Le Maghreb et la démocratie vont de paire

*le Maghreb des peuples

* Droits humains dans les pays du Maghreb

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Le Maghreb dans l’œil du cyclone

Le Maghreb et la démocratie vont de paire le-magreb

Octobre 1988 a semé les graines. Et malgré la guerre qui fut imposée par des élites dirigeantes en rupture culturel du peuple, le 22 février 2019 consacre le retour à la légitimité populaire contre les détournements institutionnels qui ne produisent qu’arriérations et retards coûteux sur la marche des évolutions et des maturations inéluctables. La généralisation de l’arabisation dans le pays, assise sur une foi religieuse populaire jamais démentie, l’alphabétisation massive, l’accès en nombres aux études supérieures plus impressionnant pour les filles que pour les garçons, ont produit une modernité démocratique inclusive d’une puissante identité islamique assumée, s’exprimant pleinement et au grand jour dans le champ social mais pas encore au niveau de la décision politique souveraine. La révolution française en même temps qu’elle accéléra l’émancipation de l’homme par des droits inhérents à sa nature et à son évolution, libéra l’Eglise de son carcan idéologique pour ouvrir la voie à un chemin social en expression de chrétienté première. La démocratie chrétienne est née au milieu du XIXème dans le sillage de l’athéisme révolutionnaire, en réfutation de la négation par les sans-culottes de Dieu d’une part, mais aussi en réaction aux compromissions de l’Eglise, au profit de l’ordre monarchique ancien, contre les croyants. Tout mécanisme d’émergence historique n’étant pas forcément comparable par ailleurs, c’est ce qui se joue, dans la sphère de l’idéologie religieuse, pour la nation arabe et plus particulièrement pour le Maghreb. Nous assistons dans notre ère maghrébine à la lente formulation de la modernité, en identité islamique en cours d’élaboration d’un devenir politique au sein d’Etat-nations marqués par une double appartenance : celle de leur trajectoire nationale influencée par leurs spécificités culturelles mais guidée par une communauté de destin relevant de l’aspiration universelle propre à l’arabo-islamité. C’est tout l’enjeu de la guerre contre la Libye qui est en réalité une guerre contre le Maghreb et plus encore une lutte à mort contre l’émergence d’un islam tolérant et démocratique, faisant du champ religieux le territoire d’une sécularisation féconde.

Les bombardements émiratis de la Libye, à coups d’avions de guerre non identifiés volant à basse altitude, ne trompent aucun radar. Cette capitale dont nous doutons qu’elle soit réellement arabe, Abou Dhabi, porte une responsabilité écrasante dans le malheur du peuple libyen qu’elle ne partage qu’avec la France, pays de l’athéisme révolutionnaire universel comme le constitutionalisme philosophique qu’elle inventa. Ce sont des Rafales de chez Dassault qui ont inauguré en 2011 la destruction par la France de l’Etat-national en Libye et ce sont les mêmes usines françaises qui produisirent les Mirage 2000 émiratis, responsables des destructions continues à Tripoli, dans ses banlieues et jusque dans ses écoles pour enfants. Ainsi est payé par les Libyens le tribu du sang en paraphe du pacte passé entre le laïcisme intolérant de la République française jusque dans ses expressions anti-islamiques primaires et la détestation de l’islamisme politique dans tout l’éventail de ses expressions par les Emirats Arabes Unis et leurs puissants alliés saoudiens. La Tunisie a échappé de peu au même sort lorsque la claque infligée au vendeur ambulant Mohammed Bouazizi a retentit dans tout le monde arabe en descendant de leurs piédestaux, les familles régnantes de la terreur et de l’argent sises à Carthage. Et c’est quasiment en raison de cette ironie de l’histoire, que les monarchies du Golfe n’ont pas vu venir, que le mouvement islamiste d’Ennahda s’est retrouvé introduit dans le jeu politique tunisien par le souffle de la révolution populaire. Depuis, Tunis n’a jamais été aussi proche d’Alger jusqu’à considérer dans certains milieux avancés une dynamique commune dont la sincérité n’a jamais été le fort de l’ex-dictateur Zine El-Abidine Ben Ali.

**Une nouvelle ère régionale s’ouvre devant nous
Cette perspective s’est renforcée du mouvement du 22 février 2019, suivi avec passion dans toutes les chaumières tunisiennes en interrogations d’un avenir partagé par les gènes, la langue, la foi, les us et coutumes mais aussi les référents politiques républicains, démocratiques, populaires dans le cadre de… valeurs islamiques comme le prédirent les révolutionnaires du Premier Novembre 1954. Jamais des principes ne furent autant d’actualité à tel point que le sous-produit de la pensée néocoloniale nous suggère, effrayée, d’amputer la désignation officielle du pays de son identité profonde, pour en couper les racines arabes et islamiques, comme d’autres insistent à faire comparaître Messali Hadj et le FLN à la potence d’une histoire qui leur enseigna que les Gaulois furent, un jour, nos ancêtres. Selon eux, nous devrions nous contenter de la République d’Algérie, en lieu et place d’un nom programmatique pour l’Etoile nord-africaine de la fière ambition des Didouche Mourad, Larbi Ben M’hidi, Zighout Youcef et Krim Belkacem qui fait notre spécificité, entre mille reconnaissables, parmi les nations.
La France et les Emirats Arabes Unis bombardent en Libye les tribus car elles sont les seules à porter l’Etat-national en invention de l’Islam démocratique politique en cours alors que Messieurs Serraj et Haftar font la promotion d’une Libye fédérale de leurs intérêts pétroliers. C’est là tout le sens dramatique du conflit libyen entretenu par les monarchies du Golfe qui ne souffrent de voir émerger des aspirations populaires et démocratiques inspirées de l’Islam de la tolérance, senoussiya malékite en Libye, tidjaniya, quadiriya, jilaniya ou habriya en Algérie, chadhliya et daoudiya en Tunisie, bouzidiya et nassiriya au Maroc pour ne citer que quelques-unes de nos saintetés identitaires encore bien vivantes socialement et travaillant jusqu’à aujourd’hui à l’élévation vers des catégories universelles comme le bien, la morale, la droiture, la charité, la dévotion, la sincérité etc. C’est cet islam maghrébin populaire qui est assiégé par les tenants du conservatisme réactionnaire du Machrek qui craignent, au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer, la réussite d’un modèle démocratique islamique populaire qui les emporterait inéluctablement.

**Quid du débat constitutionnel en Algérie ?
Le premier temps de la surprise tunisienne passé, c’est la France, fille mineure et vénale des Cheikhs de la réaction arabe qui piégea de son constitutionalisme les débats en Tunisie jusqu’à recommander un parlementarisme qu’elle ne saurait mettre en œuvre sous les dorures de ses propres palais républicains. La discussion pusillanime leurra par son impuissance expressive le mouvement démocratique dans toutes ses composantes, paralysant les progrès matériels dans ce pays frère que les forces conservatrices instrumentalisent pour lui faire porter la responsabilité de la crise économique et sociale. En Algérie, le « Hirak béni » est un formidable accélérateur des retards que la contre-révolution nous fit prendre dès octobre 1988. Le mouvement social du 22 février 2019 a remis de l’ordre dans les priorités de la nation, à commencer par la réforme impérative de la Constitution. Si son article 31 consacre dans son projet une nouvelle vision pour la défense du pays en interactivité de son destin maghrébin, elle est bien plus timorée sur les aspects de la démocratisation définitive de la vie politique et hésite à faire sauter le verrou de la seconde Chambre (le Conseil de la nation) qui continue d’avoir la haute main par l’article 149, sur la réalisation des lois. Ce droit de veto qui ne dit pas son nom est un archaïsme qui plombera notre action internationale. Il ne suffit pas d’avoir une armée forte et une Constitution qui permet son usage conditionné à l’extérieur du pays, encore faut-il que cette entreprise exceptionnelle ne soit entachée d’aucune réserve en légitimité démocratique.
Cela ne serait bien évidemment pas le cas, si la mouture définitive de la Constitution en cours de discussion, ne donne pas le dernier mot à la navette des lois au bénéfice de l’Assemblée Nationale de la souveraineté populaire indiscutable. Mais ce n’est pas là une simple discussion d’ordre démocratique, pesant le pour et le contre d’options institutionnelles et de leurs éventuelles avantages ou carences supposées sur le devenir des évolutions politiques. En réalité il s’agit d’une question profondément anthropologique qui viendra nourrir l’arabité, l’islamité et la berbérité. En effet, l’islam politique bien compris de la modération et de la raison constructive, sans sa dimension démocratique et populaire n’atteindra pas son véritable objectif de modernisation. Ces renforcements de notre personnalité, nous les souhaitons aussi solides dans leurs entrechevements culturels que la formulation d’une armature d’acier de qualité supérieure venant solidifier en cimentations la société civile, et en prolongement, l’Etat. Nos influences viendront alors en symbiose de ceux de nos voisins tunisiens, qui ont déjà accompli l‘effort sur eux-mêmes de dépassements de faux clivages, entretenus par les puissances internationalisées voulant nous faire confondre modernité et renoncements de nos valeurs spirituelles et culturelles.
Le Maghreb uni, fédéré, concentré sur ses objectifs communs et non plus sur des chimères particulières et vaniteuses a, paradoxalement, la possibilité d’affirmer avec force une singularité de l’autonomie politique acquise de haute lutte, celle de la revendication tranquille et assumée de l’inclusion de l’Islam politique de la tolérance dans le jeu politique institutionnel en construction de devenir maghrébin républicain. C’est ce qui est désormais naturellement assumé en Tunisie, promis à l’intégration politique en Algérie par le 22 février 2019 mais en voie d’étouffement en Libye par les bombardements de comploteurs qui ont perdu tout sens de l’arabité, enrageant de voir émerger un pôle démocratique de la tolérance islamique dans le Maghreb. A bien y réfléchir, c’est l’idéal maghrébin qui est bombardé à Tripoli. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de développer une action diplomatique commune algéro-tunisienne, pour la sauvegarde de la Libye malékite avant que d’autres ne cherchent à la faire basculer dans des traditions wahhabites qui ne lui ressemblent pas. Cette action en synergie fonderait une pierre précieuse dans la construction intermaghrébine pour signifier au monde que ce qui nous rapproche est de loin plus grand que ce qui nous différencie. Ce serait également un très fort signal donné à la «communauté internationale» que le Maghreb se vit en une seule entité et que la guerre dans une des parties de son expression est une mutilation insupportable pour le reste de sa réalité culturelle et bientôt politique. Cela nous concerne en tant qu’Algériens encore peut être plus que les Tunisiens.
Non seulement les Libyens, Etat et peuple, nous ont soutenu par des armes et de l’argent durant la Révolution mais plus encore, la senoussiya des confréries religieuses, dont ils se réclament tous, est algérienne et la contempler c’est mieux nous comprendre dans le miroir de notre propre histoire du XIXème siècle. Ce sont- là des liens en spiritualité de chair et de sang qui ne peuvent en aucun cas se renier. Cela fait maintenant presque 10 ans que le peuple libyen vit les affres de l’effondrement de son Etat-national. En raison de ces souffrances continues se fait jour de nouvelles consciences chez les tribus, qui, tout en étant attachées à leurs identités culturelles, intègrent de plus en plus impérieusement la nécessité désormais vitale, au sens premier du terme, de se doter d’institutions étatiques solides pour une exploitation rentière au bénéfice de tous. L’émergence du rôle des tribus prend dès lors une nouvelle signification.
Elle est l’expression d’une volonté étatique là où hier cette dernière était dominée par les seuls Kadhadfa. Ce nouveau contrat tribal, nous allions dire social tant nous sommes dans une phase transitoire de la transformation de l’imaginaire politique en Libye, est soutenu par une matrice confrérique majoritaire qui constitue le cœur de l’identité libyenne moderne. C’est cela qu’il s’agit d’encourager en Libye. C’est important pour les Libyens eux-mêmes afin qu’ils retrouvent la paix civile. C’est également essentiel pour une construction maghrébine de la profondeur arabe et islamique, dans le respect des minorités culturelles nombreuses de notre espace géographique de la vitalité historique dont la dimension libyenne est la plus puissante de ses caractères tribaux qui nous remémorent nos propres valeurs culturelles sociales premières. C’est là, un apport inestimable de la Libye de la profondeur historique et sociale à l’inéluctable construction maghrébine.*LNR- La Nouvelle République/ juillet 2020

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Au cœur de la révolte du Rif

Le journaliste d’El Watan raconte les événements qui secouent le Maroc

Un reportage au Rif. Partir à la rencontre des animateurs du Hirak, les artistes, les intellectuels, les pêcheurs, les montagnards et les citoyens de cette vaste région pour rendre compte des réalités socio-économiques et politiques de cette région frondeuse.

Raconter le combat de la population rifaine pour la liberté, la dignité et plus de justice sociale. Quand je propose cette idée aux responsables de mon journal, ils sont tout de suite enthousiasmés. «Tu connais bien le Maroc pour y avoir réalisé des reportages et tu y comptes beaucoup d’amis et de connaissances, donc tu es bien placé pour faire ce reportage. Vas y», me dit-on.

Aéroport international de Casablanca, fin d’après-midi de jeudi 26 mai. Le policier de la PAF marocaine ne me pose qu’une seule question : «El Watan, c’est un quotidien ou un hebdo ?» Sur ma fiche de contrôle, j’avais coché «tourisme» quant aux motifs de ma visite pour éviter d’être prié de me rendre dans un bureau de la PAF pour m’expliquer longuement.

Les formalités expédiées, je m’achète une puce marocaine pour communiquer plus facilement avec les amis qui m’attendent et qui, justement, me demandent de venir directement à Rabat au lieu de séjourner à Casa, comme je l’avais prévu. «Prends le train directement de l’aéroport et viens sur Rabat. T’as une heure et demie de route», me dit-on. Décision est donc prise de prolonger vers Rabat.

Arrivé vers 20h dans la capitale marocaine et première discussion dans un café non loin de la gare avec des militants et des journalistes. On me donne tous les contacts qu’il me faut dans toutes les localités que j’ai décidé de visiter. Je tiens à rencontrer Nasser Zefzafi, le leader du Hirak, mais également à me rendre Nador, Al Hoceima, Tanger puis dans deux ou trois villages, dont Ajdir où repose  l’immense Abdelkrim El Khettabi, alias «Moulay Mhand», l’icône du Rif.

On me promet un rendez-vous avec Zefzafi, mais ce ne sera pas facile, car le makhzen et ses relais accusent ouvertement le mouvement d’être manipulé par Alger. S’afficher avec un Algérien, même journaliste indépendant, revient à s’exposer à cette redoutable accusation. Les militants me demandent d’être très prudent et décision est prise d’éviter les hôtels pour ne s’appuyer que sur les activistes, les amis et les connaissances.

La première nuit est passée chez Mounir Kejji, activiste et militant infatigable du mouvement amazigh. La vie de Mounir n’est qu’une suite de combats et sa maison un véritable musée où les livres, les journaux et les revues montent en piles imposantes jusqu’au plafond. Il possède des collections complètes d’œuvres de chanteurs, comme Matoub Lounes et Aït Menguellet, tous les livres d’histoire qui parlent des Berbères où qu’ils se trouvent. Après un bac anglais et des études de droit à l’université, l’enfant de Goulmima s’est engagé corps et âme dans un combat multiple. Journaliste amateur, il collabore à des publications périodiques et des livres et réalise des documentaires. Mounir est partout.

