Violence,laxisme et criminalité
**Evénements de Ghardaïa :
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*Ce qui s’est passé à Guerrara
Guerrara (Iguirraren). La «montagne tabulaire» a accouché de la bête immonde. vendredi, 10 juillet 2015. Des lendemains de boucherie et de furie incendiaires qui dégoulinent de sordide.
Un calme plat préside à la destinée de Guerrara, la ville du M’zab sise à 120 km au nord-est de Ghardaïa plongée dans l’enfer des interminables affrontements intercommunautaires.
Sa population, plus de 60 000 habitants, a frôlé l’irrémédiable et l’ethnocide rwandais. Sans Tutsi ni Hutu. Deux nuits (celles de lundi et du mardi à mercredi derniers), immanquables nuits des longs couteaux et des fusils de chasse, ont précipité la vallée dans l’horreur et les vertiges des massacres à grande échelle.
Les Algériens de Ghardaïa ont fait parler la poudre. Pour la première fois. L’Etat et sa police s’étant mis en retrait, notamment après la mort d’un policier à Berriane. Résultat macabre : 25 morts, 22 selon la version officielle, et des centaines de blessés.
Les routes menant de et/ou vers Guerrara (la RN1, le CW33 et la RN49) par Zelfana au Sud ou Berriane à l’Ouest, sont devenues de véritables coupe-gorges, parsemés de guet-apens. Caillassage de véhicules, faux barrages et agressions y sont devenus légion.
Chaque mètre d’asphalte est synonyme d’aventure porteuse de gros risques. Les routes sont désertes, quasi désertes, systématiquement contournées par les automobilistes.
Il en est ainsi de l’axe Guerrara-Berriane, très fréquenté en temps de paix par les gros tonnages et transporteurs de marchandises, qui est devenu le terrain de chasse de bandes de «cagoulés». A l’hôpital Cherifi de la daïra, 18 dépouilles d’Algériens refroidis gisent encore dans les armoires de la morgue, attendant un visa d’inhumation.
Celles notamment d’une douzaine de Mozabites dont les funérailles sont prévues aujourd’hui. L’enterrement des cinq Chaâmbi morts des suites de leurs blessures, programmé pour hier, a été annulé. Une fournée de policiers à cran garde l’édifice.
La mise sur internet de vidéos montrant des corps criblés de chevrotines exacerbe la paranoïa générale. «Je ne vous dirai rien du tout, s’emporte le directeur de l’hôpital. Sans autorisation express de la direction de la santé, je ne vous laisserai approcher ni les blessés ni le personnel médical.» Inconsolable.
La tête entre les mains, le visage en suie, Ouiri El Hadj Ali, le boulanger quinquagénaire mozabite de haï Mahmoud pleure comme un môme. Sa boulangerie, ses magasins, sa superbe villa ont été ravagés par les flammes. Pour la seconde fois en moins de trois ans.
La carcasse de son fourgon flambant neuf trône dans le garage dont la porte a été arrachée. A genoux dans le hall de ce qui fut autrefois sa superbe demeure, il pleure ses 35 ans de labeur partis en fumée.
«Au téléphone, j’implorais l’officier de police pour qu’il intervienne ne serait-ce que pour sauver mes enfants et la dizaine de femmes réfugiées chez moi, mais rien. Eddoula, l’Etat nous a abandonnés.» Sa famille n’a eu la vie sauve que grâce aux renforts des gens de sa communauté.
A l’odeur de brûlé des meubles consumés par les flammes, s’ajoutent des relents fétides provenant de la terrasse où gît le chien de garde abattu et dont le cadavre est partiellement carbonisé. Le jeune Younès, 16 ans, a du mal à raconter la nuit d’épouvante.
Ses mots sont comme cisaillés par la terreur laissée par l’assaut violent, le sauve-qui-peut à travers la forêt de palmiers, les cris des femmes et des enfants terrorisés. «Ils (les assaillants) sont venus à 2h nous attaquer avec des cocktails Molotov, dit-il. Hadou machi Ibade…ce ne sont pas des êtres humains.» Le pâté de maisons est désormais hanté, déserté par ses occupants.
Quelques silhouettes, celles de revenants furtifs et de pompiers, tentent de vider les caves et sous-sols des eaux d’extinction ou pour récupérer ce qui peut l’être et a échappé à la mise à sac. «Nous ne sommes intervenus que bien plus tard, affirme un pompier, soit lorsque le calme est revenu, et ce, pour éviter notamment les reprises d’incendie.» Hamou Oudjana, membre du comité local de suivi et de coordination, dénombre quelque 73 maisons incendiées rien qu’à haï Mahmoud. Sur les grands boulevards éponymes, les façades d’habitations ont changé de teinte, léchées par les flammes.
De la pierraille, des milliers de douilles de cartouches lacrymogènes jonchent les rues et trottoirs. A l’entrée de la ville, une colonne de fourgons cellulaires de la gendarmerie. Au rond-point, les traces de trois véhicules. Au quartier Asmar, l’école primaire donne asile à quelques familles de néo-SDF venant de Mouden et autres quartiers martyrs.
Le quartier voisin à haï Mahmoud, celui de Ouled Aïssa (haï Aïssat Iddir), les pères de famille chaâmbi racontent, non sans effroi aussi, les longs quarts d’heure de démence accusant, pour certains, la police pour son «parti pris».
Au-dessus de Sakiet El Aïn, l’oued (de sang) séparant depuis toujours les deux communautés, fait danser les mirages sous une chaleur suffocante et grand cagnard. «Ce n’est pas une question malékite-ibadite, ni arabe-amazigh.
Ces gens-là nous ont donné l’assaut et on s’est défendus», rétorque Mohamed, membre du comité de vigilance chaâmbi. Il nous montre l’endroit où un jeune de son quartier fut surpris par une salve de fusil de chasse. Cette nuit-là, dit-il, les Mozabites étaient plus de 3000 à donner l’assaut à partir de leur palmeraie.
Il est 13h. Par petites grappes, les fidèles de haï Ouled Aïssa rejoignent leur mosquée portant le nom d’un illustre calife. La mèche est partie lundi dernier de la mosquée Al Masdjid Al Attik, la mosquée malékite située non loin de l’enclave du vieux ksar. Les fidèles auraient été empêchés de rejoindre leur mosquée, ce qui a déclenché les hostilités. Les deux communautés s’observent sans se regarder.
Ghardaïa. Jeudi, dans l’après-midi. Alors que les chaâmbas s’affairent à enterrer un jeune de 17 ans ravi à la vie, le cortège du Premier ministre quitte sur les chapeaux de roues la pentapole. Sa réunion avec les âyanes, les notables, a été expéditive.
