la rigueur économique, les dévaluations successives du dinars, l’inflation, la perte du pouvoir d’achat, les fermeture d’entreprises, le blocage de salaires, etc. ?

 Ces artisans de la faillite économique algérienne, obnubilés par la surexploitation des gisements d’hydrocarbures au risque d’un assèchement des puits, méprisant l’Algérie et les Algériens, ont édifié une fracture sociale et institutionnalisé un pays avec deux collèges :

 Le premier collège vivant dans l’opulence, bénéficiant de fortune ici et à l’étranger, de plusieurs logement ici et à l’étranger, de terres et de terrains, de prêts bancaires non remboursables, de voitures de service, de chauffeurs, aux études et aux soins de qualité en France, de l’accès aux dollars et bien sûr de l’impunité !

 Un deuxième collège confronté au chômage, à la paupérisation, à l’insuffisance alimentaire et vestimentaire, au manque de logement, à la médiocrité de l’enseignement et de la formation ainsi qu’à l’insécurité sanitaire et qui subit la bastonnade quand il manifeste pacifiquement contre l’injustice quand bien même il serait médecin spécialiste !

 Même les disparités régionales héritées du colonialisme n’ont pas disparu et certaines régions des Hauts Plateaux et du Sud demeurent en marge du développement additionnant sous équipement et taux de chômage élevé !

UNE MEDECINE A DEUX VITESSES

A l’instar de la wilaya de Saida, il existe plusieurs villes chefs lieux, disposant d’un seul établissement hospitalier confronté à une pénurie chronique de médecins spécialistes. Un demi siècle après l’indépendance, les populations de ces régions semblent condamnées à une sous médicalisation durable et à un risque sanitaire permanent alors que des milliers de médecins spécialistes, dévalorisés et méprisés par les décideurs, sont contraints à l’exil.

 Bien que le profil épidémiologique évolue, que des maladies comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, le cancer et les accidents de la route soient en constante augmentation, que les besoins sanitaires s’accroissent à l’instar des autres wilayas et du reste du monde, les hôpitaux de ces agglomérations marginalisées sont confrontés à la pénurie chronique de praticiens spécialistes.

 Comment peut-on parler de soins spécialisés quand l’hôpital ne dispose ni de réanimateur, ni de cardiologue, ni de neurochirurgien, ni de gynécologue, ni de spécialiste en radiodiagnostic, pour ne citer que ces spécialités d’urgence vitale.

 Ce n’est pas les évacuations vers les CHU dans les ambulances non médicalisées sur des routes crevassées qui va réduire le taux des morts évitables des jeunes parturientes, des accidentés ou malades relevant de l’urgence et tout aussi jeunes !

 Le service civil institué pour les seuls praticiens spécialistes qui consiste à contraindre les jeunes médecins nouvellement diplômés à exercer dans les établissements publics de ces wilayas déshéritées contre un salaire tout aussi déshérité a été, surtout, une source de démotivation professionnelle et de désordre hospitalier plutôt qu’une solution pour ces populations marginalisées. Quand le nouveau médecin spécialiste arrive, souvent il n’y a pas l’équipement, et le temps que ce dernier soit commandé et installé que, déjà, la durée du service civil arrive à son terme et le médecin s’en va s’installer dans le privé ou se faire muter vers une wilaya du Nord. Et c’est ainsi que des services médicaux et des unités se créent et se ferment au rythme du turn-over et au gré de l’arrivée et départ des médecins spécialistes.

 Dès lors, faut-il prouver l’évidence et démontrer qu’il est contre productif de réaliser des hôpitaux comme s’il s’agissait de maisons cantonnières où les praticiens spécialistes répugnent à exercer pour des raison de qualité de vie et de salaire mais que la solution passe impérativement par la constitution et l’institutionnalisation d’un corps de médecins spécialistes de santé publique à plein temps et de carrière, convenablement rémunéré et considéré à hauteur de sa noblesse professionnelle, des difficultés de son art et de la responsabilité de ses actes ?

 Faut-il, également, démontrer l’évidence que les cliniques privées, les laboratoires d’analyses médicales et d’anatomopathologie, les centres d’imagerie médicales, ne sont pas à la portées des salaires de l’ensemble des Algériens combien même ils seraient assurés sociaux et se font ponctionnés, chaque mois, de plus du tiers de leurs traitements et qu’à fortiori Europe-Assistance, les hôpitaux parisiens tout comme les cliniques de la capitale française ainsi que les clinique suisses sont l’apanage des algériens du premiers collège ?

 De plus, à cette inégalité économique s’ajoute une inégalité régionale qui s’illustre par la répartition géographique des structures de soins et des praticiens médicaux. «La wilaya d’Alger, avec environ 8% de la population nationale, concentre 54% de l’effectif des praticiens spécialistes. Ensuite, 51,2% des praticiens spécialistes exercent dans le secteur privé. Enfin, Il est enregistré 01 médecin pour 318 habitants dans la wilaya d’Alger et 01 médecin pour 2.103 habitants dans celle d’Adrar» ( document du MSPRH Développement du système national de santé, stratégie et perspectives», élaboré, en mai 2001).

CONCLUSION

Il semble que Ce soit les mêmes responsables qui, hier, déclaraient que le socialisme de la mamelle est un acquis non négociable qui ont édifié un système économique rentier et parasitaire basé sur l’exploitation quasi-exclusive des hydrocarbures, transformant l’Algérie en un pays mono-exportateur dépendant à 99% des recettes du pétrole et du gaz, où la corruption s’est métastasée et où toute une faune de faux moudjahids, de faux enfants de moudjahids, de faux fellahs, de faux pécheurs, de faux investisseurs et de faux diplômés prolifèrent et coûtent des milliards à la nation.