Justement, il est à Al Hoceima, ce 28 octobre 2016,  lorsque le malheureux poissonnier Mohcine Fikri se fait écraser dans une benne à ordures pour avoir voulu récupérer une partie de la marchandise que la police lui avait confisquée avant de la jeter dans la poubelle. C’est le point de départ de la grande révolte du Rif qui dure jusqu’à ce jour.

Originaire d’Imzouren, à 18 kilomètres d’Al Hoceima, le papa de Mohcine est un militant du PJD, parti islamiste au pouvoir. Au père qui s’exprimait un peu trop dans les médias, au goût des autorités, le Premier ministre de l’époque, Abdelilah Benkirane, envoie un message verbal par des émissaires. «Enterre ton fils et tais-toi !» Il lui fait comprendre que le Maroc qui préparait la COP 22, un événement mondial, devait se passer de toute mauvaise image qui pouvait écorner la belle image qu’il tentait soigneusement de donner.

«Il y a eu une grande marche de 18 kilomètres de la morgue d’Al Hoceima jusqu’au domicile de Mohcine Fikri. Au départ, on demandait que les responsables de cette tragédie soient jugés, puis, petit à petit, des revendications sociales sont venues se greffer sur cette demande et un noyau de dirigeants a émergé», raconte Mounir Kejji. Toutes les rancœurs et les frustrations longtemps contenues dans cette région berbérophone, qui rappelle à bien des égards la frondeuse Kabylie, se son réveillées.

D’Al Hoceima, la révolte s’est propagée dans tout le Rif. «Plutôt que de répondre aux revendications légitimes de la population par le dialogue et la concertation, le pouvoir accuse les membres du Hirak d’être des séparatistes, des sécessionnistes, d’être manipulés par des mains étrangères», poursuit Mounir. Le feu de la révolte des Rifains couvait toujours, même après sept mois d’un combat de rue pacifique et citoyen. Le makhzen, qui comptait sur un essoufflement à long terme, cherche à présent à rattraper le temps perdu en envoyant une flopée de ministres en visite dans le Rif. Leur visite sera un flop retentissant.

Dans l’après-midi du vendredi, le lendemain de mon arrivée, les choses se précipitent brutalement à Al Hoceima. L’incident de la grande prière qui a vu Zefzafi répondre à l’imam, qui avait passé l’essentiel de son prêche à vilipender le Hirak, met le feu aux poudres. La presse du makhzen s’en donne à cœur joie. Un journal va jusqu’à faire le parallèle entre Zefzafi et Al Baghdadi, l’émir de Daech, qui avait un jour proclamé le califat dans une mosquée de Mossoul. Les couteaux sont désormais tirés et l’ordre est lancé : il faut coûte que coûte en finir avec cet insurgé de Zefzafi et son mouvement qui défient les autorités.

Train de nuit vers Nador. Je débarque avec les premières lueurs du jour dans une ville endormie un premier jour de Ramadhan. Je ne rencontre mon contact qu’à 11h. Pour les activistes du Hirak, il faudra attendre la soirée, après le f’tour. Mon projet est de partir à Al Hoceima le plus rapidement possible, mais la répression qui s’est abattue sur les militants du Hirak font que la plupart se cachent ou sont étroitement surveillés par les services.

La patience est de mise. Je passe donc le dimanche, soit un jour de plus que ce qui était prévu, à Nador. Dans la soirée de samedi, je rencontre les activistes de Nador dans un café. Pour ces animateurs, dont la plupart viennent de la mouvance amazighe, la seule chose qui a changé par rapport à la répression qui s’est abattue sur leur mouvement est qu’il y a désormais une revendication de plus dans l’agenda déjà bien étoffé qu’ils présentent au gouvernement : la libération des détenus.

«Pour nous, c’est juste une revendication de plus pour toutes ces arrestations. Nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre notre combat», souligne Saïd Fannich, animateur du Hirak dans la ville de Nador. Pour eux, la priorité est désormais de défendre les détenus en constituant des collectifs d’avocats, élaborer une nouvelle stratégie de lutte qui s’adapte à la répression et aux arrestations puis continuer à mobiliser la rue tout en informant l’opinion publique nationale et internationale.

Dans la journée de dimanche, un appel est lancé pour un rassemblement sur la place publique à 22h après les prières du Tarawih . Pour moi, c’est l’occasion de voir enfin le  Hirak sur le terrain. Je décide d’y aller et d’observer de loin. A l’heure convenue, les citoyens commencent à se rassembler. Quand ils deviennent assez nombreux, ils s’organisent très vite. On sort les mégaphones, les banderoles et les drapeaux. Hommes et femmes se donnent la main pour former une haie autour des animateurs qui évoluent dans un grand espace. L’ambiance monte très vite.

A tour de rôle, les animateurs lancent des slogans que la foule reprend en chœur. «Houria, karama, adala ijtimaâiya !» (Liberté, dignité et justice sociale), «Nous sommes tous Zefzafi !» scande la foule. Fustigé en termes acerbes, le makhzen en prend pour son grade. L’ambiance est tellement chaude que j’en oublie les consignes de sécurité que je m’étais fixées pour commettre une erreur de débutant. Je me dis que je n’aurais peut-être pas l’occasion de faire des photos de manifestation et il m’en fallait absolument quelques-unes pour illustrer mon reportage.

Au début, je demande à mon contact de me prendre quelques photos, mais il me dit : «Vas y donc. N’aie pas peur.» Je prends deux ou trois photos avec mon téléphone, puis je sors carrément pour appareil photo et je fais quelques prises. Je n’arrive pas toujours à capter les slogans en derja marocaine et en tamazight du Rif, alors je fais deux ou trois courtes vidéos afin de décortiquer plus tard, tranquillement, ces fameux slogans.

C’est probablement à ce moment-là que les services me repèrent. Au bout d’une heure, le rassemblement se transforme en marche qui s’ébranle à travers les rues de la ville. Je décide de rentrer. Je regarde, de loin, la manif grossir, lorsque trois hommes en civil m’accostent pour me demander mes papiers avant de m’embarquer dans un fourgon. Direction le commissariat. Dans un minuscule bureau, ils sont quatre ou cinq policiers autour de moi.

A vérifier le contenu de mon sac, ma sacoche, mes papiers, mon téléphone et tout ce qui leur tombe sous la main. Je décline mon identité et ma profession et leur dit que je réalise un reportage sur le  Hirak du Rif. Les policiers sont indignés : un journaliste algérien qui réalise un reportage sur le Rif !! «Qu’est-ce que tu en as à faire du Rif ? Occupez-vous de vos problèmes et ils sont assez nombreux !! Allez balayer devant votre propre porte !! », crie l’un d’eux.

Les questions vont se succéder jusqu’au matin. Dans un premier temps, ils croient avoir attrapé un espion algérien venu apporter des fonds et des instructions pour déstabiliser le Maroc. «Je ne crois que tu sois un journaliste. Si tu l’es, pourquoi ne pas avoir demandé une autorisation pour travailler ?» me dit celui qui a l’air d’être leur chef. J’explique que j’étais déjà venu faire des reportages au Maroc.

Que lors du mouvement du 20 février, j’avais pris contact avec le ministère de la Communication marocain sis à Rabat Agdal. Au bureau des journalistes étrangers dans lequel je m’étais rendu, on m’avait expliqué que les autorisations n’étaient délivrées que pour les télévisions et les journalistes qui se fixaient au Maroc en tant que correspondants d’une chaîne ou d’un journal. J’avais travaillé et réalisé des reportages à Rabat et Casablanca sans aucune autorisation et sans être inquiétés le moins du monde. Je leur explique également que si j’avais su qu’une autorisation était nécessaire, je l’aurais demandée et travaillé en tout quiétude.

Mes carnets de notes sont décortiqués et analysés. Quand,  bien entendu, ils arrivent à déchiffrer ma technique de prise de notes qui n’a pas grand-chose à envier à l’écriture d’un médecin rédigeant une ordonnance. Ils scannent tout et vérifient tantdis que je suis soumis au même feu roulant de questions sur ma filiation, mon parcours journalistique, mes relations avec les citoyens marocains que j’ai rencontrés, mes déplacements, etc.

Les policiers son néanmoins polis et courtois. Passés les premiers moments de tension, ils ne vont à aucun moment outrepasser leurs prérogatives. A l’aube, je suis transféré dans un autre commissariat vide, où un policier que l’on venait visiblement de tirer de son sommeil allait devoir rédiger un long rapport. A la fin, on me demande de le lire et le signer. Je ne m’y oppose pas du moment que cela reflète fidèlement mes déclarations. On me signifie que mes deux téléphones, mon dictaphone, mon appareil photo et une clé USB sont saisies sur ordre du jouge.

Je suis également autorisé à passer un coup de fil pour prévenir une de mes relations que j’ai été arrêté. Je leur demande de prévenir l’ambassade d’Algérie, puis j’appelle Mounir Kejji pour l’informer de mon arrestation. Retour au premier commissariat. Je vais rester là toute la journée jusqu’à minuit en face de deux portraits de Mohammed VI dont l’un semble me narguer et l’autre me souhaiter la bienvenue en son royaume.

Vers 6h du matin, on ramène dans le bureau où je me trouve un jeune Algérien. Pâle et amaigri, il tient à peine debout sur ses jambes. Je lui cède le banc pour qu’il puisse s’allonger un peu. En l’interrogeant, j’apprends que c’est un jeune harrag de 22 ans, originaire d’El Harrach qui a tenté sa chance à Melilla, l’enclave espagnole.

Il a traversé clandestinement les frontières du côté d’Oujda en payant 30 000 DA à un passeur. Ses amis ont pu passer les frontières de Melilla, mais pas lui. Entre-temps, tout l’argent qu’il avait ramené avec lui avait fondu, il ne pouvait même pas se nourrir. «Le soir, je vais à la gare et quand les gens mangent, je m’assois à leurs côtés et ils m’en donnent un peu…», dit-il. Faute de pouvoir se payer un billet d’avion, il ne peut pas non plus retourner chez lui. «J’attends que les autorités marocaines m’expulsent…», dit-il.

Dans la cour du commissariat de police dans lequel je me trouvais, ils étaient deux Algériens à partager le sort de la dizaine de réfugiés subsahariens qui campaient là et dormaient sur des matelas crasseux dans une partie couverte du parking. Son histoire me bouleverse et les sous-entendus lourds d’allusions sarcastiques des policiers sur un pays riche qui abandonne ses citoyens font mal au cœur. J’attends que le policier ait le dos tourné pour lui glisser un billet de 100 dirhams. De quoi se payer deux ou trois repas chauds. Il est évacué je ne sais où au bout de deux heures.

Je vais passer toute la journée dans ce minuscule bureau sous la surveillance d’un ou deux policiers. De temps à autre, on vient me poser une question ou demander une précision. Dans l’après-midi, on me fait sortir pour me conduire dans une agence de la Royal Air Maroc pour avancer la date de mon retour initialement prévu pour le 1er juin. Je paie une pénalité de 450 dirhams et obtient mon billet. «Tu prends le train de nuit accompagné d’un policier ce soir», me dit celui qui a l’air d’être le responsable du commissariat.

A l’heure du ftour, on me ramène deux pains, une boîte de thon, une bouteille de jus et une bouteille d’eau, mais les policiers chargés de ma surveillance me disent que je peux tout comme eux commander à manger à l’extérieur en payant. Je commande une hrira dont j’avale quelques cuillerées. Impossible de nourrir un estomac noué. Dans la soirée, je réclame la restitution de ma valise restée dans l’appartement que j’occupais. Promesse m’est faite de la ramener.

Aux alentours de minuit, les clameurs d’une foule en colère me parviennent de plus en plus fortes. Il me faut quelques longues minutes pour comprendre que cela ne vient pas du bureau du chef où les policiers suivent en direct les manifestations, mais bel et bien de la rue. Le commissariat est en alerte maximale. Les portières claquent et les portes se ferment. La foule assiège l’édifice en criant les habituels slogans du mouvement. Pacifiquement, sans jeter de pierre ni quoi que ce soit. Au bout d’une demi-heure, les clameurs s’estompent avant de s’éteindre au loin, dans la nuit.

On me demande alors de prendre mes affaires et de sortir rapidement. Au milieu des réfugiés subsahariens, le jeune harraga algérien et son ami me font de grands gestes d’amitié. Je prends place à bord d’une voiture de la surêté nationale avec trois policiers. Jusqu’au matin, nous allons faire près de 650 kilomètres de Nador jusqu’à l’aéroport de Casablanca. Les policiers vont se charger de toutes les formalités du passage des douanes. Je serais escorté jusqu’à mon siège d’avion qui décolle vers 11h pour Alger.

Arrivé à Alger, ma première préoccupation est d’abord d’acheter un téléphone pour prévenir ma famille et mon journal que je viens d’arriver plus tôt que prévu et que j’ai été arrêté par la police marocaine et empêché de faire mon travail. Dans ce petit bureau d’un commissariat de Nador, je n’ai aucune idée de ce qui se passe ailleurs. Dès que j’en finis avec la PAF, je suis d’abord surpris de l’accueil des policiers heureux de me voir débarquer, me souhaitant la bienvenue chez moi. Puis je découvre les collègues du journal, à leur tête Omar Belhouchet, ravi de me voir revenu, les amis, les membres de ma famille, les confrères venus nombreux. Moi qui pensais être seul.

J’en suis ému jusqu’aux larmes. Ma fatigue et mes deux nuits sans sommeil s’effacent d’un coup. Puis je prends connaissance du formidable élan de solidarité et de la mobilisation des lecteurs, des citoyens, des Algériens en général et cela fait chaud au cœur. On se dit que le travail du journaliste, malgré ses risques et ses contraintes, demeure une mission noble qui informe et unit les hommes au-delà de leurs appartenances politiques et leurs préjugés.

Au-delà aussi des esprits et des frontières fermées. Pour tous ceux qui me disent : «Ne remets jamais les pieds au Maroc», je dirais que je ne suis pas prêt de sacrifier ce magnifique pays frère pour les beaux yeux du makhzen. J’ai beaucoup de considération pour ce peuple et tous les peuples du monde qui luttent pour leur liberté et leur dignité et je retournerais là bas à la première occasion. En demandant cette fois-ci une autorisation en bonne et due forme. On verra bien…***Djamel Alilat : el watan / jeudi 01 juin 2017

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Le vent du Rif

le 04.06.17 | 

On ne sait pas jusqu’où pourront aller les manifestations du mouvement Hirak du Rif : si elles vont s’amplifier et s’étendre à tout le Maroc au point d’ébranler les bases du surpuissant makhzen, céder sous le coup de la répression, ou s’étioler sous l’effet de l’usure simplement. Ce qui est par contre certain, c’est que la révolte, entamée depuis près de sept mois, a déjà eu à ce stade suffisamment de temps, d’organisation et de vigueur pour s’inscrire dans la mémoire comme un moment qui a fait douter la monarchie dans ce Maroc peu habitué à la protestation de masse et au délit de lèse-majesté populaire.

Les manifs ont offert assez d’images fortes aussi pour traverser les frontières et capter l’admiration et la solidarité d’organisations et de mouvements de lutte démocratiques dans la région du Maghreb et au-delà.