Il a laissé quelques «menaces», des mises en garde, la promesse d’une «poigne de fer», et un échafaud dressé pour Fekhar, l’autonomiste du M’zab, affublé du statut de «Ras El FItna». «Je sais qu’ici il y a le MAK (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie)», disait-il sous les applaudissements de notables arabes. «Mais, il y a aussi les autres», ajoutait-il. Fekhar et ses compagnons furent arrêtés quelques heures après, les coupables, eux, courent toujours ou rentrent chez eux par avion !*Mohand Aziri/ el watan-samedi 11 juillet 2015
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*le conflit dégénère
*Folie meurtrière au M’Zab: 25 morts dans la daïra de Guerrara
*Il faut trouver les lobbys qui sont derrière ces assassinats
*Le bilan des derniers affrontements intercommunautaires dont le Mzab est le théâtre depuis plus de 72h fait état de 25 morts dans la seule daïra de Guerrara.
Cette ville qui vit depuis l’aube de ce mercredi des violences inégalées lance un cri de détresse à la communauté nationale pour la sauver de la folie meurtrière qui y règne. Les témoignages les plus surnaturels parlent de hordes encagoulées sillonnant la région à bord de grosses motos et qui sèment la terreur à travers les quartiers ajoutant à la peur de la population encore sous le choc des derniers événements.
Des témoins oculaires parlent de multiples découvertes macabres depuis ce matin, des cadavres auraient en effet été découvert ca et là à travers les chantiers et habitations vidées de leurs habitants sous la menace d’armes à feu. Pour l’heure et au moment ou une importante délégation officielle présidée par le ministre de l’intérieur tient une réunion au niveau du siège de la wilaya de Ghardaïa, aucun bilan officiel n’a été rendu public.
Le nombre de blessés frôle la centaine, beaucoup de traumatismes crâniens mais surtout des blessures par balles réelles tirées sur différentes parties vitales du corps. Même les enfants ne sont pas épargnés par cette folie meurtrière et ce sont les communes ou il y a une forte concentration des deux communautés qui soufrent de ces violences.
Les zones plus cosmopolites vivent sous tension, les villes du Mzab sont désertes, l’administration est vide, les rares fonctionnaires à s’être déplacés ce matin ont vite regagné leurs domiciles. Les mesures annoncées hier par l’armée n’ont pas eu d’effet immédiat puisque la nuit dernière a connu une recrudescence terrible des affrontements dans les zones tampons.*Houria Alioua/ El Watan-mercredi 08 juillet 2015
*Les autorités ont été incapables d’instaurer l’ordre depuis 10 ans
Le conflit intercommunautaire, qui mine la région de Ghardaïa, prend un virage extrêmement dangereux avec le recours, par les belligérants, aux armes à feu, faisant au moins 25 morts et plus d’une centaine de blessés des deux côtés.
Une tragédie nationale dont les responsabilités doivent être prises par les autorités qui sont incapables d’instaurer l’ordre et ce depuis près de 10 ans.
Pourtant, tous les indicateurs faisaient état d’une situation explosive, notamment cette année, en raison de la violence récurrente qui embrase les quartiers mixtes (mozabite et malékite) de Ghardaïa et qui est passée à un stade supérieur durant ces dernières 24 heures, juste après une réunion de réconciliation entre les notables des deux communautés, faisant croire à une fin heureuse.
Or, tout le monde sait que des deux côtés, les jeunes «brûlaient d’envie de se rendre justice», dès les premières victimes tombées sous les coups de projectiles à Gourara et à Berriane.
Certains ont même tenté d’arracher la caution religieuse aux notables pour légitimer les actes de vengeance, mais ces derniers avaient privilégié le dialogue entre les sages, ignorant peut-être que le danger allait venir des plus jeunes, qui avaient décidé d’ailleurs d’outrepasser les consignes des plus vieux, en transformant la localité de Gourara en un champ de tirs dès la prière d’el fedjr (levée du jour).
Durant des heures, ni les gendarmes ni les policiers, présents en force mais désarmés, n’ont pu mettre un terme à cette hécatombe qui a fait au moins 15 morts sur le coup, et plus d’une centaine de blessés, dont dix succomberont à leurs blessures quelques heures après. Depuis 2007, les politiques se sont avérés incapables de trouver une solution à cette crise, qui s’aggrave de jour en jour, mettant les services de sécurité en état d’alerte permanente.
Leur stratégie, qui consiste à marcher sur des œufs, en évitant toute confrontation et toute mesure allant dans le sens de la restauration de l’ordre public, a malheureusement profité à ceux qui veulent mettre à feu et à sang cette région. La situation est passée de simples échauffourées à des jets de pierres et de cocktails Molotov, pour arriver à de violents affrontements et l’utilisation de fusils de chasse.
Peut-on dire que les responsables des services de sécurité sont eux aussi incapables de rétablir l’ordre et d’assumer leur rôle constitutionnel ? N’ont-ils pas les moyens d’appliquer la loi, rien que la loi, et dans le cadre de la loi, pour faire en sorte que les fauteurs de troubles soient déférés devant la justice ? Légitimes, les manifestations de colère des Mozabites à travers à Oran, Constantine et Alger doivent interpeller toutes les consciences et servir de sonnette d’alarme.
L’heure est très grave. Raison pour laquelle les autorités civiles et militaires se sont envolées à Ghardaïa, dans l’espoir de colmater les brèches d’une paix fissurée par la défaillance des politiques et l’impuissance de l’autorité sécuritaire. Une tâche difficile, parce qu’il est question de rattraper les erreurs qui ont permis aux barrons de la drogue, aux trafiquants d’armes et aux contrebandiers de bien asseoir leurs réseaux en attisant les troubles et en nourrissant la violence. La solution à cette grave crise doit être à la hauteur du danger qui pèse non seulement sur la région, mais aussi sur la cohésion du pays.*Salima Tlemçani / El Watan-jeudi 09 juillet 2015
**Le pouvoir doit en assumer toute la responsabilité
Le pouvoir assume l’entière responsabilité de la situation qui prévaut dans la wilaya de Ghardaïa, qui connaît, depuis dimanche dernier, une recrudescence de la violence intercommunautaire. Les responsables des partis politiques que nous avons pu joindre, hier, s’accordent tous à le dire.
