La question salariale,une bombe à retardement
*Ça va mal à Cevital
Le groupe Cevital, qui a la part du lion dans le marché algérien de l’huile et du sucre, est de nouveau sous les feux de la rampe. Depuis hier, 16 de ses travailleurs sont en grève de la faim pour dénoncer un licenciement qu’ils qualifient d’ «arbitraire». Ce licenciement, avancent-ils, intervient suite au mouvement de grève spontanée initié par les travailleurs de ce groupe, au début du mois en cours. Les grévistes voulaient la satisfaction de leur revendication du 18 janvier dernier, date de la première grève générale des travailleurs, que le patron du groupe Cevital avait «étouffée par des promesses virtuelles». Suite donc à ces mouvements, au total 27 ouvriers ont été convoqués en conseil de discipline pour incitation à la grève et atteinte au bon fonctionnement de l’entreprise. Lequel conseil a statué pour le licenciement des 27 travailleurs avant d’accepter la réintégration d’une partie et d’en licencier 16 d’entre eux.
Les grévistes que nous avons rencontrés sur les lieux de leur piquet de grève, à l’entrée principale du complexe, dénoncent l’injustice et revendiquent présentement leur réintégration sans conditions estimant que «c’est leur droit de demander des droits». Ils demandent leur réintégration dans leurs postes comme leurs 10 autres collègues qui ont été réintégrés après introduction de recours. «Nous n’avons rien compris quant aux agissements de notre direction qui nous a notifié par courrier la discision de licenciement. C’est là une récompense de la part de Cévital à la veille de la Fête du travail le 1er Mai», déclarent à l’unisson les grévistes de la faim. «Après dix ans de loyaux services pour le dernier d’entre-nous qui a au moins deux enfants à en nourrir voilà comment notre direction nous récompense de fort belle manière pour avoir osé demander le droit d’avoir des droits». Du côté de la direction, les choses semblent placées dans leur juste contexte. «Ces travailleurs ont été licenciés pour incitation à la grève et perturbation du climat de travail à l’intérieur de l’entreprise. Ce sont des éléments perturbateurs», explique le directeur des ressources humaines dépêché depuis le 1er avril dernier au groupe Cevital.
«Toutes les mesures prises par notre direction sont conformes à la loi du travail et nous avons agi dans la légalité absolue. Ils ont été traduits en conseil de discipline et ont tous reconnu les faits reprochés», ajoute ce responsables. Quant à la revendication phare des travailleurs, M.Oularbi nie toute revendication allant dans ce sens: «Jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucune revendication émanant des travailleurs relative à l’installation d’une section syndicale… ils ont demandé l’élection des délégués des travailleurs pour l’installation d’un comité de participation et la direction a répondu favorablement à leur revendication qui est en cours d’exécution».
Ainsi, pour avoir revendiqué le droit de se constituer en organisation syndicale, les travailleurs de Cévital, le plus grand groupe privé de l’industrie agroalimentaire en Algérie, subissent les représailles d’une initiative pourtant reconnue par la loi algérienne. Depuis le début de l’année en cours, ce groupe appartenant à l’homme d’affaires Issaâd Rebrab, vit au rythme des protestations et contestations continues. En effet, sérieusement ébranlé en janvier dernier par un mouvement de grève générale sans précédent, le patron du groupe, qui a tenté d’apaiser la situation en promettant de prendre en charge les revendications des travailleurs. Une fois la bourrasque passée, il est revenu à la charge en identifiant les meneurs de grève, pour les isoler ensuite et les renvoyer. Tout a commencé au début du mois en cours lorsque des centaines de travailleurs se sont mis en grève pour réitérer leur revendication et rappeler par la même, le patron du groupe quant à ses promesses avancées au lendemain de la grève du 18 janvier dernier. Les grévistes réclamaient notamment «l’installation dans les plus brefs délais d’un conseil syndical autonome», ainsi qu’une «augmentation conséquente des salaires» et «l’amélioration des conditions de travail, jugées lamentables et loin des normes internationales du travail». Contrairement au précédent mouvement, les grévistes sont cette fois-ci, soutenus par le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap, et la section PST de Béjaïa (Parti social des travailleurs) qui n’est pas resté en marge. Dans une déclaration, le PST s’est solidarisé avec les travailleurs de Cévital à Béjaïa. «Les travailleurs de l’entreprise Cevital luttent depuis début janvier pour le droit à une organisation syndicale et pour leurs revendications socioprofessionnelles. 16 travailleurs sur 27 considérés comme des meneurs sont aujourd’hui licenciés. Leur seul tort est de revendiquer le respect des lois du travail (création d’une représentation syndicale): amélioration des conditions de travail, augmentation des salaires, installation d’un comité de participation» explique le PST qui ponctue sa déclaration par un appel lancé à tous les travailleurs et à toutes les organisations syndicales pour se solidariser avec leurs frères de Cevital.»
Hier, au moment où nous mettions sous presse, un autre licencié nous a rendu visite à notre bureau pour dénoncer l’arbitraire subi. Pour avoir déposé un arrêt de travail, il s’est vu renvoyer. M.Ouali Mourad, agent polyvalent, est renvoyé au lendemain de son arrêt de travail déposé conformément à la réglementation. Il est, désormais dans la nature depuis février 2011 et toutes ses démarches pour sa réintégration sont restées vaines. Ainsi va le secteur privé en Algérie…(L’Expresion-25.04.2012.)
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*Des augmentations insignifiantes
La tripartite (gouvernement-UGTA-patronat) qui se tiendra ce jeudi à Alger prévoit dans son agenda de traiter de l’augmentation du Salaire national minimum garanti (SNMG). Une augmentation de 2000 à 3000 DA n’est pas à écarter, comme c’est de coutume lors des dernières tripartites.
Des augmentations insignifiantes qui seront présentées comme importantes et qui seront, bien entendu, vite rattrapées par la hausse récurrente et généralisée des prix. Le gouvernement et ses partenaires invoqueront, comme d’habitude, la nécessité d’ajuster les salaires selon la productivité et expliqueront que les travailleurs algériens sont bien rémunérés quand la richesse produite reste dérisoire.Des affirmations qui sont, par ailleurs, justes, mais dans un autre contexte autre que celui d’une économie de rente qui caractérise notre pays.Des affirmations, tout aussi justes, lorsqu’elles sont appliquées, d’abord, et aussi, par les décideurs et tous ceux qui font ou défont les lois ou les exécutent. Et en scrutant le train de vie de l’Etat, l’on se rend compte que la rigueur et l’austérité sont réservées exclusivement à la masse des travailleurs. Sinon, comment expliquer des salaires mirobolants pour les hauts cadres de l’Etat, défiant toutes les lois économiques !Le Premier ministre, qui présidera la tripartite, a un salaire net de 500 000 DA, selon des sources au ministère des Finances, soit près de 34 fois le SNMG, et le chef de l’Etat, qui validera en dernier ressort les décisions prises, a un salaire mensuel de 800 000 DA, soit 54 fois le SNMG ! A titre comparatif, le salaire mensuel du président français est de près de 20 000 euros, soit 14 fois le SMIC (13 65 euros) et des voix de l’opposition promettent déjà de le réduire de 20 à 30% en cas victoire lors de la présidentielle de 2012. Un ministre français touche quant à lui 11000 euros, soit 8 fois le SMIC quand nos ministres s’offrent des salaires moyens de 350 000 DA, soit près de 24 fois le SNMG.
