Le Haïk et le burnous

*Sauvegarde du patrimoine culturel et vestimentaire

 Miss Hayek 2012 : « le grand gagnant de ce concours est le Hayek »

Le Haïk, le burnous, lemlaya, la kachabia et el fouta, des merveilles menacées… 

L’iconographie est le reflet expressif  de la mémoire visuelle, qui un instant fixée par l’image, la perpétue avec son âme à l’infini de l’espace et du tem

Cette image est une fresque de beauté dans sa force de dignité sublime qui nous rappelle ce que furent nos mères, nos grands-mères, nos aïeules incarnées par la grande Mme H’cicène  E’lla Ghania. C’est fièrement et élégamment voilée du haïk  «m’rama algérois» d’un blanc immaculé de tendresse et perlé de raffinement civilisationnel et culturel, que celle-ci a subjugué la très nombreuse assistance présente ce soir du 20 août 2010 à l’espace Fadéla Dziria de l’Institut national supérieur de musique. Pour notre génération, ce symbole est un étendard, témoin de luttes et de gloire d’un peuple à travers les étapes successives de sa destinée historique et qui a laissé en notre mémoire une empreinte indélébile de par sa fonction sociale, son rôle, son apport et sa mission au cours des épreuves de l’histoire.

Le Haïk et le burnous

Le haïk au-delà de sa fonction vestimentaire traditionnelle était un acte de résistance contre la politique coloniale de déculturation. Par sa seule présence dans l’espace public, il permettait de réaffirmer quotidiennement l’attachement du peuple algérien à son identité, à sa liberté et à sa détermination à résister face à la barbarie de la colonisation. Pour aller, dans la genèse de cette thèse à une époque donnée, nous accomplirons une traversée dans le souvenir pour revisiter le parcours historique de ce mythique haïk, dans un contexte particulier d’une tragédie de ce que fût le démantèlement culturel colonial.

 

Pour ce faire, nous aurons recours à l’image qui a immortalisé avec intensité l’âme de tranches de vie déterminantes dans l’existence de la nation algérienne. C’est par la rétrospective, de la trame du souvenir, que les images les plus marquantes se sont à jamais imprimées en nous, pour les avoir pleinement vécues dans l’ampleur des épreuves événementielles de l’incendie barbare de la colonisation. Le haïk a surtout été un véritable hymne civilisationnel de la résistance dans la symbolique de son expression dans une visibilité de l’authenticité de la personnalité algérienne et de ses valeurs.

C’est à cet égard qu’il est aussi la mémoire de son histoire

Pour en retracer les repères de celle-ci, nous tenterons une incursion dans le souvenir d’un vécu à travers des étapes cruciales et tourmentées dans  la destinée d’une nation qui a subi la trajectoire ravageuse d’une colonisation de peuplement dans un concept de non-humanité. Frantz Fanon, le grand sociologue de la révolution algérienne a consacré dans son célèbre ouvrage L’an V de la Révolution algérienne  un chapitre très important à la symbolique du haïk dans le contexte colonial.

Dans la chronologie historique du haïk, nous commencerons d’abord par ses liens avec des lieux, en l’occurrence, ceux du cimetière d’El Kettar qui avait ses vendredi, ou drapées du blanc de pureté, nos mères et grands-mères allaient se recueillir en ce jour saint devant les tombes de leurs chers disparus. L’image a fixé pour la prospérité, cette marée humaine de silhouettes blanches très attachées aux valeurs de fidélité, de pensée dans le prolongement du souvenir et de l’affection de ceux qui ont rejoint l’Au-delà. El Kettar, ce précieux et sacré patrimoine ancestral, qui avec sa configuration unique dans le monde, surplombe majestueusement l’immensité de la mer, était un havre de paix et de recueillement.

Les senteurs de ses plantes, l’arôme de ses fleurs, le ruissellement des fontaines de sa légendaire bâtisse mauresque appelée «la bridja», l’ombrage de ses arbres séculaires faisaient de ce lieu un véritable éden de tranquillité, de méditation et de repos. En ces temps-là, jeter une épluchure d’orange était un blasphème et marcher sur des tombes n’était qu’une fiction d’un imaginaire d’ensauvagement dans un cruel cauchemar de songes et d’épouvante. En nous, sont toujours vivaces, les «commandements»  répétés à satiété par nos mères quant à notre comportement en ces lieux sacralisés par l’âme de ceux qui y reposent à l’éternité et à qui nous vouons vénération et respect.

Ce mythique haïk a aussi accompli des missions héroïques dans le combat libérateur, et nous rappellerons à ce propos les plus périlleuses parmi lesquelles, les poseuses de bombes camouflées par ce voile protecteur assuraient le transport d’armes à Alger au cours des années 1950 dont l’épopée a été immortalisé par le film de célébrité universelle La Bataille d’Alger de Yacef Saâdi, génialement réalisé par le grand cinéaste italien Giles Pontecorvo. Le plus retentissant des exploits de ce haïk légendaire fût la démonstration de courage proverbiale de femmes-colombes qui formaient des boucliers humains pour braver et humilier les régiments d’élites de l’armée française en déroute à la Casbah, à Belouizdad (ex-Belcourt) et dans tous les quartiers d’Alger lors des glorieuses manifestations de décembre 1960. Nous avions vu de nos propres yeux une d’entre elle, qui n’avait d’armes que le drapeau national en main, s’affaler sous la mitraille criminelle de la soldatesque française enveloppée d’un superbe haïk, mais hélas rougi dans sa blancheur de paix par le sang pur de la martyre. 

Enfin, peut-on oublier les scènes de délire, de joie collective ou à l’instar des villes, villages, douars, mechtas, les rues d’Alger se sont distinguées par la blancheur dominante, des milliers de femmes enveloppées dans leurs superbes haïk toujours au rendez-vous de l’histoire. C’est sous les regards ébahis des reporters de presse du monde entier et sous le crépitement de leurs appareils et caméras, que ces femmes affirmaient fièrement l’authenticité de leur personnalité dans la symbolique de leur haïk devenu ainsi de par son parcours historique un patrimoine précieux de la nation algérienne. Cette rétrospective n’est nullement une quelconque nostalgie, mais un pragmatisme d’un vécu en témoin du siècle que nous sommes conscients des convulsions et des incertitudes d’un monde en émoi quant au devenir de son humanité.