Il y a eu, entre autres, ce soutien assez particulier de la mairie de Barcelone. La capitale catalane, agitée par le rêve de transformer son autonomie en indépendance, est bien placée pour comprendre les élans potentiellement autonomistes prêtés au Hirak ; cela dit, jusqu’à preuve du contraire, la revendication d’autonomie ne figure pas sur la liste portée par les manifestations du Rif ; les ministres du gouvernement marocain ne se sont fendus de l’accusation de séparatisme opposée au mouvement de Zefzafi que pour l’isoler et le diaboliser aux yeux de l’opinion.

Plus intéressant à observer est l’élan de sympathie que recueille ce mouvement dans les pays du Maghreb : le Parti des travailleurs tunisiens de Hamma Hamami a ainsi apporté son franc soutien aux manifestants d’Al Hoceïma et des autres villes du Rif. En Algérie, le RCD a fait de même, emboîtant le pas à de nombreuses organisations de la société civile ; l’image du Comité de la défense des droits des chômeurs, organisant un f’tour collectif devant le siège de la commune de Ouargla en hommage et soutien aux manifestants du Rif et de Tatouine en Tunisie, fait le tour de la Toile depuis avant-hier. Le grand Maghreb des peuples tant chanté et rêvé est déjà une réalité, certes balbutiante, sur Facebook. Et ce Maghreb là est pour l’heure surtout amazigh, sur le plan politique et symbolique. Ce n’est sans doute pas rien que le drapeau berbère, celui-là même qui flotte dans les manifs en Kabylie et dans les Aurès, se retrouve aux premiers rangs des marches et rassemblements nocturnes d’Al Hoceïma ; le même également aperçu en Libye depuis la chute d’El Gueddafi…

Les liens qui se tissent depuis quelques années entre les militants des différents pays du Maghreb se densifient au fil du temps et des événements, aidés en cela par ces nouvelles technologies qui font éclater les frontières et réaliser l’«ubiquité nomade» des activistes et militants, selon le concept de Jacques Attali. Lors de cet épisode de révolte rifaine, on peut en mesurer l’impact sur l’organisation des solidarités et des ambitions. Certains activistes pensent déjà à des mobilisations simultanées dans tout le Maghreb à l’occasion de grandes dates et d’événements liés à l’histoire et au combat identitaires. C’est dire que ça ne fait peut être que commencer. *Mourad Slimani –el watan / dimanche 04 juin 2017

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évnements d’El Hoceima Maroc

       **Le Rif en ébullition

Une nouvelle manifestation s’est déroulée jeudi à Al Hoceïma, ville de la région du Rif, dans le nord du Maroc, rapporte l’AFP citant des sources concordantes.

      **contre la Hogra, l’injustice et l’inégalité

A Rabat, la capitale, les manifestants se sont donné rendez-vous, ce dimanche soir, devant le parlement pour exprimer leur colère quant à ce qu'ils considèrent comme l'expression de la « hogra ».

****vidéos: ezzafzafi parle du Rif 

ناصر الزفزافي يتحدث الوفد الوزاري القادم إلى الحسيمة

Le leader du mouvement, Nasser Zefzafi, a dénoncé entre autres la «corruption» de l’exécutif et des politiciens locaux, les «mafias» locales, «l’esprit de répression» de l’Etat et de ses services de renseignement qui «manipulent les institutions», la «présence massive» des militaires dans la ville, le «sous-développement» de la région, le nouveau gouvernement islamiste.

S’en prenant au gouverneur local, il a une nouvelle fois rejeté les accusations de séparatisme, exigé la «libération» de militants de sa mouvance et la «démilitarisation» de la province.
Réputée frondeuse, la région du Rif est le théâtre de manifestations récurrentes depuis la mort, fin octobre 2016, d’un vendeur de poisson, Mouhcen Fikri, broyé accidentellement dans une benne à ordures. L’incident a suscité l’indignation dans le pays, qui a pris la forme à Al Hoceïma d’un mouvement social et politique.

Au-delà de la mort de Mouhcen Fikri

Mené par un groupe d’activistes locaux, le «hirak» (la mouvance) pose de nombreuses revendications pour le développement du Rif, qu’il estime marginalisé. A travers les réseaux sociaux, les activistes dudit groupe ont multiplié les paroles de défiance contre la «répression» du pouvoir. Le 6 mai, des manifestants organisent une marche. Le lendemain, le gouverneur de la région nord du pays Mohamed El Yaakoubi a dénoncé les «intox» des leaders de la contestation qui devront répondre «devant la justice de leurs appels à la violence». «Tout est virtuel. A voir les profils Facebook de ces gens, on pourrait croire que la ville est en feu, alors qu’il n’en est rien», a ajouté le même responsable. «Leur discours est une succession d’intox. Ils disent tout et son contraire», a-t-il relevé, dénonçant des «appels à la violence», ainsi qu’un «discours de terreur et d’instrumentalisation» aux relents «discriminatoires».

«Une procédure (judiciaire, ndlr) est déjà en cours. (…) La justice dira qui tire les ficelles», a indiqué le gouverneur. Dimanche dernier, au terme de leur réunion avec le ministre de l’Intérieur pour examiner la situation dans cette région, les chefs des six formations politiques de la majorité ont dénoncé une «instrumentalisation» des manifestations par des «parties étrangères». Ils ont également accusé le mouvement d’exprimer des revendications à «caractère séparatiste». Et les manifestations de jeudi, outre leur dimension économique et sociale, expriment le rejet des populations de la région de ces accusations : «Nos revendications sont sociales et relèvent de notre droit à une vie décente et n’ont aucune dimension séparatiste», a déclaré Nasser Zefzafi à la veille de la manifestation.

**Amnay idir / el watan / samedi 20 mai 2017

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*La protestation s’étend à Casablanca, Rabat, Tanger, Marrakech, Nador

*Vidéos :  la population de Tanger manifeste pour Al Hoceima

** Manifestation à Rabat soutenant Hirak Al Hoceima

**Manifestation à Casablanca soutenant le Hirak du Rif

**ليلة كحلة في الحسيمة

Plusieurs grandes villes du Maroc ont connu des manifestations d’envergure dans la foulée de l’arrestation du leader emblématique du mouvement Hirak, Nasser Zefzafi. Épousant la cause des Rifains, né de la mort tragique d’un vendeur de poisson à la sauvette, écrasé par une benne à ordure en octobre dernier, les populations des grandes villes marocaines défient le Makhzen par des revendications politiques au contenu révolutionnaire.

Le mouvement Hirak a réussi à percer l’isolement dans lequel voulait le confiner le Makhzen pour se faire adopter par les populations des grandes villes. Dans la capitale économique du Maroc, Casablanca, des manifestations impressionnantes ont eu lieu mardi donnant lieu à de violents accrochages entre sympathisants et détracteurs de Hirak. Scandant durant une partie de la nuit dont « Chaâb yourid iskat eniddam », (le peuple veut la chute du régime), les protestataires ont réclamé la libération de Zefzafi, la fin de la politique d’oppression ainsi l’instrumentalisation de la religion et de l’assujettissement des imams. Ces revendications politiques ont pris au dépourvu les autorités qui croyaient avoir neutralisé Hirak après l’arrestation de son chef emblématique.

À Rabat, la capitale politique et administrative, une foule impressionnante a investi les rues pour soutenir le Rif. Le dispositif sécuritaire est intervenu rapidement usant de méthodes musclées. Mais malgré une répression féroce, les protestataires ont continué à réclamer la libération de tous les prisonniers politiques du pays.

À Tanger dans le nord du pays, les protestataires ont porté les mêmes revendications : la libération de Zafzafi, la fin de la horga et la restauration de la dignité du citoyen 

À Marrakech, dans le centre du pays, des témoins font état d’un déploiement important des forces de sécurité. Là aussi, les enjeux sont importants tant la région est l’une des destinations de prédilection des touristes étrangers. Une foule éparse a fait apparition dans les rues avant que la police n’intervienne violemment. **Massi M. / algerie-focus / jeudi 01 juin 2017

**** L’Algérie, souffre douleur du régime marocain

L’irascible représentant du Maroc à l’ONU, Omar Hilale a encore une fois dit tout le « bien » qu’il pense de l’Algérie. Interrogé par une journaliste de l’Aps,  sur les manifestations du Rif, le diplomate marocain n’a pas résisté à son instinct belliqueux et sa haine maladive de l’Algérie  en tenant un discours indigne de son rang.

Apprécions ce morceau : « Au Maroc il y a une démocratie, C’est pour cela que les gens dans le Rif s’expriment chaque jour, librement, sans qu’ils ne soient ni attaqués ni emprisonnés contrairement à l’Algérie ou il y a morts et disparus en Kabylie et Ghardaïa.» Y a t-il plus cynique que cela ? Difficile de trouver ailleurs pareilles inepties !

On savait que l’Algérie est depuis longtemps le souffre douleur du royaume de l’intrigue, puisque le roi et ses sujets de collaborateurs s’épanchent à l’overdose sur leur voisin (Algérie) coupable de tous les maux du Maroc. Cette campagne a atteint son apogée surtout quand le makhzen a du mal à contenir la colère d’un royaume où la jeunesse laissée pour compte ne croit plus en la prétendue sacralité du roi qui se la coule douce dans des résidences branchées en Occident.

C’est un peu le sens du soulèvement du RIF qui dure depuis plus d’une semaine et qui maintenant fait tâche d’huile dans toutes les villes du Maroc. De fait, M6 et sa garde rapprochée ont peur de cette colère populaire difficile à contenir. Le palais est ébranlé par les cris de Zefzafi et ses milliers de chomeurs qui manifestent chaque soir face à l’absence de perspectives.

Le ton haineux et accusateur d’Omar Hilale sur l’Algérie n’ètonne pas, loin s’en faut. La sacro-sainte main de l’étranger, c’est à dire de l’Algérie, est agitée comme d’habitude, pour tenter d’expliquer ce regain de tension au RIF et ailleurs. Les propos de Hilale sur la prétendue démocratie et liberté de parole au Maroc prêtent à rire.

Des dizaines de brillants journalistes qui ont dénoncé la main basse du roi et sa cour sur l’économie marocaine ont été emprisonnés ou poussés à l’exil comme Ali Amar, Ali Lemrabet ou Mohamed Djemai. Des dizaines de militants sahraouis croupissent dans les prisons du royaume après de simulacres de procès dans des tribunaux militaires.

Soutenir qu’il y a la liberté et la démocratie au Maroc parait bien déplacé par rapport à la réalité  C’est vrai que M6 s’est acheté le soutien de la majorité des politiques et des médias français à coups de centaines de milliers d’euros et de Ryads à Marakech, mais les faux témoignages de ces gens ne trompent pas les gens du RIF qui vivent l’enfer.

 prétendre que le royaume de M6 est un exemple à suivre, prête vraiment à rire au sein d’une monarchie absolue où le baisemain  et les génuflexions demeurent de rigueur.  Au fait, il est où le meneur du mouvement du RIF Nasser Zefzafi ? *source: algerie1.com /  jeudi 01 juin 2017

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*Le makhzen cherche à décapiter la rébellion du Rif

*Les autorités marocaines pouvaient compter sur une trêve au Rif au moins jusqu’à la fin juillet, date à laquelle une nouvelle grande manifestation a été annoncée. Mais, une fois de plus, leurs maladresses ou leur envie d’en finir avec la rébellion ont réussi à raviver la révolte dans cette région côtière du nord du Maroc.

Utiliser la religion à des fins politiques

Cette fois, c’est le ministère des Affaires islamiques qui a jeté de l’huile sur le feu en voulant se servir des imams pour désactiver les protestations à Al-Hoceïma et dans ses environs. Cela fait partie des habitudes de son ministre, Ahmed Toufiq, d’utiliser la religion à des fin politiques non seulement au Maroc mais au-delà de ses frontières, à commencer par les deux enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, dans le nord du Maroc, où les imams sont sous sa tutelle.

Toufiq a demandé aux imams de la province d’Al-Hoceïma, tous des salariés de son ministère, de prononcer un prêche (Khotbat al Jomoua) reprochant aux jeunes révoltés de promouvoir la « fitna », la division parmi les musulmans. L’instruction donnée aux imams mit fin à une bonne semaine de trêve.

En effet, après la manifestation monstre du 18 mai, le gouvernement marocain avait donné des signes d’apaisement. Quatre jours auparavant, les partis de la majorité gouvernementale avaient cependant attisé les braises de la contestation en publiant un communiqué accusant les Rifains de « promouvoir des idées destructives qui sèment la discorde » et d’être des « séparatistes ».

Des projets pour calmer les choses

Une délégation de ministres et de directeurs d’institutions publiques s’est rendue dans la province délaissée pour annoncer des projets d’infrastructures et dans le domaine social, mais sans faire aucune concession culturelle et politique. Création à Al-Hoceïma d’une antenne de l’université de Tanger, réhabilitation des établissements scolaires, recrutement de 500 enseignants, réhabilitation et équipement du centre d’oncologie…Des promesses pour l’équivalent de près de 900 millions d’euros.

*Nasser Zefzafi, 39 ans, le leader charismatique de la révolte rifaine, était parmi les fidèles de la mosquée Mohamed VI, la plus grande d’Al-Hoceïma. Dès que l’imam a commencé à critiquer, sans le nommer, le mouvement qu’il dirige, Zefzafi se lève et lui arrache son micro. C’est lui qui prononcera alors le « prêche » accusant à son tour le « makhzen » de provoquer la « fitna ». « Est-ce que les mosquées sont faites pour Dieu ou pour le “makhzen” » ?, s’est-il indigné.

Selon le procureur, Zefzafi avait « empêché le prédicateur de poursuivre son prêche prononçant un discours provocateur, où il a insulté l’imam, et en semant des troubles qui ont porté atteinte au calme, à la quiétude et à la sacralité de ce culte, privant ainsi les fidèles de la dernière prière du vendredi du mois de Chaâbane (…) ».

Si Zefzafi avait prononcé ces mêmes mots en dehors de la mosquée, il aurait été plus difficile, pour les autorités, de lui chercher noise. Là, il leur a fourni le bon prétexte. « Quand Zefzafi se comporte comme Al Baghdadi en plein prêche du vendredi », titre, par exemple, le journal en ligne Le 360.

Arrestations et perquisitions

Dans sa cachette, que la police cherche activement, Zefzafi a enregistré une vidéo. Il déclare qu’il se porte bien et demande à ses partisans de « maintenir le caractère pacifique des marches ». « Nous avons vaincu, et nous avons vu la peur dans leur visage », conclut-il en faisant allusion au « makhzen ».

Les jeunes d’Al-Hoceïma n’ont pas suivi ses conseils. À coups de pierre et de bâtons, ils s’en sont pris à la police, vendredi après-midi, l’obligeant parfois à battre en retraite et blessant gravement trois agents, selon un bilan officiel. Les forces de l’ordre n’y sont pas allées de main morte. Samedi matin, elles avaient déjà arrêté une bonne vingtaine de meneurs et perquisitionné brutalement bon nombre de domiciles à commencer par celui de Zefzafi.

Le pouvoir semble avoir désormais choisi la répression tous azimuts. La preuve c’est le nouveau communiqué du procureur dans lequel il affirme : « Les premiers éléments de l’enquête ont révélé que les personnes impliquées (…) ont bénéficié de transferts d’argent depuis l’étranger ainsi que d’un appui logistique pour mener des campagnes portant atteinte à l’unité du royaume et ses institutions ainsi qu’aux symboles de l’État (…) ». Or, l’État ne négocie pas avec les traîtres.