Outre les prises en charge multiples, gratuité du logement, véhicule, repas, déplacements et autres avantages, qui se justifient, par ailleurs, certains usent et abusent des commissions pour arrondir les fins de mois, comme en attestent les multiples procès et scandales liés à la corruption et dont la presse nationale en fait souvent état ces derniers temps.
De l’avis de nombreux analystes et financiers du pays, le train de vie de l’Etat algérien est toujours aussi fastueux au moment où de larges couches de la société sombrent dans la précarité et la pauvreté. Les couches moyennes sont plus que jamais laminées par la hausse vertigineuses des prix. Depuis 2004, des augmentations de 100% ont étés accordées aux parlementaires et de même pour les fonctionnaires et hauts cadres de l’Etat depuis 2008.
Un secrétaire d’Etat touche actuellement 270 000 DA et un secrétaire général d’une institution 210 000 DA, au moment où la fiscalité ordinaire en dehors des hydrocarbures (1.500 milliards de dinars) n’arrive même pas à couvrir la masse salariale des fonctionnaires, au nombre de 1 500 000, environ. Et comme la répartition des budgets n’obéit à aucune logique économique et ne découle d’aucune richesse produite, autant alors redistribuer la rente de manière plus équilibrée. Une redistribution qui obéit actuellement à des considérations politiques et de confortement des positions acquises des uns et des autres comme en attestent les augmentations pour les parlementaires en 2004 pour les besoins d’un acquiescement général lors de la révision constitutionnelle qui a cassé le verrou de la limitation des mandats.
Pour une institution comme l’APN, dont le président est rémunéré comme un ministre ou le président du Sénat qui s’offre quelque 600 000 DA, de quelle «productivité» peut-on affubler ces deux institutions lorsque leurs locataires ne font qu’avaliser les lois de l’Exécutif et qu’aucune commission d’enquête sérieuse n’a vu le jour sur les innombrables cas de corruption qui ont vu le jour. C’est dire que la question des salaires doit être prise dans sa globalité et à tous les niveaux pour la cohérence des justificatifs qui s’annoncent. Le train de vie de l’Etat ne doit pas s’éloigner de celui des Algériens et l’idée de l’uniformisation des véhicules prise l’année dernière peut en constituer un premier pas vers cette rigueur dans la gestion des deniers publics. (El Watan-26.09.2011.)
**Ces salaires qui divisent les algériens
Disparités
La question des salaires est à l’origine de la grande partie des conflits sociaux de ces derniers mois. Tel est le constat récurrent. En effet, l’Algérie, plus de quatre décennies après son indépendance, n’a pas su bâtir une politique salariale moins fondée sur la rente, c’est-à-dire axée plutôt sur la performance, la productivité.
À telle enseigne qu’aujourd’hui, les disparités se sont creusées entre Fonction publique, secteur privé et secteur public industriel. Pendant qu’émerge une classe moyenne aux revenus plus importants représentée par les cadres exerçant dans les sociétés étrangères implantées en Algérie et les grands groupes privés, le secteur public industriel distribue, lui, des salaires de misère à ses salariés, à la source entre autres de ses faibles performances.
Quant aux rémunérations de la Fonction publique, elles ont évolué de façon significative ces dernières années. Mais les enseignants universitaires, les médecins et médecins spécialistes restent sous-payés. Cette question constitue indéniablement une contrainte au développement de la recherche, à l’efficacité des systèmes d’enseignement, de santé et une forte incitation à l’exode des cerveaux. Les salaires dans certains corps encouragent également la corruption.
À cela s’ajoute la précarité des salaires. Des millions d’Algériens occupent des emplois temporaires dans le cadre des dispositifs d’insertion des jeunes chômeurs, des grands chantiers ou dans l’informel.
Tout cela fait que la grande majorité des salariés en Algérie perçoivent des revenus dits de survie leur permettant juste de couvrir le minimum des dépenses de première nécessité.
Solution : il est temps que l’État repense sa politique salariale dans la Fonction publique en fonction du niveau de connaissances, du rendement et des résultats par rapport à des objectifs clairs, facilement observables. L’indexation des salaires à l’inflation s’impose également, d’autant que les ménages subissent de plein fouet les effets d’un marché désorganisé livré aux pratiques spéculatives. Dans les entreprises, la performance, le sens de l’initiative, de l’innovation, le degré d’implication dans les résultats, devraient être les critères d’appréciation. Sans quoi, il faut dire adieu à la compétitivité.
Au plan politique, l’État devrait encourager la création à un rythme rapide des richesses et des emplois, au lieu de rester passif face aux lenteurs dans la prise de décision et les méfaits de la bureaucratie nationale. (Liberté-26.04.2010.)*
***Médecins
Les salaires de la subsistance
Le moins que l’on puisse dire, pour ce qui est des médecins de la santé publique, tous statuts et spécialités confondus, praticiens, spécialistes, et hospitalo-universitaires, c’est le niveau ridiculement bas des rémunérations, comparé à ceux consentis sous d’autres secteurs plus chanceux et carrément sous d’autres cieux plus cléments pour la condition médicale.
Pour toutes ces spécialités, et à peu de choses près, les différences de salaires ne sont pas significatives au point ou chacune d’elles exigerait un examen à part.
Aussi, l’on prendra pour exemple ceux des statuts les plus élevés dans la hiérarchie des salaires, ceux des spécialistes de la santé publique. Pour figurer parmi cette catégorie-là, il faut une formation de généralistes, sept années en faculté de médecine, accompagnée d’une période dite de résidence en spécialité qui varie de 4 années pour certaines spécialités à cinq pour d’autres, soit un niveau de qualification pour acquérir le grade spécialiste qui équivaut à bac + 11 (baccalauréat plus 11 années de formation) ou bac+12, un niveau rémunéré en début de fonctions à 44 000 DA en salaire de base, soit 48 000 DA nets, si l’on compte les différentes primes et indemnités, ainsi que les ponctions de l’Irg et des charges sociales.