Nous voudrions seulement affirmer devant celle-ci notre entité identitaire et culturelle authentique pour enrichir l’universalité du patrimoine civilisationnel de cette humanité entière de laquelle nous sommes issus. C’est ainsi qu’au-delà de sa tradition vestimentaire, le haïk qui fait partie intégrante de ce patrimoine est une symbolique historique érigée en repère constitutif et structurant de notre personnalité et de notre mémoire collective. Tristement disparu, dans sa sublimité mythique, du décor sur la scène de la vie quotidienne d’Alger, sa ville natale, le haïk fût aussi l’âme d’El Bahdja pour l’avoir embelli de sa blancheur légendaire et enfin libérée de ses bourreaux pour redevenir El Djazaïr de l’éternité.

Turpitudes des temps, ce symbole civilisationnel, d’histoire et de culture lié aux grandes épopées du peuple algérien est totalement méconnu de la jeunesse. Nous l’avions, hélas, péniblement constaté ce soir-là, lors de l’arrivée de la grande dame, Mme H’cicène où les jeunes ne comprenaient point l’émotion difficilement contenue par leurs aînés à la vue de ce symbole. Le célèbre comédien Saïd Hilmi a pérennisé, devant les caméras de la télévision algérienne, ce moment de grande émotion collective, lorsque d’une voix vibrante d’une intensité affective il a demandé avec une tendresse inoubliable à l’assistance féminine des youyous de révérence au mythique haïk enfin réapparu dans sa grandeur de vestige d’histoire et de mémoire. Nous n’oublierons pas de si tôt cet événement par l’effet psychologique produit par le haïk auprès d’une assistance très nombreuse intergénérationnelle, composée de quatre générations de 10 à 88 ans qui étaient à ce rendez-vous de la mémoire.

Des larmes d’émotion, de joie et de bonheur ont ainsi coulé sur les joues de femmes et d’hommes qui, au souvenir de ce repère, ont fortement exprimé et à leur manière, devant une jeunesse émue, sensible et attentive, leur attachement viscéral aux traditions riches, nobles et fécondes qui est la trame culturelle de leur algérianité. L’interprétation de cette démonstration spectaculaire, d’ailleurs, (puisque inattendue faut-il l’avouer par la désespérance des bouleversements du temps) aussi, lisible et visible, nous amène à resurgir dans un élan de ténacité et l’espoir est réellement permis, pour affirmer avec force et bonheur l’enracinement anatomique et organique de la personnalité algérienne dans sa richesse culturelle touffue et plurielle. Il en est ainsi du burnous, de la gandoura, de la m’laya, de la kachabia , d’elfouta et de merveilles vestimentaires de toute l’Algérie profonde, autant de traditions multi séculaires léguées par les aïeuls qui seules survivront  sur cette terre d’Algérie à l’éternité de l’espace et du temps.

Dans la perspective de perpétuer cette richesse patrimoniale pour la faire aimer des générations montantes, il serait souhaitable que nos sociologues, historiens, pédagogues puissent dans une vision de promotion et de sauvegarde de ce patrimoine vestimentaire entamer une réflexion pour une démarche scientifique adaptée à l’initiation de ces repères historiques, culturels et identitaires en milieu scolaire à l’ensemble de la jeunesse algérienne. Ainsi, ancrée dans la mémoire des générations d’algérois pour avoir harmonieusement composé à une note d’esthétique sur une partition d’extase et de beauté, la légendaire blancheur d’Alger a émerveillé tant de poètes, de philosophes, d’écrivains et de voyageurs.

Ce haïk, qui est aussi un repère culturel, doit survivre dans la pensée du souvenir. En ce début de siècle, il réapparaît de plus en plus dans sa ville pour accompagner sous sa poétique grâce d’apparat, les jeunes mariées, comme autrefois, dans leurs nouveaux foyers. Ce retour, certes timide, à la tradition pourrait être salvateur pour inspirer nos stylistes, modélistes de haute couture à l’innovation dans une conception d’une variante vestimentaire perpétuant par le souvenir, la symbolique et la couleur blanche du haïk qui serait l’ancêtre originel d’un repère patrimonial historique et culturel. Ce renouveau vestimentaire perceptible dans le façonnage «new look» du hidjab est d’actualité dans les multiples variantes esthétiques de mode féminine dans les grandes villes du Moyen-Orient.

Plus proche de nous, par notre maghrébinité culturelle, la djelaba féminine marocaine est toujours une composante des armoiries de ce pays dans la tradition ancestrale du Maroc. Elle est prépondérement portée dans l’ensemble des villes du royaume et a survécu à toutes les mutations sociales, dans une évolution temporelle, d’une volonté tenace de sauvegarde d’un patrimoine d’authenticité culturelle légué par les aïeuls. De Fès à Meknès jusqu’à Marrakech, elle est omniprésente dans son port quotidien dans un renouveau de style, pour apparaître dans des circonstances de grands jours en variantes d’innovation et de raffinement de tenue d’apparat, qui peuvent inspirer et donner la réplique aux grands modélistes des plus prestigieuses griffes dans le monde de la haute couture.

Une initiative dans cette vision futuriste serait donc possible pour qu’Alger, ainsi reblanchie du reflet d’une variante apparentée à son célèbre haïk et recyclée dans la temporalité, redevienne El Bahdja dans sa beauté millénaire. Pour elle, ElnMahroussa «la protégée», la laideur l’a toujours révulsée dans sa splendeur légendaire de ville fascinante par le bleu turquoise de sa mer, et de la blancheur vive de ses antiques terrasses. Pour en revenir à cette mémorable soirée, suffisamment médiatisée par les supports de communication présents en nombre, nous préciserons simplement qu’elle fera date par l’adhésion spontanée de femmes et d’hommes ravis d’être présents à un événement exceptionnel.

Les compagnons de route, du regretté grand maître, étaient également à ce rendez-vous de la mémoire.Ont les citera pour avoir particulièrement comblé de bonheur la famille H’cicène qui, selon la veuve du défunt, vivait un moment intense avec des amis et témoins privilégiés qui faisaient  planer l’ombre de leur illustre disparu, d’il y a 52 ans. D’abord Taha Lamiri, Tahar Ben Ahmed, Mustapha Sahnoune, Sid Ali Kouiret, de la troupe artistique du FLN créée à Tunis au cours du mois de mars 1958 étaient tous là, heureux et émus de revivre en la circonstance des moments inoubliables de fraternité, de solidarité et de lutte pour l’indépendance de l’Algérie.

Ensuite, Mohamed Maouche et Krimo Rebbih de la prestigieuse équipe de football du FLN, créée le 12 avril 1958 toujours à Tunis, capitale de la Révolution algérienne de l’époque, qui exprimaient fort leur ravissement de participer à une communion de pensée collective à travers la commémoration de ce  souvenir. Nous ne n’oublierons jamais et ne cesserons de le rappeler à toute la jeunesse, le véritable séisme provoqué au sein du gouvernement français par le départ massif des joueurs algériens de renommé mondiale qui opéraient dans les plus prestigieux clubs français et qui faisaient la gloire du football de ce pays.

