Alger, Rome, par chaleur estivale
*L’insoutenable hogra de la citadelle helvétique
*** Alger. Enfin Alger la blanche. Je foulais le sol de la capitale après maintes années de vie provinciale. Et, il est vrai, après quelques heures interminables de train cahotant. Ville devenue mythique pour nous.
En quelques foulées, je sortis de la gare les jambes ankylosées pour prendre les escaliers qui mènent vers le centre de la ville. Arrivé tôt le matin, j’avais devant moi la belle devenue un mystère pour nous, habitants de l’intérieur. Les gens se pressaient pour se diriger vers la sortie. Tohu-bohu matinal des banlieusards. La gare somme toute exiguë pour être abusivement appelée centrale. Sommairement pourvue de quelques guichets et de quelques rares chaises pour figurer dans le classement des grandes gares. Qu’importe, j’y étais. Et pour quelques années j’allais découvrir bien d’autres surprises qui achevèrent mes illusions hier encore vivaces. Arrivé à la Grande Poste, j’ai dû toiser cet édifice qui occupe une bonne surface de la place. Située à l’embouchure de la rue Ben M’hidi et non loin de celle de Didouche Mourad, elle trône avec ses immenses escaliers qui mènent à l’intérieur de ce véritable palais. En pente, tout en bas, le square Saïd où il m’arriva de passer quelques moments lors de mes diverses pérégrinations. En face, les arrêts des bus que j’allais fréquenter assidûment et El Djenina qu’il m’arriva de traverser pour siroter mon café. Tout en haut, le siège du Gouvernement ; un bâtiment datant de l’occupation coloniale avec une grande place servant de parking pour les voitures officielles…
Alger, un bonheur ? C’était le train-train habituel ; la vie universitaire n’était pas des plus enviables. Repas des plus chiches, moyens de transports réduits, amphithéâtres bondés, culture avoisinant le degré zéro, les cités ne prêtaient guère à l’optimisme. N’étaient les quelques rencontres entre amis, la vie aurait ressemblé à une existence frelatée ; ce qui poussait alors bon nombre d’étudiants à se réfugier dans les bras de Bacchus, à l’ombre des discours enflammés de révolutionnarisme à l’échelle nationale.
Depuis, lors de mes retours à Dzaïr El Açima, des souvenirs poignants viennent encore taquiner ma mémoire. Il me souvient ainsi qu’avec deux anciens camarades de promotion de l’ENA, nous choisîmes la Suisse comme pays pour voyager. La Suisse, quelle idée ! Nous savions peu alors qu’elle était un paradis fiscal pour riches. Nous, nous étions issus d’un pays du tiers-monde et avions émis le vœu de visiter ce pays. Un pays de cartes postales pour nous. Nous étions trois. Le voyage nous était offert à la fin de nos quatre années d’études par l’ENA. En récompense de nos efforts. Voyage largement mérité en fait. Mais nous choisîmes par hasard sur les pays proposés lorsque vint notre tour d’élire le pays à visiter. Le choix de la Tunisie ou le Maroc aurait été sans doute plus bénéfique. Nous allions l’apprendre à nos dépens. Pour l’heure, tout guillerets, nous nous préparions pour le jour j. A l’aéroport d’Alger fraîchement baptisé Houari Boumediene, nous languissions d’impatience pour fouler le sol de ce pays alors mythique pour nous. Certains de nos négociateurs pour l’indépendance n’y avaient-ils pas séjourné ? Ainsi d’ailleurs que d’autres personnages illustres parmi les Algériens que l’on continue d’appeler «historiques ». Confiants, nous l’étions. Trop même. Loin de nous douter de ce qui allait nous arriver. Nous espérions assouvir quelque peu notre soif de voir de près ce pays réputé être propre. Nous n’en franchîmes même pas le seuil de l’aéroport. Dès notre descente d’avion, nous fîmes la queue, la chaîne comme on dit en bon Algérien. Après présentation de nos passeports, l’agent douanier nous demanda de nous mettre de côté, ainsi que deux autres personnes d’apparence arabe au faciès. Identité nationale, quand tu nous tiens !