 Ces mêmes responsables dont beaucoup sont milliardaires en dinars, en euros et en dollars, sans mérite aucun, et grâce à l’accès à la rente pétrolière, parlent, aujourd’hui, d’équilibre économique, de rentabilité et de rigueur économique et intègrent le discours du FMI pour affirmer, toute honte bue, que la santé n’est pas rentable ! Mais alors, que diraient-ils du cinéma, du théâtre, de la littérature, de la poésie, de la peinture et de l’art en général qui ne possèdent aucune valeur d’usage ?

 Bientôt ils pousseront la logique jusqu’au bout et décideront de ne s’occuper que de «l’Algérie utile» celle du pétrole et du gaz et larguer le reste du pays et du peuple à son triste sous développement !

 D’abord, nous rappelons, modestement, que la finalité de la politique et de la gouvernance c’est de promouvoir le développement de l’Homme qui est présumé représenter le bien suprême dans une nation civilisée. Et comme les valeurs les plus précieuses de la personne sont la santé et la liberté, on comprend aisément que, ce n’est pas sans raison, que partout dans le monde civilisé le droit à la santé et la liberté sont les deux droits fondamentaux, inscrits dans la constitution qui conditionnent tout le reste.

 Ensuite, une personne malade est, inévitablement, affaiblie physiquement et psychiquement mais, également et surtout, diminuée dans ses droits de citoyen et que la soigner : c’est la guérir ou la soulager et c’est, à fortiori, la rétablir dans sa dignité et dans ses droits !

 Dès lors, tout un chacun peut comprendre pourquoi le niveau de santé, la qualité des soins et le statut du médecin constituent un baromètre des droits de l’Homme. Les malades ne sont considérés et les médecins valorisés que dans les Etats de droit et les pays respectueux de l’Homme et de ses droits fondamentaux.

 Le mépris des médecins de santé publique dans notre pays n’a d’égal que le déni de citoyenneté pour les Algériens du deuxième collège ! – par Khadir Mohammed * Docteur. (Quotidien d’Oran.25.02.2010.)

 

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Couper la route, fermer les mairies: un mode d’expression qui s’est imposé en Algérie

Chaque jour que Dieu fait, un mouvement de protestation est signalé quelque part dans le territoire national.

Les mouvements de protestation continuent de rythmer la vie des Algériens. De la bourgade la plus reculée du désert au village le plus enclavé en Kabylie, la manifestation est devenue le mode d’expression le plus en vogue ces dernières années.
Depuis le début de l’année en cours, plusieurs actions de rue ont été menées dans différentes régions ou wilayas du pays. Les revendications principales des protestataires sont souvent les mêmes et visent à améliorer le cadre de vie: aménagement des routes, raccordement au gaz naturel, à l’eau potable et au réseau d’assainissement. Avant-hier à Tizi Ouzou, des transporteurs ont bloqué l’accès à la ville pour protester contre l’octroi d’un marché de transport des étudiants à un opérateur extérieur à la wilaya. A Béjaïa, c’est la protestation au quotidien. La RN9 reliant Béjaïa à Sétif a été coupée à la circulation par les habitants de Souk El Tenine pendant plus de deux jours pour exiger le raccordement de la localité au gaz naturel. La même raison a incité les habitant de six villages de Ath Zikki à Tizi-Ouzou à fermer le siège de la daïra et l’agence de Sonelgaz.
Pour se rendre compte de l’ampleur prise par le phénomène, il suffit de feuilleter les pages régionales des journaux. Pour les observateurs, ces mouvements de protestation ont pour raison principale la corruption qui mine tous les rouages de la société. Les entreprises ne réalisent que rarement leurs projets à temps surtout dans les régions reculées, tout en bénéficiant de la couverture de réseaux locaux, ce qui provoque la colère des populations et les pousse à investir la rue en bloquant les routes ou en fermant les sièges des administrations publiques et des institutions de base, dont les APC. Dans le Sud qui a connu des manifestations d’envergure ces derniers mois, ce sont des revendications de toute autre nature. La coordination des chômeurs a organisé des rassemblements dans plusieurs wilayas du Sud, demandant de favoriser les jeunes de la région pour occuper les postes créés, notamment chez Sonatrach. Tout récemment, c’est à Touggourt et à Ouargla qu’une manifestation pacifique, pour demander l’attribution de lots de terrain à bâtir, s’est transformée en violentes émeutes ayant entraîné trois morts et des dizaines de blessés. Ces derniers jours, c’est à In Salah, à l’extrême sud de Tamanrasset, que le vent de protestation a soufflé. La population s’est mobilisée et a tenu, dimanche, un grand rassemblement devant le siège de la daïra pour exiger l’arrêt de l’exploitation du gaz de schiste dans la région. Le blocage de la principale route pendant deux jours a été couronné par une intervention musclée des gendarmes qui ont dispersé les manifestants par des bombes de gaz lacrymogènes et en les aspergeant d’eau chaude. Des rassemblements pacifiques de soutien ont été organisés dans plusieurs autres wilayas du sud. Cela sans oublier les évènements qui ont secoué Ghardaïa et qui risquent de se renouveler. Ainsi, chaque jour que Dieu fait, une manifestation est signalée quelque part. Sur le front social, les choses ne vont pas mieux.
Des syndicats de l’Education nationale et de la Santé menacent de revenir à la charge et de paralyser les établissements éducatifs et les structures sanitaires. Les travailleurs de la Poste brandissent la menace d’engager une grève illimitée à partir du 10 janvier. Les militaires radiés et les gardes communaux sont aussi sur la ligne du front. Ces ébullitions sur les fronts populaire et social sont loin d’être maîtrisées ou réduites par les polémiques et l’actualité politique qui rythment la vie nationale ces dernières semaines. Avec la chute des prix du pétrole, grâce avec lequel le pouvoir achetait la paix sociale et les mesures d’austérité prises par le gouvernement, la cadence des protestations risque de doubler. Si le gouvernement cherche à rassurer les citoyens quant à la maîtrise de la situation, il n’en demeure pas moins que ces derniers sont inquiets.*Par Karim AIMEUR - Mardi 06 Janvier 2015-L’Expression