Ceci est aussi, faut-il le rappeler une de plus, un chef-d’œuvre de la Révolution algérienne, inédit dans le monde, par sa dimension et sa portée spectaculaire qui ébranla une opinion internationale médusée un premier temps et admirative ensuite, quant à l’innovation du stratagème de mobilisation militante inconnue, jusqu’alors et projeté en modèle d’action dans une avant-première d’actualité exclusive à l’échelle planétaire. A ce propos, nous terminerons par cette fin de siècle tourmentée, marquée par l’éveil de lutte et l’ascension d’une humanité asservie sous le joug colonial pour qui l’épopée de l’équipe de football et de la troupe artistique du FLN historique a constitué l’avènement majeur de rupture avec une époque d’assujettissement révolue à jamais par une dynamique irréversible de renouveau.

Ceci fût ainsi une leçon étymologiquement algérienne magistralement appliquée au cours d’un printemps du l’année 1958 aux lueurs d’aurore et d’éclosion d’une ère nouvelle pour tous les peuples opprimés de la terre. Celle-ci est désormais inscrite dans une belle et noble page d’histoire, qu’il faut perpétuer par reconnaissance et devoir de mémoire, à dessein d’ériger pour la jeunesse algérienne un repère édifiant de fierté d’une œuvre de rayonnement universel pour le triomphe de la liberté léguée par ses illustres aînés. De grasses manchettes de journaux répandaient l’événement qui, tout en provoquant l’effroi dans les rangs de la colonisation, était ostensiblement et fièrement célébré par les jeunes écoliers que nous étions à l’époque. (El Watan-13.10.2010.)

**El Haïk, symbole de pureté….Cette étoffe, symbole de pudeur et de noblesse, tenait et tient toujours une grande place dans notre société. Ce vêtement se porte de différentes façons selon les régions et se caractérise par une grande sobriété, à la différence des vêtements portés pour les fêtes à l’intérieur d’une grande richesse (karakou, blouza, fergani ou encore la chedda).

Appelé Haïk, Hayek, ce voile blanc avait un aspect pratique non négligeable. A l’époque, il préservait la blancheur de la peau de la femme qui pouvait également cacher ses bijoux et éloigner ainsi le mauvais ½il. Il permettait aussi à la bourgeoise de se démarquer car, en le portant, elle affichait son rang social élevé.

Différents types de haïk existent en Algérie : El haïk El-Kssa, filé de laine fine, el haïk El-Meremma (la fouta blanche) qui est un voile plus léger que le précédent et plus précieux, car tissé de soie pure et rayé de fils d’or et d’argent, et enfin, il y avait le «houiek», fait de soie, de ftoule et de guergueffe et que la jeune mariée portait la veille de ses noces, ne se dévoilant que le jour de son mariage!

Par rapport aux couleurs, on remarque qu’il est d’un blanc immaculé à Alger, Tlemcen, Oran, alors qu’à Constantine, il est noir. Et cela en signe de deuil, à un bey décédé. En effet, les constantinoises portent la « mlaya » en guise de haïk.

Mais bien au delà de sa matière ou de sa couleur, la femme se distingue dans l’art et la manière de le porter. En effet, tantôt, la femme qui le porte envoie un symbole de pudeur (soutra), tantôt il forme un objet de séduction.

Ce qui est certain c’est qu’il sublime la beauté de la femme. En effet, plus on cache, plus on laisse place au fantasme et à l’imagination…(Dziriya)

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***Le burnous et le haïk ressuscités

Confronté à l’économie moderne, à l’exportation, au tourisme et aux besoins de la population, l’artisanat allie tradition et modernité. Il s’agit, cependant, d’un patrimoine fragile, faisant partie intégrante de l’histoire de la région et il est nécessaire de le préserver.

L’histoire des traditions et de l’art bordjiens, sous toutes leurs formes, remonte à l’époque néolithique. C’est durant cette période que les peuples venus de l’Est et du Nord migrent et s’implantent dans cette région, marquant ainsi les prémices de la culture bordjienne.
L’artisanat bordjien d’aujourd’hui puise ses sources dans cet héritage ancestral, modelé par une culture bouillonnante par sa diversité et sa créativité. Confronté à l’économie moderne, à l’exportation, au tourisme et aux besoins de la population, l’artisanat allie tradition et modernité. Il s’agit cependant d’un patrimoine fragile, faisant partie intégrante de l’histoire de la région et il est nécessaire de le préserver.
Il a la chance de réunir en une seule région trois pans culturels qui traduisent, avec harmonie, l’unicité de notre pays.
Ce qui donne quatre genres à l’artisanat de la région. Le chef-lieu est marqué par la présence d’activités manuelles comme le dessin décoratif sur le tissu, le plâtre d’esthétique et la création d’objets d’art.
La région Nord est spécialisée dans le tissage de tapis, de vêtements comme le burnous d’El-Anasser, la qachabia et des couvertures comme le haïk légendaire de Bordj Zemoura.
Elle est connue également pour sa poterie à Djaâfra et pour la transformation du cuivre à Medjana. La zone Sud est plutôt réputée pour ses objets en alfa, tels que les paniers, la literie, les éventails et les chapeaux d’El-Hamadia. La zone Ouest a un penchant pour les bijoux en argent ainsi que les objets de décoration.
Actuellement, un très grand nombre d’artisans vivent dans l’ensemble de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. Elle compte pas moins de 4 808 artisans. La majeure partie d’entre eux, soit 2500, se spécialise dans l’artisanat de services, 1700 dans la production et 700 dans l’artisanat artistique.
Après un laisser-aller de plusieurs années, l’État s’est timidement penché, dernièrement, sur ce problème touchant à la culture populaire et à l’emploi ; des structures ont été créées pour encourager et développer la production artisanale et assurer la préservation de vieux métiers. Un Fonds national de promotion des activités artisanales est créé à ce titre. Ainsi, la wilaya de Bordj Bou-Arréridj compte deux maisons d’artisanat, une à Zemoura et l’autre à Bordj Bou-Arréridj. “L’artisanat exige des compétences techniques et artistiques transmises au fil des générations, des outils et un marché. Les anciens avaient le souci de la formation et des débouchés commerciaux. Mais l’apparition des produits industrialisés avec leurs prix souvent très bas, menace toujours ces produits faits à la main…”, disent les artisans qui se plaignent aussi de l’absence d’une relève, en plus du manque de la matière première, des locaux et du financement. “Même mon fils n’est pas motivé pour la relève”, dira âmmi Hacen, un artisan en broderie pour burnous.
La corporation appelle aussi à la création d’un centre de formation spécialisé dans l’artisanat local. “Dans ce centre, les artisans peuvent consulter des archives, poser des questions, recevoir des conseils.
Les apprentis sont formés selon les méthodes traditionnelles”, ajoute âmmi Hacen. (Liberté-11.12.2011.)