L’Algérie pointée du doigt

Le texte ne nomme pas l’Algérie mais c’est bien elle que le procureur semble avoir en tête. Il reprend ainsi, sans en apporter la moindre preuve, les dénonciations colportées par une poignée de journaux marocains et surtout par quelques internautes, proches du pouvoir, sur les réseaux sociaux.

Le Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas) a été l’un des plus actifs sur Twitter, écrivant notamment : « Les services secrets algériens ne réussiront jamais à #AlHoceima ce qu’ils n’ont pas réussi au #SaharaOccidental ».

Les fins limiers qui parsèment les réseaux de calomnies ont même déniché qui est le chef de ces services pour le Maroc : le journaliste espagnol José Luis Navazo, marié à une marocaine, et qui depuis Tétouan écrit sur le pays où il réside pour un certain nombre de publications espagnoles. À en croire ces affirmations, les héritiers du DRS algérien ont été tellement habiles qu’ils ont placé un espagnol à la tête de leur antenne au Maroc !

La preuve des liens de Navazo avec les rebelles rifains ? Des photos le montrant en compagnie de Zefzafi non pas dans une rue étroite et sombre, mais quand, comme tant d’autres journalistes espagnols, assis à ses côtés dans le salon où il l’a interviewé.

*Par: Ignacio Cembrero / 27 mai 2017

*Le journaliste espagnol José Luis Navazo avec Nasser Zefzafi

photo

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*.huffpostmaghreb / 18 mai 2017

Les protestataires affluent à Al Hoceima de toute la région du Rif, les commerces sont fermés et sur les rideaux baissés, des affiches: « Nous sommes des Rifains, pas des séparatistes ». Des barrages de police se mettent en place.

Les premières constations faites sur place par des journalistes décrivent le début de la grève générale qui sera suivie, après la prière d’Al Asr, d’une marche. Une manifestation qui arrive en réponse à l’appel lancé hier par le « mouvement populaire du Rif ». Objectif: dénoncer les déclarations de la majorité gouvernementale qualifiées de « provocatrices ».

Ambiance détendue

« L’ambiance est détendue, malgré le déploiement massif des forces de l’ordre », affirme Mourtadi Aamarchane, membre du mouvement. Selon ce dernier, les manifestants ne cherchent pas la confrontation, mais à prouver leur citoyenneté. « Les protestataires comptent brandir le drapeau national. Ils sont attachés aux constantes nationales », précise-t-il.

Le vice-président de la section AMDH-Al Hoceima, Ali Benmeziane, se montre moins optimiste. « Les gendarmes, qui représentent une institution quasi-militaire, sont présents en force. Des tentes ont été installées partout dans la ville, mais nous ne savons pas si ces éléments sont là pour encadrer la manifestation ou pour la réprimer », se demande-t-il. Selon ce dernier, des rumeurs circulent aussi sur une éventuelle visite inopinée du roi, ce qui pourrait expliquer la mobilisation de ces troupes.

A l’origine

A l’origine de cette manifestation, les déclarations des partis de la majorité à l’encontre du mouvement de protestation rifain. Les chefs des six formations politiques avaient dénoncé, après leur réunion avec le ministre de l’Intérieur, tenue dimanche dernier, une « instrumentalisation » des manifestations par des « parties étrangères ». Ils ont également accusé le mouvement d’exprimer des revendications à « caractère séparatiste ».

Ces déclarations ont suscité la colère du mouvement et poussé les sections régionales du PJD et de l’USFP à se désolidariser de leurs directions respectives. Les représentations de ces deux partis ont rejeté en bloc les accusations de la majorité, tout en appelant le ministre de l’Intérieur à prouver l’existence « d’attitudes séparatistes » et à préciser quelles « parties étrangères » seraient derrière ce mouvement social. La Jamaa « Al Adl Wal Ihsane », qui soutient également les protestataires, a appelé le gouvernement, dans un communiqué publié hier, à présenter ses excuses à la population locale.

Des associations, comme l’AMDH, ont également acculé la majorité au pied du mur. L’ONG l’accuse de vouloir se substituer à la justice.

*source: .huffpostmaghreb / 18 mai 2017

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* Nasser Zefzafi arrêté 

Nuit debout dans plusieurs villes marocaines

* des sit-in ont eu lieu à Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech, Nador, Al Hoceima et M’diq.

Le leader du mouvement de protestation rifain, Nasser Zefzafi, a été arrêté ce lundi 29 mai 2017, par la police marocaine, rapporte Telquel citant le ministère marocain de l’Intérieur. « Zefzafi a été arrêté », a annoncé quelque temps auparavant une source marocaine à l’AFP.

Officiellement, le leader de la contestation populaire qui secoure le Rif depuis plus de six mois est accusé d’avoir interrompu un prêche dans une mosquée d’Al Hoceima. Mais son arrestation est surtout une confirmation du choix de la méthode forte pour mettre fin à la contestation populaire.

L’arrestation de Zefzafi intervient alors que des rassemblements nocturnes ont été organisés, dimanche 28 mai, dans plusieurs villes marocaines en solidarité avec le mouvement du Rif.  Selon Telquel, des sit-in ont eu lieu à Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech, Nador, Al Hoceima et M’diq.

À Casablanca, capitale économique et plus grande ville du royaume, une centaine de personnes se sont réunies à la place des Nations unies pour réclamer la libération des militants arrêtés à Al Hoceima, d’après le même média.

À Al Hoceima, épicentre de la protestation rifaine, les manifestants sont sortis pour la première fois sans le leader du mouvement, Nasser Zefzafi, pour demander la libération des personnes inculpées depuis vendredi dernier. Ils ont également assuré de maintenir leur mouvement tant que leurs revendications ne sont pas satisfaites.

La solidarité avec le mouvement de protestation rifain a dépassé les frontières du royaume. Hier dimanche, des dizaines de ressortissants marocains se sont rassemblés à Paris, à l’appel du « Comité de soutien au mouvement rifain Île de France », pour réclamer la libération de tous les détenus, selonYabiladi.

Avant Paris, c’était la capitale néerlandaise, La Haye, où des solidaires du mouvement rifain ont manifesté.

Depuis vendredi 26 mai, une situation de haute tension, marquée parfois par des heurts avec les forces de l’ordre, règne dans la région du Rif après l’arrestation de plusieurs activistes.*tsa-algerie / Par: Nacereddine Benkharef  : 29 mai 2017

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*Le makhzen opte pour la répression

*Plusieurs arrestations au sein du «Hirak Rif

Après la forte mobilisation qui a caractérisé le dernier rassemblement populaire organisé dans la ville d’Al-Hoceima, le 18 mai dernier, et le calme relatif qui a suivi cette belle démonstration de force du mouvement «Hirak» du Rif, la tension est brutalement montée d’un cran dans toute la province d’Al-Hoceima et dans le Rif marocain en ce premier jour du mois sacré du Ramadhan.

La raison en est que dans la nuit de vendredi à samedi, et durant les premières heures de la matinée, les services de sécurité marocains ont procédé à une trentaine d’arrestations au sein du «Hirak Rif», ce mouvement qui chapeaute la contestation rifaine depuis octobre 2016, suite à la mort du poissonnier Mohcine Fikri, écrasé dans une benne à ordures alors qu’il tentait de récupérer une partie de la marchandise que la police venait de lui saisir avant de la jeter dans un bac à ordures.

Plusieurs animateurs du «Hirak», tels que l’ancien détenu politique, Mohamed Djelloul, ainsi que des activistes connus dans les réseaux sociaux et les médias, tous originaires des localités d’Al Hoceima, de Beni Bouayache et d’Imzouren, ont été arrêtés alors qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre Nasser Zefzafi, la figure de proue du mouvement accusé d’avoir interrompu le prêche de l’imam. Les accusations retenues par le procureur du Roi sont lourdes : «Atteintes à la sûreté de l’Etat» et «d’outrage et haine des symboles du royaume lors des rassemblements publics».

Le communiqué évoque également une enquête du Bureau national de la police judiciaire (BNPJ) où il est question de «réception de fonds de l’étranger» et «soutiens logistiques aux fins de propagande contre l’unité et l’intégrité du royaume».
La gravité des accusations a surpris plus d’un étant donné que tout le monde s’est attelé, depuis le début, à louer le caractère pacifique d’un mouvement qui a tout fait pour éviter les dérapages, mais il est possible que le pouvoir marocain ait décidé de sévir pour éviter une possible contagion d’autres régions avec des revendications sociales aussi légitimes que celles du Rif.

Selon plusieurs proches du mouvement que nous avons approchés, il n’y a jusqu’à présent aucune trace des personnes arrêtées, étant donné que les parents et les familles qui se sont présentés devant les commissariats n’ont reçu aucune réponse à leurs interrogations et ne savent toujours pas où sont détenus leurs enfants.

L’étincelle à l’origine de cette brusque montée de tension est partie de la mosquée Mohamed V d’Al Hoceima où Nasser Zefzafi était allé accomplir la prière du vendredi. Lors du traditionnel prêche, l’imam s’est attaqué frontalement au «Hirak». Présent parmi les fidèles, Zefzafi n’a pu s’empêcher de dénoncer les propos du «fkih», répliquant avec virulence qu’il ne devait pas tenir de propos politiques dans une mosquée.

Relayée à travers les réseaux sociaux, la scène qui avait été filmée avec des téléphones portables, a tôt fait d’enflammer la blogosphère marocaine. A la fin de la prière du vendredi, la police a bien tenté d’arrêter en son domicile le leader rifain, mais la mobilisation populaire a fait capoter cette mission. Il s’en est suivi des heurts et des escarmouches entre policiers et manifestants et des nouvelles plus ou moins alarmistes durant toute la soirée.

Quant à Nasser Zefzafi, selon des proches à lui que nous avons contactés, il aurait pris la décision de quitter Al Hoceima pour se mettre en lieu sûr. Habitué des réseaux sociaux sur lesquels il est omniprésent, Zefzafi a transmis aux Rifains un dernier message : «Si vous avez de l’estime pour moi, je vous conjure de veiller à sauvegarder le caractère pacifique de notre mouvement. Je n’ai peur ni de la mort ni de l’arrestation, car je ne suis ni un voleur de deniers publics ni un pillard des ressources du pays ou de l’argent des pauvres ni même quelqu’un qui fait de fausses promesses», leur a-t-il dit.  

Plusieurs de ses camarades lui ont publiquement conseillé de se rendre à la police étant donné qu’il n’a rien à se reprocher, mais Nasser Zefzafi n’a toujours pas donné signe de vie à l’heure où nous écrivons ses lignes. En fin d’après midi de ce samedi, la ville d’Al Hoceima ainsi que toutes les localités du Rif baignaient dans le calme et la torpeur, comme assommées autant par le Ramadhan que par les mauvaises nouvelles qui annoncent des jours on ne peut plus difficiles. **Djamel Alilat / el watan / dimanche 28 mai 2017

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Marche à El Houceima, Maroc (Archive)

**La situation va de mal en pis à El Hoceïma, dans la province du Rif, au nord du Maroc. La population dénonce, depuis cinq mois la corruption, la gabegie, la marginalisation et une répression militaire violente pour faire avorter «Harak», un mouvement de protestation déterminé à aboutir à l’émancipation du Rif. 

La situation connaît un niveau de pourrissement très avancé dans le Rif marocain. Les partisans de Nasser Zefzafi, chef de fil du mouvement de protestation, ont investi le terrain depuis plusieurs mois pour dénoncer les dérives de la monarchie. Pacifiques, ces derniers ont promis une manifestation grandiose pour le 20 juillet prochain, une manifestation, disent-ils, qui va faire trembler le royaume.

Les autorités marocaines sont désemparées. La situation semble échapper à leur contrôle. Malgré un déploiement massif de l’armée et des services de renseignement, les protestataires n’en démordent pas et comptent aller jusqu’au bout.

Pas plus loin qu’hier, les services de sécurité marocains ont tenté d’arrêter Zefzafi. Ce dernier a fait une incursion à l’intérieur d’une mosquée ou il a interrompu le prêche du vendredi pour dénoncer le discours de l’imam accusé d’être à la solde du Makhzen. Suite à quoi, le procureur du roi a lancé un mandat d’arrêt contre lui pour «troubles occasionnés dans une mosquée ayant gravement nui à la liberté de culte et au bon déroulement de la prière du vendredi».  Le mouvement de protestation s’est radicalisé suite à cette manœuvre du gouvernement, tournant pour la première fois, à la confrontation directe entre protestataires et forces de l’ordre.

Dans le Rif, la protestation est devenue quasi quotidienne depuis la mort, fin octobre 2016, d’un vendeur de poisson broyé par une benne à ordures. Le mouvement de protestation qui revêtait, au début, un caractère socio-économique tend peu à peu à devenir politique. Après s’être attaqués aux départements ministériels ayant échoué à réaliser des projets de développement, la fronde vise désormais le Makhzen et à sa politique de répression.

Incapable de stopper cette dynamique de protestation, le gouvernement marocain entre dans une cacophonie généralisée. Réuni le 18 mai dernier, le Conseil de gouvernement a fait le point sur les événements d’El Hoceïma, suite à la visite effectuée par des ministres dans la région. Mustapha El Khalfi, porte-parole du gouvernement, a insisté sur «la normalité de la situation». Pour lui, «les réunions autour de l’état d’avancement des projets s’inscrivent dans le suivi de ces chantiers lancés durant les dernières années». Le responsable a aussi accusé des parties, sans les nommer, «d’instrumentaliser la bonne foi des citoyens en faisant la promotion de thèses erronées, comme c’est le cas de ceux qui évoquent une militarisation de cette zone . Le porte-parole du gouvernement marocain a également usé de menaces à l’encontre des leaders du mouvement «Harak».

Une tentative d’apaisement vaine car le gouvernement a perdu toute crédibilité aux yeux des protestataires. L’ancien président de l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH), Mohamed Nachnach, est, pour sa part, entré en scène pour tenter de sauver la situation. Il est chargé d’établir le contact avec les meneurs du mouvement «Harak», afin d’asseoir un dialogue avec les autorités. Un plan compromis par le mandat d’arrêt émis contre Nasser Zefzafi.  Le Maroc se dirige d’un pas ferme vers un avenir incertain. Son unité territoriale est menacée? **Massi M. / algerie-focus./ samedi 27 mai 2017

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*une grève générale et à une marche « monstre » au Rif marocain

*Nouvel épisode dans le bras de fer qui oppose les Rifains de la ville d’El Houceima (nord du Maroc), au gouvernement marocain.

Le Rif est vent debout contre le Makhzen. Une grève générale et une marche paralyseront, sauf changement de dernière minute, la ville marocaine d’Al Hoceima aujourd’hui jeudi 18 mai.

Depuis six mois, et après le décès du vendeur de poissons, Mohcine Fkiri, mort broyé par une benne à ordures, les Rifains demandent que justice soit rendue, et étendent leur mouvement de protestation à des revendications socio-économiques.

Le porte-drapeau du mouvement, un certain Nasser Zefzafi, appelle à une manifestation pacifique monstre, « afin de réitérer les revendications légitimes des Rifains », explique le contestataire dans une vidéo publiée sur sa page Facebook.

Le Rifain de 39 ans et figure médiatique du Hirak, dénonce une campagne gouvernementale de dénigrement qui veut les faire passer pour des séparatistes. « Nous ne sommes pas des séparatistes, nous ne voulons que notre dignité, des écoles, des universités. Le gouvernement veut nous faire passer pour ce que nous ne sommes pas », insistait-il. Puis il explique que l’armée marocaine devrait s’occuper du front du Polisario au lieu de s’attaquer à sa propre population.

