Le numérique à l’école

*Apple et l’iPad prêts à transformer l’enseignement

 Apple va-t-il devenir le meilleur ami ou le pire ennemi des éditeurs de manuels scolaires? Réponse jeudi, alors que l’entreprise organise, à New York, un événement lié à l’éducation.

Des étudiants américains avec un iPad à la fac.

Depuis plus de 20 ans, les tablettes sont vues comme l’avenir du livre, et ceux qui plombent les cartables des écoliers n’y font pas exception. Avec le succès de l’iPad et du Kindle Fire, le marché semble prêt. Reste à savoir si Amazon et Apple se contenteront d’être de simples marchants –comme pour la musique– ou s’ils envisagent à terme de court-circuiter les éditeurs.

  Pour l’instant, on semble se diriger vers une simple plateforme de publication, lancée en partenariat avec plusieurs grands noms de l’édition. Selon Ars Technica et Fortune, Apple devrait dévoiler une app qui sera aux manuels scolaires ce que Garage Band est à la création musicale. En clair, une solution simple et efficace pour mettre au point des livres interactifs puis les vendre via l’iTunes store.

  Education à deux vitesses

Dans de nombreux domaines, comme les sciences, une tablette permet par exemple d’enrichir l’enseignement avec des graphiques et des modèles en 3D. Pour les langues, finie la prononciation approximative de certains profs d’anglais. Kim Jong-il meurt? La mise à jour peut être déployée immédiatement.

 Si la technologie est là, il reste de nombreux défis. Aux Etats-Unis, de riches établissements privés proposent déjà des iPad aux étudiants. Mais quid des écoles publiques? De ceux qui préféreraient un ordinateur portable ou une tablette sous Android? Un professeur devra-t-il gérer une classe à deux vitesses entres des élèves défavorisés encore coincés avec le papier et les autres? Outre la démocratisation de standards inter-plateformes, une réforme du système éducatif dans sa globalité sera indispensable, avertissent de nombreux experts. (20Minutes-17.01.2012.)

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*Cahier de textes électronique obligatoire dès 2011

Le système du cahier de textes
Le système du cahier de textes 

Luc Chatel, ministre français de l’Éducation, promet 60 millions d’euros pour développer la pratique dans les classes. 

Le numérique à l'école coeur- «L’avenir de l’école ne s’écrira pas à la craie sur un tableau noir. Elle doit prendre le train du numérique» a affirmé Luc Chatel, jeudi, alors qu’il présentait un « plan du numérique à l’école» qui se heurte aux restrictions budgétaires. Trop de familles se sentent éloignées de l’école, affirme-t-il. Aussi entend-il rendre obligatoire à la rentrée 2011 le cahier de textes et le livret de compétences électroniques.

Ce système, qui permet aux parents de surveiller les notes ou devoirs des élèves via Internet, est déjà testé dans environ 20 % des collèges et 30 % des lycées. Le ministère va aussi créer un «grand portail ministériel réunissant toutes les ressources pédagogiques disponibles». Pour acquérir des ressources supplémentaires, le ministre mettra en place un système de chèques dont le montant variera de 500 à 2500 euros par établissement. Un «responsable du numérique» sera par ailleurs nommé dans les collèges et lycées et un «plan national de formation» va être organisé pour les enseignants. Telles sont les principales mesures de ce plan attendu depuis un an par les professionnels du secteur. Beaucoup espéraient un financement par le grand emprunt. Mais en cette période de restriction budgétaire, le ministère n’a dégagé que 60 millions d’euros pour trois ans en redéployant des crédits.

12,5 ordinateurs pour 100 élèves 

Pour que le système éducatif français rattrape son retard, le député UMP Jean-Michel Fourgous avait fait en février soixante-dix propositions. Lui qui considérait alors qu’un investissement d’un milliard d’euros était nécessaire s’est néanmoins réjoui jeudi que «la moitié de (ses) propositions» figurent dans le plan. «En cette période de crise mondiale, ce n’est certes pas le moment pour trouver de l’argent et payer les ordinateurs, tablettes numériques, etc.», reconnaît-il. «Ce plan se heurte à la réalité, la rigueur extrême», affirme Philippe Tournier, responsable du SNPDEN-Unsa, principal syndicat des chefs d’établissement, relevant par ailleurs que les «enseignants référents numériques existent déjà».

