Les complices du chaos
La nation est mal servie !
Pas de règles! Pas de respect pour le peuple! Le chaos à tous les niveaux!
Quand l’Etat est incapable d’écouter les corps de métier qui produisent l’intelligence et le savoir, les enseignants ou les professeurs de médecine , quand l’Etat privilégie la force au dialogue, c’est qu’il y a maldonne quelque part, et disons-le: c’est la nation qui est ainsi mal servie.
Les conséquences catastrophiques d’une non-gestion du pays
La médiocrité, érigée en critère de sélection des hommes
Une succession de mauvaises résolutions des problèmes
Il n’est jamais trop tard pour bien faire, mais faudrait-il encore, prendre les choses avec beaucoup de sérieux
Cela fait cinquante ans que l’Algérie est indépendante. Est-ce que cela veut dire que les bilans de parcours ne se font qu’une fois les cinquante ans? Ou bien, est-ce que tous ces problèmes qui gangrènent le pays, et qui semblent soudain attirer, à titre de rappel, l’attention de certaines institutions, sont récents au point de justifier seulement maintenant une réflexion?
Bilan! Quel bilan?
Cela fait longtemps que la gestion du pays est partie à la dérive. Cela fait autant que les citoyens essaient d’attirer l’attention sur les conséquences catastrophiques de la non-gestion du pays. Et combien sont-ils à rappeler, à la suite de Drucker, qu’au fond, il n’y a pas de pays sous-développés, mais seulement des pays sous-gérés?
Combien ont-ils été à hurler, à longueur d’année, que la médiocrité, érigée en critère de sélection des hommes est un suicide pur et simple? Combien ont-ils été à tirer la sonnette d’alarme sur les mauvaises résolutions des problèmes qui ne sont en fait qu’un report suivi d’une multiplication de ces mêmes problèmes? Les a-t-on écoutés un jour? Les a-t-on entendus un jour?
Certes, il n’est jamais trop tard pour bien faire, mais lorsqu’il s’agit de la gestion d’un pays et de l’avenir de générations, les choses doivent être prises avec beaucoup de sérieux. Que va-t-on donc constater avec cinquante ans de retard? Que le pétrole constitue 98% des exportations du pays? Que le tissu industriel consenti avec beaucoup de sacrifices et de peine des Algériens a été sciemment détruit sans raison valable et sans même une décision raisonnable? Pourquoi donc revenir au tissu industriel d’antan? Est-ce simplement pour déterrer, encore une fois, un grand nom comme à chaque fois que le pays est en passe de problèmes ou bien pour faire croire que nous nous sommes réveillés d’un meurtrier sommeil qui a duré trente douloureuses années? Pour ceux qui ne le savent pas, l’industrialisation de l’Algérie est venue suite à une stratégie (dans les années soixante déjà!), se peut-il qu’aujourd’hui, en 2013, des décisions aussi engageantes et aussi sérieuses, se prennent debout, à l’envolée, lors de discussion? Non, ce n’est pas ainsi que l’on gère un pays!
Nous avons perdu cinquante ans, deux générations et beaucoup d’argent pour nous retrouver à un niveau plusieurs fois inférieur à celui de 1962! A l’époque, au moins, l’Algérien aimait et respectait l’Algérien. A l’époque, au moins, il y avait encore l’envie d’apprendre et le désir de faire quelque chose pour le pays. A l’époque, au moins nous étions tous ou presque dans la même misère et lorsqu’il s’agissait de consentir des efforts ou des sacrifices, tout le monde était concerné au même titre ou presque. Aujourd’hui, la donne n’est plus la même. Seuls les plus démunis paient, seuls les plus honnêtes sont astreints au sacrifice et seuls les plus pauvres sont sollicités lorsqu’il faut accepter la cherté de la vie.
Y a-t-il un autre bilan à faire?
L’échec de ceux qui nous ont gouvernés est total et entier! Nous vivons de la production des autres. Nous dépendons des médicaments d’autrui et de leurs hôpitaux. Notre nourriture, nos vêtements, nos véhicules, notre construction… tout nous vient d’ailleurs. Y a-t-il pire échec pour un pays qui a mené l’une des plus grandes, sinon la plus grande, des révolutions armées du XXe siècle? Quel bilan après cela? Quel triste bilan après tant d’échecs?
Regardons donc notre école, regardons notre université, regardons nos hôpitaux… rien n’y va. A l’école, on en est arrivé à ce que les enseignants fassent leur grève chaque année, parfois même plusieurs fois par an. On en est arrivé à ce que les élèves exigent de connaître les chapitres sur lesquels portent les examens du Bac. L’année prochaine, ce sera au tour de ceux de l’examen de septième année d’imposer leur vue des choses dans une école qui a connu dix mille réformes sans jamais s’améliorer.
A l’université, non plus, rien ne va et ce ne sont pas les sons de cloche, souvent au ton trop douteux, qui démontreront le contraire. On ne sait plus quoi faire avec le LMD, on ne sait plus comment sortir des folles fosses creusées par des décisions incroyables. La politique qui consistait à faire taire les gens pour avoir la paix ne s’est pas révélée payante. Ni pour ses initiateurs, ni à plus forte raison pour le pays. Pour les hôpitaux, encore une fois, leur destruction est claire et simple.
Depuis l’industrialisation de Boumediene, il n’y a eu pratiquement aucune stratégie et dans aucun domaine car n’est pas stratégie ce que chacun veut bien appeler par ce nom. La malédiction appelée pétrole a eu raison de toute initiative et les recettes trop facilement engrangées ont frappé d’«indésirabilité» la bonne volonté et les compétences du pays.
Est-il possible de guider un pays sans trop savoir où le mener? Et est-ce possible de savoir où le mener lorsqu’on n’a aucune stratégie? Gérer un pays ne se limite pas à de la rhétorique, ni à l’accusation des autres. Gérer un pays est un comportement qui doit laisser des résultats satisfaisants sinon, à quoi cela sert-il d’avoir des gestionnaires et c’est aussi pour cela que les gestionnaires qui n’ont pas de résultats satisfaisants sont rejetés généralement. Chez nous, moins ils font de résultats et plus ils durent. Des ministres qui ont détruit l’école ont tiré quinze ans, ceux qui ont détruit l’université sont là depuis une éternité, ceux qui ont saboté le secteur de la santé sont toujours en place dans d’autres ministères. Ceux qui ont «déboussolé» l’industrie, ceux qui ont fait «dérailler» le commerce, et les autres secteurs sont toujours là. Même ceux qui avaient donné l’ordre aux entreprises de transférer leur argent dans les caisses d’El Khalifa Bank sont toujours en place avec ceux qui n’avaient rien vu venir dans cette affaire malgré leurs postes des plus concernés que tout le monde.*source: L’Expression-19.06.2013.
Au fil du temps, la situation se complexifie à Ghardaïa. Depuis décembre dernier, la vie y est ponctuée par des moments de violence et d’accalmie éphémères. Mercredi dernier, la violence a ressurgi. Plusieurs maisons et commerces ont été incendiés. Le plus grave a été atteint samedi soir avec la mort de trois personnes. Aussitôt, le Premier ministre par intérim, Youcef Yousfi, s’est rendu sur place, accompagné du ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaïz, du commandant de la Gendarmerie nationale, le général-major Ahmed Boustela et du représentant du directeur de la Sûreté nationale. Dès hier, dimanche, il a reçu les représentants de la population qui avaient organisé un sit-in, devant le siège de la wilaya. C’est la deuxième fois qu’un Premier ministre se rend sur place dans le même contexte. Abdelmalek Sellal s’y était rendu en janvier dernier et avait lui aussi reçu des représentants de la société civile. Il a été décidé la création de «conseils de sages» dans chacune des communes de la ville touchées par la violence. De plus, un important renfort de policiers et gendarmes a été dépêché sur les lieux. Visiblement, le mal n’a pas été solutionné à la racine puisque, après un peu plus d’un mois d’accalmie, le phénomène ressurgit. Et là, il faut se poser des questions sans lesquelles aucune recherche de solution n’est possible. Si l’on s’en tient à la version qui veut que les affrontements opposent les Chaâmba (de rite malékite) aux Mozabites (de rite ibadite), il est tout de même curieux que ces deux communautés qui cohabitent, dans ces mêmes lieux depuis des siècles, aient brusquement décidé de ne plus se supporter. D’ailleurs, tout aurait commencé par la destruction d’un mausolée ibadite, en décembre dernier. Pourquoi? Et par qui? L’absence de revendications des casseurs est en soi une réponse. Sauf à vouloir éradiquer l’autre, ce qui est insensé, ces violences ne peuvent mener à aucun autre objectif autre que de semer le désordre. Le choix du moment renforce cette déduction. Le pays est au centre d’une région gravement secouée par des crises depuis trois années. La période pré-électorale actuelle pourrait avoir été jugée propice par les donneurs d’ordres des casseurs. Il faudrait, en effet, être naïf pour croire qu’il n’y a pas de commanditaires. Ils ne réussiront pas à se cacher même si au fil du temps, les coups partent des deux côtés. Il est évident que lorsqu’on est agressé, on finit par se défendre. C’est cette escalade qui risque de rendre le problème de plus en plus insoluble. Pour ne pas se laisser prendre à une telle confusion, il faut garder comme point central le «départ» des hostilités. C’est-à-dire l’agression contre le mausolée. Il ne fait pas de doute que les services de sécurité ont les réponses à toutes les questions qui se posent. Ils savent qui fait quoi et pourquoi. S’ils ne les donnent pas publiquement, c’est aussi un marqueur des tenants et aboutissants de l’événement. C’est la pratique de tous les services de sécurité dans tous les pays du monde. Ceci n’empêche pas que soit menée une double action. Pourchasser les pyromanes et en parallèle savoir communiquer pour avoir l’adhésion et la collaboration des citoyens. Yousfi a dit la même chose à Ghardaïa en appelant «à fédérer les efforts pour normaliser la situation». Oui mais, il faut, pour cela, convaincre pour s’assurer la participation citoyenne. Tout le monde ne se suffit pas d’indices comme le mausolée, l’absence de revendications et l’acharnement, le tout sur fond communautariste, pour comprendre de quoi il s’agit. Il faut que les autorités fassent l’effort de dire. De savoir dire. Sans cela, il sera difficile de trouver une solution durable. Les jeunes qui s’affrontent n’ont d’autres choix que de vivre en bon voisinage. Il faut leur montrer le «Chitane»! *Par Zouhir MEBARKI-L’Expression-Lundi 17 Mars 2014
**Le chaos programmé à Ghardaïa
Que peut faire le déplacement d’un officiel maintenant que l’effusion de sang s’est dangereusement banalisée?
Ni l’appel lancé par le président de la République lors du dernier Conseil des ministres incitant à faire prévaloir les valeurs de tolérance, de concorde et de dialogue, ni les deux visites effectuées par l’ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal, ni l’appel des sages, des intellectuels et des partis n’ont pu venir à bout de cette crise qui secoue la vallée du M’zab. Avant-hier encore, du sang a coulé. Le volcan de Ghardaïa s’est réveillé et la tension s’est brutalement aggravée. Non seulement les assassins des trois personnes n’ont pas été identifiés, mais l’objet avec lequel ils ont été tués n’a pas été officiellement identifié. S’agit-il d’une arme à feu? D’objet ferreux conton-dant comme l’a rapporté l’APS? Le flou demeure et la situation s’aggrave. Péniblement, les services de sécurité s’affairent à élucider le crime. Depuis 48 heures, on ne se prononce pas encore sur les circonstances du drame à l’origine de la mort des trois jeunes. La direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) a dépêché un groupe d’enquêteurs criminels pour enquêter sur la mort de trois individus de sexe masculin résidant à Ghardaïa, a indiqué, hier, un communiqué de la Dgsn. «Après avoir été alertée samedi, la police a mobilisé ses services et dépêché sur place une équipe de la police criminelle accompagnée d’éléments de la police scientifique et technique pour effectuer un constat de décès à l’hôpital local en informant le parquet chargé de l’enquête», précise le communiqué. «Dans l’attente des conclusions préliminaires du médecin légiste, la police poursuit son enquête pour déterminer les causes des décès», a indiqué le directeur de la communication et des relations publiques à la Dgsn, le commissaire divisionnaire Djilali Boudalia. Où est passé donc le renfort de la Gendarmerie nationale annoncé en grande pompe il y a deux mois, selon les annonces officielles qui allaient quadriller la région et en finir avec la violence? Apparemment, le mal n’a pas été extirpé. Il s’avère que la médication politique préconisée n’est pas adéquate, de même que l’alternative sécuritaire n’est pas une solution dans une région où s’affrontent brusquement deux communautés qui vivaient en paix depuis des siècles. Les faits sont d’autant plus graves qu’ils interviennent dans une période électorale cruciale et surtout dans une région ceinturée par l’instabilité sécuritaire, le narcoterrorisme et le banditisme. Et comme les malheurs arrivent souvent en escadrille, cette région est au centre des appétits des puissances occidentales qui veulent établir une nouvelles carte géostratégique. Tous les pays de la région ont été ébranlés. Le Mali, la Tunisie, la Libye, la Mauritanie et le Niger, etc… Pourquoi pas l’Algérie? Cela n’arrive pas qu’aux autres. Mais les décideurs algériens auront-ils indéfiniment l’excuse de la main de l’étranger pour justifier leur échec? Ghardaïa a besoin de véritables projets économiques, d’un dialogue sérieux, franc et ouvert entre toutes les franges de la société, aussi bien mozabites que chaâmbies, d’un partage équitable des terres et d’une répartition juste des richesses. Sur ce plan, l’Etat a échoué. Le Premier ministre par intérim, Youcef Yousfi, s’est déplacé avant-hier, tard dans la soirée à Ghardaïa. Il était accompagné dans cette visite du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, ainsi que du commandant de la Gendarmerie nationale, le général-major Ahmed Bousteila, et du représentant du directeur général de la Sûreté nationale. Hier, une imposante marche de la population de différents quartiers de Ghardaïa a été organisée pour «dénoncer les crimes perpétrés lors des échauffourées de samedi dernier». Les marcheurs ont convergé devant le siège de la wilaya où ils ont observé un sit-in, en scandant des slogans appelant à la justice et à «l’application de la loi à l’encontre des criminels à l’origine des troubles qui secouent la ville». Des représentants de ces manifestants ont été reçus par le Premier ministre par intérim, Youcef Yousfi, qui a écouté leurs doléances, notamment «l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités de chacun et le règlement durable de cette situation conflictuelle». Mais que peut faire le déplacement d’un officiel, de surcroît intérimaire, maintenant que l’effusion de sang s’est dangereusement banalisée? Toutes les initiatives ont été torpillées, la situation s’enlise dangereusement dans cette partie du Sud alors qu’au Nord on disserte sur la quadrature du cercle.*Par Brahim TAKHEROUBT-L’Expression-Lundi 17 Mars 2014
**Ghardaïa: Les Mozabites font l’objet de provocations, d’agressions et d’atteintes à leurs biens sans que le pouvoir central d’Alger daigne enrayer ce qui, maintenant, se transforme en tensions confessionnelles chroniques
*Ethnocide? Génocide? Conflit confessionnel? Quelle que soit la qualification que l’on veut bien attribuer aux maints incidents qui se sont produits à Ghardaïa, la tragédie, elle, porte un nom. Il est immuable. Il incarne le mal. Ils sont les «oubliés» de la République. Ils n’ont ni ministres, ni walis, ni ambassadeurs. L’Etat est insensible à leur malheur. Une vraie tragédie se joue à quelques centaines de kilomètres d’Alger. Dans une totale indifférence de l’opinion publique. Du gouvernement. Et de sa classe politique. Les Mozabites font l’objet, depuis plusieurs années déjà, de provocations, d’agressions et d’atteintes à leurs biens sans que le pouvoir central d’Alger daigne enrayer ce qui, maintenant, se transforme en tensions confessionnelles chroniques entre les habitants de cette cité historique. Les victimes sont connues. Ce sont ces Algériens de confession musulmane, dont les ancêtres ont adopté le rite ibadite. Elles ont toujours cohabité en bonne intelligence avec les autres rites musulmans. Que ce soit à Berriane ou à Ghardaïa, l’atmosphère a toujours été à l’apaisement. Durant la période coloniale, les deux communautés ont vécu en bonne intelligence. Pourquoi le feu brûle-t-il aujourd’hui dans cette citadelle réputée pour sa tolérance, son sens de la solidarité et son patriotisme? Bien que vous pourriez réagir en rétorquant: combien d’hommes, de dirigeants, de savants ont été effacés des tablettes de l’Histoire? Il reste que la communauté ibadite a donné de grands noms à l’Algérie et à sa Révolution. De Moufdi Zakaria qu’Abane Ramdane avait choisi lui-même pour écrire Kassaman, notre hymne national, aux deux vénérables cheikhs El Bayoud et Addoun, sans compter les centaines d’éminents cadres qui ont contribué à la libération du pays puis à sa reconstruction, les Mozabites ont été pour nous tous un modèle de comportement, de valeurs, d’initiatives, de gestion et d’efficacité. L’ancien président, feu Ahmed Ben Bella, ne s’était pas trompé en confiant dans son premier gouvernement le poste de ministre du Commerce à un Mozabite qui avait pour nom Mohamed Khobzi. Ce dernier épatait la galerie à Dar El Beïda en prenant les commandes d’un petit avion piper pour une démonstration aérienne de premier ordre. De grands commis de l’Etat ont laissé les meilleurs souvenirs dans les institutions qu’ils ont eues à diriger. Parmi eux figuraient de grands banquiers et d’illustres ambassadeurs, universitaires et médecins. Lors de sa première visite en Tunisie, fin 1957, le futur colonel Amirouche, déjà auréolé de sa gloire sur les champs de bataille, avait été l’hôte des Mozabites réfugiés dans la capitale. Mohamed Seddik, professeur d’arabe retraité, raconte: «Amirouche avait été frappé par l’accueil exceptionnel de cette communauté. Ce fut une véritable fête. Pendant plus de trois heures, il parlait tantôt en arabe, tantôt en kabyle, tantôt en français à une assistance de plus de trois cents notables. Amirouche a tenu à les remercier du soutien qu’ils apportaient à la Révolution. Et surtout pour la contribution financière, sans commune mesure, qu’ils fournissaient pour l’achat d’armes, de médicaments et de matériels. ‘Je salue votre sens de la discipline et de l’organisation. Vous êtes un exemple pour tous les Algériens », leur a-t-il dit.» Nos frères mozabites vivent une situation dramatique. Depuis plus d’une décennie, ils sont agressés, insultés, brimés. Leurs commerces sont pillés. Et pis encore, leurs familles sont condamnées à demeurer enfermées dans ce qui reste de cette célèbre cité interdite qui ressemble à un ghetto! Aujourd’hui, faute de solution, il ne reste que la stratégie du pire. De la haine pour les gens d’en face qui veulent les ravaler à un degré de sous-êtres humains. Des morts et des blessés, il y en a eu. Mais la spirale de la violence s’enfle à chaque saison. Les perdants, ce sont eux. C’est aussi l’Algérie. Parce qu’ils sont les oubliés d’un régime qui ne regarde pas plus loin que le bout de son nez. Ils refusent d’être les lépreux de la République. Sur fond d’anxiété, de doutes et de jérémiades, la vie des Mozabites est devenue un enfer. Dans toutes ces confusions hystériques, comme s’il y avait une vertu de l’entêtement, il y a les Chaâmbis. Derrière toute cette tragédie, ce sont eux qui ont allumé les feux de la fitna. Entre Chaâmbis et Mozabites, on ne réfléchit pas. On ne dialogue plus. On cogne! La réalité des faits est accablante. Ni le gouvernement ni la classe politique ni l’élite médiatique ne se sont emparés du mal qui ronge la communauté mozabite. Jusqu’à quand accepteront-ils de jouer le rôle ingrat des marginalisés de la République? En haut lieu, nos ministres, les plus concernés par ce drame, sont-ils décidés enfin à réagir, à retrousser leurs manches pour donner un coup d’arrêt à toute cette violence contre une minorité religieuse qui a tous les droits d’exiger de l’Etat de la protéger et de lui assurer la sécurité des biens et des personnes? Il y a certainement des remèdes aux folies du fanatisme. Le gouvernement Sellal doit vite réagir. Et avec lui, les partis politiques. Sinon, on saura dès lors que nous vivons dans une République poltrone. Et sans principes.*Par Ahmed FATTANI-L’Expression-Dimanche 29 Decembre 2013