J’eus la désagréable surprise d’observer que beaucoup de passagers d’apparence européenne passaient sans difficulté aucune. J’eus l’appréhension de nous voir, non pas refoulés, mais interrogés. Nous nous disions qu’après explications, nous pourrions sortir ; après tout, nous avions un pécule pour notre séjour de quelques jours. Et nous étions fraîchement sortis de la plus prestigieuse école de notre pays. Peine perdue. Aucun de ces arguments à nos yeux essentiels n’émut le préposé aux douanes. Il nous signifia que nous ne pouvions entrer dans son auguste pays. Dès demain, nous pourrions regagner notre chère patrie. Nous étions refoulés. Et nous passâmes la nuit dans l’aéroport, nos passeports confisqués comme il se doit. Avec nos compagnons d’infortune, nous nous contentâmes d’un sandwich. Nous eûmes l’idée d’appeler notre consulat. En vain. Notre cher consul d’alors ne daigna ni se déplacer, ni dépêcher quelqu’un pour nous écouter et défendre notre cause. Nous réalisâmes, à notre grand regret, que nous étions peu de choses venant d’Algérie. Y compris pour nos représentants. Nous n’étions pas des citoyens au dessus de tout soupçon. Cette triste mésaventure me permit de comprendre que les discours qu’on nous servait chez nous sont plus de la rhétorique qu’autre chose. Et ne me découragea pas de revenir à la charge de la citadelle Europe. Avec l’un de mes compagnons d’infortune, et sur nos propres deniers, nous prîmes le chemin de la Tunisie de Bourguiba, le pays de Habib le bien nommé. Le pays frère. Sans encombre, nous passâmes quelques jours à Tunis. Somme toute, agréables. C’était l’été. Il faisait beau. Nous étions jeunes, frais émoulus. Tunis était une petite ville qui nous rappelait notre Alger. En plus petit. Nos frères tunisiens plus accueillants. Plus inventifs. C’était les années quatre-vingt. Et la Tunisie amie organisait le tourisme comme l’un des piliers de son économie. Au grand dam de nos technocrates et dirigeants qui suivaient leurs lubies de rattraper en quelques années les pays industrialisés.
Nous eûmes l’idée de traverser la mer. Pas à la nage ! Nous ne voulions pas être des harragas avant l’heure. En bateau. Pour nous rendre en Italie. Si l’on peut dire, c’est tout proche. La harga n’était pas encore à la mode. L’Italie du Sud où nos ancêtres durent également se déplacer pour y rester quelque deux siècles et y laisser quelques traces architecturales. Nous jetâmes notre dévolu sur la Sicile. Le mauvais souvenir de l’aéroport de Genève était loin derrière nous. Nous prîmes le bateau. Traversée calme. Nous découvrions la mare nostrum. La vaste Méditerranée. De nombreuses heures. Sans sommeil. La fatigue du matin nous surprit avec la douane italienne. Nous étions de nombreux jeunes. Déjà. Candidats qui à l’exil qui, comme nous, à la découverte de l’Europe. Je rappelai à mon souvenir la langue italienne étudiée au lycée. « Ecco il documente », « Ho denari », criions-nous alors à qui mieux mieux pour nous faire entendre et nous faire admettre au pays de Dante. Après moult palabres et allers-retours du douanier dans un bureau adjacent, celui-ci nous fit signe de sortir. Sans doute convaincus de notre bonne foi, nos passeports d’étudiants et nos quelques devises.
Nous pûmes alors dire adieu à Genève et à la froideur de son accueil. Ville que je finis par voir quelques années plus tard, étant déjà en exil à Paris. Sans rancune, mais sans grand enthousiasme… Notre séjour à Naples et à Trapani nous permit de mesurer la différence d’avec le pays le plus bancarisé au monde. Quelques années plus tard, j’appréciai davantage le film « Pain et chocolat ». Même l’exil d’Européens de l’Italie était difficile dans la citadelle helvétique. Quelques jours de promenade où les statues se découvraient à l’œil nu, dans les rues. Les ruelles de la Sicile, avec les cordes d’où pendait le linge à sécher. Comme à la Casbah ou à El Harrach d’Alger. Ou à Diar En Nakhla de Sétif. Les filles qui, en été, conduisaient leurs motocycles en ville. Les petits restaurants où nous nous sommes rassasiés de pasta italiana et de pizzas. L’accueil chez une famille italienne, puis à l’hôtel. Somme toute une découverte d’un monde qui nous était proche géographiquement. Et d’une certaine façon historiquement.
