L’histoire du couscous

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*Il était une fois le couscous

Le couscous est l’une des grandes curiosités culinaires en raison de son histoire énigmatique. Sorti de son berceau berbère, il accuse une expansion mondiale. Ce succès est le fruit d’une révolution industrielle en deux étapes, réalisée en sol algérien en un siècle.

En 1853,  Ricci, dans son site de l’avenue des Moulins à Blida, accélère la cadence de production par la mise au point d’un système de séchage par ventilation artificielle. Depuis, il n’est plus besoin d’exposer la semoule au soleil et à l’air libre.
Un siècle plus tard, en 1953, Ferrero, implanté à Bou Saâda, lance une rouleuse mécanique qui met fin à la carrière des ouvrières manuelles. Depuis ces bonds en avant techniques dans l’agro-alimentaire, le couscous a littéralement explosé en quantité et qualité.

Pour la nostalgie, on peut regretter le couscous traditionnel ; malheureusement pour la santé, le couscous de nos grands-mères était réalisé par broyage du blé à l’aide d’une meule qui n’a pas évolué depuis le néolithique. Les particules de pierre générées par le frottement des deux blocs se mélangeaient à la semoule  avec des effets indésirables pour la santé. De plus, le séchage se faisait à l’air libre, à portée des animaux de passage. L’expression «couscous» n’est lié à aucun mot amazigh, punique ou arabe ; des dizaines d’hypothèses ont été émises à ce sujet. Les plus naturalistes considèrent que ce mot «couscous» serait une simple onomatopée qui reproduit les gazouillements des oisillons au fond de leur nid envoyant le son assez strident comme un «kess-kess» en boucle. L’idée s’appuie aussi sur la similitude du plat avec la pâtée que produit l’oiseau pour nourrir ses petits.

Le silence d’Ibn Khaldoun 

Pour l’éclairage historique, il y a un vrai problème. Aucun auteur antique de la période classique ne mentionne le couscous. Dans les orgies romaines, notre plat était absent. Bien plus tard, Ibn Khaldoun, qui a abordé de très nombreux thèmes de la société maghrébine médiévale, a malheureusement ignoré la cuisine, qui devait être, pour l’austérité de l’époque, une contre-valeur morale. En 1401, il fait une exception pour la rechta alors qu’il était à Damas, aux mains des Mongols. A la table du grand conquérant Tamerlan, il avait été marqué par le goût de ce plat de nouilles servi en son honneur. Aromatisée et trempée de sauce au mouton des lointaines steppes de l’Asie centrale, la rechta est devenue la vedette dans nos milieux citadins.
La deuxième curiosité à relever, c’est l’Espagne. Les Andalous ont laissé un fabuleux héritage agro-alimentaire et culinaire à la péninsule ibérique, mais le couscous est étrangement absent de la liste.  Est-ce à dire que ce plat était inconnu sur cette terre ?

L’Antiquité romaine

L’un des tout premiers ouvrages consacrés à la cuisine maghrébine a été écrit au VIIIe ou IXe siècles par un Tunisien, un certain Ishaâk El Israïli, mais l’auteur ne mentionne pas le couscous. L’espace maghrébin est pourtant un berceau des céréales, notamment le blé et l’orge. C’est pourquoi de nombreux auteurs ont pensé que le couscous serait apparu très tôt, à une époque charnière entre la préhistoire et l’histoire. Pour autant, le couscous d’aujourd’hui n’est pas celui du lointain passé. Il est le résultat d’une évolution continue ;  on n’a pas servi le même couscous à travers les siècles. Dans le pedigree de ce plat, on relève la bouillie de farine (âcida) agrémentée de légumes, de lait et d’huile d’olive. Pour  les longs voyages, on emportait la rouina, faite de céréales grillées au feu et moulues. La rouina était servie après une simple réhydratation, sans compter le berkoukes dont le procédé de fabrication rappelle un couscous primaire.

El hammama, un plat préhistorique ?

Dans l’Atlas blidéen, le traditionnel hammama est un couscous de printemps conçu comme une forme d’hygiène thérapeutique. C’est une préparation primitive à base d’herbes sauvages mélangées à un tiers de semoule roulée et passée à la vapeur. Il est servi légèrement sucré aux enfants pour atténuer l’amertume de sa secrète pharmacopée. Ce couscous local est sans doute une survivance des époques de disette où les gens revisitaient les anciennes habitudes culinaires enfouies dans la mémoire collective dans une quête de survie.  