**Les Tlemcéniennes se remettent au  haïk 

La journée sans voiture «décrétée» samedi dernier par l’Association pour la sauvegarde et la promotion de l’environnement de la wilaya de Tlemcen (Aspewit) a permis de «déterrer» une vieille tradition dans la ville des Zianides.

Des femmes de tous les âges ont troqué qui leur djellaba, qui leur pantalon et autres effets vestimentaires «contemporains» pour s’emmitoufler dans le haïk lachachi. Un habit ancestral que les nouveaux us ont détrôné depuis quelques années déjà. «Vous savez, j’avais un drôle de sentiment, c’est comme si j’étais à l’époque de ma grand-mère. Mais aussi paradoxalement que cela puisse paraître, je lisais la fierté sur le visage des gens massés sur le trottoir. En plus, tout le monde voulait prendre une photo avec nous, sans propos déplacé ou autre, au point où j’avais l’impression que j’étais une star», affirme, tout émue, la jeune Asma, étudiante.

Interrogées, de vieilles femmes ont estimé qu’«il n’y a pas lieu d’être interloqué, nos filles doivent avoir une idée sur notre voile, même si je sais qu’elles ne le mettront pas de sitôt. Elles sont d’une autre génération et c’est normal». Quant aux hommes, particulièrement, les jeunes, ils trouvent cet habit sensuel. «C’est peut-être curieux, mais je les trouve belles», opine Djamel, la vingtaine. Morsli Bouayed, président de l’Association organisatrice, déclare : «Nous voulions joindre l’utile à l’agréable.» Et de s’adresser à la population : «Aidez votre ville à atteindre ses ambitions, à savoir une ville urbaine plus saine, plus sûre et plus agréable.» -*El Watan-vendredi 23 avril 2015

**Les femmes défilent en haïk à Oran

à l’occasion de  journée internationale de la femme

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Quelque 200 femmes défileront en haïk, samedi 07 mars 2015, à partir de la place Magenta, au centre-ville d’Oran, pour promouvoir et réhabiliter cette tenue vestimentaire, aujourd’hui en voie de disparition.

A ce titre, Tessia Farah, initiatrice de cette action, coïncidant avec la célébration de la journée internationale de la femme (8 mars) a indiqué à l’APS que cette action symbolique ambitionne de mettre à l’honneur cet habit traditionnel algérien, lui redonner sa valeur véritable et le faire découvrir aux générations futures. « Une telle initiative se veut un hommage au haïk qui conférait une certaine élégance et une allure particulière à celles qui le portaient », a ajouté la même initiatrice.

« A la veille de la journée mondiale de la femme, nous voulons redonner à cette tenue, considérée symbole de la féminité et de la pudeur, sa vraie valeur et tenter de protéger ce patrimoine culturel algérien contre l’oubli ». Le haïk, cette longue pièce d’étoffe blanche, de laine ou de soie ou d’un mélange des deux, est porté par la femme à l’extérieur de son foyer.

En plus de sa fonction purement vestimentaire, le haïk a été, durant la colonisation, un moyen de résistance et de lutte contre le processus de déculturation et de désintégration des fondements de la société algérienne.

En 1959, Frantz Fanon, dans son ouvrage Sociologie d’une révolution consacre tout un chapitre à la question du voile (haïk). Sous le titre « l’Algérie se dévoile », le sociologue de la Révolution algérienne montre comment les conditions et la conjoncture historiques ont poussé la femme algérienne, très attachée aux valeurs ancestrales, à abandonner le voile pour conduire des opérations de fidaï dans les grands centres urbains, avant de reprendre cette tenue en réaction aux tentatives du système colonial à « contribuer à l’émancipation de l’Algérienne ».

« L’offensive colonialiste autour du voile, le colonisé oppose le culte du voile », écrivait Fanon. Prisé par les femmes, le haîk est resté la tenue vestimentaire féminine par excellence, connaissant son apogée dans les années70 et 80, avant que des tenues étrangères n’ayant aucune relation avec la société et la culture algériennes ne fassent apparition et soient adoptées par les femmes.

L’image d’une femme en haîk déambulant gracieusement dans les rues d’Alger, d’Oran, d’Annaba ou d’autres villes du pays, est devenue un fait en voie de disparation aujourd’hui.

Le fait que des femmes se réapproprient cette tenue, ne serait-ce que l’espace de quelques heures, est en soi un acte salvateur et un devoir de mémoire, estiment de nombreuses oranaises ayant répondu positivement à l’appel lancé sur les réseaux sociaux. (Aps)-05/03/2015 |

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Le haïk algérien à travers les époques 

Une manifestation culturelle sur « Le haïk algérien à travers les époques » a été organisée vendredi soir à Alger par l’Observatoire algérien de la femme (OAF).

Cette manifestation vise à sauvegarder et à réhabiliter « le haïk », comme étant un patrimoine culturel algérien, ainsi qu’à le faire découvrir aux générations futures, a indiqué la présidente de l’OAF, Chaia Djafar Djadi. Cette rencontre vise à réhabiliter cet habit traditionnel et à le faire connaître à l’étranger, aux cotés des tenues traditionnelles marocaines et tunisiennes, a-t-elle précisé. Un documentaire a été projeté sur l’histoire du haïk algérien à travers les époques, les différentes méthodes de tissage et appellations de cet habit d’une région à une autre. Le haïk fut même un moyen de résistance lors de la révolution nationale, car il fut utilisé par les femmes algériennes pour échapper du contrôle des militaires français, afin de transporter des armes et d’organiser des opérations kamikazes dans les villes. Les différents modèles du haïk algérien ont été exposés à l’occasion, ainsi que les différentes façons de le porter dans chaque région du pays, notamment haïk « lemrema » d’Alger, haïk « laâchaâchi » de Tlemcen, le haïk kabyle et la « Mlahfa » portée au sud du pays. Le haïk est une longue pièce d’étoffe blanche, de laine ou de soie ou d’un mélange des deux matières, qui est porté par la femme à l’extérieur de son foyer. Il change selon les différentes occasions notamment les mariages, les funérailles et autres. Cette rencontre a été également marquée par l’organisation d’un concours de défilé de mode pour la confection du plus beau haïk algérien, avec la participation de sept stylistes femmes. (Echorouk-15.08.2011.)