Pour eux, cette incapacité à résoudre ce conflit a déjà fait plusieurs victimes et occasionné des pertes matérielles importantes. «Nous nous sommes déplacés plus de six fois à Ghardaïa. Nous avons tenté de rapprocher les deux communautés et d’apaiser les esprits. Mais on sent qu’il n’y a aucune volonté politique de résoudre cette crise. Dans ce sens, nous mettons le pouvoir devant ses responsabilités», explique Youcef Aouchiche, chargé de communication au FFS.
Tout «en appelant au calme», le FFS plaide pour un dialogue pour permettre aux deux communautés de vivre ensemble et régler le problème dans les plus brefs délais. Pour sa part, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) se dit «interpellé au plus haut point par les événements du M’zab et leur lot de victimes». «Les affrontements qui prennent de l’ampleur chaque jour ne sont qu’un échantillon de la faillite de l’Etat et de son impuissance à assurer ses missions nécessaires, à commencer par la sécurité et l’application de la loi.
Le pouvoir, de ce fait, est entièrement responsable car ses seules réponses ont été le pourrissement et la fuite en avant macabre depuis des années», explique Atmane Mazouz, chargé de communication au RCD. Selon lui, la tragédie de la vallée du M’zab est un vrai danger pour la nation et sa cohésion. «Elle soulève la question de la légitimité, du contrôle de l’exercice du pouvoir et l’urgence de la refonte de l’architecture institutionnelle dans le pays.
Le RCD et les Algériens dans leur ensemble suivent avec inquiétude l’évolution dangereuse de la situation où les forces de répression, dont des gendarmes et policiers, au lieu de garantir la quiétude des populations et la préservation des vies et des biens se comportent en véritable armée d’occupation et se permettent même d’être partie prenante dans un conflit communautaire», souligne-t-il. Le quotidien tragique de la population de Ghardaïa, ajoute-t-il, «ne peut avoir de solution sous ce pouvoir piégé par une logique tribale et clanique et qui a longtemps marginalisé et exclu cette région de sa part au développement».
Cette situation, précise pour sa part Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid, «est inquiétante». «Même en ce mois de carême, la violence ne s’est pas estompée dans cette région. Elle est symptomatique de maladie silencieuse qui couve dans le pays depuis longtemps (…). L’Etat s’est effondré et les dirigeants ne pensent qu’à rester en place», dit-il. Soufiane Djilali pointe du doigt l’absence d’une gestion de la société qui évolue, selon lui, en roue libre. «On n’a pas construit un Etat sérieux. La politique, c’est l’art de gérer les conflits, mais ce n’est pas le cas en Algérie», déplore-t-il. *Madjid Makedhi/ el watan-maedi 07 juillet 2015
**Toute l’opposition était chez Ali Benflis jeudi soir. L’instance de concertation et de suivi de l’opposition, qui réunit en son sein le Pôle des forces pour le changement et la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique, en plus d’autres personnalités, à l’instar de Ali Yahia Abdennour, Karim Tabbou, fondateur de l’Union des forces démocratiques, un parti non agréé, Abdelaziz Rahabi et des représentants de la société civile, ont fait un tout autre agenda, élargissement de l’ICSO, situation politique du pays, notamment la lettre du Président, mais les événements tragiques de Ghardaïa, ont chamboulé l’ordre du jour.
Le président du parti Talaï El Houryet, Ali Benflis, propose que la rencontre se limite au sujet qui domine l’actualité de ces derniers jour, à savoir la tragédie de la vallée du M’zab. Ce qui fut accepté par l’assistance. C’est Salah Dabouz de la Ligue algérienne des droits de l’homme qui a été invité à parler de la situation à Ghardaïa depuis le 5 juillet dernier.
L’intervenant a mis en évidence la gravité de la situation dans la région. Il y a eu, selon lui, utilisation de fusils de chasse et d’autres armes à feu aussi bien à El Guerrara, Berriane qu’à Ghardaïa. Plus grave encore, dit-il, il y a eu le refus des services de sécurité d’intervenir. M. Dabouz indique qu’il y a eu «de faux barrages sur toutes les routes menant à El Guerrara».
Pour le responsable de la Ligue algérienne des droits de l’homme, «le pouvoir est responsable de cette situation». L’orateur demande une commission d’enquête indépendante pour savoir «qui a donné l’ordre pour que les services de sécurité n’interviennent pas». Pour Ali Benflis, ce qui se passe à Ghardaïa «n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein». «Tout le monde savait que la situation dans la région est dangereuse et qu’elle appelait une solution d’une extrême urgence», dit-il, avant de souligner «l’absence des institutions de l’Etat».
«Je n’ai pas envie d’apparaître comme quelqu’un qui lie tout à la vacance du pouvoir, mais la réalité est là, soutient l’ancien chef de gouvernement, qui s’interroge : est-il concevable devant une crise d’une telle ampleur que le dépositaire de la fonction présidentielle ne prenne aucune initiative qui puisse rassurer le peuple ?» Ali Benflis pense que «la tragédie de Ghardaïa est née de la crise de légitimité du pouvoir».
«Dans l’absolu, précise-t-il, nous avons une Présidence, un gouvernement, un Parlement avec ses deux Chambres, mais aucune de ces institutions ne fonctionne.» A propos de la réunion d’urgence et du communiqué qui l’a sanctionnée, Ali Benflis affirme que «les mesures prises et la manière dont cela a été fait sont, encore une fois, la preuve de carence et un aveu d’impuissance».
L’intervention du militant des droits de l’homme, Ali Yahia Abdennour, a porté sur la volonté de Abdelaziz Bouteflika, qui contrôle le pouvoir, d’aller au terme de son mandat mais aussi sur la nécessité de placer l’Instance de concertation et de suivi de l’opposition dans une dynamique d’actions menées à la fois avec sagesse, dignité et détermination.
Abderrezak Makri, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui venait de rencontrer le directeur de cabinet du président Bouteflika, Ahmed Ouyahia, met lui aussi en exergue la gravité de la situation dans la vallée du M’zab et surtout sa complexité admise même par le revenant secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND). «Il ne faut pas commettre l’erreur de nier que ce qui se passe à Ghardaïa n’est pas un conflit confessionnel entre ibadites et malékites», affirme l’intervenant, qui soutient que malgré tous les efforts pour les ramener au dialogue, «les deux communautés refusent de se rencontrer».
«Il y a certainement des bonnes volonté des deux côtés», dit Abderrezak Makri, «mais il existe également des extrémistes qui font échouer toute tentative de rapprochement», regrette-t-il. Karim Tabbou de l’UFD pense lui qu’il y a des choses essentielles sur lesquelles l’opposition doit s’attarder, des choses aussi importantes, dit-il, que ce qui se passe à Ghardaïa.