 

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Le vent de la contestation souffle de nouveau dans le Sud algérien

Habituellement calmes et sereins, les habitants du Sud expriment violemment leur mécontentement. Un changement d’attitude qui est très lourd de sens…

De Ghardaïa à In Salah, ça chauffe au Sahara

Le vent de la contestation souffle de nouveau dans le Sud algérien. Des heurts communautaires en passant par la distribution des logements jusqu’au gaz de schiste, sont autant d’étincelles qui ont mis le feu dans les quatre coins de cette région sensible du pays! La fracturation du sol pour l’exploitation du gaz de schiste a réveillé les «volcans» que sont les populations de l’extrême sud du pays. Des habitants de In Salah dans la wilaya de Tamanrasset, ont dénoncé le lancement de l’exploitation des gaz de schiste dont l’inauguration du premier puits a été effectuée la semaine dernière en présence du ministre de l’Energie, Youcef Yousfi. Depuis le début de cette nouvelle année, des milliers de citoyens manifestent pour exprimer leur opposition à l’exploitation du gaz de schiste qu’ils estiment très dangereux pour la nappe phréatique et très polluant pour la nature. Ces citoyens ont bloqué des axes routiers dont l’accès au plus grand champ gazier du pays, le PK 35. Ils se réunissent également tous les jours et pendant des heures devant la daïra de In Salah, pour disent-ils, dénoncer le refus du ministre de l’Energie, en visite la semaine dernière dans la région, de les écouter et de considérer leurs préoccupations d’ordre environnemental. Ils réclament un moratoire sur l’exploitation de ce gaz, interdit dans de nombreux pays de par le monde. Hier et avant-hier, leur protestation s’est propagée vers d’autres wilayas du Sud. Les habitants de Tamanrasset (chef-lieu de la wilaya), Djanet, Illizi, Laghouat et Ouargla ont gagné la rue pour soutenir leurs frères de In Salah. Avant ces événements, c’est Ghardaïa qui avait conclu l’année comme elle l’a commencée, c’est-à dire dans la violence. Les affrontements ont repris en fin d’année dans la petite ville de Berriane (wilaya de Ghardaïa) après une accalmie de près de trois mois. De violents heurts ont opposé les jeunes malékites et ibadites. Depuis plus d’un an déjà, la situation est tendue dans toute la vallée du M’zab. Une simple étincelle et c’est parti pour plusieurs heures de bataille telle une véritable guerre. La wilaya de Ghardaïa en général et Berriane en particulier, vit ces dernières années au rythme des violences communautaires qui ont connu leur apogée en cette année 2014. Les premières émeutes ont commencé au début de la décennie 1990 à Berriane, la ville au nord du M’zab. Et tous les cinq ou six ans, la région connaît, depuis, des accès de fièvre. Mais l’embrasement qui s’est emparé de Ghardaïa à partir de décembre 2013 est incontestablement le plus grave. Le vent de la «f’itna» n’a cessé de souffler depuis sur la vallée du M’zab au point de menacer la stabilité du pays.
A Tindouf et Touggourt, ce n’est pas la «f’itna» mais le logement qui a allumé la mèche! Les habitants de Tindouf ont «réveillonné» dans l’émeute. La publication par la daïra d’une liste des bénéficiaires de 892 logements, a provoqué la colère des non-bénéficiaires qui ont organisé un rassemblement devant le siège de la wilaya. La suite est classique. Les autorités locales gèrent mal la crise et c’est l’émeute! Le siège de la daïra a été saccagé par les protestataires et la manifestation a tourné en émeute face aux services du maintien de l’ordre débordé. Une contre-manifestation a été organisée par les bénéficiaires qui ont eu peur que cette fameuse liste soit annulée. Il s’en est suivi une véritable débandade au cours de laquelle les habitants de la même ville se tapaient dessus à cause de l’incurie des autorités. Ces malheureux évènements sont encore plus graves car les responsables de Tindouf n’ont pas appris que des erreurs ont été commises par leurs alter ego de Touggourt. Fin novembre dernier dans cette ville de la wilaya de Ouargla, des manifestations ont causé la mort de trois personnes et fait plus d’une trentaine de blessés dont une dizaine de policiers. Les habitants ont protesté contre le retard dans la distribution de terrains constructibles et le non-raccordement des constructions au réseau d’eau potable. Il aura fallu l’intervention des hautes autorités du pays, notamment le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le ministre d’Etat ministre de l’Intérieur Tayeb Belaiz, pour mettre fin aux hostilités. De grandes mesures d’urgence ont du être prises sur place par les deux responsables pour calmer la population locale. Plusieurs responsables locaux ont même été relevés de leurs fonctions. En décembre dernier, des centaines d’habitants des quartiers de Hassi Messaoud ont aussi bloqué l’accès à la base du 24 Février demandant au gouvernement de lever le gel décrété en matière de constructions, il y a une dizaine d’années sur cette ville.
La wilaya de Ouargla qui est la mamelle du pays, puisque les plus grands gisements pétroliers se trouvent dans cette wilaya, est elle sujette à la protestation chronique. Que ce soit le mouvement des chômeurs, le logement ou même un petit match de foot, tout est bon pour les Ouarglis pour exprimer violemment leur ras-le-bol! Habituellement calmes et sereins, ces dernières années, les habitants du Sud expriment violemment leur mécontentement. Ces citoyens soulèvent d’autres problèmes encore plus graves avec la même tonalité, à savoir la marginalisation. Ils estiment que le Sud reste sous-développé malgré les richesses de son sous-sol. Ce changement d’attitude est très lourd de sens. Il résume à lui seul le sentiment de laissée pour-compte, de marginalisée d’une frange de la population vivant dans la région la plus riche du pays. Les autorités doivent au plus vite répondre à ce SOS d’une population en détresse. Sinon le Sud risque de perdre le…Nord!*Par Walid AÏT SAÏD - Mardi 06 Janvier 2015/ L’Expression