La découverte de Sidi Ghilès

A l’époque romaine, le blé tendre était la règle en céréaliculture, le blé dur une exception. Ce fait est confirmé par une curieuse découverte à Sidi Ghilès, près de Cherchell, en 1851. Un colon français brise sa charrue sur la pierre d’une tombe antique, à trente centimètres de surface. Sous la dalle de pierre, il découvre un squelette humain antérieur à l’ère chrétienne. La tombe contenait des parures, des armes et une douzaine et demie de  bouteilles en verre scellées avec du ciment. Il en brise une par curiosité : elle contenait des épis de blé étrangement bien conservés. L’information fait la une de la presse en France et en Algérie. Le journal Le Progrès manufacturier, publié à Paris, rend compte de cette découverte dans son numéro du 9 septembre 1855. Il fait un compte rendu détaillé des expériences de l’Ecole d’agronomie de Paris, faites à partir de trois épis de Sidi Ghilès (ex-Novi).  «Semés avec beaucoup de soin, ils ont donné une première fois 105 autres épis qui, à leur tour, ont produit cette année 300 kilos de grains sur une surface de 10 ares».  (Revue Africaine 1856/57 OPU, Alger). Les experts agronomes ont assuré que ce blé antique n’avait pas une valeur nutritive significative ; normal, après 22 siècles de sommeil dans une tombe.Le blé dur constitue pour deux tiers la base des pâtes alimentaires, notamment le couscous tel qu’il est de nos jours. Ce blé était déjà cultivé depuis environ 7000 ans avant J.-C., dans des petites enclaves en Turquie et en Syrie (Tell Aswad). Sa haute teneur en gluten lui confère de bonnes aptitudes aux pâtes alimentaires qui se conservent assez longtemps, mais il ne peut se moudre en farine fine pour la panification. Pour cette raison, les anciens Egyptiens, qui ont adopté le blé tendre, l’orge et le millet, ne consentent à se lancer dans le blé dur que tardivement, vers 300 avant J.-C. Le pain et la bouillie de farine étaient les aliments de base dans la haute antiquité égyptienne à Rome et dans tout le bassin méditerranéen.

Le blé tendre algérien des hautes plaines de Sétif, Annaba, du Constantinois et du sud oranais était débarqué aux trois ports romains d’Osties, Portus et Emporium pour y être stocké dans les grands entrepôts de la ville, avec l’huile d’olive produite en grande quantité dans le bassin de l’antique Tébessa, la charcuterie et la bière de la Gaulle et les épices d’Arabie et d’Ethiopie. La bouillie de farine aux légumes et au poisson séché était le plat quotidien de la plupart  des Romains qui n’ont pas connu le couscous ; aucun auteur romain n’a consigné ce plat dans ses écrits.

Le couscous sicilien

C’est en Sicile, à partir du IXe siècle, que va se généraliser la céréaliculture à base de blé dur découvert en Ethiopie par les agriculteurs musulmans installés dans l’île. Le «cusucsu» au poisson, survivance de l’époque, est un plat qu’on déguste dans la région de Taprani, dans le nord de la Sicile. La recette a gagné les rivages tunisiens où il est considéré comme une spécialité exclusivement locale. Avec le blé dur sicilien exporté vers la péninsule, l’Italie devient le pays des pâtes alimentaires grâce aux recettes  recueillies en Chine par Marco Polo.
C’est d’ailleurs dans la ville de Xian, au centre de la Chine, qu’on déguste les meilleures raviolis du monde.
En termes de quantité, c’est la France qui est en tête dans la production de «notre» plat national avec une cadence de 10 tonnes à l’heure exportés vers une cinquantaine de pays. Les Français à eux seuls consomment plus de 80 000 t de couscous par an. Notre traditionnel plat a conquis tous les continents, même les restaurants de luxe à Pékin, dans le quartier des ambassades. Il se mondialise. Mais le couscous a des apparitions timides dans les menus des restaurants de chez nous. La gastronomie locale porte sa préférence sur le poulet-frites ou la pizza. Encore une énigme…(El Watan-21.08.2010.)

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*Vidéo: couscous algérien

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*Festival international du couscous

*Alger - Du 10 au 12 mai, le palais des Raïs (Bastion 23)

*Couscoussi, le festival de tous les goûts !