Selon le rapport de Jean-Michel Fourgous, la France compte 12,5 ordinateurs pour 100 élèves. Avec ce chiffre, elle se situe au-dessus de la moyenne de l’Union européenne, mais reste très loin derrière le Royaume-Uni, par exemple. L’âge moyen des ordinateurs les rend obsolètes, «supérieur à 7 ans et 35 % du parc a plus de 4 ans». L’équipement qui repose essentiellement sur les collectivités locales pose de gros problèmes d’inégalités d’une commune à l’autre. Jeudi, Luc Chatel a promis une meilleure coordination entre l’État et les collectivités. (Le Figaro-26.11.2010.)

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*Le professeur-blogueur Loys Bonod–Né en 1975, je suis professeur certifié de lettres classiques et j’enseigne depuis presque 16 ans dans l’Éducation nationale, aujourd’hui dans un lycée parisien après plusieurs affectations dans des académies déficitaires et des collèges difficiles.(France)

*« Rendre l’école désirable »

***Le professeur-blogueur Loys Bonod revient sur un rapport du Conseil national du numérique publié fin 2014 et intitulé « Jules Ferry 3.0″. Et il n’est pas tendre à son égard : « Ce rapport, aussi plein de certitudes que d’anglicismes, constitue, par bien des aspects, un monument des nouvelles pédagogies qui restera dans les annales du numérisme. » « De toute évidence, poursuit-il, le CNNum n’a pas mesuré quels ravages les pédagogies qu’il promeut ont déjà fait dans l’école républicaine ou préfère ne pas le faire… »

Le Conseil national du numérique (CNNum) est une « instance indépendante ayant pour mission de formuler et soulever les problématiques relatives à l’impact du numérique sur l’économie et la société française ».

En octobre 2014, ce conseil a publié un rapport intrépide sur l’école numérique, sobrement intitulé Jules Ferry 3.0 qui dessine les contours d’une « école juste, solidaire et créative, répondant aux caractéristiques du monde numérique » (car le monde numérique est « juste » et « solidaire ») et dont – comme il se doit – pas un des auteurs n’enseigne dans le primaire ni dans le secondaire.

Des universitaires éclairés, comme Sophie Pène qui a piloté ce rapport, ont ainsi pu bousculer nos certitudes en toute ingénuité : « Pourquoi enseigner le code à des enfants qui ne savent pas lire ? Parce que beaucoup d’enfants, aujourd’hui, ont besoin de passer par le code pour apprendre à lire. »

« Rendre l’école désirable »

Ce rapport, aussi plein de certitudes que d’anglicismes, constitue, par bien des aspects, un monument des nouvelles pédagogies qui – sans nul doute – restera dans les annales du numérisme.

Sous couvert de belles et nobles intentions (favoriser « la e-inclusion », lutter contre le décrochage, tenir « la promesse de l’égalité », refonder l’école de la République), le rapport promeut de « nouvelles dynamiques pédagogiques » : il s’agit rien moins que « d’introduire de nouvelles pratiques depuis l’école primaire jusqu’au lycée ». L’efficacité de la pédagogie numérique (cours en ligne, serious games ou enseignement de l’informatique) est quant à elle assénée telle une évidence, l’échec de l’école (malgré sa réussite apparente) ne faisant par ailleurs l’objet d’aucune analyse.*marianne.net/ lundi 26 janvier 2015

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**combler le retard

À Élancourt, dans les Yvelines, toutes les écoles sont équipées de tableaux interactifs et d'environnements numériques de travail. Crédits photo : Nicolas TAVERNIER/REA
À Élancourt, dans les Yvelines, toutes les écoles sont équipées de tableaux interactifs et d’environnements numériques de travail. 

Le ministre de l’Education a reçu un rapport qui préconise qu’un milliard d’euros soit dépensé pour introduire efficacement l’informatique dans tous les établissements scolaires.

coeur-«Je souhaite que d’ici avril, je puisse présenter un plan très ambitieux, pluriannuel, pour que le numérique soit le quotidien de nos élèves», a lancé le ministre de l’Education, Luc Chatel, lundi matin. Il s’exprimait après la remise du rapport sur la promotion des nouvelles technologies à l’école par le député (UMP) des Yvelines et maire d’Elancourt, Jean-Michel Fourgous.