**Affrontements intercommunautaires à Ghardaïa. C’est le pourrissement!?
Une lourde tension pesait hier sur Ghardaïa après les affrontements intercommunautaires. Certains commerces ont ouvert, mais les deux camps s’observent malgré les appels au calme. La ville était toujours quadrillée vendredi par la police, qui avait dénombré la veille 40 blessés dans ses rangs. La villeet donne l’impression, triste spectacle, d’être plongée dans un climat de guerre.
**Ghardaïa. Envoyé spécial d’El Watan
Vue du ciel, Ghardaïa ressemble à une carte postale. Au bord de la route surplombant la ville depuis les hauteurs de Bouhraoua, des dizaines de voitures s’arrêtent le temps d’un cliché, comme cette Land Rover, avec, à son bord, des touristes étrangers qui prennent la pose devant un magnifique belvédère dominant la vallée du M’zab. Mais il suffit de zoomer sur les entrailles de la ville pour découvrir une toute autre réalité. Perforée la carte postale, ce sont des images de guerre qui vous sautent à la figure. Des scènes dignes d’une ville assiégée. Une ville au bord de la guerre civile. Dire qu’en pareille période de l’année, Ghardaïa est, en temps de paix, assaillie par des contingents de «réveillonneurs» plutôt que par les cortèges de CRS. A l’hôtel El Djanoub où nous avons pris nos quartiers, un réceptionniste nous lance : «Vous avez de la chance. Plusieurs familles qui avaient réservé pour passer le réveillon ici ont différé leur voyage à cause des événements, autrement, l’hôtel affiche complet à l’approche du nouvel an.»
Magasins fermés et rues désertes
En débarquant jeudi soir à Ghardaïa, nous sommes d’emblée happés par le triste spectacle d’une ville plongée dans le chaos. La plupart des magasins des artères principales ont baissé rideau. Un étalage impressionnant de fourgons de police et autres compagnies de gendarmerie fait penser à un couvre-feu. Des monticules de gravats, des auréoles de pneus brûlés, des magasins maculés de cendres, des pans de murs effondrés, servent de décor à des rues désertes. «Vous allez à Ghardaïa ? Vous êtes au courant de ce qui se passe ? El hala ma taadjabch, faites attention !» nous avertit un agent des forces de police originaire de Blida posté à un barrage, à l’entrée de la ville. Nous nous engouffrons dans les boyaux de la vieille ville et c’est une cité fantôme qui s’offre à nous. Une voiture carbonisée annonce la couleur aux abords de Souk Lahtab. Le vieux marché est quadrillé par une vingtaine de fourgons des forces antiémeute de la Gendarmerie nationale dépêchées en renfort ce jeudi. Sur le pont de la SNTV, des camions de police sont ostensiblement déployés, de même qu’au long de l’avenue Hadj Messaoud, ou encore à Haï El Moudjahidine et à Theniet El Makhzen. Inutile de chercher un restaurant dans ces zones-là. Il faut descendre à Sidi Abbaz, une artère commerçante relativement épargnée par les troubles, pour trouver des restos ouverts. Partout ailleurs, c’est le même climat de guerre. Dans les quartiers mozabites comme dans les quartiers arabes, les riverains sont sur les dents.
Le marché quadrillé
Hier, Ghardaïa a ouvert les yeux sur un vendredi maussade. La nuit aura été une nouvelle fois agitée. «Il y a eu des échauffourées avec les forces de l’ordre jusqu’au petit matin», indique Khodir, membre du bureau local de la LADDH. Des tirs de grenades lacrymogènes ont troublé le sommeil des habitants de la vieille médina. La journée de jeudi a eu également son lot d’affrontements. «Un jeune Mozabite de 21 ans a été grièvement blessé après avoir reçu des blocs de pierre sur la tête. Trois policiers ont été blessés en tentant de le sauver», poursuit Khodir. Le jeune en question a été évacué à la clinique Al Ouahat, à la sortie de la ville. Khodir appelle le père du jeune homme pour avoir de ses nouvelles. Il est soulagé d’apprendre qu’il est hors de danger. Des rumeurs persistantes ont annoncé des morts. Il n’en est rien. En revanche, les blessés se comptent par dizaines, voire par centaines, entre Mozabites, Arabes et forces de l’ordre. «Nous avons eu 44 blessés dans nos rangs», confie un officier de la sûreté de wilaya de Ghardaïa. Et d’ajouter : «Il y a eu un nombre assez important d’arrestations des deux côtés.» Une dizaine, selon Kamel Eddine Fekhar, membre du conseil national de la LADDH et chef du bureau de la Ligue à Ghardaïa. M. Fekhar déplore, par ailleurs, des «centaines de blessés parmi les Mozabites» et «une vingtaine de magasins saccagés, leur appartenant» (lire l’interview qu’il nous a accordée dans nos prochaines éditions). Pour lui, il ne fait aucun doute que Ghardaïa «est en état de guerre». Notre interlocuteur précise que beaucoup de blessés ne sont pas évacués à l’hôpital par crainte d’être arrêtés. L’ancien élu FFS à l’APC de Ghardaïa accuse ouvertement la police de prendre fait et cause avec les Arabes. «Ils ont pratiqué des actes de torture et infligé des sévices sexuels à des Mozabites», appuie-t-il.
«Il nous faut un ordre du wali»
Photos à l’appui, il accuse également la police de complaisance avec les agresseurs de l’autre camp. Sur l’une d’elles, il nous montre un jeune avec une bouteille d’essence abrité derrière un membre des forces antiémeute. Sur une autre photo, il est question d’une foule de jeunes de la communauté arabe massée derrière un camion «moustache» de la police. «Regardez, c’est lui qui leur ouvre la voie», commente-t-il. Des accusations que rejette un représentant de la police officiant à la sûreté de wilaya qui nous dit : «Nous, nous n’avons pas cette mentalité (discriminatoire, ndlr). On ne fait pas de différence entre Arabe et Mozabite. Nous ne faisons que notre travail. Nous sommes responsables devant Dieu et devant les hommes. Des fois, on est obligés de tirer des grenades lacrymogènes, Allah ghaleb. On a été ciblé par des cocktails Molotov des deux côtés. On nous a même balancé des citernes dans les petites venelles où il est difficile d’intervenir.» M. Fekhar reproche aux forces de l’ordre leur complicité passive. «Pas plus tard qu’hier (jeudi, ndlr), j’ai alerté les gendarmes positionnés au niveau du vieux marché sur le cas d’un magasin qui se faisait attaquer à quelques encablures de là. Ils m’ont rétorqué qu’ils ne pouvaient rien faire sans un ordre du wali. Apparemment, les Mozabites n’ont pas droit à la sécurité dans ce pays», s’indigne-t-il.
Des commerçants vident leurs échoppes
Hier, la matinée a connu un calme précaire. La plupart des magasins du centre-ville ont gardé leur rideau baissé. Le vieux marché, habituellement si animé le vendredi, avait triste mine. Image éloquente : plusieurs commerçants évacuaient leurs marchandises dans des camionnettes pour les mettre dans des lieux sûrs avant de cadenasser leurs échoppes. Certains commerces alentours affichaient les stigmates d’actes de vandalisme caractérisés. «Ils viennent, ils les pillent et ils les incendient», fulmine Khodir en dénonçant à son tour la passivité de la police. Khodir qui habite en contrebas de la vieille cité de Melika, dans un quartier «mixte», nous confie avoir emménagé depuis quelques jours chez sa belle-famille, sur les hauteurs de Melika. Sa mère, quant à elle, est partie se réfugier à Ouargla. «Beaucoup de Mozabites ont été obligés de fermer leur commerce et quitter leur maison par crainte des voyous qui viennent semer la terreur chez nous», dit-il. Khodir a très peu dormi. Il nous confie : «J’ai passé la nuit à monter la garde. Nous devons rester vigilants pour protéger nos biens.» Jeune entrepreneur et ancien élu APW (FFS), Khodir a cinq enfants, dont deux garçons âgés de 15 et 13 ans. «Eux aussi montent la garde avec moi. Ils doivent défendre leur territoire», lâche-t-il. A l’autre bord, ce sont quasiment les mêmes mots et les mêmes réflexes. Un groupe de jeunes de la communauté arabe font, eux aussi, le guet devant leurs maisons, à Hadj Messaoud. Ils ne dorment pas la nuit, non plus. L’un d’eux, la tête coiffée d’un keffieh et portant des gants noirs, témoigne : «J’ai passé une nuit blanche à veiller sur le quartier avec mes voisins. Ils peuvent débarquer à tout moment. Nous les attendons de pied ferme. Les Mozabites ont détruit plusieurs de nos commerces et incendié nos maisons.»
Tension maximum après la prière
Après la prière du vendredi, la tension monte d’un cran. Sur le pont de la SNTV surplombant Oued M’zab, les policiers, arborant casque, trique et bouclier, sont sur le pied de guerre. Des jeunes de la communauté arabe sont attroupés devant les camions de police, les yeux rivés sur une marée humaine cantonnée à l’autre bout de l’oued. Des Mozabites prêts, eux aussi, à en découdre. Chaque partie guette l’autre en un duel haletant. A un moment donné, un dépôt prend feu à Hadj Messaoud. Une foule se forme. Les nerfs chauffent. Un fût est roulé sur le bitume. Des policiers massés aux abords d’un cimetière mozabite dont le rempart a été, en partie, démoli, s’ébranlent comme un seul homme. Panique. Cris. Grenades lacrymogènes. Un jeune rejoint le groupe des Arabes. Il charge d’emblée les Mozabites : «Ce sont eux les responsables de ces troubles», fait-il. Il parle de «harb taïfia» (guerre confessionnelle) en accablant le rite ibadite. «Ni ils prient ni ils se marient avec nous», renchérit-il. Kamel Eddine Fekhar, lui, est catégorique : «Je n’ai pas de problème avec les Arabes mais avec le pouvoir», martèle-t-il «Depuis 1962, c’est la même histoire. C’est un film d’horreur qu’on est en train de vivre en continu, avec des épisodes différents. Il y a une volonté politique de détruire l’identité d’un groupe. Cela s’appelle un ethnocide. Le pouvoir essaie depuis l’indépendance de casser la société mozabite. Il veut effacer l’identité mozabite. Aujourd’hui, nos jeunes ne connaissent ni l’ibadisme ni le tamazight. Certes, on ne tue pas physiquement les gens, mais on tue leur identité. Le pouvoir veut nous tuer culturellement.» *Mustapha Benfodil-El Watan-28.12.2012
**L’état solidaire des tricheurs : la fraude au bac réhabilitée !
Quand la triche est encouragée aussi par les adultes
La décision du Premier ministre d’autoriser les tricheurs au bac de refaire l’année est un grave précédent qui ouvrira une immense brèche à une recrudescence accrue de la triche.
C’était la fermeté qu’il faudrait conforter, mais ce fut l’inverse qui s’imposa au grand dam de la famille enseignante. La décision du chef du gouvernement d’abord, ensuite du ministre de l’Education qui lui emboîta le pas, en allant plus loin dans sa décision de plancher sur les recours des élèves tricheurs, a démontré une nouvelle fois le caractère sinistré de notre système éducatif. Nous comprenons aisément le «dégoût» et le désespoir des milliers d’enseignants qui ont déposé leur dossier, cet été, pour prendre leur retraite. A trop vouloir acheter à n’importe quel prix la paix sociale, le Premier ministre et tous ceux qui ont inspiré cette scandaleuse mesure, en faveur des tricheurs, ont choqué la famille de l’éducation.
«Il ne reste plus rien dans notre école, mieux vaut partir ‘‘proprement’’ et laisser nos places à qui veut les prendre. Nous avons beaucoup de pitié pour ceux qui vont nous remplacer, car ils auront du pain sur la planche. Les classes deviendront des champs de bataille de la triche généralisée», a laissé entendre une enseignante devant le bureau des retraites de l’académie de Tizi Ouzou. Cette déclaration exprime l’état d’esprit des enseignants et le climat délétère qui règnent dans nos structures éducatives. Dans tous les pays du monde, tricher ou même faire une tentative lors d’un examen peut avoir de lourdes conséquences si on se fait attraper, ce qui peut entraîner une note minimale à votre test, une suspension ou même éventuellement l’expulsion.
Tous les élèves le savent, car ils l’apprennent dès l’école primaire. Dans beaucoup d’écoles, même en Algérie, une éventuelle triche est mentionnée dans le dossier scolaire de l’élève. On mentionne que vous avez violé le code d’honneur de l’institution. Cette dernière triche au bac est juste une goutte qui a fait déborder le vase. La triche dans cet examen, qu’on qualifie de sésame permettant d’avoir accès aux études universitaires, ne date pas d’aujourd’hui.
De graves cas de triche (BEM et bac) ont été enregistrés depuis des années, à travers tout le territoire national, mais ils ont été étouffés par les responsables. Aujourd’hui, les élèves, constatant le manque de fermeté des responsables, sont montés d’un cran. La triche s’est grandement accentuée depuis l’ère du plus inusable ministre de l’Education qu’a connu l’Algérie indépendante, Aboubeker Benbouzid, qui a transformé l’école algérienne en un immense laboratoire d’expériences. L’élève algérien est devenu passif, inactif, tricheur, et ne comptant que sur l’aide de quelques élèves, environ 20%, qui montrent réellement du sérieux et qui encouragent le professeur à venir travailler spécialement pour eux. Malgré toutes leurs débauches d’énergie, les résultats restent en-dessous de ses espoirs.
Durant les examens internes (devoirs et compositions), les élèves usent de tous les moyens pour tricher. Les élèves ont cette manie de contourner toutes les formes de surveillance, car la triche évolue comme la technologie. Tous les enseignants sont confrontés à ce phénomène de triche qui s’est banalisé. Il faut voir le ballet des élèves qui se rendent aux toilettes lors de l’examen du bac et surtout lors des épreuves des matières essentielles. Face à une quinzaine d’élèves qui attendent devant les toilettes, les professeurs accompagnateurs contemplent, impuissants, des dépassements gravissimes des élèves qui montrent même des comportements agressifs. Etant donné le caractère risqué de sanctionner un élève pour sa triche par un rapport de sanction et d’exclusion de cet examen, les enseignants préfèrent fermer l’œil. Il y a quelques années, un professeur, qui a osé appliquer la loi du Talion, a failli se faire étriper, non pas par les parents, mais par les villageois.
Mais la triche est encouragée aussi par les adultes. En effet, depuis l’instauration du classement des wilayas dans les résultats du bac, la triche s’est accentuée. Chaque wilaya tente d’éviter le purgatoire, et pour y arriver, tous les moyens sont bons. De nombreux pédagogues ont souhaité la suppression de ces classements qui ouvrent la voie à de nombreux dépassements. On pourrait se limiter au classement des trois premières wilayas à l’échelle nationale et du même nombre d’établissements dans chaque wilaya.
Le règne de la médiocrité a atteint son apogée au sein de l’école algérienne. Du rachat des fraudeurs au bac au pardon pour les tricheurs, c’est tout le moral des enseignants qui est atteint. Les vidéos du copiage filmée cette année par une élève et diffusées sur Internet ont été consultées par plus de sept millions d’internautes dans le monde. Ces vidéos ont même été enregistrées, comme pièce à convictions, par les services de l’Unesco, selon un journal français. Quels sont les arguments à faire valoir par les responsables algériens devant cette prestigieuse institution du savoir.