Du 10 au 12 mai, le palais des Raïs (Bastion 23) abritera le Festival international du couscous. Des expos, des concours, des shows, des concours et plein d’autres surprises sont au menu. El Watan Week-end vous donne un avant-goût de ce qui vous attend au festival Couscoussi.

Le plat emblématique de la cuisine maghrébine sera en fête dès jeudi prochain et jusqu’au 12 mai. Couscoussi est la première édition du Festival international du couscous, organisé sous le patronage du ministre de la Culture Azzedine Mihoubi, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse et des Sports, par les agences Nexus Corp Algérie et Chihra Prod.

Et ce, dans le cadre de la préservation et de la valorisation du patrimoine culturel. «Cet événement intervient dans un but de préservation du patrimoine. Organiser de telles manifestations devient un devoir et une obligation quand on veut défendre et valoriser notre identité et notre mémoire», assure Mohamed Amine Merain, directeur général de Nexus Corp.

Pour lui, si le groupe s’est décidé de franchir le pas vers la valorisation du patrimoine, c’est parce que la scène souffre d’un énorme manque d’activités. «L’Algérie est un pays riche par la diversité de sa culture et de ses traditions, alors on s’est dit embarquons-nous dans cette aventure d’autant plus qu’il y a très peu, pour ne pas dire il n’y a pas d’événements culturels, en particulier dans le domaine culinaire», ajoute-il.

«Quant au choix du thème, il est tombé sur le couscous car ce plat représente un lien commun entre toutes les régions du pays et symbolise la joie et le partage», poursuit M. Merain. Si aujourd’hui il est important d’organiser des événements autour du patrimoine et des traditions, culinaires en particulier, c’est parce qu’on se retrouve dans une ère où la cuisine rapide occidentale est la plus présente surtout chez les jeunes.

«L’organisation de ce genre d’événement permettra de sauvegarder ce patrimoine culinaire. La même chose pour tout ce qui constitue le patrimoine algérien (poterie, cuisine, vêtements…) car au final préserver son patrimoine, c’est préserver sa mémoire et son identité», soutient l’organisateur du festival Couscoussi.

Par ailleurs, selon le communiqué de l’événement, le lieu du festival a été choisi par rapport à son aspect historique : le palais des Raïs (Bastion 23) compte parmi les plus importants monuments de la ville d’Alger et représente l’un des derniers témoins qui attestent physiquement du prolongement de la médina d’El-Djazaïr (Casbah) jusqu’à la mer à l’époque ottomane.

Gastronomie

Couscous à base de semoule de blé complet, accompagné d’herbes, légumes, viandes, poulet ou poisson… Aujourd’hui, entre l’Algérie, la Tunisie et le Maroc, outre les autres pays d’Afrique du Nord, le Maghreb compte nombreuses variétés et recettes différentes de couscous. Rien qu’en Algérien, entre l’Est, la Kabylie, le Centre et l’Ouest, le patrimoine culinaire compte plusieurs dizaines de recettes de couscous.

De l’avis d’un des organisateurs du festival Couscoussi, Mohamed Amine Merain, «cette diversité existe aussi bien dans les méthodes de préparation que dans les ingrédients utilisés pour la sauce, l’origine du couscous entre blé, gland… ou encore les viandes choisies». Né en Afrique il y a plusieurs millénaires, le couscous est un plat emblématique de la cuisine traditionnelle du Maghreb, de l’Afrique du Nord, de la cuisine africaine et du régime méditerranéen. A travers les ans, ce plat a su se faire une place parmi les plats gastronomiques, y compris en Europe.

En France par exemple, le couscous a été classé en troisième place des plats salés préférés des Français, selon une récente étude. En particulier le couscous royal préparé à base de semoule blanche et agrémenté de plusieurs légumes, de différentes viandes et de merguez, qu’on sert dans de nombreux restaurants gastronomiques. C’est de là que l’idée d’un festival dédié pour ce patrimoine est venue, une idée de préserver une mémoire culinaire d’un peuple et d’une terre, selon le communiqué des organisateurs.

Cet événement représente une opportunité et un produit unique réunissant plusieurs aspects, intérêts et secteurs d’activité. «Comme la table et principalement le couscous l’ont déjà fait depuis la nuit des temps sur nos terres. Ces recettes vont réunir de nouveau la culture, l’artisanat, les traditions culinaires et l’historique, ainsi que les rituels familiaux et sociaux qu’on arrive rarement à réunir sans les départager. C’est du tourisme culinaire.» **Ryma Maria Benyakoub – El watan / vendredi 04 mai 2018

****Quand un plat dépasse la politique

Le couscous est algérien ? Marocain ? Tunisien ? Qui maîtrise les meilleures techniques ? Quel est le meilleur couscous ? Stop ! Fini les débats sur les origines du couscous ; désormais, ce plat est déclaré patrimoine maghrébin commun et sera bientôt classé ainsi.