« Les militaires sont arrivés avec un véritable arsenal de guerre. Nous sommes des pacifistes. Depuis six mois, nous l’avons prouvé. L’armée royale devrait s’attaquer au front du Polisario qui n’arrête pas de nous insulter », s’indigne le jeune dans un langage truffé de lexique islamique, hadiths et versets coraniques.

Demain, promet le jeune homme, « nous marcherons pour notre dignité. Nous serons un million. J’appelle les hommes, les femmes et les enfants du Rif, à faire preuve de détermination et de civisme pour la marche du 18 mai « , conclut Nasser Zafzafi, que qualifie le journal Le Monde d’ »insurgé du rif marocain ».*.lematindz./ 18 mai 2017

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Le Rif et les changements politiques internationaux dans l’espace euro-méditerranéenne

L’espace euro-méditerranéenne connaît actuellement quelques changements politiques au niveau des pays du sud après la révolte des peuples du sud depuis 2011 contre les régimes totalitaires. Ces changements touchent la scène politique (conduit à la démocratie) et sociales (conflits entre les islamistes et les sécularistes). Ces conflits deviennent une titre des grands changements au niveau de la carte politiques des pays du sud de la méditerrané, surtout après l’échoué de plusieurs systèmes de gouvernances dans la gestion politique et économique dans cette zone (tyranniques, totalitaires et islamistes).

Les changements politiques au niveau de la carte politique est une obligatoire pour libérer les peuples qui vivent sous la dictature des systèmes totalitaires, surtout que les peuples de cette zone appellent a l’autodétermination dans la sombre de la légitimité internationale (droit international). Les changements qui auront une continuation des changements politiques qu’a connus l’espace euro-méditerranéenne après la deuxième guerre mondiale, de l’indépendance des pays africains du nord et subsahariens dans les années 50-60 à l’effondrement du bloc de l’est, des évolutions démocratiques d’états sud européens (naufrage du régime des colonels en Grèce en 1973, révolution des œillets au Portugal en 1974, chute du franquisme en Espagne en 1977) aux évènements qui touchent aujourd’hui le nord du continent africain, de la Tunisie à l’Egypte.

Le Rif et la stratégie politique euro-méditerranéenne :

Quand nous parlons sur le Rif, nous parlerons sur une zone très stratégique au sud de la méditerrané. Une jonction entre l’orient et l’occident, et n’est plus depuis la fin de l’ère bipolaire une zone de confrontation entre les forces aéronavales de l’Ouest et de l’Est et elle a donc cessé d’être un espace militarisé. Par contre, elle n’est pas devenue une zone de stabilité et de paix et elle demeure affectée par de nombreuses crises souvent très graves et qui développent une tension dangereuse. Elle devienne une zone de transit des immigrants de subsaharienne qui veulent obtenir le rêve européenne. Alors la paix dans cette zone, qui est l’une des zones du sud de la méditerrané très proche de l’Europe signifie la paix des pays européennes et l’équilibre sociale des sociétés du nord de méditerranés.

Malgré son importance dans les équilibres sociopolitiques dans l’espace euro-méditerranéen, et malgré son richesse au niveau des ressources naturelles et humaines, cette zone reste parmi les zones plus ignoré par l’Etat marocain et aussi par la politique euro-méditerranéenne en général, malgré que cette dernière annoncé le soutien des zones du sud de méditerrané au niveau sociale et politique, surtout après la charte de Barcelone de 1995.

Cette zone est plus connu a travers les révolutions de ces habitants en plusieurs époque historique, comme celles de 1921 avec la commence de la guerre contre le protectorat espagnol et la création de la république Rifaine par le chef de guerre, le politicien, le penseur Mohamed Abdelkarim El Khattabi. Aussi celles de 1958/1959 qui était une révolution contre le régime marocain qui devient depuis 1956 le régime autoritaire sur le Rif. Aussi les révoltes des peuples de cette zone contre la marginalisation et l’ignorance qui vivre les habitants de cette zone sous le pouvoir central de Rabat. Les révoltes qui donnent des résultats plus tragédies à la raison de l’intervention militaire de l’Etat marocain contre les voix qui réclament des revendications plus que légitimes a travers des manifestations pacifiques, comme celles de 1984, 2005, 2011… et le qui passe actuellement contre les membres de l’association des chômeurs diplômes.

Cette zone qui était déjà une république dans une époque historique, elle besoin de construire son propre système de gouvernance dans le cadre du droit international, pour sortie de la situation catastrophique qui la vit sous le régime dictature de la monarchie marocaine, alors elle est besoin d’un soutien des pays du nord pour obtenir cet objet politique pour participer finalement dans le maintien de la paix et les équilibres sociopolitiques dans l’espace euro-méditerranéen.

*Le Rif et l’application du droit d’autodétermination :

Le peuple Rifain aujourd’hui est plus convaincu que la seule solution pour la sortie de la situation catastrophique, qui la vit sous le régime de l’Etat central du Mekhzen marocain, c’est l’autodétermination surtout que l’Etat central n’a pas réussi dans la gestion politique, sociale, économique …etc. dans cette zone qui était une république indépendante entre 1921 et 1927 sous le pouvoir de Mohamed Abdelkarim Al Khattabi.

Après avoir éliminé la république Rifain par les forces de la colonisation française, espagnole et marocaine, le Rif devienne une partie sous le protectorat espagnol et français jusqu’à 1956. La date de transformation, où bien, la date du changement des rôles politiques entre les autorités françaises et les fils du mouvement nationale dans la convention d’Aix-les-Bains. Le Rif devienne autre foie une partie sous le régime de la monarchie Alaouite (le Mekhzen) marocain jusqu’à maintenant.

Durant cette période, les autorités marocaines commettaient des grands crimes contre le peuple Rifain (par exemple en 1958 / 1959, 1984, 2011….etc.). Aussi cette Etat empêche le peuple Rifain de vit ses droits sociales et économiques (les obligations de la vie) comme le droit de la couverture de santé, le droit de travail, le droit au logement, le droit d’expression… etc. plus que tous ça, l’Etat marocain exerce un grand racisme contre le peuple Rifain lorsque il l’empêche de parler son langue natale « Tamazight » dans tous les administrations et les fondations publique et semi publique !

C’est pour cela, plusieurs compositions de la société civile Rifaine appellent à l’autodétermination comme la seule solution pour la sortie de cette situation qui est vraiment catastrophique. L’appel à l’autodétermination du Rif base sur la légitimité internationale des droits de l’homme, surtout que le droit d’autodétermination conformément à la doctrine et à la jurisprudence internationales, et à travers la pratique diplomatique, est généralement lié à la Résolution 1514 -intitulée « Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux »- adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 14 décembre 1960.

C’est-à-dire la société civile Rifaine ne sort pas de la légitimité internationale quand elle demande l’autodétermination, qui est un principe de droit international. Il établit qu’un peuple doit avoir le droit de déterminer sa propre forme de gouvernement, indépendamment de toute influence étrangère.

D’une autre coté, le peuple Rifain est une victime des autorités marocaines au niveau des plusieurs domaines comme nous affirmons déjà dans le début de cette article. Alors il est besoin d’autodéterminer, dans le cadre de la légitimité internationale toujours, surtout que le principe stipule que tout peuple lorsqu’il est victime d’un oppresseur au droit de se défendre. Il est défini dans l’article premier du Pacte sur les droits civils et politiques du 16 décembre 1966 : « tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel. »

Malgré tous les articles des droit international qui donnent au peuple le droit d’autodéterminer, et malgré que ce droit est un principe principal des droits de l’homme internationales. Aussi malgré que le Rif était une république indépendante dans une époque historique (1921 / 1927), le régime marocain continue d’empêcher les Rifains d’expriment ce droit. Joue sur une dualité entre le discours et la pratique, et conduit une guerre médiatique sur toutes les voix qui réclament les droits de l’homme, surtout le droit d’autodétermination.

En résumé le peuple Rifain ne réclame pas plus de son droit d’autodéterminer qui est un droit plus que légitime pour lui. Ce droit qui est la seul solution des grands problèmes au niveau de plusieurs domaines dans le Rif actuel qui vit sous le régime de l’Etat central marocain.

**source: par Fikri El Azrak (son site) 

mercredi 29 mai 2013 / agoravox.fr

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Maroc : les retraités de la CNSS entre l’enclume de l’insécurité sociale et le marteau des pensions de misère

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Ceux qui se demandent encore pourquoi les jeunes diplômés marocains veulent absolument travailler dans le public doivent savoir que le système de retraite dans la fonction publique et assimilé est très nettement plus avantageux que dans le privé où près de 90 % des salariés ne bénéficient pas d’une pension complémentaire type caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) et sont donc dépendant uniquement des pensions misérables servies par La caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).

Le montant de leur pension corresponde ra à 50% du salaire mensuel moyen soumis à cotisation pour 3240 jours de cotisation.

Justice bien rendue au lance pierre : pour les salariés stakhanovistes qui ont cotisé plus de 3240 jours le montant de leur pension n’est augmenté que de 1% pour chaque période d’assurance de 216 jours accomplie en plus des 3240 jours, sans toutefois, dépasser 70% du montant de la moyenne brute.

Pire : Actuellement, le plafond CNSS ne représente que 2,3 fois le Salaire minimum garantie (SMIG). Et pour atteindre ce plafond de verre il faut que le salarié ait cumulé 3240 jours de cotisation avec un salaire brut déclaré supérieur où égal à 6000 dirhams par mois ! Pire encore : si le salarié voit son salaire baisser au cours des dernières huit d’années prises en compte pour le calcul de la pension il est superbement fichu ; car le montant de la pension servi à 60 ans est calculé sur la base de la moyenne des salaires déclarés sur 8 ans ; autrement dit le malheureux employé qui a commencé avec plus de 6000 dirhams déclarés et termine ses deux ou trois dernières années avec 4000 dirhams ou 3000 dirhams voire moins sa pension sera très en deçà des 2,3 fois le SMIG. Faites le calcul.

Une pension de misère brute qu’elle faudra délester de la cotisation Assurance maladie obligatoire (AMO), de la cotisation CNSS et de l’Impôt sur le revenu (IGR) si son montant brut est supérieur à 3500 dirhams par mois, soit un salaire imposable au dessus de 2500 dirhams mensuel. Exemple le montant d’une pension brute de 3000 dirhams par mois ne sera plus que de 2797 net (255 euros) après avoir retranché 68 dirhams au titre de la cotisation AMO et 135 dirhams de cotisation CNSS. Si donc la valeur de la pension brute est supérieure à 3500 dirhams il faudra en plus des cotisations CNSS et AMO retenir l’impôt sur le revenu (IR) !! Re-exemple : si un quidam termine sa carrière avec un brut de 3500 dirhams, ile ne touchera que 3257 dirhams de retraite pas mois. Après avoir déduit 157 dirhams de cotisation CNSS, 79 dirhams pour l’AMO et 6,50 dirhams au titre de l’IR. Très pire encore : en Tunisie la limite fixée par le régime légal pour le calcul des prestations de retraite est égal à 6 fois le SMIG ! Et on se moque des Tunisiens qui sont très rares à venir travailler au Maroc !

Trop pire encore : en 1980 le plafond légal de calcul de la pension CNSS au Maroc était de 10,3 fois le SMIG. Sans oublier que ça fait bientôt 8 ans que l’on nous dit que le salaire plafond pour les cotisations CNSS passera de 6 000 à 8 000 dirhams sans que cette promesse ne soit tenue le jour ni sous l’ancien premier ministre Abdelilah Benkirane ni sous son prédécesseur Abbas El Fassi !

Tout semble comme si les pouvoirs publics espèrent que le salarié clamse avant ses 60 ans… Et Benkirane & Co qui ose nous parler d’un Maroc qui progresse

*source:  agoravox.fr / lundi 22 mai 2017

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Droits humains dans les pays du Maghreb….La Coordination maghrébine des organisations des droits humains (CMODH) a fait le point sur la réalité des droits humains dans les pays du Maghreb.  » Printemps arabe » oblige, les organisateurs ont choisi la Tunisie pour y débattre mais aussi pour y rencontrer tous ceux qui font bouger la Tunisie post-Ben Ali. C’est du moins ce qui ressort du communiqué ‘ dont Liberté a été destinataire d’une copie ‘, rédigé à l’issue de cette tournée maghrébine, effectuée les 10 et 11 juillet 2012. La délégation représentant la CMODH, a, lors de la rencontre qu’elle a eue avec la société civile tunisienne, les missions diplomatiques maghrébines (Algérie, Maroc) et étrangères (France, Italie), les personnalités politiques tunisiennes et de la presse locale, dressé un état des lieux sur les droits de l’Homme dans la région et a présenté les structures de la coordination, ses objectifs et sa stratégie pour l’avenir. Lors d’une rencontre avec le président de la République tunisienne, Mohamed Moncef El-Marzouki, l’accent a été mis sur la nécessité de nouer des relations entre la coordination et la composante de la société civile à l’échelle maghrébine. Reçus en outre par Samir Dilou, ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle et Nourredine Bhiri, ministre de la Justice, les membres de la délégation ont eu à s’informer sur les difficultés qui caractérisent la période de transition et le processus de démocratisation après la révolution du 14 Janvier. Les deux ministres, pour leur part, ont insisté sur la nécessité d’ouvrir un dialogue avec la société civile sur les questions relatives à la période de transition et particulièrement la justice transitionnelle. En outre, la délégation de la CMODH s’est entretenue avec Abdel Basset Ben Hassen, président de l’Institut arabe des droits de l’Homme, qui a eu à s’informer sur la mission de la coordination et qui a estimé que l’institut est prêt à collaborer avec cette coordination sur les questions d’intérêt commun. À rappeler que cette coordination, constituée de 24 organisations des droits de l’Homme du Maghreb, a été fondée au Maroc en 2006. (Liberté-30.07.2012.)

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*Classement des Etats défaillants: toujours les mêmes

L’indice 2015 des Etats défaillants.   trans trans trans

L’indice classe les Etats sur la base de critères sociaux (pauvreté, pression démographique…) et politiques (légitimité de l’Etat, respect des droits de l’Homme …). L’Algérie a occupé le 67e rang dans ce classement qui comprend 178 Etats dans le monde.

L’Algérie est classée dans la « catégorie jaune » des Etats qui ont mérité un avertissement dans l’indice 2015 des Etats défaillants, établi par le Fonds pour la paix (FFP).

L’Etat algérien a occupé le 67e rang dans ce classement qui comprend 178 Etats dans le monde. La Finlande a occupé le 178e et dernier rang alors que la première place, en terme de défaillance, est accordée au Sud Soudan, suivi de la Somalie et de l’Afrique centrale.  

L’indice, établi depuis plus de 10 ans, classe les Etats sur la base de critères sociaux à l’exemple de la pauvreté, inégalités dans le développement, la pression démographique ou la fuite des cerveaux et. Le classement prend en compte également des critères politiques en rapport avec la légitimité de l’Etat, le respect des droits de l’Homme, la sécurité et l’intervention étrangère dans les affaires internes de l’Etat.

Dans la région Maghreb, le Maroc occupe la 89e place devant la Tunisie 86e, selon cette étude. La Libye, théâtre d’une guerre civile depuis 2011, a été classée 25e, dans la catégorie « orange » des Etats en « alerte ». L’indice des Etats défaillants a pour objectifs de promouvoir « une plus grande stabilité dans le monde  et encourager le débat pour la sécurité durable », selon l’ONG Fund for peace.*El Watan-lundi 22 juin 2015

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Un parti marocain se démarque du makhzen vis-à-vis de l’Algérie

Le parti socialiste unifié (PSU) marocain vient de dénoncer le soutien de la diplomatie du royaume apporté au Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) en Algérie.