Roma. Belle, même par chaleur estivale. Le soir, dans les rues et ruelles. Dans les terrasses de café. Moments inoubliables dans la ville du colisée. Et les déambulations dans la ville éternelle. Je pus converser avec nombre d’Italiens. Lire quelques quotidiens. Voir des films en bande originale. Rester tard le soir à voir la ville s’endormir peu à peu. Les feux des cafés proches de la gare centrale demeuraient cependant éveillés. Quel panache ! Merci Rome d’avoir sauvé l’honneur perdu de Genève dont l’insoutenable arrogance à notre endroit me laissa perplexe de nombreuses années. Ville riche des comptes généreusement garnis. Certains de nos dirigeants en savent quelque chose. Commissions d’importation, fruit de surfacturations résultant d’achats alimentaires et autres produits manufacturés, déposées dans des comptes protégés par le secret bancaire qui permet bien des accointances douteuses. Qu’importe d’où vient l’argent, pourvu qu’il y ait l’ivresse ! Les gueux que nous sommes n’y sont pas les bienvenus. Quelle hogra ! Il est vrai cependant que le culte de la personnalité est le stade suprême de la hogra. A la table des preux de la corruption nous ne sommes conviés. Tant mieux pour nous, mais tant pis pour notre économie mise ainsi en coupe réglée par quelques mains expertes dans des officines tenues secrètes. (quotidien d’Oran-15.04.2010.)
par Ammar Koroghli * Avocat-Auteur algérien
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** de Tipaza… à Tamenfoust ….
Omar et Fouzia, Hassan et Rym sont deux jeunes couples amis, habitant le premier à Tipaza et le second à Tamenfoust (ex. La Pérouse). Ils sont amis depuis l’université dont ils ont quitté les bancs en 2010.
Omar est responsable du département cybernétique du Centre aérospatial d’Amguid, Fouzia, sa femme est spécialiste en médecine nucléaire. Quant à Hassan et Rym, mari et femme, ce sont deux célébrités dans le monde de la culture. Lui, est ténor lyrique et elle, productrice d’opéras. Il se sont donnés rendez vous en ce premier samedi du mois d’avril de l’an 2030, pour passer ensemble une journée récréative au cœur d’Alger. Le premier couple qui vient de Tipaza a pris le TGV de 9h 09 venant de Ténès, le second l’hydroglisseur de 10h à partir de Tamenfoust ; ils seront à quai à 10h 20. L’hydroglisseur est sur le point d’accoster au terminal du vieux port de la Pêcherie. Celui-ci, tout en gardant son architecture originale, a subi des travaux d’aménagement le plaçant de plain pied dans la modernité : jetées couvertes, allées pavées de marbre et armatures en chrome. Après délocalisation des forces navales, l’amirauté quant à elle, a été restituée à l’histoire navale du pays.
Des frégates, grandeur nature, mouillent dans ses eaux. La course algérienne des frères Kheiredine est là, prête à appareiller. Ce musée à ciel ouvert, organise des virées en haute mer pour les profanes et loue ses services aux studios de tournage cinématographique internationaux. Le vieux port est relié à la Casbah par un funiculaire électrique à double cabine. Circulant en sous terrain, il n’apparaît en surface, qu’à l’entame de la vieille cité pour joindre les hauteurs de Bab Djedid, sous les remparts du Fort. Réhabilitée et débarrassée de ses excroissances, la cité médiévale est revenue à la vie. Ceinte d’une muraille fendue par ces anciens accès, le site est occupé par des caravansérails, des boutiques d’antiquaires et d’échoppes artisanales. Seuls, les artisans et les détenteurs de métiers anciens (verriers, tanneurs, étameurs, ferblantiers) occupent les logis. Une séance mensuelle de «Sons et lumières» revisite l’histoire. Un conservateur, doté du pouvoir répressif et d’une police spéciale veille sur les lieux.
