Centre de recherche en anthropo sociale et cul-Oran

Centre de recherche en anthropo sociale et cul-Oran

L'Expression: Nationale - Il était une fois le téléphérique

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 Réseaux sociaux et discours médiatique

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«Les analyses sur les discours médiatiques ont commencé autour des années 2002/2003, notamment au département de français et des sciences du langage, mais, au départ, on ne tenait compte que des versions papier des médias ou alors des émissions radio», explique Imene Miri Benabdallah, chef de projet, qui constate qu’il y a beaucoup de choses à faire dans le domaine du Web.

«En plus, indique-telle, aborder le discours médiatique n’implique pas l’obligation de se restreindre aux sciences du langage, car on peut faire appel aux sciences de l’information et de la communication, mais aussi à la sociologie, à la psychologie et aux sciences humaines et sociales, des disciplines complémentaires et utiles pour l’analyse du contexte, des conditions de production, de la réception, etc.».

De l’université de Mostaganem, Abdelkader Sayad propose des pistes de recherche et de réflexion autour du nouveau média qu’est le Web. Il estime que «dans les universités algériennes, rares sont les départements qui parlent un peu de cet aspect, parce que la recherche se fait sur les médias classiques et la communication électronique n’est pratiquement jamais abordée pour une raison très simple, c’est que, au départ déjà, elle n’est pas enseignée».

Pour lui, le chercheur qui ne dispose pas encore d’outils théoriques pour aborder la question peut toujours contourner cet obstacle en prenant la posture de l’autodidacte qui se documente, observe, etc., car le créneau est porteur. «J’essaye d’attirer l’attention de mes collègues sur l’importance de ce vaste corpus et les précautions qu’il faut prendre pour l’aborder», prévient-il cependant, car, évoquant l’exemple d’un réseau social comme Facebook, il faut dissocier ce qui relève d’un média, où les responsabilités sont bien définies, et tout ce qu’on peut retrouver sur la Toile, mais qui n’est soumis à aucun contrôle.

On recense 17 millions d’utilisateurs de Facebook en Algérie (second rang en Afrique) mais, «dans la majorité des cas, ce qui est normalement contraire à la charte de ce réseau, on utilise des pseudonymes», précise le chercheur, qui estime qu’un travail peut toujours très bien être mené autour de la langue utilisée par les internautes algériens. «Il faut tout un travail de synergie entre les équipes de recherche pour s’attaquer à la langue qui est privilégiée sur le Net», indique-t-il en insistant sur le fait qu’un travail sur un corpus réduit à une centaine d’utilisateurs ne peut pas nous renseigner sur la complexité de cet aspect des choses.
Un domaine non exploité

L’intérêt de la transposition en quelque sorte du débat public de l’espace physique (cafés, etc.) facilite en théorie le travail des chercheurs qui s’intéressent à la réception d’un contenu donné, car il n’y a nul besoin de faire des enquêtes de terrain étant donné que la Toile offre le commentaire et même le commentaire du commentaire. C’est, par ailleurs, grâce au Net (facilité) qu’Amina Lachachi a pu proposer, lors de cette journée d’étude, une réception à l’échelle nationale et internationale du roman Rue Darwin, de Boualem Sansal. Elle a pris en considération six articles, dont deux sont parus en Algérie, deux en France, un aux Etats-Unis et un autre en Allemagne.

Cette comparaison de textes traitant du même sujet, mais avec des points de vue totalement différents, est intéressante à plus d’un titre. Etant littéraire (donc non spécialiste des médias), elle a d’abord dû trouver une passerelle pour introduire la problématique de la subjectivité dans la critique littéraire journalistique et donc le positionnement des auteurs des articles et non pas celui de l’auteur du roman. La subjectivité est d’autant plus importante que l’écrivain algérien a accepté de se rendre en Israël pour prendre part à un festival littéraire.

En résumé, l’intervenante démontre, à travers les outils littéraires, la différence de points de vue entre la réception du roman en Algérie et à l’étranger. «Il y a la part du ‘‘JE’’ dans la subjectivité, mais même lorsque les auteurs des articles s’effacent pour paraître objectifs, on décèle toujours une grande part de subjectivité ne serait-ce qu’en mettant l’accent sur l’aspect victime», explique-t-elle. Boualem Sansal est accusé ici d’écrire pour plaire aux lecteurs occidentaux,  de se faire éditer uniquement à Paris, etc. Ailleurs, on l’encense tout en mettant en avant une certaine crédibilité, etc.

