Les contrefaçons de l’Islam
****Toute religion, y compris l’islam, est pacifique
***Ce que certaines personnalités appellent islam radical n’est tout simplement pas l’islam » mais « une instrumentalisation de la religion à des fins idéologiques, que leurs visées soient politiques, nationalistes ou encore économiques »
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**Pour Abd Allah Yahya Darolles, vice-président de l’Institut des hautes études islamiques,
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On ne compte plus aujourd’hui les “ lettres ouvertes ” ou les appels adressés par des personnalités, écrivains et journalistes, aux “ musulmans modérés ” pour qu’ils dénoncent les actions violentes commises depuis ces dernières semaines par des individus ou des mouvements se réclamant de l’islam, et prétendant agir “ au nom de Dieu ”.
Nous préférons, quant à nous, nous référer à un “ islam authentique ” plutôt qu’à un “ islam modéré ” : d’abord, parce que toute religion, y compris l’islam, est pacifique ; ensuite, parce qu’évoquer un islam modéré sous-entendrait qu’il existerait aussi un islam radical, et qu’ainsi l’islam pourrait se prêter à l’un ou l’autre choix !
« Nous avons fait de vous une communauté éloignée des extrêmes », lit-on dans le Coran, que l’on traduit aussi par « une communauté du juste milieu ». « La religion authentique est toujours une voie d’équilibre, jamais un instrument de pouvoir, d’orgueil et de vanité », affirmait le président de notre Institut, Yahya Pallavicini, dans un entretien publié récemment dans Il Corriere della Sera (21 août 2014). Comme toute religion, l’islam a pour vocation première le salut, voire, pour ceux qui ont un engagement plus intérieur, à l’instar des communautés monastiques d’autres traditions religieuses, la connaissance du mystère de Dieu. C’est en cela qu’il est “ authentique ”.
Ce que les médias et certaines personnalités appellent islam radical n’est tout simplement … pas l’islam. Comme le faisait remarquer Bariza Khiari, vice-présidente du Sénat et sénatrice de Paris, lors de l’affaire Merah, « les tenants de l’islam radical nient le socle abrahamique qui lie les trois monothéismes entre eux, et présentent un visage méconnaissable de la religion musulmane. Ils sont la négation de l’islam… L’islam n’est en rupture ni avec le judaïsme, ni avec le christianisme mais se situe dans leur continuité. La vision radicale n’est qu’une dérive sectaire » (lire ici).
Bien évidemment, l’unité de l’islam n’exclut pas les différentes tendances qu’ont pu prendre les communautés musulmanes à travers le monde, ni même des divergences entre les différentes écoles. Il est donc légitime de parler, avec Edwy Plenel, de « nos compatriotes musulmans dans la diversité d’origines, la pluralité de cultures et la plasticité de croyance que ces mots recouvrent » (lire ici). Mais ces différences, dont le Prophète Muhammad lui-même disait qu’elles étaient « une miséricorde », ne sauraient en aucune manière inclure les violences terroristes.
L’islam dit radical, qui conduit à la violence, n’est qu’une instrumentalisation de la religion à des fins idéologiques, que leurs visées soient politiques, nationalistes ou encore économiques. L’islam n’est d’ailleurs pas la seule religion victime d’une telle instrumentalisation pour des fins qui lui sont étrangères.
C’est donc à l’aune des principes et des pratiques de cet islam authentique, comme à celle des autres religions tout aussi authentiques, que nous voulons ici dénoncer les prétentions de groupes faussement islamiques, mais véritablement barbares et terroristes, qui prétendent légitimer leur action au nom de l’islam.
Plusieurs points méritent d’être éclaircis, qui reviennent de façon récurrente dans ces prétentions, et qui sont fréquemment relayés par les médias : d’abord l’exclusivisme religieux, puis le rejet et la haine des autres communautés ; ensuite la confusion du spirituel et du temporel, qui conduit à une conception dévoyée du prétendu jihad et à une parodie du califat ; enfin l’appel à la conversion comme licence pour exercer une violence aveugle.
Exclusivisme et diversité religieuse
La liberté religieuse est une évidence pour l’islam. En effet, toutes les révélations, dans leur succession, émanent du même Dieu unique, les différentes religions n’étant que les communautés des disciples des différents prophètes, qu’ils soient juifs, chrétiens ou autres.
Pour les musulmans, la révélation islamique n’est pas venue abolir les précédentes révélations, ni dénier l’authenticité des messages prophétiques qui ont précédé Muhammad, notamment ceux apportés par Moïse et Jésus dont la mère, la Vierge Marie, fait l’objet d’une sourate du Coran et d’une vénération particulière en islam.