La décision du PSU de dénoncer les agissements du makhzen en faveur du MAK, dans son entreprise séparatiste, a été prise à l’issue de la dernière réunion du bureau politique du parti tenue cette semaine.

Pour le parti de la gauche marocaine, les relations entre le Maroc et l’Algérie doivent aspirer à la volonté des deux peuples de renforcer leurs relations tout en appelant à ouvrir une nouvelle page dans ses mêmes relations.

Le PSU a réaffirmé son attachement aux principes de l’unité des peuples et de bon voisinage  tout en préconisant le règlement de tous les questions et des problématiques par la démocratie et le dialogue.*Par Lila Ghali | 11/12/2015 | algerie1.com/

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*Le nouveau visage de l’islamisme

*Convaincre qu’ils ne sont pas les ennemis de la démocratie

Le premier souci des islamistes aujourd’hui : c ‘est convaincre qu’ils ne sont pas les ennemis de la démocratie, qu’ils sont capables de partager le pouvoir et que les opinions nationales et internationales n’ont pas à s’alarmer de les voir truster des élections dans le sillage des révoltes dans le Monde arabe.

C’est ce que s’est employé à faire Rached Ghannouchi à la suite de la victoire du mouvement Ennahda en Tunisie. Sur ses traces, les leaders du PJD marocain, parti qui vient d’avoir la majorité relative au Parlement, rassurent l’Occident qu’il n’a pas d’inquiétude à se faire sur le respect des libertés.

Les Frères musulmans d’Egypte, que les pronostics donnent comme évidents vainqueurs des élections, se feront sans doute un devoir de ne pas briser cet élan visant à tranquilliser sur l’aptitude de ces mouvements à se dissoudre dans la démocratie.
On est loin des vociférations éruptives du FIS algérien qui, bien avant l’annonce de sa victoire aux élections, promettait les tribunaux populaires aux intellectuels, l’application stricte de la charia et déclarait la démocratie kofr.

Manœuvre tactique ou réelle évolution dans la praxis politique de la mouvance islamiste ? Sûrement les deux. Les analystes pensent que ce sont d’abord les sociétés arabes elles-mêmes qui ont changé, du moins dans leur rapport avec l’islam politique. Lors des révoltes en Tunisie, en Egypte, en Syrie… les slogans des manifestations n’ont jamais porté de contenus religieux. Ce qui a fait écrire à beaucoup d’experts internationaux que l’on assistait là à des «révolutions post-islamistes», refermant avec fracas la parenthèse d’une «domination» idéologique des islamistes sur les masses. Le concept pèche cela dit par sa propension à donner du Monde arabe l’image d’une étendue géographique homogène, majoritairement acquise à l’islamisme, avant la déferlante des révoltes. Il y a également que les calamités politiques provoquées par les islamistes dans les années 1990 et début des années 2000 qui sont passées par là.
Post-islamisme et contre-révolution

 La dantesque expérience algérienne avec le FIS, puis les attentats du 11 septembre 2001 sous la bannière d’Al Qaîda auraient consacré ce que Gilles Kepel, spécialiste de l’islam et du Monde arabe, appelle «une scission historique» à l’intérieur de la nébuleuse fondamentaliste. Selon lui, une partie s’est lancée dans le djihad terroriste, liguant le monde entier contre elle et se faisant traquer partout. Les autres, ayant opté pour une logique de compromis avec la démocratie, occupent désormais le devant de la scène, avec comme héraut un AKP turc qui séduit un peu partout dans le Monde arabe. Le modèle, même si l’on pense qu’il n’est pas applicable partout, peut servir néanmoins «de boîte à outils» dans laquelle peuvent puiser les islamistes arabes, selon la formule de l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Hubert Vedrine.

 La Turquie d’Erdogan, dans la néo-rhétorique de la propagande islamiste, passe donc pour le parangon de cette alchimie heureuse entre l’islam politique et la démocratie. Erdogan himself surfe sur cette vague qui le présente et son parti, l’AKP, comme les précurseurs d’une réforme décisive de la souche idéologique de l’islamisme, avec à la clé une success story économique que personne ne conteste.

 Lors de sa tournée en septembre dernier en Egypte, Tunisie et en Libye, il s’est fait le prophète triomphant de ce nouvel ordre islamiste, si sûr de lui qu’il ne craint pas d’évoluer à l’ombre de la laïcité. Ce discours est-il à ranger dans le registre de la rhétorique lénifiante si chère au courant islamiste ? Sans doute trop tôt pour le savoir, mais ce qui paraît certain est que le chœur patelin qu’exécutent présentement les leaders de la mouvance dans les pays arabes laisse clairement penser que, sur le plan tactique à tout le moins, des réglages ont été effectués pour faire passer la vague verte sans trop d’hostilité.

 Les islamistes ne peuvent pas se permettre d’afficher des prétentions qui brusquent des rues arabes encore bouillonnantes de révoltes et des opinions dont l’enthousiasme a été douché par ce que d’aucuns ont appelé la contre-révolution islamiste. (El Watan-30.11.2011.)

***Un Maghreb islamique ?

Les démocraties occidentales «applaudissent» déjà

 Le revirement est spectaculaire. Après avoir longtemps joué la carte des «démocrates» arabes, des «forces progressistes», les démocraties occidentales changent leur fusil d’épaule et se montrent plus que jamais disposées à traiter, sans réserve ni complexe aucun, avec des gouvernements islamistes.

Et qu’importe que ces derniers soient composés d’éléments djihadistes – comme en Libye – ou d’islamistes «light» – comme en Tunisie et au Maroc. A Bruxelles comme à Washington, l’heure est décidément au grand écart. Les superpuissances américaine et européenne, contraintes – sous l’effet prodigieux des «révolutions arabes» ou guidées par une approche somme toute pragmatique – adaptent leur discours aux réalités changeantes d’un monde arabo-musulman tombant peu à peu dans la gouvernance islamiste. Les mouvements et partis islamistes – dont certains étaient jusque-là classés sur la black-list des organisations terroristes – sont considérés désormais comme des «partenaires» politiques à part entière et voient leurs victoires électorales prestement saluées.

Quid de la «menace» islamiste, ce «mal absolu» guettant aux portes de l’empire ? Oubliée à l’heure des petits calculs géopolitiques. Pas droit de cité à l’ère des révoltes arabes. Le ton est désormais tout autre : à l’acceptation du fait et de la victoire islamiste.
En Libye, ni les déclarations de Moustapha Abdeljali, président du Conseil de transition (CNT) sur l’application de la charia ni le poids de djihadistes au sein du Conseil de transition n’ont sonné le tocsin chez les dirigeants de l’UE et des USA, pourtant réputés défenseurs zélés de «l’idéal» démocratique. L’absence de réaction, lourde de sens, est synonyme d’approbation, de compromission même.

Au lendemain de la victoire électorale des islamistes d’Ennahda en Tunisie, la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, s’est empressée de saluer le «modèle» tunisien. Pendant des années, a-t-elle ajouté, les dictateurs ont dit à leurs peuples qu’ils devaient «accepter des autocrates pour éviter des extrémistes. Trop souvent, nous acceptions nous-mêmes ce raisonnement (…). Nous reconnaissons aujourd’hui que le véritable choix est entre la réforme et les troubles», a-t-elle déclaré. «Les Etats-Unis sont prêts, a ajouté la secrétaire d’Etat, à coopérer avec les islamistes vainqueurs» des élections tunisiennes. Mme Clinton estime que «les islamistes ne sont pas tous les mêmes» et trouve «l’idée selon laquelle des musulmans pratiquants ne peuvent s’épanouir dans une démocratie insultante, dangereuse et fausse».

Même son de cloche côté européen. En félicitant Ennahda pour sa victoire, Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, et Stefan Füle, le commissaire en charge des relations avec les pays voisins de l’UE, confirment le changement de cap de la politique étrangère de l’Union européenne sur la question de la prise du pouvoir par les islamistes : «L’UE se réjouit à la perspective de collaborer étroitement avec la nouvelle Assemblée et les autorités et institutions tunisiennes pour répondre aux aspirations des Tunisiens à la démocratie, à la liberté, à la justice sociale et à la dignité», déclarent-ils dans un communiqué conjoint. (El Watan-30.11.2011.)

***L’Occident face à l’Islamisme

 Les Occidentaux se basaient, il y a quelques mois, sur la présence d’islamistes sur leurs territoires pour qualifier certains pays de terroristes. Aujourd’hui, la donne a-t-elle changé?

Après Rached Ghannouchi en Tunisie, Abdelilah Benkirane au Maroc, Mohamed Badie, chef des Frères musulmans égyptiens, se prépare à prendre le pouvoir au Caire

Le Printemps arabe, ayant balayé certaines dictatures et menaçant d’autre, a ouvert les portes aux islamistes. L’un des aspects les plus intéressants des «Printemps arabes» reste le contexte islamiste. En Tunisie, en Libye, au Maroc et en Egypte, les islamistes bombent le torse, rassurent et se voient rassurés du côté de l’Occident. Ils ont été largement plébiscités vainqueurs des scrutins post-«révolution» en Tunisie et au Maroc et sont en pole position en Libye et en Egypte. C’est dire qu’il aura fallu, paradoxalement, que les peuples arabes se révoltent pour que le tabou (l’islamisme) soit levé et normalisé. Aux élections, ils sont sortis largement vainqueurs contre les formations démocratiques.
Pourtant, à l’exception du cas libyen, les islamistes se sont montrés, dans les pays arabes en ébullition, en marge des révoltes et à l’abri des protestations de rues. Ils ont pris le train des révoltes en marche au moment où ces dernières ont fait tomber des régimes, que l’on croyait bien établis. «Le Printemps arabe s’est produit alors que l’Occident connaissait la plus grande vague d’islamophobie de son histoire. Alors qu’on parlait de libertés en Tunisie et en Egypte, on jouait en Europe avec le fantasme de l’islamisation», a souligné Henry Laurens, spécialiste d’histoire du Monde arabe, auteur d’un ouvrage: la Question palestinienne. Cela signifie-t-il que le syndrome islamiste ne fait désormais plus peur aux Occidentaux? Ou le soutien indirect de la diplomatie occidentale aux islamistes cache-t-il des desseins inavoués? Une diplomatie qui, pour rappel, fait de la promotion de la démocratie une nouvelle arme d’ingérence dans les affaires internes de pays souverains et de l’islamisme un critère pour qualifier un Etat de voyou et/ou de terroriste. Jusqu’alors, les Américains, les Britanniques, les Français ne tenaient pas à offenser les dirigeants libyens, égyptiens, tunisiens ou marocains, qui avaient fait des islamistes leurs favoris aux postes de commande, quitte à en exagérer la menace sur la stabilité de leur pays et détourner les objectifs des révoltes de leurs peuples. C’est dire qu’une nouvelle lune du miel recommence entre les Occidentaux et les islamistes, après celle des années de la guerre froide. Face à cette contradiction apparente de messages inquiétants, et d’autre part de déclarations d’intentions plus apaisantes des islamistes, les Occidentaux voient-ils la nécessité d’aider les cadres de ce nouveau pacte: Islamistes-Occidentaux. Et pour paraphraser «les prêtés» à François Mitterrand à propos de Mikhaïl Gorbatchev dans les années 1980: «L’important n’est pas que ces nouveaux acteurs, en l’occurrence les partis religieux, soient sincères, mais que tout se passe comme s’ils étaient sincères.»

Il faut faire avec les islamistes
Depuis le début de l’été, les diplomates américains, britanniques et français au Caire, à Tunis ou ailleurs au Maghreb, n’hésitent plus à rencontrer les leaders des formations intégristes locales, forces (devenues) incontournables dans le nouveau paysage politique, hérité des dictatures renversées par les soulèvements des peuples. «Surprenez-nous, on vous surprendra», avait déclaré en avril Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères, lors d’un colloque organisé par le Quai d’Orsay à l’Institut du Monde arabe (IMA), qui réunissait des islamistes du Maghreb. Mieux encore, Alain Juppé avait même proposé, le 16 avril dernier, l’ouverture d’un large dialogue avec les courants islamistes du monde arabe qui «respectent les règles du jeu démocratique et bien sûr, le principe fondamental du refus de toute violence». Et en même temps, le chef de la diplomatie française avait appelé ses ambassadeurs à «élargir le spectre de leurs interlocuteurs aux courants islamiques ayant accepté le jeu démocratique et renoncé à la violence». Ainsi, au Caire, quelques semaines après, l’ambassadeur français Jean Félix Paganon brisait le tabou en s’entretenant avec Mohammed Morsi, le chef du parti Liberté et Justice, émanation des Frères musulmans. Aux journalistes, Jean Félix Paganon a déclaré:«On demande aux Frères musulmans comment ils voient la transition. Quels sont leurs éléments de programme et leur stratégie électorale.» En Tunisie, l’ambassadeur français, Boris Boillon, s’est lui aussi entretenu régulièrement avec Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste Ennahda, interdit du temps de Ben Ali. En Libye, encore, il y a eu des entretiens avec les intégristes activant sous la houlette de l’ancien djihadiste Abdelhakim Belhadj. Mais là, plus qu’ailleurs, les Occidentaux se sont succédé, un après l’autre, auprès des islamistes libyens. En Jordanie, une diplomate a rencontré récemment Zaki Ben Rachid, un dirigeant des Frères musulmans. Mais là «ce n’était pas une première», prévient-on à l’ambassade de France. On les rencontre régulièrement, ils font partie du paysage politique depuis bien des années. C’est dire que le pacte a était bel et bien conclu entre islamistes pressentis au pouvoir dans le Monde arabe et l’Occident. A ce sujet, William B. Quandt, ex-membre du Conseil de sécurité national américain, avait déclaré, dans les colonnes de l’Expression, que «les islamistes sont en position d’exercer visiblement le pouvoir, de se confronter au réel et aux jeux de coalition interne et externe, mais aussi il faudra à l’Occident réussir la réinvention de ses relations avec ces nouvelles classes politiques plurielles, forcément différentes des relations avec des régimes en situation de monopole, jadis incarnés par un individu érigé en interlocuteur unique». Dans cette optique de la relation avec le Monde arabe, William B. Quandt a souligné que «l’Occident a un rôle à jouer».( l’Expression-30.11.2011.)

 ***Moncef Marzouki. Nouveau président de la République tunisienne

Lorsqu’il est rentré en Tunisie après une longue absence, une marée humaine enthousiaste de ses partisans l’attendait à l’aéroport de Carthage. Une ambiance fébrile et un moment solennel lorsque l’infatigable militant des droits de l’homme et bête noire du régime déchu fit son apparition sur le tarmac. La ferveur était telle que Marzouki lui-même était surpris et ne s’attendait sans doute pas à cet accueil plus que chaleureux. Le point d’orgue sera atteint lorsqu’il fut carrément happé par la foule pour être porté comme un glorieux vainqueur de pugilat sur les épaules de ses fans.

La communion était totale. Marzouk a dû penser, en ces moments-là, aux luttes ininterrompues qu’il a menées en sa qualité de droit de l’hommiste déterminé jusqu’à l’entêtement, mais aussi aux blessures physiques et morales que lui a fait subir le régime innommable de Ben Ali. L’idée d’être à la tête de la République, au nom de laquelle il a été relégué et humilié, lui a-t-elle effleuré l’esprit en ces moments heureux ?