L’ancienneté dans la fonction est comptée sous forme d’indemnité d’expérience professionnelle qui se situe à 1 000 DA environ toutes les trois années, soit en tout 10 000 DA en plus sur toute une carrière de 32 ans maximum : avec un bac en poche à l’âge de 19-20 ans et 11 à 12 années de formation, si tout va bien, le spécialiste à l’âge de 31 ans dans le meilleur des cas, n’a plus devant lui qu’une trentaine d’années pour partir en retraite, et améliorer pendant tout ce temps son salaire de 20% environ sous forme d’indemnité d’expérience professionnelle.
Pour en rester aux premières années, ce spécialiste devra passer cinq années en plus, soit avec 50 000 à 52 000 DA de salaire net, pour pouvoir prétendre, améliorer son menu plutôt que son salaire avec la possibilité d’une activité complémentaire, autrement dit passer s’il le désire, une partie de son service dans le secteur privé, soit deux demi-journées par semaine précédemment. S’il désire rester quand même dans le secteur public uniquement, il percevra une prime dite de “renonciation à l’activité complémentaire” de 8 000 DA, une prime imposable, certains médecins spécialistes astucieux la percevant quand même tout en travaillant au noir dans des cliniques privées, vu le coût de la vie et la modicité des salaires consentis, soit donc un traitement total net de 60 000 DA pour une qualification de bac + 16 à 17. À tout cela, il faut ajouter les primes de garde de 24 heures, 1 200 à 1 400 DA imposables pour chaque tour de garde à une fréquence qui dépend des hôpitaux ou établissements.
On mesure alors toute l’attention que requiert la question salariale dans le secteur médical public quand on sait que théoriquement, un niveau de qualification de bac + 10 doit être rémunéré à dix fois le Snmg (120 000 DA comme salaire de base si on prend le niveau précédent du Snmg, 150 000 pour l’actualiser en 2010) de même qu’un généraliste bac + 7 devrait être rémunéré à 5 fois le Snmg (bac + 5 en niveau de référence), soit 75 000 DA pour 2010. Dans leurs revendications, les médecins ne sont pas allés aussi loin, et ont proposé une voie médiane et même modérée, une hausse de leurs salaires de 20 000 DA environ par rapport à ceux actuels, dans le statut particulier qu’ils avaient négocié avec la tutelle, un projet de statut qui a pourtant été purement et simplement ignoré par la direction de la Fonction publique.
Au surplus, beaucoup de médecins interrogés remarquent au passage que, par le fait d’organisations et de réorganisations hâtivement établies, il n’est pas rare de constater l’existence de praticiens spécialistes, généralistes ou hospitalo-universitaires dans un même établissement ou carrément dans un même service, ce qui pose quelques problèmes d’équivalences salariales pour des tâches équivalentes et de sentiments de frustrations aux journées de réception des fiches de paie.
“Faisons le compte, les médecins ont des salaires qui les excluent de l’accès au logement social et du logement socioparticipatif. Il ne reste que la promotion immobilière ou l’achat par crédit logement, ou la location : faites le calcul, en incluant les autres dépenses d’établissement, mariage, véhicule, etc.”
Les médecins interrogés ont parlé avec beaucoup de pudeur de cette question salariale en dénonçant les conséquences qui en découlent car, à des niveaux de salaires aussi bas, la qualité souffre d’une manière ou d’une autre, s’attardant surtout sur les immenses défis de santé publique auxquels le corps médical doit quotidiennement faire face, avec l’exigence d’une qualité de soins dans un pays où l’absence de qualité de vie a produit une population malade : trois maladies, l’hypertension artérielle, les troubles cardio-vasculaires, et le diabète affectent à eux seuls 30% de la population, sans compter entre autres, les asthmatiques, les handicapés et ceux souffrant d’autres maladies respiratoires.
Les écarts de salaires,
indice de développement
Dans le cas des médecins, comme dans beaucoup d’autres professions, les avancements et la mobilité dans la profession sont peu motivants, soit 20 à 25% en hausse salariale durant toute la carrière, par le truchement de l’indemnité d’expérience professionnelle, tandis que l’augmentation du Snmg sans hausse concomitante des rémunérations supérieures aboutit, ni plus ni moins, qu’à un tassement des salaires du moment que ceux-ci sont plafonnés.
Avec un Snmg à 12 000 DA l’année dernière, l’écart par rapport au médecin spécialiste en début de carrière était de 1 à 3,66, tandis que depuis la dernière augmentation du Snmg à 15 000 DA, l’écart n’est plus que de 1 à 2,93. Soit une baisse relative des salaires. Voilà qui illustre concrètement le laminage des classes moyennes et leur paupérisation, l’exemple n’étant que le dernier en date. Le coup fatal porté au système de rémunération dans le secteur économique public et la Fonction publique à été leur décrochage par rapport au Snmg, ce qui avait complètement déséquilibré et réduit les écarts de salaires ainsi que les structures de revenus des médecins, mais aussi des autres cadres avec qualifications bac + 2 ou bac + 4 et autres qualifications supérieures. (Liberté-26.04.2010.)
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Santé publique : compléter l’effort par l’élément humain
Il s’agit d’un secteur, la santé publique où l’élément humain joue un rôle de premier plan, à la mesure de l’immensité et du caractère stratégique de la tâche, aux plans immédiats et à long terme. Et apparemment, l’Algérie ne manque pas de moyens pour ce faire.
D’énormes efforts en matière de formation et d’équipement ont été consentis, pour améliorer la couverture médicale : avec 20 milliards de dollars pour les quinze prochaines années, cette politique s’est traduite par la réception de 14 hôpitaux depuis 2004 (travaux en cours pour 37 autres), 52 polycliniques (58 autres en cours de finalisation) et 51 centres de santé (12 autres en chantier), l’augmentation du nombre de médecins généralistes est passé de 21 000 en 1999 à 35 000 en 2007 et celui des médecins spécialistes de 4 000 en 1999 à 13 000 en 2007, selon un bilan officiel 1999-2009 du candidat Bouteflika à sa dernière réélection en 2009.
Toujours selon ce bilan, l’amélioration de la couverture médicale a vu le nombre de médecins généralistes par habitant passer de 1 pour 1 177 en 2000 à 786 en 2008, tandis que le nombre de médecins spécialistes par habitant est passé, quant à lui, de 1 pour 3 464 en 2000 à 1 pour 1 980 en 2008. (Liberté-26.04.2010.)
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**LA POLITIQUE SALARIALE
L’impasse ?