En janvier dernier, des chercheurs algériens ont annoncé plusieurs rencontres d’experts maghrébins qui discuteront d’un projet commun : l’inscription du couscous au Patrimoine mondial de l’humanité.

Qu’on l’appelle t’aâm, seksou, kseksou, cousksi, berboucha…, le couscous est le plat qui unit différentes populations depuis des millénaires. Mais depuis plusieurs années, ces populations se débattent pour s’approprier l’origine de ce plat emblématique de la région maghrébine. Spécialement l’Algérie, la Tunisie et le Maroc où le sujet a toujours suscité des coups de gueule et des polémiques lors des manifestations culturelles et culinaires comme sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, la course prend fin avec plusieurs vainqueurs ! Le couscous n’appartiendra plus à aucun pays du Maghreb, mais rassemblera toutes ses populations. Des scientifiques et des chercheurs algériens l’affirment.

En effet, le 22 janvier dernier, Slimane Hachi, directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), a annoncé que des experts des pays du Maghreb allaient se réunir pour un projet commun : le classement du couscous au Patrimoine commun de l’humanité par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).

Un classement qui pourra peut-être adoucir les relations diplomatiques entre certains pays et calmer la guerre du classement et du patrimoine entre leurs populations.

Pour Ouiza Gallèze, maître de recherches au CNRPAH, si ce plat mérite d’être inscrit au patrimoine humain universel, c’est grâce aux échanges qui sont la coutume de l’homme depuis des siècles. Mais il reste exclusivement berbère. «Il faut l’authentifier comme tel. Il est aussi mondial, pour cela il est important de mettre en place une ligne rouge pour visualiser son évolution, sans vouloir la changer ou la figer», assure l’experte.

Symbolique

Et Ouiza Gallèze d’ajouter : «Le classement n’est qu’un temps d’arrêt théorique dans l’histoire de celui qui opère. C’est lui qui prend conscience de cette valeur patrimoniale et se trace un programme de mise en valeur en organisant les événements comme celui de se vendre mais à un niveau plus important, plus varié et plus dynamique. Bref, plus coloré, à l’image de la région.»

Par ailleurs, si cette reconnaissance concernera plusieurs pays — l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye, la Mauritanie et le Mali — c’est grâce à la symbolique du couscous qui les rassemble depuis des millénaires. L’experte Ouiza Gallèze affirme que cette symbolique est forte et représentative au niveau de la région.

Pour elle, le couscous est beaucoup plus qu’un plat culinaire ; c’est un composant essentiel de l’identité culturelle. Il symbolise le partage, l’offrande communautaire et l’esprit de fête. Il rassemble et marque les grands événements heureux ou tragiques, au niveau familial et au niveau des traditions vécues dans les campagnes et aussi en ville.

«Le couscous est un des plus importants plats dans les habitudes alimentaires du Maghreb et y est une tradition très ancienne. D’ailleurs, Ibn Khaldoun en a fait un composant essentiel dans la définition du Berbère ou de l’Amazigh quand il a dit “Le berbère est celui qui porte le burnous et mange le couscous…”», explique la chercheure.

Aussi, ce plat est un signe d’honneur qui distingue le bon chef par le choix de la bonne épouse. «Une légende  raconte qu’un chef de tribu quelque part dans ce vaste Afrique du Nord menaça sa femme, une étrangère nouvellement convertie à l’islam, de la tuer si elle ne lui préparait pas un couscous…»

Couscoussier

Et si l’on en est arrivé à cette symbolique c’est après plusieurs millénaire d’habitudes et de traditions. Mais dans le cas du couscous, il est impossible d’identifier un commencement ou une datation de cette tradition. «Comme le veut l’histoire, cette région est caractérisée par son blé, par voie de conséquence, elle engendre ou produit tout ce qui a trait au blé dur ou tendre, entier ou moulu, complet ou raffiné.

