la vannerie
**Salon national de la vannerie à Mascara
Le salon national de la vannerie, ouvert dimanche soir-16.12.2012- à la maison d’artisanat de Mascara, est marqué par la participation de 42 artisans de 14 wilayas du pays.
Le public nombreux à l’ouverture de cette exposition, présidée par le wali de Mascara, s’est montré intéressé par les produits exposés (paniers et ustensiles en alfa) par des artisans et des représentants d’associations artisanales et des chambres de l’artisanat.
Par la même occasion, des artisans ont demandé aux autorités de wilaya de leur attribuer des terres agricoles pour la plantation de l’osier utilisé dans la fabrication de paniers.
C’est une matière première rare au marché local depuis que l’unique pépinière spécialisée dans cette culture à Ferdjioua (Mila) est à l’arrêt.
Cette demande a eu l’aval des autorités de Mascara surtout que le développement de l’artisanat contribue à la promotion touristique de la « destination Algérie ».
Par ailleurs, des ex-cadres du ministère du Tourisme et de la direction du secteur de la wilaya et des artisans ont été honorés à cette occasion.* APS-17.12.2012.
* Vidéo: youtube La Vannerie – Partie 1
La vannerie sauvage initiation
***L’art de la vannerie
L’art de tresser des fibres végétales pour réaliser des objets très variés remonte à plus de 10 000 ans, c’est-à-dire bien avant les premières poteries selon la technique de datation au carbone 14. Ces pièces de vannerie ont été découvertes à Fayum en haute Égypte. D’autres, remontant à plus de 7000 ans, ont été trouvées au Moyen-Orient. Cependant, ces objets étant constitués de matériaux biodégradables, il est rare d’en exhumer. Selon les pays et la technique employée on utilise du seigle, des herbes, de la ronce, du rotin, du palmier, des aiguilles de pins, du bambou, du noisetier, de la paille, du roseau, du maïs etc etc
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La vannerie, un repère identitaire dans le sud maghrébin
Invitée de la fondation Déserts du monde, la chercheuse Tatiana Fougal a animé, mercredi au siège de la fondation, une conférence scientifique sur le thème de la vannerie dans le Sahara maghrébin. En tant que chercheuse au Muséeum d’histoire naturelle de Londres et ancienne chercheuse au musée du Bardo d’Alger, elle a effectué un long pèlerinage dans les déserts d’Algérie, du Maroc et de Tunisie pour une recherche avancée sur
l’artisanat de la vannerie. «La vannerie a souvent été une production délaissée et jusqu’au début des années
1970 très peu d’ouvrages lui ont été consacrés», dira-t-elle. Un art ancestral souvent négligé par les chercheurs et les collectionneurs et cela pour trois raisons que la conférencière ne tardera pas à nous détailler. Comparée à la poterie et au tissage, la vannerie est confectionnée à partir d’une matière pas très noble. C’est pour cela qu’elle n’est pas valorisée. Aussi, la courte durée de vie de la vannerie a joué en sa défaveur. En effet, une vannerie survit entre 3 et 10 ans, ce qui n’intéresse pas les collectionneurs. «Finalement, cet art a toujours été condamné à rester dans le circuit domestique», déclarera-t-elle.
Dans le 2ème chapitre, elle s’étalera sur les plantes utilisées pour la confection de ces objets artisanaux. «La vannerie est très proche de la culture du palmier dattier», dira-t-elle. Par ailleurs, au-delà des folioles des palmiers et des branches du dattier, d’autres plantes interviennent, à l’instar du smar, du hafizou et de l’alfa, qui sont des plantes endémiques. La récolte de ces plantes se fait au printemps. S’ensuivra un long processus de préparation. Le séchage des tiges qui se fait en plein air dure près d’une vingtaine de jours. Ces mêmes tiges subiront une technique de coloration suivie d’une autre d’assouplissement. C’est les femmes sahraouies qui
s’occupent de cela le jour du tissage de vanneries en mettant les tiges dans de grandes bassines d’eau. Certaines régions du Sud algérien disposent les tiges dans des bassines d’eau avec des clous rouillés pour les teindre d’une belle couleur brune.