L’élu propose 70 mesures concrètes pour que la France «rattrape son retard» dans le domaine. Les exemples qu’il donne en préambule de son rapport sont sans appel : quand la France compte 8 ordinateurs pour 100 élèves au primaire, le Royaume-Uni en compte 17. Au secondaire on est à 16 contre 33. Pire encore : on est passé de 16 ordinateurs pour 100 élèves au collège en 2008 à 13 en 2009.

Le député en est persuadé : il n’y a plus de débat quant à l’effet positif des nouvelles technologies sur les élèves. Selon lui, pas de doute, «les Tice (technologies de l’information et de la communication, NDLR) accroissent la motivation des élèves, leur concentration, leur participation en classe. Ce sont des outils de lutte contre l’ennui à l’école, contre l’absentéisme, et au final contre l’échec scolaire». Et Jean-Michel Fourgous d’aligner les résultats : en compréhension de l’écrit la France est 17ème quand la Finlande est 1ère et le Royaume-Uni 13ème; en culture scientifique on est 19ème et nos voisins 2ème et 13ème.

«Des ambassadeurs du numérique»

Première recommandation du rapport : former les enseignants à la culture numérique. «Jusque-là, 80% des crédits étaient consacrés aux équipements, 20 % à la formation, nous proposons d’arriver à 50/50», explique Jean-Michel Fourgous. Il plaide en particulier pour que soient formés, «avant fin 2010, 6.000 ambassadeurs du numérique» qui seront chargés de gérer et d’accompagner la nouvelle organisation dans les établissements.

Deuxième mesure concrète : «équiper au numérique tous les établissements scolaires». Le rapport préconise d’abord de «connecter en haut débit 100% des établissements scolaires» et de «les équiper de tableaux numériques interactifs». Ces tableaux commandés par écran tactile offrent toutes les possibilités d’un ordinateur connecté à Internet.

Ressources

Un fonds de ressources numériques et de manuels interactifs pourrait également être créé. Pour ce faire, il préconise par exemple de «baisser la TVA à 5,5% pour le numérique pédagogique». «Généraliser les équipements pour l’apprentissage des langues et des sciences expérimentales» et «généraliser la baladodiffusion (en podcasts) et la visioconférence pour la pratique orale des langues» sont aussi des mesures envisagées dans le rapport.

Celui-ci suggère par ailleurs de «développer les espaces numériques de travail», à savoir les outils Intranet pour faciliter les relations écoles-familles (cahier de textes, cahier de liaison). Jean-Michel Fourgous plaide en outre pour «développer l’apprentissage du clavier en primaire» et pour «créer des modules facultatifs et progressifs ‘informatique et société du numérique’ en collège et lycée».

Mais ces mesures ont un coût. Le député évalue leur mise en œuvre à «un milliard d’euros voire au-delà». Cette dépense devra de toute façon être répartie entre Etat et collectivités territoriales, a-t-il observé. Luc Chatel, qui juge ces propositions «intéressantes», envisage d’utiliser les ressources du grand emprunt. Pour l’heure, aucune décision n’est encore prise. (Le Figaro-15.02.2010.)

**L’école veut rattraper son retard technologique

À Élancourt, dans les Yvelines, toutes les écoles sont équipées de tableaux interactifs et d'environnements numériques de travail.
À Élancourt, dans les Yvelines, toutes les écoles sont équipées de tableaux interactifs et d’environnements numériques de travail.

Une part du «grand emprunt» pourrait être consacrée à financer le basculement dans le numérique.

coeur-L’école du futur devrait être bientôt à portée de clic. Récemment chargé par le premier ministre d’une mission de réflexions et de propositions pour la promotion des nouvelles technologies dans l’enseignement scolaire (Tice), le député UMP Jean-Michel Fourgous affirme qu’une partie du «grand emprunt» programmé par Nicolas Sarkozy pourrait être consacrée au développement du numérique à l’école. Aucune décision n’est encore prise «mais cette part est estimée à un milliard d’euros », dit-il.