Mustapha Lacheraf, l’ancien ministre de l’Education, lui qui voulait donner un bon coup de pied dans la fourmilière, avant de se faire désigner comme ambassadeur en Argentine, devrait se retourner dans sa tombe devant tant de gâchis.
Tous les syndicats sont unanimes pour critiquer la politique éducative du gouvernement quand bien même tous les candidats tricheurs ne méritent même pas une chance de redoublement à vie. Des leçons qui vont servir notre école et qui vont concourir au relèvement du niveau des élèves et de la crédibilité de l’école algérienne.*contribution parue dans El Watan-19.10.2013
*M. Kamel Kaci : professeur de français en retraite Azazga (Tizi Ouzou) , correspondant de presse El Watan, bureau de Tizi Ouzou
**Le caporal Fathallah « exilé » au sud pour avoir dénoncé la corruption
les dénonciateurs de la corruption sont récompensés par un « exil » dans l’extrême Sud du pays ! ».
Le 28 mai dernier, Kadhi Fathallah, caporal de la protection civile, en poste à Constantine a été victime d’une mutation arbitraire à Tindouf. Son «tort» est d’avoir dénoncé des malversations et toutes sortes de dysfonctionnements dans la gestion de la Mutuelle de la protection civile, Mutuelle qu’il avait eu « le malheur » d’accepter de diriger depuis quelques mois.
Malheureusement, Monsieur le Premier ministre, la protection civile est connue pour avoir connu ces 20 dernières années de nombreux remous, tant la passation des grands marchés publics, que dans les sanctions graves à l’encontre de syndicalistes ayant eu le courage de dénoncer les manquements dans le fonctionnement de cette importante institution.
Le mérite du caporal Kadhi Fathallah a été aussi de dénoncer des pratiques contraires à la loi sur les Mutuelles sociales, notamment celle qui consiste à faire adhérer obligatoirement l’ensemble des agents de la protection civile à la Mutuelle de l’institution, adhésion de force se traduisant par des prélèvements systématiques sur les salaires à la source, pour des montants toujours de plus en plus élevés, alors que la qualité des prestations ne cessait de baisser. Ce «racket» autorisé à grande échelle – dont sont victimes des milliers d’agents de la protection civile-, avait entre autre pour objectif de combler les déficits financiers de cette Mutuelle, alors que de par la loi l’adhésion à la Mutuelle sociale est volontaire.
Monsieur le Premier Ministre, nous vous appelons à soutenir les dénonciateurs de corruption, la plupart d’entre eux subissant des représailles systématiques, et de faire sorte que le caporal Kadhi Fathallah puisse réintégrer son poste d’origine. Monsieur le Premier ministre, est-ce-que la récompense de la dénonciation de la corruption dans notre pays est une mutation arbitraire à l’extrême Sud du pays ?
Avant de transmettre à la justice le dossier relatif aux dépassements au sein de la mutuelle, le caporal Kadhi Fathallah avait saisi la direction générale de la Protection civile et le ministère du travail qui est la «tutelle technique des mutuelles». Tous les documents envoyés à son administration sont restés sans suite. Aujourd’hui, ce sont les officiers du service de la police judiciaire du DRS qui suivent cette affaire. Kadhi Fathallah est entendu depuis deux mois par des officiers de la police judiciaire du DRS à Alger, suite à la plainte qu’il a déposé auprès du tribunal d’Alger. Il semble que les officiers qui le reçoivent sont déjà plus ou moins au courant de ce qui se passait dans cette Mutuelle.
Monsieur le Premier ministre, l’Association algérienne de lutte contre la corruption est convaincue que vous prendrez les décisions qui s’imposent afin que le caporal Kadhi Fathallah puisse obtenir réparation des graves préjudices qu’il subit. Notre association continuera de lui apporter tout son soutien et à lui manifester une solidarité totale.
*Djilali Hadjadj, porte-parole de l’Association algérienne de lutte contre la corruption- le Matin du 21/09/2013
** L’ambition malsaine
Passion noble ou dévorante, l’ambition est-elle une force malsaine ou bien susceptible de réenchanter le monde
L’ambition dérange et démange. Elle est ennemie de toutes les platitudes, petitesses et standardisations – trois normes à la mode, à notre époque de miniaturisations et d’accélérations.
Depuis que j’ai l’âge de m’interroger sur les aberrations des adultes, j’ai toujours été frappé par la promotion incessante de la médiocrité et de l’imitation stérile, y compris dans les sphères les plus en droit de se dire « élevées », comme l’éducation, par exemple. L’apprentissage de l’indépendance y est souvent sacrifié au profit d’un apprentissage de l’obéissance qui, forcément, dissuade de grandir et de s’émanciper. On opte pour la platitude, contre l’essor créateur. Véritable usine tue-ambition, l’école transforme avec une cruauté et une méticulosité tout industrielles des enfants plein d’entrain et de rêves en adolescents hagards et inoffensifs, dépités quant à leurs études, frileux quant à leur avenir.
Même la morale manque d’ambition et devient « minimaliste », avec la réduction de millénaires de sophistications et de témoignages en une unique petite bulle de BD, valant pour tout et tous : « Ne pas nuire aux autres, rien de plus« . Comme si l’on pouvait intuitivement appréhender ce que signifiait « nuire à autrui », cerner d’un seul coup l’énormité du problème. On pourrait repartir pour un millénaire de casuistique et de débats psychologiques rien que sur ces trois mots faussement innocents. Pourquoi, en philosophie, ce culte de l’étroitesse, du tout-en-un et de la pensée-spot ? Ne devrait-on pas être ambitieux -c’est-à-dire voir grand- aussi et surtout sur le terrain de la morale, de la critique sociale, de la philosophie, de l’humanisme et de la civilisation ? N’y a-t-il pas plus de puissance et de profondeur à suivre l’écrivain Thomas H. Cook, qui fait résider le début d’un choix moral dans le fait de sourire ou non à des manifestants noirs du Mississippi ?
« En miniaturisant la totalité de l’existence pour la faire tenir sur un écran trois pouces de Blackberry, risquons-nous d’enfler notre ego et de perdre le sens du merveilleux ?« , se demande l’essayiste Jeremy Rifkin. C’est ce sens du merveilleux que l’ambition questionne, en même temps que le risque de l’enflure d’ego. Car l’ambition est devenue un tabou national faute de distinction entre les personnes qui ont marqué l’Histoire, souvent de façon sanglante, et celles qui ont agrandi nos limites et nos horizons.
L’ambivalence de l’ambition provient d’un manque de théorisation à son égard. Elle se décompose dans la pratique en plusieurs styles, qu’aucune théorie n’a jusqu’alors distingués clairement. C’est, pêle-mêle, Christophe Colomb faisant basculer le centre de gravité du monde, Galilée renversant les dogmes établis, Charles Quint rêvant d’une monarchie universelle ou Bruce Lee voulant conquérir Hollywood ; Abraham Lincoln mettant fin à l’esclavage, Giuseppe Garibaldi ferraillant pour faire triompher la république, Marco Polo voyageant de Venise à Pékin, ou Diana Nyad bouclant la traversée à la nage entre Cuba et la Floride à 64 ans ; Louis Pasteur améliorant la médecine et l’agriculture, Catherine II propulsant la Russie dans le concert des nations européennes, la reine Victoria dotant le Royaume-Uni d’un empire colonial qui rassemble le quart de la population du globe, ou le judoka Teddy Riner remportant six titres mondiaux et rêvant d’invincibilité. L’ambition : une confiture d’histoire « sportive », avec des morceaux de bravoure dedans. Comment un concept si essentiellement lié à la survie de notre espèce peut-il prêter à tant de confusion ?
Le mot latin ambitio naît dans la politique romaine, et décrit littéralement les allées et venues des candidats qui briguent les suffrages de leurs concitoyens. Au fil des siècles, il finit par désigner le besoin impérieux de réussir socialement. Par ses castes, ses barrières et ses rangs, la société aristocratique parvenait à tenir en respect les frustrations, les rivalités destructrices et l’envie. Mais en quittant le modèle de la « société de cour » pour entrer dans la logique démocratique, où le mérite supplante en droit la naissance, l’ambition elle-même fut appelée à se démocratiser, et les peuples libres useront tout le XIXe siècle à essayer d’en vouloir davantage, dans un branle-bas de combat général, une foire aux egos opposant le mérite des vainqueurs à la honte des vaincus. Les États-Unis ne sont pas en reste, bien qu’ils se vantent de pratiquer l’ambition comme un art de vivre (leur image de marque). Les ghettoïsations urbaines et mentales, l’aggravation des inégalités sociales et l’abrutissement programmé ont tôt fait de reconstruire des murs qu’aucun ambitieux pauvre ne peut franchir, si ce n’est quelques sportifs de haut vol -tels Kevin Johnson ou David Bing avec le basket-ball, par exemple, devenant respectivement les maires de Sacramento et de Detroit en 2008 et 2009. « Être démocrate, ce serait agir en reconnaissant que nous ne vivons jamais dans une société assez démocratique« , dit simplement Jacques Derrida. « L’historicité, la perfectibilité infinie, le lien originaire à une promesse font de toute démocratie une chose à-venir« . L’ambition n’est-elle pas ce qui prolonge et approfondit la démocratie, et, comme une tige d’acier dans ce mot vide, la fait tenir debout?
Nous devons contempler notre tabou en face, sans peur d’être aveuglés, châtiés, excommuniés. Le sortir du cercle de la négativité (peur, névrose, destruction, folie) pour peut-être découvrir les potentialités insoupçonnées qu’il recèle. Car il est probable qu’au-delà des Warren Buffet, des sœurs Williams, des Cédric Villani, des Nelson Mandela ou des Justin Bieber, des millions d’affamés, moins présents, plus fragiles, attendent notre verdict pour savoir si c’est bon.*.huffingtonpost.fr-15.09.2013
Vincent Cespedes, philosophe
Prochain essai : L’Ambition, ou l’épopée de soi« , Éd. Fammarion, sortie le 2 octobre 2013.
C’est l’anarchie !
La ville d’Oran vit ces derniers jours au rythme d’une anarchie totale. Cette situation s’est aggravée à la faveur des journées du mois de Ramadhan. La paresse et l’oisiveté ont, contre toute attente, eu gain de cause de tous ses responsables. Les squatters de tout bord envahissent ses trottoirs qu’ils exploitent illégalement tout en tirant d’importants dividendes pendant que les responsables communaux persistent dans leur léthargie. C’est le cas de ces dizaines de surfaces destinées au stationnement détournées au su et au vu de tout le monde. Les chauffeurs n’ont pas dans la plupart des cas, d’autre choix que celui de casquer les 20 DA exigés, ou ils verront, sur le champ, les vitres de leurs voitures voler en éclats. D’aucuns ne peuvent ignorer cette triste réalité, les trottoirs de la ville d’Oran sont, dans leur totalité, squattés par plusieurs dizaines de jeunes, tous armés de gourdins avec lesquels ils imposent leur diktat un peu partout dans les coins et trottoirs de la ville. Le squat des aires de stationnement n’est pas un sujet nouveau.
L’alarme est tirée
La commission des transports de la précédente Assemblée communale qui a tiré l’alarme dans son rapport, a recensé pas moins de 200 espaces qui sont illégalement exploités. Aucune suite heureuse n’a été donnée à ce jour, hormis des paroles en l’air. Le ministère de l’Intérieur, par le biais de la wilaya d’Oran, semble vouloir passer ces derniers jours à la vitesse de croisière dans le traitement de la sempiternelle et insoluble problématique du squat récurrent des parkings de stationnement. Plusieurs mesures ont été prises dans le seul but de récupérer les trottoirs pour les rentabiliser, tandis que leur application est, contre toute attente, tributaire de l’humeur des responsables locaux! Dans l’une de ces dernières, la wilaya d’Oran a mis en place une commission qui a pour mission l’étude de la question tout en recommandant des moyens, pour récupérer à bon escient, les espaces squattés par des dizaines, voire des centaines de jeunes. Les responsables des 26 communes composant la wilaya d’Oran sont tous concernés par cette opération à laquelle nous voulons une fin définitive. Rien n’a été fait à ce jour hormis les annonces de consommation locale en faisant croire que la collectivité locale prend sérieusement les choses en main. Dans leur dernière mesure, les responsables locaux ont misé tant sur des solutions à la fois rationnelles et durables, la finalité recherchée étant d’arracher les espaces illégalement exploités aux fins de les attribuer aux jeunes demandeurs d’emploi. Ces derniers, sont eux aussi, appelés à jouer pleinement leur rôle en s’acquittant des frais d’exploitation des parkings. Ceci dit, les municipalités devront passer des contrats d’exploitation avec ces jeunes qui se pavanant, gourdins en main dans les rues d’Oran. La décision a été prise et ordonnée par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, afin d’inciter les communes à se prendre en charge en dénichant toutes les sources génératrices des ressources financières non négligeables. Comme premier pas, l’APC d’Oran a pris l’initiative de sensibiliser les personnes concernées, les squatters. Des 200 squatters, seulement une centaine de personnes ont manifesté leur volonté quant à se conformer à la loi. Leurs dossiers ont été transférés vers les services sécuritaires pour étude. En attendant des suites, la problématique des parkings et des aires de stationnement est restée en l’état. Les automobilistes obtempèrent sans dire un mot lorsque le jeune, se prononçant maître indétrônable du trottoir, se présente devant le chauffeur en vue d’encaisser les droits de stationnement. Le moindre refus est synonyme d’une grande dispute suivie des conséquences souvent irrémédiables dont de sévères coups de gourdin assénés sur la tête du chauffeur et autres dommages occasionnés au véhicule.
Du mal au… pire!
Un autre phénomène revient en force pendant chaque Ramadhan de chaque année. Il s’agit de l’occupation illégale, par les gérants des cafés et des salons de thé, des espaces réservés aux piétons en étalant leurs tables et chaises dans les trottoirs. Ce n’est pas tout. Se balader dans le centre-ville d’Oran ne constitue plus une mission aisée, aussi bien pour les automobilistes que pour les piétons, la plupart de ses artères, principales et secondaires sont bouchées peu après la rupture du jeûne par un déferlement humain ressemblant à un raz-de-marée humain. La rue Larbi Ben M’hidi n’est plus fermée à la circulation automobile ces dernières années comme ce fut dans le bon vieux temps. Idem pour la rue Khemisti qui connaît un monde fou aussitôt la hrira du ftour avalée. Le balcon du Front de mer n’est pas en reste, il est sérieusement menacé, étant donné que la route le longeant est empruntée du matin jusqu’à une heure tardive du soir par plusieurs milliers de voitures de poids légers et plusieurs dizaines de bus de la ligne 11. Or, dans une décision, prise tout récemment pas la wilaya, il est stipulé que les poids lourds sont interdits d’accès dans le centre-ville. La somptueuse place d’Armes, qui a été totalement retapée à neuf dans le sillage de la réalisation du tramway d’Oran, a été longuement fermée par les pouvoirs locaux. Les riverains, les habitants de la rue Philipe, ceux de la rue des Jardins et ceux du quartier populaire de Derb, n’ont trouvé rien de mieux à faire que de défoncer les clôtures la bordant pour l’ouvrir au grand public et la transformer, en un laps de temps très court, en un véritable dépotoir à ciel ouvert jonché par toute sorte de déchets. Cela s’est passé devant les regards défaillants des responsables locaux, à leur tête l’APC d’Oran, devant interdire tout accès à l’intérieur de la place avant son ouverture officielle. D’autant plus que la direction des transports, maître d’oeuvre du tramway d’Oran, aurait émis plusieurs réserves sur certains travaux devant ponctuer sa restauration et son aménagement intérieur.*Par Wahib AïT OUAKLI -L’Expression- Lundi 22 Juillet 2013
L’impossible débat général à l’APN sur la corruption
Une Assemblée verrouillée !
Depuis l’ouverture du champ politique, le gouvernement a rarement répondu aux interpellations des députés concernant, plus particulièrement, l’ouverture d’un débat général sur les questions «sensibles» ou «gênantes».
Des propositions ont été, pourtant, formulées par des députés de «l’opposition» pour l’ouverture d’un débat général autour de la corruption, sur la situation politique et sociale, sur la problématique de la privatisation… Mais aucune de ces propositions n’a abouti en raison du refus des partis de la majorité d’adhérer à la démarche ou celui du bureau de l’Assemblée de cautionner cette initiative. Ce fut le cas pour le RCD qui, en 2010, s’est vu refuser toutes les demandes qu’il a introduites auprès du bureau de l’Assemblée pour l’ouverture d’un débat, ou alors celle du PT qui a connu le même sort. Lundi dernier, Lakhdar Benkhalef, issu du Front pour la justice et le développement (FJD), a adressé au président de l’APN une lettre signée par 65 députés de différentes obédiences revendiquant l’ouverture d’un débat général sur le phénomène de la corruption qui gangrène l’Algérie. Cette initiative est motivée par les scandales qui ont éclaboussé ces derniers mois de nombreux départements ministériels, dont ceux de l’Energie et Sonelgaz.
Même si l’auteur de la proposition ne se fait pas trop d’illusions sur l’issue de son initiative, il affirme qu’il a tenu tout de même à «prendre ses responsabilités» par respect aux électeurs. «Nous sommes persuadés que le bureau de l’Assemblée ne répondra pas favorablement à ma requête, mais je tiens à assumer mon rôle de député et à l’APN d’assumer les conséquences de ses actes», note l’auteur de la proposition. Le député fera remarquer que cette initiative est personnelle et s’est réjoui de voir que des députés de plusieurs formations politiques, notamment FFS, FLN, MPA, TAJ, ont approuvé son idée. «Tous les députés que j’ai sollicités ont donné leur accord, mon but était de recueillir 30 signatures pour pouvoir enregistrer ma demande auprès du bureau de l’APN ; j’ai pu recueillir plus de 56 signatures, ce qui implique que les députés sont sensibles à cette question», indique M. Benkhalef qui précise qu’il s’agit là d’une proposition individuelle. Si ce député a gagné la bataille des signatures, il est improbable d’en dire autant concernant la concrétisation de sa doléance.