A ce titre, l’orateur parle de l’ingérence du président français, François Hollande, qui renseigne les Algériens sur l’état de santé du chef de l’Etat et la missive du chef d’état-major au responsable d’un parti politique. Tabbou souligne, en effet, que le danger pour l’Algérie c’est le pouvoir. La réunion de l’ICSO a été sanctionnée par un communiqué final, qui responsabilise le pouvoir dans ce qui s’est passé à Ghardaïa. L’opposition, qui appelle la population de la vallée du M’zab «à la vigilance et à la cohabitation», indique que «l’Etat qui n’a pas pu évaluer la gravité de la situation a dérogé à son devoir constitutionnel de protéger les biens et les personnes». L’ICSO considère qu’elle est «en deuil national même si l’Etat ne l’a pas décrété».*Said Rabia / el watan-samedi 11 juillet 2015
*Slimane Hakkoum. Historien et membre de l’initiative de la charte de Berriane
*L’indifférence de l’Etat ont anéantis les efforts de la société civile.
***Le comité des notables de Ouargla a été à l’origine de la réconciliation et de la signature de la charte de Berriane en 2008. Pourquoi n’avez-vous rien tenté pour Ghardaïa ?
A Berriane, nous avons pu intervenir à temps jusqu’à l’élaboration et la signature de la charte. Ouargla a indemnisé les familles ayant perdu des proches en payant une diya en guise de solidarité et en signe de fraternité et de bon voisinage avec le M’zab. Aujourd’hui, nous avons tenté d’en faire de même, les ibadites et les malékites étaient à l’écoute, chacun a fait son possible, mais nous avons compris, vu la tournure prise par les événements et les signaux reçus par les canaux officiels, que notre intervention n’était pas la bienvenue. Mais sans la bonne volonté de beaucoup de gens, Ghardaïa aurait brûlé.
***Parce que vous considérez que Ghardaïa n’a pas brûlé malgré la tragédie actuelle ?
Nous déplorons ces morts inutiles, Allah yarhamhoum, mais le pire était à redouter après cette tuerie.
A Ouargla, nous avons créé, en 1999, un comité commun aux ibadites et malékites pour œuvrer à une paix durable. Nous prions dans les mêmes mosquées, nous assistons ensemble aux événements publics et intervenons en cas de besoin. Personnellement, je donne des conférences très appréciées dans les mosquées ibadites de Ouargla alors que je suis malékite, et nous avons des conférenciers ibadites dans notre zaouïa à Beni Thour.
La cohabitation intelligente et fraternelle a trouvé un bon terrain à Ouargla, pas à Ghardaïa. Tous les habitants de cette région sont mozabites parce qu’ils habitent le M’zab, avec en commun la géographie, l’unité nationale, l’islam et les intérêts communs.
Le M’zab n’a pas été aidé à résister aux fatwas venues du Machreq, qui ont ciblé les ibadites en tant que khawaridj, selon la doctrine wahhabite saoudienne en compétition politique et géostratégique avec le sultanat d’Oman. Les fatwas d’Ibn Baz ont fait le tour de la Toile, les agitateurs de la fitna sont allés jusqu’à sortir des livres d’histoire une fatwa d’El Badjouri, datant de 1773 et taxant les ibadites de khawaridj qu’il faut combattre par tous les moyens.
Ce genre de situation ne peut être réglé par des réunions sommaires où les gens sont filmés en train de s’embrasser sous le regard bienveillant du Premier ministre décrétant une réconciliation. Ces gens ne se disputent pas un terrain, un palmier ou une route tribale.
Vous parlez de dissuasion institutionnelle de votre démarche de conciliation au M’zab.
Notre objectif était d’exporter le modèle de Ouargla prônant le vivre-ensemble entre frères malékites et ibadites. En 2008, Yahia Fehim, l’ex-wali de Ghardaïa voyait déjà d’un mauvais œil notre intervention. Il ne voulait pas en entendre parler. C’est pourtant grâce à nous que Berriane a retrouvé la paix. Le traitement administratif, l’indifférence de l’Etat ont anéantis les efforts de la société civile.
Il nous faut des personnes imprégnées du «dossier Ghardaïa», dans ses spécificités, ses intérêts, sa composante sociale, son importance géostratégique sur l’échiquier national, que les instances sécuritaires, les services de renseignement agissent avec fermeté contre les agitateurs de la fitna.*Houria Alioua / el watan-samedi 11 juillet 2015
**Hassan Nasrallah parle de Ghardaïa
Le Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, a abordé, bien que brièvement, la situation née des derniers affrontements à Ghardaia, qui ont provoqué la mort de plus d’une vingtaines de personnes, à l’occasion de la Journée Internationale d’Al-Quds (Jérusalem), le 10 juillet 2015.
« Israël annonce sa satisfaction face aux guerres civiles qui ravagent toute la région, et œuvre et agit dans ce sens via ses services secrets et de différentes manières pour étendre ces guerres. Et malheureusement, un grand nombre de pays ont été touchés par ce malheur, et on voit ce qui se prépare maintenant contre l’Algérie, et malheureusement, encore une fois, sous un aspect sectaire.
A l’heure actuelle, je n’ai pas d’informations détaillées, je ne prétends pas être spécialiste de ce dossier, mais chaque fois qu’il y avait des problèmes dans certaines régions, les médias parlaient de différences ethniques, ou basées sur des considérations ethniques, à savoir entre Arabes et Amazigh (berbères). Mais j’ai vu, ces derniers jours, que certaines chaînes étrangères (occidentales) diffusées en Arabe [BBC Arabic,France 24, etc.] parlaient de lutte entre les Malékites et les Ibadites. C’est-à-dire que l’Occident veut présenter cela comme un conflit confessionnel et sectaire.Voilà ce à quoi (l’Occident) œuvre au niveau de l’ensemble de la région ».*Par Kaci Haider |mardi 14/07/2015 | algerie1.com/
**Louisa Hanoune accuse la main invisible d’un troisième acteur
Louisa Hanoune, qui animait mardi un point de presse, était très attendue sur les derniers événements de Ghardaia. Elle n’est pas allée par trente-six chemins pour dire que « ces événement mettent en péril l’unité du pays ».
Elle accuse en premier le chef de l’Etat pour son incapacité à trouver une solution à la situation de violence récurrente que vit la vallée du Mzab depuis presque deux années. Louisa Hanoun dit avoir diligenté sur place deux députés du parti qui sont revenus avec un rapport « qui permet de comprendre ce qui se passe à Ghardaïa ».
