Beaucoup de choses à changer

*La jeunesse tourne le dos au régime

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le 20.05.18 | 

Mon propos n’est pas de condamner cette jeunesse algérienne qui a tourné le dos à l’hymne national lors de la finale de la coupe d’Algérie ayant opposé la JSK à l’USMBA, mais d’essayer de comprendre pourquoi et comment on en est arrivé là.

Expliquer aussi pourquoi par cet acte «grave» l’Algérie peut être en danger de dislocation… Qui en est la cause ? Qui a semé cette graine de rupture avec le passé aussi glorieux ?

Il est clair que par cet acte qui n’est pas le premier — rappelons-nous, l’hymne national a été déjà sifflé lors du match Algérie – Palestine — quelque chose est en train d’être cassé, car si par le passé la rupture était déjà consommée entre les Algériens et les institutions, aujourd’hui, sous l’ère de Bouteflika, la rupture est en train de se faire entre les Algériens et l’Algérie.

Le seuil de tolérance est-il atteint ? Les jeunes semblent toucher le fond ; ils n’ont plus rien à perdre. Ils l’ont fait savoir de différentes manières par des révoltes et maintenant en sifflant et en tournant le dos à l’hymne national. En revanche, ils n’ont rien.

Ils sont riches de colère et d’impatience. Cette révolte manifeste le désir de ces jeunes de faire comprendre à tous l’injustice dont ils sont victimes. Ils ont la blessure de la misère, de l’humiliation et de la hogra quand ils entendent les représentants du pouvoir dire que leur pays se porte bien sans eux et même contre eux ; alors, ils éprouvent de la haine au cœur.

Ces jeunes se révoltent contre tout ce qui n’est pas normal pour eux : le chômage, la malvie, l’exclusion, le mépris, l’injustice…

Une jeunesse dont la situation est devenue insupportable du fait des choix économiques, des politiques inopérantes et inefficaces d’un personnel aux affaires qui a depuis des décennies montré son inefficacité, son incompétence, son manque d’intelligence, ses mensonges et sa rapine. Alors, beaucoup ont posé comme principe que dans un pays sans foi, sans justice, sans valeur et pourri, chacun a le droit de faire ce qu’il veut.

La débrouille s’est érigée en système de survie, la magouille s’est installée dans les affaires, la triche s’est développée dans les écoles à tous les niveaux, y compris dans les universités et facultés, l’arnaque à gagné toutes les professions, la corruption s’est démocratisée. Ajouté à cela la régression des valeurs morales comme la politesse, l’honnêteté, le respect de l’autre, l’honneur, la droiture, la parole donnée… Seule la réussite matérielle est considérée comme l’élément de réussite .

Avec ce vide moral, cette déliquescence des mœurs et la perte des repères, il est à craindre que la société algérienne, la jeunesse algérienne soit entraînée dans un avenir incertain fait de démoralisation individuelle et collective, entraînant par là une véritable perte de confiance et de conscience.

Une jeunesse désorientée, désespérée, repliée sur elle-même au point de se sentir en statut d’infériorité sociale, en marge de la société. Ces jeunes n’ont pas seulement donné le dos à l’hymne national, ils ont clairement indiqué qu’ils ne voulaient plus accepter de voir les richesses du pays dilapidées, mal gérées, volées par une nomenklatura et un système qui leur interdit l’accès à cette richesse et à l’espoir. Une nomenklatura aux affaires au nom de la légitimité révolutionnaire, ils n’en veulent plus ! Ils ont sifflé et tourné le dos aux symboles de cette légitimité détournée, instrumentalisée, salie par des comportements et des pratiques mafieuses.

Que l’on ne s’y trompe, cette jeunesse que l’on a voulu abrutir méthodiquement par l’école d’abord, puis en la déviant aux sports et notamment au foot-ball, en l’éloignant de l’engagement politique n’est pas dupe de ceux qui, jouissant du pouvoir veulent maintenir le statu quo politico-affairiste dont ils profitent.

Ces jeunes, par cet acte, certes irrespectueux envers le symbole de Novembre, traduisent un état d’esprit et une rupture radicale avec le pouvoir, ses institutions, ses hommes qui précipitent la ruine matérielle et morale du pays. Ils ne veulent plus de cette Algérie submergée de parasites où personne n’est responsable, où les lois sont élaborées pour servir les copains et les coquins pour se prémunir des dérives et des dépravations dont ils sont responsables.

Les hommes de Bouteflika, loin de servir le pays, ont accru leur influence non seulement dans le domaine politique, mais également dans les secteurs vitaux de l’économie pour se servir, l’administration pour sévir et la justice pour se prémunir. Et c’est comme cela que l’on est arrivé à ce que Ghoul n’a pu être appelé à témoigner devant le «petit juge», que Chakib Khelil défie toute autorité, que Sidi Saïd pousse l’arrogance jusqu’à assumer le «faux» devant une juge qui ne peut juger !

Dans ce folklore de l’indignité et de la honte, un seul gagnant : le système. Un seul perdant : l’Algérie. Un seul sacrifié : le peuple algérien.
Le vrai problème de l’heure, c’est le sauvetage de l’Algérie, l’arrêt du mécanisme de destruction de ce qui reste comme tissu social de solidarité et d’appartenance à une nation née et cimentée par le sang des martyrs et le sacrifices de millions d’Algériens à travers l’histoire.
Mais dans ce contexte où se développent une précarité générale des conditions de vie, une incertitude du lendemain, il se produit une coupure coupable du rôle que devrait tenir l’intellectuel, l’élite algérienne envers sa communauté. Ouvriers du système, comment en effet peut-il concilier l’appel à l’engagement et au changement et la sécurité qu’il a au plan personnel ?

Comment peut-il être porteur d’une volonté de changement alors qu’il est douillettement engoncé dans un confort étranger à la majorité de ses concitoyens ?

Une telle situation qui en fait des privilégiés aux yeux de la société comme à leurs propres yeux d’ailleurs rend les élites, d’une certaine manière, coupables, sinon complices.

Tout discours qu’ils pourraient tenir se révélerait immanquablement inopérant et sans impact sur la société dans un tel contexte. Leur propre position dans et autour du système est un obstacle à l’exercice de leur fonction de parole. Aux yeux de la société, l’intellectuel algérien est un élément du problème ; pour le moins, il en est la manifestation. Il n’est plus le guide .

En quoi peut-il en conséquence influencer la société sur la voie du changement ? Bien accroché à sa situation, il a abandonné toute prétention à dire son pays. Il a relégué ses responsabilités d’intellectuel pour n’en conserver que le titre.

- Au vu de cette supercherie des divisions orchestrées et entretenues des clans qui sont en fait solidaires pour la pérennité du système ;
- au vu du désespoir qui gagne et qui risque de faire gagner les marchands du désespoir ;
- au vu du potentiel de ce pays qui regarde passer sa chance et enrage de ne pas pouvoir la saisir, il doit se passer un moment privilégié où le citoyen doit aller au fond de lui-même pour découvrir que ce qui relève du miracle peut devenir possible.

Pour cela, une mobilisation citoyenne pour la liberté, la dignité, la justice, menée par une élite engagée, responsable, consciencieuse, saine, regroupant autour d’elle toutes les tendances aspirant au changement pour la démocratie et le renouveau, associant de larges couches de la société, peut mettre en échec ce régime qui est en train de mener le pays droit au chaos et à l’implosion.

Nous devons bien cela à nos martyrs, à ce pays qui nous fait mal. Nous devons bien cela à cette jeunesse, à nos enfants que nous jetons dans la vie sans pouvoir leur dire qu’elle vaut la peine d’être vécue.       

Par le Dr Mohamed Maïz–Universitaire / contribution parue dans el watan / 20 mai 2018

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  Une provocation de plus de la part d’autorités irresponsables 

*Scandaleuse décision que d’exclure 800 médecins résidents des services hospitaliers. 

           Irresponsable! 

*nos responsables semblent n’avoir que peu d’intérêt pour la santé des Algériens

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le 18.06.18 | 

Scandaleuse décision que d’exclure 800 médecins résidents des services hospitaliers. La menace pèse sur des milliers d’autres en grève depuis huit mois. Faute d’avoir instauré un dialogue serein et responsable avec les «grévistes», le ministère de la Santé, certainement sur instruction du Premier ministre, a décidé de sévir, et de quelle manière ! Par des exclusions de masse prononcées contre des praticiens, dont la plupart ont poursuivi de longues études médicales durant au moins une dizaine d’années… Une provocation de plus de la part d’autorités irresponsables qui n’ont pas fait preuve de bonne volonté envers ces milliers de médecins pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui dure depuis des mois. Et surtout qui a paralysé les hôpitaux de pratiquement tout le pays. Un mépris envers une catégorie de citoyens qui, certes, n’a jamais revendiqué un statut de super citoyens, mais indispensables parce que le pays ne saurait se passer de tous ces médecins. Il est évident que la santé de la population dépend étroitement de leur disponibilité à assurer des soins et actes médicaux de qualité au sein des hôpitaux. Mais nos responsables semblent soit ignorer ces vérités, soit n’avoir que peu d’intérêt pour la santé des Algériens. Ou alors les deux à la fois, pour se permettre de laisser pourrir un conflit qui ne devrait pas exister, sans perspective de solution depuis huit mois avec les conséquences néfastes qu’il peut avoir sur le fonctionnement des structures de santé publique. Non contents de recourir à la menace verbale après avoir opposé la matraque aux doléances des médecins résidents, les «irresponsables» responsables passent à l’acte de l’exclusion. Une mesure de coercition à l’encontre d’une catégorie d’intellectuels qui, partout ailleurs, aurait fait l’objet de toutes les sollicitudes. Et surtout d’une écoute particulière à leur égard pour tout ce qui a trait à leurs conditions de vie et de travail. Partout ailleurs, il faut le souligner, où le pouvoir n’affiche pas un tel mépris à l’égard des intellectuels, des citoyens qui par leur fonction de médecin assurent une fonction sociale primordiale. Un tel mépris ne peut que forcer les médecins justement à s’exiler vers des cieux plus cléments. A croire précisément que les gestionnaires, les «politiques» en charge de la santé des citoyens censés être à l’écoute de ceux qui sont au contact des malades, pousseraient vers une telle issue. Par la faute de tels responsables, des milliers de médecins risquent d’aller grossir les rangs des praticiens algériens qui font «tourner» les services hospitaliers à l’étranger, en France notamment où ils sont déjà des milliers. Par contre, l’entêtement de nos dirigeants, la poursuite de la fuite en avant et le mépris qui semblent les animer auront pour effet, à terme, de recourir sans aucun doute aux médecins étrangers pour faire fonctionner convenablement nos hôpitaux, comme ce fut le cas après l’indépendance, à un moment où le pays était dépourvu de cadres et de praticiens. L’Algérie a tout fait, depuis, pour la formation de médecins et la satisfaction des besoins en la matière. Tant d’efforts aujourd’hui gâchés par l’irresponsabilité de bureaucrates et de «politiques» dont le mépris à l’égard des citoyens semblent être leur acte de conduite dans la gestion des affaires publiques.**Reda Bekkat / el watan / lundi 18 juin 2018

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* Tizi Ouzou : 96% des médecins ne savent pas rédiger un certificat médical

Sur un échantillon de 500 certificats médicaux étudiés à Tizi Ouzou, 96% ne remplissent pas les critères de rédaction de fond et de forme.

De nombreux certificats médicaux, destinés à la justice notamment, sont mal rédigés et ne remplissent pas les critères de fond et de forme de rédaction, a déploré hier le Pr Brahim Boulassel, président de la Société algérienne de médecine légale (Saml).
«Sur un échantillon de 500 certificats médicaux étudiés à Tizi Ouzou, 96% ne remplissent pas les critères de rédaction de fond et de forme», a précisé le Pr Boulassel. La topographie des lésions, la date non mentionnée, l’imprécision (ex: des traces sur le dos)…constituent autant d’éléments attestant du manque de rigueur dans la rédaction des certificats médicaux», a-t-il ajouté, au lendemain d’une journée d’étude sur «Le médecin et la loi», organisée par l’Association des médecins spécialistes de la wilaya de Aïn Defla (Amsad). Cette situation peut hélas s’avérer préjudiciable au malade, a relevé le Pr Boulassel, qui signale que «c’est de son droit (le malade) le plus absolu que lui soit délivré un document rédigé selon les règles de l’art».
Selon lui, les «anomalies» en matière de rédaction des certificats médicaux sont à imputer surtout à la formation du médecin. Il a fait remarquer que, lors de la sixième année d’études médicales, l’accent est mis notamment sur la qualité de la rédaction des certificats médicaux ainsi que sur les éléments qu’il y a lieu de mettre en exergue. A ce titre il a soutenu que «nombre de médecins ne semblent pas accorder une grande importance à l’acte médical. A travers cet acte écrit, leur responsabilité est engagée, qu’elle soit pénale, civile ou déontologique». Dès lors, le Pr Boulassel a estimé que cette journée d’étude constitue une opportunité pour attirer l’attention de la communauté médicale sur la nécessité d’accorder davantage d’attention à cet acte qui est utilisé «a posteriori» pour l’expertise notamment en matière pénale. Il a mis l’accent sur le fait que des experts sont parfois sollicités par un tribunal pour statuer sur l’authenticité d’un certificat médical, «d’où l’importance de cet acte qu’il ne faut, en aucun cas, banaliser». Le président de l’Amsad, le Dr Larbi Bouamrane a, pour sa part, estimé que l’absence de l’aspect législatif dans la formation des médecins peut avoir des répercussions négatives sur les décisions prises. Il a observé que l’ordonnance constitue un moyen de communication entre le médecin et le pharmacien, le malade et son entourage. C’est aussi une pièce médicolégale où la responsabilité du médecin est engagée devant l’administration, le conseil de déontologie et la justice. Etablir une ordonnance demande des qualités que le médecin doit posséder, comme le sens de la responsabilité, la sincérité, la clarté et la confiance dans la prescription. Des impératifs de forme existent. Ils permettent une bonne communication et aiguisent le sens de la responsabilité. Aussi, est-il recommandé d’écrire lisiblement le nom et le prénom qui engagent la responsabilité médicale et éclairent le pharmacien. Mentionner l’âge du malade pour éviter une erreur de posologie et écrire lisiblement les médicaments pour le malade et son entourage qui ne savent pas lire correctement. L’intervenant a assuré que la réquisition et l’expertise figurent dans le cursus de formation des médecins, en regrettant que «la rapidité avec laquelle ils sont dispensés ne permet pas aux étudiants de les assimiler parfaitement et d’en mesurer l’importance».*Par Abdelkrim AMARNI - Lundi 15 Fevrier 2016/ L’Expression