La succession des différents prophètes et l’existence des différentes communautés sont reconnues par l’islam comme expression de la volonté divine : « A chacun de vous Nous avons assigné une Loi et une Voie. Si Dieu l’avait voulu Il aurait fait de vous une seule communauté. Mais Il a voulu vous éprouver dans ce qu’Il vous a donné. Rivalisez entre vous dans les bonnes actions. Vous retournerez tous à Dieu. C’est alors qu’Il vous informera à propos de ce en quoi vous divergiez. » (Coran V : 48). Tous les croyants, de quelque forme religieuse qu’ils soient, sont appelés au salut : « Ceux qui croient : les juifs, les chrétiens et les sabéens, quiconque croit en Dieu et au Jour dernier, et fait le bien, n’éprouveront plus aucune crainte, et ils ne seront pas affligés. » (Coran II : 62)
Il n’y a donc, dans la perspective islamique, aucun exclusivisme envers les autres formes religieuses, mais l’obligation de les confirmer et de les protéger.
La protection accordée par l’islam aux autres religions
Muhammad était non seulement prophète, et donc autorité spirituelle pour les croyants le reconnaissant comme tel, et pour eux seulement, mais également détenteur du pouvoir temporel, sollicité comme “ arbitre équitable ” par les habitants de Médine appartenant à diverses communautés religieuses.
Dans la cité de Médine, il n’y avait donc nulle confusion entre la fonction prophétique et spirituelle qui concernait les musulmans, et la fonction d’arbitre équitable, reconnue dans le domaine temporel par l’ensemble des communautés qui avaient souhaité remettre cette fonction au Prophète. Chaque communauté relevait de sa propre loi, notamment les juifs et les chrétiens avec lesquels était créée une alliance, une entente, dont les termes furent précisés dans une Constitution (sahîfa). Celle-ci précisait concernant « l’alliance avec ceux dont la religion est le christianisme » que « Moi-même (Muhammad), les auxiliaires de Médine et mes fidèles, nous nous porterons à leur défense » et « Nul musulman ne doit violer cette alliance jusqu’au Jour Dernier ». Cette alliance comportait bien entendu la garantie de la liberté religieuse, et la protection des édifices religieux.
Est-il nécessaire de rappeler, à l’image de la Cité de Médine, les nombreux exemples historiques de l’entente des musulmans avec les minorités juives et chrétiennes dans le monde musulman, de l’Espagne au Maroc, du Sénégal jusqu’en Perse, où la liberté religieuse et la protection de leurs communautés étaient garanties par des souverains respectueux du message de l’islam.
A-t-on oublié l’exemple de l’Emir Abdelkader ? Lors de son séjour à Damas, il y a un siècle et demi, l’Emir était intervenu avec ses compagnons, au péril de leur vie, pour protéger les chrétiens qui y vivaient, contre les exactions de certains prétendus musulmans.
C’est en ces termes que l’Emir s’adressa aux séditieux : « Votre conduite est impie… à quel degré d’abaissement êtes-vous descendus puisque je vois des musulmans se couvrir du sang de femmes et d’enfants ! Dieu n’a-t-il pas dit « Celui qui aura tué un homme sans que celui-ci ait commis un meurtre ou des désordres dans le pays sera regardé comme le meurtrier du genre humain tout entier » ? » A la foule qui demandait que soient livrés les chrétiens, il répondit :« Les chrétiens : tant qu’un seul de ces vaillants soldats qui m’entourent sera debout, vous ne les aurez pas, car ils sont mes hôtes. Egorgeurs de femmes et d’enfants, fils du péché, essayez donc d’enlever de chez moi ces chrétiens auxquels j’ai donné asile, et je vous promets de vous faire voir un jour terrible… Et vous mes compagnons, que vos cœurs se réjouissent car, j’en prends Dieu à témoin, nous allons combattre pour une cause aussi sainte que celle pour laquelle nous combattions autre fois. »
Pendant plusieurs jours, l’Emir n’eut de cesse de mettre à l’abri, dans sa propriété, les chrétiens de la ville. L’intervention de l’Emir permit de sauver plusieurs milliers de chrétiens ainsi que les représentants diplomatiques des Etats occidentaux.
Plus près de nous, de nombreux juifs et communautés juives ont été protégés des horreurs de la seconde guerre mondiale par les autorités musulmanes, que ce soit, entre autres, le Sultan du Maroc, ou encore le Recteur et les imams de la Grande Mosquée de Paris, et ce, à l’heure où des Etats et des populations européennes étaient pris par la folie d’un exclusivisme racial.
L’ anachronisme du califat
La prétention de certains groupes au rétablissement du califat, par sa confusion du spirituel et du temporel, dénote un malentendu total sur les principes et l’histoire de la religion musulmane.
Une telle prétention, illégitime et anachronique, constitue, aux yeux de l’islam, une faute majeure, car elle traduit le refus de s’adapter à une situation temporelle voulue par Dieu. Il s’agit, en somme, d’une rébellion contre la volonté divine.
Si, du point de vue islamique, il n’y a pas de séparation totale entre le spirituel et le temporel, dans la mesure où l’unité entre ces plans différents est réalisée en chaque homme qui prie avec l’espérance du salut dans l’autre monde, tout en vivant conformément à une pratique vertueuse, dans ce monde, il y a néanmoins distinction entre les deux plans en ce qui concerne l’organisation des affaires ici-bas. De sorte que la gouvernance temporelle n’obéit pas aux mêmes règles que celles qui régissent l’autorité spirituelle.