Pour ce qui est de la variété des plantes utilisées, les choix sont divers. Sauf que, pour les folioles du palmier l’âge de l’arbre intervient. En effet, l’âge optimal d’un palmier, dont on peut se servir des folioles est de 2 à 3 ans. S’agissant des techniques de tressage des tiges on retrouve une homogénéité technique dans tout le Sud maghrébin. Il existe en effet plus d’une trentaine de techniques de tissage. Mais elles sont axées autour de trois principales. En l’occurrence le spirali-cousu, le tissé et le cordé. La 1re est propre aux ustensiles de cuisine, la seconde à la confection de chapeaux, d’éventails et de couffins. Pour la confection d’un couffin, une tresse doit mesurer au minimum 7 mètres.
Durant ses travaux de recherche, M. Fougal nous dira avoir observé un véritable équilibre au sein des gens du Sud. Au moment où les femmes s’occupent des vanneries, les hommes se penchent sur l’agriculture. Mais dans les régions du sud du Maghreb, les traditions et les habitudes sont différentes. En effet, dans le Sud marocain et tunisien, les travaux de vannerie se font à la maison par des femmes tandis que, dans la région du Tassili, les femmes peuvent s’installer dans la palmeraie, côtoyant leurs époux afin de travailler. Seule exception pour les hommes touareg. Ces derniers réservent la vannerie exclusivement aux femmes. Le rôle que détient la
vannerie dans l’économie saharienne est majeur, constituant à la fois un bien personnel à avoir chez soi mais aussi un gagne-pain pour les familles démunies.
«Principalement, ce sont les femmes divorcées ou veuves qui vendent les vanneries car cela n’est pas très bien vu chez les gens de la région», dira la conférencière en ajoutant : «On peut aussi deviner la situation économique d’une famille à travers le nombre de vanneries qu’elle possède.» Par exemple, une vieille dame ou une famille pauvre se contente de trois objets tels qu’une couscoussière, un couffin et un plat. Chez une jeune femme, on retrouve un nombre supérieur avec des décorations et des motifs.
Mme Tatiana Fougal parlera aussi du statut de la vannerie qu’elle considère comme un art semi-artisanal vu qu’il ne fait pas partie des arts industrialisés. «Durant ces dernières années, la vannerie a toujours été considérée comme un art domestique fait par les femmes pour leur cuisine. Mais durant les années 1990 des coopératives sont apparues en embauchant des femmes salariées pour confectionner à temps partiel des vanneries», dira-telle. A leurs côtés, il y a aussi les nouveaux vanniers devenus commerçants avec leurs propres boutiques ou ambulantes qui sillonnent les marchés. Dans ces mêmes marchés, on peut aussi distinguer aisément la provenance des vanneries exposées où chaque région a sa propre spécialité, sa propre technique et ses motifs. Il existe même des circuits de commercialisation dans le Sud.
En outre, la modernisation n’a pas épargné la vannerie. Les tiges de plantes ont été remplacées par le plastique au grand bonheur des femmes sahraouies, vu que le travail est devenu moins pénible. Cette matière est issue des sacs en plastique, des rouleaux de nappes en plastique et des rubans. L’appellation de la vannerie en plastique varie dans les trois pays. En Algérie on l’appelle la vannerie nilou, une déformation du mot nylon.
En Tunisie on l’appelle vannerie paquet cadeau et, au Maroc, la vannerie mika.
Fini le temps de la cueillette et du séchage des tiges et place à une nouvelle ère toute en couleurs. Ce nouveau genre de vannerie, grâce à l’utilisation du plastique, a la particularité d’être plus souple et plus coloré.
Il offre aussi aux femmes la possibilité de s’exprimer à leur aise et de laisser libre cours à leur créativité. L’utilisation du plastique a aussi engendré l’apparition de la technique du noué. L’introduction du plastique a également joué en faveur de l’environnement, vu que les gens du Sud ont appris à recycler le plastique. De ce fait, les plantations sont protégées et épargnées des cueillettes et le désert est propre à nouveau.
La conférencière clôturera son exposé en citant les bienfaits de la vannerie qui jadis réunissait toute la famille. «Elle donnait l’occasion de transmettre aux jeunes le savoir-faire, mais elle répondait aussi aux besoins de la famille», dira-t-elle. Mais hélas, cet art est menacé de disparition vu que les temps changent et que les jeunes
s’éloignent de tout ce qui constitue leur patrimoine. *La Tribune- 13-05-2009
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