 Toujours est-il que quelques semaines après, le voilà investi à la magistrature suprême de son pays. Il a réalisé son rêve. Il l’a fait parce qu’il ne savait pas que c’était impossible ! Les premières paroles iront au peuple et à sa jeunesse, artisans de cette métamorphose inouïe qui balaye d’un trait les méfaits dévastateurs des «républiques monarchiques» que Marzouki désigne avec dérision les «Djomloukiate». Nationaliste, Marzouki dit qu’il est viscéralement attaché à son pays. Dans ce registre, il est assurément dans son élément. Et comme le poète, il pourrait fredonner cet air :
«Je n’aurais jamais cru qu’on se rencontrerait/ Le hasard est curieux/ Il provoque les choses/ Et le destin pressé un instant prend la pause/ Non, je n’ai rien oublié !»

 Parti en France où il exerce son métier en Alsace, Marzouki restera toujours à l’écoute de son pays, convaincu que le seul exil insupportable est d’être loin de ses convictions. Docteur en médecine de l’université de Strasbourg en 1973, ancien interne des hôpitaux et assistant à la faculté de médecine de Strasbourg, il est spécialiste en médecine interne, neurologie et santé publique. De 1981 à 2000, il est professeur en médecine communautaire à l’université de Sousse en Tunisie.

 Les droits de l’homme, une obsession

 Il débute son engagement en faveur des droits de l’homme en 1980 en entrant à la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH). En 1985, il est élu par le troisième congrès comme membre de son comité directeur, puis, en 1987, désigné au poste de vice-président chargé de l’éducation du public et de la formation des militants. En 1989, il est élu à l’unanimité comme président de la LTDH. Toutefois, le 14 juin 1992, l’organisation est dissoute suite à son opposition à une nouvelle loi sur les associations. Marzouki constitue alors en 1993 le Comité national pour la défense des prisonniers d’opinion qui est déclaré illégal.

 La LTDH est finalement légalisée à nouveau en mars 1993, mais face aux pressions diverses, Marzouki annonce, lors du congrès tenu en février 1994, sa décision de ne plus briguer aucune fonction au sein de l’organisation. Il décide de présenter sa candidature à l’élection présidentielle du 20 mars 1994, mais ne parvient pas à réunir le nombre nécessaire de signatures requises afin de participer à l’élection et sera plus tard emprisonné et interdit de passeport. De 1989 à 1997, il est également membre du comité directeur de l’organisation arabe des droits de l’homme basée au Caire et membre actif de la section tunisienne d’Amnesty International. Il est désigné président de la commission arabe des droits de l’homme entre 1996 et 2000 et porte-parole du conseil national pour les libertés en Tunisie, poste qu’il occupe du 10 décembre 1998 au 16 février 2001.

 Notre confrère Fayçal Métaoui avait rencontré Marzouki. Il nous décrit dans quelles circonstances, en dévoilant le climat de terreur qui régnait en Tunisie avant la révolution du jasmin. «En 2000, la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), dirigée par l’avocat courageux Mokhtar Trifi, était mise sous pression par la dictature de Zine Al Abidine Ben Ali. Les animateurs de cette ligue, qui ont refusé la mise au pas imposée par le régime, étaient traduits en justice. Les procès, qui étaient de véritables simulacres de justice, étaient devenus nombreux. Pour assister à l’un de ces jugements, je me suis déplacé en Tunisie en compagnie de mon collègue et ami d’El Khabar, Slimane Hamiche.

 L’avocat algérien, Boudjemaâ Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH), était aussi du voyage. Il devait plaider en faveur des responsables de la LTDH en vertu des conventions judiciaires liant les deux pays. En dépit de cela, le juge a refusé la présence au prétoire de l’avocat algérien. Cela devait susciter une controverse dans une salle d’audience remplie comme un œuf. Le lendemain, Slimane Hamiche et moi-même avions décidé de nous déplacer par train à Sousse pour rencontrer l’opposant, ex-président de la Ligue arabe des droits de l’homme, Moncef Marzouki. Dans le train, confortable et agréable, nous avons constaté que nous étions filés. Des policiers en civil étaient assis en face nous. Ils ne faisaient rien pour être discrets.

 Arrivés à Sousse, nous devions prendre un taxi vers la Marina d’El Kantaoui, à 10 km de la ville. Moncef Marzouki nous avait donné rendez-vous dans un café. ‘‘Je ne peux pas vous recevoir chez moi. Ils vont débarquer et m’accuser d’intelligence avec des puissances étrangères. Je préfère discuter avec vous dans un endroit ouvert’’, nous a-t-il expliqué.

 Un authentique opposant

 Autour d’un jus d’orange pressé, nous devions discuter et réaliser une interview pendant plus d’une heure sur la situation politique de la Tunisie. Les policiers en civil, lunettes noires et costumes gris, ne cessaient de faire le va-et-vient devant le café. ‘‘Ne faites pas attention à eux, c’est une habitude’’, prévenait l’opposant tunisien. Moncef Marzouki, qui avait fondé avec d’autres militants démocrates tunisiens le Conseil national des libertés en Tunisie (CNLT), était mis sous une étroite surveillance, lui et sa famille. Médecin, il avait été empêché d’exercer et d’enseigner à l’université. Le régime de Ben Ali pratiquait la politique de ‘‘l’appauvrissement’’ des opposants. Mais, Marzouki et ses compagnons luttaient avec courage et détermination contre cette politique en actionnant les ressorts de la solidarité.

 Après un déjeuner dans un restaurant du coin, durant lequel l’opposant nous expliquait dans le détail tous les malheurs que les agents de Ben Ali-Trabelsi (du nom de Leïla Trabelsi, seconde épouse du dictateur) faisaient endurer à l’opposition. Nous devions reprendre un taxi vers la gare ferroviaire de Sousse pour rejoindre Tunis. A ce moment, une dizaine d’hommes en civil s’étaient approchés de nous. ‘‘Suivez-nous’’, ordonnaient-ils. Nous avions refusé en demandant à ces individus de décliner leur identité. L’un d’eux nous a exhibé une carte de couleur rouge sur laquelle était écrit ‘‘Al amn el kawmi’’ (Sûreté nationale). Après présentation de nos passeports, les questions fusaient : ‘‘Comment êtes-vous entrés en Tunisie ?’’, ‘‘Qu’est-ce que vous êtes venus faire en Tunisie ?’’, ‘‘Dans quel hôtel vous logez ?’’, ‘‘Qui avez-vous rencontré ?’’, ‘‘Quand partez- vous ?’’… Après trois ou quatre coups de téléphone, les policiers changeaient d’attitude en se rendant compte de notre qualité de journalistes algériens.

 Devenus soudainement aimables, ils nous souhaitaient… ‘‘la bienvenue en Tunisie’’. A Tunis, la filature policière était devenue plus dense et plus présente… jusqu’à la salle d’embarquement de l’aéroport Tunis-Carthage… Marzouki préside depuis le 25 juillet 2001 le congrès pour la République, parti qu’il a fondé et qui n’est pas reconnu par les autorités tunisiennes avant la révolution tunisienne. Le 17 janvier 2011, Marzouki annonce sa candidature à la présidentielle et rentre de son exil le lendemain. Le 8 mars, la légalisation de son parti est annoncée.

 Lors de l’élection de l’assemblée constituante du 23 octobre 2001, premières élections libres organisées depuis l’indépendance, son parti obtient la seconde place en nombre de sièges derrière le parti islamiste Ennahdha. Lui-même est élu dans la circonscription de Nabeul. Ecrivain bilingue, il a publié seize livres en arabe et quatre en français, traitant de médecine communautaire, d’éthique médicale, des droits de l’homme et du problème de la démocratisation dans les pays arabo-musulmans, parmi lesquels figure Dictateurs en sursis. Une voie démocratique pour le monde arabe publié aux éditions de l’Ateliers à Paris en 2009. Depuis l’avènement de la révolution du jasmin, la chronique tunisoise bruisse de rumeurs où l’on décortique l’histoire avec un humour parfois féroce.

 Une autre ère s’ouvre

 Les Tunisiens ? «Ils ont d’abord été dirigés par un grand cerveau malade, puis par une petite cervelle névropathe, c’est sans doute pourquoi, dans leur grande sagesse, après des décennies de migraines, les Tunisiens ont choisi de désigner à la tête du pays un neurologue», car Marzouki, professeur de médecine, va devoir ausculter son peuple. «Le personnage, commente-t-on, est à l’image de ses lunettes immenses et carrées. Posture élancée, col ouvert sans cravate, le président Moncef, fils de Mohamed El Bedoui Marzouki, est un authentique bédouin têtu et sans concession. Noblesse qu’il n’a jamais cherché à travestir, il ne pratique pas la langue de bois. A cause des souffrances et humiliations qu’il a lui même subies, il jouit d’un grand respect de la part du peuple tunisiens».

 Il se définit comme un nationaliste progressiste qui ne mésestime pas le poids de ses racines. Il s’en expliquait il y a quelques semaines. «J’ai deux techniques pour rester positif psychologiquement. La première, c’est que je me dis que le temps géologique n’est pas le temps des civilisations, que le temps des civilisations n’est pas celui des régimes politiques, et que le temps des régimes n’est pas celui des hommes. Il faut l’accepter. Si je m’engage dans le projet de transformer la Tunisie, vieille de quinze siècles, je ne vais pas la transformer en vingt ans. Je dois donc accepter les échéances de long terme. Et à partir de là, je ne me décourage pas.» «Et l’autre technique vient du fait que je suis un homme du Sud. Je viens du désert et j’ai vu mon grand-père semer dans le désert. Je ne sais pas si vous savez ce que c’est que de semer dans le désert. C’est semer sur une terre aride et ensuite vous attendez. Et si la pluie tombe, vous faites la récolte. Je ne sais pas si vous avez déjà vu le désert après la pluie, c’est comme la Bretagne !

 Un jour, vous marchez sur une terre complètement brûlée, ensuite il pleut à peine, et ce qui s’en suit, vous vous demandez comment cela a pu se produire : vous avez des fleurs, de la verdure… tout simplement parce que les graines étaient déjà là… Cette image m’a vraiment marqué quand j’étais enfant. Et, par conséquent, il faut semer ! Même dans le désert, il faut semer !» Il y a quelques jours, Marzouki affirmait que les relations algéro-tunisiennes «seront bien meilleures sous la deuxième République. Les Algériens seront considérés comme leurs frères tunisiens. Fini les vexations et le comportement inadmissible des sbires de l’ancien régime.»

 Et d’énumérer les problèmes en suspens entre les deux pays : «Je suis prêt avec la nouvelle équipe à aplanir tous les problèmes créés par Ben Ali et consorts, notamment au plan humanitaire. On sait que bon nombre de prisonniers algériens sont détenus dans les geôles tunisiennes depuis des années, souvent sans procès. Nous veillerons à étudier cette question le plus rapidement possible, de même que solliciterons un dispositif judiciaire afin de mettre à plat toutes les questions bilatérales liées aux familles, à la résidence, à l’héritage, au foncier…» (El Watan-01.12.2011.)

 htahri@elwatan.com

Bio express :

Né le 7 juillet 1945 à Grombalia en Tunisie, Moncef Marzouki fait ses études secondaires en Tunisie et au Maroc. Lauréat du Concours général en arabe, il bénéficie d’une bourse universitaire pour étudier en France. Docteur en médecine de la faculté de Strasbourg, il est ancien interne des hôpitaux en neurologie. A son retour en Tunisie en 1979, il s’engage comme militant à la Ligue tunisienne pour les droits de l’homme (LTDH), créée en 1977, la première à voir vu le jour dans le monde arabe. En 1981, il quitte les hôpitaux universitaires de Tunis pour diriger une expérience de santé publique autour de Sousse, où il devient professeur en médecine communautaire à la faculté. Il est élu membre du comité directeur de la LTDH en 1985, vice-président en 1987, puis président en 1989. Celle-ci est dissoute en 1992 en raison de son opposition à la nouvelle loi sur les associations, puis légalisée en 1993. Moncef Marzouki décide de ne plus y assurer aucune fonction et crée alors le Comité national pour la défense des prisonniers d’opinion qui est déclaré illégal. En 2001, il crée le Congrès pour la république (CPR) qu’il préside. Le parti est légalisé au lendemain de la révolution tunisienne. Moncef Marzouki rentre en Tunisie le 18 janvier 2011. Il est président de la République depuis décembre 2011.

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Le roi Mohammed VI du Maroc nomme Abdelilah Benkirane comme Premier ministre

Le roi Mohammed VI du Maroc a nommé mardi comme Premier ministre Abdelilah Benkirane, le chef du parti Justice et développement (PJD, islamiste modéré) dont la formation fait sa première entrée dans un gouvernement.

 Le PJD qui a obtenu 107 des 395 sièges lors des élections législatives anticipées du 25 novembre va pour la première fois diriger un gouvernement de coalition…
Un journaliste sur place a précisé à l’AFP que M. Benkirane (57 ans) a prêté serment devant le roi lors d’une brève cérémonie.
Né à Rabat dans un quartier populaire, M. Benkirane, qui est membre du Conseil supérieur de l’enseignement, est marié et père de six enfants. Les islamistes modérés vont diriger pour la première fois un gouvernement qui sera étroitement contrôlé par le roi..

*****Lahcen Daoudi. Membre du secrétariat général du PJD (Maroc) :

 «Notre victoire confirme cette lame de fond islamiste»

Membre du secrétariat général du Parti de la justice et du développement (PJD) et président de son groupe parlementaire, Lahcen Daoudi est le n°2 du PJD. Avec son allure «occidentale» (sans barbe), il incarne la vision moderniste du parti; il passe allégrement de l’arabe au français et au tamazight. Il n’hésite pas à serrer la main aux journalistes femmes – étrangères – avec lesquelles il discute sans retenue. Dans cet entretien, il exprime à chaud ses sentiments après la victoire de son parti et dessine les contours de ce que sera le Maroc à la sauce islamiste.

Rabat (Maroc). De l’envoyé spéciale d’Al Watan- 28.11.2011.

 - Quel bilan faites-vous de la campagne électorale et du déroulement du vote ?

Je pense que le PJD a mobilisé beaucoup de monde, parce que de nombreux Marocains devaient boycotter ces élections du fait que les attentes sont trop grandes et les frustrations aussi. La participation de notre parti a été donc une valeur ajoutée pour ce scrutin, d’autant plus que les autres partis n’ont pas mobilisé grand monde en se contentant de sortir la nuit pour distribuer de l’argent. Même des chefs de parti ont malheureusement succombé à cette corruption politique. Si l’administration s’est abstenue, cette année, de toute intervention, il y a eu tout de même un laisser-aller au niveau de la corruption.

- Vous voulez dire que le pouvoir de l’argent a influé sur les résultats des élections ?

Oui, hélas, il y a des Escobar qui distribuent l’argent et c’est toujours difficile de les attraper. On appelle la police et la gendarmerie, qui viennent, mais ces gens ont déjà déguerpi. Il est évident que ces pratiques ont influé sur les résultats et c’est bien au détriment du PJD qui, lui, a mené, et depuis des années, une campagne de proximité. Là où on pouvait prendre deux ou trois sièges, on n’en a pris qu’un seul. Nous avons, certes, gagné beaucoup de sièges (80), mais nous aurions pu en prendre un peu plus.