Une tradition du Prophète Muhammad indique nettement cette distinction : « Donnez-leur (aux gouvernants) ce qui leur revient de droit et demandez à Dieu ce qui vous revient à vous-même. Dieu demandera compte à ces derniers des intérêts de leurs sujets. »
Le califat trouve son origine au moment de la succession du prophète Muhammad en tant que chef de la communauté formée par la cité de Médine.
Depuis les quatre premiers califes, désignés comme “ bien dirigés ”, qui étaient des compagnons éminents du Prophète Muhammad, en passant par les califes omeyyades et abbassides, puis ottomans, le califat a vu sa légitimité peu à peu s’affaiblir, jusqu’à son abolition officielle en 1924. Le Congrès international des savants musulmans réunis au Caire, en 1926, a confirmé que les conditions n’étaient plus remplies pour l’existence du califat. Tous les sages de l’islam s’accordent, depuis lors, pour affirmer qu’est « calife », au sens de « vicaire de Dieu sur la terre », tout croyant musulman qui accomplit sa vocation spirituelle et en témoigne dans le monde : il ne saurait s’agir d’une quelconque figure politique et encore moins d’un chef de guerre instrumentalisant la religion à des fins de pouvoir. Nous pourrions même ajouter, à la suite d’Abd al-Wahid Pallavicini, qu’« il n’y a pas actuellement d’Etats « islamiques », non seulement en raison de l’abolition du califat, mais surtout parce qu’islamique devrait signifier « soumis à la volonté de Dieu », de même que nous ne pouvons dire qu’il y ait en Europe des pays encore « chrétiens ». »
De la parodie du jihad à la véritable barbarie
Le jihad, s’il a pu revêtir une forme militaire au cours de l’histoire, est avant tout un effort intérieur, un combat spirituel que le croyant mène contre son ego. Le Prophète Muhammad aimait à dire : « le combattant dans la voie de Dieu est celui qui livre combat à son âme », et non, serait-on tenté de dire, celui qui extermine ses voisins.
Précisons également que, même dans les temps où le combat militaire était légitime, celui-ci était encadré par des règles strictes pour éviter tout abus ou injustice. Il n’y a donc pas la moindre trace d’islam dans ces exactions commises par des barbares s’en prenant à des civils, des femmes, des enfants, des prêtres, détruisant les tombeaux de prophètes – qui sont d’ailleurs aussi ceux de l’islam – les édifices religieux des autres religions, et même ceux des mystiques de l’islam. En outre, le suicide constitue dans l’islam, comme dans toute tradition religieuse, une transgression majeure, ce qui délégitime d’office les « attentats suicides » prétendument commis « au nom de Dieu ».
Les actes terroristes auxquels nous assistons n’ont rien de spirituel, et ne sont rien d’autre que« traîtrise » et « sédition », selon les propres paroles du Prophète Muhammad qui avait d’ailleurs mis en garde contre des hommes de sa propre communauté « qui œuvreront pour le mal » et « qui liront le Coran mais dont la voix restera au fond de la gorge » : « ils passeront à côté de la religion comme la flèche qui manque sa cible, sans espoir de retour. »
C’est d’ailleurs au nom de ces parodies du jihad et du califat que ces groupes prétendent imposer une conversion aux autres communautés.
Conversion ou convergence ?
L’obligation de conversion imposée aux autres communautés religieuses apparaît, du point de vue islamique, comme de toute tradition religieuse, comme une aberration qui prend sa source dans l’exclusivisme confessionnel évoqué précédemment, erreur consistant à vouloir imposer sa propre forme religieuse à l’humanité entière. Ce faisant, l’exclusivisme méconnaît le message de toute doctrine religieuse qui, à l’opposé, entend la conversion comme une occasion de changement intérieur, une metanoia, une réorientation vers Dieu seul. Cette conversion, qui touche le rapport intime entre Dieu et le croyant, ne saurait en aucun cas être imposée, a fortiori, par la violence. « Pas de contrainte en religion », dit le Coran (Coran II : 256).
Cette liberté religieuse fait appel au libre arbitre de l’homme qui peut être croyant ou non croyant ou agnostique. « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? Aucune âme ne connaîtra la foi sans que Dieu ne l’ait permis. » (Coran X : 99-100)
La volonté d’imposer sa forme religieuse à d’autres, au besoin par la violence, met assez souvent en évidence le rôle de néophytes occidentaux, qu’ils soient d’origine européenne, américaine ou arabe, qui adoptent la forme islamique, et qui se “ convertissent ” ou “ retournent ” apparemment à l’islam, sous l’influence de prédicateurs formalistes et violents, dont le Prophète lui-même disait qu’il craignait pour sa communauté ces « guides aveugles ».
Ces néophytes, bien loin de toute transformation intérieure et de toute soumission à Dieu, adoptent les revendications idéologiques de certains groupes exclusivistes, sans aucune connaissance des principes et des pratiques orthodoxes, pas plus de l’islam que des autres religions. Ils cèdent à un romantisme dévoyé, prétendant imposer un “ nouvel ordre mondial” et temporel, et surenchérissant parfois, dans la barbarie, avec ces dirigeants aveugles.