Absence de volonté politique
L’on s’interroge alors pourquoi l’Assemblée craint-elle l’ouverture d’un débat général ? Selon M. Taâzibt du PT, qui qualifie de louable et respectable la proposition du député, le règlement intérieur de l’APN a omis volontairement de prévoir une disposition permettant l’ouverture d’un débat général, alors que la Constitution donne les prérogatives à ce genre d’initiative. «Ceux qui ont rédigé le règlement intérieur de la Chambre basse du Parlement ont fait l’impasse sur les modalités pratiques qui donnent cette possibilité aux députés d’exiger l’ouverture d’un débat sur les questions brûlantes», explique M. Taâzibt qui observe que son parti a été victime de ce procédé. Pour lui, il n’y a pas de volonté politique pour opérer une ouverture. Un avis partagé par beaucoup de députés. D’aucuns estiment que l’APN obéit à la directive de l’Exécutif et attend le feu vert du gouvernement avant de statuer sur une quelconque proposition.
Rappelons que la demande du député Benkhalef s’est faite à la suite de la réponse non convaincante du ministre de l’Energie et des Mines à une question portant sur la lutte contre la corruption. «Le ministre a parlé de généralités sans aborder les mesures prises par le ministère à l’encontre des personnes soupçonnées de corruption afin qu’elles n’influent pas sur le cours des enquêtes et échappent aux sanctions», peut-on lire dans la lettre approuvée par 65 signataires. Les personnes auxquelles les députés font ici allusion sont particulièrement celles impliquées dans des contrats entre compagnies nationales et étrangères obtenus grâce à des pots-de-vin.
Il faut savoir qu’une telle demande avait déjà été formulée en 2010 par le RCD, à l’époque du premier scandale de Sonatrach. Le parti avait interpellé Ahmed Ouyahia, Premier ministre alors. Néanmoins, cette requête d’un débat général sur la corruption n’avait pas été massivement soutenue par les autres partis politiques et le gouvernement n’y avait pas donné suite. Dans son questionnement, le RCD avait expliqué qu’il est du droit et du devoir de la représentation parlementaire algérienne de demander à entendre les responsables des départements touchés par ce fléau. Trois ans après, le Parlement, sous la présidence de Larbi Ould Khalifa, un homme qui se dit ouvert à toutes les propositions, osera-t-il défier le gouvernement ? *El Watan-27.06.2013.
**Oran-État civil : un véritable calvaire au quotidien
Des bourdes aux conséquences parfois graves, seraient dues à l’utilisation du disque dur externe au lieu du réseau intranet, dans le fonctionnement de ce système informatique.
Une virée au service de l’état civil donne envie de vomir
L’incapacité de certains employés porte des préjudices aux citoyens
Apport de moyens technologiques à l’état civil
Stupéfaction chez certaines victimes des erreurs de transcription
Des services d’état civil continuent à fonctionner avec les anciennes méthodes
*Mourad Belkaïd-MonJournal-04.05.2013.
**Gares routières: la honte à Oran
Saletés, odeurs nauséabondes et sanitaires dégueulasses
L’état fort déplorable des gares routières dans la wilaya d’Oran nécessite une intervention urgente de la part des autorités compétentes. Le décor hideux qu’elles offrent n’est franchement pas digne d’une ville de la taille d’Oran qui accueille chaque année, notamment en été, des millions de touristes.
Les gares routières à Oran sont devenues infréquentables et leur décor fait fuir le voyageur. Partout où l’on se déplace, d’El Hamri aux Castors, en passant par celle du 19 juin, le constat est le même. Ces espaces par où transitent des milliers de personnes par jour ne sont dotés d’aucune commodité. «C’est du mépris pour les voyageurs.
Les sanitaires sont dans un tel état dégueulasse qu’on ne peut pas y passer plus de quelques secondes, vu les odeurs nauséabondes et insupportables qui s’y dégagent.
Et pourtant, l’utilisation des sanitaires de la gare d’El Hamri pour ne citer que cette dernière, est tarifée à 10 Da», tempête un quadragénaire abordé sur place. A ce sujet un transporteur activant sur la ligne Oran-Mostaganem, nous dira: «Cette gare manque des commodités de base et ne répond pas aux critères requis.
Les transporteurs activant sur 12 lignes reliant Oran aux localités environnantes sont tenues de payer 150 dinars et ce, en guise de location d’espace à l’intérieur de la gare pour des prestations minimales indisponibles.
Outre l’absence d’aménagement, ces gares souffrent aussi de l’exiguïté de l’espace et souvent de nombreux transporteurs sont contraints de stationner à l’extérieur, sans parler des locaux commerciaux qui sont fermés à longueur d’année et d’autres vandalisés.
A ce propos, nous avons tenté de parler au responsable de la gestion de la gare, mais en vain, car ce dernier était absent. Au niveau de la gare des Castors relevant du secteur urbain El Makkari, la situation n’est pas plus réjouissante!
Des kiosques transformés en dépotoirs et en urinoirs à ciel ouvert. Un taxi desservant la ligne Oran-Alger nous dit: «Cette gare compte 200 taxis qui ne payent pas les droits de location de places imposés par la commune.
Concernant l’hygiène, il faut savoir que ce sont les chauffeurs de taxi qui ont engagé un agent de nettoiement qu’ils payent de leurs poches. La situation est déplorable et nécessite une intervention d’urgence, car il s’agit d’une grande gare qui connaît un trafic quotidien de près de 1.000 personnes.»
En hiver, la situation se complique davantage. Dès les premières averses hivernales, la boue s’empare des lieux. Difficile donc de se frayer un passage pour monter à bord d’un bus sans se faire maculer.
Qu’a-t-on fait pour mettre un terme à cette situation? Rien pour le moment. «Cela fait des années qu’on parle de ‘retaper’ à neuf les gares d’Oran, mais à ce jour, on n’a rien vu venir», lance un passager rencontré sur place.
Un représentant d’Oran chargé de la gestion de la gare des Castors et le recouvrement des droits de location de la place auxquels sont astreints les transporteurs, a affirmé que les 200 chauffeurs de taxi refusaient de payer les 150 Da, à la sortie de la gare.
D’autres ont recours à certaines pratiques pour ne pas s’acquitter de ces droits et embarquent les voyageurs à l’extérieur de la gare. Une source communale a affirmé que les gérants des gares sont des opérateurs privés et sont donc tenus d’assurer l’entretien de la gare ainsi que les prestations de service nécessaires et ce, en vertu du cahier des charges qu’ils ont signé.
Récemment, un rapport de la commission de l’APW chargée du suivi des grands projets de transport, a dénoncé les carences et le manque de gares routières aux normes internationales alors que la majorité des infrastructures existantes sont dans un état catastrophique: “Nous avons constaté une mauvaise gestion, des négligences graves et un manque flagrant d’équipements.
Tout est à l’abandon, tout est en panne”, mentionne noir sur blanc ce rapport. A ce titre, l’on croit savoir que la commission a fait son rapport sur les anomalies et les insuffisances relevées dans ce sens, mais aussi sur la gestion de ces stations par des opérateurs privés.
Il mérite de souligner que le secteur du transport dans la wilaya d’Oran, connaît de nombreux problèmes, entre autres, le vieillissement de son parc de transport collectif urbain et semi-urbain.
A noter que dans le cadre du plan quinquennal 2010- 2014, un projet de réalisation d’une grande gare moderne répondant aux exigences du transport dans la wilaya, notamment pour ce qui est du transport interwilaya et suburbain, y est inscrit.* La voix de l’Oranie-23.05.2013.
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La nation est mal servie !
Pas de règles! Pas de respect pour le peuple! Le chaos à tous les niveaux!
Quand l’Etat est incapable d’écouter les corps de métier qui produisent l’intelligence et le savoir, les enseignants ou les professeurs de médecine , quand l’Etat privilégie la force au dialogue, c’est qu’il y a maldonne quelque part, et disons-le: c’est la nation qui est ainsi mal servie.
La grève surprise et sauvage des pilotes d’Air Algérie – c’est-à-dire sans préavis préalable aggravée par une agression contre des confrères de la presse dont un de L’Expression – est venue, si cela se pouvait, ajouter à la confusion qui frappe les activités nationales. Si les pilotes avaient de justes raisons de recourir à l’arrêt du travail, il n’en reste pas moins qu’il existe des règles, sine qua non, qui doivent être respectées. Jeudi, ce sont des voyageurs qui ont été pris en otage dans plusieurs aéroports, d’autres bloqués à l’étranger. Mais pas que ça! Il y a aussi la grève qu’observent les personnels médical et paramédical des hôpitaux. Là, on signale que le service minimum qu’exige la loi n’est pas toujours respecté ou totalement ignoré dans certains hôpitaux. Ce qui, quelque part, disqualifie leur cause au regard de malades, eux aussi pris en otage dans les engrenages de deux déterminismes: celui des grévistes et des pouvoirs publics. Ces derniers, tout aussi obtus et carrés dans leur prise en charge des dossiers. Cela sans revenir sur la situation déliquescente des hôpitaux algériens, vétustes, sous-équipés, surpeuplés, ne disposant pas du personnel adéquat – sous-payé et souvent mal formé – et donc incapables de fournir les services de qualité et qualifiés attendus d’eux. Mais pas que ça. Il y a aussi, les enseignants! Cela fait même belle lurette que ces derniers battent le pavé des villes d’Algérie – au même titre d’ailleurs que leurs collègues de la santé – sans résultats palpables jusqu’ici. L’école est sinistrée. C’est un euphémisme que de le réitérer tant le niveau de l’enseignement en Algérie a reflué de façon dramatique ces dernières années. Beaucoup de paramètres entrent dans cette régression dommageable, que nous n’allons pas tous énumérer ici. Relevons toutefois les principaux d’entre eux: des salaires et des logements indignes d’un corps de métier censé former l’élite de demain – c’est également valable pour les professeurs en médecine qui forment les futurs cadres et spécialistes algériens – des conditions de travail précaires, une documentation absente et inaccessible – notamment pour les chercheurs universitaires – une progression professionnelle nulle…. D’autres corps de métiers sont déjà en grève ou menacent d’arrêter le travail. Le fait est là: dans cette situation particulière, le citoyen lambda est touché de plein fouet par des grèves répétitives, perlées, sauvages, légales ou autres qui agissent sur sa propre compréhension du pourquoi de ces arrêts de travail. Il n’y a qu’à visiter les hôpitaux ou les écoles un jour de grève. Cela est la face de la médaille. Quid de son revers? Le fait évident est que les grèves paralysent des secteurs-clés de l’activité sociale du pays. C’est entendu! Il serait cependant trop facile de faire endosser aux seuls grévistes les retombées – souvent négatives – de ces revendications salariales et professionnelles. Aussi, le moindre des effets aurait dû amener les tutelles à faire l’effort d’écoute des demandes des enseignants, des pratiquants de la santé… postes combien stratégiques les uns que les autres. Or, les ministères en charge de ces secteurs (éducation, santé, transports, commerce, notamment) s’enferment dans un formalisme hors de saison, refusant invariablement le dialogue qui ne soit pas à leur mesure. Cette absence de véritable discussion butte donc sur la lecture réductrice que les pouvoirs publics font, ou se font, de la légalité et du droit de grève, justifiant à peu de frais leur désintérêt de situations qui perdurent depuis de nombreuses années. Cette attitude velléitaire, voire négative des autorités, n’est pas le signe d’un Etat fort capable d’affronter les turbulences induites par une société en continuel mouvement aspirant au mieux-être social et entend défendre ses droits dans le cadre de la loi et de la concertation. Il y a là, de la part des ministres en charge des secteurs concernés, un concept erroné de la gouvernance et de l’Etat. Un Etat fort et sûr de lui ne réprime pas, en tout état de cause, ne réprime pas des corps de métier qui produisent l’intelligence et le savoir, qui préservent la santé des citoyens. Les enseignants et professeurs de médecine ne sont pas des voyous et la moindre des responsabilités des autorités leur commandait, à tout le moins, d’être attentives à leurs doléances. Aussi, quand l’Etat est incapable d’écouter, lorsqu’il privilégie la force au dialogue, c’est que quelque part, il y a maldonne et disons-le: c’est la nation qui est ainsi mal servie.*L’Expression-21.05.2013.
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*Corruption, chômage et Kidnapping
Les trois « maux » qui rongent le pays
Véritable défi à l’Etat de droit, la corruption, sport national par excellence, ronge tous les espaces sociaux.
Paradoxalement, l’embellie financière que connaît le pays a charrié un lot de phénomènes pour le moins inquiétants.
Kidnapping, chômage et corruption sont devenus un «triptyque» sur lequel est rythmée la vie nationale.
Véritable défi à l’Etat de droit, la corruption, sport national par excellence, ronge tous les espaces sociaux, institutionnels. Elle n’épargne aucune frange de la société. Le passe-droit, le petit bakchich sont en passe de devenir la norme de fonctionnement de toutes les institutions et administrations, tous secteurs confondus.
Le scandale Sonatrach à travers ses épisodes continus, le kidnapping qui cible les hommes fortunés, le rapt d’enfants, le chômage dans toute sa cruauté, dans tous les coins de l’Algérie… autant de «maux» qui se bousculent pour arracher un «bel» emplacement sur les «une» des journaux.
Voilà ce qui est servi au peuple. Les caisses de l’Etat débordent. Plus dans les poches des corrompus et voleurs de la République. Mais vraisemblablement pas assez pour réduire le phénomène du chômage, favoriser la création d’emplois. Cela ne semble pas être l’objectif de l’heure. Le pays recèle des richesses à travers ses enfants créateurs et entrepreneurs… cibles des kidnappings et d’actes crapuleux. Manifestement, le pays est dans un contexte délétère. Les affaires de corruption de Sonatrach, viennent amplifier la colère et la mobilisation des jeunes du Sud qui demandent, manifestent pour le travail et la justice sociale. Dans les quartiers populaires, dans les villages, un peu partout dans nos villes et même dans notre désert, les Algériens, femmes, hommes et enfants, jeunes, ou vieux, en millions se sentent salis et trahis par la honte dans laquelle nous ont conduits ceux qui étaient censés défendre l’Algérie! Alors que les milliers de chômeurs manifestent sur les sables du désert, alors que juste avant de mourir des milliers de cancéreux ne parviennent pas à avoir un rendez-vous dans des centre anti-cancer faute de places, alors que des millions de travailleurs croulent sous la misère et la vie chère, alors que des enfants se font kidnapper, violer et tuer, alors que…en face des corrompus, des voleurs, des kidnappeurs tracent les limites de millions d’avenirs et d’espoirs. Les Algériens sont simplement en colère. L’on se rend compte alors d’un tel chaos, quand on retient ce que scandent les chômeurs du Sud: «Le Sahara pourri par des corrompus, juste pour quelques dollars.» Entre- temps, loin de ces mêmes dollars, quelque part dans certains douars, des Algériens se font kidnapper et délester. Avant, sur ce chapitre, les regards étaient presque détournés. Cela relevait du spécifique, compte tenu que le phénomène concernait une seule région: la Kabylie. Surtout une seule catégorie: les riches. Après que plus de 70 enlèvements aient été enregistrés dans la wilaya de Tizi Ouzou ces dernières années, le phénomène a pris une autre dimension.
D’abord, s’il s’est généralisé petit à petit sur l’ensemble du territoire national. Ensuite, il frappe sans distinction aucune. Le phénomène des enlèvements cible les jeunes filles et a pris de l’ampleur. Pis encore, durant l’année précédente, 300 enfants ont été enlevés sur tout le territoire national. Pour les années 2010, 2011, une moyenne de 200 cas de kidnappings d’enfants par an a été enregistrée.
Entre les années 2001 à 2009, environ 856 enlèvements d’enfants ont été enregistrés.
La plus grande affaire criminelle qu’a eu à traiter la justice en Kabylie, celle de l’assassinat de l’entrepreneur Hand Slimana, revient cette semaine. Le présumé fournisseur d’armes au plus dangereux gang qu’a connu l’Algérie, sera jugé le 10 avril prochain au tribunal criminel de Tizi Ouzou. Il s’agit d’Antikane Mansouri, condamné par contumace à 20 ans de prison. Les années de violences et de terrorisme ne sont pas sans séquelles. La société a hérité des plus traumatiques. Le kidnapping est, du point de vue psychosocial, un prolongement de cette même violence. La Kabylie est sans doute la région qui a connu le plus de kidnappings. À l’insécurité installée par les groupes terroristes se sont «greffées» ces pratiques de grand banditisme, quand elles ne connaissent pas des prologues crapuleux.
Il faut dire que la mémoire collective retient les tristes épisodes qui ont défié la chronique, des enlèvements qui ont ciblé des personnalités et autres acteurs du monde économique, patrons, ou membre de leurs familles… à l’Etat de réagir de manière ferme! **L’Expression-04.04.2013.
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* Le front social est en perpétuelle ébullition
Ça déborde de partout !
grèves en cascades, rassemblements, marches, échauffourées.
Faute de prévision et de prospective, le gouvernement se voit contraint d’intervenir en pompier pour tenter d’éteindre la moindre flamme de protestation.
Les travailleurs des communes d’Alger, de l’éducation, des finances, de la santé, les cheminots et les boulangers… Toutes ces corporations ont observé, ces derniers jours, des grèves ou menacent de passer à l’action, le tout ponctué par des manifestations. Sur le front social, la tension ne cesse de monter. Ainsi, des milliers de manifestants ont envahi, lundi, la place de la Résistance à Laghouat pour demander des emplois. Apres celle organisée à Ouargla, les manifestations s’étendent à toutes les wilayas. D’autres rassemblements sont ainsi prévus à El Oued et à Tamanrasset.