Louisa Hanoune, récuse la thèse de l’affrontement communautaire et voit dans ce qui se passe à Ghardaïa « la main invisible d’un troisième acteur non identifié ». Affirmative, Louisa Hanoune croit dur comme fer que l’on veut faire reproduire en Algérie le printemps arabe. « l’Algérie n’est pas immunisée contre les dangers venant de l’étranger, même si tout le monde a pris conscience de la gravité de la situation », dit-elle en se référant aux événements de Kabylie en 2001.
Attendue aussi par rapport aux critiques formulées contre elle par Ahmed Ouyahia, l’ayant accusé de faire du « populisme », la patronne du PT met en garde contre les agissements de l’oligarchie au sein du pouvoir. « Jamais dans aucun pays une telle déclaration n’a été faite. C’est une dérive sans précédent. On ne peut pas se taire sur le détournement de l’argent public par l’oligarchie par le biais des marchés publics », a-elle ajouté en accusant le chef du RND de se tromper de constat.*Par Abbès Zineb | |mardi 14/07/2015 | algerie1.com/
**Des armes et des bombes artisanales récupérées
Après la tragédie de la nuit de jeudi à vendredi derniers, le calme semble revenir à Ghardaïa, notamment à Guerrara, Berriane et au centre-ville, secoués par des actes de violence qui ont fait plus d’une vingtaine de morts et une centaine de blessés. La vallée du M’zab est désormais placée sous commandement militaire.
En termes clairs, c’est l’état-major du secteur militaire opérationnel de Ghardaïa qui coordonne, sous le commandement du chef de la 4e Région militaire, le général-major Cherif Abderrazak, «toutes les actions menées conjointement par les forces de police et de la Gendarmerie nationale, qui ont été renforcées en moyens humains et matériels», expliquent des sources proches de la police. Ce dispositif, ajoute-ton, a permis l’arrestation de 30 personnes, placées dimanche dernier sous mandat de dépôt. «Ces mis en cause sont soupçonnés d’avoir pris part aux attroupements armés et de détention d’armes à feu», révèlent nos interlocuteurs.
Selon eux, «l’arsenal récupéré est constitué de fusils de chasse, de fusils à pompe mais aussi de fusils de fabrication artisanale, avec des canons assez larges pour provoquer d’importants dégâts. Les bombes saisies dans les sous-sols de certaines maisons sont elles aussi fabriquées localement avec de la poudre mélangée à des boulons, des écrous, des clous et toute sorte de produits métalliques, pour faire le plus de victimes sur une distance assez grande, par rapport au lieu de l’explosion».
Les enquêtes se poursuivent toujours, selon nos sources, précisant que des équipes de la police scientifique ainsi que de la Gendarmerie nationale ont été dépêchées sur place pour expertiser les armes saisies et remonter aux auteurs d’homicide. «Nous agissons dans une région qui a ses spécificités. Lors des perquisitions, nous faisons tout pour éviter de toucher aux susceptibilités des uns et des autres. Dans ces régions, la majorité des maisons ont des sous-sols qui peuvent être utilisés comme des caches ou des atelier de fabrication d’armes. Nous en avons découvert certains, mais il faut du temps et la compréhension de tous pour pouvoir passer au peigne fin tous les quartiers qui ont connu des affrontements armés. Il y a aussi cette forêt, qu’est la palmeraie, sur laquelle on a entendu beaucoup de choses.
De nombreuses descentes y ont été effectuées, mais le résultat est très maigre. Il faudra du temps mais aussi des investigations poussées pour aller vers des points précis.» Les résultats de ces opérations, nous dit-on, prouvent qu’il y a eu une préparation. «Nous ne sommes plus dans une situation de maintien ou de rétablissement de l’ordre public, mais plutôt dans une situation de confrontation armée, pour ne pas dire de guerre. Que peuvent faire des gendarmes ou des policiers armés de matraques au milieu de deux communautés qui se livrent bataille à coups d’armes à feu ?
Il fallait passer à une autre étape et mettre en place un dispositif à la hauteur de la gravité de la situation. Il fallait non seulement renforcer les troupes, mais aussi mettre à leur disposition les moyens militaires adéquats», révèlent nos sources. Pour elles, le conflit entre malékites et ibadites ne date pas d’aujourd’hui. Cela fait plus de 40 ans, disent-elles, que les deux communautés se confrontent et parfois à la suite d’une simple dispute entre deux enfants. «Mais cela ne les a pas empêchées de cohabiter. Jamais le conflit n’a atteint ce degré de violence.
Des facteurs exogènes se sont greffés, comme par exemple le trafic de drogue, le terrorisme, la contrebande, dont le terreau est l’insécurité, mais aussi, les idéologies extrémistes, véhiculées aussi bien par les salafistes que par certains courants rigoristes de l’une des trois écoles ibadites qui a pignon sur rue à la vallée du M’zab. A ces éléments, s’ajoutent d’autres facteurs, comme le recours aux réseaux sociaux, souvent pour attiser la violence et la haine entre les deux communautés. Le terrain est devenu favorable aux ingérence et manipulation étrangère.
Il faudra trouver les solutions adéquates à cette crise et éviter qu’elle déborde, ou qu’elle soit utilisée pour frapper la cohésion du pays. Aujourd’hui, il y a une réalité toute nouvelle. Les jeunes se démarquent davantage des institutions organisationnelles de la société mozabite. Ils sont de plus en plus nombreux à ne pas respecter l’autorité spirituelle, religieuse et sociétale. Il faudra peut-être revoir nos méthodes de communication et faire en sorte qu’elle ne se limite pas uniquement aux notables, mais soit plutôt élargie aux autres composantes de la société», soulignent nos sources.
Elles estiment que les dernières mesures «peuvent constituer une sortie de crise», parce qu’elles concernent le volet sécuritaire, mais également social. «Les mesures sécuritaires sont importantes pour une période, mais elles ne peuvent constituer la solution, qui doit être multisectorielle. Le président de la République l’a compris. Dans le dernier communiqué, il est fait état de la mise en place d’un programme d’urgence de développement pour la région. Cela est très important.
La situation de violence a poussé de nombreux opérateurs économiques à quitter Ghardaïa. Les projets sont à l’arrêt. Le marché du travail a chuté considérablement. Une fois l’ordre rétabli, il faudra encourager l’investissement dans cette wilaya qui a trop souffert. Cette mission incombe en premier lieu aux politiques», notent nos sources. Pour l’instant, affirment-elles, «les mesures sécuritaires commencent à porter leurs fruits.