De la responsabilité partagée des musulmans, des pouvoirs publics et des médias occidentaux
Les responsabilités des musulmans sont indéniables, et la perte diffuse de leur héritage spirituel et intellectuel est certainement à l’origine de ces dégénérescences qui aboutissent aux événements tragiques que nous connaissons. C’est ainsi que l’ancien directeur de la Fondation pour les études islamiques de Casablanca notait (La Croix du 22 août 2014) que « la faillite de l’éducation dans le monde musulman est le terreau de ce prétendu Etat islamique. »
Mais les amalgames véhiculés, en Occident, par des personnalités et des médias sont tout autant responsables, en renvoyant une image inversée de l’islam à des jeunes défavorisés,« abandonnés à leurs démons », par les gouvernants, comme l’écrit Edwy Plenel.
A ce propos, il convient de rappeler avec force qu’aucun musulman authentique ne peut, contrairement à ce qui est dit de manière récurrente, être antisémite, non plus qu’antichrétien. Et il nous semble aussi qu’aucun juif authentique ne peut être islamophobe ou antichrétien, et qu’aucun chrétien authentique ne peut être islamophobe ou antisémite.
Ces amalgames viennent encore d’être mis en évidence par des chercheurs (La fin de l’Ecole, PUF, août 2014) à travers des livres pourtant préconisés officiellement par le ministère de l’éducation nationale, et dans lesquels la figure du musulman est un étranger et les mots les plus fréquemment utilisés en corrélation avec l’islam sont terrorisme, attentats, guerre, 11-Septembre, Al-Qaïda, islamisme, ou encore viol, voile, contraintes, mort, attentat. On se demande comment l’enseignement de telles références peut éduquer, selon les mots d’Edwy Plenel « une jeunesse souvent sans repères » ou encore donner des repères à une jeunesse qui ne demande qu’à s’ouvrir aux autres jeunes, musulmans « à la fois semblables et différents ».
Une anecdote pour finir. Alors que l’Institut des hautes études islamiques s’investit depuis une vingtaine d’années dans des actions de formation, de rencontres et d’échanges entre représentants des différentes traditions religieuses, des pouvoirs publics, des universitaires et des médias, ses responsables avaient partagé, avec des journalistes et de hauts représentants de l’administration française, le constat que l’Institut était peu associé aux émissions télévisées, ses interventions peu relayées dans les médias, ou encore qu’il était peu aidé par les pouvoirs publics dans la mise en œuvre d’actions de formation envers les jeunes publics. Il leur fut répondu que « l’on ne s’intéresse pas aux trains qui arrivent à l’heure » !
Pourtant, peut-être faudrait-il, au contraire, que les médias donnent la parole à ces trains qui arrivent à l’heure et qui se réfèrent à un islam authentique, même si les considérations religieuses ou spirituelles semblent rebuter nos concitoyens, qui préfèrent sans doute des débats plus « terre-à-terre ». Mais devant l’urgence de la situation, il nous paraît hautement souhaitable que les pouvoirs publics aident à la mise en œuvre de formations qui permettent le vivre-ensemble, et ouvrent à la richesse de la diversité, sans remettre en cause l’unité, l’intégrité et la laïcité de la République. Cela contribuerait certainement à endiguer les dérives que nous connaissons.
Quant aux croyants et aux responsables des différentes religions, à l’heure où tant de rencontres internationales n’aboutissent pas à la résolution des conflits, car elles se situent seulement sur un plan politico-diplomatique, il leur revient d’engager un authentique jihad intellectuel et spirituel, pour distinguer le bon grain de l’ivraie, et rejoindre cette “ Terre Sainte ” intérieure commune à tous. Cet effort, auquel sont appelés les croyants, implique non seulement la reconnaissance du Dieu unique de ces différentes religions, mais aussi une mutuelle reconnaissance de la validité immanente de ces mêmes religions, qui peut seule conduire à la Paix véritable, sens authentique du mot islam.*Pour Abd Allah Yahya Darolles, vice-président de l’Institut des hautes études islamiques, *blogs.mediapart–18 SEPTEMBRE 2014
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* femmes imams en Algérie
Elles sont à l’avant-garde de la lutte contre la radicalisation
« Tuer est un pêché capital alors comment des gens peuvent-ils tuer des innocents au nom de l’islam ? », lance Fatma Zohra, l’une des quelque 300 femmes imams à l’avant-garde de la lutte contre la radicalisation en Algérie. Elles effectuent le même travail qu’un imam, à l’exception de la conduite de la prière, réservée à l’homme dans la religion musulmane. Discrètes, ces « mourchidates » travaillent depuis des années à la « déradicalisation » des jeunes tombés dans les filets de l’extrémisme religieux, et à prévenir ce fléau.