***Miss Hayek 2012 : Le prix à été remis à Tlemcen

Miss Hayek 2012 : « le grand gagnant de ce concours est le Hayek »

Il y a deux ans, est née une initiative d’un nouveau genre, sur le célèbre réseau social Facebook : l’élection de Miss hayek. Ce concours n’est pas un concours de beauté classique puisque c’est un vêtement traditionnel maghrébin, et de surcroit algérien qui est mis à l’honneur : le Hayek (voile blanc). Avec pour but principal : le réhabiliter.  Pour sa deuxième Edition, le prix Miss Hayek 2012 et d’autres récompenses ont été remis le 25 février de cette même année à Tlemcen. Pour évoquer cette initiative intéressante, la créatrice et l’organisatrice de ce concours Mme Ismahan Ouaret, à accepter de répondre à nos questions, et de nous éclairer sur cette manifestation culturelle très originale.

Quel est l’objectif d’un tel concours Mme Ouaret ?
Ce concours a pour but de réhabiliter le Hayek, que nous mettons à l’honneur à travers notre initiative. Rétablir donc son identité algérienne, mais aussi l’intégrer à l’artisanat de notre pays, afin de le diffuser, et de le faire connaitre et pourquoi pas de l’exporter. Le but de ce concours est aussi de faire découvrir le talent de jeunes photographes algériens.
*Parlez nous un peu plus de cette initiative née sur un réseau social.
Le concours s’est déroulé du 30 novembre 2011 au 10 fevrier 2012 sur Facebook. Nous avons noté vingt trois participations pour cette année, sur une page qui comprend plus de deux milles membres de tout âge, de toute profession. Notre initiative a été soutenue par de nombreux artistes et célébrités algériennes. Les prix ont été remis après délibération d’un jury constitué de sept membres (six voix et la septième accordée au vote du public sur la page). Ainsi nous avons put remettre les prix de la meilleure mise en scène, la plus originale, la plus belle mariée en Hayek, la plus belle Hadja en Hayek, et le grand prix : Miss Hayek 2012. Mais je tiens à préciser que « Le grand gagnant de ce concours est le hayek ».
*En quelques mots que symbolise pour vous le Hayek ?
Il symbolise l’élégance et la féminité, mais aussi l’algérianité et le raffinement.

*Quels sont les projets, les buts que vous envisagez avec cette manifestation ?
Le Hayek protège nos femmes et c’est à nous de protéger le Hayek pour la protection de notre patrimoine. Cette initiative est donc importante à nos yeux. Nous envisageons d’ailleurs de programmer une troisième édition du concours Miss Hayek, à partir du mois de septembre cette fois ci, nous souhaitons avoir une participation plus massive.
*Le Hayek représente t-il pour vous une Algérie traditionnelle ou une Algérie Révolutionnaire ?
Sans aucun doute, le Hayek représente mon Algérie révolutionnaire ET traditionnelle à la fois. Il est évident que tradition et modernité peuvent s’épouser raisonnablement et les femmes algériennes savent mêler ces deux notions.
*Le prix à été remis à Tlemcen. Est-ce une manière d’honorer la culture de cette ville qui tient encore fort aux traditions ?
Il se trouve que de nombreux facteurs ont favorisés la célébration de Miss Hayek à Tlemcen. Tout d’abord cela cadrait parfaitement avec l’initiative : Tlemcen Capitale de la culture islamique 2011. Les regards sont tournés vers Tlemcen. De plus, rendre hommage à cette ville à travers le Hayek est une marque de respect, de sauvegarde et de valorisation de notre patrimoine algérien. Mais il faut souligner que d’autres villes d’Algérie sont encore porteuses de ce phare de notre belle culture et civilisation arabo-berbère comme Alger, Blida, Bejaia, Jijel, Ghardaia, Biskra etc.
*Pensez vous que si ces initiatives étaient plus nombreuses, plus médiatisées elles pourraient mener nos tenues vers une reconnaissance internationale, vers un rendez-vous attendu par tous ?
Les initiatives doivent se multiplier énergiquement. C’est un DEVOIR. Nous devons étendre cette Renaissance du Hayek à l’échelle nationale d’abord, pour espérer ouvrir une porte vers la reconnaissance internationale. Et une médiatisation bien menée ne peut être qu’une réussite et devenir un événement attendu par tous.
*Le Hayek à été remplacé par la djelaba et le Djilbab venus d’autres cultures. Qu’en pensez-vous ?
Ce phénomène d’importation de Djellaba et du jilbab, est une preuve de notre ouverture aux autres cultures, cela fait partie de notre caractère d’algériennes et d’algériens. Nous importons ce qui vient d’autres us et coutumes et ce qui dépasse nos frontières. C’est une ouverture d’esprit intéressante certes, mais elle ne doit pas se faire au détriment de notre patrimoine. Nous ne devons pas perdre notre identité, notre algérianité, et encore moins marginaliser ce que nous avons héritées de nos ancêtres. Il faut se poser cette question : qu’allons nous transmettre aux générations futures ?
Car selon moi, l’impuissance de réparer l’oubli, c’est juste inconcevable. Le Hayek a sa place et ne peut se substituer à aucune autre culture importée d’ailleurs. Et, je ne peux m’identifier ni au jilbab ni à la djellaba. Le Hayek me parle, c’est à la fois le choix de la raison et celui du coeur.
*Un petit mot pour les lectrices de Dziriya.net ?
J’ai été honorée par l’intérêt que porte votre magazine à cette initiative. Je vous en remercie. Quant à nos chères lectrices fidèles et attentives de « dziriya.net » je les remercie et je les invite à une profonde réflexion au sujet du Hayek et de sa réhabilitation. Je saisie l’occasion pour lancer un appel aux stylistes-modélistes qui pourraient par leur créativité faire évoluer le Hayek, tout en gardant sa fluidité et en protégeant son authenticité. En faire une étoffe plus fonctionnelle qui s’adapterait à la société contemporaine. Ainsi, les algériennes ne pourront plus prétexter son inconfort, et surtout pour qu’elles puissent renouer avec cette tradition en joignant l’utile à l’agréable. (source:Dziriya.net-11.03.2012.)
Il ne me reste plus qu’à vous remercier au nom de toute l’Equipe de Dziriya.net, pour votre noble et honorable initiative, mais aussi pour votre disponibilité. Je vous souhaite une bonne continuation, ainsi qu’une longue vie à ce concours.

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Le haïk rassemble les villes de l’Algérie autour de ses symboles

Résistance, histoire, identité et séduction

«Jamais le haïk n’a connu autant d’engouement en Algérie que cette année. A part, en 2011 où l’Observatoire algérien de la femme avait initié une manifestation visant à le sauvegarder en tentant de le réintroduire», déclare Houria Nabil, enseignante depuis une vingtaine d’années. Elle regrette de ne pas trouver «de traces du haïk dans les manuels scolaires, alors que c’est l’habit traditionnel par excellence. Si on n’explique pas la valeur du haïk aux plus jeunes, il ne faut pas s’offusquer de leur mépris futur pour leurs racines».