Le couscous en fait partie», poursuit Ouiza Gallèze. Selon les scientifiques du CNRPAH, le couscous est né en Afrique, d’une origine purement amazighe. Les Arabes, eux, ont découvert et adopté la semoule lors de leur conquête de l’Afrique du Nord. Des fouilles, dans la région de Tiaret, ont permis la découverte d’ustensiles divers datant du IXe siècle, notamment un couscoussier.

L’introduction du couscous dans la péninsule ibérique daterait de la période de la dynastie berbère des Almohades, au XIIIe siècle. Et sa popularité se propage alors rapidement en Espagne et au Portugal. Bien avant le colonialisme français, Rabelais en parle dans Pantagruel (1532) en l’appelant «couscoussou», alors qu’Alexandre Dumas, dans son Grand Dictionnaire de cuisine, l’appelle «coussou coussou».

Sa consommation se répand réellement sur la rive nord de la Méditerranée au XXe siècle, par le biais des familles algériennes qui ont commencé leur migration vers le nord lors de la Première Guerre mondiale, puis les pieds noirs qui l’ont emporté dans leurs bagages après 1962, ainsi que les juifs maghrébins. Le couscous devient enfin le troisième plat préféré des français, selon une enquête réalisée en février 2014 pour le magazine Journal des femmes.

Pétrole

Selon Ouiza Gallèze, le couscous a résisté au temps, à l’oubli et aux changements des peuples à travers son internationalisation : «On ne peut aider le couscous à résister au changement, il a résisté sans nous. C’est justement son internationalisation qui lui a donné cette force.»

Et si sur le terrain, on ne peut rien faire de concret pour garantir sa préservation, à l’intérieur des familles, il y a beaucoup à faire : «Tout doit se faire dans l’amont. Les familles, les cultures locales doivent continuer à faire ce qu’elles font très bien.» L’experte du CNRPAH ajoute qu’«il ne s’agit pas de décréter pour faire évoluer une tradition, la tradition n’obéit pas à l’esprit de loi. Il faut la laisser faire et la suivre pour la comprendre.

Il faut écouter la société civile pour savoir ce qu’elle veut après l’avoir formée bien sûr, parce que là ce situe le problème de toutes les populations : la formation». Par ailleurs, de par son histoire et sa symbolique, le couscous est dans étendue, selon Ouiza Gallèze, plus importante que le pétrole.

Car si le pétrole a un début et une fin, le Couscous, lui, n’en a pas. «Le couscous n’a pas de début et calme la faim. Le pétrole a été découvert par des machines sophistiquées, le couscous se trouve naturellement au fond de chacun d’entre nous. Si un jour il n’y a plus d’industrie pétrolière, supplantée par une autre forme d’énergie, il n’y aura plus d’économie pétrolière, mais tant qu’il y aura des terres et des mères au Maghreb, elles feront du couscous pour que les générations survivent à la disparition de l’économie pétrolière pour se reconstruire.»

La chercheure explique : «L’histoire est un bon maître, soyons donc de bons élèves. Massinissa, constructeur du plus grand pays d’Afrique, a vendu du blé à l’Europe, Rome a fait de nous son grenier, d’ailleurs une des raisons de la colonisation de l’Algérie est le blé algérien. Alors le blé est l’avenir de ce pays comme il a été la gloire de son passé.» Par contre, par effet de modernisation, le couscous s’est industrialisé.

Industrialisation

Et là où s’arrête la tradition commence l’économie industrielle. C’est le challenge à venir. Le couscous n’a plus de frontières ; on le trouve sur les cinq continents. Et des machines peuvent produire du très bon couscous. Il s’est aussi enrichi, puisqu’on le trouve associé à toutes les viandes. Quant au rôle de l’inscription, des intellectuels et du travail en amont en général, affirme l’experte, c’est de continuer à faire ce distinguo.

«L’Etat, s’il doit faire quelque chose, doit trouver des mécanismes pour encourager et mettre en valeur la ‘tradition de faire le couscous’ et non pas simplement ‘le plat du couscous’, par des encouragements spécifiques, non pas spécialement financiers, pour que la femme ne laisse pas la place à la machine. Le couscous est une histoire, c’est une appartenance, c’est un goût, c’est un partage, c’est un événement, c’est un souvenir.»- * El watan / vendredi 04 mai 2018

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*7ème salon Djurdjura du couscous

du 11 au 14 janvier 2014 à Tizi Ouzou

La septième édition du salon Djurdjura du couscous, qui coïncide avec la célébration de Yennayer, fête du nouvel an amazigh, est organisée du 11 au 14 janvier à Tizi Ouzou, a-t-on appris jeudi auprès de la direction locale de la culture.