Les affrontements ayant opposé mardi dernier les services de sécurité à des jeunes chômeurs à Ghardaïa, risqueraient de générer une situation explosive, si la négociation prend le pas sur la répression.
Sur un autre chapitre, le front social est en perpétuelle ébullition. Les communaux haussent le ton et demandent «l’augmentation des salaires des travailleurs des communes», revendiquant comme seuil minimum un salaire de 40.000 DA et «la permanisation de tous les travailleurs contractuels dans leurs postes avec effet rétroactif à partir de 2008». Elles portent également sur «la promulgation de la loi portant modalités d’indemnisation de l’exercice de la délégation de signature et des préposés aux guichet de l’état civil ainsi que la révision du statut des travailleurs des communes». De leur côté, les boulangers accordent un délai de 20 jours au ministère de tutelle pour engager avec eux des négociations sérieuses quant à leurs revendications. Ils menacent de déclencher une grève nationale de trois jours. Les boulangers exigent une révision du prix de la baguette de pain pour qu’elle passe à 11,90 DA. En fait, plusieurs corps de métiers, à défaut d’interlocuteurs étatiques crédibles, menacent ou sont passés à l’action, notamment par l’organisation de grèves et de manifestations publiques.
Comment expliquer le fait que la protesta n’épargne aucun secteur? Il est particulièrement symptomatique d’une certaine déliquescence au vu de la généralisation de la protestation à tous les niveaux. Souvent, faute de prévision et de prospective, le gouvernement se voit contraint d’intervenir en pompier pour tenter d’éteindre la moindre flamme de protestation afin d’éviter qu’elle se propage, mais il semble qu’il y a tellement de flammes partout sur le territoire national que cela risque de devenir inopérationnel – Aux chômeurs qui demandent du travail, aux travailleurs qui demandent des augmentations salariales, aux agriculteurs qui demandent l’effacement de leurs dettes, aux syndicalistes qui réclament le départ de leurs staffs directeurs, les autorités n’ont pas toujours le réflexe qui rassure et/ou la réponse idoine qui convient, ou prenant des demi-mesures inadéquates qui ne convainquent personne.
On est dans une véritable surenchère. Le fait est que les autorités publiques ne considèrent pas les acteurs sociaux comme des partenaires. Peu respectés pour s’inscrire dans une dynamique de co-construction de solutions, la défiance légitime de ces derniers à l’égard des pouvoirs publics entretient le conflit. Au mépris de l’un, la surenchère de l’autre!
Les choses s’aggravent davantage lorsque l’on fait des concessions aux uns tout en refusant de discuter avec les autres. Des erreurs de stratégie qui peuvent coûter cher. Or, la gestion du mécontentement populaire demande du doigté et de la compréhension, seules méthodes à même d’éviter les explosions sociales, ou l’instrumentalisation des colères des travailleurs. Colères en fait justifiées quand des secteurs vitaux de développement national sont marginalisés ou pas pris en charge à hauteur des intérêts de la nation. Aussi, le gouvernement doit se rendre à l’évidence que comme la nature a horreur du vide, il est plus que jamais temps d’ouvrir le dialogue avec les protestataires- même ceux que d’aucuns taxeraient de séparatistes- pour couper l’herbe sous les pieds de tous les aventuriers de tous bords tentés par la déstabilisation du pays.*L’Expression-28.03.2013.
***Le fruit pourri des erreurs de ceux qui gèrent le pays
La médiocrité érigée en valeur
(…) La démocratie ne peut pas être sélective lorsqu’il s’agit de donner aux citoyens leurs droits. Nul n’a le droit de dénier aux autres ce qu’il revendique lui-même. Lorsqu’on a envie d’avoir le droit de se porter candidat aux présidentielles de son pays, il faut avoir le courage et l’humilité de reconnaître ce droit aux autres, sans les insulter, sans les dénigrer, sans les accuser de quoi que ce soit.
Nul n’est plus patriote que les autres. Quant à la tutelle du peuple, à vrai dire, tous ont parlé au nom de ce peuple et tous continuent de le faire. Même ceux qui lui ont causé le plus de torts.
Vouloir jouer au gardien de la République est une bonne chose. C’en est même une excellente tant que cela ne consiste pas à vouloir garder seulement une certaine République, ou à défendre uniquement une certaine idée de la République.
Que se passe-t-il donc dans notre pays pour que, d’un coup, tout semble s’arrêter et plus rien ne semble aller? Qu’y a-t-il dans notre pays de nouveau qui a fait que certains sortent ostensiblement de leur rôle de chefs de parti pour se glisser dans celle de leader de l’accusation publique? La question qui se pose aujourd’hui est simple, claire et tout à fait normale: de quoi certains noms sont-ils les noms?
On n’a pas besoin de lunettes pour voir, que ce qui se passe ces jours-ci en Algérie n’est ni bon ni de bon augure. Ces protestations qui, tel un feu de paille, se propagent à travers le territoire national sont, si besoin est, un symptôme du mal-être qui habite l’Algérien depuis longtemps. Les chômeurs et les jeunes de Ouargla ont ouvert le triste bal, suivis de peu par ceux de Laghouat, de Ghardaïa, en attendant les autres wilayas du Sud…
Les employés des APC ne sont pas en reste alors que les employés du secteur des finances leur emboîtent le pas. Comme pour rendre les choses plus difficiles encore, les boulangers menacent de ne plus mettre la main à la pâte…c’est vraiment le cas de le dire! Ces revendications, toutes celles qui les ont précédées et toutes celles qui les suivront indiscutablement, devaient arriver un jour ou l’autre. Et elles sont arrivées!
Elles sont arrivées parce qu’erreurs il y a eu dans la gestion du pays. La tête enfoncée dans la douceur de l’inconscience, beaucoup de nos responsables ne savaient même pas qu’ils menaient le pays vers la situation qui est sienne aujourd’hui.
Le fruit pourri des erreurs…La médiocrité érigée en valeur
Un pays qui a toujours été miné par leur incapacité, ruiné par leur incompétence et détruit par leur inaptitude. Conduisant au jour le jour les affaires du citoyen, lorsqu’ils le font, bien sûr, ils n’ont jamais pensé qu’il puisse exister d’autres manières de faire les choses, comme la planification et la stratégie par exemple. Ces manifestations de colère qui secouent le pays, à un moment où nous aurions tant aimé nous en passer, ne sortent pas du néant. Elles proviennent des mauvais choix des hommes et de l’obligatoire mauvaise conduite des affaires du citoyen qui en découle.
La médiocrité érigée en valeur et l’arrogance en principe, tels ont été les piliers essentiels sur lesquels a reposé la gestion du pays depuis des dizaines d’années. Il ne sert à rien de vouloir aujourd’hui chercher ailleurs les coupables, ils sont tout désignés par leur oeuvre. Nous récoltons le fruit pourri des erreurs cumulées dans la gestion du pays!
Depuis le début des années 1980, le sérieux a été échangé contre ce qu’il faut appeler un «dervichisme économique» sans précédent. Qui a oublié le fameux slogan «Pour une vie meilleure» au nom duquel on s’était mis à troquer, de manière minable, les ressources longtemps accumulées en vue du développement du pays contre quelques vulgaires caisses de bananes et d’ananas que ramenaient les Cofel d’alors? Qui a oublié ce célèbre «Pour un avenir meilleur» qui nous a fait verser des milliards, sans utilité aucune, dans les mauvais trottoirs et dans des conteneurs qui commençaient à faire vivre les économies d’ailleurs, ce qui a fini par détruire des entreprises comme, surtout, la Sonacat et l’Eniem avant de saper tous les efforts jusque-là consentis pour le développement du pays? Qui a oublié?
Au pays, nous avons perdu toutes les valeurs à commencer par la valeur travail. Nous avons échangé l’espoir des jeunes contre des ambitions poussiéreuses, déplacées et souvent illégitimes. Nos repères plusieurs fois millénaires ont été déracinés, nos convictions ancestrales ébranlées. Nous n’envoyons nos enfants à l’école que pour ne pas les laisser à l’étroit. Nous ne construisons des universités que pour les inscrire dans nos réalisations, nous n’organisons des festivals que pour consommer des budgets faramineux. Nous n’établissons des lois de finances que pour les faire suivre de lois complémentaires.
De budget complémentaire en budget complémentaire, nous avons fini par nous convaincre nous-mêmes que nous avons découvert la triste règle de l’exception. Et depuis, nous vivons avec!
Si, aujourd’hui, des enfants, des chômeurs, des pères de famille, des jeunes diplômés sans travail, des familles en détresse expriment leur ras-le-bol, ce n’est pas faute d’avoir attendu. Il faut se mettre au travail et cesser de tout expliquer par la main étrangère ou les Benbitour et les qui sais-je encore.
Lorsqu’on se prend soi-même pour modèle…
Il est temps aussi de cesser de vouloir tout justifier car ce qu’il est demandé à un responsable ce n’est pas d’arriver à expliquer un mauvais rendement, une mauvaise gestion ou une insuffisance quelconque dans son secteur. Ce qui lui est demandé, c’est plutôt d’avoir assez de capacités d’abord, de cran et de courage ensuite, pour remédier à cette insuffisance ou tout autre.
Tout récemment, une journaliste qui posait une question à un ministre s’est vu répondre que «c’est là un travail humain et tout travail humain est imparfait!» (sic!). Tel ne doit surtout pas être notre raisonnement, Monsieur le ministre, car reconnaître que tout travail humain est imparfait doit servir à toujours chercher à le perfectionner pour en corriger les imperfections et non à justifier notre incapacité à mieux faire et condamner le pays à se contenter de ce que notre incapacité impose. Il n’y a pas de honte à reconnaître que nous faisons mal les choses, mais il y a beaucoup de mal à vouloir faire croire aux autres que nous faisons de notre mieux lorsque ce n’est pas vrai. Beaucoup de nos responsables ont la mauvaise manie de se croire mieux que le reste du monde.
Il est temps que cessent ces replâtrages
Or, lorsqu’on se prend soi-même pour modèle, on n’avance jamais.
Le ver est dans la pomme. Il est tout nu. Inutile de vouloir le cacher. L’erreur est celle de ceux qui ont mené nos affaires. Il est temps de regarder autrement l’Algérien et l’Algérie. Ceci ne signifie nullement qu’il faut se réveiller, déclarer reconnaître que ceux qui ont manifesté ont raison et puis se rendormir… les temps sont graves et les changements sont impératifs. Mais pour changer, il est nécessaire d’abord de changer notre manière de résoudre nos problèmes.
Le problème que le jeune Algérien, que le chômeur du Sud et du Nord, que les pauvres et les nécessiteux de tout coin de notre pays soulèvent, demande pour sa résolution, une réflexion sérieuse, rigoureuse. Il est temps que cessent ces replâtrages d’au jour le jour, sans planification, sans prévision des conséquences et sans aucune réflexion. Il est temps de laisser faire les spécialistes et de comprendre, une fois pour toutes, qu’il n’est pas demandé aux politiques de résoudre les problèmes économiques et sociaux du pays. Il y a des gens qui ont étudié pour cela et qui ont les compétences nécessaires pour le faire.
Un ministre, cela ne peut ni ne doit être un encyclopédiste, un omnipotent ou un homme à tout faire, et on ne lui demande pas d’être un surhomme, d’être un architecte doublé d’un médecin, d’être un génie en informatique, un spécialiste de la communication, un super planificateur et un fin stratège… quiconque croit qu’un ministre doit être un superman en quelque sorte, se trompe énormément car un ministre cela sert à gérer un secteur en fonction de la politique de l’Etat qu’il représente. Pas plus! Or, gérer n’a jamais signifié pour autant que l’on sache, faire soi-même les choses. L’une des plus belles définitions de la gestion c’est justement de «savoir faire faire les choses!» et l’on ne trouvera nulle part dans ce monde ni dans aucun manuel que gérer signifie tout faire soi-même, car ceci est la négation même de la gestion.**L’Expression-31.03.3013.
**Trois incidents majeurs en l’espace de trois mois et des interrogations
La multiplication des incendies qui ciblent des institutions financières pousse à s’interroger sérieusement sur le pourquoi de ces incidents qui tombent aussi «opportunément à pic».
Trois incidents majeurs en lespace de trois mois: le cambriolage opéré dans la nuit du 24 au 25 juillet au niveau de l’Inspection générale des Douanes à d’Alger, l’incendie qui a ravagé, il y a dix jours, l’Hôtel des monnaies et la nouvelle «révélation» qui fait état de la destruction de pas moins de 1 232 dossiers d’investissements à l’Andi, au nouveau siège de cette agence. Des incidents qui touchent à la sphère financière et qui suscitent des interrogations, quant aux motivations de leurs auteurs. L’épisode de l’Andi, qui remonte au 31 mai dernier, n’a été rendu public que dimanche dernier par le quotidien arabophone An Nasr, qui cite le rapport d’une commission d’évaluation des dégâts et des pertes.
La même source indique que parmi les 1 232 dossiers, certains étaient enregistrés entre 2001 et 2006. Ces dossiers devaient donc être transférés au service des archives, selon la réglementation de l’Andi. Composé de cinq chapitres, le rapport a été remis au directeur général de l’Andi à la mi-juillet. Ce document évoque les dégâts causés aux bureaux du guichet unique, au magasin, au service de promotion des investissements, aux ordinateurs et au système informatique de l’agence. La commission a relevé des insuffisances dans le système de protection contre les incendies et autres catastrophes. Un autre point de similitude avec l’incendie de l’Hôtel des monnaies.
Le rapport note «implicitement» l’absence de toute opération de contrôle ou d’examen effectuée avant l’exploitation du nouveau siège. Le rapport assure ainsi que cet incendie incite à revoir les mesures de sécurité dans le siège. Or cet incident est loin d’être un fait du hasard. L’incendie s’était déclenché à l’Andi alors que des équipes de l’Inspection générale des finances (IGF) y enquêtaient depuis un mois. Cet élément démontre qu’il existe une volonté de compromettre les efforts de l’Inspection des impôts qui veut faire la lumière sur les dossiers d’investissements et des fonds estimés en milliards de dollars. Certes, l’Andi présente annuellement le bilan des investissements enregistrés sans pour autant donner plus de détails. Ces données restent au stade de déclaration. Sur le terrain, les projets d’investissements sont peu nombreux. Doté de tous les moyens pour attirer des capitaux étrangers, l’Andi n’arrive pas cependant à mener sa mission. Des dossiers d’investissement traînent depuis des années.
L’incendie qui a affecté l’Andi n’est pas le seul. Le dépôt des saisies des Douanes au niveau du port d’Alger a été la proie des flammes quelques semaines auparavant. Récemment, l’Hôtel des monnaies d’Alger a été incendié causant des dégâts matériels importants. Un important lot de billets de banque et de pièces a été incendié.
La multiplication des incendies qui ciblent des institutions financières pousse sérieusement à s’interroger sur le pourquoi d’incidents qui tombent aussi «opportunément à pic».
Le laisser-aller ambiant n’explique pas tout. D’autant plus que ces incidents interviennent au moment où il y a une volonté d’assainir les réseaux de corruption, de détournement des fonds et de blanchiment d’argent.
Ce qui renseigne aussi sur les circonstances dans lesquelles sont conclus des projets d’investissement, qui, dans la plupart des cas, ne répondent pas à des critères économiques et à un cahier des charges, susceptible de leur conférer une certaine transparence.
Ainsi, les incendies qui s’étaient déclarés à l’Hôtel des monnaies et au nouveau siège de l’Andi, sont-ils destinés à effacer des traces compromettantes? Une hypothèse à ne pas écarter. La vérité, toute la vérité s’impose sur ces incidents qui sont loin d’être des actes isolés. (L’Expression-04.09.2012.)
**Ces nombreux incendies suspects qui détruisent des documents et suscitent des interrogations
Comment expliquer la multiplication des incendies et la destruction de documents administratifs qui n’épargnent ni assemblées populaires communales (APC) ni cours de justice et encore moins les banques ? L’absence d’informatisation des systèmes de stockage de documents explique-t-elle à elle seule cette situation ?
L’incendie qui a ravagé récemment une salle appartenant à la cour d’Oran, détruisant une partie des documents, repose le problème du respect des normes de stockage de dossiers et autres archives.
Le procureur général près la cour d’Oran a beau «expliquer» les causes de l’incendie dû, selon lui, à un néon, la problématique reste intacte : comment des documents, archivés ou non, peuvent-ils être stockés de cette façon en l’absence de respect des normes en vigueur, c’est-à-dire sans l’installation de systèmes anti-incendie et anti-inondation par exemple ?
Ce sont des documents entreposés dans des cartons qui ont été montrés, même si le magistrat tente de minimiser les dégâts en disant que «les documents détruits sont contenus dans pas plus de 20 cartons» et que «ces documents concernent des affaires civiles ayant fait l’objet de décisions de justice définitives». Ces documents devraient-ils nécessairement être stockés dans des cartons ?
Auparavant, c’était la cour d’Alger qui avait été «visitée». Peu de temps avant, ce sont les archives de l’APC de Kouba, relevant du très sensible dossier de l’urbanisme, entreposées dans une salle de cinéma qui n’a pas rouvert ses portes depuis 20 ans, qui ont été ravagées par un incendie.
Avant cela, ce sont les archives de l’APC de Ben Aknoun qui ont été détruites par le feu.
Il y a quelques mois, un incendie a touché une partie du siège de la Banque d’Algérie, situé à la rue des Fusillés à Alger. Cet établissement, note-t-on, est chargé de l’impression des billets de banque, des passeports et des sceaux de l’Etat, rappelle-t-on. Les flammes ont, rappelle-t-on encore, détruit les laboratoires, les bureaux de l’administration et la matière première (papier) destinée à l’impression des billets de banque.