Le gouvernement est préoccupé par le retard de la France. En matière de développement des Tice à l’école, elle occupe le vingt-quatrième rang sur vingt-sept dans l’Union européenne et le douzième rang en ce qui concerne le ratio entre élèves et ordinateurs. «On ne peut pas se permettre de conserver une sous-culture de l’outil informatique, affirme-t-il, alors que la moitié de la production de la richesse mondiale va dépendre de ces nouvelles technologies dans les années à venir. Nous aurons besoin d’ingénieurs, de techniciens…»

Cette semaine, Luc Chatel a aussi annoncé que l’Éducation nationale devait «totalement basculer dans l’ère du numérique». L’objectif ministériel est de faire en sorte que le numérique soit davantage présent dans les établissements scolaires et intégré dans la pédagogie.

La question n’est plus de savoir s’il faut ou non des technologies dans l’éducation, «c’est un débat dépassé», affirme Jean-Michel Fourgous qui revendique six années d’innovation en matière de numérique. Les Tice motivent les élèves, permettent de lutter contre l’ennui et l’absentéisme à l’école, notamment auprès des perturbateurs. «On passe d’un enseignement traditionnel, frontal, à un enseignement où l’enfant est plus actif, parle plus.» Enfin, «on permet à l’enseignant de se réapproprier et de contrôler cette technologie qui souvent lui échappe mais dans laquelle les enfants sont tous à l’aise».

Jeu vidéo pédagogique

Son programme d’e-éducation à Élancourt (Yvelines) a été baptisé «l’école du futur». Dans cette ville, toutes les classes sont désormais équipées de tableaux interactifs et d’environnements numériques de travail. Des systèmes de vidéoconférences sont également disponibles pour apprendre l’anglais. En compagnie de leur institutrice, les élèves parlent régulièrement avec un professeur d’Oxford qui apparaît sur l’écran et commentent avec lui des images ludiques, adaptées à leur jeune âge. Dernière initiative en date, les enseignants mettent au point un serious game, un jeu vidéo pédagogique pour enrichir les enseignements d’histoire. En classe de troisième, certains pans du programme, la Seconde Guerre mondiale, par exemple, seront approchés via des jeux de stratégie. Donner des outils aux enseignants ne suffit pas. «Il faut les former et éviter que les matériels restent dans un carton, comme cela se produit parfois», reconnaît le député. Car s’il a mis en place une formation grâce à un investissement conséquent, les cellules d’appui qui existent dans chaque inspection académique restent parfois à l’état embryonnaire. «Chez moi, affirme le député, les enseignants ne veulent plus partir, tellement ces outils ont été intégrés dans leur pratique.» (le Figaro-11.09.2010.)

**  «Cartable numérique» ou «e-éducation» 

 Révolutionner la pédagogie par l’introduction de l’ordinateur à l’école est un vieux fantasme.

coeur- Dans les années 1960, André Malraux avait fait équiper en téléviseur les salles de classe, persuadé que cet outil d’avenir allait révolutionner la pédagogie. Depuis, cet amour des politiques pour les nouvelles technologies, et particulièrement dans leur déclinaison pédagogique, ne s’est jamais démenti. Claude Allègre, en son temps, avait déclenché l’ire des professeurs en vantant l’interactivité, qui devait éradiquer l’échec scolaire puisque «quand l’élève pose une question, l’ordinateur répond».Pourtant, malgré les déclarations d’intention, la France accuse un sérieux retard en matière d’«e-éducation», avec une piètre 24e place mondiale pour l’usage des nouvelles technologies en classe, selon un classement de la Commission européenne en 2006. Au conseil général des Landes, on se plaint de n’avoir obtenu aucune aide du ministère, pas même pour évaluer les résultats de l’opération. «Mais de fait, reconnaît-on au service numérique du conseil général, à la direction des technologies et des systèmes d’information du ministère, ils ont un budget d’environ 8 millions d’euros par an. C’est ce dont nous disposons pour un simple renouvellement de nos ordinateurs portables.»

Xavier Darcos avait lancé de grands projets en la matière : «espaces numériques de travail», «écoles numériques rurales», «cyber-bases» dans les écoles primaires, cahiers de textes numériques dans les collèges et lycées à l’horizon 2010… Mais ce sont avant tout les collectivités locales qui assument le coup du passage à l’ère numérique.