Les nouvelles générations ignorent que le haïk a une symbolique plus forte que celle du patrimoine. Des associations, des militants et des particuliers tentent de transférer les vérités sur ce tissu qui a fait l’histoire. «Ma mère me racontait que lors de la guerre d’indépendance, les femmes dissimulaient souvent des armes, de la nourriture, des faux papiers, etc., sous leur haïk», poursuit Houria. «Mon père disait que le haïk était un héros inconnu !» Si le haïk a joué un rôle pendant l’indépendance, il a également été le passe-partout des femmes dans les dédales de La Casbah ou les ruelles étroites des souks.

«Contrairement au hidjab qui a mis la femme dans un cadre de restrictions, le haïk permettait aux femmes de sortir en toute liberté. Les hommes se plaignaient rarement de voir aller et venir leurs femmes, tant qu’elles avaient leur haïk», explique Djaâfar Bouchène, historien et chercheur «Sous ce haïk se dissimulait la beauté de la femme. Cependant, le but n’était pas de l’enfermer ou de lui ôter ses libertés. La société conservatrice dont laquelle elle évoluait lui donnait également la liberté de ses mouvements. Le haïk est une sorte de carte d’identité !» De ville en ville, le haïk a connu des transformations, dont certaines ont été révolutionnaires pour la femme.

«Le haïk n’est pas statique, il a muté avec l’évolution de la mentalité des femmes. A Alger par exemple, on le portait plus court que celui de Tlemcen. Cette manière de le porter faisait paraître le seroual, souvent la pièce maîtresse de la tenue citadine», explique Naïla Hafid, collectionneuse spécialisée dans la reconstitution des tenues traditionnelles algériennes «Le tissu du haïk est une matière qui émet beaucoup d’effet sous la lumière. Je participe à sa réintroduction depuis des années, en le transformant. Si je ne peux plus le porter pour la vie de tous les jours, il me sert à tapisser des murs, des fauteuils et même des coussins ! Le haïk n’a jamais disparu, il attend juste d’être remis au goût du jour.» *El Watan-09.03.2013.

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*Amina lounil.Architecte : ma mère avait une manière de le tenir

Le haïk est plus qu’un tissu, c’est la forme et le mouvement de la femme qui fait sa particularité. Dans les années 1960, ma mère et toutes les femmes de ma famille le portaient, sans contrainte aucune. Contrairement à l’avènement du hidjab et du nikab qui étaient, dans la majorité des cas, portés de force. Le haïk est également un mode de communication entre les villes algériennes. Le haïk n’est pas porté de la même manière à Alger qu’à Oran. Je me souviens des escapades de mes parents dans le fin fond de la Kabylie, on devinait tout de suite que nous étions algérois puisque ma mère avait une manière de tenir à bout de bras son haïk (en Kabylie, les femmes l’ajustaient à la taille par un autre vêtement), et on remarquait à l’intérieur le «séroual» typiquement algérois, fait de satin et de broderies fines. Je le porte volontiers dans les fêtes de mariage, dans des cérémonies culturelles, et souvent, les jeunes viennent me voir pour en savoir plus. Susciter cet intérêt est très important.

Farid Benyaa. Artiste plasticien : contemporain ? A condition de savoir le porter

Le haïk symbolise  nos traditions et nos valeurs. Aujourd’hui, il a tendance à se perdre et à se faire remplacer par des tenues qui ne nous ressemblent pas. L’Algérien a besoin d’identité, il faut absolument que le haïk soit réintroduit pour la valeur qu’il porte en lui-même. Aussi, en dehors du symbole qu’il représente, le haïk a une esthétique qui fait que nos mères le portaient avec beaucoup de grâce. Même aujourd’hui, les jeunes femmes qui le portent dans des circonstances particulières lui donnent un autre charme. Il y a dans le haïk trois notions bien distinctes : la tradition, la symbolique et l’esthétique. Le haïk peut avoir un caractère contemporain, à condition de savoir le porter et de l’ajuster à la mode d’aujourd’hui. Personnellement, je fais porter le haïk dans mes toiles pour sa noblesse et pour la fierté  qui s’en dégage, pour le jeune qui chercherait son identité profonde.

Zino Taoufek. Styliste : j’organise un défilé avec des haïks

Bien sûr le haïk est un symbole de mon enfance, même si je suis né dans les années 1980 et que dans les années 1990, on a vu autre chose. Le détail qui me plaisait beaucoup dans le port du haïk par les femmes de ma famille, c’est la voilette qui va avec. Un haïk sans cette voilette n’a pas de charme ! Chaque saison, elles commandaient de nouvelles voilettes chez une artisane. Les modèles étaient nombreux, c’est une tradition organisée de la mode de l’époque. Les broderies m’ont marqué, ainsi que les matières utilisées pour les haïks d’été et d’hiver. Au mois de mai, j’organise un grand défilé à l’hôtel El Aurassi, les mannequins porteront le haïk et présenteront ainsi ma nouvelle collection. Le haïk a influencé mon orientation en haute couture et le traditionnel algérien.*Faten Hayed -El Watan-09.03.2013.

**Lounis Aït Aoudia. Président l’association Les Amis de la rampe Louni Arezki Casbah

On peut réintroduire le haïk en supplantant la robe de mariée occidentale

-Vous faites du haïk une véritable cause patrimoniale à défendre. Pourquoi ?

Dans ma petite enfance, le haïk était une forme de revendication identitaire et culturelle. Cette tenue délimitait visiblement la société algérienne de celle de la colonisation. C’est très important pour la génération qui est la mienne. Puisque l’occupant a tout fait pour dévoiler les femmes, qui lui rappelait sans doute l’étendard de la résistance et cette fameuse anecdote.

-Laquelle ?

Dans les années 1930, le haïk devient hautement symbolique, marquant ainsi le centenaire de la présence du colonisateur en Algérie. Pendant la fête du centenaire, une parade militaire est organisée au pied de La Casbah. Il y avait une très grande délégation française venue de Paris. Une personnalité influente a remarqué une nuée de femmes voilées. Elle pose la question au gouverneur d’Alger de l’époque, pour connaître l’origine de cet «accoutrement». On lui explique que c’est la tenue locale, le haïk. Elle rétorque : «Vous fêtez le centenaire, alors que le haïk est toujours là, il vous nargue !» Un signe de résistance culturelle.

-Qu’est-ce qui motive davantage votre engagement ?