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*L’Algérie, le clair et l’obscur

Il y a d’abord cette image flamboyante restituée par la diplomatie algérienne. Une aura retrouvée grâce à des hommes de la trempe de Ramtane Lamamra. Le nouveau ministre des Affaires étrangères a non seulement donné de la voix mais il a su aussi imposer la position algérienne pour trouver une solution aux conflits qui secouent la région et la planète. Une position qui prône la solution politique et pacifique. La négociation et le dialogue pour faire taire les rafales de kalachnikov, les bombes et les obus. Les grandes puissances, leurs représentants ont tous fait escale à Alger. John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian respectivement ministres français des Affaires étrangères et de la Défense, le général David Rodriguez, commandant de l’Africom, puis tout récemment le chef d’état-major des armées, le général d’armée, Pierre de Villiers. Un gratin d’hommes politiques et de responsables militaires dont les pays sont directement impliqués dans des conflits qui ravagent la région du Sahel et du Moyen-Orient (Irak, Syrie…) et la Libye depuis la chute de l’ex-guide de la Jamahiriya. Tous ont transité ou séjourné dans la capitale algérienne. Qu’ont-ils vu d’Alger la Blanche? Un qualificatif désormais usurpé. Son état de décrépitude, de délabrement qui la réduisent quasiment au rang de bidonville…lui ont ôté ce statut. Alger est devenue grise. «El Mahroussa», la bien-gardée a été livrée pieds et poings liés aux aléas du temps. Et surtout aux contraintes que lui a imposées l’homme. La dégradation, le laisser-aller, l’incivisme. Les ordures jonchent ses trottoirs défoncés, ses immeubles tombent en ruine, ses rues sont sales, les magasins et les commerces ferment avant la nuit tombée. Alger plonge dans une obscurité qui masque pour quelques heures son visage hideux. Comme le ferait un maquillage qui tenterait d’effacer des rides gravées sur un visage ravagé par les difficultés de la vie. Ce n’est plus un lifting dont Alger a besoin pour qu’elle puisse mériter le statut de capitale. De vitrine du pays. Un pays qui est adossé à un matelas financier de 200 milliards de dollars s’est même payé le luxe de prêter 5 milliards de dollars à un Fonds monétaire international qui l’avait malmené durant les années 1990. Une «coquetterie» qui a été rendue possible grâce à la manne fabuleuse engrangée par les exportations d’hydrocarbures et à des niveaux du prix du baril de pétrole élevés. Une conjoncture qui ne nous a permis ni de préserver notre pouvoir d’achat, ni d’éradiquer un secteur de l’informel qui alimente la spéculation, ni de juguler la flambée des prix des produits de consommation des fruits et légumes, des viandes et du poisson. Ni à produire ce dont on a besoin pour nous nourrir. Cette manne financière providentielle n’a pas non plus contribué à ce qu’on ait des villes et des villages propres alimentés constamment en eau potable et en électricité. La saison des pluies qui frappe à nos portes mettra à nu leur gestion catastrophique. Les inondations, les glissements de terrain, les routes coupées, l’effondrement des habitations précaires et l’isolement de certaines contrées du reste du pays témoigneront de cette Algérie aux deux visages. Celle qui rayonne à travers sa diplomatie et celle qui rend le quotidien des Algériens chaque jour un peu plus difficile.*Par Mohamed TOUATI - Mercredi 17 Septembre 2014 *L’Expression

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Ksentini farouk

* Farouk Ksentini:  « on ne peut se contenter d’une démocratie de façade qui n’existe que dans les textes »

Le président de la Commission nationale consultative pour la protection et promotion des droits de l’homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini a reconnu, mardi, qu’ « on ne peut se contenter d’une démocratie de façade qui n’existe que dans les textes ».

Intervenant sur les ondes de la radio nationale, Farouk Ksentini  a soutenu que « l’opposition représente une nécessité pour le pays » et c’est « l’essence même de la démocratie » tout en soulignant qu’un état de droit ne peut être qu’un état civil.

Commentant l’annonce par le président de la République des grandes lignes de la future constitution à l’occasion du 61e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, le président de la CNCPPDH  a insisté pour que celle-ci respecte l’indépendance de la justice et que le magistrat ne soit plus influencé par le pouvoir exécutif mais de dire la loi en toute conscience en avertissant que « dés lors que la justice se soumet à l’exécutif les choses sont faussées ».

Farouk Ksentini a relevé dans le même sillage, « qu’il y a encore des lacunes restant à combler » et que « nous manquons d’une justice de qualité, notamment  des magistrats formés, dotés d’une indépendance d’esprit et d’une honnêteté intellectuelle ».

Le président de la CNCPPDH n’a pas manqué l’occasion de souligner que « le moment est venu pour que l’alternance s’opère » tout affirmant qu’ »il est temps pour l’ancienne génération de partir, personne n’est éternel, c’est une évidence » en abordant la marginalisation des jeunes élites intellectuelles dans la gestion des affaires du pays.*Par Mourad Arbani | 03/11/2015 | algerie1.com/

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**Purge dans la douane ?

Des hauts cadres des Douanes mis à la retraite

Le secteur des Douanes algériennes fait sa purge. Depuis jeudi, d’inamovibles hauts fonctionnaires de la direction générale des Douanes algériennes (DGD) sont partis officiellement à la retraite.

Beaucoup de choses à changer

Selon des sources sûres, il s’agit de Djazouli Boudjeltia, directeur de l’administration générale (DAG), Abdelmadjid Mahreche, inspecteur général des Douanes algériennes et Regue Benamar, directeur du contrôle a posteriori. «Ces très hauts cadres puissants et incontournables dans le fonctionnement de la direction générale des Douanes algériennes ont été appelés à faire valoir leurs droits à la retraite pour qu’ils soient remplacés incessamment par d’autres cadres», expliquent les mêmes sources. Cette décision n’a pas manqué de susciter des interrogations au sein même de la direction générale des Douanes.

Plusieurs cadres, en effet, se posent des questions sur l’opportunité de cette mesure.
Durant plusieurs années, ces trois hauts fonctionnaires faisaient continuellement l’objet de critiques de leurs subordonnés et même d’opérateurs économiques. La décision aurait été prise par le DRS. Elle intervient, faut-il le souligner, après une mesure similaire prise à l’encontre du colonel Fawzi, chargé des médias au DRS. Cependant et sans conteste, le cas de Djazouli Boudjeltia, directeur de l’administration générale qui fait et défait à la DGD, est le plus frappant. Nos tentatives de le joindre sont restées vaines. «Il est parti avant-hier accomplir une omra aux Lieux Saints», nous dit-on. Il faut dire que ces derniers mois, le secteur des Douanes a été frappé par plusieurs scandales, dont le dernier en date est celui dit «Affaire Onil».

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Plus d’un quintal et trente kilogrammes de cocaïne ont été découverts dans une cargaison de lait en poudre enfouis entre les sacs. La fameuse affaire du douanier Rachid Aoune qui, après avoir dénoncé des manquements dans la surveillance de l’exportation de gaz vers la Tunisie, avait été intimidé par son employeur puis révoqué fin 2012.
D’autres cadres à l’expérience avérée sont mutés et actuellement sans poste, car réfractaires à l’ordre établi. La corruption est un autre fléau qui forme le principal grief retenu contre le corps des Douanes.

Tant de scandales qui, pour mémoire, ont poussé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à la création d’une cellule de crise et sa mise en place par la direction générale des Douanes, à l’effet d’enquêter sur les différents affaires ayant secoué les directions de Annaba, d’Alger et d’Oran.
Un premier rapport établi par l’Office national de lutte contre la fraude avait valu aux 14 cadres douaniers chargés du dédouanement des marchandises la suspension. D’autres relevant du port d’Alger sont détenteurs de registres du commerce et effectuent régulièrement des voyages en Espagne.*El Watan-28.07.2013.

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**Vaste mouvement  dans le corps des Douanes

Un nouvel organigramme est mis en place et donne lieu à la création de nouvelles directions régionales en plus de la mise en retraite de plusieurs hauts cadres.

Le département de Karim Djoudi, ministre des Finances  a opéré récemment une série de changements au niveau du corps des Douanes.  Il s’agit, en fait, de la mise en place d’un nouvel organigramme qui donne lieu à la création de nouvelles directions régionales mais pas seulement. Il est question aussi et surtout de  mettre fin aux fonctions de plusieurs hauts cadres de cette institution en guise de départs en retraite. Selon notre source, il s’agit des cadres qui exercent dans les services du contentieux, de l’inspection générale des Tuniques grises, dans la direction de lutte contre la fraude (DLCF), de l’inspection régionale d’Oran (IGO), dont l’inspecteur régional, ainsi que d’autres collaborateurs directement rattachés aux services la direction des Douanes algériennes. Notre source n’a pas évoqué le nombre exact de cadres qui vont être touchés par cette mesure qui intervient au moment où le mouvement de mutation et d’installation des nouvelles recrues bat son plein au sein des Douanes. Le fait curieux demeure sans nul doute l’origine même des dits changements qui découlent directement du département de Djoudi et non de la direction générale des Douanes algériennes.

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Toujours est-il, le départ de ces cadres, qualifiés de «poids lourds» au sein des Tuniques grises, intervient également quelques semaines seulement après la tenue de la 6ème Conférence nationale des cadres des douanes, exclusivement consacrée à la modernisation de l’administration de ladite institution, à l’introduction de nouveaux textes législatifs au profit des opérateurs économiques et à l’introduction de mécanismes de gestion dans les ports et aéroports, et partant de la lutte contre la fraude et la corruption. *leconews.com-28.07.2013.

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L’Etat fait le ménage - il veut rajeunir ses cadres et confier le relais aux jeunes

**Les walis et les diplomates de plus de de 60 ans mis à la retraite

«L’application de l’instruction portant sur le départ à la retraite, à l’âge de 60 ans, est à l’origine du gel du mouvement dans le corps diplomatique et celui des walis», nous confie une source proche du dossier.

Fini l’époque des caciques. L’Etat veut rajeunir ses cadres et confier le relais aux jeunes. Le gouvernement prend cette affaire au sérieux. Désormais, le facteur âge aura un grand poids dans les désignations aux postes de responsabilité. «L’application de l’instruction portant sur le départ à la retraite à l’âge de 60 ans est à l’origine du gel du mouvement dans le corps diplomatique et celui des walis», nous confie une source proche du dossier. L’Etat veut apparemment donner l’exemple.
Pour permettre aux jeunes d’occuper des postes de responsabilité, le gouvernement compte opérer un profond lifting au niveau des chancelleries, des directions et des wilayas. Ainsi, les responsables qui sont à l’âge de la retraite seront invités à remettre le tablier. Selon notre source, le gouvernement ne peut plus tolérer l’incapacité des responsables à assumer leur responsabilité. Pris par le poids de l’âge, des responsables siègent depuis plus d’une décennie à des postes de responsabilité sensibles. C’est le cas de l’ambassadeur d’Algérie à Paris, Missoum Sbih. Ce dernier a été rappelé le 17 juin dernier à Alger. Il a été remplacé par Amar Bendjemaâ, actuel ambassadeur à Bruxelles. Le rappel de l’ambassadeur Missoum Sbih qui était en poste depuis 2005 n’est qu’un début. Plusieurs ambassadeurs et consuls seront concernés par ce mouvement. Notre source explique que la liste des nominations des diplomates et des walis est bloquée en raison du grand mouvement prévu dans ces corps. L’opération est loin d’être un simple exercice.
Les dossiers des personnes pressenties vont passer au crible. L’âge et la compétence sont les deux critères qui feront le poids. Idem pour les walis. Vu l’incapacité des walis à faire face aux mouvements de contestation qui secouent les différentes régions du pays, l’Etat envisage d’apporter un  nouveau souffle par la désignation de nouvelles têtes.
Ce n’est pas tout. Pour trouver une solution au problème du chômage, le Premier ministre avait adressé une circulaire aux présidents des directoires des SGP (Société de gestion des participations) et aux P-DG des EPE (Entreprises publiques économiques) les invitant à mettre fin au recrutement des retraités. Abdelmalek Sellal a sommé ces derniers à ne plus recruter des cadres retraités pour assurer la gestion des entreprises.
Le Premier ministre, qui qualifie ce type de recrutement de «dépassements» ou encore «de recrutement de complaisance» dresse un constat accablant de cette situation affirmant que «des Sociétés de gestion de participation et des entreprises publiques économiques recourent au recrutement des cadres retraités ayant parfois bénéficié d’indemnités de départ à la retraite versées par leur dernier employeur», lit-on dans la circulaire. Le document ajoute que «certains de ces recrutements ne répondent pas à des besoins avérés comme cela a été constaté et vérifié. Les responsables de ces dépassements ont été sommés de mettre un terme et d’en rendre compte», ajoute encore le document. M.Sellal, qui s’exprime également en sa qualité de président du Conseil des participations de l’Etat, exige à ce qu’on mette fin promptement à ce genre de recrutement. «En ma qualité de président du CPE, je vous ordonne de mettre fin immédiatement à tout recrutement assimilable à un recrutement de complaisance», précise-t-il.
Le Premier ministre émet des conditions pour des recrutements de cadres retraités jugés indispensables.*L’Expression-30.07.2013.