Casser le «rapport frontal»

 Outre les Landes, l’Ariège et les Côtes-d’Armor sont pionnières en matière d’équipement des établissements scolaires, notamment par l’installation du haut débit. La Région Midi-Pyrénées, quant à elle, se flatte d’avoir généralisé les «espaces numériques de travail», c’est-à-dire une offre d’accès à des ressources numériques pour tous les membres de la «communauté éducative», élèves, professeurs, personnels non enseignants et parents.

Mais au-delà du simple équipement des écoles en écrans, ou du passage, pour les élèves du primaire et du secondaire, du B2i, le «brevet informatique et Internet», le rêve de certains politiques est bien de transformer la pédagogie. Casser le supposé «rapport frontal» entre professeurs et élèves, rendre l’élève «acteur de sa formation», et le professeur simple «metteur en scène» des savoirs : autant de fantasmes nourris par les adeptes de l’ordinateur à l’école. Reste bien sûr à démontrer que ces dispositifs améliorent réellement le niveau des élèves. Ce qui n’est pour l’heure pas le cas.(le Figaro-27.08.2010.)

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«C’est en écrivant qu’un enfant enregistre»

INTERVIEW – Pour Liliane Lurçat, spécialiste de la psychologie de l’enfant, l’ordinateur trouble l’apprentissage de l’écriture.

coeur- Depuis quarante ans, les travaux de Liliane Lurçat, directrice de recherches honoraire en psychologie de l’enfant au CNRS, s’intéressent au lien entre lecture et écriture et au danger des écrans sur le cerveau des plus jeunes.LE FIGARO. – Vous êtes très réticente quant à l’introduction des ordinateurs à l’école. Pourquoi ?
Liliane LURÇAT. – Il faut distinguer différentes étapes suivant l’âge des enfants. Mais l’ordinateur trouble l’apprentissage de l’écriture. Celui-ci se fait par le lien entre le geste et le centre du langage dans le cerveau. Il nécessite une posture spécifique pour libérer le tronc, qui entraîne ensuite la main. L’apprentissage du geste se fait à la maternelle. L’écriture en script, par exemple, est à bannir car elle crée une discontinuité qui trouble la perception des mots. Ensuite, à l’école primaire, le geste devient peu à peu porteur à la fois de forme et de sens. Le processus s’achève en début de collège avec l’acquisition de la rapidité. Malheureusement, on a abandonné la pédagogie systématique du geste. On a fabriqué des dysgraphiques, à l’écriture illisible.

Mais si l’on introduit l’ordinateur au collège, le problème est-il le même ?
Les enfants d’aujourd’hui, justement parce qu’ils sont victimes d’une carence dans l’apprentissage premier, sont moins aptes à passer à l’ordinateur. En effet, c’est au collège que se révèlent les problèmes de dysgraphie accumulés à l’école primaire. Ce n’est pas parce qu’ils savent jouer avec l’ordinateur qu’ils peuvent le maîtriser. Dans l’apprentissage normal, le dessin, la trajectoire, la rapidité et l’orthographe sont automatisés. Seul le contenu sémantique ne l’est pas. C’est en écrivant qu’un élève enregistre et accède au sens. Si ces automatismes ne sont pas acquis, il ne peut y avoir de maîtrise du sens. Et il ne peut y avoir de mémorisation.

D’où vient cette destruction de la pédagogie de l’écriture ?
J’ai vu aux États-Unis, en 1967, les débuts de l’introduction des claviers à l’école. Il y avait des enfants qui refusaient tout simplement d’apprendre à écrire avec un stylo. D’autres le faisaient, mais allongés par terre, dans des postures impossibles. L’Institut national de la recherche pédagogique a ensuite introduit en France cette idéologie de l’écriture-dessin. Un jour, une institutrice à qui je conseillais d’accompagner le geste des élèves me répondit qu’il était « fasciste de leur tenir la main pour leur donner un modèle ». Tout était dit.(Le Figaro-27.08.2009.)

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     **Le manuel numérique**

Tablettes et ordinateurs remplacent lentement les livres scolaires.