A partir du moment où l’on a su, avec joie, que la tenue nuptiale traditionnelle de Tlemcen «chedda» a été classée comme patrimoine de l’humanité par l’Unesco, nous avons été inspirés pour émettre le souhait que le haïk avait tout aussi sa place dans le patrimoine mondial. Lorsqu’il y a eu cette rencontre, le 23 avril 2012, de la centenaire qui porte toujours son haïk et de femmes présentes ce jour-là, l’assistance a proposé de porter l’idée au ministère de la Culture afin qu’il prenne en charge les démarches pour le classement.

-Plusieurs manifestations ont célébré le haïk dernièrement. Que pensez-vous de cet engouement ?

Le haïk doit rester un repère historique, puisqu’il a joué un grand rôle durant le 11 décembre 1960 et a été vu par le monde entier lors de la fête d’indépendance. Les jeunes doivent savoir que ce haïk fait partie de l’histoire de l’Algérie. Aujourd’hui, le haïk ne peut pas remplir des fonctions sociales. Il y a une dynamique nouvelle et de nouveaux codes. La femme ne peut pas conduire en haïk ou autre.

-Alors comment le préserver dans l’immédiat ?

Pour préserver la mémoire de cet habit chargé d’histoire, la société civile suggère une réintroduction du haïk dans la société citadine. On peut par exemple envisager de supplanter la robe de mariée occidentale, en commençant par les villes d’Alger, de Blida et de Meliana..*Faten Hayed -El Watan-08.03.2013.

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le haïk célébré à La Casbah d’Alger

En ce cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, la médina d’Alger a tenu à renouer, par la pensée du souvenir, avec son séculaire étendard de la résistance culturelle, le haïk, symbole de lutte identitaire et de civilisation pendant la longue nuit coloniale.

C’est samedi dernier-30.03.2013., coïncidant avec la Journée nationale de La Casbah, que le Musée des arts populaires et des traditions a connu une chaleureuse euphorie conviviale toute particulière avec une présence notable de femmes superbement drapées de leur haïk m’rama algérois dont la veuve du célèbre chanteur et moudjahid, cheik H’sissen. Celles-ci ont affectueusement entouré hadja Ouardia, la centenaire native d’El Mahroussa, fièrement voilée elle aussi, de son haïk raffiné d’époque.

L’écrivain, poète de renom, auteur d’El Qasbah Ezman et de la bouqala, Kaddour M’hamsadji, était présent à ce rendez-vous de la mémoire, avec son épouse, une enseignante de renom. Hachi Slimane, le directeur du Centre national d’anthropologie et de recherches historiques et préhistoriques faisait partie des convives, très intéressé par le thème de l’événement. Des femmes et des hommes de la communauté culturelle étaient également présents, à l’image de l’icône et doyenne de la Télévision algérienne de l’indépendance, Amina Belouizdad la talentueuse interprète de la musique andalouse, Zakia Kara-Terki, l’épouse et les filles du regretté Moh Akli, frère cadet de Hadj M’rizek et prince du tar, ainsi que le très populaire comédien, Saïd Hilmi.

En souvenir de leur père, le regretté imam Si Mohamed Soufi, de djamaâ Safir, des années 1940, l’ensemble de sa famille s’est jointe dans la joie à cette liesse collective de la pensée où figurait également le fils du grand comédien disparu, Ali Abdoun. Une mosaïque de noms évocateurs mémoriellement attachés à des lieux de culture et d’histoire dans l’enceinte de l’antique El Djazaïr. Après l’ouverture de la cérémonie par une magistrale zorna du terroir, une communication sur le haïk a succinctement été développée par l’auteur de ces lignes, qui, à l’occasion, a évoqué une anecdote du lugubre centenaire colonial au cours de l’année 1930.

Lors des festivités de cet événement de triste mémoire, un défilé militaire a été organisé au bas de La Casbah, à l’ex-rue de la Marine, devant la Grande Mosquée, où avait été dressée une gigantesque tribune pour accueillir les très nombreux invités de la métropole. Assis sur un siège à proximité des ruelles attenantes, une personnalité officielle de premier plan, venue de Paris, a remarqué une animation ininterrompue de femmes voilées de haïk.

À la question posée par lui à un fonctionnaire présent sur la nature de «l’accoutrement inconnu» et à la réponse explicative quant à la tradition algéroise du haïk, celui-ci s’exclama pathétiquement en ces termes : «Aujourd’hui la célébration de votre centenaire est un échec patent, ce voile qui est un signe farouche de résistance culturelle à la présence française est un message explicitement très fort» et d’ajouter rageusement : «Vous ne dominerez jamais ce peuple en lutte constante dans la symbolique de ce voile, qui vous nargue en rappel de l’œuvre qu’il accomplit tenacement pour la pérennisation de son identité et de ses repères culturels à dessein de l’insurrection de demain.»

C’est dans cette atmosphère d’allégresse et de ressourcement évocateur qu’un véritable récital choisi de bouqala a été déclamé par une mémoire phénoménalement prodigieuse, celle d’El hadja Ouardia, qui, dans la baraka de ses 100 ans, a fidèlement et superbement récité de merveilleuses poésies de ce fécond patrimoine d’oralité typiquement algérois. Le spécialiste de cet art raffiné, Kaddour M’hamsadji, a été séduit par la survivance de la verve des bouqalas, mélodieusement rimées par notre aïeule, ce jour-là, en extase et bien inspirée à l’évocation de La Casbah  natale, de sa douce enfance et de son cher passé.

Le célèbre palais Khedaoudj El aâmya a dans sa légende populaire, connu un après-midi d’une ambiance exceptionnellement chaleureuse au rythme d’un orchestre féminin de la star Goucem, qui, dans un répertoire de la sanaâ de la diva Fadéla Dziria, a envoûté l’assistance, à l’unisson des célèbres refrains de chansons cérémonieusement reprises en chœur, sous les salves ininterrompues de youyous de nombreuses femmes ravies et émues. Ainsi, après une danse collective traditionnelle, avec foulards, entamée par la centenaire et suivie de nombreuses femmes, la rencontre s’est clôturée par la remise de cadeaux symboliques aux deux invités d’honneur : El hadja Ouardia et E’la Ghania, la veuve de cheikh H’sissen.

Madame Amamra, directrice du musée, ravie par l’ambiance exceptionnelle du moment a pérennisé cette séquence de la pensée et du souvenir. Cette Journée nationale de La Casbah d’Alger a réuni dans le bonheur des retrouvailles, une très nombreuse assistance composée de femmes, d’hommes et surtout de jeunes très attentifs et très intéressés par la découverte du très riche patrimoine légué par leurs ancêtres, aînés et aïeux. Mémorable action initiée pour la résurrection du souvenir, de la pensée et des traditions ancestrales, qui, hélas, se perdent à travers le temps et à ce propos, nous reprendrons une citation d’un célèbre philosophe qui s’est évertué à rappeler que «Le vrai  progrès, c’est une tradition qui se prolonge». *El Watan-03.04.2013.