Gaz de schiste : Les forces de l’ordre des régions du Sud du pays en état d’alerte

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*Les  exclus de la République

Erosion des valeurs symboliques de l’autorité publique

dans un pays du fait accompli

Durant deux jours, des jeunes ont décidé de bloquer la route à l’aide de pierres et de pneus brûlés sans être inquiétés, obligeant les voitures à rebrousser chemin et les passagers «à rouler» à pied.

En moins d’un mois, le Grand- Alger aura connu de nombreuses sorties «musclées» de la population, notamment jeune, dans la rue. En effet, tous ceux qui empruntent l’accès Est de la capitale ont de toute évidence constaté ce fait, à leurs dépens, puisqu’à plusieurs reprises cet axe névralgique aura été sérieusement bloqué à la circulation automobile, voire ferroviaire. Le dernier événement en date est celui de harraga, où des objets hétéroclites et incandescents ont été érigés sur la chaussée, obligeant nécessairement les véhicules et autres autocars à arrêter net leur progression. Aussi, femmes, enfants et vieillards se sont vu contraints de descendre du bus pour rejoindre leurs destinations à pied, à la lueur du soir. Le même scénario s’est déroulé, il n’y a pas longtemps de cela sur l’itinéraire de la nouvelle autoroute menant vers Oran et les principales localités Ouest de la capitale. Aux premières heures de la matinée et contre toute attente, les usagers de ce tronçon neuf, mais subissant par endroits quelques travaux de restauration, ont arrêté net leur progression suite à des barrages inopinés dressés par des groupuscules qui voulaient se faire entendre des autorités. Ce fut plus exactement à hauteur de la ville de Baraki, dont les habitants de quelques bidonvilles ont déclenché un mouvement soudain de protestation. Ces deux événements ont été échafaudés sur la base d’une sempiternelle revendication, à savoir le logement. Quelques jours auparavant, ce fut le rail qui a dû essuyer la colère des citoyens de Réghaïa. Ces derniers voulaient empêcher la réalisation d’un centre d’enfouissement technique dans leur localité. Certes, le motif de leur montée au créneau était en rapport avec l’habitat, mais leur mode d’action était on ne peut violent car pénalisant les utilisateurs invétérés du train. Des dizaines d’habitants de Haï El Kerrouche, dans la commune de Réghaïa, ont littéralement arraché le rail, fermant ainsi le trafic ferroviaire entre la capitale et l’est du pays pour s’opposer à un projet d’Etat, c’est-à-dire l’implantation d’une décharge publique contrôlée dans leur localité. La continuité du service que devait assurer la Sncf (Société nationale du chemin de fer) était alors sérieusement malmenée car les voyageurs ne pouvaient arriver à destination. Le calvaire de ces derniers a duré au moins deux jours. L’on imagine la répercussion d’un tel contretemps sur les routes qui étaient déjà gorgées d’engins et de voitures. Ce dernier exemple est cité ici pour illustrer un mode de revendication qui semble bien adopté pour monter au créneau, particulièrement pour brandir la fameuse demande d’un, deux, trois ou quatre pièces… Finalement et pour en revenir à ce mode d’action aux fins d’acquérir un logement, son se doit aujourd’hui de s’interroger: «L’Algérie est-elle, à ce point, le pays du fait accompli?» Cette étiquette semble en tout cas fatalement lui coller comme un gant d’année en année. Construire un gourbi et attendre le relogement, brûler des pneumatiques pour avoir un logement, du travail, de l’eau, du goudron… sont des formules qui semblent payer pour une certaine catégorie de gens. Une catégorie seulement. Car l’autre masse, bien silencieuse, elle, ne s’est jamais adonnée à ce sport, hélas, bien national. Elle est majoritairement composée d’honnêtes citoyens, des cols blancs en majorité, qui n’osent pas ériger des taudis aux abords des oueds mais qui laissent pourtant toute une vie de salaires dans les murs d’appartements qu’ils louent au prix d’or. Ces hommes et ces femmes bien humbles mais fiers n’ont pas de semi-remorques, ou de carrosses stationnés au parvis d’un taudis de fortune. Ils luttent cependant pour assurer à leur progéniture une vie et une scolarité décentes. Ils ne sont ni de richissimes «businessman» pour prétendre à un toit frôlant le milliard et plus, ni des connaisseurs en matière de campements improvisés, aptes à être manipulés à la faveur d’une possible opération de relogement, aussi importante et grandiose soit-elle. Ils sont, nonobstant, les oubliés du ministère de l’Habitat. Ceux-là ne font pas de grabuge, se contentant d’être d’honnêtes citoyens… Dans le meilleur des cas, ils souscrivent au programme LPP, sans faire de… vagues. Dans leur fort intérieur ils se désolent de l’érosion de l’autorité publique,  dont le pouvoir disciplinant et sécurisant aura subi, pour diverses raisons, l´érosion de ses valeurs symboliques. Seule une justice implacable dans la distribution et le partage des biens pourra leur rendre espoir.*Par Salim BENALIA-L’Expression-Mercredi 08 Janvier 2014

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**Statuts et rôles**

Quand le statut d’officiers supérieurs offre tous les pouvoirs et tous les privilèges

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De nombreux officiers généraux battent le record de longévité à leurs postes au-delà de l’âge de la retraite.