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**Place à l’intelligence

Batir l’Algérie sur de nouvelles idées

«Nous devons accepter le changement mais conserver nos principes.» Jimmy Carter, ancien président des Etats-Unis d’Amérique.

Un rapport du think Tank Nabni acronyme de « notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées » va être présenté ce samedi 26 janvier, utilisant l’image du Titanic, les chercheurs estiment que seule l’application de ce « projet global » permettra à l’Algérie d’amorcer le « grand virage » nécessaire pour éviter l’iceberg et risquer de couler. J’ai eu l’occasion d’assister à une émission de « Question d’Actu » présentée d’une façon magistrale par M. Ahmed Lahri, le 9 juillet 2012. Ces brillants « quadras » ont présenté une vision généreuse de l’avenir. A travers « Cent mesures pour l’émergence d’une Algérie nouvelle ». J’avais fait l’éloge de cet exercice intellectuel désintéressé et j’avais attiré leur attention sur la dimension du projet de société préalable à toute construction sociale.
J’avais aussi fait remarquer qu’il est nécessaire de porter la bonne parole partout où elle peut être entendue, non seulement aux tenants du système du pouvoir, partis politiques, mais aussi à la société civile, aux universitaires, aux intellectuels et aux universitaires qui font marcher l’Algérie
Dans une interview donnée au Courrier d’Algérie, M.Zoubir Benhamouche, diplômé de l’Ensae explicite globalement le contenu. Nous l’écoutons: « Le rapport Nabni 2020 élabore une stratégie de développement économique et social. Pour chacun des cinq thèmes (économie, éducation, santé, gouvernance et « vivre ensemble »), nous avons identifié ce que nous avons qualifié de « leviers de rupture », c’est-à-dire des axes de réforme sur lesquels agir pour atteindre les objectifs assignés. Il faut bien garder à l’esprit que ces leviers contiennent des innovations majeures en matière de politique publique. Ainsi, notre souci constant a été de proposer une nouvelle approche, non seulement en termes de mesures à prendre, mais également la manière de mener les politiques publiques. Notre démarche est nouvelle dans le sens où nous proposons un projet global composé d’un ensemble cohérent de réformes qui ne peuvent être pensées les unes indépendamment des autres ». (1)
M.Zoubir fait appel aussi dans sa démarche au secteur privé: « On ne peut pas concevoir de créer de la croissance sans penser, non seulement aux politiques à mener pour favoriser le développement du secteur privé, mais également lui offrir les qualifications dont il a besoin, le cadre réglementaire et l’environnement des affaires idoines, un accès au financement, des incitations à l’exportation, un appui de l’Etat, etc. Mais nous sommes également conscients que cette croissance tant espérée doit profiter rapidement au plus grand nombre pour maintenir une forte cohésion sociale et une adhésion aux réformes. C’est pour cette raison que nous avons un ensemble de mesures qui visent à permettre aux citoyens de profiter des opportunités qu’offrira cette croissance, en développant leurs capacités à trouver des emplois, se former, bénéficier d’un meilleur système social etc. Pour que ceci soit possible, la modernisation de l’Etat et le renforcement de ses capacités s’avèrent un impératif majeur, tout comme l’amélioration significative de la gouvernance publique, talon d’Achille de notre pays ».(1).
L’économiste conclut en insistant sur la nécessité d’un débat: « Nous voulions créer un débat public serein sur les défis de développement que doit relever notre pays. Nous sommes convaincus que l’Algérie a les potentialités nécessaires pour se soustraire à une dépendance excessive aux hydrocarbures, et nous devons le faire dès maintenant, alors que nous avons les ressources financières nécessaires pour rendre le coût des réformes plus supportable. Si nous tardons trop, non seulement les ajustements à opérer auront des coûts sociaux prohibitifs, mais nous aurons beaucoup plus de mal à rattraper notre retard de développement. Si au contraire, nous décidons de mettre fin au report perpétuel des « vraies » réformes, alors au contraire, les hydrocarbures seront un tremplin pour le progrès, et un formidable accélérateur de notre développement économique et social. (…) Après le 26 janvier, nous nous attellerons très concrètement à engager le dialogue avec le plus grand nombre de nos compatriotes pour arriver ensemble à montrer que l’avenir n’est pas forcément sombre, montrer qu’un autre futur est possible si une véritable stratégie de développement au service des citoyens est mise en oeuvre.(1)
La même approche est donnée par Rostane Hamdi, l’un des animateurs du groupe Nabn.i
« Le rapport Nabni 2020 ambitionne de proposer une vision pour l’Algérie à l’horizon 2020 et un programme de chantiers structurants permettant d’inscrire l’Algérie dans le chemin.
Le groupe Nabni propose au débat public un ensemble de propositions dans les cinq domaines suivants:I. Développement économique et création d’emplois; II. Education, savoir et innovation; III. Santé, protection sociale et lutte contre la précarité; IV. Vivre ensemble: villes, urbanisme et culture; V. Gouvernance de l’Etat et des institutions
Ce qu’il faudrait, le pensons-nous, c’est d’inscrire ces 100 mesures dans un ensemble plus vaste d’états généraux sur des sujets structurants l’avenir du pays. Il nous faut concomitamment faire émerger de nouvelles légitimités avec la résolution des problèmes de fond concernant le projet de société auquel peut prétendre l’Algérie. Qu’est-ce qu’être Algérien au XXIe siècle Comment rebondir en prenant appui sur un certain nombre d’invariants qui sont ce que nous sommes. Ces domaines embrassent globalement les attentes, mais il nous semble que l’ordre de traitement serait à revoir. Il est impossible de parler d’économie, de développement sans le préalable d’abord de projet de société. Le 5 juillet 2012 sera une date symbolique dans l’histoire de l’Algérie indépendante.

Plaidoyer pour un vrai changement en douceur
« Cinquante ans après l’Indépendance, écrit Hocine Lamriben, l’Algérie patine sur le plan économique et social. Si le statu quo actuel en termes de gouvernance publique et de politique économique se poursuit, à l’horizon 2020, notre pays pourrait avoir quasiment siphonné ses réserves de change. Selon un scénario probable où les prix du baril se maintiendraient mais nos exportations d’hydrocarbures baisseraient face à une production stagnante et une consommation énergétique nationale en croissance, le plus inquiétant est que notre pays pourrait se retrouver en situation de devoir affronter ces graves crises avec des institutions très affaiblies… » Un tel cas de figure, ajoute-t-on, « est loin d’être improbable, et il sera le fruit de notre incapacité à construire une vision pour notre pays, réformer nos institutions et définir une stratégie de développement inclusive, ambitieuse et globale ». Le projet qu’elle propose s’articule autour de « cinquante chantiers de rupture » dans les politiques publiques, dans les domaines économique, social, éducatif, urbain, culturel et de santé publique, le tout basé sur des réformes fondamentales de la gouvernance et des institutions de l’Etat.(2)
Par les autres sujets complémentaires de cette étude, il nous faut citer la corruption. Il y a nécessité de mettre en place une charte administrative qui moralise les relations de travail avec les droits et les devoirs de chacun. Le renforcement du rôle des Conseils d’éthique et de déontologie dans chaque type d’administration permettra de renforcer les capacités éthiques et déontologiques de la presse écrite et sa crédibilité auprès du public. Les droits et devoirs de chacun: la nécessité de rendre compte quel que soit le niveau de responsabilité même après la fin de mission et enfin l’indépendance réelle de la justice.
Il nous faut aussi prioritairement nous pencher sur le système éducatif qui est en miettes, sur l’université qui est moribonde. A titre d’exemple, l’auteur de ces lignes a fait partie du Conseil national de l’éthique et de la déontologie et à ce titre, il a contribué à La Charte universitaire, instrument incontournable qui permet d’éviter la gangrène de l’Université, le plagiat, les faux diplômes. Réhabiliter la science et le savoir contre l’emprise de l’administration et son immixtion dans les affaires de pédagogie, (notes, examens, délibérations). Cette charte est remisée dans un tiroir laissant ainsi se perpétuer des affaires scabreuses où les chefs d’établissement déposent plainte à la Cour suprême contre leurs enseignants coupables de ne pas obéir aux injonctions amenant à des dérives.
Par ailleurs, le changement économique est un processus long où l’on ne peut pas y rentrer par effraction, mais par un sacerdoce, un travail de la sueur et de l’intelligence…, que la démocratie est une culture qui prend du temps à se construire. Si nous devons nous comparer aux pays arabes, nous avons fait la moitié du chemin vers la démocratie, mais nous sommes au milieu du gué. Nous avons quitté la berge de l’intolérance, mais nous n’avons pas encore abouti. Ce qui précisément bloque le progrès dans notre pays c’est le manque de libertés économique, politique et sociétale.
Justement à propos de changement pour Zoubir Benhamouche, l’un des rédacteurs du Think Tank Nabni, la société doit intervenir d’une façon soft: « Sans pression » citoyenne du peuple, il y a très peu de chance que le régime se réforme suffisamment pour engager le pays dans une dynamique vertueuse de modernisation de nos institutions et de notre économie.
La refondation de la société civile, via notamment les instruments que j’ai décrits dans l’article précédent, est donc une condition nécessaire. (…) La réalité du terrain suggère de faire preuve de pragmatisme. On ne pourra pas basculer du jour au lendemain vers une situation idéale. Une période de transition s’avère nécessaire ».
« Il nous faut, conclut Zoubir Benhamouche, un consensus national autour d’une figure politique qui doit jouir d’une popularité et d’une intégrité suffisantes. Pour finir, quel que soit le scénario, il faut inscrire une vision de l’Algérie à l’horizon de 5 et 10 ans, dans les domaines économique, social et institutionnel. Le changement économique est difficilement réalisable sans changement de la gouvernance publique. Encore quelques années de blocage comme celles que nous venons de vivre et on aura atteint un point de non-retour. La métaphore du Titanic pour traduire la situation dangereuse dans laquelle se trouve l’Algérie ». (3)
Il est vrai que pour le moment, nous sommes installés confortablement dans les temps morts, non seulement nous n’avançons pas, mais de plus on ne demande pas des comptes à ceux qui ont géré. A titre d’exemple, quand un ministre est limogé en Algérie, il rebondit rapidement pour s’assurer une retraite dorée. Où en sommes-nous alors? Sommes-nous à ce point sous-développés que l’on s’enflamme à titre d’exemple, pour une équipe de football constituée à 90% de joueurs évoluant à l’étranger; quand des parents d’élèves encouragent leurs enfants à aller dans les clubs de foot, au lieu de chercher la meilleure école qui ne constitue plus un ascenseur social. Quand un joueur, et à un degré moindre, un chanteur gagne en une « prestation » ce que gagne un professeur d’université en une vie, il y a quelque chose de détraqué dans la machine Algérie.

Pour la première fois…
On peut, peut-être, reprocher à l’étude faite d’être trop ambitieuse et d’oublier les fondamentaux qui sont d’abord et avant tout de réconcilier le peuple algérien avec son histoire et à la nécessité pour lui d’être fasciné par l’avenir sans rien perdre de ses repères identitaires. Ce qui est sûr, c’est que pour la première fois des jeunes universitaires se sont emparés d’une façon désintéressée du destin du pays pour contribuer à l’améliorer. Ils se sont réunis, ont débattu, chacun venant d’horizons divers, mais ayant en commun, à la fois l’amour du pays, mais aussi la légitimité scientifique.
En effet, le préalable identitaire pluridimensionnel est un socle rocheux incontournable, il permettra à n’en point douter à l’Algérienne et à l’Algérien, fascinés par l’avenir de se sentir pleinement Algérien du Nord au Sud et d’Est en Ouest dans un monde de plus en plus dangereux où de fait, l’Algérie avec sa profondeur stratégique, neuvième pays au monde, et premier pays d’Afrique par sa superficie après la curée concernant le Soudan en 2011, est une proie pour un nouveau partage du monde qui se dessine et des slogans à l’ancienne n’ont plus cours, pour cimenter ce pays.
Il nous faut réhabiliter l’effort, le mérite et place à la légitimité du neurone. Les soporifiques du football et des émissions de divertissement qui n’ont rien de culturel, ajoutées aux émissions cultuelles sans discernement feront de nos jeunes des zombies prêts à l’émeute à la première étincelle. Apprenons leur l’effort, la réalité du monde. Pour cela, il est indispensable pour que la démarche soit crédible que l’exemple vienne d’en haut mais ceci est un autre histoire.
Il nous faut en permanence avoir en tête l’esprit de Novembre, que nous sommes un peuple qui a une histoire d’au-moins trois millénaire et qu’il faut tout le temps actualiser avec les outils du XXIe siècle, qui sont le savoir, l’audace scientifique et technologique est un désir d’être ensemble pour constituer une nation qui devrait, selon le bon mot de Renan: « Un plébiscite de tous les jours ».* Par Pr Chems Eddine CHITOUR – Samedi 26 Janvier 2013 -L’Expression
1. http://lecourrier-dalgerie.com/zoubir-benhamouche-economiste-et-membre-de-nabni-au-courrier-dalgerie/
2. H. Lamriben: L’économie algérienne face à deux scénarios… El Watan le 24.01.13
3. http://www.algerie-focus.com/blog/2012/ 11/28/interview-de-zoubir-benhamouche-algerie-limpasse-un-an-apres-2/

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	Nouria Benghebrit  » src= »http://www.elwatan.com/images/2015/03/04/benghebrite_2601602_465x348.gif » /></p>
<p><span style=La réforme de l’école à l’épreuve de l’instabilité chronique :

**Les vérités de Mme Nouria Benghebrit

La ministre de l’Education nationale, Mme Nouria Benghebrit, revient sur le chantier de la réforme du système éducatif et regrette que le travail de réflexion effectué ait buté et bute encore sur l’écueil de l’instabilité chronique dans le secteur. Elle relance à l’occasion son appel au dialogue tout en maintenant que certaines revendications portées par les syndicats ne relèvent pas de ses prérogatives.