Au menu de ce salon, dédié au patrimoine immatériel national, organisé par la direction de la culture en collaboration avec le mouvement associatif, figure une journée d’étude sous le thème «Le couscous, élément du patrimoine culturel et événementiel», qui sera animée par des spécialistes, dont la directrice du musée des antiquités d’Alger et un chercheur du Centre de recherches archéologiques d’Alger, indique-t-on de même source. Parallèlement à cette journée d’étude, le public pourra avoir un aperçu au niveau de la salle des spectacles de la maison de la culture sur la célébration de Yennayer à travers une démonstration autour du thème «L’ Waâda N Djeddi Menguelet»  qui sera donnée par des femmes de la commune de Tizi Rached et du village Aourir Ouzemour de la commune d’Akbil. Pour sa part, le musée des arts populaires de la wilaya de Médéa fera une démonstration intitulée «Le couscous, élément du patrimoine culturel et événementiel».

Le hall de l’établissement abritera également une exposition de différents plats traditionnels préparés dans les wilayas de Tlemcen, Adrar, Blida, Tipasa,  M’sila, Aïn Defla, Jijel et Médéa pour accueillir le nouvel an berbère. Le 12 janvier à midi et comme de tradition, tous les visiteurs du salon pourront prendre part à la «waâda», un repas collectif qui sera offert par les participants. Un circuit touristique sera organisé vers le village Aït Ouchene relevant de la commune d’Aghribs, au profit des participants afin de leur faire découvrir la célébration de Yennayer par les villageois et admirer les sites naturels de cette région.*El Watan-11.01.2014

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Salon du couscous : une mosaïque de saveurs à travers les différents plats proposés

La sixième édition du Salon Djurdjura du couscous qui s’est ouvert, hier, dans la wilaya de Tizi Ouzou, a été l’occasion pour les visiteurs de découvrir une mosaïque de saveurs à travers les différents plats de couscous proposés à la dégustation, et dont la recette varie selon les régions.

Les différentes recettes de couscous exposés par les wilayas participantes, dont Bouira, Batna, Boumerdès, Tlemcen et Ghardaïa, varient selon les régions. «Il existe un couscous pour chaque région», a indiqué une participante de la wilaya de Batna. Cette diversité est liée aux spécificités de chaque wilaya où les femmes puisent dans les produits de leur région pour préparer la sauce qui accompagne le couscous. La variation existe aussi au niveau du couscous lui-même qui peut être préparé à partir de la semoule de blé, de glands, d’orge… Le couscous de la wilaya de Ghardaïa, appelé «ouchou isafar», a attiré une foule nombreuse de visiteurs, curieux de découvrir les ingrédients de ce plat de couleur verte, venu de la vallée du M’zab. «La couleur verte du grain de couscous est due aux plantes aromatiques utilisées pour le rouler», explique un exposant. «Il s’agit notamment de feuilles d’eucalyptus et de menthe séchées et réduites en poudre et mélangées à la semoule», ajoute-t-il.

La cérémonie de dégustation des différents plats, proposés par les wilayas participantes, a été le moment fort de cette première journée du Salon qui se poursuivra demain. Les visiteurs ont partagé, dans la joie et la convivialité, les différents plats de couscous mais aussi d’autres plats, boissons et friandises, spécifiques à certaines wilayas, tels que la mkertfa et la chekhchoukha de Batna, le cherchem de Boumerdès et le berkoukès de Tlemcen. Des plats de fête servis à l’occasion de Yennayer, le premier jour de l’an berbère, célébré à travers tout le territoire national. Durant ce Salon, placé sous le slogan, «Yennayer 2963 : Chechneq, un mythe fondateur, un devoir de mémoire», car coïncidant avec la célébration de Yennayer, une démonstration de préparation du couscous de glands et d’orge a été exécutée par l’association Aghendjour de Tizi Ouzou. Cet événement culinaire se poursuivra aujourd’hui avec, au menu, une table ronde sur le thème «Yennayer 2963 : Chechneq, un mythe fondateur, un devoir de mémoire» et un repas de Yennayer, à savoir un couscous aux sept légumes offert aux visiteurs à midi par la direction de la culture de Tizi Ouzou.*APS-12.01.2013.

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11 réponses à “L’histoire du couscous”

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