Lounis Aït Aouidia : président de l’association des Amis de la rampe Louni Arezki-Casbah

*Rencontre sur l’histoire et le parcours du haïk citadin. 

Un véritable hymne de reconnaissance à l’épopée historique du haïk.

C’est par une splendide journée de samedi dernier que le patio du palais Mustapha Pacha à la Casbah a connu une liesse exceptionnelle du souvenir à travers une rencontre centrée sur l’histoire et le parcours du haïk citadin. Celle-ci a été organisée par le Musée national des arts et traditions populaires et l’Association des Amis de la rampe Louni Arezki avec la contribution du Centre national des recherches anthropologiques, préhistoriques et historiques et du Musée de l’enluminure Mustapha Pacha. Une nombreuse assistance était au rendez-vous pour revisiter une symbolique de résistance culturelle qui a marqué des générations successives au cours de la longue nuit coloniale. Des personnalités de premier plan de la guerre de Libération nationale étaient présentes à l’image de Yacef Saâdi le chef de la Zone autonome d’Alger historique, ainsi que la communauté universitaire représentée par les Pr Djilali Sari de l’Université d’Alger et Abdelmadjid Merdaci de l’Université de Constantine.
Le monde de la culture n’était pas en reste avec la présence remarquée de M. Lamine Bechichi, ancien ministre de la Culture et Mme Amina Belouizdad l’icône de la télévision de l’Algérie indépendante accompagnée de la fille du célèbre comédien Mohamed Allalou ainsi que la talentueuse interprète de la chanson andalouse Zakia-Kara Terki, qui ont tenu à participer à l’événement. Après des allocutions de bienvenue respectivement prononcées par Mme Amamra Aïcha, directrice du Musée et M.Soufi Djamel, secrétaire général de l’Association, une conférence débat animée par M.Slimane Hachi directeur du Centre national de recherches anthropologiques, préhistoriques et historiques (Cnprah) et l’auteur de ces lignes, président de l’Association des Amis de la rampe Louni Arezki a suscité un intérêt auprès d’une assistance très motivée par la valorisation et la sauvegarde du patrimoine ancestral. C’est ainsi que M.Hachi Slimane a brillamment développé une rétrospective thématique des dispositifs réglementaires inhérents à l’application de la Convention internationale du patrimoine matériel et immatériel de l’humanité; un chapitre éminemment instructif qui a captivé l’attention de l’auditoire. L’intervention de M.Aït Aoudia Lounis a essentiellement été axée sur la réappropriation mémorielle du haïk à la lumière de la charge historique qui émane de ce symbole identitaire de la résistance culturelle dans le cycle des âges et du temps. Dans cette perspective, il a été soutenu que pour sa survivance mémorielle en société, la nouvelle mission du haïk doit s’orienter vers la massification de son impact de tenue nuptiale qui supplantera ainsi la robe de mariée occidentale. Cette option est un projet sociétal initié par l’Association des Amis de la rampe Louni Arezki auquel a souscrit dans une première phase le mouvement associatif des villes où le haïk a ancestralement été porté à l’exemple de Dellys et Miliana représentées en la circonstance par M.Badki Mohamed, président de l’Association de la Casbah de Dellys et du Dr Azaïzia président de l’Association Dziria de Miliana.
L’approche de la réflexion relève d’une pédagogie culturelle susceptible d’impulser une dynamique d’actions de proximité à mener pour une ascension traditionnelle du haïk à reconvertir en tenue nuptiale dans les villes qui furent jadis son terroir. Il est à noter que l’initiative a suscité l’adhésion unanime de l’ensemble de l’assistance réjouie également par l’annonce d’une démarche prochaine pour le classement du haïk au statut de patrimoine culturel mondial de l’humanité en référence à la tenue nuptiale de Tlemcen «chedda» inscrite dans cette prestigieuse nomenclature d’encyclopédie patrimoniale universelle en décembre 2012. C’est à l’envolée d’une sublime nouba andalouse magistralement interprétée par l’orchestre de renom des Beaux-Arts d’Alger, accompagné à l’unisson par une assistance subjuguée, que cette conviviale communion de pensée collective a été clôturée dans un élan de bonheur et de joie au souvenir de la beauté de notre riche patrimoine. Un véritable hymne de reconnaissance à l’épopée historique du haïk à dessein de sa réapparition coutumière par les futures mariées qui dès cet été, seront, Incha Allah, en nombre, drapées de sa blancheur d’apparat et de son élégance raffinée dans la symbolique de sa «baraka» d’antan. Nous y reviendrons bientôt afin d’agir ensemble et de concert avec le mouvement associatif et la société civile pour concrétiser la promotion d’un projet de sauvegarde patrimonial et culturel d’authenticité algérienne. *L’Expression-Par Lounis AIT AOUDIA - Jeudi 03 Juillet 2014

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Mois du patrimoine à Tlemcen

Exposition sur le haïk, du 02 mai et jusqu’au 18 mai 2013

Dans le cadre du mois du patrimoine et sous le thème «Patrimoine culturel et résistance», le palais de la culture abrite, depuis le 02 mai et jusqu’au 18 du même mois, une exposition sur le haïk, cet habit traditionnel local de la femme tlemcénienne.

C’est un voile blanc tissé généralement dans la soie et rayé de fils dorés ou argentés, que la femme portait autrefois pour sortir de chez elle. Aujourd’hui cet habit traditionnel a quasiment disparu. De nos jours, le port du haïk se limite à quelques vieilles femmes, jalouses de leurs traditions, qui arborent encore fièrement leur haïk, symbole de leur attachement à leur tradition ; ou les jeunes mariées, au moment de quitter la maison paternelle, elles sont délicatement enveloppées dans ce magnifique voile d’un blanc immaculé. Sinon le haïk est en train de disparaître complètement. Pourquoi les femmes ne portent plus le haïk ?

C’est un étranger qui a avait posé cette question et à laquelle, seule une vieille dame qui se trouvait là, à l’occasion de l’inauguration de cette exposition, a pu donner une réponse plus au moins valable. «Aujourd’hui la femme est plus active, elle travaille, elle fait des courses, donc elle a besoin de ses deux mains ; el haïk ne lui laisse qu’une seule de libre», explique-t-elle dans un éclat de rire. Par ailleurs, d’autres manifestations culturelles sont programmées tout au long des deux prochaines semaines. Il s’agit, notamment, d’un  spectacle de danses populaires qui sera exécuté par le Ballet national de danse. *El Watan-05.05.2013.

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374 réponses à “Le Haïk et le burnous”

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