Dans les mosquées, les prisons, les maisons de jeunes, les hôpitaux ou lors de débats dans des écoles, leur maître-mot est de faire connaître l’islam qui prône la tolérance et de corriger les incompréhensions qui poussent à toutes les dérives. Fatma Zohra se rappelle avec amertume la décennie noire des années 1990, durant laquelle des Algériens tuaient d’autres Algériens « au nom de l’islam » et qui a fait au moins 200.000 morts. Selon cette quadragénaire élégante mais sobre, coiffée d’un voile mauve, les horreurs l’ont « motivée à mieux connaitre la religion pour l’enseigner après ».
C’est pendant la décennie rouge , déclenchée après l’interruption du processus électoral qui promettait une victoire aux islamistes du Front islamique du salut, que les autorités ont entamé un processus pour contrer l’extrémisme. La première femme imam a été recrutée en 1993. Nommées par le ministère des Affaires religieuses, elles ont toutes au minimum une licence en sciences islamiques et connaissent le Coran sur le bout des doigts.
Tour à tour « psychologue et sociologue », Fatma Zohra écoute depuis 17 ans les femmes, en groupe ou en aparté, dans son « confessionnal », faisant le grand écart entre préceptes religieux, problèmes sociaux et conflits conjugaux. « Je les écoute, les conseille et les oriente vers des spécialistes quand cela ne relève pas du volet religieux », confie-t-elle dans une mosquée d’Alger.
« Nous venons pour apprendre et comprendre le Coran mais aussi pour poser des questions sur des problèmes personnels », lance Saadia, une septuagénaire. « L’imam c’est bien, mais c’est tellement plus simple de se confier à une femme », renchérit Aïcha, la soixantaine.
‘Véritable islam’ contre ‘faux prophètes’
Au début, seules les femmes au foyer s’adressaient aux mourchidates, mais depuis quelques années des médecins, ingénieurs et autres universitaires se pressent pour mieux connaître leur religion. Professeur de mathématiques dans un lycée de la banlieue d’Alger, Meriem a ainsi commencé à « fréquenter » la mosquée il y a quelques mois afin d’apprendre le « véritable islam » pour contrer les « faux prophètes » qui veulent endoctriner les jeunes.
Samia, femme imam depuis quinze ans et qui préfère ne pas donner son vrai nom, « travaille dans une région où des mères souffrent de voir leur garçon et parfois leur fille se radicaliser ». « Elles se confient à moi pour qu’ensemble et avec d’autres personnes nous entamions un processus de déradicalisation », explique-telle. « Même si très peu d’Algériens ont rejoint l’organisation jihadiste Daech, la vigilance est de mise car la radicalisation prend d’autres formes ».
« Il faut particulièrement surveiller les adolescents », prévient-elle. « Télévisions par satellite et internet permettent à de pseudo imams de se faire passer pour des guides religieux alors qu’ils ne connaissent pas les enseignements du Coran ». « Un jour, raconte Samia, une maman est venue me voir car sa fille de 17 ans s’est mise à porter le voile intégral du jour au lendemain et à leur interdire d’aller aux mariages, de regarder la télévision. Elle s’était faite endoctriner (…) Le travail d’accompagnement a duré plusieurs mois. Au final, elle a repris ses études et sa vie en mains ».
Et quand c’est auprès d’un jeune homme qu’il faut intervenir, l’imam s’implique alors dans l’ »opération de sauvetage ». Contribuer à extirper des jeunes de l’extrémisme est source de fierté pour nombre de mourchidates. « Sauver la vie d’un jeune et la vie des personnes qu’il aurait pu affecter (en sombrant dans la radicalisation) est la plus grande des récompenses à notre travail », assure ainsi Safia, qui exerce à Alger. (Avec Afp)– 28/02/2015 |
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SOHEIB BENCHEIKH, EX-RECTEUR DE LA MOSQUÉE DE MARSEILLE, À L’EXPRESSION
« L’islam a besoin d’une réforme intelligente »
*Dans cette interview, Soheib Bencheikh analyse sans concession les causes du déclin continu du monde musulman. Selon lui, pour sortir de cette spirale du sous-développement, il convient de changer notre façon de concevoir notre passé et de le transmettre. De plus, il recommande de cesser d’appréhender l’Occident à travers le paradigme de la compétition entre chrétienté et islam.
—L’Expression: Pour commencer, comment expliquer cette «pathologie» de sous-développement qui affecte tous les pays musulmans?
***Soheib Bencheikh: *** L’islam ne peut pas être coupable du retard d’un pays, tout comme le christianisme ne peut être responsable de l’avancée d’un autre. Ce sont les conceptions, les perceptions, les postures intellectuelles et les approches mentales et psychologiques qui peuvent jouir de clarté ou souffrir d’embrouille, qui peuvent s’envoler ou faire du sur-place. Une grande partie des musulmans se déconnecte du présent, ne regarde pas l’avenir et s’acharne à revenir à une gloire passée, à un prestige arabo-musulman qui n’est plus et dont on a absolutisé la portée civilisationnelle. Cette volonté de retrouver une gloire très ancienne, jumelée à une vision de la religion dont l’interprétation souffre également de ce fixisme historique, fait que les musulmans sont aujourd’hui complètement fermés à la réalité et à tout ce que le présent peut apporter. Je crois que cet état d’esprit émane plus de l’homme oriental que de l’Arabe ou du musulman, car même un Copte qui n’a jamais quitté son village en haute Egypte, ou un membre de l’église syriaque qui n’est pas sorti de sa sphère sociale et culturelle, souffre, lui aussi, de cette incapacité d’être en phase avec son temps. La conception de l’homme oriental de la religion et du progrès est ainsi brouillée.