Longtemps considérée comme relevant exclusivement du champ de connaissance des spécialistes et du monopole des syndicats officiels, la question salariale en Algérie, comme sous d’autres cieux, s’affirme et se pose aujourd’hui comme une préoccupation majeure qui imprègne de plus en plus largement la société parce qu’elle détermine ses conditions de vie. Elle constitue pour les pouvoirs publics un véritable “casse-tête”. Coincés entre une croissance économique qui peine à s’installer durablement et une pression sociale liée essentiellement à l’érosion du pouvoir d’achat, ces derniers agissent par à-coups et de manière cyclique en gérant des situations de crise devenues endémiques. Ce constat est corroboré par le Cnes — Conseil national économique et social — qui estime que les différentes revalorisations ont été effectuées “d’une manière cyclique et sans rapport direct avec la productivité du travail et l’inflation”. Il suggère dans le même temps “d’aborder la question plus globale des revenus salariaux et des critères qui contribuent à leur détermination et à leur augmentation”.
L’incapacité de l’État à réguler le marché local des biens de large consommation, fortement dépendant des fluctuations des marchés internationaux et de l’emprise de la spéculation, en plus de la faible productivité du travail qui caractérise l’outil de production national, rendent la situation plus complexe. Selon le Dr Mebtoul, professeur d’université et expert international, la sphère informelle contrôle quatre segments-clés des produits de consommation qui représentent 70% des besoins essentiels de la population. Il s’agit des fruits et légumes, viandes et poissons pour les marchandises locales ; les textiles et chaussures pour l’importation (enquête CNEAP de septembre 2007). À ces paramètres vient se greffer une poussée inflationniste qui repart à la hausse, estimée par les spécialistes à plus de 4,6%. Cette dernière est accentuée par la détérioration de la valeur du dinar qui perd 25% face à l’euro et 15% face au dollar. La combinaison de l’ensemble de ces facteurs s’est traduite par une amplification de la précarité sociale et la paupérisation de plus en plus grande des couches moyennes, menaçant dangereusement la stabilité et la cohésion sociale.
Devant une telle situation, de nombreuses voix se sont élevées pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur les risques d’une explosion sociale. Ainsi, les syndicats autonomes et certaines formations politiques suggèrent un SMIG à plus de 30 000 dinars pour faire face à la dégradation du pouvoir d’achat. Pour sa part, l’UGTA, dans une étude sur le même thème, avait recommandé un SMIG à 25 000 dinars. De façon générale, les spécialistes des questions salariales estiment que le salaire pouvant faire face à la dégradation du pouvoir d’achat doit osciller entre 40 000 et 50 000 dinars. D’autant que certaines enquêtes sur les salaires révèlent que la salarisation est en net recul et est passée en 20 ans d’environ 50% à moins de 20% – en 2008/2009 – dans la structure du produit intérieur brut (PIB), contre 50% à 60% dans les pays développés et émergents.
Cette baisse, accompagnée par une fragilisation de la relation de travail du fait de la précarité de l’emploi, s’est effectuée essentiellement au profit des sphères spéculatives et rentières.
Les dernières augmentations accordées aux parlementaires à l’occasion de la révision de la Constitution ont introduit, au sein de nombreuses catégories sociales, un profond sentiment d’injustice et une perte de confiance dans la démarche salariale menée par les autorités et les arguments que ces dernières mettent en avant pour limiter au strict minimum les revalorisations des rémunérations. Ce sentiment de frustration se nourrit également de l’aisance financière de l’Algérie, dont le pouvoir s’enorgueillit. La poursuite des mouvements de revendications sociales est la parfaite illustration de cette cassure entre la société et le pouvoir politique. Le manque de concertation et de dialogue, notamment avec les syndicats autonomes de plus en plus mobilisateurs et crédibles, tout particulièrement auprès des catégories sociales les plus “conscientes” – enseignants, médecins, fonctionnaires –, alimente les tensions et potentialise les mécontentements.
Cette évolution de la situation économique et sociale est cependant ponctuée par des revalorisations des salaires des couches les plus vulnérables. Ainsi, durant les cinq dernières années, les salaires de la majorité des Algériens ont été revus à la hausse par l’Exécutif dans le cadre des tripartites. Ces revalorisations ont concerné plus d’un million d’Algériens. Ainsi, le SNMG a été revu à la hausse, passant de 12 000 à 15 000 dinars et a nécessité, selon le Premier ministre, une enveloppe de 90 milliards de dinars. Par ailleurs, la révision du régime indemnitaire de la Fonction publique a mobilisé 140 milliards de dinars. La masse salariale, quant à elle, se chiffre actuellement à I 500 milliards de dinars, selon Karim Djoudi, ministre des Finances. De tels efforts, il faut tout de même le dire, ne peuvent porter leurs fruits qu’en jugulant l’inflation par des mesures de régulation du marché des biens de large consommation, d’une part et, d’autre part, en consolidant et en élargissant les instruments incitatifs en faveur des secteurs productifs privés et publics, notamment les PME et PMI pour développer de nouvelles niches de productivité et booster la croissance hors hydrocarbures. (Liberté-26.04.2010.)
**Nouveau régime indemnitaire de l’éducation nationale
Les salaires de la discorde
Depuis le début de l’année scolaire, une seule constante a été remarquée, c’est le recours au débrayage et à la grève de tout le corps éducatif à intervalles presque réguliers. En novembre dernier, la grève a duré 21 jours et a été suivie de plusieurs autres cycliques de moindre durée.
Il s’agissait d’un bras de fer engagé par les syndicats autonomes de l’éducation afin d’arracher des droits concernant, notamment les rémunérations. Pour mettre fin à ce sempiternel bras de fer et aplanir les tensions, sans cesse, ravivées par les syndicats de l’éducation, le ministère de l’Éducation nationale a annoncé en février dernier de fortes augmentations sur les salaires des travailleurs du secteur, avec effet rétroactif à compter de janvier 2008.