Les arrestations parmi les fauteurs de troubles ont permis le retour au calme. Nos équipes de la police scientifique travaillent sans relâche pour identifier les auteurs des tirs ayant causé mort d’homme. Ce n’est pas facile. L’information est difficile à avoir. Il reste beaucoup à faire. Nous ne pensons pas avoir tout récupéré. La fabrication de cet armement n’est pas fortuite. Cela veut dire qu’il y a eu préparation et donc préméditation».
Dans quel objectif ? La réponse est difficile à obtenir, déclarent nos sources. «Il est certain qu’un événement a dû précipiter le passage à l’acte, qui n’était pas à l’ordre du jour, du moins, pour cette période. A ce stade de l’enquête, nous n’avons toujours pas de réponse. Cependant, il est certain que les perquisitions ciblées effectuées ont donné des résultats. L’enquête se poursuit, il n’est pas exclu que d’autres caches d’armes puissent être découvertes. Cela va prendre du temps, mais surtout nécessitera la collaboration de la population. Il y a une prise de conscience sur la gravité des faits et la confiance commence à être rétablie.»
**Fekkhar déféré au parquet
Arrêté durant les événements de Ghardaïa, Kameleddine Fekkhar, militant des droits de l’homme, sera déféré aujourd’hui devant le parquet de Ghardaïa, apprend-on de source sûre. Il est soupçonné d’avoir fait l’apologie et derrière l’incitation à la violence, à travers la publication, via les réseaux sociaux, de communiqués et de photos sur les actes de violence survenus à Guerrara, Berriane et au centre-ville de Ghardaïa. Hier, des informations sur la Toile faisaient état de «sa disparition» des locaux de la police. S. T.
**Salima Tlemçani / el watan- mardi 14/07/2015
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*les affrontements entre les deux communautés, mozabite et chaâmbie, ont refait surface, dégradant ainsi dangereusement la situation
«Il faut identifier ces hommes encagoulés qui incitent les deux communautés à la violence.»
**la situation reste critique
Ghardaïa qui a connu un court moment de répit après l’initiative du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a vite replongé dans la violence, où les affrontements entre les deux communautés, mozabite et chaâmbie, ont refait surface, dégradant ainsi dangereusement la situation. Un jeune de 35 ans a été poignardé au coeur au niveau de la palmeraie Touzouz. 10 personnes ont été blessées lors de ces affrontements. La ville est dans le chaos. Commerces, écoles et université sont fermés. S’ajoute à cela, le fait que des policiers sont soupçonnés de prêter main forte à des manifestants qui saccageaient et brûlaient.
Pour Mme Hanoune, les efforts de l’Etat pour calmer cette situation critique restent insuffisants. «Les efforts de l’Etat sont insuffisants, le minimum est que le ministre de I’Intérieur aille sur place, mais aussi dégage une commission d’enquête et retrouve les commanditaires» a-t-elle déclaré. Et d’ajouter: «Il faut identifier ces hommes encagoulés qui viennent d’autres wilayas et qui incitent les deux communautés à la violence.» Pour Mme Hanoune cette situation viserait «la déstabilisation du pays sur des bases ethniques et religieuses» avant de mettre en garde qu’«il ne faut pas sous-estimer ce qui se passe à Ghardaïa, c’est d’une extrême dangerosité, de par sa situation géostratégique». Elle a, par ailleurs, indiqué que «nous sommes contre toute approche communautariste, nous demandons une approche républicaine».
*Mme Hanoune a fait des déclarations surprenantes sur les événements de Ghardaïa et accuse des mains étrangères.La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, est catégorique. Les événements de Ghardaïa ne sont pas le fait d’un simple hasard. «C’est un complot derrière lequel il y a des narcotrafiquants, des ONG à la solde de la CIA, et des barons du trafic en tout genre» a attesté Mme Hanoune lors d’une conférence animée, hier, au siège du parti. Ces propos viennent en réponse aux déclarations du ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaïz, au sujet des événements de Ghardaïa, qui a déclaré lundi dernier qu’ «il n’y a aucune preuve qui indique que les événements de Ghardaïa ont été provoqués par la main de l’étranger».
*Abordant l’élection présidentielle, la secrétaire générale du Parti des travailleurs a estimé que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, doit réagir pour dissiper le flou qui persiste sur la scène politique. «Nous appelons le Président à prendre la parole et réagir pour dissiper le brouillard et l’opacité de la scène politique. Cela pour mettre fin aux rumeurs et spéculations des personnes qui parlent en son nom. Nous l’appelons à s’adresser au peuple» a-t-elle insisté.
A deux mois de la présidentielle prévue le 17 avril prochain, un certain attentisme marque la scène politique. Selon certains observateurs, cette posture politique serait due au silence de M.Bouteflika quant à sa position vis-à-vis de cette élection. Ira-t-il à un 4e mandat? La question taraude l’opposition. Jouissant d’un bilan de réalisations positif, le Président en poste, ne trouvera pas en effet de candidat capable de lui barrer la route. «C’est à lui, seulement lui, de décider s’il va se présenter ou pas. Il est libre de faire son choix»a souligné Mme Hanoune, et d’ajouter que «Abdelaziz Bouteflika jouit d’une bonne santé mentale et intellectuelle».*source: L’Expression-Mercredi 22 Janvier 2014
**Guerrara:Les Malékites décrètent la grève générale
ils dénoncent le bricolage et les décisions irresponsables des autorités locales, régionales et centrales qui ont aggravé la situation
La situation tend à prendre une tournure gravissime dans la région du M’zab avec cette menace de paralysie de la ville de Guerrara brandie par les notables malékites de cette daïra, située à 130 km au nord-est du chef-lieu de wilaya, Ghardaïa.Aucun Malekite, ou presque, de Guerrara n’a rejoint son poste de travail et aucun de leurs enfants ne s’est rendu à l’école lundi. «Nous sommes déçus par la volte-face des autorités qui sont revenues sur la parole donnée. C’est une insulte et une humiliation qui nous sont infligées par les autorités qui nous ont menés en bateau», a déclaré Harzallah, l’un des notables malékites de Guerrara.
Cette affaire remonte à la semaine dernière lorsqu’une liste de 98 policiers, dont une quarantaine exerçant au niveau de la sûreté de daïra de Guerrara, devant être mutés, a été transmise à la sûreté de wilaya de Ghardaïa. Dès que celle-ci a été transmise pour application, des centaines de citoyens malékites de cette ville ont organisé des sit-in et des rassemblements non-stop, exigeant l’annulation de ce mouvement qu’ils considèrent comme une punition contre des agents qui n’ont fait que leur travail.
