Idées originales
*Fabriquer des bijoux à partir de noyaux d’olives et de cerises
L’idée est originale, et Ouardia Sokri l’a tentée. Elle a réussi à développer une activité rentable, faisant travaillant une quinzaine de personnes, tout en donnant libre cours à ses fantaisies créatrices.
photo:Ouardia Sokri fabrique des bijoux d’une grande originalité
Au bastion 23, à l’intérieur du Palais des Raïs d’Alger, le stand de Ouardia Sokri ne désemplit pas. Au sixième jour du festival national de la création féminine consacré aux accessoires et ornements du costume, la vente des produits exposés par les 35 participantes est ouverte. Exerçant son art depuis 24 ans dans les montagnes de Bouhinoun (Tizi Ouzou), Ouardia Sokri a réussi à créer une véritable activité économique locale. Toutes les créations de Ouardia Sokri commencent par l’étape de ramassage des noyaux d’olives dans les montagnes de Bouhinoun. C’est devenu sa marque de fabrique. Nettoyés, percés, traités seulement avec du henné, les noyaux d’olives finissent sur chaque produit réalisé. Châles, colliers, ceintures, sacs… Tous sont affublés d’un noyau. Une idée venue d’un cousin, qui avait laissé sur la table de la maison familiale un collier de noyaux d’olives confectionné lors de son service militaire.
Des noyaux de cerises à la place du corail
Depuis ses premiers essais en 1988, Ouardia Sokri a développé un savoir-faire unique, qu’elle détaille avec enthousiasme. « Il est important de bien les faire bouillir pour que toute la matière à l’intérieur meure, et qu’il n’y ait aucun risque de de développement de germes au cœur du noyau, surtout si celui-ci est en contact de la laine », dit-elle. Progressivement, aux noyaux d’olives sont venus s’ajouter une vingtaine de noyaux de différents fruits, notamment ceux de la cerise. « Plongé dans le henné, puis verni, le noyau de cerise brille et devient comme du corail », explique-t-elle. Elle souhaite répandre cette technique auprès des bijoutiers. « Les noyaux de cerises pourraient remplacer le corail sur certaines pièces d’orfèvrerie. Ce serait une alternative beaucoup moins coûteuse, et qui aurait le mérite de respecter les règles d’interdiction de la pêche du corail. Mais le problème c’est que beaucoup de bijoutiers ne jurent que par le corail », explique-t-elle. Outre les noyaux d’olives, Ouardia Sokri utilise pour ses créations des morceaux de calebasse, issue de son jardin, sur lesquels elle peint à l’encre de Chine des motifs berbères.
Développement d’un réseau économique
Les idées originales et 100 % naturelles de cette créatrice ont rapidement trouvé acheteur. Si bien qu’elle s’est entourée, au fil des années, d’une équipe de collaboratrices, aujourd’hui au nombre de quinze. A chacune sa spécialité: couture, crochet, vannerie ou broderie. « Je leur montre le prototype de la robe ou de la broderie, qu’elles récupèrent ensuite pour poursuivre le travail à domicile », décrit-t-elle.
Payées à la pièce ou au motif, suivant la nature de la commande, certaines d’entre elles parviennent à obtenir un salaire suffisant pour vivre de leur métier. « Sur les quinze collaboratrices, quatre gagnent de 18 à 25.000 dinars par mois en travaillant à plein temps. Celles qui travaillent moins, car elles ont d’autres activités saisonnières, comme la récolte des olives ou les semences, gagnent entre 12.000 et 15.000 dinars », détaille Ouardia Sokri, qui affirme gagner le « double de l’artisane au salaire moyen ». Juste de quoi payer le loyer de son appartement et celui de sa boutique ouverte à Tizi Ouzou en 2006, précise-t-elle. Le temps de la vente est arrivé. Dans la petite salle du Palais des Raïs où elle a installé châles, colliers et ceintures, les compliments fusent. Les clients sont admiratifs devant l’originalité et la beauté des produits proposés. Ouardia Sokri donne les informations nécessaires sur les prix qui se situent dans une fourchette de 2.000 à 10.000 dinars, mais elle s’empresse de préciser que les modèles exposés ne sont pas à vendre. Les plus intéressés devront se déplacer à sa boutique de Tizi Ouzou. De nouvelles commandes dans un carnet déjà bien rempli. Car la réputation de Ouardia Sokri est déjà établie. Son originalité a payé. Et le bouche-à-oreille a trop bien fonctionné. (MaghrebEmergent-30.05.2012.)
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