Absorbant la plus grande part de l’enveloppe réservée à la révision des régimes indemnitaires de la Fonction publique, la nouvelle grille des salaires enregistre un taux d’augmentation net du régime indemnitaire allant de 29% à près de 32%, en fonction des différents grades de ces corps. Les augmentations mensuelles nettes vont de 8 674 à 10 905 DA selon le palier. Sont concernés par cette hausse ceux qui jouissent d’une ancienneté moyenne classée à l’échelon 6, qui équivaut, selon une source syndicale, à près de 17 ans d’exercice. Elle est de 8 674 DA pour le maître d’école primaire, de 9 533 DA pour le professeur d’enseignement fondamental, de 10 665 DA pour le professeur d’enseignement moyen, et, enfin, de 10 905 DA pour le professeur d’enseignement secondaire. Pour ce qui est des autres corps de personnels, tels les conseillers d’éducation, de l’intendance, de l’orientation scolaire et de la restauration, ils bénéficient aussi d’une majoration allant de 7 013 à 10 289 DA. Cette nouvelle grille des salaires est effective à compter du 1er mars. Toutefois, le ministère a assuré que plusieurs rappels découlant de l’effet rétroactif appliqué à partir du 1er janvier 2008, seront accordés aux concernés. Les rappels des mois de janvier et février 2010 devaient être versés durant le mois de mars ; ceux de l’année 2008, au cours du mois de mai 2010 ; quant aux arriérés de l’année 2009, ils seront versés au courant de l’année 2010. Par ces décisions, le ministère entendait démontrer la bonne foi des pouvoirs publics et leur volonté d’améliorer la condition salariale de l’ensemble des corps spécifiques de l’éducation nationale. Cependant, la chose n’a pas été perçue sous cet angle par le corps des enseignants. Outrés par la médiatisation de leurs fiches de paie par le ministère de l’Éducation nationale, ces derniers ont répondu par une grève. La publication et la médiatisation de la fiche de paie des enseignants ont été ressenties comme une humiliation et une atteinte à leur dignité, d’autant que les augmentations annoncées ne sont que des miettes, déplore un enseignant d’un lycée de la banlieue algéroise. Les gains nets des enseignants ne dépassent pas, dans le meilleur des cas, les 8 000 DA, ajoute-il. `
De leur côté, les deux syndicats Cnapest et Unpef ont dénoncé une manipulation de l’opinion publique en publiant des augmentations des salaires des enseignants en les gonflant pour qu’ils paraissent mirobolants, en soutenant que la tutelle a délibérément plafonné ces hausses des salaires en intégrant la prime de rendement (PRI), estimée à 40%, dans l’augmentation globale des salaires. Selon eux, les majorations pouvant atteindre les 10 000 DA pour un enseignant du secondaire, annoncées par la tutelle, ne seraient finalement que de la poudre aux yeux. Les vraies hausses des salaires ne dépasseront pas les 4 800 DA au maximum pour un professeur du secondaire, ont-ils fait savoir après avoir analysé les nouvelles fiches de paie. Pour le Cnapest, le régime indemnitaire, tel que proposé par le ministre, est très loin de ce qui a été discuté lors de la commission mixte installée en novembre dernier relative à ce dossier. (Liberté-26.04.2010.)
****Zone industrielle de Rouiba
Des salaires inégaux, en attendant les augmentations espérées
Les salaires n’arrivent pas à couvrir les dépenses minimales du mois.
Selon les entreprises et les résultats des négociations avec les partenaires sociaux (la force des sections syndicales et leur énergie), selon leur santé financière aussi, les salaires diffèrent d’une entreprise à l’autre, assure le SG de l’union locale UGTA qui assure que “dans certaines entreprises publiques, le salaire de base ne dépasse pas les 8 000 Da/mois, hors primes. À ce salaire, il faudra ajouter toutes les primes (PRI, PRC, IEP, nuisance, panier, etc.) pour que l’entreprise soit en conformité avec l’article 87 bis de la loi 90-11 et le SNMG”. M. Mokdad Messaoudi, SG de l’union locale UGTA de Rouiba, ajoute que “ceux qui perçoivent un salaire convenable doivent en reverser 25% d’IRG au fisc”.
D’après les mêmes sources syndicales, l’écart entre les salaires les plus faibles et les salaires les plus élevés est significatif et atteint parfois, pour les cadres dirigeants, 10 fois le SNMG, sans compter les diverses primes. La prime de représentation, à elle seule, équivaut au SNMG. Malgré tout, “la grille des salaires est équilibrée dans chaque entreprise publique prise à part. Mais des écarts importants existent entre les salaires accordés par les entreprises à leurs travailleurs”. “ce qui explique le nomadisme qui règne dans la zone industrielle de Rouiba. Un nomadisme qui signifie perte de personnel qualifié, difficilement remplaçable, pour les unes, et pain béni pour les entreprises qui recrutent pour quelques deniers de plus du personnel qualifié qu’elles n’ont pas formé.”
Selon M. Messaoudi, “les salaires actuels n’arrivent pas à couvrir les dépenses essentielles d’une semaine d’un travailleur père de famille, ou même célibataire. D’où notre revendication première qui se résume en l’abrogation de l’article 87 bis de la loi 90-11, en plus de l’allégement de l’IRG pour les travailleurs. Le salarié paye en IRG, directement ponctionnée sur son salaire à la source, plus que les plus gros commerçants de la région.”
Selon le SG de l’union locale UGTA de Rouiba, “les négociations salariales, malgré les échéances convenues entre la Centrale syndicale et les partenaires employeurs gouvernement/ patronat, au sein de la tripartite, sont en train de piétiner, alors que les travailleurs attendent impatiemment les résultats de ces négociations dont ils espèrent beaucoup, afin d’améliorer leur pouvoir d’achat. Je l’affirme haut et fort, nous sommes assis sur une véritable poudrière, à Dieu ne plaise !”
Concernant le secteur privé exerçant dans la zone industrielle de Rouiba, il existe un gros problème à propos des négociations qui devaient se dérouler au niveau des entreprises. En effet, selon le SG de l’union locale UGTA, “une partie des employeurs privés de la zonne industrielle de Rouiba déclare ne pas reconnaître le délégué patronal à la dernière tripartite (qui s’est déroulée en décembre 2009), parce qu’il ne ferait pas partie du patronat qui a négocié durant cette même tripartite. Encore un imbroglio ou casse-tête en plus de ceux qui existent déjà. Certains patrons privés ne veulent même pas entendre parler de la création d’une section syndicale. Dès qu’il y a la moindre velléité de création d’une section syndicale, c’est le licenciement pur et simple, en dépit de la loi 90-11 qui, pourtant, autorise et encourage la mise en place de sections syndicales sous certaines réserves réglementaires d’effectif, etc. Certains patrons ne déclarent même pas leurs travailleurs. Nombre de ces patrons sont en infraction au niveau de la zone industrielle de Rouiba”.
Toute la problématique salariale est résumée par ce drame quotidien des travailleurs sous-payés et qui ne pourront pas prétendre à une augmentation de salaire puisqu’ils ne sont même pas déclarés.