Auparavant, le cambriolage de l’Inspection générale des Douanes à d’Alger, l’incendie qui a ravagé l’Hôtel des monnaies et la nouvelle «révélation» qui fait état de la destruction de pas moins de 1 232 dossiers d’investissements à l’Andi, au nouveau siège de cette agence. Des incidents qui touchent à la sphère financière et qui suscitent des interrogations, quant aux motivations de leurs auteurs…Il y a anguille sous roche!
Ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d’autres qui rappellent la nécessité de l’informatisation et le respect des normes de stockage de documents, archives et autres.L’absence de systèmes d’informatisation et de systèmes anti-incendie et anti-inondation dans nombre de sièges d’institutions et collectivités locales et autres s’ajoute aux choix, souvent discutables et voulus par les instances responsables, des lieux de stockage de documents dont la destruction peut causer d’énormes préjudices aux citoyens.
A cette situation s’ajoute une autre, aussi pénalisante. Il s’agit de l’abandon, de plus en plus fréquent, de la part d’une partie de l’administration (wilayas, daïras…) de la remise d’accusés de réception aux citoyens déposant des dossiers administratifs. Les mêmes citoyens ne peuvent, de ce fait, prouver le dépôt de leurs dossiers si ceux-ci sont la proie des flammes dans ces incendies devenant de plus en plus fréquents.*Le Temps d’Algérie et plus-08.04.2013.
** Mohamed Lakhdar Maougal, universitaire:
« La crise résulte du système politique »
Auteur d’une dizaine d’ouvrages traitant de la problématique sociologique et politique en Algérie, Mohamed Lakhdar Maougal ne rêve que d’une chose: «que le citoyen algérien vive libre et indépendant de toutes les idéologies obscures et rétrogrades». Dans un entretien accordé à L’Expression il livre ses impressions sur la situation sociopolitique en Algérie, sur fond de révoltes arabes.
L’Expression: Contraire- ment à la classe politique qui ne se manifeste qu’à l’approche des élections, la société civile, les syndicats, ne cessent de revenir à la charge pour revendiquer leurs droits socioprofessionnels. Qu’en est-il de votre lecture de ces mouvements de protestation?
Lakhdar Maougal: Je ne sais pas si on peut caractériser ces mouvements d’expressions de la société civile. Je ne suis pas tellement chaud pour ce concept. Par contre, je pense qu’il y a une situation de crise grave dans notre pays. On peut déceler de cette situation au moins deux éléments saillants très importants. Il y a la révélation de la polarité et la richesse de l’Algérie qui est gangrenée par la corruption, et en face, une grande polarité de pauvreté, de dénuement où les gens commencent à prendre conscience. Il faut qu’on essaye de lier ces deux aspects, parce que la prise de conscience n’est pas liée à la prise de conscience politique par rapport aux institutions ni aux partis politiques. Elle est liée avant tout, aux révélations de la presse.
Ensuite au travail de la société politique qui est elle-même en lutte dans le sens où des fractions veulent donner naissance à d’autres fractions.
Celles qui sont les plus fragilisées aujourd’hui sont celles qui sont pourries par la corruption, car elles ont beaucoup profité du système qui, apparemment, commence à les lâcher et à les livrer en pâture. Ces mouvements de masses sont des mouvements de jeunes et c’est très important à souligner. Car, ce sont des jeunes désoeuvrés, des jeunes en âge de se marier et qui ne peuvent pas travailler, ce sont souvent des jeunes, victimes du système éducatif. C’est aujourd’hui qu’ils se révèlent dans ce système de producteurs, de chômeurs diplômés. Donc, ce sont des gens qui ont des compétences et qui ne leur ont servi à rien. Ces jeunes ne sont pas politisés, donc, ils peuvent faire l’objet de manipulations. C’est la démobilisation de la société, c’est un dépérissement de l’esprit civique et de l’esprit citoyen. Donc, pour moi, je ne peux que soutenir les jeunes et voir un signe de vitalité de la société pour quelque chose de prometteur. J’ai des doutes sur les objectifs et je m’interroge beaucoup sur les tenants et aboutissants. Je ne peux pas dire qu’ils sont manipulés par X ou Y. Il y a beaucoup de gens de la société politique qui se mettent en avant en essayant de tirer la couverture vers eux. De manière générale, je ne crois pas du tout que ce sont des actions de la société civile et je ne crois pas aussi, qu’il y a un lien direct entre la politique et la société civile.
Le phénomène de la corruption revient souvent dans l’actualité nationale, ces derniers mois. La corruption est-elle liée à la nature du système du régime?
La corruption en Algérie et comme partout dans le monde, n’est pas liée à la nature du régime, mais elle est dans le système.
C’est le système actuel qui fonctionne avec un certain nombre de données qui sont incompressibles à l’échelle mondiale.
On a trois données fondamentales. D’abord, le terrorisme alimente la guerre, la guerre alimente la corruption, et la corruption alimente le terrorisme. C’est un cercle infernal. Aujourd’hui, la corruption fait partie du fonctionnement à l’échelle mondiale. En Algérie, la corruption a pris des proportions folles. Elle est présente à toutes les échelles de la société. Elle n’est pas seulement dans les secteurs financier, économique et bancaire, mais à tous les niveaux, y compris dans les institutions qui gèrent le religieux. C’est un secret de polichinelle. Tout le monde sait qu’il y a un réseau semi-mafieux qui récupère l’argent des hadjis par les agences. Même dans le domaine du sacré, la corruption est présente. Dans le reste, il y a d’autres formes de corruption. Ce sont des formes attentatoires à la souveraineté nationale. Il y a eu une grande opération d’exposition culturelle et artistique de l’«Année de l’Algérie en France». Mais, après dix ans, il n’y a toujours pas de bilan. Il y a eu un clash énorme au sujet des mosaïques. Où en sommes-nous? Combien a coûté leur entretien et leur assurance? Ont-elles été restituées à l’Algérie? Je me pose des questions souvent et pourquoi? Nous sommes dans un Etat voyou. Je m’explique. Il ne s’agit pas d’une insulte. Mais, la notion de l’Etat voyou est un concept utilisé dans la science politique. L’inventeur, Antonio Negri, qui est un philosophe, politicien, et Chomski qui parlent d’Etats voyous. Les plus grands Etats voyous, sont les Etats-Unis et Israël qui ne respectent pas la législation internationale, ni les lois qu’ils ont mis eux-mêmes en avant, et c’est le cas de l’Etat algérien.
Justement, bon nombre d’observateurs et spécialistes remettent en cause le système éducatif national qui est à l’origine de la dégradation de la situation…
Le système éducatif algérien a commencé à dériver à partir du moment où on a remis en cause quelque chose de fondamental qui avait été construit à la fin de la période coloniale pour gérer les périodes de transition. Je me souviens qu’en 2001/2002, une des premières mesures prises par Bouteflika, d’ailleurs avec beaucoup de tapage, fut la réforme du système éducatif et j’étais membre de la Commission nationale. Mais dès que j’ai compris de quoi il s’agissait, je me suis retiré. Le deuxième projet, c’est la réforme de l’Etat. Aujourd’hui, il n’y a qu’à voir l’état dans lequel se trouve l’Etat pour comprendre la nature de cette réforme. Il ne faut pas sortir d’une grande académie de sciences politiques pour comprendre la chose. La France coloniale avait sa langue officielle, l’Algérie l’a communiée. Mais, suite à la pression des milieux patriotes anticolonialistes qui sont nombreux en France et les nationalistes algériens, elle a été obligée d’introduire des enseignements essentiellement en langue arabe. La langue arabe était devenue la deuxième langue des enseignements du temps de la colonisation en Algérie. Les gens l’oublient. Elle a créé donc des institutions. Ces institutions ont formé un certain nombre de générations composées de gens bilingues, comme le défunt Mustapha Lacheraf, entre autres. Cela a fait l’objet dès les premières années de l’indépendance d’une lutte atroce menée par des aventuriers. Je le dis bien, des aventuriers qui sont allés ramener des diplômes douteux et des formations bancales du Moyen-Orient qui sont venus en donneurs de leçons. Ils ont terrorisé les politiques de l’époque. Le système éducatif qui a été mis en place a été mis de côté et il a fallu attendre le sursaut du défunt président Houari Boumediene, en 1976, pour rappeler Mustapha Lacheraf en lui donnant la responsabilité du ministère de l’Education nationale. Parce que la politique de l’éducation a été tellement bousculée et fracturée que Boumediene s’est enfin décidé à la nomination de Mustapha Lacheraf qui a manqué de courage… En préférant un poste d’ambassadeur plutôt que d’affronter l’association de défense de la langue arabe. Et aujourd’hui, on paye le résultat du système éducatif national qui a été mis en place par ces aventuriers. Depuis, cela a continué.
Il y a un fer de lance de la déconsidération et de la déconfiture de notre enseignement. Cette association de défense de la langue arabe et la commission de la réforme de l’arabisation portent une lourde responsabilité dans la décomposition du système éducatif algérien. Ce n’est pas une affaire d’idéologie, parce qu’on a dit que l’école est sinistrée et l’école est infiltrée par les islamistes, mais il faut savoir que cela n’est que la conséquence de ce qui a été décidé. A partir du moment où le système éducatif est mis aux normes «fantasmatiquement», on a écarté tout ce qui se rattache à la culture universelle. Les valeurs fondamentales de l’éducation ne sont pas propres aux Algériens et à tous les systèmes d’enseignement dans le monde.
A une année de la présidentielle de 2014, le régime est-il en train de préparer son candidat comme d’habitude au lieu de laisser le peuple élire librement son président?
Je crois que la chose n’est pas près de changer. Parce qu’on ne fait pas ex-nihilo une culture politique. C’est le résultat d’une évolution. Le système est ainsi.
Autrefois, la crise de gouvernance était interne. Maintenant, il y a des facteurs exogènes qui interviennent dans la crise. Ces facteurs sont liés à des multinationales, aux intérêts des puissances étrangères qui réduisent considérablement la part de souveraineté nationale. Voila le drame dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.
La Constitution de 1996 est la première Constitution démocratique dans le pays. Respect de l’alternance, limitation des mandats.
A moins que la classe politique puisse renverser la tendance. C’est cela la question. Il nous reste une année, il peut y avoir des choses ce n’est pas perdu, sauf qu’il y’a toujours l’initiative prise d’en haut et on ne laisse pas l’initiative venir de la base.*L’Expression-04.04.2013.
**Le changement pacifique recherché ne peut venir de l’intérieur du système, selon Ahmed Benbitour
Le changement pacifique recherché ne peut venir de l’intérieur du système, ni des institutions officielles entièrement soumises au contrôle du pouvoir en place, ni de la société civile telle qu’elle a été organisée par le pouvoir», a déclaré, hier, l’ancien chef de gouvernement, économiste et candidat à la prochaine présidentielle, Ahmed Benbitour, lors d’une conférence animée au campus universitaire de Hasnaoua, à Tizi Ouzou.
Pour lui, le changement ne vient de l’intérieur du système que dans des situations tout à fait exceptionnelles, où une pression forte et croissante de la société, une alliance stratégique des forces du changement et un événement déclencheur sont réunis.
Le conférencier a estimé aussi que l’élection présidentielle de 2014 est un élément déclencheur pour amorcer un changement pacifique, car, a-t-il soutenu, la décennie 2010-2020 enregistrera la dérive de l’Etat algérien de sa situation actuelle de défaillance vers une nouvelle situation de déliquescence. «Un Etat déliquescent est un Etat chaotique, ingouvernable», a-t-il relevé. «Nous sommes dans un éveil politique mondial lié à la globalisation, surtout avec le développement des nouvelles technologies de la communication. Donc, l’Algérie ne pourra pas faire exception, car toute l’humanité active est consciente pour la première fois dans l’histoire», a-t-il fait remarquer.
Et d’ajouter : «Sans le changement de tout le système de gouvernement, notre pays peut aller vers une situation très grave. Donc, il faut une pression pacifique des populations et profiter de l’événement déclencheur pour exiger le changement.» Pour M. Benbitour, la refondation de l’Etat est urgente. Elle doit se faire, a-t-il expliqué, avec la restructuration de l’administration, de la justice et la modernisation de l’armée, tout en définissant une nouvelle doctrine de la défense. «Les tenants du pouvoir doivent partir avant que la situation n’explose», a-t-il insisté.
Evoquant les scandales de corruption gangrenant les institutions du pays, le conférencier a déclaré que «les dirigeants actuels ne peuvent plus bénéficier du paradis de l’exil. Il y avait l’hypothèse que les dirigeants peuvent quitter le pays en cas de tensions intenables et aller profiter des avoirs qu’ils ont frauduleusement placés à l’étranger. Ceci n’est plus possible, ni pour eux, ni pour leur famille, ni pour leurs collaborateurs proches. De même qu’ils ne peuvent plus bénéficier des soutiens bienveillants des puissances internationales». Il a également relevé l’urgence et la nécessité de construire les alliances stratégiques entre les différentes forces du changement, afin de prévenir la dérive et le chaos.
«L’autisme du pouvoir d’un côté et le mécontentement grandissant de la société de l’autre nourrissent la double violence de la rue et des autorités, qui font que la situation peut devenir insoutenable à tout moment. La nation est en danger et le pays est à la dérive», a-t-il affirmé. Par ailleurs, évoquant la révision de la Constitution, M. Benbitour a souligné que «le changement de la Constitution ne doit être que l’émanation d’un choix de la société, car il s’agit d’une question fondamentale pour l’avenir du pays». *El Watan-08.05.2013.
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*Manque de liquidités, bousculades, pannes du système informatique
A la poste, c’est la galère pour les citoyens
L’approche de l’Aïd a fait monter d’un cran la colère des clients, qui se bousculent ces jours-ci aux peu de guichets disponibles.
Le martyre des usagers d’Algerie Poste est grand, surtout dans les centres postaux de la périphérie complètement oubliés. A Ouled Fayet, les usagers se plaignent souvent des mauvaises prestations de la poste : bousculades dans les bureaux exigu, pannes quotidiennes et récurrentes des outils informatiques, manque de liquidités ou encore mauvais accueil des guichetiers. «Je sue eau et sang pour payer ou retirer mon argent. Le bureau est exigu. Auparavant, je payais mes factures d’électricité dans ce bureau mais plus maintenant. Depuis quelques temps, on doit se rendre à Chéraga. Le manque de liquidités et les pannes du système informatique et les agressions à la sortie du bureau sont le lot des usagers de ce bureau de poste qui n’en est pas un», se désole un résidant du site AADL de Ouled Fayet, qui réclame l’ouverture de plusieurs annexes dans les quartiers assez nombreux de cette commune de la périphérie.
Le manque de structures est souvent mis en avant par les clients d’Algérie Poste (AP) obligés, souvent, de parcourir plusieurs kilomètres pour juste retirer leur argent ou régler leurs factures. Les résidants ont réclamé avec insistance l’ouverture de nouveaux bureaux. Peine perdue. «Le foncier est disponible à Sidi Moussa, autant en profiter. Des terrains ont été cédés à des particuliers. L’Etat doit les récupérer pour y construire de belles recettes postales», suggère un résidant de Raïs, quartier à la périphérie de la commune de Sidi Moussa, dans la daïra de Baraki. Les bureaux de poste, dans cette circonscription de l’est de la capitale, restent insuffisants surtout après l’arrivée de nombreux relogés dans les nouvelles cités-dortoirs dépourvues souvent de toutes les commodités nécessaires.
L’approche de l’Aïd a fait monter d’uncran la colère des clients, qui se bousculent ces jours-ci aux peu de guichets disponibles. A la rue Hassiba Ben Bouali, les prestations ne sont guère satisfaisantes : le guichet unique n’a rien arrangé et le DAB, installé à l’extérieur de la structure bien mal en point, malgré les quelques travaux de replâtrage menés à la hâte par AP, n’est pas suffisant. Même constat à la Grande-Poste où le service est dépassé par le nombre important de clients d’Alger et des citoyens de passage venus d’ autres wilayas. «La grève des postiers, si elle aura lieu, risque de ne pas arranger les choses. Les clients seront les seuls perdants», estime un client d’El Biar qui remarque que les services postaux ne sont jamais bons, «malgré les mesures» de l’EPIC. «La carte magnétique n’arrange rien. Les mentalités des guichetiers et de certains usagers doivent être changées», signale-t-il. (El Watan-25.10.2011.)
****Réactions des internautes
* y a t il un Etat en algerie?
La preuve par 9 que ce regime est incapable de gerer ce pays. C est une honte un scandale un pays riche comme l algerie qui est victime d une penurie permanente de liquiditén ,pas d’ argent dans les poste! incroyable! et ça dure depuis plus de 2 années ! meme en Somalie l’ argent est disponible! La deliquescence de toutes les institutions est tres revelateur de l’ anarchie.Ce qui est bizarre c’ est que seuls les services de securité (militaires, policiers, gendarmes, etc) n’ eprouvent aucun probleme à encaisser leur gros cheques!!!!les postes et les banques sont tres bien approvisionnes en billets de banque lorsque les membres des corps constitués vont retirer leur salaire, bizarre! vous avez dit bizarre.Pourquoi? c’ est parce que le pouvoir a besoin d’ eux, le pouvoir les craint , il ne peut pas les négliger? Quant aux retraités et autres enseignants, le pouvoir les méprise , les ignore, ils ne constituent pas un danger pour le régime, laissons les crever, se dit-il!… Ils sont incompétents à gouverner… pourquoi ne partent ils pas? Pourquoi ne laissent ils pas leur place à des gens plus capables qu ‘eux?
**monsieur le ministre dégage; malgre la hausse des salaires des postiers rien ne fonctionne .le problème est ailleurs dans la bonne gestion …
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*Algérie-Poste : Une légende erronée
Le service philatélique d’Algérie- Poste ne cesse de se distinguer depuis quelques années par ses nombreuses maladresses qui, au grand dam des philatélistes consternés, nuisent au timbre algérien et à son image dans le monde.