- Cela fait neuf mois que vous êtes à la tête d’un secteur en pleine réforme et que vous avez connu de l’extérieur. Quel constat faites-vous, aujourd’hui, de la situation qu’il traverse ?

***J’ai travaillé longtemps dans le secteur, mais là j’ai eu la possibilité d’entrer à l’intérieur du système. Il ne faut pas oublier que c’était la période des examens et que j’ai été prise dans le tourbillon de leur préparation, particulièrement le bac. Là j’ai eu la possibilité de regarder de l’intérieur. Honnêtement, je ne savais pas, en tant que chercheuse, que le baccalauréat mobilisait toute la société et son gouvernement. Une machine de guerre était à l’œuvre. Tout est programmé depuis le bunker où sont isolés pendant un mois les professeurs pour établir les sujets. Ils ne sortent pas, ils ne voient pas leurs enfants, ils sont coupés du monde.

Quand je vous dit bunker, c’est vraiment un bunker parce qu’il est quasiment impossible qu’il puisse y avoir des fuites. Cette face cachée de la préparation du bac m’a, à un moment donné, extrêmement émue. Le dernier jour de l’examen, une cinquantaine de personnes devaient sortir du bunker et j’ai tenu à être présente. J’ai vu des jeunes et des moins jeunes ; certains embrassaient leurs enfants qui leur avaient manqué…

Cette vision qui n’est pas sous les feux des médias montre ce qu’il y a au sous-sol. Pour arriver à cette opération banale de l’examen, il y a les avions, la défense qui transporte les sujets, les sujets qui sont stockés dans des coffres forts, qui sont gardés toute la nuit. Tout cela est méconnu de ceux qui sont à l’extérieur. J’étais face à une organisation qui impose le respect.

Lorsque vous lisez la presse qui évoque les problèmes, on met tout sur l’incurie, or j’ai une image complètement inverse. Je vois ce dévouement extraordinaire des professeurs, inspecteurs et directeurs qui sont impliqués dans la rédaction des sujets et la réflexion qu’ils ont à mener. Ils acceptent pendant neuf mois d’être en retrait. C’est le premier tableau qui était en face de moi (moment d’émotion).

- Voulez-vous dire qu’on est braqués sur des détails au détriment de l’essentiel ?

***Je dirais au détriment des labeurs. Aujourd’hui, tout ce qui est mis en avant ce n’est jamais le travail, l’effort, l’engagement, la disponibilité. Ce qui est mis en avant, et peut-être y compris par ceux qui en parlent, parce qu’après on entre dans un cadre référentiel dans lequel il ne faut pas parler de ce qu’on fait mais que de ce qui ne va pas. Même nous, nous avons ce défaut.

Cela a été ma première constatation. La seconde, c’est quand je me suis mise à rencontrer les acteurs du secteur, tout de suite après la bourrasque du baccalauréat. On a pu travailler, en juillet-août. Je peux vous dire qu’après avoir rencontré toutes les directions et les structures externes du secteur, je me suis rendu compte des nombreux rapports, dossiers et études finalisés. J’ai été surprise que les cadres du secteur soient en mesure de faire une analyse, au détail près, du pan qu’ils avaient à gérer.

Et c’était d’une richesse extraordinaire. En fait, le secteur de l’éducation tel qu’on le voit de l’extérieur, ce n’est absolument pas cela. Il fallait donc mettre en valeur ces travaux et les rendre plus cohérents. Par exemple, lorsque l’on vous commande une étude sur la violence, il faut aussi faire en sorte qu’elle entre dans une stratégie de mise en application sur le terrain. Troisième surprise, l’accumulation en matière de données de réflexion et de travaux d’audit.

- Si l’on comprend bien, le secteur vivait en autarcie. Etait-il en décalage par rapport à ce qui se passait sur le terrain ?

***Le problème résidait dans le type d’organisation adopté. Le ministère de l’Education nationale n’a aucune direction générale. Pour la pédagogie, il y a une direction de l’enseignement fondamental, une direction de l’enseignement secondaire, une direction de l’évaluation, une direction des infrastructures, de la coopération… Donc nous avons une foule de directions, une sorte d’émiettement du travail qui fait qu’à un moment donné, sans le vouloir, on a fini par construire des sous-territoires ; le mouvement de partage et d’échange était faible, parfois inexistant. La difficulté se situait dans la mise en synergie de l’ensemble des compétences.

- Pourtant, tous ces problèmes ont été pris en charge par la commission de réforme éducative, dont vous étiez membre. Pourquoi cette préoccupation n’a-t-elle pas été prise en compte ?

***Cette réforme a été très bien pensée. Nous avions une lettre de mission qui faisait une analyse pertinente du système éducatif et qui a servi de feuille de route au travail de la commission. Moi qui ai fait partie de plusieurs groupes de recherche et d’institutions, je peux vous garantir que là où j’ai eu le plus grand confort et le plus grand plaisir à travailler, c’était dans cette commission. Il y a eu de l’intelligence dans le choix des personnes, des éléments qui avaient l’expérience du terrain, des chercheurs avérés qui ont écrit dans le domaine, des personnes qui, plutôt par leurs interrogations, nous poussaient à aller plus loin dans les réponses à apporter. Nous avons travaillé durant neuf mois d’arrache-pied.

La composante était des militants de la pensée. Les échanges d’une richesse… enfin, on parlait de pédagogie ! Nous n’étions pas dans les faux débats de l’école. Parce que l’école, jusqu’à la commission, chaque fois que vous abordiez un point de vue, il y avait une pensée accréditée qui ne permettait pas d’aller plus loin. Nous étions dans un conflit d’idées complètement destructif. Nous étions dans des rapports de certitude. Dans la commission, c’était tout à fait le contraire.

Malheureusement, ce que nous avons entendu et lu à travers les médias n’était pas à la hauteur de la qualité des débats que la commission a eu dans ses différents ateliers. Cela tournait toujours autour du même fonds de commerce lié à la place du français, alors que nous avions accordé plus de réflexion à l’amélioration de l’enseignement de la langue arabe. Le débat était autour de la réforme de l’école après ce que l’Algérie a vécu durant les années du terrorisme.

Quels doivent être les éléments qui pourraient constituer le ciment entre les Algériens ? C’est à partir de cette réforme que le concept d’algérianité a été produit et a trouvé sa place dans la loi d’orientation de 2008. Le deuxième point de cette réforme était de trouver ce dont nous avions besoin en matière de civisme sur lequel nous avions insisté, mais aussi sur l’amélioration de l’approche pédagogique et didactique des langues, particulièrement de la langue arabe.

Il fallait trouver la réponse au fait qu’au bout de 12 années de scolarité, nous nous retrouvons avec des élèves qui ne savent pas s’exprimer. Il y a eu une remise en question de la façon dont cet enseignement se faisait, du choix méthodologie opéré. Il faut dire que les travaux produits par des collègues, entre autres Khaoula Taleb El Ibrahimi et Cherifa Ghetas, ont énormément aidé à mieux comprendre la situation. Des propositions pertinentes ont été faites et nous nous sommes tous mis au service de la mise en œuvre de cette réforme.

- Pourquoi alors ce dysfonctionnement sur le terrain ?

***Nous sentons ce dysfonctionnement parce qu’au début de la mise en œuvre de cette réforme, il manquait un accompagnement par le discours sur la réforme d’ordre pédagogique…

- Et d’ordre politique aussi…

***Sur le plan politique, le Président a mis une commission et il y a eu des résultats. Mais dans la mise en œuvre, l’émiettement dont je parlais plus haut a commencé à apparaître. L’enseignement supérieur a pris sa réforme, l’éducation nationale a pris la sienne et la formation professionnelle aussi.

Pour réussir sur le terrain, cette réforme avait besoin d’un accompagnement par la parole, de savoir dans quel sens on voulait aller et d’une articulation entre l’éducation, la formation et l’enseignement supérieur. Mais quand chaque secteur a pris sa portion de réforme, cette articulation nécessaire a manqué.

Si on avait eu, à l’époque, un conseil national de la réforme, on aurait pu dire avec quel profil de compétence nous sortons des enfants qui seront prêts à entrer avec le minimum exigé pour entamer des études réussies. Cela n’a pas été fait et nous-mêmes nous étions restés sur notre faim. Il faut aussi rappeler que de la mise en œuvre de cette réforme a démarré en 2006-2007-2008, avec les perturbations liées à l’ouverture sur la pluralité syndicale et l’apprentissage démocratique qui se sont fait, à mon sens, au détriment de l’école.

- Pensez-vous que cet apprentissage s’est fait dans le but de bloquer cette réforme ?

***Cela a abouti à vous rendre la tâche plus complexe. Au lieu d’avancer, vous êtes constamment tiré vers le bas. Il y a eu la loi d’orientation sur l’éducation en 2008, un certain nombre de textes ont été mis en œuvre, il y a eu des accords avec l’Unesco dans la mise en œuvre de l’approche par les compétences, des gens ont été formés, mais tout cela dans un environnement où, déjà, l’instabilité commençait à s’installer de manière durable. Alors évidement, les résultats de la réforme ne sont pas du tout les mêmes.

Dans un environnement où il y a un consensus sur une démarche, vous commencez avec le statut particulier des fonctionnaires en 2008. On peut dire qu’avant, les enseignants travaillaient dans une situation difficile, mais depuis que le statut particulier a été touché en 2008, il y a eu une avancée certaine. Mais la question est sur les points de désaccord, c’est là que les syndicats se sont mis à revendiquer.

Le problème, c’est que vous avez affaire à des syndicats corporatistes, je pense à celui du secondaire qui était plus offensif que d’autres. Quand il est intervenu dans le changement au niveau du statut, cela a été en faveur de cette corporation. Lorsque vous faites cela, forcément vous créez des déséquilibres. Tout l’aspect de mise en cohérence des différents corps de métier posait problème.

Par la suite, il y a eu d’autres syndicats ; nous sommes arrivés en 2011-2012 avec des grèves extrêmement longues qui ne sont pas sans conséquence sur le système à tel point que des élèves revendiquent ce qu’ils doivent étudier. Jamais nous n’avions vécu cela ! A notre époque, nous passions deux baccalauréats avec deux programmes différents. Mais nous étions dans un esprit d’obligation, nous ne choisissions pas, on nous imposait !

Ou nous pouvions répondre et nous traitions les sujets, ou nous étions incapables et, dans ce cas-là, on ne se présentait pas. Comment, aujourd’hui, cette idée de programme chargé a été inscrite dans la configuration mentale des élèves ? Je peux vous dire aussi que les enseignants ne sont pas innocents par rapport à cela. Vous les entendez parler de programme chargé comme un leitmotiv. Il y a une confusion de taille entre un programme qui est un curriculum officiel avec des manuels qui, eux, sont à un moment donné homologués et agréés.

- Selon vous, ces grèves auraient-elles pu être suscitées par des mesures que vous auriez prises dans le cadre de la réforme ?

***Je ne le pense pas. Mais des mesures qui confortent les grèves, peut-être. Notre rôle, dans le cadre de la gestion, est de rappeler la loi. Nous avons tout ce qu’il faut en matière de textes réglementaires, mais ils ne sont pas pris comme référence. Résultat : à tous les niveaux des problèmes. Dans le recrutement, par exemple, les difficultés sont nombreuses. La Fonction publique impose des critères. Sur le terrain, nous sommes obligé d’accepter les candidats vu l’urgence. Le jeune est retenu en attendant la finalisation de son dossier.

Mais quand ce dernier arrive à la Fonction publique, on se rend compte qu’il ne répond pas aux critères réglementaires. Entre temps, la recrue a déjà commencé à travailler et a du mal à accepter son rejet. Tous, nous sommes dans notre droit : l’éducation parce que nous ne pouvons pas laisser les enfants sans enseignants ; la Fonction publique qui doit respecter la loi et être impartiale en matière de choix ; l’enseignant candidat qui a travaillé avant d’être remercié.

Ce type de situation et son amplification par les médias prend beaucoup de place dans l’actualité. Vous avez l’impression que toutes les wilayas sont paralysées alors qu’en réalité, le problème ne se pose que dans quatre wilayas sur 48. Les autres ont travaillé d’arrache pied, 24h/24, durant le Ramadhan, le mois d’août, etc. Il n’y a aucune reconnaissance du travail. Nous ne sommes montrés du doigt que par rapport à quelques phénomènes disparates. Le sens de la mesure a disparu.

- Pourquoi la qualité de l’enseignement est-elle au centre des critiques ?

***Parce qu’aujourd’hui, nous avons plus d’aspirations et nous sommes nettement plus nombreux dans le système qu’il y a quelques années. Avant, nous avions un enseignement sélectif où, forcément, ceux qui avaient un capital social ou culturel plus important avaient plus de facilité à évoluer à l’intérieur du système.

Aujourd’hui, le métier est plus complexe parce que nous avons à faire à des élèves qui en savent plus que leurs enseignants. Il suffit d’un clic pour qu’ils trouvent ce qu’ils cherchent. Il faut un changement en profondeur de la pratique pédagogique. Nous ne pouvons plus nous contenter de faire ânonner les élèves. Mais lorsque les enseignants n’ont pas été préparés à faire autre chose, tout changement que vous entreprendrez prendra du temps. Nous sommes dans cette problématique de mise en cohérence.