Le TGV du RFR (réseau ferroviaire rapide) est en gare d’El Kettani (gare de l’Ouest). En moins de dix minutes de tramway, Omar et Fouzia rencontreront leurs amis à la Rotonde de l’ex. Pêcherie. L’activité de cette dernière est présentement à Rais Hamidou, anciennement Pointe Pescade. La Rotonde, est une large place piétonne, une dizaine de cafés, salon de thé et crèmeries offrent aux usagers leurs terrasses fleuries, leurs boissons et sorbets. Un café traditionnel, lambrissé et cuivré propose ses sofas d’époque, son café turc et son thé à la menthe préparés sur la braise. Les encens et les senteurs aromatiques baignent les lieux. Les serveurs, en «boubou» noir, gilet et «tarbouche» carmins, se faufilent de table en table et distribuent des colliers de jasmin. Le temps était radieux et la brise légère; la farniente était bien là pour ses deux couples harassés par une dure semaine de labeur. Ils disposaient de près de deux heures avant le repas de midi pour flâner. Au sortir de la place, l’ascenseur les accueille pour monter au front de mer constitué des boulevards Zighout et Guevara. Cette grande avenue, rendue piétonne depuis fort longtemps est le domaine des fleuristes, des bouquinistes et des artistes peintres. Elle est émaillée de quelques terrasses de café, clubs littéraires et de librairies. Le Théâtre national est érigé en musée-salle de conférences pour l’histoire du quatrième art. Dès leur descente de l’ascenseur vitré, les couples s’appuient sur la rambarde pour contempler la baie d’Alger. Le port empestant le pétrole et l’ammoniac, n’est plus qu’un lointain souvenir ; délocalisé vers l’est de la capitale, il est remplacé par le centre international des affaires (CIA). La jetée continentale est hérissée de buildings plus hauts les uns que les autres. Tellement immense, l’aire abritant ce complexe dispose de son propre transport en commun constitué de pullmans propulsés à l’énergie solaire. Noyé dans la verdure et les plans d’eau, ce business land est en lui-même une ville qui ne dort presque jamais. Il est en même temps à l’heure locale qu’à celle de New York ou de Bornéo. Deux bâtiments portent sur leur fronton les estampilles de Sonatrach pour le pétrole et la Sonaprogaz pour le gaz naturel. Elles ne sont plus les seules à faire nourrir le pays, Agrimed (produits agricoles et piscicoles) et Stepovin (viandes) pourvoient aux besoins nutritionnels «bio» du bassin méditerranéen.
Les Sablettes au loin, sont devenues une interminable plage au sable fin ; plantée de palmiers locaux, elle rappelle les plages exotiques des almanachs de jadis. Ceinte d’une rangée de palaces et de bungalows, elle n’a rien à envier à la Croisette française. Elles sont bordées toute deux par la Mare nostrum. Une marina permet l’accostage et l’arrimage de luxueux yachts battants pavillons étrangers. Un héliport assure la liaison directe avec l’aéroport international Houari Boumediene par hélicoptères. La centrale électrique fonctionnant au gaz, ne sert plus qu’au souvenir. Elle a été avantageusement remplacée par une réplique off short, alimentée par une marée de cellules photovoltaïques et une forêt d’éoliennes. Le soleil a eu enfin raison des ténèbres.
L a gare routière du Caroubier est devenue une gigantesque gare ferroviaire nodale (gare de l’Est). Son réseau TGV Transmaghrébin dessert Casablanca, Tunis Tripoli et Nouakchott via Tindouf et Layoune. Le Transahelien, lui, il dessert Lagos et Niamey via Tamanrasset. Les trains rapides desservent tout le territoire national par un service, toutes les 15 minutes. Le Hamma, abrite l’immense complexe culturel et récréatif «Abdelaziz Bouteflika». Le Jardin d’essai, inclus dans le décor, ne représente qu’une tache verte dans ce Disney land national. La piste artificielle de ski dévale du Bois des arcades pour aboutir au complexe sportif. Le «Saâdane Stadium», œuvre de l’architecture nationale, est un stade polyvalent couvert à toit amovible. Il peut accueillir jusqu’à 120.000 spectateurs pour les matchs de foot, de rugby ou pour l’athlétisme. Ces clameurs sont perçues sur plusieurs kilomètres à la ronde. On y accède par plusieurs rames de tramways. Les zones de stationnement des véhicules légers, sont toutes en under ground périphérique desservi par des rames. Le parc d’attractions «Akfadou» le cirque national, le circuit de courses automobiles, l’hippodrome, sont les points sur lesquels se cristallise l’intérêt des milliers de visiteurs. Le village saharien «Akhamokh» perpétue les us nomadisants du siècle dernier. La culture théâtrale et cinématographique n’est pas en reste; du petit théâtre de vaudeville à l’opéra tragique, les scènes ne manquent pas. Le grand opéra «Ouarda» du nom de la grande cantatrice, est un véritable complexe à lui seul. Il peut accueillir de 5 à 6.000 spectateurs. Sa scène tournante peut offrir plusieurs plans à la fois. A une encablure de là, le «Hamina», propose une dizaine de salles de cinéma y compris une à ciel ouvert, avec écran de projection géant et des milliers de sièges-jardin. Les minarets de la mosquée «Tarek Ibn Ziad» culminent à près de 300 mètres de haut. Ce complexe cultuel, implanté à Mohammadia, jette son ombre sur la Méditerranée comme pour rappeler que c’est sous la bannière de la foi que cette mer, a failli un jour, être musulmane.