A peine sortie de la bourde du 19 septembre dernier illustrant l’enveloppe «Premier Jour du timbre» consacré à Benyoucef Benkhedda par la couverture de l’hebdomadaire américain Time Magazine expurgée du titre, voilà qu’Algérie-Poste vient encore une fois de mettre les pieds dans le plat.La célébration de la Journée nationale de l’émigration, qui coïncide cette année avec le 50e anniversaire des manifestations pacifiques du 17 Octobre 1961 à Paris, durant lesquelles de nombreux Algériens furent massacrés, a été l’occasion pour elle d’émettre un commémoratif d’une valeur de 15 DA (tarif intérieur) ainsi légendé : «50e anniversaire de la Journée de l’émigration».
Ce timbre-poste, censé rappeler à notre souvenir la sanglante répression de cette manifestation, porte malheureusement une légende erronée aussi bien en arabe qu’en français.
Selon Mohamed Achour Ali Ahmed qui a fait part de cette bourde sur le site algeriephilatelie.net, le cinquantenaire concerne ce tragique événement et non la Journée nationale de l’émigration qui ne fut instaurée qu’en… 1968 ! Dommage pour la vérité historique. (El Watan-22.10.2011.)
**les Algériens otages d’un service public en déliquescence…(Inefficacité, passe-droit, lenteur,etc)
Des chaînes interminables pour un service public médiocre
Un citoyen rencontré au niveau du bureau de poste de Birkhadem énumère les griefs retenus contre ce prestataire de service public.
«A peine vous rentrez, vous avez une note qui vous informe que vous ne pouvez pas retirer plus de 20 000 DA ; vous voulez retirer un ticket d’attente ? on vous dit qu’il n’y a plus de rouleau ; vous demandez des imprimés pour un mandat ? vous n’en trouvez pas ; et quand arrive votre tour pour retirer de l’argent, le préposé au guichet vous dit que le système est à l’arrêt à cause d’un problème de réseau, sans que l’on sache ce que cela veut dire. Cela, sans compter que les avis de débit et de retrait ne nous parviennent jamais». «Parfois, ils font exprès d’arrêter le système quand il y a trop de monde», renchérit une dame, qui trouve «anormal que cet incident arrive aussi souvent». «Même le carnet de doléances est fermé exprès», nous dit-on. Quand on demande s’il y a néanmoins quelques éléments positifs dans les prestations fournies, on nous répond : «Oui, parfois ça fonctionne normalement, et c’est déjà exceptionnel que ce soit le cas».
Au niveau des services de l’état civil des APC, le constat est tout aussi amer. «Si vous voulez constituer plusieurs dossiers administratifs, vous devez faire plusieurs allers-retours, car on ne vous fournit que deux exemplaires d’extrait de naissance ou de certificat de résidence, même si vous avez besoin de plusieurs», déplore un natif de la commune de Hussein Dey. D’autres citoyens se plaignent des longues files d’attente, des erreurs dans les documents fournis, l’hostilité de certains préposés au guichet, etc. Et les complaintes ne s’arrêtent pas là quand on connaît les coupures d’électricité répétées chez Sonelgaz, les coupures d’eau non moins fréquentes à la Seaal, les retards chroniques d’Air Algérie, etc.
Des citoyens racontent qu’il faut «parfois connaître quelqu’un pour obtenir la pose d’un compteur d’électricité, un autre pour être pris en charge en cas de coupure d’eau, et un troisième pour encaisser un chèque à la poste sans passer par la file d’attente». Etre malmenés par des prestataires de service public, c’est le lot quotidien de tous les citoyens ou presque, et cette tendance tend à s’ériger en norme.
Des usagers sans défense
Pour Mahfoud Harzelli, président de l’Union nationale de protection du consommateur, les causes du dysfonctionnement sont partagées. «D’un côté, les entreprises chargées de fournir des prestations de service public pèchent souvent par manque de communication envers leurs usagers. D’un autre, les citoyens ignorent leurs droits garantis par la loi». Dans la plupart des cas, «les citoyens ne sont pas conscients de leurs droits et rechignent à les réclamer par peur des conséquences», explique M. Harzelli. Il précise que c’est le «rôle» de l’association de «les sensibiliser». Selon lui, «il y a de la bureaucratie au niveau de l’administration algérienne, mais si l’usager se présente en étant conscient de ses droits, il pourra se défendre. Or, beaucoup de dépassements se produisent parce que l’usager ne réclame pas».
Force est de constater qu’en matière de défense des droits des usagers du service public, les citoyens ont du mal à s’organiser. Lors du dernier ramadhan, les coupures répétées d’électricité avaient poussé certains habitants dans certaines communes à s’organiser dans le cadre de comités de quartier pour protester, mais ce sont des comités qui sont dissous aussitôt la crise dépassée. Les mêmes formes désorganisées de représentation sont également constituées lorsqu’il s’agit de porter des pétitions auprès des maires pour réclamer une réfection des routes ou le ramassage des ordures par exemple. Des démarches qui restent souvent vaines.
Pourtant, certaines actions finissent tout de même par aboutir. C’est ainsi qu’une association de défense des droits des usagers d’Air Algérie a vu le jour en 2011 pour dénoncer les mauvaises prestations de la compagnie et notamment les désagréments dus à la grève du personnel navigant commercial d’Air Algérie. L’association qui avait menacé d’organiser un rassemblement pour protester avait même réussi à se faire entendre par la direction de la compagnie en provoquant une réunion avec ses représentants. * Safia Berkouk. El Watan.25.09.2012.
**Terrorisme bureaucratique
Se faire délivrer le moindre document est devenu un calvaire pour le commun des Algériens.
C’est l’histoire que j’ai vécue personnellement, en ce mois de juillet 2012, une histoire réelle non encore terminée, loin des bureaux climatisés de nos bureaucrates qui vivent dans une autre planète.
Dans cette histoire mon seul souci, étant muni d’un titre de propriété légal, est de récupérer un livret foncier où la demande a été transmise aux services des enregistrements depuis en 2006 avec des références précises. J’interpelle les autorités concernées pour lever ces obstacles bureaucratiques inadmissibles.
Ce que j’ai vécu en ce mois de juillet 2012
Je me suis présenté dans une sous structure dite d’enregistrement des titres de propriété. On m’informe que depuis 2010, il n’existe pas de responsable ni régional, ni de wilaya, un simple chef de services dépendant directement d’Alger. Des centaines pour ne pas dire des milliers de dossiers sont amoncelées. Aucune informatisation, tout se traite au manuel avec un personnel limité. Bien malin pour retrouver tel ou tel dossier ; il faut avoir le flair. Le bureaucrate en voyant ces centaines de personnes le supplier dans cette liste d’attente interminable est dans une jouissance extrême. C’est la puissance de la bureaucratie. Ce n’est pas de notre faute, renchérit le responsable local car avec l’informatisation, le gain de temps et surtout cette attente interminable des citoyens serait réduite de 80%. Alger ne veut pas informatiser malgré plusieurs demandes depuis des années. Cela ne date pas d’aujourd’hui. « Benmeradi qui a été à la tête des domaines pendant plus de 10 ans n’a rien fait dans ce sens. J’espère que sa promotion en tant que ministre de l’Investissement lui a fait changer d’idées« , me rétorque un cadre ironiquement. J’ai rencontré une veille femme e 75 ans qui me glisse : « Mon fils cela fait plus une année qu’il me font revenir après une attente de plusieurs heures. Je pointe parfois à 5 heures du matin. Je n’ai pas de connaissances ; ue dois-je faire ? » Vient un jeune qui interpelle un employé des domaines. « Je viens de la part de Nordine, il vous a appelé« , lui dit-il. « Qui est Nordine? réplique l’employé. Qu’il vienne me voir tout seul et on verra« . Rendons tout même hommage à certaines structures comme celles de l’Etat civil du ministère de l’intérieur, des banques et de la justice, même s’il reste encore beaucoup d’efforts à faire contre cet hydre bureaucratique.
C’est l’histoire que j’ai vécu en ce mois de juillet 2012, où mon seul souci est de récupérer un livret foncier transmis en 2006 au service enregistrement par le notaire. Cela n’est pas propre malheureusement à ma personne mais concerne la majorité des Algériens qui n’ont pas de connaissances. La nouvelle réglementation est claire. L’acte notarié n’étant plus suffisant, il faut à présent un livret foncier pour régulariser toute transaction immobilière. Le premier paradoxe est que ceci n’a apparemment pas l’objectif de réduire les spéculations foncières. J’ai du donc passé l’épreuve d’acquisition du livret foncier. Les personnes âgées sont généralement les plus concernées afin d’exécuter une fredha. Cela devient un chemin de calvaire pour elles. Il leur faut accéder pour certaines wilayas d’abord aux services concernés.
Il y aura toujours une âme généreuse qui viendra vous dire que la réception ne commence que l’après midi, il ne vous dira pas que les bureaux ferment à 16h. Il vous informera qu’auparavant il faut aller récupérer le numéro de votre bien auprès du Cadastre. La surprise commencera d’abord là bas. L’assaut des bureaux concernés commencent à l’ouverture et bien heureux celui qui arrachera le ticket d’accès à la chaîne qui s’est déjà formée. Alors fier d’avoir récupéré la précieuse information, le bienheureux se présente aux services des domaines le lendemain en début d’après midi, en pensant être le premier. Quelle est sa surprise lorsqu’il s’aperçoit que la file est constituée déjà à partir de midi. Le nombre est tel qu’il est évident qu’il est impossible pour lui d’arriver aux guichets avant l’heure de fermeture. Il essaye encore le lendemain et c’est la même situation. Tout Algérien responsable arrive au constat qu’il lui sera impossible d’arriver à régler son problème de cette façon. Il demande à parler au directeur qui se trouvait par hasard de passage, il est vrai que la cohue avait atteint son paroxysme. Notre citoyen l’interpelle en lui faisant remarquer qu’à moins d’abandonner son travail pour venir camper devant les bureaux, il était impossible d’obtenir satisfaction. Il ose recommander d’organiser l’accès aux services des domaines par un enregistrement des citoyens pour faire respecter l’ordre d’arrivée et de clôturer l’enregistrement une fois le quota atteint en en attendant que les autorités centrales veiulent bien informatiser ces services cruciaux..
Le citoyen lambda sait qu’il y a des passe-droits contre rémunération. Les passe-droits par contre sont bien organisés, contrairement à l’administration. Les personnes âgées malheureuses continueront leurs lamentations devant ces situations inextricables. Le fonds de commerce induit ne peut s’accommoder de la transparence qu’imposera une informatisation du système, ce qui permettrait de réduire le divorce Etat/citoyens. Le contrôle de cette information est un pouvoir trop grand pour espérer qu’il soit abandonné au profit d’une bonne gouvernance. Il serait intéressant à partir d’enquêtes de voir, par exemple, combien de temps ça prend si vous voulez acheter les droits, c’est-à-dire la délivrance des titres de propriété.
De Soto, grand expert de la sphère informelle a clairement démontré lors d’enquêtes – calcul des démarches (longs circuits) – pour avoir un titre légal peut prendre dans certains pays 17 ans. Il y a lieu, également, de mesurer le temps pris en moyenne pour marchander avec la bureaucratie (corruption). Ainsi, un Egyptien passe approximativement entre 3 et 6 années de sa vie dans ce marchandage, reflet de l’extension de la corruption organisée. En Algérie, on n’est pas loin à ce que j’ai pu voir et entendre. Mais point de preuves. Tout se traite à l’oral. Combien d’Algériens ont construit des habitations individuelles notamment mais qui ont en majorité entre 5 à 10 ans des actes administratifs et non des titres de propriété ? Paradoxe des conflits entre des structures de l’Etat notamment les APC et les réserves foncières. Combien d‘entrepreneurs au niveau des zones industrielles ont-ils des titres de propriété souvent demandés par les banques comme une fraction des garanties des prêts octroyés ? Qu’en sera-t-il pour le dossier sensible du cadastre agricole et des enquêtes précises montrent que la majorité des entreprises publiques n’ont pas une délimitation claire de la superficie réelle qu’elle possède et celle figurant dans leur bilan? Que l’on visite en Algérie toutes les wilayas, faisons un inventaire de ces actifs et rapportons cette valeur à celle que donnent les statistiques officielles, et nous aurons mesuré l’importance de ces immobilisations en dehors du Droit et que le produit national ne décode pas.
Comprendre l’essence du terrorisme bureaucratique
Toute démarche scientifique exige de partir du général pour revenir au particulier afin de proposer des solutions concrètes aux problèmes multidimensionnels auxquelles est confrontés le pays durant cette étape décisive, les tactiques devant s’insérer dans le cadre d’une vision stratégique à moyen et long terme. La confusion des rôles jouant comme vecteur dans ce sens dans la mesure où la forme d’organisation ne fait que traduire les objectifs ou les non objectifs qui ont un soubassement politique. Le bureau comme l’a montré le grand sociologue Max Weber est nécessaire dans toute économie mais il doit être au service de la société. Il est nécessaire au fonctionnement de toute économie mais non fonctionner comme en Algérie comme pouvoir bureaucratique qui fonctionne en vase clos et qui est le pouvoir numéro 1, car les pratiques sociales contredisent souvent les discours si louables soient-ils. Aussi, la lutte contre le terrorisme bureaucratique en Algérie renvoie à la problématique de la sphère informelle, en fait à la construction d’un Etat de droit qui implique une bonne gouvernance et pose la problématique d’une manière générale à la difficile construction de l’économie de marché concurrentielle et de la démocratie.
Des structures centrales et locales hétéroclites non synchronisées et souvent antinomiques bloquent la circulation de l’information qui en ce XXIe siècle avec la révolution d’Internet constitue le véritable pouvoir, certaines sous structures ou personnes acquérant plus de pouvoir par la détention de certaines informations. Ces réseaux croisés – étanches – expliquent que lors de séminaires à intervalles de quelques mois, des responsables donnent des chiffres différents parfois contradictoires. Par exemple, les différents taux de croissance, d’inflation et du taux de chômage donnés contredisent les tests de cohérence. La non maîtrise des données internationales, la faiblesse dé la codification existante, la rente ayant pendant des années comblé les déficits au nom d’une paix sociale fictive, la marginalisation des compétences, tout cela engendré fondamentalement par la nature du système bureaucratique, et explique l’effondrement du système d’information à tous les niveaux. Pire, parfois des responsables sont informés par la presse ignorant le fonctionnement de leur secteur. Or la base de toute décision repose sur une information fiable et une erreur de politique économique peut se chiffrer en pertes pour la nation de plusieurs centaines voire des milliards de dollars.
Pour l’ensemble des raisons évoquées précédemment, les rapports de l’IGF, de la Cour des comptes, des Commissaires aux comptes, et même de l’APN restent incomplets surtout en tant que mesures à prendre, en recommandations pour éviter que de telles pratiques ne se reproduisent car ne cernant pas les causes fondamentales et surtout des liens complexes entre l’environnement international, les politiques macro-économiques et sociales et les cellules de base entreprises ou services collectifs. Car pour pouvoir sanctionner une entité, il faut qu’elle ait été responsable. Peut-on sanctionner un directeur général qui a subi une injonction externe ? Un directeur général d’entreprise publique est-il propriétaire dans le sens économique large – véritable pouvoir de décision -de son entreprise ? Qui est propriétaire en Algérie de l’ensemble de ces unités économiques et de certains segments des services collectifs se livrant à des opérations marchandes? C’est toute la problématique du passage de l’Etat propriétaire gestionnaire à l’Etat régulateur ou stratège que n’ont résolu jusqu’à présent ni la structure des fonds de participations ni la nature des holdings, si les sociétés de participation de l’Etat SGP qu’ils soient de 10, 20 ou 30. Cela pose la question fondamentale des incohérences des politiques socio-économiques et du manque de visibilité dans la démarche d’une économie de marché productive s’insérant dans la globalisation de l’économie.
Le statut quo actuel est préjudiciable à l’avenir du pays amplifié par l’extension du marché informel qui est proportionnel aux actions bureaucratiques. La lutte contre la bureaucratie, source de la corruption renvoie à la question de l’Etat de droit, la transparence dans les décisions soutenue par un dialogue permanent ouvert à la société, la bonne gouvernance et à la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle. Cela est sous tendu par la nécessaire rationalisation de l’Etat dans ses choix en tant qu’identité de la représentation collective. Cela n’est pas une question de lois vision bureaucratique et d’une culture dépassée, les pratiques sociales contredisant quotidiennement le juridisme. En fait le dépassement de cette entropie implique la refonte de l’Etat, liée à la moralisation des personnes chargées de générer la Cité.
L’urgence en Algérie est la fin de l’Etat de la mamelle et celle de la légitimité révolutionnaire, qui doit signifier que le pouvoir bienfaisant ou de bienfaisance inauguré comme contrat politique implicite par les tenants du socialisme de la mamelle afin de légitimer l’échange d’une partie de la rente contre la dépendance et la soumission politique et qui efface tout esprit de citoyenneté active, ce pouvoir doit céder la place à un pouvoir juste et de justice. Sans cela, les grandes fractures sociales et politiques différées par la distribution passive de la rente des hydrocarbures sont à venir. L’histoire réelle, sujet d’un livret foncier, mais pouvant être étendue à d’autres segments que vivent des centaines de milliers de citoyens algériens quotidiennement, montre clairement l’Algérie du pouvoir bureaucratique rentier sclérosant.*Le Matin.Dz-35.07.2012.
Abderrahmane Mebtoul, (Docteur d’Etat (1974), expert international, Professeur d’Université Expert international, Directeur des études économiques et Premier conseiller (magistrat) à la Cour des comptes 1980/1983 auteur de trois ouvrages sur l’Etat de droit et la sphère informelle.