Lors de l’évaluation des programmes du secondaire, en juillet dernier, tout le monde était d’accord sur la nécessité de les «relire» et de les corriger parce qu’ils ont été élaborés dans l’urgence, en 2003. En matière de réforme, les résultats ne peuvent être obtenus qu’à partir de 15, 20 ans. Nous avions évalué et élaboré une stratégie sur laquelle nous nous sommes appuyés pour identifier les priorités. Le cycle primaire était, pour nous, la priorité des priorités.

Nous avions estimé que s’il y a une accumulation de déficits qui démarre en 1re et 2e années primaires, l’effet boule de neige serait inévitable. La mémorisation va essayer de compenser tous les déficits sur toutes les dimensions analytique, descriptive et de production. Vous vous retrouverez, au bout du compte, avec des taux de redoublement très importants à chaque passage de palier, en 1re année primaire, moyenne, en seconde – là c’est encore plus important – et en 1re année universitaire. Les effets sont cumulés.

Dans la réécriture du programme qui a déjà démarré, le souci principal est la cohérence. La commission nationale du programme a réinstallé tous les connecteurs afin de donner un sens à la formation. Le manuel scolaire connaît aussi un dysfonctionnement. En fait, la commission nationale élabore un cahier des charges et les éditeurs proposent des manuels. Malheureusement, il n’y a pas d’organe d’homologation qui puisse valider ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Résultat : vous avez une distorsion entre les manuels et les programmes.

- N’êtes-vous pas en train de résorber le retard enregistré dans la mise en application de cette réforme ?

***Dans tout processus de réforme, il y a ce que nous appelons les réajustements. Globalement, le fait que les éléments fondamentaux de la réforme aient été mis en place nous a permis de faire les évaluations et de cibler les incohérences. Nous sommes dans le programme de la deuxième génération. Nous ne pouvons qu’avoir le beau rôle. Si nous étions les premiers, peut-être que nous n’aurions pas vu les dysfonctionnements. Toutes les équipes travaillent. C’est un chantier immense, notamment celui de la formation qui fonctionne tous les jours et touche toutes les catégories, enseignants, inspecteurs, adjoints de l’éducation, nouvelles recrues… d’autant qu’il y a un renouvellement de générations.

Savez-vous que sur les personnes qui partent à la retraite, 95% ont fait valoir leur droit à une retraite anticipée ? Tout simplement parce qu’elles gagnent plus quand elles sont à la retraite que quand elles sont en activité. Les cours supplémentaires sont plus lucratifs. Lorsque vous remarquez que les grévistes sont en majorité des professeurs de mathématiques, physique, philosophie, français, vous ne pouvez pas ne pas faire de corrélation.

Il y a plusieurs façons de faire la grève. Pourquoi ne pas rester en classe, mettre un brassard, garder les élèves, leur faire réviser leurs cours durant la grève ? N’est-ce pas une manière responsable qui préserve l’intérêt de l’élève tout en exprimant des revendications ?  Le problème qui me préoccupe n’est pas la grève, mais l’usage qu’on en fait. J’ai tenté de faire signer aux grévistes une charte de la paix, ils ont refusé. L’un deux m’a même dit : «Voulez-vous nous ligoter ?» L’éducation est un secteur stratégique, mais aussi de souveraineté parce qu’il touche toute la société algérienne.

Durant les 12 dernières années, l’école a vécu au rythme des grèves, mais aussi de la mise en œuvre de la réforme. C’est presque concomitant. Ce qui explique que les objectifs assignés au départ n’ont pas été réalisés. Nous voulions, par exemple, atteindre un taux de réussite de 75% au bac. Nous aurions pu y arriver si les efforts avaient été coordonnés. Au regard de toute l’ambition qui était sienne, la réforme avait besoin de changements en termes institutionnels, en termes de pratique pédagogique et de gestion des établissements.

C’était un projet total qui visait des changements en profondeur du système. Je répète : c’est dans la mise en œuvre qu’il y a eu des dysfonctionnements, dont les effets aggravants ont été l’instabilité. Mettre en œuvre une réforme en situation d’instabilité nous a menés à un retard de deux à trois années, cumulées par la majorité des élèves de terminale. Lorsqu’on voit le taux de redoublement lié souvent à toute cette problématique de la remédiation pédagogique qui n’a pas pu se concrétiser sur le terrain et quand vous avez une concomitance d’actions, les résultats ne sont pas ceux auxquels vous vous attendiez.

La consultation nationale de 2013, dont les conclusions ont été présentées en juillet 2014, a abouti à 317 recommandations, parmi lesquelles 200 portaient sur les programmes et les manuels. Cela allait de la qualité au matériel et jusqu’à la question du contenu. Entre le curriculum officiel et les manuels, il y avait un décalage. Nous avions ciblé – à partir de cette consultation et du séminaire de juillet 2014 – deux grands axes. D’abord, la refonte pédagogique qui concerne la pratique de la classe.

C’est-à-dire trouver comment induire du changement pour qu’au niveau de la classe, nous puissions former des enfants ayant des capacités d’analyse et de synthèse et provoquer aussi un changement de posture chez l’enseignant pour qu’il adopte d’autres démarches pédagogiques. L’école n’est plus le seul moyen de connaissance. Mais elle est importante à travers tout cet accompagnement dans l’acquisition de l’analyse et de la synthèse.

Donc le premier axe, la refonte pédagogique et la réécriture des programmes, entre 2003 et 2006, ont été rédigées sous la pression de la mise en œuvre et maintenant, il y a une analyse critique par discipline. Ce qui nous a permis de relever, par exemple, que dans les manuels de lecture, 2% seulement des auteurs cités sont Algériens, la moitié des textes sont fabriqués et le reste, ce sont des références externes. Pour nous, c’est inacceptable.

Cela ne répond pas aux objectifs. Le choix des auteurs algériens permet non seulement de les mettre en valeur, mais assure aussi un fondement culturel à l’algérianité. Il y a une grande disposition, mais c’est vrai, nous avons perdu beaucoup de temps. Dans les réajustements de la réforme, il y a un deuxième axe important : celui de la gouvernance. Des éléments sont liés à des dérives à tous les niveaux, de la classe jusqu’au ministère. Nous nous sommes rendu compte que la façon de faire sur le terrain pouvait induire en erreur.

Raison pour laquelle mon credo est l’informatisation de la gestion, qui me permettra d’éliminer les trois quarts des problèmes. Il y a beaucoup de retard dans ce domaine. Des efforts ont été fournis, mais beaucoup reste à faire. Un programme a été établi et un calendrier mis en place pour numériser le secteur. Il y a aussi la mise en place des dispositifs que la loi a permis, comme le conseil national de l’éducation, l’observatoire, etc.

- Vous vous étiez engagée à les mettre en place déjà en juillet…

***Effectivement, mais lorsque j’ai vu les textes, je me suis rendu compte qu’ils étaient un peu décalés, notamment en ce qui concerne le conseil national de l’éducation. Le texte posait un problème dans la représentation, nous sommes en train de le corriger. Lorsqu’il a été fait, il n’y avait pas beaucoup de syndicats, ce qui n’est plus le cas maintenant. Il ne prévoyait que la représentation parentale, pas syndicale. Ce conseil doit être un lieu de débat entre trois secteurs : l’éducation nationale, la formation professionnelle et l’enseignement supérieur.

- N’est-ce pas cette tribune d’expression et de dialogue qui faisait défaut et qui a été à l’origine de la contestation ?

***En fait, l’essentiel des revendications portait sur le statut professionnel. Ce qui manquait ce n’est pas le conseil, mais la médiation. Honnêtement, depuis que je suis là, j’ai l’impression d’être le ministre du Travail ! Je ne dis pas que ce n’est pas important. Mais franchement, il s’agit de l’école, dont les préoccupations doivent être concentrées sur la scolarisation, la qualité de l’enseignement, la pédagogie, l’équité en matière d’accès à l’enseignement, qui est un objectif partagé et non encore finalisé. Comment mettre au même niveau d’éducation tous les enfants qui entrent à l’école ?

Il faut savoir qu’aujourd’hui, les profils d’entrée à l’école primaire sont très diversifiés. Dans le cadre de cette équité qui s’impose, nous avons décidé qu’à partir de cette année, nous serions en mesure d’assurer progressivement, jusqu’en 2018, l’accès au préscolaire à tous les enfants afin qu’ils soient au même niveau une fois au primaire. Déjà à partir de cette année 2015, un nombre très important sera pris en charge. Nous avons des ressources extraordinaires.

L’éducation a un rôle de service public et le contenu de l’enseignement relève de sa responsabilité, mais du point de vue de l’organisation et de la diversité institutionnelle, il y a énormément de structures privées, entreprises, communales et écoles coraniques qui pourraient être utilisées. L’objectif est de leur donner un socle commun de connaissance et de compétence qui pourrait être le la de l’éducation et au-dessus duquel on pourrait avoir une formation complémentaire qui dépendrait de l’identité institutionnelle au sein de laquelle l’enfant se trouve. Il est question aussi de répondre à la pluralité de la demande parentale.

Avec le ministère des Affaires religieuses, par exemple, nous nous sommes engagés dans un programme de formation qui est déjà finalisé. Ce sera un programme commun à partir des livres de méthodologie élaborés de concert. Nous avons une expérience avérée en la matière. Des ressources énormes en termes de livres, de cahiers seront mises au service des autres secteurs. Nous aurons le premier profil des 5-6 ans, c’est-à-dire du préprimaire, c’est-à-dire de la 1re année primaire. Le programme de formation des personnels est en train d’être finalisé.

Le préscolaire permet de familiariser l’enfant avec l’école et de lutter contre les disparités interwilayas et intrawilayas. Il faut également développer les projets de service au niveau des directions de wilaya où les réalités et les déficits diffèrent, afin de donner une cohérence aux équipes pédagogiques. Il faut aller vers l’établissement d’une position de challenge et surtout agir pour lutter contre les échecs, ou plutôt éviter d’avoir des élèves en situation d’échec scolaire.

- Pourquoi, selon vous, le taux d’échec scolaire reste en hausse ?

***Un des indicateurs majeurs de ces échecs est le redoublement. On ne redouble pas en première année primaire. Mais en deuxième année, il y a 10% de recalés. Lorsqu’un enfant fait ses premiers pas dans le système scolaire et qu’il échoue, c’est qu’il y a problème. Il faut travailler pour mettre en place des dispositifs de suivi. L’échec est momentané, mais quand il y a accumulation, on s’y installe.

- Le taux d’échec au primaire est-il le même dans les autres paliers ?

***Non, il progresse pour grossir à chaque fois. Ce n’est pas physique. Plus on tire vers le haut, plus le taux devient important. Au bout de neuf années de scolarité, nous nous retrouvons avec un tiers des élèves qui ont plus de 13 ans. Ce qui leur impose deux à trois années supplémentaires dans le cursus. Si nous investissons dans la prévention et dans la remédiation de l’échec dès le départ, nous pourrions limiter les dégâts.

L’idée c’est que l’enfant ne redouble pas. Sur le plan pédagogique, c’est l’enseignant qui, par son expérience, doit s’intéresser aux capacités intellectuelles de l’enfant. Le contenu de ce qu’il apprend est important, mais que doit-il en faire ? Juste le réciter ou être capable d’en faire une synthèse ? La recherche en pédagogie avance par ceux qui la mettent sur le terrain. C’est pour cela que je parle d’enseignant innovant…

- Nous sommes en période de compositions et à la veille des examens. Comment les élèves vont-ils faire face à ces épreuves dans un climat aussi instable ?

***Pour nous, le dialogue est une donnée fondamentale. Le 7 mars, nous avons rendez-vous avec les syndicats pour discuter. Des revendications ont été prises en charge, mais exigent un temps nécessaire pour leur réalisation. Cependant, reste cette question de la retraite après 25 ans de service, qui ne relève pas de nos prérogatives et que je ne peux accepter.

J’estime que l’expérience de l’enseignant est très importante dans l’amélioration de la pratique pédagogique. A 45 ans, au moment où l’enseignant a plus d’énergie, il vous dit : je quitte. Est-ce normal ? Nous avons donné toute la latitude aux chefs d’établissement pour préserver l’intérêt de l’élève. Plusieurs façons de résoudre le problème à l’échelle locale existent. Il faut donner de l’autonomie à la décision locale.