L’ANP est l’armée d’Afrique et du monde arabe où les officiers généraux sont les plus nombreux et battent le record de longévité à leurs postes au-delà de l’âge de la retraite.

Pourtant un Haut Conseil de la fonction militaire (HCFM) existe et il est censé dresser et adopter, chaque année, la liste des officiers éligibles au départ à la retraite. Ce Haut Conseil est du reste formé du secrétaire général du ministère de la défense, des chefs des forces aériennes, navales, terrestres, de la défense du territoire, de la Gendarmerie nationale, de la Garde républicaine, des six commandants des régions militaires et du chef du DRS.

Le HCFM a été créé par l’ordonnance présidentielle 06/02 du 28 février 2006 portant statut général du personnel militaire, et dont l’article 20 définit la limite d’âge et de durée de service pour les départs à la retraite.

Ce Conseil, dont la majorité de ses membres a très largement dépassé l’âge de la retraite, pourra t-il se faire hara-kiri en mettant fin à la très longue et interminable carrière de cette cohorte de généraux inamovibles et exempts même de permutation, et qui demeurent encore en service en violation de la réglementation en vigueur et précisément son article 20.

Les officiers supérieurs, officiers et sous-officiers, à peine âgés de 50 ans, sont eux régulièrement mis à la retraite, tandis que la majorité des commandants de force et des chefs des régions militaires et autres officiers généraux perdurent en service alors qu’ils sont septuagénaires confirmés, voire bientôt octogénaires pour certains.

D’aucuns disent qu’ils ne doivent leur maintien en poste que grâce à une incompréhensible complaisance, génératrice d’un luxe de l’immobilisme, et cette situation leur donne tous les pouvoirs hormis celui de se nommer eux-mêmes à des postes plus élevés.

Les observateurs de la vie de la grande muette se demandent, en ce mois de juin, si ledit Conseil va enfin ramener la catégorie des officiers généraux à la norme en mettant à la retraite tous ceux qui, maintenus sans nécessité particulière, bloquent le déroulement normal de la carrière de toute la hiérarchie des officiers placés sous leurs ordres. Ils considèrent que la pléthore des généraux qui a atteint une proportion telle qu’il se trouve que de nombreux officiers généraux servent, en qualité de secrétaires, à d’autres généraux, impose qu’il soit remédié à cette situation qui n’honore ni l’ANP, ni le pays.*algerie1.com/ dimanche 21/06/2015 | 

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**pouvoir et opinion publique en Algérie

** Idée, débats….

 Peut-on parler de l’existence d’une « opinion publique » en Algérie, qui pèserait sur les grandes décisions du gouvernement, comme cela se passe dans les Etats réellement régis par le système de représentation démocratique ?

La réponse est oui, mais elle doit être nuancée : nous avons une opinion publique, c’est-à-dire une majorité composée de citoyens plus ou moins « représentés », qui se font une « opinion » de leur gouvernement, et qui l’expriment diversement à travers tous les canaux officiels et non officiels existants (presse, radio, espace privé et public …). Les opinions émises sont souvent très critiques et parfois plus acerbes encore que celles que peuvent formuler à l’égard de leur gouvernement les citoyens « les plus libres » ou qui se disent « les plus libres » du monde : Nord-Américains, Européens, Japonais, etc. Notre liberté quasi-totale de critiquer notre gouvernement, voire de dénigrer certains de ses membres, sans crainte manifestement d’être poursuivis, nous vaut une certaine envie chez nos « frères » et voisins, tunisiens et marocains, qui nous disent carrément : « Mais vous avez une liberté d’expression que nous n’avons pas.

Vous avez de la chance …. » « Oui, nous avons de la chance, mais cette chance se heurte cependant à des obstacles structurels, institutionnels et psychologiques qui finissent par annuler ses effets bénéfiques : on nous laisse critiquer librement le pouvoir, voire tous les pouvoirs (le législatif, l’exécutif et le judiciaire), mais on laisse en même temps à ceux-ci toute latitude pour agir non pas toujours selon les règles du droit, telles qu’elles sont tracées en caractères gras dans le droit national (la Constitution) et le droit international, mais selon le principe de la subjectivité propre aux structures psychique, psychologique et culturelle des détenteurs de ces pouvoirs établis. » Notre droit « positif », tout comme nos perceptions et nos représentations du juste et de l’injuste, du vrai et du faux, sont donc complètement biaisés, car tributaires de cette subjectivité qui aboutit presque toujours à des décisions irrationnelles. Et l’irrationalité ne pense pas, mais agit de manière passionnée et aveugle. Je reviendrai sous peu sur la conduite de certains de nos juges, en particulier à M’sila, que j’ai vus à l’œuvre, et qui ont une étrange lecture des textes de loi, et des preuves matérielles d’innocence que leur fournissent les justiciables.