N.B. : « Le terrorisme bureaucratique, la sphère informelle et la corruption sont les obstacles principaux au frein à l’Etat de droit et à l’investissement porteur en Algérie » Extrait de l’interview d’Abderrahmane Mebtoul au quotidien financier français Les Echos(2008)
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Les cas de disparition forcée…Mettre fin a l’impunité en Algérie
«Le Comité des droits de l’homme des Nations unies condamne le régime algérie dans une nouvelle affaire de disparition forcée soumise par Trial», a indiqué l’ONG basée à Genève (Suisse), dans un communiqué rendu public hier. En août 1996, Bouzid Mezine, un chauffeur de taxi de 32 ans, a été victime de disparition forcée lors d’une opération de police dans son quartier. Il n’a pas été revu depuis», indique Trial, une association helvétique.Le Comité onusien «demande maintenant à l’Algérie de mener une enquête approfondie et rigoureuse sur la disparition de Bouzid Mezine. L’Algérie doit également fournir aux auteurs des informations détaillées quant aux résultats de son enquête, le libérer immédiatement s’il est toujours détenu au secret ou restituer sa dépouille à sa famille en cas de décès. Le Comité insiste par ailleurs sur l’obligation qu’a l’Algérie de poursuivre, juger et punir les responsables des violations commises. L’Algérie doit également indemniser de manière appropriée la famille de la victime pour les violations subies». Le même Comité estime que «l’Algérie doit par ailleurs garantir l’efficacité de son système judiciaire domestique, en particulier en ce qui concerne les victimes de torture, d’exécution extrajudiciaire et de disparition forcée, et prendre des mesures pour éviter que de telles violations se reproduisent». L’ONG Trial salue «la récente décision du Comité en espérant qu’elle puisse finalement permettre d’établir la vérité sur les violations graves des droits de l’homme qui ont eu lieu durant le conflit interne algérien et faire une brèche dans le voile d’impunité qui protège encore les auteurs de ces crimes odieux». «C’est parce que l’impunité a été érigée en pierre angulaire de la politique algérienne durant la dernière décennie, que les victimes des atrocités commises durant la guerre civile n’ont pas d’autre option que de recourir aux mécanismes internationaux des droits de l’homme pour obtenir justice. Les organes onusiens condamnent systématiquement le régime algérien pour ses manquements au droit international. Il est temps maintenant que les autorités algériennes respectent l’Etat de droit, qu’elles initient des enquêtes efficaces sur ces violations des droits de l’homme afin de dévoiler enfin la vérité sur ces tragédies, qu’elles jugent et condamnent les responsables des crimes et offrent une réparation équitable aux victimes. L’impunité ne peut plus être la règle en Algérie», soutient Philip Grant, directeur de l’association Trial.*source: El Watan-12.01.2013.
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*Violences urbaines:Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme
La violence fait partie du quotidien des Algériens.
Elle touche beaucoup plus la jeunesse qui constitue plus de 70% du peuple algérien. C’est ce qu’ont affirmé, hier, les différents spécialistes lors de la table ronde, organisée par le centre de presse du quotidien DK News.
Cette rencontre a regroupé des responsables de la Gendarmerie nationale, de la Dgsn, des avocats, les représentants du mouvement associatif sur la violence urbaine.
A cette occasion, Me Fatma-Zohra Benbraham, spécialiste du dossier violence urbaine, a souligné que «le phénomène de violence a atteint des dimensions extrêmement graves en Algérie».
«Ni la justice, ni les forces de sécurité, malheureusement, ne sont à même de faire face à ce fléau qui a gagné du terrain malgré les efforts déployés», a-t-elle reconnu. Benbraham a souligné le rôle important de l’Etat tout en affirmant que la prison n’était jamais une bonne solution. Toutefois, il faut une prise en charge sérieuse des enfants pour les réhabiliter.
Selon une analyse, cette situation est engendrée suite à plusieurs causes, entre autres, le dépeuplement des zones intérieures vers les villes, pauvreté, chômage, drogue, mendicité, prostitution. Les responsables de la Dgsn et de la Gendarmerie nationale ont rappelé tout le travail qui fait sur le terrain et qui doit impérativement être relayé par le mouvement associatif, élément essentiel du dispositif.
M.Abdelkrim Abidat, président de l’Organisation nationale pour la sauvegarde de la jeunesse (Onsj), pour sa part, a indiqué que «environ de 1700 jeunes mineurs sont présentés chaque année devant la justice. Ils ont trouvé en la rue leur adresse sociale».
Ce fléau est dû à l’absence totale d’une politique de prise en charge de la jeunesse. Des initiatives ont été annoncées à travers la société civile, la corporation des avocats, en coordination avec les services de sécurité et de la Gendarmerie nationale. M.Abidat a rappelé l’initiative de la Dgsn qui concerne la création pour la première fois en Algérie de trois psychobus pour assister les enfants dans les écoles.
Dans le même contexte, il a annoncé la création d’un nouveau centre au niveau de la forêt Bouchaoui l’année prochaine. Il aura comme objectif de prendre en charge les jeunes en difficulté et ceux touchés par la drogue.
«Ces jeunes seront repérés et récupérés par des réseaux spéciaux», a informé le président de l’Onsj. De son côté, M. A. Kadri, secrétaire général de la coordination des parents d’élèves de la willaya d’Alger, a insisté sur l’importance de collaboration avec les différents acteurs de la société afin de développer des programmes spéciaux destinés aux élèves pour les aider à ne pas tomber dans les différents fléaux qui frappent notre société. *lexpressiondz-05.09.2012.
**Fraude à grande échelle dans le tram!
Plus de la moitié des usagers ne paient pas leur ticket
Déficit en contrôleurs, mauvaises conditions de travail, peur des agressions, manque de civisme, exploitation du tram par une société détenue par trois actionnaires… sont autant de facteurs qui font que les caisses du tramway ne sont pas aussi pleines que ses rames. Transporter près de 50.000 voyageurs par jour devrait être des plus rentables, mais à condition que chaque voyageur paye et valide son ticket.
“Vite, secoue-toi un peu, le tramway arrive et nous sommes déjà en retard ! Le temps d’acheter les tickets, il sera déjà parti !”, lance la jeune fille aux deux jeunes qui l’accompagnaient. “Monte, ce n’est pas la peine de payer ! On le fera après, sinon tant pis !” La jeune fille n’aura même pas le temps de répondre, ni même de prendre les tickets, l’un des deux jeunes la tire et la pousse presque dans la rame.
Et le tram s’en va sans que les trois voyageurs ne paient les frais de leur déplacement via la rame bleue. La scène qui se passe à la station du tramway du Caroubier est loin d’être une simple action anodine. De telles scènes se suivent et se multiplient dans un autre décor et pour divers autres motifs à longueur de journée et au fil du passage de la rame.
Nombreux sont les usagers de ce nouveau moyen de locomotion qui feignent d’oublier que cette nouvelle prestation est loin d’être gratuite aussi courte soit la distance parcourue. Le tramway a, certes, charmé et séduit les Algérois, mais pas au point de booster leur civisme et les inciter à mettre la main dans la poche pour s’acquitter des frais de ce nouveau moyen de transport, dont la pérennité ne fera que faciliter davantage leurs déplacements.
Rares, vraiment rares, semblent être les usagers qui croient encore que pour prendre la rame, il faudrait débourser quelques dinars ! C’est ce que révèlent en tout cas des receveurs et autres travailleurs confrontés chaque jour que Dieu fait à ce phénomène. Une tournée à travers quelques stations nous renseigne sur l’ampleur de la fraude.
Étudiants, lycéens, riverains… aux frais de la princesse ! “La fraude est telle que les recettes journalières du tram ne couvriront même pas les salaires des conducteurs dont le nombre ne dépasse pas une centaine”, nous confie un guichetier. Et d’ajouter avec un long soupir : “Si la moitié seulement de ceux qui prennent le tramway s’acquittaient de leurs tickets, le réseau se porterait mieux et pourrait lancer de nouveaux investissements.”
Un agent de sécurité à la station des Bananiers confie à son tour : “Vous voyez tous ces immeubles de la cité (les Bananiers), ce sont des milliers de voyageurs qui prennent chaque jour le tram, mais je vous jure que ceux qui paient leurs tickets se comptent sur les doigts d’une seule main. Je vais vous dire encore, il y a des femmes au foyer qui prennent le tram deux à trois fois par jour, elles ne payent qu’une seule fois.”
La scène de la station du Caroubier se répète trente six mille fois par jour tout au long des 23 kilomètres de rails et des 36 différentes stations reliant les Fusillés à Bordj El-Kiffan. Chaque usager se trouve une excuse valable à ses yeux pour détourner le regard de la cabine de vente de tickets et prendre le tram aux frais des organismes chargés de son exploitation et de sa gestion.
En voyant, les usagers arrivés en grand nombre pour prendre la rame, l’on croirait pas un seul instant qu’il faille d’abord prendre son ticket à la station même. Les usagers arrivent à grands pas, jettent un regard furtif autour d’eux et “tuent” le temps “en compagnie” de leurs téléphones portables.
Quand le tram arrive, ils s’empressent de monter. De toutes les façons, les rames sont livrées à elles-mêmes et aucun contrôleur ne passe. Les femmes accompagnées de leurs enfants et les jeunes filles sont les rares personnes qui s’acquittent de leurs tickets. “Donnez-moi deux tickets pour Bordj El-Kiffan.
Les deux garçons sont jeunes et ne paient pas leur place”, décrètent une maman alors que l’un des garçons dépassent les 10 ans. Un sexagénaire la pousse presque pour demander au guichetier, s’il doit s’acquitter d’un ticket puisqu’il ne prend le tram que de la station du Caroubier à celle de Brossette. “Ce n’est pas loin. D’habitude, je le fais à pied, mais là je suis vraiment pressé !”, justifie-t-il, face à la réponse positive du vendeur. Le temps de murmurer quelques mots et le tram arrive.
Il saute dans la rame sous le regard impuissant du guichetier. Ce dernier révélera que nombreux sont les voyageurs qui refusent de payer leur place sous prétexte que le trajet n’est pas très loin. “Entre le nombre de voyageurs qui arrivent aux stations et ceux qui mettent la main dans la poche, l’écart est très important.
Si tous ceux qui prennent le tram passaient par ma cabine pour un ticket, je n’aurais pas le temps de souffler une seconde. Nombreux sont ceux qui prennent le tram pour une ou deux stations et ne paient jamais puisque la distance qui sépare les stations n’est pas très importante.” C’est ce que nous avons confirmé à la station de Bordj El-Kiffan.
En demandant à un groupe de jeunes où se vendaient les tickets, ils répondent en choeur : “Vous allez où ? Est-ce loin ?” En répondant par : “Je m’arrête à la prochaine station”, ils répliquent : “Pas la peine de payer, c’est juste à côté. Vous n’allez pas payer pour deux petits pas !” “Oui, mais et si par hasard un contrôleur passe ?” “Il n’y a aucun risque pour cela ! Je prends le tram depuis des mois et je ne paye que lorsque je remarque la présence de travailleurs en uniforme.
Et je n’ai jamais vu un contrôleur dans les rames”, révèle l’un des jeunes. Et à son copain de justifier : “Il nous arrive de faire trois à quatre allers-retours entre les différents quartiers pour une raison ou une autre. Alors, si on s’amusait à payer 20 DA minimum à chaque fois, on va se ruiner !” Question : pourquoi ne pas prendre le ticket de 10 voyages à 400 DA ? “Trop cher”, répliquentils.
Réticents au départ, un groupe de lycéens rencontrés à la station de la Glacière finissent par avouer qu’ils sont “des resquilleurs hors pair”. “Nous prenons le tram depuis la rentrée scolaire et nous n’avons payé que deux ou trois fois”, reconnaissent ces lycéens scolarisés à Mohammadia. “Payer tous les jours pour deux stations uniquement, c’est beaucoup trop.
Surtout que nous faisons la navette parfois quatre fois par jour.” Ils racontent qu’une fois un copain leur a fait une farce. Il les appelle en disant qu’il est dans le tram et qu’un contrôleur passe pour vérifier la validation des tickets. Le tram venait de démarrer à peine de la Glacière. Paniqués, ils sont descendus à Lavigerie et ont pris une autre ram jusqu’à Cinq-Maisons et toujours aux frais de la princesse !
Un énorme manque à gagner ! 50 000 voyageurs par jour pour des déplacements dont les tarifs varient entre 20 à 50 DA, les recettes journalières devraient être énormes. “Elles le sont, plutôt elles l’étaient pendant les premiers mois de la mise en service, mais depuis que les rames sont livrées à qui veut les emprunter, les recettes baissent au fil des jours”, confie un receveur.
Et de révéler que “quand la fraude n’avait pas atteint les proportions actuelles, les recettes dépassaient facilement les 120 millions de centimes, mais depuis que la fraude bat son plein, les caisses ne se remplissent qu’à moitié”. Il est vrai que la fraude existe à travers tout le réseau de transport public, mais à des degrés moindres qu’au niveau de ce mode de transport. Selon les guichetiers et agents de sécurité ainsi que des employés de l’Établissement de transport urbain et suburbain, le phénomène prend des proportions alarmantes.
Les raisons ? Ils en citent plusieurs dont la principale est le manque de contrôleurs. “Le déficit est tel que rares sont les voyageurs qui ont eu l’occasion d’être contrôlés. D’où l’absence quasi- totale de la moindre crainte d’être pris dans la rame”, confie un receveur. Et de préciser : “Le contrôle et la fraude se côtoient dans tous les réseaux, mais le fait de remarquer ne serait-ce qu’une à deux fois l’arrivée inopinée de contrôleurs dissuadent les resquilleurs les plus habiles.
Ce qui n’est pas le cas du tram.” Un autre révélera que les contrôleurs, peu nombreux, sont loin d’être motivés. “Il y a un laisser-aller de la part des contrôleurs en raison des problèmes socioprofessionnels auxquels ils font face, concernant principalement le salaire dérisoire. À cela s’ajoute la peur d’être agressé notamment par les jeunes délinquants qui souvent voyagent en groupe. Des cas d’agression de receveurs avec arme blanche, on en a vu beaucoup dans nos bus. Nous sommes échaudés !
Qui prendrait le risque pour 20 à 50 DA ? Le fait que le tramway est exploité par une société (Setram) détenue à 49% par la RATP-El-Djazaïr, filiale algérienne du groupe français la Régie autonome des transports parisiens, l’Entreprise du métro d’Alger EMA à 15% et l’Établissement de transports urbain et suburbain d’Alger (Etusa) à 36% n’est pas du goût des travailleurs de l’Étusa.
L’établissement aurait pu assurer la gestion à lui seul. Confié l’exploitation à trois organismes ne peut que nuire au réseau et donner l’occasion aux trois de se renvoyer la balle à la moindre critique ou insuffisance.” Le manque de civisme n’est pas en reste et peut être considéré comme la cause principale de la fraude.
Et comme nous le résume un receveur, “les voyageurs se sentent obligés de payer le ticket d’un bus privé plein à craquer où ils voyagent dans des conditions pénibles, voire dangereuses, mais refusent de s’acquitter de la même somme quand ils prennent le transport public. Le service public ne rime pas avec gratuité, c’est ce qu’il faut expliquer aux gens”. *29 Octobre 2012- Liberté
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*40 nouvelles infrastructures en projet
Huit bureaux de poste ont été ouverts en 2010 à Alger : deux à Belouizdad, et les six autres à Saoula, Rahmania, Bab Ezzouar, Kouba et La Casbah, indique un bilan d’activité de la wilaya soumis, en juin dernier, aux élus de l’APW d’Alger. Huit bureaux de poste ont été équipés du système informatique. Des structures sont en cours de travaux à Bab Ezzouar, Ben Aknoun, El Hamiz (Dar El Beida) et Ouled Fayet (2 bureaux).
Le bilan d’activité de la wilaya revient sur l’ «ambitieux projet» de la wilaya lancé cette année : 42 nouveaux bureaux seront construits à travers plusieurs localités de la wilaya. 36 GAB seront également ouverts durant cette même période. Les structures permettront d’atteindre une densité postale appréciable, s’enorgueillit-on : 1 bureau de poste pour 12 587 habitants.
Cela est-il suffisant ? Nullement, à entendre les propos des usagers d’AP, surtout ceux des régions enclavées d’Alger comme Rahmania où un seul bureau de poste est disponible malgré les incessantes demandes des habitants, dont le nombre ne cesse d’augmenter, surtout avec la livraison des logements AADL.
Contacté, en fin de journée, la direction générale d’Algérie Poste, installée dans un immeuble du quartier des affaires de Bab Ezzouar, est aux abonnés absents. (El Watan-25.10.2011.)
***Le raz-le-bol des citoyens!
**A cause d’une panne générale du réseau internet et téléphonique, survenue le 17 octobre 2011, au niveau d’Oran, je n’ai pas eu accès à mon blog ces derniers jours. Cette panne qui a touché plusieurs villes de l’Ouest algérien, s’est déclarée, selon les médias locaux, du fait que plusieurs cables souterrains de fibre optique, ont été endommagés ou complètement détruits, à la suite d’un incendie… La connexion vient d’être rétablie aujourd’hui il y quelques minutes, mais elle est encore trop lente pour pouvoir gérer mon blog correctement. Encombrement des lignes peut-être.
**A propos de cette panne, les gens se posent la question: est-ce un accident fortuit ou bien un acte délibéré ? On parle d’une enquête qui est en cours pour déterminer les causes exactes de cette panne. Ce qui semble certain, c’est que personne n’aura à rendre des comptes pour cette affaire, comme d’habitude. Et comme d’habitude, les abonnés et les citoyens lésés ne seront pas dédommagés pour les désagréments ou les pertes subies. Négligence? Laisser-aller? Incompétence? Irresponsabilité? Ou tout cela à le fois? C’est devenu quelque chose de courant dans certaines administrations publiques ! Il suffit d’y faire un tour à l’improviste pour constater le degré de déliquescence atteint dans ces services, les longues queues et les files interminables, ainsi que le raz-le-bol des citoyens. On est donc loin des normes connues et du minimum requis! Tout le contraire de ce que disent les responsables dans leurs déclarations officielles…M.N.–Oran le 20.10.2011.
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