Il y a des Grecs, heureusement très minoritaires, qui, au lieu de se référer fièrement à la civilisation antique et sa «sagesse» profonde et universelle, se mortifient de nostalgie envers la «gloire» byzantine de l’époque de Théodose ou de Justinien. Pourtant, cette période est la plus sombre de l’Empire romain d’Orient qui a banni la pensée et légiféré pour la contrainte religieuse et la fermeture d’esprit!
—La situation critique des musulmans est-elle liée uniquement à cette mauvaise approche de la religion?
***La problématique est complexe. Mais les trois axes autour desquelles elle s’articule sont le politique, le religieux et la morale sexuelle. Notre conception de ces trois éléments nous renvoie à un passé mythique, vers une cité imaginaire, qui n’a peut-être jamais existé. Une cité qui pouvait être une projection dogmatique, elle-même le fruit d’un développement historique. L’arabo-musulman n’admet toujours pas que la civilisation, à laquelle il fait référence, ne puisse plus exister. Elle a eu son moment de gloire, elle a brillé un certain temps, au même titre que des civilisations précédentes: la mésopotamienne, la grecque, la romaine, etc., puis elle s’est affaiblie, avant de s’éteindre.
Malgré l’échec des musulmans, ils continuent de s’obstiner à croire en cette civilisation qui est pourtant, comme vous le dites, finie. Pourquoi n’essaie-t-on pas d’inventer une nouvelle civilisation?
Il n’y a pas eu une rupture épistémologique dans l’histoire de l’islam. Tant qu’on aura des maîtres qui produisent des disciples, copies conformes d’eux-mêmes, tant que ces mêmes disciples feront à leur tour des clones de leurs maîtres, ils resteront enchaînés à ce passé de plus en plus mythifié, incapables donc de répondre au présent et à ses sollicitations. Il faut qu’on cesse de se référer à la civilisation musulmane mythifiée pendant une génération ou deux pour prendre du recul et la redécouvrir de façon sereine, scientifique et critique. Il faut qu’une rupture épistémologique s’opère dans notre manière de transmettre le passé. La Bible et le Coran usent d’une image hautement symbolique lorsqu’ils évoquent «l’errance des Hébreux» au désert du Sinaï. Quand Moïse a voulu conquérir la «Terre promise», cette entreprise lui avait été impossible avec un peuple qui n’avait connu que l’esclavage. Moïse a fait en sorte que ses compagnons restent au Sinaï durant quarante ans pour qu’une nouvelle génération y naisse et grandisse avec ce que le désert inspire comme grandeur d’esprit, liberté et bravoure. C’est avec cette génération qui n’a connu ni roi ni despote que Josué réussira la fameuse conquête de la terre de Canaan. Faisons attention! Cette allégorie n’est pas l’histoire car la quasi-totalité des récits scripturaires n’ont pas pour fonction d’informer, mais d’expliquer et d’édifier. Donc, lorsqu’on est coincé à la fois par nos habitudes de pensée et notre système pédagogique, transmissible de génération en génération, on a besoin d’une rupture épistémologique.
—Justement, compte tenu des atrocités que commettent Daesh et consorts au nom de l’islam, ne pensez-vous pas qu’elles sont positives dans la mesure où elles permettront aux musulmans de se poser des questions?
***C’est ce vague espoir qui nous console. A condition que le travail intellectuel critique puisse se faire de façon radicale et intensive. Mais lorsque j’entends des jeunes, qui ne sont pas forcément impliqués dans la pratique religieuse, dire que Daesh et compagnie sont le produit d’une machination américaine, cela me désespère. Ils sont dans le déni total de la réalité, toujours à la recherche de «l’ennemi extérieur» responsable de notre marasme social et torpeur intellectuelle. Daesh, Boko Haram, Al Qaïda, etc, leur existence est contre nature, ils disparaîtront à coup sûr au prix du péril de toute une jeune génération et la dislocation de plusieurs liens sociaux… des armées entières se dressent contre eux, et leur anéantissement n’est que question de temps. Mais les graines de l’idéologie de Daesh sont toujours portées par les vents de notre culture et notre façon de concevoir le passé.
—La manière d’enseigner l’islam, ne risque-t-elle pas de bloquer toute réforme de l’intérieur de l’islam?