Même si je n’aime pas les chiffres, je peux dire que, globalement, 30 000 à 40 000, sur 400 000 enseignants, sont concernés par la grève. Je pense que la sagesse prendra le dessus. Il y a dix syndicats en compétition. Ils ne m’effraient pas. Ils me permettent d’élargir le consensus. Ils ont été surpris par la charte de stabilité qu’ils ont refusé de signer. Je pense qu’il nous faut encore du temps pour mieux l’expliciter. *Salima Tlemçani-El Watan-jeudi 05 mars 2015

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Les grands défis posés à l’Algérie, selon le président Boutéflika

Les Algériens ne doivent pas dormir sur leurs lauriers au risque d’un réveil douloureux. C’est ainsi que peut être résumé le message du président de la République à l’occasion du 8 mars. Il a saisi la Journée internationale de la femme pour s’adresser, en réalité, à toute la nation et lui rappeler le fort lien du «contexte géopolitique et de notre conjoncture historique». Le ton est grave et l’analyse profonde. C’est la première fois que le Président Bouteflika appelle aussi clairement, les Algériens et les Algériennes, à la mobilisation «dont l’effort doit converger autour des grands défis posés à l’Algérie». Il se fait plus précis en désignant ces défis comme étant «les graves carences et distorsions de notre organisation économique et institutionnelle exacerbée par un terrorisme transnational que nous continuons à combattre dans ses nouvelles formes et manifestations résultant de son imbrication avec le crime organisé». Et pour que chacun puisse mesurer le danger à sa juste valeur, le Président se fait très explicite en précisant que «les combats d’hier pour l’Indépendance nationale et la reconstruction et celui qui est mené aujourd’hui pour la consolidation de l’Etat de droit et le rayonnement international de notre pays constituent des moments différents d’un même engagement des Algériennes et des Algériens au service de la patrie». Ces paroles venant d’un homme qui a consacré toute sa vie au service du pays, de sa libération, de sa reconstruction et de son développement, sonnent au mieux comme un conseil, et au pire, comme un avertissement. D’autant qu’il a toujours été aux premières lignes à toutes les étapes. A ce titre, les forces et les faiblesses de l’Algérie n’ont pas de secret pour lui. Ces paroles venant d’un homme qui est en droit de considérer qu’il a donné le meilleur de lui-même, sa vie durant, peuvent également avoir une connotation testamentaire à l’orée du mandat populaire qu’il a accepté d’assumer. Ces paroles venant d’un homme qui, dans un récent discours à Sétif, a quelque peu dévoilé ses pensées par cette phrase intraduisible dans une autre langue, mais que les Algériens comprennent bien: «Aâch men aâraf qadrou!» doivent être appréhendées à leur juste valeur. Les graves dangers qui menacent le pays et dont il fait état dans son message, l’empêcheront-ils d’aller au bout de sa pensée? Dans tous les cas de figure, il appartient aux Algériens, à tous les Algériens, de se rassembler et de se mobiliser autour de l’objectif qu’ils ont en commun au-delà de leurs diversités, intellectuelle et culturelle, qui n’est rien d’autre que l’intérêt supérieur de l’Algérie. L’intérêt de tous les Algériens habitant la même «maison». Ce qui doit commander et autoriser ce que le Président appelle les «changements dans les méthodes et les pratiques ainsi que de nouvelles modalités d’engagement» et qui ne sont rien d’autre que le changement des mentalités. Du «je-m’en-foutisme» au «kheliha-takhla». A tous les niveaux. Du plus bas au plus haut. Ce sont les petites gouttes qui forment les océans. Le Président a évoqué la nécessité «d’une vaste campagne d’information». En effet, celle-ci est plus que nécessaire. Aujourd’hui plus qu’hier. Les Algériens doivent comprendre ce qui risque de leur tomber sur la tête. Des convoitises des uns aux conspirations des autres. Egalement des traîtrises possibles que l’on retrouve dans toutes les sociétés et à toutes les époques. Des mises en garde à l’heure de vérité! *Par Zouhir MEBARKI – Samedi 09 Mars 2013 -L’Expression

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«Le peuple a le droit absolu de demander des comptes et d’exiger des hommes honnêtes»

–Rappelle Mohamed Mechati. membre de l’Organisation spéciale, membre du Comité des 21

- Fin mars dernier, vous avez lancé,  avec Ahmed Benbitour et Soufiane Djilali, un appel à constitution d’un front contre un quatrième mandat pour le président Bouteflika.
Qu’est-ce qui a motivé une telle initiative ?

Dans cette histoire, j’ai été comme abusé. Je partais à l’étranger lorsque Soufiane Djilali (président de Jil Jadid) m’a apporté une déclaration contre le quatrième mandat de Bouteflika et m’a demandé si je signais. Ce que je fis, naturellement, dès lors que j’étais déjà «contre» le premier de ses mandats. Mais à mon retour, je n’ai trouvé que mon nom au bas de la déclaration, alors qu’elle devait comporter toute une liste de signataires. Djilali Soufiane m’avait répondu que les autres ne voulaient pas que leurs noms soient rendus publics. Ahmed Benbitour et Djilali Soufiane, je les connais très bien et ils ont du mérite. Mais moi je n’adhère à aucun parti politique. Et me concernant, ce n’était pas nouveau : à l’indépendance, j’avais condamné le parti FLN parce qu’à l’époque déjà, il y avait de la tricherie dans l’air, des ambitions politiques démesurées. Dans les années 1980, j’ai adhéré à la Ligue des droits de l’homme de Miloud Brahimi. Et là aussi, j’ai été berné.

Quand on m’avait montré la liste des fondateurs dont faisaient partie Monseigneur Duval, Benhabylès et d’autres personnalités, j’ai adhéré. Mais c’est par la suite que j’ai compris que l’objectif de la création de cette ligue – dans laquelle, au demeurant, je me suis comporté comme un opposant – était d’escamoter  la Ligue des droits de l’homme de Me Ali Yahia Abdenour.  Maître Ali Yahia est un homme exceptionnel à qui je ne rendrais jamais assez hommage. Avec lui, je ne suis pas seulement prêt à entreprendre des actions communes, mais à l’avoir comme un chef. Durant ma vie de militant, soit depuis 1947, j’ai eu deux chefs : Guerras Abderahmane, «welid houmti» (originaire du même quartier de Constantine), mais pas seulement pour cela. C’était un homme d’une grande classe. Sur le plan du militantisme, humain. Il était mon chef. Il était mon ami. Mon deuxième chef était Boudiaf. Je ne l’ai pas choisi, c’est lui qui m’a choisi… Mais il était d’un comportement… Il m’a considéré comme un ennemi… et moi  je ne supportais pas de travailler sous sa houlette comme un subordonné qui écoutait et obéissait au doigt et à l’œil.

- L’Algérie vit une vacance de pouvoir qui ne dit pas son nom depuis l’évacuation du président Bouteflika à l’hôpital du Val-de- Grâce. Que vous inspire cet état de fait ?  

Le comportement de Abdelaziz Bouteflika est connu : c’est un  grand manœuvrier. Il l’a toujours été. Tout ce qu’il fait, il ne faudrait jamais le prendre au sérieux.

- Vous pensez que c’est du cinéma, tout cela ?

Oui. C’est du cinéma.

- Votre jugement n’est-il pas altéré par le fait que Bouteflika, en 1965, devenu ministre des Affaire étrangères, vous a accusé d’avoir puisé dans la caisse de l’ambassade d’Algérie en Allemagne ?

A l’indépendance, je ne voulais plus faire de politique. Je venais de sortir de prison pour raison médicale après 5 ans de détention. Des gens du parti m’ont envoyé en Suisse parce qu’en Allemagne, je ne parlais pas la langue. Et j’ai été opéré à Lausanne des intestins. C’était la fin de la guerre, je m’apprêtais à rentrer à Tunis. J’ai commencé à chercher du travail parce qu’on m’avait coupé les vivres. Je n’étais plus permanent du parti… Puis, Khemisti, le ministre des Affaires étrangères (que j’ai connu avec Medgheri à Oran alors qu’ils étaient lycéens)voulait créer l’Amicale des Algériens  en France et lorsqu’il a appris que j’étais en Suisse, il m’a envoyé de l’argent et m’a demandé de venir à Paris. C’est là qu’il m’a proposé de diriger l’Amicale. Je l’ai remercié pour l’honneur et la confiance qu’il me faisait et  décliné. Je n’étais plus dans le parti. Et c’est là qu’il me proposa de rejoindre le ministère des Affaires étrangères en tant que conseiller chargé d’affaires en prévision de l’ouverture de  l’ambassade d’Algérie en Allemagne. C’était le 11 mars 1963, je suis arrivé en Allemagne pour créer justement l’ambassade. Khemisti assassiné, un autre personnage a pris sa place, Bouteflika en l’occurrence, nommé par Ben Bella. 14 mois donc après ma nomination, j’ai été rappelé à Alger. Le 19 juin 1965, le coup d’Etat était passé par là, puis la chasse au «benbellistes». Au ministère, on me fixa un poste et puis après, on arrêta mon traitement pendant plusieurs mois. Après m’être plaint au directeur financier, celui-ci me répondit qu’un contrôle financier de l’ambassade d’Algérie en Allemagne a révélé un débit de 7300 DA dans la comptabilité. J’ai répondu par écrit et les ai mis au défi de prouver que j’avais pris un centime de la caisse de l’ambassade. Après ça, on m’a débloqué mon salaire.

- Vous soupçonnez Bouteflika d’en être l’instigateur, d’avoir monté cette affaire de toutes pièces ?

Oui. Il en voulait aux vieux militants et à tous ceux ayant travaillé avec Ben Bella. J’ai demandé à le voir pour s’expliquer sur cette accusation gratuite. Il me reçut méchamment et me dit que c’est à la justice de trancher. Alors que je m’apprêtais à sortir du bureau du ministre, il me lança : «Vous avez écrit à Ben Bella et vous m’avez ignoré, moi, votre ministre.» J’ai répondu que j’avais écrit au président de la République, «votre ami». Et qu’avant d’écrire à Ben Bella, j’avais écrit d’abord au ministre. «Pouvez-vous le prouver ?» J’ai répondu «oui». Quelque temps après, le juge Mohamedi, le père du ministre, qui instruisit mon dossier, me dit en audience qu’il était obligé cette fois-ci de m’arrêter. Et c’est comme ça que je me suis retrouvé à la prison d’El Harrach à cause de ce bandit de Bouteflika.

- Je vous ramène de nouveau vers l’actualité. Chaque jour que Dieu fait apporte son lot de scandales de corruption. Comment les vivez-vous ?

Trop. C’est trop. Plus que honteux. Sonatrach I, II, III mais jusqu’où ? Tout ce gaspillage, cette gabegie. De la corruption, on en a fait une politique. Les gros salaires des responsables, c’est scandaleux. Mais que produisent-ils donc ? Que produit un député pour toucher
300 000 DA ? C’est honteux. Ne parlons pas du reste, les ministres, les généraux et autres.Ces responsables qui ont dirigé le pays depuis l’indépendance doivent rendre des comptes… Mais comment se fait-il qu’ils n’aient jamais rendu des comptes ? Même si on veut leur demander des comptes, on ne dispose même pas de base pour ce faire : il n’y a pas de comptabilité. Je pense que c’est fait sciemment pour les rendre comptables de rien. C’est fait à dessein. C’est une politique réfléchie.

- L’étalage de ces scandales sur la place publique est assimilé, notamment par la vox populi, à des règlements de comptes au sommet de l’Etat, à des luttes d’influence, de clans…

Non. Je n’y crois pas trop. Au début peut- être… des luttes de clans, peut-être aussi… Mais ce qu’il faut dire, c’est qu’ils sont en train de régler son compte à l’Algérie, à ce pauvre pays. Ils se tiennent, comme dit l’adage, par la barbichette. Mais qui va leur régler leurs comptes à eux ? Ceci étant, les règlements de comptes ont toujours existé. Ils ont même commencé bien avant le 19 juin. L’assassinat de Khemisiti entrait dans ce cadre-là. Le crime crapuleux n’était pas un fait du hasard. Khemisti venait de commencer sa mission. C’était un grand personnage, d’une grande culture, un passé militant. Mais…  

- Vous pensez que ces affaires de corruption n’aboutiront pas à des procès en règle ?

Absolument pas. Combien d’affaires ont déjà été escamotées sans que jamais justice ne soit faite ? Des tas. Vous parlez de justice, mais laquelle ? Un pouvoir de bandits et de voyous ne veut avoir qu’une justice pour voyous et bandits. Mais c’est le système qui est comme ça. S’il y avait une justice, vous pensez qu’on aurait eu ça ? Dans ce système, il peut y avoir des gens honnêtes. Forcément. Mais très peu. Car un homme honnête n’accepte jamais de travailler dans un pareil système et de nager dans ses eaux troubles.

- Un révolutionnaire de la première heure comme vous serait-il tenté par une révolution, une autre ? Puisque les gens et les classes au pouvoir s’y accrochent et s’y éternisent. Le président Bouteflika veut briguer un quatrième mandat, le général Toufik en est à son cinquième ou sixième mandat (!!!) à la tête des «services».  Que faire, pour paraphraser Lénine ?

Il faut un changement total. Il nous faudrait des hommes qui n’ont pas de taches, des gens propres, pour reprendre en main les choses, pour faire sortir l’Algérie de ce gouffre dans lequel elle est enfoncée. Et ce ne sont pas les personnes qui sont actuellement au pouvoir qui le feront. Q’ils partent tous. Sans exception. Parce que des hommes honnêtes et propres existent bel et bien dans ce pays. Il faut juste leur en donner l’occasion.

- Mais concrètement, comment les choses doivent se faire ? Je pose la question au révolutionnaire. Faut-il une révolution en bonne et due forme ?  

Oui. Il faut une révolution. Et il y a plusieurs façons de la faire.

- En 2012, l’Algérie a célébré le cinquantenaire de son indépendance. M. Mechati, vous faisiez partie de cette armée d’anonymes, de porteurs d’eau qui ont fait le 1er Novembre. Vous n’étiez pas de ces «stars»  de la Révolution qui ont ravi toutes les lumières, mais qui cependant ont joué un rôle capital. Quel bilan tire le révolutionnaire de la première heure de ces 50 dernières années ?

L’Algérie a fait une guerre de 7 ans, consenti des sacrifices énormes pour quoi ? Pour qu’au bout du compte, on arrive à une situation comme ça. C’est malheureux. Scandaleux. Il y a de quoi se révolter. Le Vietnam a fait une guerre de 20 ans, trois fois plus longue que la nôtre. Actuellement, c’est un pays émergent. De premier plan. Plus de 150 milliards de dollars d’exportations. En Algérie, c’est honteux, on importe tout. Voilà le constat.