Mais l’intérêt du travail de Amina Lachachi réside dans la conclusion, car dit-elle, «le discours des journalistes algériens se veut contre-critique, mais, en fin de compte, cela sert l’auteur et, surtout, renforce son positionnement là où eux ne voudraient pas qu’il soit et c’est comme cela qu’on tombe dans le piège». Sur un autre registre, mais toujours en rapport avec le Web, Nadia Kasmi Benchour a abordé le cas de la Radio Alger Chaîne III et la mutation que cette chaîne a dû opérer pour rester dans le circuit en intégrant les TIC.

C’est probablement le cas pour l’ensemble des radios nationales, mais le passage de la simple voix aux contenus écrits et même plus récemment à l’image (les podcasts enregistrés au studio) représentent une évolution nécessaire dictée par ce passage obligé et généralisé vers le Web, avec la démocratisation des outils comme les smartphones, les tablettes et même bientôt les montres connectées.
 **Djamel Benachour / jeudi 02 novembre 2017

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Belkacem Benzenine. Docteur en philosophie politique et chercheur au Crasc d’Oran

«Les libertés académiques sont menacées»

Belkacem Benzenine est chercheur permanent au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle à Oran. Il est docteur en philosophie politique de l’université Charles-de-Gaulle, Lille III. Il est l’un des fondateurs du Collectif autonome de chercheurs et enseignants pour la défense et la promotion de la recherche en sciences humaines et sociales (CASHS). Ce collectif a rendu public, la semaine passée, un manifeste dénonçant les politiques liées à la recherche dans les sciences sociales. Il tire la sonnette d’alarme quant au «processus de régression» que vit la communauté scientifique.

*Vous êtes un des fondateurs du CASHS. Quelles sont les conditions et les circonstances ayant motivé la constitution de ce collectif ?

La création du Collectif autonome de chercheurs et enseignants pour la défense et la promotion de la recherche en sciences humaines et sociales, CASHS, émane d’un souci partagé par un grand nombre de chercheurs algériens quant à la place et au statut des disciplines des sciences humaines dans les universités et les centres de recherche.

Le manifeste évoque, en connaissance de cause, quelques problèmes vécus par la communauté des chercheurs, comme le clientélisme, la mauvaise gouvernance et le manque de stratégie dans la gestion de la recherche scientifique. Il y a, sinon un mépris, du moins un désintérêt pour les sciences humaines et sociales.

Or, les problèmes que vit notre société ne peuvent qu’interpeller à la fois les chercheurs et les décideurs. Pour nous, il s’agit d’un défi qui doit mettre ces disciplines parmi les priorités des différentes instances concernées, et pas seulement le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.

Or, il se trouve que le discours que véhiculent les responsables de la recherche scientifique met davantage l’accent sur le côté dit «utile» de la recherche, comme si nos travaux n’étaient pas d’un intérêt pour la société.

Par ce manifeste et par la constitution de notre collectif, nous souhaiterions, d’un côté, rappeler aux décideurs le rôle majeur que doivent jouer les sciences humaines et sociales dans le système d’enseignement supérieur et de la recherche scientifique à partir d’une pensée libre et critique, et, de l’autre, sensibiliser tous les acteurs concernés par la recherche, quant à la nécessité absolue de respecter les règles de l’éthique en matière d’enseignement et de recherche scientifique.

**Dans le manifeste, il est question de défendre les libertés académiques. Sont-elles aussi menacées ? Et quelles sont ces menaces ?

Il importe, tout d’abord, de rappeler ce qu’il faut entendre par «libertés académiques». Nous nous inspirons de la recommandation de l’Unesco de 1997.

Il s’agit de «la liberté d’enseignement et de discussion en dehors de toute contrainte doctrinale, la liberté d’effectuer des recherches et d’en diffuser et publier les résultats, le droit d’exprimer librement son opinion sur l’établissement ou le système au sein duquel on travaille, le droit de ne pas être soumis à la censure institutionnelle et celui de participer librement aux activités d’organisations professionnelles ou académiques représentatives».