***C’est une approche apologétique très naïve; libre aux institutions ou aux associations privées de le faire. Mais ce n’est pas aux institutions de l’Etat d’adopter cette démarche qui bloque non seulement toute tentative de réforme de l’islam de l’intérieur, mais paralyse aussi l’esprit critique. Elle pousse le musulman à se contenter de flatter sa propre vérité qui n’est véridique qu’à ses yeux et chanter la grandeur de sa gloire que, bizarrement, personne d’autre ne remarque. C’est dans la confrontation et les défis qu’on teste la solidité de ses convictions. Celui qui refuse d’accueillir d’autres «vérités» et fuit le dialogue avec elles, fait l’aveu de sa propre fragilité. L’enseignement des autres religions monothéistes est quasi inexistant en Algérie et le peu qu’on mentionne dans les facultés islamiques est faillible et truffé de contrevérités. Ce qui se dit en Algérie sur les juifs et les chrétiens est, constitué dans la plupart des cas, de préjugés récurrents, bien connus, dans l’objectif de faire valoir la «vérité» islamique et confirmer sa suprématie.Pourtant, la civilisation est humaine. Elle n’est ni occidentale ni orientale; elle n’est ni islamique ni juive ni chrétienne. Elle est universelle. Toutes les nations, toutes les confessions y ont contribué. Les musulmans, dans leur volonté de rattraper l’énorme retard, ne sont pas condamnés à revivre ce que les grandes nations ont expérimenté: reproduire, eux aussi, «leur» Renaissance, «leur» siècle des Lumières, «leur» guerre opposant cléricaux et anticléricaux, puis «leur» progrès et Etat de droit. Il n’y a pas deux histoires parallèles, une occidentale et l’autre arabo-musulmane. L’humanité n’a qu’une seule histoire à laquelle tout le monde participe et se réfère. L’histoire est universelle.
Etre «la capitale» d’une civilisation, c’est être forcément un espace de sociabilité plus libre, plus cosmopolite et plus neutre quant aux règles de son administration. Savez-vous que Baghdad, à l’époque de la dynastie abbasside, était certes la capitale de l’islam, mais aussi celle de l’église syriaque qui comptait plus de trente millions d’adeptes et qui s’étendait jusqu’au sous-continent indien, c’est-à-dire, là où même les Abbassides n’avaient pas d’influence? Aujourd’hui, et contrairement à la longue période de la chrétienté médiévale, c’est l’Occident qui est cosmopolite, qui est «la capitale», cet espace plus libre régi par des règles plus neutres. Qui empêche un musulman, sunnite ou chiite, d’ouvrir, à New-York, à Londres ou à Paris, un centre, une chaîne, une radio ou un quelconque moyen de communication pour faire l’apologie de sa vérité? Il est curieux comment ces métropoles n’ont pas peur pour leur «identité» ni ne se soucient de leurs «constantes»!
—Il faut donc nous décomplexer par rapport à l’Occident et nous inspirer de ses avancées?
***Le progrès, moral ou matériel, que cela nous plaise ou non, est aujourd’hui en Occident. Mais la chose qu’on nomme «progrès» n’est pas une génération spontanée ni un météore tombé au hasard dans cette aire de notre planète. Le progrès occidental, ou plutôt universel, est le fruit d’une succession de civilisations et l’accumulation d’une longue série d’expériences du vécu humain, et auxquelles les musulmans, dans leur temps, ont prodigieusement participé.Au moment où l’Occident se veut plus libre et plus neutre, nous lui opposons notre spécificité: nous sommes musulmans, nous sommes arabes, nous sommes orientaux, etc. Outre cette généralisation injuste et irréelle, l’Occident n’oppose plus sa spécificité originelle ou identitaire. Il oppose un espace qui n’a ni couleur ni odeur, mais permet à toutes les couleurs et à toutes les odeurs de s’exprimer et de se diffuser. C’est un espace où toutes les vérités se repoussent et s’ajustent, où le «darwinisme idéel» fonctionne sans entrave. Le rapport entre l’Occident et les pays musulmans n’est plus dans une logique de conquête-reconquête ni d’une compétition entre christianisme et islam. Mais le discours le plus audible des musulmans continue à appréhender l’Occident à travers ce paradigme. Ainsi, nous combattons toujours pour une cause qui n’existe plus et contre un ennemi imaginaire. Ce déni maladif ou cette scotomisation dépasse les discours pour se traduire en une politique étatique: voilà pourquoi l’Arabie saoudite subventionne des centres islamiques à Genève, le fief du protestantisme calviniste et construit des mosquées à Rome, le centre du catholicisme, alors que cet Etat interdit la moindre expression chrétienne chez lui.
—Donc, selon vous, pour entamer un processus de réforme de l’islam, il convient d’enseigner non pas les religions, mais leur histoire?