- En 1986, vous avez écrit au président Chadli et, dans votre lettre vous annonciez l’explosion à venir, celle d’Octobre 1988. Vous préconisiez l’ouverture démocratique et un système politique fondé sur un tripartisme dans une première étape…

Lorsque j’ai écrit cette lettre, j’étais encore en fonction en Hongrie, comme ambassadeur. Avant de rendre publique la lettre, j’ai demandé audience. J’ai attendu  plusieurs mois, refait une autre demande d’audience. Mais aucune suite. A la fin de mes fonctions, je suis entré à la Ligue des droits de l’homme comme vice-président. C’est ès qualité que j’ai enfin été reçu à la Présidence. Chadli avait accepté de recevoir les représentants de la Ligue des droits de l’homme de Miloud Brahimi. A cette audience assistait également Monseigneur Duval. Après le speech de Miloud Brahimi qui présentait la Ligue, j’ai demandé la parole. J’ai dit au président Chadli que la Ligue comptait «camper le rôle de contre-pouvoir». Il a tiqué. J’ai ajouté  que ce contrepouvoir n’aura pas pour objectif de prendre le pouvoir politique, mais de défendre le citoyen algérien. Chadli fit mine d’approuver. A la levée de la séance, Larbi Belkheir s’empressa de m’emboîter le pas : «Monsieur Mechati, me demande-t-il, ne parlez pas au Président (de votre demande d’audience), car je vous ai programmé pour la semaine prochaine !»  Alors j’ai renoncé à l’interpeller. Effectivement, une semaine après, je fus convoqué à la Présidence. Belkheir me reçoit. Café, thé et salamaleks hypocrites. Il m’annonce qu’il a été chargé par Chadli de m’écouter. J’ai répondu que c’était le président que je voulais voir. Ce à quoi il me répondit par le refrain : «Ma Ala Rassoul Ila El Balagh El Moubin» (à l’émissaire, il n’est dévolu que de transmettre le message). Voilà mon histoire avec ces… J’ai compris que Chadli n’avait que le titre de Président, c’était Larbi Belkhir qui décidait de tout.

- A ce propos, n’est-ce pas là une manifestation du syndrome de l’OS, sorte de continuum de l’ancien «nidham» forgé dans la culture sacrée de la clandestinité ? Ne pensez- vous que jusqu’à aujourd’hui, un demi-siècle après l’indépendance, le pouvoir politique se décline par ses deux faces visible et cachée ? Quand les Algériens sauront-ils enfin qui les gouverne réellement ?

Ce n’est pas facile d’expliquer ça en deux minutes. Ce n’est pas seulement une affaire de l’OS. C’est amplement politique. Disons qu’à l’origine déjà, le Mouvement national a démarré de façon boiteuse. Dans les beaux discours de Messali Hadj et les slogans clinquants de l’Etoile nord-africaine du PPA sur l’indépendance de l’Algérie faisaient lourdement défaut les aspects programmatiques, les modalités pratiques. On n’a jamais dit aux Algériens comment et que doit-on faire pour arracher cette indépendance.  Ni Messali ni le parti et ses responsables ne l’ont expliqué aux Algériens. Le PPA ne fut jamais un parti normal ni ne fonctionnait de manière démocratique. C’était toujours la loi du chef, «le zaïm a dit» comme pour un chef de zaouïa.

Au lendemain des massacres du 8 Mai 1945, le gros des militants était pour l’action armée. C’est Messali Hadj, conseillé par Azzam Pacha, qui a décidé de la création d’un parti légal, le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), alors qu’il avait critiqué violemment la création de l’UDMA par Ferhat Abbas. Pour contrebalancer ce choix, il fut aussi décidé, en parallèle, de la création de l’OS (1947). Le seul congrès digne de ce nom est celui du PPA-MTLD  d’avril 1953 à Alger. C’était incontestablement le congrès fondateur. Tout a été passé en revue : les insuffisances, le programme, les concepts. On avait défini ce qu’est le nationalisme algérien… en quoi il différait du nationalisme hitlérien ou du fascisme de Mussolini, etc.

Et aussi le choix de nouveaux dirigeants sur le critère de niveau de compétence et d’où furent écartés les compagnons de Messali. Cela a fortement déplu à Messali qui, six mois après, a appelé à un nouveau congrès. Il s’est adressé à la base qui ne comprenait rien à ce qui se passait, demandant le pouvoir à vie. C’était l’implosion du parti. Ce que nous vivons aujourd’hui, ça vient aussi et surtout de là.

- Je reviens à ma question initiale : n’est-il pas temps que les Algériens sachent enfin qui les gouverne réellement ?

Le peuple a ce droit absolu de demander des comptes et d’exiger qu’il ait au pouvoir des hommes honnêtes, sans tache, et qui le rendront fiers. Des gens comme ça existent, parmi les jeunes. Mais voilà, pour en arriver là… Hadou (ces) les décideurs, comme je les ai déjà interpellés par le passé, «pour une fois, Messieurs, décidez en bien !» Déjà à l’époque, d’après les échos qui me sont parvenus, ils disaient ce Mechati n’avait pas un parti derrière, «Khelouh Ighani Wahdou» (laissons-le chanter comme bon lui semble)…

- Beaucoup vous reprochent vos critiques «excessives» et «personnalisées». Boudiaf, vous le chargez énormément. Vous le traitez de «dictateur»…

Comme je l’ai dit précédemment, j’ai eu deux chefs durant ma vie de militant. Guerras Abderahmane, mon chef et mon ami, et Mohamed Boudiaf. C’est Boudiaf qui m’a choisi en septembre 1949 pour diriger une zone à Alger, une zone dont personne ne voulait. J’ai eu du mal à supporter certains de ses comportements. Lui dire non, c’était prendre le risque d’être considéré comme un ennemi. Boudiaf critiquait Messali pour faire exactement comme lui. Malgré tout, j’ai continué à le considérer comme mon chef. Même lorsqu’il est revenu en Algérie. Dès qu’il est arrivé, j’ai demandé à le voir. Plusieurs fois. Sans succès. Quand il consent enfin à me recevoir, mon ami Boudiaf, comment il me reçoit ? Il me reçoit, assis, derrière sans bureau (Mechati parle la gorge nouée, des larmes aux yeux), j’ai failli exploser littéralement. Quand il m’a vu dans cet état, il s’est levé est venu vers moi…  

- Vous pensez que c’est son tempérament qui l’a tué ?

Il y a forcément de ça. Mais je crois que c’est beaucoup plus l’affaire du Sahara occidental. Il avait pris un engagement écrit, appuyant la position du Maroc. Moi-même, je lui ai fait la remarque en Suisse, lui disant qu’il n’aurait pas dû. On s’est croisé et m’a jeté son regard méchant : j’ai pouffé de rire. Il m’invita à prendre un café. Il m’avait répondu qu’on n’avait pas bien compris le contenu de sa déclaration. Or, sa prise de position était des plus claires. Quelqu’un qui n’a pas travaillé sous la houlette de Boudiaf, Allah Yerhmou, ne pourra jamais imaginer de quel tempérament il est vraiment. C’est vrai que de l’extérieur, il est engageant, beau parleur mais…

- Mais pour des générations d’Algériens, il passe pour le «père » de la Révolution…

On avait dit aussi la même chose de Messali. Mais combien sont-ils, ces hommes valeureux et brillants, à s’être sacrifiés pour la cause de leur pays, mais que l’Algérie indépendante a jeté saux oubliettes ? Lahouel. Ah ! Hocine Lahouel, le  bagage intellectuel qu’il avait, il était bachelier, le discours construit, une bête politique, orateur hors pair, des qualités humaines, son amour de la collégialité… Voilà un homme ! Un homme comme ça, qui a été secrétaire général du MTLD, n’est pas devenu président de la République, mais Boumediène, Bendjedid l’ont été ! Mais qu’est-ce que c’est que ça, Bon Dieu ? Qu’est-ce qu’il a donc mon pays !  Yaâjaba ya Rebbi. Ceux qui ne connaissent pas l’histoire de Boumediène… Mais ces erreurs, nous les payons cher aujourd’hui.

- A la veille du déclenchement de la lutte armée, le 1er Novembre, certains historiens ont fait état de la dérobade du «groupe de Constantine» dont vous faisiez partie…

Il n’y a jamais eut de «groupe de Constantine». C’est une affabulation. Il n’y a jamais eu de présumée défection. C’est honteux. Mais c’est Boudiaf qui a entretenu cet anathème. Guerras l’a écrit. Des historiens, des journalistes aussi l’ont écrit. Il n’y a jamais eu de défection.  On voulait seulement que les choses se fassent normalement. Après la réunion des 21, la mascarade qui s’en est suivie, à Alger, on s’est réunis à Constantine. Guerras a dit qu’il faut essayer de réparer. C’est le mot qu’il a employé. Boudiaf n’a pas voulu assister, il a délégué à sa place Didouche Mourad en lui disant de ne pas faire venir Zighout Youcef parce que celui-ci s’entendait avec Guerras. L’esprit de combine. Guerras était chef de zone, il se réunissait avec Zighout et Bentobal, avec Abane et Guenifi à Sétif et d’autres.

- Abane justement, sa liquidation, vous n’en parlez pas beaucoup…

C’est pire qu’une liquidation, une trahison. C’est Bentobal, Krim et Boussouf qui en sont responsables. Ils l’ont tué par traîtrise. S’ils s’étaient avancés, face-à-face, il les aurait écrasés. C’était un homme exceptionnel. Je ne l’ai jamais connu ni rencontré. J’ai lu de lui des écrits quand il était en prison. J’ai senti de suite la qualité du personnage. J’ai vu une fois une photo de lui avec son assassin, avec Boussouf, se promenant ensemble. C’est une trahison.  Comme Abane, beaucoup ont été assassinés. Qu’on ne vienne pas me raconter que Ben Boulaïd est mort parce que la France lui a largué un poste radio piégé. Il faut être bête pour… Je soupçonne fortement Bentobal… C’est Bentobal qui a manipulé… Q’on ne vienne pas aussi nous raconter que Zighout Youcef est tombé dans une embuscade au retour du Congrès de la Soummam. Tous les congressistes sont rentrés chez eux sains et saufs, excepté Zighout…Mais… c’est Bentobal, Kafi et Benaouda…

Bio express :

Mohamed Mechati, issu d’une famille modeste, est né le 21 mars 1921 à Constantine. Jeune, il s’engage dans l’armée et participe à plusieurs campagnes lors de la Seconde Guerre mondiale. Démobilisé en 1945, il est au PPA, à l’OS, au MTLD et au CRUA. Il fait partie du groupe des «22» qui ont déclenché la Révolution. Malade, il se rend, début octobre 1954 en France, où il se fait soigner à l’hôpital Pierre Benite de Lyon. A sa sortie, il est membre de la Fédération de France du FLN.

Il est arrêté en août 1956 et incarcéré dans différentes prisons de France. Il est libéré en 1961. A l’indépendance, il occupera plusieurs postes diplomatiques à l’étranger. Il est admis à la retraite en 1987. Esprit libre, il est toujours en guerre contre les injustices, les inégalités et… le despotisme ! Acteur du Mouvement national, il a consigné son témoignage dans un livre qui vient de paraître aux éditions Chihab, Parcours d’un militant. Mechati est père de deux garçons qui vivent et exercent en Suisse.**El Watan-01.07.2013.

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*une politique fiscale inéquitable en Algérie

les méthodes des barons de l’informel pour échapper au fisc avec la complicité de l’Etat

*La fiscalité ordinaire en 2012 (hors fiscalité pétrolière) a atteint 1.549 milliards de dinars (plus de 20 milliards de dollars)

En 2012, le montant de la fiscalité ordinaire (hors fiscalité pétrolière) a atteint 1 549 milliards de dinars (plus de 20 milliards de dollars), selon des chiffres communiqués, ce samedi 9 mars 2013, par la Direction générale des impôts (DGI), via l’agence officielle APS. Ce chiffre est en hausse de 19 % par rapport à 2011, selon la même source. Mais ces chiffres cachent une réalité fiscale amère : travailler légalement en Algérie coûte cher.

Sur ce montant, l’IRG (impôt sur le revenu global ou impôt sur le salaire) et l’IBS (Impôt sur le bénéfice des sociétés) ont atteint 862,4 milliards de dinars, soit plus de 50 % du montant total, selon la même source. Ces chiffres illustrent la persistance d’une politique fiscale inéquitable en Algérie. Les salariés et les entreprises travaillant dans la légalité continuent d’être fortement taxés alors qu’aucune mesure n’a été prise ces dernières années pour augmenter la contribution du secteur informel, qui reste marginale.

Les astuces des grossistes pour échapper à l’impôt

Pourtant, l’informel représente une grande part de l’activité économique. Dans certains secteurs, comme l’agroalimentaire, les matériaux de construction et l’habillement, il atteint plus de 70 %. Dans ces secteurs, les mots « facture », « chèque », « virement bancaire » ont été bannis. Dans certains cas, le même grossiste possède plusieurs registres de commerce en utilisant des prête-noms. « On ne comprend pas pourquoi les services des impôts ne s’intéressent pas à ces milliers de cas de jeunes, âgés à peine de 19 ans ou 20 ans, et qui détiennent des registres de commerce avec activités multiples », explique un ancien haut cadre des Impôts.
L’autre méthode utilisée régulièrement par les grossistes tricheurs : faire une déclaration de perte du registre de commerce après avoir effectué une importante transaction. Ces dernières années, cette méthode est devenue courante, selon des sources concordantes. « Un grossiste se rend dans le commissariat de police ou la brigade de gendarmerie pour faire une fausse déclaration de perte de son registre de commerce. Le lendemain ou deux jours plus tard, il effectue un achat avec le même registre de commerce en envoyant un chauffeur signer et récupérer la marchandise. Officiellement le grossiste n’a fait aucun achat. Le vendeur n’est pas non plus en infraction vis‑à‑vis de la loi. De même que le chauffeur qui peut affirmer avoir transporté une marchandise en toute légalité. Le grossiste peut revendre sa marchandise sans passer par la case impôt », explique le même ancien responsable. Les services de sécurité enquêtent rarement sur ces cas. Et quand une enquête est ouverte, les investigations sont rarement menées jusqu’au bout.
Avec le temps, les grossistes ont adapté leurs méthodes, en profitant des faiblesses et des négligences des services de l’État. Le pouvoir a tenté à plusieurs reprises d’instaurer le paiement par chèque et l’obligation de facturation. Mais, à chaque fois, il a reculé sous la pression des grossistes. Depuis les émeutes de janvier 2011, il ne pense même plus à la question. *TSA-09.03.2013.