Depuis 2011, à Angers, les élèves de l'école Marcel-Pagnol disposent d'iPad pour se connecter à Internet.

L’écolier du XXIe siècle équipé d’une seule tablette pour prendre des notes et lire ses cours… n’est pas encore arrivé! Comme chaque année, des tonnes de cahiers et de manuels scolaires sont venus lester les cartables. La révolution digitale entrouvre pourtant les portes de l’école. Des régions entières ont équipé leurs étudiants d’ordinateurs ou de tablettes. Tandis que les manuels numériques, quasi inexistants il y a deux ans, sont maintenant utilisés par 16 % des enseignants, à en croire un sondage TNS Sofres/Savoir Livre. «Avec la réforme du lycée et la refonte des programmes en 2010, nous avons proposé systématiquement des versions numériques», explique Sylvie Marcé, présidente du Groupe des éditeurs scolaires et vice-présidente du Syndicat national de l’édition (SNE).

L’avancée pourrait être plus spectaculaire… D’autant qu’avec la crise le coût des manuels en papier est devenu un sujet de tension entre les acheteurs et les éditeurs. Les mairies qui fournissent les livres du primaire, l’État qui équipe les collégiens et les régions qui souvent se substituent aux familles pour l’achat des manuels au lycée souhaitent passer à la version numérique. «C’est l’avenir et ils sont moins chers», dit-on à la région Ile-de-France, qui consacre 14,8 millions cette année au budget livres. Soit 150 euros par élève. «Avec cette somme, on pourrait acheter des Zipad!» ironise l’un des conseillers, dans une référence au débat du second tour de la présidentielle. Nicolas Sarkozy avait attaqué François Hollande sur le coût des iPad (achetés par le conseil général de Corrèze), en prononçant «zipad», à la française.

Une manne pour l’édition

Les éditeurs réalisent chaque année 250 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce aux livres scolaires, selon Savoir Livre. Un pactole qu’ils défendent dans un marché de l’édition très déprimé où 10 % des ventes viennent du livre scolaire. Le manuel numérique représente 1 % de leur chiffre d’affaires. La version numérique, souvent calquée sur le papier, est vendue en plus, pour quelques euros supplémentaires.

«Mais il ne faut pas fantasmer sur un manuel numérique low-cost, alerte Sylvie Marcé. Car la conception, l’achat des droits pour les images composent l’essentiel du prix.» Le livre numérique serait 15 % moins cher à produire, puisqu’on supprime le coût d’impression, de distribution et de stockage, assure la spécialiste. Mais l’ouvrage serait plus taxé. «Les éditeurs investissent aussi pour développer des versions enrichies, vraiment interactives. Il faut cesser de penser que nous sommes assis sur un tas d’or», plaide Sylvie Marcé.

Par ailleurs, personne ne semble vraiment prêt à abandonner le bon vieux manuel écorné. «Ni les professeurs, ni les élèves», reconnaît Brigitte Jauffret, responsable des nouvelles technologies à l’académie d’Aix-Marseille. À l’étranger, l’État de Californie, mais aussi des pays tels que la Corée du Sud et la Thaïlande sont en train de passer au tout-numérique.

En France, l’Éducation nationale a longtemps freiné l’usage du digital, tant que chacun n’avait pas un ordinateur. «Pour ne pas creuser les inégalités», souligne Brigitte Jauffret. Certains conseils généraux achètent du matériel pour les élèves. Avec un succès mitigé. Sans motivation du professeur, l’ordinateur sert à des usages personnels, est parfois revendu, devient vite archaïque… «On ne va pas pouvoir suivre le tourbillon technologique», reconnaît un ponte de l’Éducation nationale. Le ministre, Vincent Peillon, entend d’ailleurs mettre la priorité sur la production de contenu pédagogique gratuit et la mise en place d’un grand service public éducatif numérique plutôt que sur l’équipement. * Le Figaro-10.09.2012.

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La réalité augmentée arrive dans les écoles

       Y a un volcan sur ma table

C’est plus intéressant que dans un livre

Un volcan en éruption en réalité augmentée, Laval, 28 juin 2017

**une expérimentation pédagogique d’un nouveau genre

*Depuis février 2017, une expérimentation pédagogique utilisant la réalité virtuelle et augmentée a été lancée dans l’académie de Nantes.(France)

*Ces technologies permettent de réveiller l’intérêt de l’enfant.