***Beaucoup de matières enseignées à nos enfants s’apparentent à de l’ignorance institutionnalisée. La majorité des étudiants qui va à l’Institut des sciences islamiques au Caroubier, à Constantine ou ailleurs, le fait par dévotion pieuse et en tant qu’acte d’adoration, d’adhésion croyante, ou carrément par engagement missionnaire et par militantisme; elle ne le fait pas pour comprendre, trier et comparer. Oui, elle va à cette branche du savoir universitaire comme elle fait la prière. Une amie à moi, qui ne porte pas le voile, a voulu faire une thèse sur les lectures du Coran. On lui a conseillé de choisir un autre thème qui lui «convient». Connaître l’islam, essayer de le comprendre est conçu en soi comme étant un acte d’adoration et de piété. Il faut, selon eux, croire pour étudier l’islam et étudier l’islam pour croire davantage. Ce qui s’enseigne dans nos universités n’est pas un savoir neutre, sûr de lui-même, capable d’affronter la critique; c’est un savoir frileux qui a horreur de la critique et ne supporte pas la mise en cause.
—Comment expliquez-vous la prolifération des mosquées et des signes extérieurs de religiosité?
***C’est une surenchère politicienne et une hypocrisie institutionnalisée. Ce gavage qui vous donne des haut-le-coeur conduit à terme à l’effet contraire: le rejet.
—Le plus grand danger est justement que ces éléments de blocage sont pris comme des certitudes inébranlables et on les enseigne, y compris dans le préscolaire et le primaire. L’objectif est de consolider «les constantes nationales». Qu’en pensez-vous?
—Visiblement, les constantes nationales sont si faibles qu’elles nécessitent d’être sans cesse consolidées! Logiquement et étymologiquement, «constance», est le contraire de tout ce qui s’apparente au «mouvement»; c’est difficile dans ce cas de s’accommoder avec des conceptions telle «la marche du siècle» ou «l’évolution civilisationnelle».
Il y a un verset qui précise la nature et la mission de l’ensemble du discours coranique: «Ceci est un Coran qui guide vers le meilleur (ou le plus droit, aqwam).» Le texte coranique est un mouvement vers un idéal éthique et esthétique, donc relatif et évolutif. Il guide chaque peuple vers le meilleur de ce peuple, il guide chaque époque vers le meilleur de cette époque. Il ne guide pas les Français ou les Anglais d’aujourd’hui vers le meilleur des Arabes du Hedjaz du VIIe siècle.*Par Amar INGRACHEN - Mardi 26 Avril 2016/ L’Expression
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*vidéos:
* Pourquoi le monde Arabe déconne avec son argent ?
***Quelque part entre le 9ème et le 14ème siècle après Jésus-Christ, le monde Arabe aura été le plus technologiquement avancé sur Terre. Comment alors sommes-nous passés de la superbe Baghdad abbasside où se côtoyaient toutes les langues, sciences, philosophies et religions des Routes de la Soie, aux projets gâtés que nous présentent aujourd’hui les exécutifs de Riyad et du Caire avec l’argent de leur propre peuple? Faisons un point sur le différence entre le Génie et le Bling dans cette petite vidéo.
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د.أسامة فوزي # 3110 – رد ثلاثي على مداخلة السيسي
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*Monde diplomatique - 2009
Le pétrole a fait le malheur du monde arabe
Le Proche-Orient arabe est une des zones les plus convoitées depuis l’Antiquité. Carrefour stratégique et creuset religieux reliant trois des cinq continents, il renferme le plus grand réservoir mondial d’hydrocarbures, ce qui a entraîné des bouleversements majeurs dans la vie des sociétés de la région, qu’elles soient ou non dotées de ces ressources.
Premier effet majeur, le pétrole provoque un renversement des équilibres entre sociétés arabes des pays du Machrek et à l’intérieur de chacune d’elles. La richesse des royautés et des petits émirats de la péninsule arabique explose littéralement à partir du début des années 1970, sous l’effet du quadruplement du prix du pétrole. Concentrée jusqu’ici dans des pays de vieille civilisation urbaine, tels que l’Egypte, l’Irak ou la Syrie, la puissance politique, économique et culturelle passe de la sorte aux Etats à base bédouine nouvellement constitués dans la péninsule au cours du XXe siècle.
Ces derniers acquièrent avec leur nouvelle fortune des moyens d’influence considérables : politiques, économiques, sociaux, culturels et religieux. Désormais, richesses matérielles et carrières politiques dans les pays du Machrek se font à partir des relations qui se nouent avec les dirigeants des pays pétroliers de la péninsule. L’itinéraire de l’ex-premier ministre libanais assassiné, Rafic Hariri, en offre l’exemple le plus criant.
Deuxièmement, on assiste à l’exportation massive d’un islam puritain, en provenance principalement de l’Arabie saoudite, qui vient submerger les différentes tendances du réformisme musulman sunnite du XIXe et de la première moitié du XXe siècle (Nahda). S’effacent en partie ainsi les éléments de laïcité qui se développaient dans la région – mais aussi les diverses formes de nationalisme, de libéralisme ou de socialisme – pour céder la place à un conformisme islamique, dont le wahhabisme chez les sunnites. * Le Monde diplomatique - 2009
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*Réponse:Je vous remercie de votre message. La fraternité humaine existe à tous les niveaux, sauf chez ceux qui sèment la haine, l’exclusion, l’agression et la guerre.Avec mes amitiés.L’auteur:Niar