Le SG de l’union locale UGTA note que “si les salaires des petits travailleurs (non qualifiés) sont dérisoires, ceux de l’encadrement sont élevés. Une façon de pomper les compétences du secteur public industriel, sans trop d’efforts”. Un secteur public, devrait-on ajouter, qui ne peut pas se défendre à cause de la rigidité structurelle de sa grille des salaires qui est conçue, débattue et arrêtée ailleurs que dans l’entreprise, le plus souvent. Ce qui vide le management de l’entreprise de l’essentiel : sa capacité à faire face avec rapidité et souplesse aux aléas du marché du travail de plus en plus volatil et soumis au nomadisme, selon l’offre et la demande et le diktat du plus offrant. Ce qui rend de plus en plus caduques toutes ces rencontres périodiques, bi ou tripartites devenues, à force de s’éloigner des véritables enjeux du monde du travail, vaines messes basses. (Liberté-26.04.2010.)
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Salaires dans le secteur public
Pour faire bref, dans le secteur public industriel de la zone industrielle de Rouiba, un travailleur marié, un enfant, perçoit un salaire net (après retenues IRG, retraite et Sécurité sociale) : pour le bas de l’échelle, environ 14 000Da/mois,
- personnel de maîtrise : 18 000 Da/mois ;
- cadre moyen : 20 000 DA/mois.
Cadre supérieur, ingénieur débutant : 30 000 DA/mois.
Les anciens ingénieurs bénéficient de l’IEP qui fait la différence entre eux et les nouvelles recrues.
Les salaires des cadres dirigeants sont régis par un décret particulier : ils peuvent atteindre 10 fois le SNMG, sans compter les primes diverses dont la somme peut atteindre 100% du salaire.
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Salaires dans la fonction publique
Premier ministre : 50 millions de centimes par mois
Ministre : 30 millions de centimes
Député : 30 millions de centimes
Médecin spécialiste : entre 5 et 7 millions de centimes
Ingénieur : entre 25 000 et 30 000 dinars
Medecin : 4 millions de centimes
Enseignant : 4 millions de centimes
Directeur central dans une institution publique : 12 millions de centimes
Ouvrier professionnel : 1,1 million de centimes
(ils sont 500 000 travailleurs à toucher des salaires en dessous du Snmg) … (Liberté-26.04.2010.)
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** Les nouveaux salaires en chiffres
Le salaire du professeur d’enseignement fondamental passe de 25 117 DA à 42 010 da, (soit 7 360 DA de plus à compter du 1er janvier 2008 et 9 533 DA de plus à compter du 1er mars 2010). Le professeur d’enseignement moyen voit son salaire évoluer de 25 117 à 44 603 DA, soit une progression de 77,58% (8 821 DA de plus à compter du 1er janvier 2008 et 10 665 DA de plus à compter du 1er mars 2010). Le salaire du professeur d’enseignement secondaire progresse de 30 017 DA à 48 452 DA, (soit un plus de 7 530 DA à compter du 1er janvier 2008 et un plus de 10 905 DA à compter du 1er mars 2010). Les enseignants percevront des rappels cumulés issus de l’effet rétroactif de l’application du nouveau régime indemnitaire allant de 225 524 DA pour le maître d’école primaire à 283 530 DA pour le professeur d’enseignement secondaire. Ce cumul atteindra 247 858 DA pour le professeur d’enseignement fondamental et 277 290 DA pour le professeur d’enseignement moyen. (Liberté-26.04.2010.)
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***Mais, combien sommes-nous aujourd’hui, en tant que salariés, en mesure de terminer le mois avec le faible revenu, fruit de notre labeur ? Même un cadre ne peut aller au-delà de deux ou trois semaines avec son maigre salaire. Que dire alors du smicard qui touche 500 DA par jour ? En étant très prévoyant, une semaine à dix jours… en se serrant la ceinture ! 500 DA. C’est le salaire journalier du travailleur smicard algérien. Et ils sont nombreux ! La méthode de calcul du seuil de pauvreté est très variable selon l’époque et le lieu. Ainsi, la Banque mondiale retient un seuil de pauvreté absolu identique pour l’ensemble des pays de la planète. Un calcul réalisé il y a 20 ans, en 1990, une génération depuis, fixait ce seuil à 1 dollar (environ 80 DA) par personne et par jour. Un pécule destiné à assurer le seuil de survie alimentaire pour satisfaire un besoin calorique normatif donné :
(2 400 à 2 100 kcal). Approche à la limite de la pauvreté. Cette même méthode de calcul fixe aujourd’hui un niveau de revenus à 2 dollars, comme seuil couramment employé à la lisière de la pauvreté. Sachant que 2 dollars représentent chez nous l’équivalent de 180 DA, et qu’une famille moyenne de 4 personnes, pour ne pas glisser en deçà de ce seuil doit mobiliser 4 fois ce montant, à savoir, 720 DA/jour ! C’est-à-dire un déficit de 220 DA. Rien que pour échapper à la misère absolue ! Se nourrir, et rien d’autre !
Faute d’être bons, soyons
francs !
Le travailleur algérien a besoin de se nourrir, certes, c’est vital, mais il a également d’autres besoins, aussi vitaux. Il doit se couvrir, à défaut de s’habiller, errer, à défaut de se promener, soulager ses souffrances, à défaut de se soigner, s’occuper, à défaut de se distraire, se nicher, à défaut de se loger… mais toutes ces fonctions primaires coûtent de l’argent. Et de l’argent, le salarié algérien, il en a point ! Encore moins quand on est réglé au calcul du snmg. La politique salariale du pays est ainsi faite ! Une politique de rémunération, digne de ce nom, tient compte du niveau de vie réel des citoyens. Elle doit être le juste reflet du niveau du pouvoir d’achat. Dernièrement, le ministre des Finances a déclaré qu’“on ne peut pas construire des rémunérations basées sur des aspects de pouvoir d’achat. Le schéma est clair, il faut créer plus de valeur ajoutée pour la redistribuer, mais actuellement nous ne produisons pas assez de richesse”. Mais est-il logique, normal, honnête, juste, responsable, de faire payer aux salariés la mauvaise dynamique de la politique économique du pays ? S’il y a échec, insignifiance de la production, défaut de valeur ajoutée, absence de plus-value à dégager, ce n’est quand même pas la faute aux travailleurs, encore moins aux pauvres petits smicards !? Faut quand même avoir la franchise d’assumer ses erreurs !
Ce n’est pas nous, c’est eux !