*Reportage / 20minutes./ jeudi 29 juin 2017

Il règne une atmosphère électrique ce mercredi matin dans la classe de CM1-CM2 de l’école Eugène Hairy à Laval (Mayenne). Car le programme scolaire du jour réjouit d’avance les élèves : ils vont participer à un cours sur les volcans en utilisant une application en réalité augmentée.

Une possibilité qui leur est offerte grâce au partenariat noué par l’académie de Nantes avec Eon Reality, une entreprise qui développe des supports en réalité virtuelle et augmentée. Depuis février, cette expérimentation pédagogique a été lancée dans trois écoles et deux collèges de Mayenne et de la Sarthe et a bénéficié à 500 élèves.

« Le contenu pédagogique de ces séquences a été créé avec les enseignants et des inspecteurs pédagogiques dans plusieurs domaines (l’histoire, la musique, la sécurité routière et les sciences de la vie de la terre) », explique Gaëlle Penelon, chef de projet chez Eon Réality, qui est présente en classe pour veiller au bon déroulement de la séance du jour.

Une expérimentation à laquelle s’est prêté bien volontiers Denis Le Grand, l’enseignant. « On ne peut pas continuer à enseigner aux élèves uniquement de manière traditionnelle. J’essaye donc d’intégrer le plus possible le numérique dans mes cours. Cela joue sur la motivation des élèves, via le côté ludique », explique-t-il.

« C’était plus intéressant que dans un livre »

Ses élèves ne sont d’ailleurs pas des novices en matière de réalité virtuelle et augmentée, car c’est la dixième fois qu’ils utilisent la tablette pour participer à ces cours d’un nouveau genre. « Ce que j’ai préféré, c’était le cours sur la vie dans les tranchées. On voyait les poilus presque pour de vrai. C’était plus intéressant que dans un livre », se souvient Charles-Elie. D’où son impatience ce matin-là.

La séquence du jour traite des volcans. Pour mettre les élèves en jambe, la leçon démarre par un quiz, histoire de tester leurs connaissances. Par équipe de deux, les enfants y répondent sur des tablettes. Elise et Alice se lancent dans le QCM avec plaisir : « Comment s’appelle l’ouverture circulaire par laquelle sort la lave au sommet du volcan? », interroge l’écran. « Un cratère » répondent en chœur les deux petites filles en sélectionnant la bonne réponse. « Le Vésuve est un volcan ? » « D’Italie », s’écrient à leur côté Charles-Elie et David, tous fiers. Alors qu’habituellement, ils sont invités à se taire en classe, là, ils peuvent parler entre eux. « Un bon moyen pour eux de s’approprier le savoir », commente Gaëlle Penelon.

Des élèves très enthousiastes lors du cours en réalité augmentée. Laval, 28 juin 2017.

Des élèves très enthousiastes lors du cours en réalité augmentée. Laval, 28 juin 2017. 

Au bout de quinze minutes, beaucoup d’entre eux ont déjà terminé. « On a eu 8 sur 10 », se targuent Diego et Timothée, qui ont répondu à leur quiz en un rien de temps. Idem pour Jawad et Prosper qui en profitent pour regarder un volcan en éruption avec la réalité augmentée. « Oh, c’est un volcan explosé, tu rentres dedans t’es mort », commente Jawad.

« Y a un volcan sur ma table »

Adèle et Ana-Livia regardent la formation d’un cône volcanique via la réalité augmentée. « Y a un volcan sur ma table », se réjouit Adèle. Les élèves peuvent ouvrir différentes fenêtres pour acquérir du vocabulaire. « C’est super de voir les volcans comme ça, car je peux mieux imaginer comment ils sont vraiment », s’enthousiasme Ana-Livia.

A coté d’elle, un autre groupe regarde une vidéo sur un volcan. Chacun avance à son rythme et l’enseignant, Denis Le Grand circule dans la classe pour répondre aux questions spécifiques que les élèves se posent. « Le gros intérêt de ce support pédagogique, c’est l’interactivité qu’il permet alors que les élèves sont généralement passifs devant les écrans », indique Denis Le Grand.