De la liberté d’expression au délit d’opinion

Nous sommes le pays de tous les paradoxes. Les Occidentaux qui nous prennent pour un « objet de recherche » et un motif de curiosité nous le disent et l’écrivent. Ils ont produit des centaines de thèses, de synthèses et d’anti-thèses sur notre caractère atypique et sur notre inclassable modèle politique. En dépit de leurs efforts renouvelés, ils n’ont pas réussi à saisir la manière dont nous fonctionnons -psychologiquement parlant-, ni comment notre régime politique parvient, par une sorte de gymnastique dont il est le seul à détenir le secret, à marier les extrêmes, les inconciliables : religion et laïcité, nationalisme ombrageux et modernité politique, droit positif et chariâ islamique, libéralisme théorique et gestion archaïque de l’économie fondée sur l’agiotage et la liste est encore bien plus longue pour que l’on puisse rendre ici tous les traits de ces couples contradictoires. Nous-mêmes, Algériens, administrés et administrateurs, nous n’avons pas compris notre propre paradoxe et on reste comme étonnés devant notre « exception » qui déroge à la règle générale.

Comme pour avouer notre impuissance à comprendre notre propre excentricité parmi les nations « normales », on recourt, comme me l’a confessé un de ces procureurs de la République, à cette formule réductrice : « Que voulez-vous, Monsieur, nous sommes le tiers-monde ! » Comparaison qui ne veut rien dire, sinon que nous tenons de toutes les caractéristiques des pays sous-développés et nous devons nous y accommoder ! Si notre politique, notre économie, notre gouvernement et notre justice n’obéissent à aucune règle ou norme connues, c’est que nous relevons d’une équation indéterminée, telle une fonction mathématique qui laisse le profane fort perplexe.

De la diffamation, vraie ou fausse, comme arme contre la liberté d’opinion

Je donne, entre autres exemples, celui de la liberté d’expression. Théoriquement, notre Constitution la garantit. En son article 39, elle dispose clairement que « Les libertés d’expression, d’association et de réunion sont garanties au citoyen. » Mais en pratique, elle contredit ce principe fondamental en instituant le « délit d’opinion ». Les journalistes sont les premières victimes de ces lois scélérates, et les universitaires qui osent exprimer une opinion, même anodine et dépourvue d’intentions malveillantes, sont parfois poursuivis pour diffamation. La diffamation devient, pour l’administration, le pont aux ânes qui lui permet pour un oui ou pour un non de traîner devant les tribunaux journalistes et universitaires dont le seul crime aura été d’oser écrire, en rapportant des faits souvent indiscutables.

Les journalistes aux premières « loges »

Nos journalistes sont ces combattants de la liberté sur la tête desquels pèse lourdement l’épée de Damoclès. Travaillant dans des conditions difficiles pour faire leur métier – celui d’informer et de témoigner — sans parler des misérables salaires que certains d’entre eux perçoivent, comme ces débutants et pigistes qui rament dur pour dénicher l’information pas forcément celle qui fait sensation-, ils se trouvent parfois accusés d’atteinte à la sécurité et à l’ordre public en diffusant des informations qui pourraient au contraire aider les pouvoirs publics à voir plus clair et à accomplir au mieux leur mission de police des rapports sociaux et politiques. Les journalistes, les intellectuels et les citoyens ordinaires, qui formulent des opinions et des critiques dans l’unique but d’améliorer le fonctionnement de nos institutions en dénonçant ceux qui les parasitent ou les détournent de leur vocation première qui est de veiller à l’observation stricte des lois, seraient-ils malintentionnés envers « le pouvoir » ou l’Etat ? Un pouvoir d’Etat qui ne respecte pas son opinion publique, et qui considère que son « opinion » officielle seule compte, sera voué non seulement à la solitude, à l’instabilité politique et à la contestation, mais il court le risque d’être voué également aux gémonies de l’opinion internationale.

L’argument diffamatoire auquel on recourt à tort et à travers, et parfois avec un excès qui frise l’absurde, pour condamner et museler la libre expression des citoyens, est une mauvaise politique qui se situe aux antipodes des principes qui fondent les principes fondamentaux des droits de l’homme et du citoyen. Le recours à l’accusation diffamatoire, non justifiée, est à la fois dangereux et improductif pour ceux qui la manipulent avec imprudence. Dans une courte liste de journalistes condamnés pour « diffamation » y aurait-il des exemples à l’appui pour illustrer l’usage, quelquefois abusif, que l’on fait de cette arme redoutable ? Je prends au hasard l’exemple du directeur d’El Watan, Omar Belhouchet. Pour la seule journée du 16 mars 2009, il a reçu pas moins de quatorze convocations de la police ! Un record jamais enregistré, à ma connaissance, dans les annales des chroniques policières et judiciaires des nations « normales » ! Le même Belhouchet est condamné le 27 mai 2009, en même temps que le chroniqueur du même quotidien, Chawki Amari, à deux mois de prison assortis d’une amende de un million de dinars, au motif qu’ils auraient diffamé le wali de Jijel en disant qu’il était lié à des affaires de corruption.

Ali Fodil, directeur du journal Echourouk a été, lui aussi, poursuivi pour la même affaire, au motif qu’il a publié un article mettant en cause l’implication du wali de Jijel dans des affaires suspectes. Fouad Boughanem et Hakim Laâlam, tous deux chroniqueur de Soir d’Algérie, ont été également condamnés à deux mois de prison ferme et à verser 25 000 DA d’amende chacun en sus d’une amende imposée au journal. Motif : offense envers le chef de l’Etat. Voici encore d’autres victimes de délit d’opinion : Qui ne connaît Nadjar El Hadj Daoud ? Ce citoyen et honnête homme est devenu fameux en essayant de moraliser la vie sociale et économique de sa ville, Ghardaïa, gangrenée en certaines partie de son organisme par la corruption et le trafic d’influence et de registres. Contreparties de cette célébrité malheureuse : les menaces, les intimidations, le harcèlement policier et judiciaire qui ont achevé de faire de lui un paria, une sorte de pestiféré dont la fréquentation est devenue dangereuse ! Directeur d’El Wahat (Oasis), il fut condamné à plusieurs reprises pour avoir dénoncé des scandales de corruption et de trafic d’influence et son journal interdit de parution ..