Ainsi donc, ce n’est pas la faute du gouvernement, c’est la faute à la population qui ne travaille pas assez ! C’est ce que veut bien nous faire croire notre grand argentier. Réagissant aux propos du ministre des Finances, le Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur d’université, expert international et économiste, estime qu’“il est incorrect d’affirmer que les augmentations de salaires ne doivent pas être liées au pouvoir d’achat, car un bas salaire se répercute sur la productivité globale. Cela est lié au mode de gouvernance dont le niveau de corruption élevé mis en relief par les institutions internationales allant en se détériorant, entre 2005/2009, joue comme vecteur de démobilisation de la population”. L’objectif principal d’une politique de rémunération est d’assurer la cohésion entre les objectifs individuels et les objectifs corporatifs. Dans toute entreprise, le personnel, notamment cadre, s’attend généralement à être rétribué en fonction du chiffre d’affaires et des gains découlant de leur travail. Pour attirer et surtout pour conserver les meilleurs employés, il importe donc d’instaurer des politiques de rémunération qui satisfassent leurs besoins sans pour autant nuire à la santé financière de l’entreprise. Mal structurée et mal gérée, une politique de rémunération aura l’effet contraire de celui escompté. Les cadres peuvent développer un sentiment de frustration en constatant que leurs efforts ne sont pas récompensés à leur juste valeur. C’est pourquoi, il est important de s’entourer des compétentes en la matière lors de la définition et de la mise en application d’une stratégie de rémunération. Il en est tout à fait de même en ce qui concerne les salaires de la Fonction publique. L’élaboration d’un programme national salarial doit être le fait d’économistes et de loyaux représentants du patronat, et non pas une carte entre les mains de décideurs, à exhiber comme “atout politique” contre les petites gens. Pour le travailleur, le salaire est une rétribution dignement gagnée. Ce n’est pas le versement d’une rente. Un salaire à hauteur d’un labeur, cela revalorise la notion du travail et de son auteur. La création de la richesse passe par là !
Sans options, Hetba !
La mendicité et la misère s’étendent toujours davantage dans nos villes et villages, entraînant par ailleurs l’épineux phénomène de violence urbaine, contre lequel nos services de sécurité semblent complètement dépassés. Il ne se passe pas un jour sans que l’on enregistre des agressions commises au grand jour. Même nos routes, pourtant à proximité des barrages supposés nous protéger, sont devenues de véritables guets-apens. Allusion faite au tronçon Réghaïa- Boudouaou, pour ne citer que celui-là ! Et quelle serait aujourd’hui la solution ? Des mesures courageuses s’imposent pour sortir de l’impasse. Il faut laisser tomber les approximatifs plans gouvernementaux, jusque-là empruntés à un autre temps, prétendus soutenir la croissance et le développement. La réalité est toute autre, l’Algérie rétrograde à la 104e place sur le baromètre 2009 du développement humain, réalisé par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). L’indice du développement humain (IDH) du Pnud va au-delà du PIB et offre une définition plus large du bien-être de l’individu. C’est dire que la pauvreté continue à sévir en Algérie, un pays trahi par le paradoxe État riche/peuple pauvre. En somme, le véritable problème est dû à cet inconsistant mode de gouvernance prôné depuis toujours par des responsables, incapables de se remettre en cause et de convenir que l’Algérie va droit contre le mur. D’autant que le citoyen lambda n’est pas doté d’un airbag, en mesure d’atténuer ses souffrances au moment du crash ! On est embarqué dans un modèle de base, sans options. Hetba ! (Liberté-26.04.2010.)
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**une bombe à retardement
*Les grèves en cours dans la zone industrielle de Rouiba indiquent que la question salariale est devenue en Algérie une source de tensions entre le monde du travail et le gouvernement. Elle est une véritable bombe à retardement que le gouvernement espère désamorcer par des leurres et par de vaines tentatives de contourner la représentativité des travailleurs.La question salariale alimente une protestation qui est en train de prendre corps sous forme d’un mouvement social de plus en plus large qui a commencé à se dessiner avec les enseignants, les cadres de la santé, les fonctionnaires et aujourd’hui les travailleurs de l’industrie. Deux revendications essentielles sont avancées par la contestation : l’augmentation des salaires et la représentativité syndicale. Le gouvernement ne pourra satisfaire ni l’une ni l’autre. Une hausse substantielle des salaires entraînerait des déséquilibres financiers qu’il sera incapable de gérer, et la reconnaissance des syndicats autonomes minerait la logique paternaliste du régime vis-à-vis du monde du travail. Le salaire, en Algérie, est une variable politique dans la mesure où son niveau est fixé par les contraintes financières de l’Etat et non par la productivité du travail, la concurrence ou les besoins sociaux des travailleurs. De ce point de vue, l’économie algérienne n’est pas « dépolitisée », c’est-à-dire que c’est une affaire d’Etat qui ne concerne ni les travailleurs, ni les opérateurs économiques ni les consommateurs et encore moins les citoyens. Ce faisant, le régime a fait déconnecter l’économie nationale des paramètres de l’accumulation mondiale (productivité du travail et rentabilité des capitaux), ce qui s’est répercuté sur le niveau des salaires qui n’arrive pas à nourrir, loger et soigner les travailleurs et leurs familles. L’incapacité du salaire à couvrir les besoins sociaux mènera à terme à des explosions sociales aux conséquences imprévisibles.Ce qui est frappant aujourd’hui, c’est que les employés des administrations et les travailleurs du secteur public mesurent désormais leur pouvoir d’achat en euro – et non en dinar – et le compare non pas à celui des pays développés mais à celui des pays voisins, la Tunisie et le Maroc. « Comment expliquez-vous, disent-les grévistes, que nos salaires et traitements soient trois fois inférieurs à ceux des Marocains et Tunisiens ? » Cette appréciation du pouvoir d’achat en monnaie étrangère signifie que les acteurs ont pris conscience de ce que David Ricardo, l’un des fondateurs de l’économie politique, appelle le « salaire réel », mesuré en biens de consommation, qu’il distingue du salaire nominal évalué en monnaie. L’augmentation du second peut s’accompagner de la diminution du premier. C’est ce qui s’est passé en Algérie où le SNMG a été augmenté, alors que le pouvoir d’achat du dinar a diminué. Le salaire nominal s’est accru, mais sa capacité à acheter des biens de subsistance a baissé dans de plus grandes proportions. Cela se vérifie dans le niveau des prix des biens courants comme la viande, les fruits et légumes, les vêtements, etc.Il y a quinze ans une ménagère remplissait son couffin quotidien avec 200 DA ; aujourd’hui, il lui faut 2000 DA pour avoir le même couffin. Bien sûr, il