Denis Le Grand avec ses élèves Laval, 28 juin 2017.

Denis Le Grand avec ses élèves Laval, 28 juin 2017.

Mais pas question pour lui de s’effacer derrière l’outil numérique. Il a d’ailleurs conçu un questionnaire auquel les élèves doivent répondre à la main. « La réalité augmentée ne suffit pas, il faut que les élèves écrivent en parallèle pour structurer leur pensée et mémoriser ce qu’ils viennent de voir », explique-t-il. L’enseignant demande d’ailleurs aux élèves d’abandonner leurs tablettes un instant pour les pousser à se poser des questions collectivement sur la leçon du jour.

L’expérimentation sera évaluée par des chercheurs

C’est maintenant le moment d’évaluer ce qu’ils ont retenu de toutes les informations auxquelles ils ont eu accès. Denis leur demande donc de refaire le quiz. Cette fois-ci Elise peut répondre à la question « Qu’est-ce que le Piton de la Fournaise ». « Un volcan de la Réunion », s’écrit-elle. Du coup, elle a 10/10 au quiz.

Les élèves sont invités à exprimer par écrit comment l’application pourrait encore être améliorée, histoire d’exercer leur esprit critique face aux outils numériques.« J’aimerais qu’on puisse voir l’intérieur des volcans », note Diego. La séquence s’achève et il était tant, car au bout de deux heures de travail intensif, les élèves ont besoin d’une récréation. L’occasion pour Denis Le Grand de faire le point.

« L’idéal aurait été que cette leçon s’intègre dans une séquence plus globale sur les volcans, avec une visite à Vulcania et l’exposé d’un élève, par exemple. Car je ne pense pas qu’ils aient mémorisé durablement ce qu’ils ont vu lors de cette séquence », explique-t-il. Il aura bientôt la réponse à ses questions : « Une évaluation de l’expérimentation de la réalité virtuelle et augmentée à l’école sera faite par des chercheurs en sciences de l’éducation », indique Jean-Jacques Baton délégué académique au numérique du rectorat de Nantes. Mais ce dernier semble d’ores et déjà convaincu par ces leçons d’un nouveau genre. « Là où l’on a des difficultés à faire passer un concept, il est utile d’utiliser le numérique », assure-t-il. source:  20minutes./ jeudi 29 juin 2017

***La réalité augmentée désigne une interface virtuelle, en 2D ou en 3D, qui vient enrichir la réalité en y superposant des informations complémentaires.

***La réalité augmentée désigne toutes les interactions entre une situation réelle et des éléments virtuels tels que de la 3D, des images 2D ou de la géolocalisation. Cette interaction est rendue possible par un “device”, à savoir un appareil qui va faire office d’unité de calcul. Cet appareil va permettre de positionner et de suivre les éléments numériques en temps réel

**Vidéo:  La réalité augmentée, qu’est-ce que c’est ?

************Qu’est-ce que la réalité augmentée

*La réalité augmentée est la superposition de la réalité et d’éléments (sons, images 2D, 3D, vidéos, etc.) calculés par un système informatique en temps réel. Souvent, elle désigne les différentes méthodes qui permettent d’incruster de façon réaliste des objets virtuels dans une séquence d’images. Elle s’applique aussi bien à la perception visuelle (superposition d’image virtuelle aux images réelles) qu’aux perceptions proprioceptives comme les perceptions tactiles ou auditives. Ces applications sont multiples et touchent de plus en plus de domaines, tels que les jeux vidéo, l’éducation par le jeu, les chasses au trésor virtuelles, le cinéma et la télévision (post-production, studios virtuels, retransmissions sportives…), les industries (conception, design, maintenance, assemblage, pilotage, robotique et télérobotique, implantation, étude d’impact…etc.) ou le champ médical. La réalité augmentée est l’un des phénomènes émergents permis par le développement et la démocratisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) à la fin du xxe siècle (tendance attentivement suivies par les prospectivistes) et elle participe à certaines formes augmentées du travail collaboratif et de l’économie collaborative telle que conceptualisée par Michel Bauwens.*source: .wikipedia

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17 réponses à “Le numérique à l’école”

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