Reçue par le chef de daïra qui a transmis ses doléances à l’autorité centrale, une délégation de l’inspection régionale de la Sûreté nationale de Ouargla s’est rendue sur place et s’est entretenue avec les notables malékites de cette ville. Ceux-ci ont exposé leurs revendications en demandant «pourquoi l’Etat veut punir des Algériens qui ont fait leur devoir pour satisfaire des plaintes sans fondement et sans preuve. Nous n’avons rien contre l’autre partie, il faut qu’il y ait des preuves irréfutables pour sanctionner quelqu’un». Pour nos interlocuteurs, les membres de la communauté malékite de cette cité ont décidé de ne plus se rendre à leur travail et de ne plus envoyer les enfants à l’école. Et cela tant que cette injuste mesure n’est pas annulée. «Si cela ne suffit pas, nous allons prendre d’autres mesures pour durcir encore plus notre position.» Et ils sont effectivement passés à l’acte : toutes les écoles de la ville ont enregistré l’absences de la quasi-totalité des enfants arabes, alors que les administrations, les banques, les pompes d’essence étatiques et les services ont tournés au ralenti, tous les travailleurs et employés arabes ayant suivi l’appel au boycott.Le bricolage et les décisions irresponsables des autorités locales, régionales et centrales ont aggravé la situation dans cette région déjà instable depuis les graves affrontements intercommunautaires qui ont commencé dans cette ville le 25 novembre 2013 lorsque, à la sortie du stade du 24 Février après un match derby opposant deux équipes locales (mozabites et arabes), des affrontements ont eu lieu dans le quartier Mahmoud, aux environs de l’institut El Hayet. En sus des dégâts occasionnés (pillage, saccage et incendie de plusieurs maisons et magasins, d’une polyclinique, d’une banque et de mobilier urbain) un mort et plusieurs blessés, dont trois gravement atteints, ont été dénombrés.*K. Nazim-El Watan-Mercredi 22 Janvier 2014
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**Ghardaïa: Les Mozabites font l’objet de provocations, d’agressions et d’atteintes à leurs biens sans que le pouvoir central d’Alger daigne enrayer ce qui, maintenant, se transforme en tensions confessionnelles chroniques
*Ethnocide? Génocide? Conflit confessionnel? Quelle que soit la qualification que l’on veut bien attribuer aux maints incidents qui se sont produits à Ghardaïa, la tragédie, elle, porte un nom. Il est immuable. Il incarne le mal. Ils sont les «oubliés» de la République. Ils n’ont ni ministres, ni walis, ni ambassadeurs. L’Etat est insensible à leur malheur. Une vraie tragédie se joue à quelques centaines de kilomètres d’Alger. Dans une totale indifférence de l’opinion publique. Du gouvernement. Et de sa classe politique. Les Mozabites font l’objet, depuis plusieurs années déjà, de provocations, d’agressions et d’atteintes à leurs biens sans que le pouvoir central d’Alger daigne enrayer ce qui, maintenant, se transforme en tensions confessionnelles chroniques entre les habitants de cette cité historique. Les victimes sont connues. Ce sont ces Algériens de confession musulmane, dont les ancêtres ont adopté le rite ibadite. Elles ont toujours cohabité en bonne intelligence avec les autres rites musulmans. Que ce soit à Berriane ou à Ghardaïa, l’atmosphère a toujours été à l’apaisement. Durant la période coloniale, les deux communautés ont vécu en bonne intelligence. Pourquoi le feu brûle-t-il aujourd’hui dans cette citadelle réputée pour sa tolérance, son sens de la solidarité et son patriotisme? Bien que vous pourriez réagir en rétorquant: combien d’hommes, de dirigeants, de savants ont été effacés des tablettes de l’Histoire? Il reste que la communauté ibadite a donné de grands noms à l’Algérie et à sa Révolution. De Moufdi Zakaria qu’Abane Ramdane avait choisi lui-même pour écrire Kassaman, notre hymne national, aux deux vénérables cheikhs El Bayoud et Addoun, sans compter les centaines d’éminents cadres qui ont contribué à la libération du pays puis à sa reconstruction, les Mozabites ont été pour nous tous un modèle de comportement, de valeurs, d’initiatives, de gestion et d’efficacité. L’ancien président, feu Ahmed Ben Bella, ne s’était pas trompé en confiant dans son premier gouvernement le poste de ministre du Commerce à un Mozabite qui avait pour nom Mohamed Khobzi. Ce dernier épatait la galerie à Dar El Beïda en prenant les commandes d’un petit avion piper pour une démonstration aérienne de premier ordre. De grands commis de l’Etat ont laissé les meilleurs souvenirs dans les institutions qu’ils ont eues à diriger. Parmi eux figuraient de grands banquiers et d’illustres ambassadeurs, universitaires et médecins. Lors de sa première visite en Tunisie, fin 1957, le futur colonel Amirouche, déjà auréolé de sa gloire sur les champs de bataille, avait été l’hôte des Mozabites réfugiés dans la capitale. Mohamed Seddik, professeur d’arabe retraité, raconte: «Amirouche avait été frappé par l’accueil exceptionnel de cette communauté. Ce fut une véritable fête. Pendant plus de trois heures, il parlait tantôt en arabe, tantôt en kabyle, tantôt en français à une assistance de plus de trois cents notables. Amirouche a tenu à les remercier du soutien qu’ils apportaient à la Révolution. Et surtout pour la contribution financière, sans commune mesure, qu’ils fournissaient pour l’achat d’armes, de médicaments et de matériels. ‘Je salue votre sens de la discipline et de l’organisation. Vous êtes un exemple pour tous les Algériens », leur a-t-il dit.» Nos frères mozabites vivent une situation dramatique. Depuis plus d’une décennie, ils sont agressés, insultés, brimés. Leurs commerces sont pillés. Et pis encore, leurs familles sont condamnées à demeurer enfermées dans ce qui reste de cette célèbre cité interdite qui ressemble à un ghetto! Aujourd’hui, faute de solution, il ne reste que la stratégie du pire. De la haine pour les gens d’en face qui veulent les ravaler à un degré de sous-êtres humains. Des morts et des blessés, il y en a eu. Mais la spirale de la violence s’enfle à chaque saison. Les perdants, ce sont eux. C’est aussi l’Algérie. Parce qu’ils sont les oubliés d’un régime qui ne regarde pas plus loin que le bout de son nez. Ils refusent d’être les lépreux de la République. Sur fond d’anxiété, de doutes et de jérémiades, la vie des Mozabites est devenue un enfer. Dans toutes ces confusions hystériques, comme