y aura toujours des statisticiens de l’administration qui vont dire le contraire, et même affirmer que le niveau de vie des Algériens a augmenté entre 1999 et 2009. Dans les pays démocratiques, les syndicats ont leurs propres centres d’analyses statistiques, parce qu’ils ne font pas confiance dans les chiffres avancés par l’administration.Il faut cependant se demander pourquoi le pouvoir d’achat, et donc le niveau de vie, ont baissé dans de si grandes proportions ? La raison est que le gouvernement a été amené à dévaluer la parité du dinar, dans les années 1990, de telle manière à compenser les déficits publics. C’est la diminution drastique du pouvoir d’achat des revenus fixes (salaires et traitements) qui a financé les déficits de l’Etat dans les années 1990. Au lieu d’opérer des réformes de structure pour améliorer la productivité du secteur économique, le gouvernement a préféré dévaluer la parité du dinar, c’est-à-dire diminuer le pouvoir d’achat des revenus fixes pour financer les déficits issus de l’échec de sa politique économique. C’est sur injonction du FMI que les différentes dévaluations ont été opérées. Les experts du FMI estiment que la diminution de la consommation des ménages favorise l’investissement et attire les capitaux étrangers. Elle encouragerait par ailleurs, selon eux, les exportations et découragerait les importations. Ce que les experts du FMI ignorent cependant, c’est que ce modèle est, dans certaines limites, pertinent pour une économie industrielle développée obéissant au système de prix walrassien, caractérisé par la loi des rendements non proportionnels (rendements croissants et décroissants) et par l’élasticité de l’offre, mais il est totalement inopérant dans une économie rentière où l’offre industrielle est rigide et où l’accumulation des capitaux n’a aucun lien avec la production. Compte tenu du caractère rentier de l’économie algérienne, il n’est pas surprenant que la dévaluation du dinar n’a pas eu les effets escomptés. Elle a enrichi l’Etat en monnaie locale, sans contrepartie dans la création des richesses, mais n’a pas eu d’effets bénéfiques sur l’économie nationale. Au contraire, celle-ci a subi la destruction de dizaines de milliers d’emplois avec la disparition de centaines de PME obligées de fermer en raison de la cherté des biens semi-finis importés.En 1980, un dollar US s’échangeait contre 10 dinars ; aujourd’hui, il s’échange contre 77 dinars. La différence – 67 dinars pour chaque dollar encaissé – est un surplus monétaire que crée l’Etat et qui correspond à la perte du pouvoir d’achat des consommateurs. L’Etat devient plus riche par simple décision administrative, sans création équivalente de richesses matérielles, ce qui, évidemment, aura pour conséquence mécanique l’augmentation des prix. Le système de prix est international et l’Algérie n’y échappe pas : la viande, les fruits et légumes, les matériaux de construction, la voiture… ont le même prix à Alger, Athènes, Madrid et Paris. En raison des dévaluations brutales, le salaire algérien ne permet plus de nourrir correctement une famille de six personnes (un couple et quatre enfants), sans parler de l’impossibilité de réaliser des projets de mobilier et d’immobilier, et encore moins de rêver des vacances. Travailler devient inutile parce que le salaire ne permet pas de construire une vie familiale ou individuelle. D’où le phénomène des « harragas » qui ont le sentiment qu’ils ne peuvent pas avoir un avenir dans leur pays. Les cadres aussi sont touchés par le désir de s’exiler, estimant qu’ils peuvent obtenir dix fois plus sous d’autres cieux.Le rapport de la Banque Mondiale de l’année 1992 note qu’entre novembre 1990 et avril 1991, le dinar a été dévalué de 100%, ce qui explique le fort taux d’inflation (29%) en 1991.Le gouvernement ne va pas en rester là puisque de 1992 à 2000, le dollar va passer de 22,7 à 75,34 dinars, soit une diminution de 370%, ce qui a fait passer la masse monétaire de 377 milliards de dinars à 1044 milliards. Entre 1990 et 2000, la monnaie algérienne aura été dévaluée de 500% ! A titre de comparaison, un dollar s’échange contre 11,3 dirhams marocains alors qu’il s’échange à 77,22 dinars, ce qui signifie que la monnaie marocaine a un pouvoir d’achat 7 fois supérieur à la monnaie algérienne. Et pourtant, l’Etat algérien a des revenus supérieurs à ceux du Maroc.
Les conséquences de cette politique monétaire vont être manifestes sur le pouvoir d’achat des salaires. Selon l’Annuaire Statistique pour l’Afrique (Nations Unies, 2001), l’indice des prix à la consommation en Algérie (alimentation, habillement, électricité…) s’est élevé en 2000 à 464,8% avec une base 100 en 1990. L’augmentation de cet indice est encore plus forte si l’on se donne comme année de base 1989. Selon l’Annuaire Statistique de l’Algérie (Résultats 1999-2001), l’indice des prix en 2001 a été de 557,59 avec 1989 comme année de base. Durant cette même période, le prix de l’électricité et du gaz (compagnie de l’Etat) ont été multipliés par près de 10 (929,06) et celui de l’eau potable par 8,5 (846). L’indice des médicaments sur ordonnance a atteint le seuil de 1 131,70. Ces chiffres expliquent l’appauvrissement de la population, mesuré à travers la chute du niveau de consommation par habitant qui a diminué de 30,4% par rapport à 1980. Le seuil de pauvreté concernait en 1988 16,6% de la population en zone rurale et 12,2% en zone urbaine. En 1995, il était respectivement de 30,3% et de 14,7% selon les chiffres de la Banque Mondiale. Depuis, ces chiffres se sont aggravés au point où la mendicité et la misère s’étendent dans les villes, entraînant par ailleurs le phénomène de violence urbaine.
Quelle serait aujourd’hui la solution ? Des mesures audacieuses s’imposent pour sortir de l’impasse. 1. Le passage à un nouveau dinar, qui vaudrait dix anciens dinars, est indispensable. 2. Négocier avec les Marocains et les Tunisiens pour avoir, pour les trois monnaies nationales, la même parité face à l’euro et au dollar. 3. Avoir une politique audacieuse qui viserait à renforcer l’offre des biens et services, qu’elle provienne du secteur public ou privé, avec pour maîtres mots profit et rentabilité. 4. Se retirer des négociations avec l’OMC et l’Union Européenne et dénoncer les accords qui portent atteinte à la production nationale. 5. Organiser la concurrence à l’intérieur du marché national pour s’opposer aux rentes de situation. 6. Réorganiser les services des impôts et des douanes pour les mettre au service de l’économie nationale.
En conclusion, la question salariale ne peut être résolue sans des transformations économiques et institutionnelles de grande ampleur. Des gisements extraordinaires de productivité existent dans l’agriculture, la pêche et l’industrie pour satisfaire une demande potentielle d’un pays de 35 millions d’habitants. Pour cela, il faut solliciter les groupes sociaux du monde économique, les reconnaître comme des sujets autonomes et en finir avec le paternalisme d’Etat qui infantilise la société. *par Lahouari Addi …(Le Quotidien d’Oran-14.01.2010.)
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