**Réaction d’internaute:

c´est en me faisant établir un relevé d´émoluments que je me suis rendu compte que je paie annuellement plus d´impôts que les entrepreneurs. et si j´ajoute les différentes cotisations (12%) c´est la saignée. ce n´est pas pour rien qu’ouyahia a refusé de baisser le taux d´IRG sur les salaires. c´est une source de financement à la fois sûre et confortable. échapper aux impots est un sport national que pratiquent toutes les entreprises privées et professions libérales. je suis bien placé pour le savoir. c´est en négociant votre salaire qu´on vous demande si savez comment passer entre les mailles du fisc (comment tricher). si vous êtes expert en la matière votre avenir est assuré chez cette catégorie de « professionnels ». et les salaires y sont alléchants. si l´Etat veut lutter contre ces requins il n´a qu´à mettre les moyens qu´il faut au lieu de faire semblant de contrôler. mais je ne fais aucune illusion. il y´a trop d´intérêts en jeu. ceux qui fuient l´impôt sont de toutes manières protégés. nous savons tous de qui il s´agit.

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*Il faut une révolution dans la police

Le ministre de l’Intérieur a relevé un manque de couverture du territoire national et a surtout insisté sur une gestion transparente des deniers publics.

Au travail! Sitôt installé, le nouveau Dgsn aura la lourde tâche de repenser de fond en comble un corps qui se trouve toujours sur la ligne de front. Qu’il s’agisse des fléaux sociaux ou du terrorisme, la police est très sollicitée, d’où les exhortations du ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, au général-major Abdelghani Hamel, le nouveau patron de la police. L’organisation de la Sûreté nationale «doit être revue et repensée», a déclaré hier, à Alger le ministre de l’Intérieur.C’est donc une véritable révolution qui se préparerait au sein du corps. «L’organisation de la Sûreté nationale doit être revue et repensée en tenant compte du contexte sécuritaire, de la poussée de la criminalité, de l’évolution de ses formes (cybercriminalité, crime organisé) et des exigences techniques, technologiques et scientifiques imposées par la modernisation» de cette institution, a indiqué M.Ould Kablia lors de la cérémonie d’installation du nouveau directeur général de la Sûreté nationale. Affirmant que l’organigramme instauré par le décret 92-93 du 31 octobre 1992 est «largement dépassé», M.Ould Kablia a rappelé que certains aménagements ont été apportés au fil des années, mais «sans ancrage juridique réel».
Il a souligné la nécessité d’«améliorer l’organisation territoriale des structures et renforcer la couverture sécuritaire, particulièrement les zones insuffisamment dépourvues pour se rapprocher des normes d’encadrement et de couverture mondialement admises».
Le ministre de l’Intérieur a relevé, à cet effet, un manque de couverture du territoire national en Sûretés urbaines avançant le chiffre de 567 sûretés urbaines pour 1541 communes. Malgré les «efforts importants», a-t-il relevé, il reste à faire «beaucoup» pour développer en nombre et en qualité, les sûretés de daïra, les sûretés urbaines, les brigades mobiles de police judiciaire, les unités républicaines de sécurité, les Brigades de recherches et d’investigation de l’immigration clandestine, ainsi que les laboratoires de police scientifique et technique.
Il a fait savoir que les ressources budgétaires allouées à la Sûreté nationale ont considérablement augmenté, ces dernières années, avec 51% de 1999 à 2004 et 165% de 2004 à 2009 avec un pic depuis 2007.
«Nous continuerons à apporter un soutien financier approprié à l’effort de développement de la Dgsn», a assuré M.Ould Kablia, appelant, en revanche, à «une rationalisation des dépenses, une optimisation des moyens et une amélioration des méthodes de gestion». M.Ould Kablia a insisté particulièrement sur «le respect des normes réglementaires relatives à la dépense publique et la transparence dans la gestion des deniers publics». «Il faut dynamiser le rôle de l’inspection générale de la Dgsn pour qu’elle accompagne l’institution dans cet effort de rigueur et de transparence», a-t-il insisté.
S’agissant de la ressource humaine, le ministre s’est prononcé pour une stratégie «qui s’appuie à la fois sur des démarches prévisionnelles», mais surtout, a-t-il dit, «une approche par la compétence capable de valoriser le potentiel humain de la Dgsn et de le mobiliser autour d’un projet de développement et de rénovation porteur de modernité, d’ouverture et de proximité vis-à-vis du citoyen».
Abordant la question relative au statut des personnels de la Sûreté nationale, le ministre de l’Intérieur a promis qu’il aboutira «dans les meilleurs délais», prenant à son compte la valorisation des métiers de cette institution en traçant des profils de carrière motivants.
M.Ould Kablia a, en outre, indiqué que le réseau des établissements de formation sera renforcé par la création d’une académie de la police «capable de prendre en charge la formation continue des cadres avec des méthodes pédagogiques modernes».
Le ministre a appelé les éléments de la Sûreté nationale à se mobiliser «pour une autre bataille, celle du professionnalisme, de la compétence et de la modernité, au service d’une mission noble et vitale». (L’Expression-08.07.2010.)

***Sécurité à l’entrée d’alger
Les barrages seront maintenus

Les points de contrôle de police, dressés à l’entrée de la capitale, sont absolument nécessaires, a affirmé hier à Alger, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia qui dit partager la préoccupation des citoyens qui se plaignent des points de contrôle très lourds à l’entrée de la ville. Ce sont des points dissuasifs, dotés d’équipements de détection de tout moyen de destruction à bord de véhicules, a-t-il expliqué. Il a affirmé que l’effort des services de sécurité porte essentiellement sur la capitale où les effectifs, tout autant que les actions de renseignement et de vigilance, sont extrêmement importants. L’ANP, la Gendarmerie nationale et la garde communale ont également un travail similaire au niveau des campagnes, des montagnes et des zones reculées, a-t-il soutenu. Il a affirmé que le terrorisme n’est pas totalement éradiqué, mais qu’il est contenu, combattu et réduit.

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La nouvelle feuille de route de la police

Daho Ould Kablia a présidé, hier, la cérémonie de l’installation du nouveau DGSN en la personne du général-major Hamel à l’École de la police à Châteauneuf à Alger. La police fera sa mue. Une nouvelle feuille de route est d’ores et déjà tracée.

Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a tracé, hier, la feuille de route du nouveau DGSN. Parmi les grands axes de l’institution de la Sûreté nationale, la révision de l’organisme de la police dont “un projet est en cours d’étude”, la coordination entre les services de sécurité, améliorer la relation avec la justice et doubler les efforts en vue de donner une meilleure image de l’institution. Ould Kablia a insisté aussi sur le comportement du policier qui doit être exemplaire envers le citoyen, un conseil d’éthique sera créé au sein de la DGSN prochainement ainsi que la redynamisation de l’inspection de la police. Parmi les présents à la cérémonie, le général-major Ahmed Bousteïla, commandant de la Gendarmerie nationale, le conseiller des affaires de sécurité auprès de la présidence de la République, les directeurs des douanes et la Protection civile, le chef de cabinet du ministère de l’Intérieur, le président de la cour d’Alger, le procureur général près la cour d’Alger, le wali d’Alger, les chefs de sûreté de wilaya, des directeurs centraux à la DGSN et d’anciens DGSN.

Une cérémonie sous l’ombre du défunt Tounsi
Avant l’ouverture de la cérémonie, une minute de silence a été observée à la mémoire du défunt Ali Tounsi. Dans son discours d’ouverture, il a qualifié la désignation d’un nouveau DGSN comme “un événement très important puisqu’il s’agit d’une institution chargée de la sécurité des personnes et des biens d’autant qu’elle est une force publique”.  Le ministre, qui a présenté le nouveau DGSN qui a 37 ans de carrière militaire comme un homme qui a des capacités et de la rigueur qui peuvent apporter des améliorations à l’institution policière, a précisé que Abdelghani Hamel est appelé à faire un diagnostic précis pour relever les points forts et faibles de l’institution afin de tracer des objectifs. Tout comme il a exposé quelques “orientations” notamment la coordination entre les services de sécurité DRS et GN ainsi qu’avec les services des douanes, la Protection civile et améliorer la relation avec la justice pour préserver  l’état de droit. Il y a lieu aussi de doubler les efforts dans le cadre de la lutte contre toute forme de criminalité.

Importance particulière pour les RG
Daho Ould Kablia n’a pas manqué de préciser qu’il “accorde une importance particulière au renseignement”, “informer c’est anticiper”, tout comme le contrôle des frontières, la sécurité des sites portuaires et aéroportuaires, la sécurité publique et le maintien de l’ordre et aussi la couverture sécuritaire dans les zones reculées. L’organisation de la DGSN est largement dépassée, dit-il, l’organisme doit être revu dans son contexte sécuritaire vu les exigences technologiques mo-dernes ajoutant : “Nous devons améliorer et renforcer la couverture sécuritaire”.

Au nouveau DGSN, “vous avez mon soutien !”
Pour les priorités du nouveau DGSN, le ministre a précisé que l’organisme de la police doit être révisé ainsi que la mise en place d’un système d’évaluation de performance pour protéger les cadres. D’ailleurs, un conseil de l’éthique sera créé prochainement, selon le ministre qui est revenu aussi sur la création d’une académie de police déjà annoncée par le défunt Tounsi ainsi que la formation spécialisée des cadres pour les pôles judiciaires. s’adressant au nouveau DGSN, le général-major Hamel, il lui déclare : “vous avez mon soutien permanent”.
Interrogé lors d’un point de presse animé en marge de la cérémonie, le ministre de l’Intérieur déclara qu’il ne s’agit ni de directives ni d’instructions mais plutôt d’orientations. Concernant le statut de la police, il répondra qu’il est à l’étude à de la direction de la Fonction publique et sera prêt avant la fin de l’année. Mais il refusa tout commentaire sur l’affaire de l’assassinat de Tounsi. “Je n’ai aucun commentaire sur l’affaire qui est entre les mains de la justice”. Et à la question sur la nomination d’un militaire à la tête de la police au lieu d’un policier de carrière, le ministre affirme que la désignation a été en fonction de la hiérarchie du pouvoir politique.

Les barrages sont indispensables
Les points de contrôle de police, dressés à l’entrée de la capitale, sont “absolument obligatoires”, a affirmé le ministre, qui déclare comprendre et partager la préoccupation des citoyens. Et d’ajouter que ce sont des points de contrôle dissuasifs, dotés d’équipements spécialisés en mesure de détecter tout moyen de nuisance ou de destruction pouvant être transporté à bord de véhicules. Le ministre a également indiqué que l’effort des services de sécurité “porte essentiellement sur la capitale où les effectifs, tout autant que les actions de renseignement et de vigilance, sont extrêmement importants”. “Notre souci est de préserver la capitale en tant que Sûreté nationale. D’autres structures de l’ANP, de la GN et de la Garde communale ont également un travail similaire au niveau des campagnes, des montagnes et des zones reculées de notre pays”, a-t-il soutenu. Interrogé sur la lutte antiterroriste, il a affirmé que le terrorisme “n’est pas totalement éradiqué, mais qu’il est contenu, combattu et réduit”.
(Liberté-08.07.2010.) 

***Le général El-Hamel :

« Nous combattrons les agissements qui ternissent l’image de la police»

« Je m’engage à être aux côtés de tout cadre et agent jaloux de son institution…Nous nous chargerons des préoccupations principales…Nous écarterons l’anarchie dans la gestion et travaillerons pour combattre les agissements qui ternissent l’image du secteur. »

Telles sont quelques extraits de la première allocution prononcée, hier, par le nouveau Directeur Général de la sureté nationale, le général Abdelghani El-Hamel, à l’occasion de sa nomination officielle à la tête de la DGSN par le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales avec la présence du chef de la gendarmerie, le général major Ahmed Boustila, le procureur général et le président de la cour d’Alger ainsi que Abdou Bouderbala, directeur général des douanes, aux cotés de nombreux cadres civiles et militaires.

Le général El-Hamel a reconnu la difficulté de la tâche, qui lui a été confiée par le président de la république, le mettant à la tête d’une institution aussi sensible qu’est la DGSN. Le général El-Hamel a déclaré qu’il s’engagera à assumer cette responsabilité et de gérer le secteur de la police, et il dit « C’est sûr que c’est une lourde responsabilité parce qu’il faudra travailler de manière à assurer la sécurité et contribuer à la sécurité générale des citoyens dans tous les secteurs sociaux. »

Le général Boustila s’est engagé à combattre tout ce qui nuit à la réputation du secteur jusqu’à ce qu’il parvienne à jouir d’une grande crédibilité lui permettant de gagner la confiance de tous les citoyens. Le nouveau patron de la DGSN a ajouté « La police veillera sur l’application des lois, mais d’autre part, elle œuvrera à améliorer les relations entre la police et le citoyen et être à son écoute. »

Le général Boustila a affirmé que l’appareil de la sureté est une institution qui accordera une grande importance aux préoccupations de base, cela se fera en améliorant ses conditions professionnelles et sociales et les promouvoir. »

Le général El-Hamel a réitéré son engagement à rehausser le niveau de la sureté nationale et de suivre le même chemin emprunté par ces prédécesseurs, qui étaient à la tête de cette institution. (Echorouk-08.07.2010.) 

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15 réponses à “Beaucoup de choses à changer”

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