s’il y avait une vertu de l’entêtement, il y a les Chaâmbis. Derrière toute cette tragédie, ce sont eux qui ont allumé les feux de la fitna. Entre Chaâmbis et Mozabites, on ne réfléchit pas. On ne dialogue plus. On cogne! La réalité des faits est accablante. Ni le gouvernement ni la classe politique ni l’élite médiatique ne se sont emparés du mal qui ronge la communauté mozabite. Jusqu’à quand accepteront-ils de jouer le rôle ingrat des marginalisés de la République? En haut lieu, nos ministres, les plus concernés par ce drame, sont-ils décidés enfin à réagir, à retrousser leurs manches pour donner un coup d’arrêt à toute cette violence contre une minorité religieuse qui a tous les droits d’exiger de l’Etat de la protéger et de lui assurer la sécurité des biens et des personnes? Il y a certainement des remèdes aux folies du fanatisme. Le gouvernement Sellal doit vite réagir. Et avec lui, les partis politiques. Sinon, on saura dès lors que nous vivons dans une République poltrone. Et sans principes.*Par Ahmed FATTANI-L’Expression-Dimanche 29 Decembre 2013
**Un lycéen égorgé à Oran
Le phénomène de la violence scolaire a atteint des proportions inquiétante
«Aidez-nous à sauver notre établissement, le secteur de l’éducation est foutu», a crié un parent d’élève outragé par l’acte criminel perpétré dimanche dernier sur un lycéen de 19 ans. La victime, qui a été égorgée à l’aide d’un objet contendant, a été découverte par ses camarades baignant, dans son sang. Le lycée Houari-Souayah du quartier Haï El Badr ex-Cité Petit est-il maudit à tel point qu’il soit ciblé en permanence par des actes de haute criminalité? L’acte de dimanche dernier n’est pas un simple fait divers ni unique en son genre. «Ce lycée a, à plusieurs fois, été le théâtre de plusieurs actes exécutés par, aussi bien, des élèves scolarisés, que par des voyous et autres énergumènes de tous bords», ont déploré plusieurs lycéens rencontrés. Dans un passé récent, plusieurs des individus, armés d’armes blanches dont des sabres et autres coutelas, ont tenté de s’introduire à l’intérieur du lycée aux fins d’agresser les lycéens. Un autre acte et pas des moindres, remonte à l’année dernière, un lycéen recalé et exclu après son échec à l’examen du baccalauréat a tenté de mettre fin à sa vie en s’immolant par le feu. Une enquête d’ordre sécuritaire et social, à ouvrir sur tous les fronts s’impose, question d’élucider le fait que le lycée Souayah soit fréquemment ciblé par des actes dépassant tous les seuils du raisonnement. Le phénomène de la violence scolaire a atteint des proportions inquiétante. Celle-ci est en train de proliférer en touchant même les cours de recréation et les salles de classe. La place de l’école prend un sérieux coup. Les événements dramatiques de ce genre sont légion. A Alger, Oran, Annaba, un peu partout dans les 48 wilayas, la violence en milieu scolaire a gagné du terrain. Les exemples ne manquent pas, L’Expression a été alerté en soulevant la problématique dans ses éditions précédentes. Dans un passé récent, «ce sont quatre élèves d’un CEM à l’est d’Alger qui avaient isolé et frappé à coups de pied au crâne leur camarade de 14 ans», a raconté une enseignante en déplorant que «les dégâts neurologiques seront peut-être irréversibles». «Une lycéenne a giflé en plein cours son enseignante», regrette son collègue. En 2011, le lycée de Sidi El Bachir, Est d’Oran, a été le théâtre d’un fait inédit, un lycéen exclu n’a rien trouvé de mieux à faire pour se venger de ses professeurs que de les menacer à l’aide d’un fusil à pompe. Deux ans auparavant, le CEM Zaki-Saïd, sis aux Amandiers a vécu un drame exceptionnel, un collégien de 14 ans a commis un meurtre sur son camarade en lui assénant plusieurs coups de couteau mortels. «L’usage de la drogue, les armes blanches dans le cartable ou dissimulées, l’absentéisme et les mensonges persistants s’ajoutent au lot de bêtises, hélas! fréquentes à l’école», déplore-t-on. Au-delà des établissements scolaires, la délinquance, voire la criminalité juvénile est en plein essor. La tragédie nationale n’explique pas tout, car les inégalités sociales sont telles que «l’angoisse des enseignants est ressentie plutôt dans une école accueillant les enfants du bidonville ou des quartiers-dortoirs que dans un autre endroit plus ou moins nanti», témoignent les enseignants. Les raisons de cette hausse de violence scolaire sont multiples et variées. Pour certains, le renoncement des parents, indice d’un déséquilibre du foyer familial, l’inversion de l’échelle des valeurs et la mauvaise exploitation de l’impunité accordée à l’élève suite à l’interdiction du châtiment corporel y sont pour quelque chose. Des bêtises qui se résument aux rackets, insultes, vols, menaces verbales, extorsion, tapage, bagarres, gangs, armes blanches et parfois vandalisme, sont commises, aussi bien par des garçons que par des filles. A Oran, le phénomène est à son plus haut niveau. Toutes les trouvailles adoptées n’ont pas porté leurs fruits. La dernière invention mise en oeuvre par le secteur de l’éducation a consisté à traiter le mal par le mal. Elle a été mise en application par les responsables locaux de l’éducation en collaboration avec les services de la santé. Dans cette action, des élèves ayant exercé des violences sur leurs camarades laissent tomber leurs anciens comportements pour se mobiliser en animant des campagnes et des actions qui entrent dans le cadre de la lutte contre la violence en milieu scolaire. Ces derniers, au nombre de 92 écoliers des paliers moyen et secondaire, dans une sorte de communion, sont entrés en contact avec les élèves scolarisés pour débattre d’une seule et unique problématique: la violence à l’intérieur et près des établissements scolaires. Ces animateurs en herbe ont été guidés par des conseillers pédagogiques et des psychologues. Ce n’est un secret pour personne, la violence en milieu scolaire a touché plusieurs adultes. Ni les professeurs, encore moins les élèves, ne sont épargnés par ce phénomène qui se développe à une vitesse effrénée. Effrayants sont les bilans d’un phénomène qui encercle l’école algérienne. Dans la seule wilaya d’Oran, près de 7000 cas de violence perpétrée contre le personnel enseignant et administratif ont été enregistrés durant l’année scolaire 2010-2011.*L’Expression-14.01.2014
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