Nourreddine Boukraâ du quotidien Ennahar avait été interpellé durant le mois d’avril ou mai (?) 2009 et placé aussitôt en garde à vue pendant plus de 24heures à cause d’un article sur les liens qu’entretiendraient certaines forces de l’ordre de Annaba avec la mafia locale. Deux journalistes du quotidien arabophone Echourouk furent également condamnés à six mois de prison avec sursis par suite d’une plainte déposée contre eux, en 2006, par l’auteur du Livre vert, le leader libyen Mouammar El Khaddafi, au motif d’atteinte à sa personne. Jamal Belkadi, correspondant photographe d’El Watan à Constantine, a fait l’objet, le 16 mai 2008, l’objet de brutalité de la part du chef de la sûreté de wilaya pendant qu’il prenait des photos sur les lieux d’un attentant criminel. Son matériel a été confisqué pour avoir franchi le « périmètre de sécurité », et il fut condamné un mois plus tard « à une faible amende ». Mais ce n’est pas tout : l’ancien correspondant d’Echourouk El Youmi, Nouri Benzine, fut condamné pour diffamation, à 2 mois de prison ferme avec une amende de 50 000 DA. Il fut informé in extremis de cette mesure par le tribunal de Maghnia.

Déposée en 2007 par un sénateur pour un reportage sur le trafic de carburant sur la bande frontalière ouest, publiée les 14 et 15 mars 2007, cette plainte l’intéressé n’en avait pas connaissance jusqu’à ce que l’huissier de justice l’en eut informé. « Je suis passé, dit-il, en instruction au niveau du tribunal de Meghnia où j’avais expliqué au juge que je ne comprenais pas pourquoi le sénateur s’était senti concerné par mes articles, en ce sens, ni son nom ni celui d’un autre n’ont été cités », raconte l’intéressé. Il dit n’avoir pas été informé de la date du procès « jusqu’au jour de la notification de la condamnation par un huissier de justice ». (1) Au total, ce sont dix-huit journalistes qui furent condamnés à la prison ferme assortie d’amendes, pour la seule année 2005, au motif de « délits de presse », et qui dit délit de presse, dit en l’occurrence, délit d’opinion. Et que dire maintenant des chercheurs et des intellectuels poursuivis et harcelés pour les mêmes motifs, souvent fallacieux ? Dans le prochain article, il sera question de cette « corporation » dont l’éclatement et l’atomisation la rendent si fragile qu’elle devient la proie facile d’une administration sûre de ses « bons » droits et à laquelle une certaine justice (mais pas toute la justice) prête main forte.

Mais revenons pour l’heure à ma question de départ : « Existe-t-il une opinion publique en Algérie ? » Sans doute, mais le pouvoir n’en a cure. Il en tient rarement compte, sauf lorsque les pressions se font pressantes, ou que le risque d’explosion donne des signes avant-coureurs. En dépit de tout, l’opinion publique existe en Algérie, et ce depuis que la presse privée, dont il faut se féliciter, commence à peser d’un poids relativement « lourd » dans la vie sociale et politique. Les politiques eux-mêmes, malgré leur répulsion profonde envers la « critique » envisagée comme un ferment nuisible à leur action, s’en accommodent de plus en plus, signe d’un changement sensible et positif (?) de leur comportement. L’administration et la justice ne sont pas en reste, et malgré l’arbitraire et la censure, auxquels elles recourent quelquefois, ça et là, elles tendent à « s’assagir » sous l’effet de l’action et des marges de liberté critiques accordées ou arrachées de haute lutte par la presse indépendante qui, souvent révèle et reflète à la fois la température de l’opinion publique. On peut dire même, et peu d’observateurs à ma connaissance ne l’ont fait remarquer à ce jour, que c’est à cette presse privée que l’on doit l’émergence d’une opinion publique dont les voix deviennent de plus en plus audibles aux oreilles du pouvoir.

Les syndicats autonomes, les grèves « sauvages » ou autorisées des travailleurs, les doléances populaires, dont les cris de détresse ou les voix « autorisées » sont souvent répercutés par les médias, témoignent de la naissance d’une opinion publique avec laquelle il faut désormais compter. Malgré ses crispations politiques, son autoritarisme de type « jacobin » et ses habitudes « langue de bois » dont il peine encore à se départir, le pouvoir politique algérien se résigne de plus en plus à accepter ce contre-pouvoir constitué par la presse privée, véritable miroir de l’opinion nationale. Ce sont ces forces organisées (syndicats, toutes couleurs et professions confondues, et presse…) qui contribuent grandement à l’émergence, puis au renforcement, d’une opinion publique capable d’infléchir les orientations du pouvoir politique dans le sens du « juste » et aussi afin de l’aider à éviter les faux-pas dans la gestion de la chose publique. Le dénouement de mon affaire, et, partant, ma réintégration dans mon poste, sont redevables essentiellement à cette action citoyenne conduite par toutes les forces indiquées, mais aussi par les centaines de citoyens anonymes qui ont joint leur voix à celle de la presse et aux syndicats pour dire « non à l’arbitraire ! » et non à la « hogra ! ». Les sites Internet, véritables canaux d’informations et d’analyses, ont contribué également à cette campagne pour la justice et la liberté d’expression, écrites pourtant sur le frontispice de notre Constitution. Que tous ces citoyens soient remerciés, ici, pour leur solidarité et action salutaire…(Paru dans El Watan du 25.07.09.)