Epoustouflés par ce qu’ils viennent de contempler pour la énième fois peut être, nos jeunes amis, s’offriront mutuellement une rose et entameront la promenade «livresque».
D’étal en étal, ils s’enivreront de titres de livres, de brochures, d’encyclopédies en langue arabe, tamazight, française, anglaise et même chinoise. Les levantins se sont incrustés à l’orée des années 2000. Après avoir réalisés les grands chantiers structurants où le prix du baril caracolait à 120 USD, ils s’installèrent durablement pour faire du négoce dans l’immense marché de la technologie de l’information, du textile et de la médecine traditionnelle. Erigée à Bab Ezzouar, leur «Chinatown» fait, désormais, partie du décor. Beaucoup d’entre eux, ont pris femme dans la communauté nationale.
Il est midi trente passés de quelques minutes, le quatuor rebrousse chemin par l’ascenseur du Square «Ben Bella» anciennement Port Said. Les ascenseurs sont au nombre d’une quinzaine, ils desservent les boulevards du Front de mer, à partir des voûtes et de l’ancienne gare centrale qui est devenue, depuis plusieurs années déjà, la gare des tramways urbains et suburbains. La restauration gastronomique ayant pris pour gîte les voûtes, offre un cadre «rétro», où des violonistes viennent jouer la sérénade aux amoureux. D’autres, typiquement orientaux, délivrent des complaintes de Oud (Luth) dans les «maqamate» ou le «ghrib». Des tentes nomades-restaurants, font dans le culinaire traditionnel, «méchoui», couscous, lait de chamelle et dattes, sous l’œil amusé des convives. Un air de «gasba» (flûte) en musique de fond, rappelle les envolées lyriques des bardes de la steppe.
Avec le transfert des sièges gouvernementaux vers Bouinan, la ville respire mieux. Elle n’est plus la capitale politique du pays, elle est son phare économique et culturel. Elle ne compte plus que 2.000.000 d’habitants, périphéries comprises. Ses pôles universitaires, sont présentement à Sidi Abdallah, aux Grands vents et à Birtouta. Après s’être restaurés, les deux couples, prennent la rame n°1 destination : le complexe culturel et récréatif. Après des moments de voltige sur les montagnes russes et une chevauchée sur des poneys, nos amis se paieront une séance de cinéma dans deux salles différentes et pour deux films différents. Ils auront l’avantage de se raconter mutuellement leur film. L’endroit, truffé de petites moussalates offre aux prieurs, l’occasion de s’acquitter de leurs devoirs religieux. A dix-neuf heures, ils se dirigent à l’opéra où est à l’affiche, depuis un mois déjà : «Aida». Ils se délecteront pendant plus de deux heures des mystères lyriques des Pyramides imaginés par Verdi. Il est maintenant plus de 22 heures, nos amis enivrés par la symphonie, sentent un creux à l’estomac qu’ils feront vite de combler. Des fruits de mer, de la dorade grillée et des fruits de saison seront le festin qui clôturera la journée. Hassan et Rym emprunteront le «rapide» de minuit allant vers Ain Taya ; Omar et Fouzia passeront quant à eux, leur nuit dans un hôtel de la proximité. Ils se sont promis de rendre visite, le lendemain, à un parent malade en cure chirurgicale à l’hôpital «El Okbi» des Grands vents. L’hôpital Mustapha a cédé la place à un grand jardin public où le troisième âge vient trottiner et lire le journal sur ses bancs. (Quotidien d’Oran-15.04.2010.)
par Farouk Zahi
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