- Vous pensez donc que le PJD est la première force politique du royaume…

Oui, malgré la corruption et l’achat des voix, le PJD sera le premier parti, c’est évident. Sans cette corruption, on aurait été de loin les premiers. Et si le taux de participation a atteint 45%, c’est aussi grâce à nous. C’est un taux acceptable ,si l’on tient compte des grandes frustrations du peuple marocain. Mais c’est déjà mieux que les 37% de 2007.

- Vous serez appelés à nouer des alliances pour gouverner, compte tenu du mode de scrutin qui ne vous permet pas de prendre le gouvernail tout seul…

Absolument, mais nous nous engageons à ne jamais faire alliance avec le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM) de Fouad Ali El Himma (proche du roi). Non, il n’est pas question de s’allier avec les bandits ! Nous n’allons pas donner de la crédibilité à des bandits, impossible !

- Y a-t-il eu des fraudes au niveau des bureaux de vote ?

Non, non, il n’y a eu que l’argent. L’administration, cette année, s’est abstenue ; on n’a pas eu de plaintes de ce côté-là.

- Le Maroc aura, sauf grosse surprise, le premier chef du gouvernement islamiste de son histoire…

Oui, fort probablement, mais lequel ? C’est, comme vous le savez, le roi qui choisit au sein du parti vainqueur. Donc on ne sait pas lequel parmi nous.

- Beaucoup d’observateurs évoquent désormais un «Maghreb islamique» en référence aux succès d’Ennahda en Tunisie, des rebelles islamistes en Libye et, maintenant, du PJD au Maroc. Quel commentaire faites-vous ?

C’est un Maghreb tout court. Le Maghreb est par nature islamique et si on ajoute cet adjectif, c’est pour le rendre péjoratif. Or, les pays du Maghreb sont musulmans. Donc, à mon avis, la vague est arrivée, les gens veulent vivre leur identité et personne ne pourra la leur enlever.

- Qu’est-ce qui fait la force du PJD pour s’ériger en première force politique du royaume ?

L’intégrité. C’est l’image d’intégrité qui est fondamentale chez les Marocains. Je vous fais remarquer que dans toutes les communes et régions où nous sommes présents, nous avons rempli notre contrat avec succès. D’ailleurs, l’organisation Transparency International prend comme modèle les communes et les régions gérées par le PJD. Et ce n’est pas pour nos beaux yeux.

- En tant que parti islamiste sans expérience dans la gestion des affaires du pays, vous sentez-vous capables de faire face aux problèmes du Maroc ?

Oh ! Vous savez, on va jouer un match qui n’est pas gagné d’avance. C’est un match difficile contre la crise ; on a beau être le Barça du Maroc, mais le Barça peut lui-même perdre.

- Est-il vrai que le PJD a demandé au roi dernièrement de supprimer l’expression «la personne du roi est sacrée» dans la Constitution ?

Ecoutez, je l’ai dit en public dans une conférence : il n’y a que Dieu qui soit sacré. On l’a fait dans les années soixante, parce qu’il y a eu des tentatives de coup d’Etat, mais en 2011, cela ne rime plus avec la réalité.

- Quel est votre avis sur la revendication d’une monarchie parlementaire ?

On ne peut pas sauter comme cela vers la monarchie parlementaire, c’est impossible. Les laïcs marocains n’ont rien proposé.
En Occident, vous avez l’Eglise qui gère le côté religieux, chez les chiites vous avez un clergé et dans les pays sunnites, il n’y a rien. Si le religieux n’est pas géré par l’Etat, il y aura alors toutes les possibilités d’un éclatement. Le PJD aura ses mosquées, les salafistes auront leurs mosquées, Al Qaîda aura ses mosquées. Donc on ne peut dire, dans un pays comme le Maroc, qu’on va créer un Etat laïque, c’est impossible.

- Et que pense le PJD de l’Union maghrébine ?

On a beau créer des obstacles pour stopper cette marche vers l’Union des pays du Maghreb, c’est une marche inexorable. On n’a vraiment pas le choix.

- Entretenez-vous des relations avec le MSP algérien avec lequel vous partagez les référents idéologiques ?

Oui, nous travaillons avec ce parti algérien comme nous travaillons avec l’AKP en Turquie, Ennahda en Tunisie et les Libyens. Nous attendons aussi le succès des Frères musulmans en Egypte et en Syrie.

- Cette vague islamiste est-elle un phénomène de mode ou un refuge populaire pour le Monde arabe ?

C’est une lame de fond, parce que le marxisme a échoué, le libéralisme a échoué, c’est donc en quelque sorte un retour vers soi. On a cherché dans les poches de Marx, d’Adam Smith et qui sais-je encore, mais on n’a rien trouvé. Il est temps de fouiller dans nos propres poches !

- Que répondez-vous à ceux qui craignent le pouvoir du PJD, au Maroc et ailleurs ?

Il n’y a que les corrompus qui craignent le PJD. S’agissant de nos partenaires, les Américains et les Anglais veulent travailler avec le PJD, il n’y a que les corrompus européens qui ne souhaitent pas travailler avec nous, parce que le PJD va jouer la transparence.

- Quel sera votre mot d’ordre, maintenant que vous êtes au pouvoir ?

La moralisation. Et là j’insiste, au-delà de la dimension religieuse, sur l’éthique dans la gestion des affaires. Il s’agira pour nous de lutter contre la corruption sous toutes ses formes. Ne soyons pas complexés ; l’éthique islamique est semblable à l’éthique universelle. (Publié sur El Watan-28.11.2011.)

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*Le Maghreb et la démocratie vont de pair

** Interview de Abdelhamid Mehri au Quotidien d’Oran (03.03.09.)

Vingt ans après le lancement de l’Union du Maghreb arabe (UMA), le 17 février 1989 à Marrakech, le bilan est dérisoire. Les économistes maghrébins ne parlent plus du Maghreb. Quand ils se rencontrent, c’est pour évoquer les coûts du « Non-Maghreb » : 2 % de croissance manquée par an pour les économies de chaque pays, selon les estimations les moins pessimistes. Pour avoir une idée de l’ampleur du manque, il faut savoir que 1 % représente plus de 10 milliards de dollars de valeur ajoutée pour les pays maghrébins. Pourquoi cela ne décolle pas ? Abdelhamid Mehri est un militant maghrébin au long cours, porte-parole de la conférence historique de Tanger d’avril 1958 qui a regroupé les partis nationalistes maghrébins, l’Istiqlal marocain, le Néo-Destour tunisien et le FLN algérien. Il évoque, dans cet entretien au Quotidien d’Oran, les espoirs soulevés par la naissance de l’UMA et l’incapacité des régimes politiques à se transcender pour le Maghreb. Ce qui a manqué, explique-t-il, c’est la dynamique démocratique qui aurait permis de dépasser des conceptions divergentes… 51 ans après Tanger, 20 ans après Marrakech, une appréciation très politique sur les raisons qui empêchent l’aspiration maghrébine, très répandue, de se concrétiser.
Le Quotidien d’Oran: Le traité de Marrakech qui a fondé l’UMA a vingt ans. Comment cela a-t-il démarré après 13 ans de rupture entre l’Algérie et le Maroc ?
Abdelhamid Mehri: Le début de l’Union du Maghreb, c’est la rencontre de Zeralda (Algérie) en juin 1988. Elle avait été précédée par des contacts directs entre le roi Hassan II et le président Chadli Bendjedid. Ces premiers pas étaient marqués par un certain optimisme mais qui n’a pu être entretenu par un élan de démocratisation des régimes qui aurait permis d’atténuer des conceptions fort différentes. Je pense que l’esprit de Tanger aurait dû alimenter cette tentative, malheureusement, les intérêts des régimes ont fini par créer des structures de pure forme, loin de l’intérêt évident des peuples de la région.  Après la mort de Boumedienne, les frères marocains ont pensé que les choses allaient se débloquer facilement. Ils croyaient, à tort, que la question du Sahara occidental n’était qu’une invention du président défunt. La reprise des relations avec l’Algérie était donc perçue comme un moyen de faire passer la vision marocaine sur la question du Sahara. Côté algérien, il y avait une certaine disponibilité à dépasser l’enfermement et à aller vers la construction du Maghreb.
Q.O.: Qu’est-ce qui n’a donc pas marché ?
A.M.: Il n’y avait pas nécessairement des arrière-pensées, les acteurs ne manquaient pas de sincérité, mais ils étaient porteurs de notions et de concepts très différents, qui n’auraient pu être dépassés que si les régimes avaient pris le chemin de la démocratie. Ce qui n’a pas été le cas. La perpétuation de régimes autoritaires, pas seulement en Algérie et au Maroc, n’était pas en mesure de produire une Union maghrébine. L’UMA est, aujourd’hui, à l’image des régimes politiques au Maghreb.
Q.O.: Quelles sont ces conceptions différentes ?
A.M.: La question du Sahara occidental est un des dossiers sur lequel ces conceptions se heurtent et bloquent l’évolution. Au Maroc, la légitimité est fondée sur l’allégeance et il leur est difficile d’imaginer une nouvelle légitimité qui toucherait au fondement du régime. Dans ces conditions, quelle forme de légitimité devait fonctionner dans les territoires, objet de litige, est-ce la forme marocaine traditionnelle de légitimité ou une nouvelle légitimité ? Le retour du Sahara occidental par le biais des formes d’allégeance traditionnelle posait problème à l’Algérie, elle-même revenue sur la scène par l’exercice de l’autodétermination. Côté algérien, accepter l’allégeance traditionnelle ou historique met en cause tous les fondements et ouvre la voie à la remise en cause de ses frontières. On est donc face à deux conceptions que nous n’avons pas dépassées.
Q.O.: Qu’est-ce qui aurait pu faire que ces approches conflictuelles soient dépassées durant ces 20 années d’existence de l’UMA ?
A.M.: Je pense que nous aurions pu les dépasser si l’on était allé vers la démocratie. L’esprit profondément maghrébin de la conférence de Tanger, que les régimes oeuvrent à étouffer, aurait, dans un contexte démocratique, créé des dynamiques permettant de dépasser le blocage. C’est pour cela que je dis que la démocratie et le Maghreb marchent de pair.
Q.O.: Est-il vrai qu’à Zeralda, comme à Marrakech, lors de la réunion constitutive de l’UMA, la question du Sahara occidental n’empêchait pas la construction du Maghreb ?
A.M.: C’est vrai, il y avait cette conception que l’on pouvait construire des relations qui faciliterait la marche vers la construction. J’observe que par moment, cette conception prévaut au Maroc, parfois en Algérie. Rarement, elle ne prévaut en même temps dans les deux capitales. Plus gravement, et cela ne concerne pas seulement l’Algérie et le Maroc, tous les pouvoirs maghrébins entravent des constructions horizontales et des liens entre les organisations civiles, syndicales. Quand vous lisez les journaux maghrébins, vous découvrez une approche étriquée, sectaire, qui ne donne aucune place à la dimension maghrébine. Les Marocains, qui ne connaissent l’Algérie qu’à travers les journaux marocains, et les Algériens, qui ne connaissent le Maroc qu’à travers les journaux algériens, n’ont aucune idée réelle de ce qui se passe dans leurs pays respectifs. Ils n’ont que des dénonciations et des insultes à l’égard de l’autre. J’ai dit une fois à des amis marocains que ce qui se dit dans les journaux marocains à propos du régime algérien était peut-être fondé, mais que cela était valable pour l’ensemble des régimes maghrébins. Les médias ont une approche étriquée. Ils parlent beaucoup de ce qui se passe dans le monde et ignorent complètement ce qui se passe dans leur propre région. Je trouve que cela est absurde. Mais cela est bien conforme aux logiques autoritaires qui prévalent et qui tendent à casser toute action commune et à empêcher les contacts entre les acteurs des sociétés.
Q.O.: Que vous inspire la fermeture de la frontière entre l’Algérie et le Maroc ?
A.M.: La fermeture des frontières n’est pas une solution aux problèmes qui existent. Instaurer des visas non plus. En fait, le blocage du Maghreb est la responsabilité de tous les Etats du Maghreb, pas seulement du Maroc et de l’Algérie. Les échanges intermaghrébins sont dérisoires. Je trouve que nos politiques ne sont ni réalistes ni raisonnables d’aller vers l’Union pour la Méditerranée alors qu’ils ne sont pas en mesure de régler les problèmes entre maghrébins. C’est de la fuite en avant. Notre adhésion à l’Union pour la Méditerranée est un acte dénué de sens. Je pense que l’ensemble des politiques nationales sont erronées et sont liées à la vision antidémocratique des régimes.

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*La stabilité du Maghreb, un impératif pour l’Europe

la déstabilisation du Maghreb entraînerait des réactions en chaîne en Méditerranée et en Europe

Si l’Europe n’aide pas le Maghreb, elle court de grands risques»

REUTERS / Jon Nazca
MAGHREB

 09.06.2021
Par Maghreb Arabe Presse

«Si l’Europe n’aide pas le Maghreb, elle court de grands risques», car la déstabilisation de cette région entraînerait des réactions en chaîne; menace islamiste, émigration et influence croissante d’autres puissances, affirme dans un entretien au journal français L’Opinion, Hakim El Karaoui.

La Méditerranée est une zone de tension migratoire et le Maghreb est devenu une zone tampon, en accueillant de plus en plus en plus de travailleurs venus de l’Afrique subsaharienne, mais aussi ses étudiants et ses malades, note l’essayiste et consultant français Hakim El Karaoui, auteur du rapport «La stabilité du Maghreb, un impératif pour l’Europe», publié récemment par l’Institut Montaigne.

À ses yeux, l’Europe doit observer les évolutions politiques des pays du Maghreb et soutenir leurs économies.

«L’Europe devrait soutenir les économies de ces pays, pas par altruisme, mais parce que c’est son intérêt!», insiste-t-il, qualifiant de «grave erreur» le fait de ne pas consacrer un volet à la rive sud de la Méditerranée dans le plan de relance européen post-covid19.

«Oui, une grave erreur. Le plan de relance européen de 750 milliards d’euros est réservé aux Européens. Pourtant, le soutien budgétaire est largement insuffisant au sud de la Méditerranée, d’autant que la situation des finances publiques était dégradée avant la Covid», explique l’expert qui plaide pour une aide massive des pays européens à leurs partenaires de la rive sud de la Méditerranée.

M. El Karaoui, fondateur du Club XXIe siècle, revient aussi sur le recul d’influence de l’Europe dans la rive sud de la Méditerranée face à l’intérêt d’autres puissances, faisant observer que «plus la Chine, la Turquie ou la Russie vont s’intéresser au Maghreb, et moins les pays de cette région seront enclins à défendre les politiques européennes».

«Ils seront davantage intéressés à développer leurs relations avec leurs nouveaux partenaires», estime-t-il.

«Si l’Europe n’y prend pas garde, les dirigeants politiques du Maghreb vont lui tourner le dos», observe M. El Karaoui.

*fr.sputniknews – mercredi 09.06.2021

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13 réponses à “Le Maghreb et la démocratie vont de paire”

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  3. 30 10 2011
    BURBERRY SCARF (05:31:48) :

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  4. 26 10 2011
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  5. 25 10 2011
    Bonsmara (22:37:31) :

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  6. 24 10 2011
    Webcontent writing (14:18:26) :

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  7. 17 10 2011
    debt management plan (12:56:47) :

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  8. 14 10 2011
    Billi Pethtel (21:27:38) :

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  11. 31 08 2011
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