 Par Dr Ahmed Rouadjia ..L’auteur est Docteur en sociologie

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*Salah Goudjil rappelle certaines vérités à M.Belkhadem.

L’actuel secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, se souviendra longtemps de cette intervention qu’il a faite à la Radio nationale et durant laquelle il aurait remis en cause la maturité politique du peuple algérien. Après Louisa Hanoune, qui lui a signifié que de pareils propos «sont une insulte à l’intelligence», hier, ça a été le tour de Salah Goudjil d’asséner certaines vérités à M.Belkhadem.
«Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, a commis ce qui peut être considéré comme un blasphème par rapport aux valeurs et aux principes du parti historique qu’il est censé diriger», a écrit M.Goudjil dans une déclaration transmise hier à notre rédaction. Lors d’une émission diffusée la semaine dernière par la Radio Chaîne III, Abdelaziz Belkhadem a estimé que l’hypothèse d’une évolution du système politique algérien vers le régime parlementaire, exige, au préalable, une culture démocratique dont le peuple algérien serait, à l’en croire, démuni. Le secrétaire général du FLN s’est interrogé dans la même émission si «l’électeur algérien votait pour un programme ou pour des personnes selon des considérations tribales ou régionales». Cette déclaration a fait réagir Salah Goudjil qui a émis dans sa déclaration plusieurs remarques dictées, selon lui, autant par la morale que par la raison. Aussi souligne-t-il en premier lieu que cette notion d’incapacité politique du peuple algérien «nous renvoie au leitmotiv de la politique coloniale qui a toujours défendu l’idée selon laquelle les Algériens, appelés d’ailleurs indigènes, étaient des citoyens de seconde zone».
En second, M.Goudjil rappelle que le FLN a, expressément, signifié, dès la proclamation du 1er Novembre 1954 que le destin de l’Algérie était entre les mains non pas d’une élite, de quelque qualité qu’elle soit, mais de l’ensemble du peuple algérien. Toutes les étapes marquantes de la Révolution ont été le résultat, ainsi, de l’engagement lucide, conscient et résolu de tout le peuple algérien toutes composantes confondues, pas d’une catégorie particulière d’Algériens. «Ce n’est pas sans raison que le slogan de la Révolution algérienne, fut très justement, ‘’Par le peuple et pour le peuple’’», a rappelé Salah Goudjil qui a trouvé «choquant que le FLN, le parti qui a conduit le pays à l’Indépendance nationale, en vienne, aujourd’hui, à proclamer que le peuple algérien n’est pas suffisamment conscient pour accéder à l’âge démocratique».
Pour la troisième remarque relevée dans cette déclaration, elle tient à l’effort consenti par l’Etat pour l’élimination de l’analphabétisme au sein de la population, parallèlement à l’oeuvre gigantesque de démocratisation de l’enseignement entreprise depuis l’Indépendance.
«Que ne se rappelle-t-il, M.Abdelaziz Belkhadem, que le combat contre l’analphabétisme est permanent, que des millions d’Algériens étudient chaque jour dans les établissements scolaires sans compter le un million deux cent mille étudiants dans les universités et les instituts», a tranché Salah Goudjil pour signifier à son collègue du parti qu’il s’agit là d’«une preuve éclatante du niveau d’instruction du peuple algérien, si tant est que cela est une condition pour l’accès à l’âge de la maturité politique». En quatrième lieu, M.Goudjil note que le peuple algérien, sous la direction du FLN, a toujours démontré une maturité exemplaire à chaque fois qu’il lui a été demandé de faire un choix fondamental. Il cite alors des exemples comme le référendum de juillet 1962, qui s’est soldé par le recouvrement de l’Indépendance nationale, les grandes discussions totalement libres et démocratiques organisées à deux reprises autour des grands axes de la Charte nationale et qui ont été marquées par l’extraordinaire degré de conscience politique des masses populaires. «A l’évidence, M.Abdelaziz Belkhadem qui a déjà ouvert la voie, au sein du FLN, aux détenteurs de fortune et autres responsables cooptés par effraction, veut-il scier l’arbre sur lequel le FLN repose», écrit l’ex-ministre des Transports, expliquant par ailleurs, que sa déclaration «n’est pas pour étonner ceux qui observent le cheminement insidieux de M.Abdelaziz Belkhadem à la tête du FLN». Il s’interroge ensuite: «Comment un dirigeant qui n’étant pas convaincu de la nécessité du fonctionnement démocratique des instances du parti fait élire les bureaux des mouhafadhate dans la clandestinité, pourrait-il accepter le fonctionnement démocratique du pays tout entier?» Pour l’ex-membre de l’instance exécutive du vieux parti, «il se confirme que M.Abdelaziz Belkhadem ne saurait continuer se prévaloir de la légitimité qu’il croit détenir en sa qualité de secrétaire général du FLN». Mais il suffit de fréquenter la base du FLN dans toutes les kasmate, à travers le pays, «pour se persuader qu’il n’a entre les mains qu’un FLN virtuel, le FLN historique dans lequel se reconnaissent les militants authentiques, lui échappant totalement». En guise de conclusion à son réquisitoire, Salah Goudjil a noté que «les militants regroupés en majorité dans le mouvement du redressement et de l’authenticité du FLN se considèrent comme partie prenante dans tout dialogue et débats futurs initiés par Son Excellence le président de la République». (L’Expression-28.04.2011.)

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33 réponses à “pouvoir et opinion publique en Algérie”

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