Partant de cette définition, je pense que les libertés académiques sont menacées par le fait même que la communauté des chercheurs ne dispose pas de la liberté de choisir les objets de recherche qu’elle souhaite traiter. Personne ne peut nier l’existence des injonctions politiques et/ou administratives qui interviennent à différents niveaux au sein des institutions chargées de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Les libertés académiques consistent également à impliquer le personnel chargé de la recherche et de l’enseignement dans la prise des décisions concernant son secteur.

**Le CASHS exige davantage de moyens pour améliorer la qualité de l’enseignement et de la recherche. Comment jugez-vous l’état et la qualité de la recherche aujourd’hui ?

Durant plusieurs années, les responsables du secteur de la recherche n’ont cessé de donner de l’importance à l’aspect quantitatif, au détriment du qualitatif.

Le nombre très élevé de laboratoires et de revues dites ‘‘académiques’’ a été présenté comme un critère de réussite. Or, il se trouve qu’il s’agit d’un échec total. Et n’était la situation financière que connaît le pays, ce nombre n’aurait cessé de croître, comme si la recherche était une affaire de chiffres. Il est important que les chercheurs et les institutions concernées disposent des moyens nécessaires et d’un environnement propice pour accomplir leurs missions.

**Qu’entend le Collectif par l’expression «processus de régression» ?

Les scènes de violence subie par certains collègues enseignants et même par certains responsables administratifs, qui restent dans l’impunité, entravent l’esprit d’entreprise et les empêchent d’exercer leur fonction en toute liberté. Aussi, ce qui s’est passé avec certains collègues, chercheurs associés au Cread, n’est qu’une des conséquences de la régression.

La régression est ressentie comme un manque de perspective, de vision et de stratégie en matière de recherche, dans tous les domaines, et pas seulement dans les sciences humaines et sociales.

La bureaucratisation de la recherche, le manque de considération pour la communauté des chercheurs et de transparence dans le processus d’évaluation de la recherche, d’une manière générale, ne sont que des aspects de la régression que nous constatons au quotidien en tant que chercheurs.  ***Redouane Benchikh -el watan – jeudi 17 mai 2018

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Métiers et études audiovisuel

Oran abrite la première édition du Forum national de l’audiovisuel

*La première édition du forum national de l’audiovisuel, prévue ce mercredi 07 juillet 2021 à Oran, permettra de créer des liens entre académiciens et utilisateurs dans le domaine, a indiqué la coordinatrice de cette manifestation, Soraya Mouloudji. Le forum, organisé par le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle d’Oran (Crasc), sous l’égide du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, sous le slogan «l’audiovisuel et son rôle dans la valorisation de la recherche scientifique», s’inscrit dans le cadre des activités du projet «conseil de la recherche et du développement économique». Il constitue «la pierre angulaire d’une série de forums annuels, qui seront organisés à l’avenir», a souligné la coordinatrice de cette édition, lors d’une conférence de presse. Le forum vise essentiellement à créer des liens, entre les académiciens et les utilisateurs, à travers le réseautage des relations et les partenariats entre les professeurs universitaires et les chercheurs spécialisés dans le domaine, ainsi que les professionnels, les étudiants, les amateurs et ceux s’intéressant à la découverte de jeunes talents.*lexpression.dz- 5 juillet 2021 

Pourquoi travailler dans l'audiovisuel ? | Paris Ynov Campus

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Crasc d’Oran : La situation des personnes âgées en débat

26 OCTOBRE 2018 – el watan

Une conférence très intéressante a été donnée, mercredi dernier au Crasc d’Oran, où il était question des personnes âgées en Algérie.

A vrai dire, cette conférence, qui s’apparentait davantage à un workshop, faisait suite à une étude menée par une équipe anthropologique, composée notamment de sociologues et de psychologues, qui avait pour but, comme l’a expliqué un intervenant, le professeur Mustapha Mimouni,  «d’enlever la poussière sur une réalité qui a une visibilité physique mais qui n’a pas une visibilité sur le travail intellectuel».

Le professeur Mohamed Belouezani, de l’université Oran 2, a annoncé que d’après une récente étude, les personnes âgées ne représentent que 8% de la société algérienne, alors que les enfants et les jeunes de moins de 15 ans représentent, eux, 28% de la société ; quant à la population active (composée du reste travailleurs et de chômeurs) elle est de 65% environ.

Minorité

Les personnes âgées sont donc une minorité en Algérie. D’abord, à partir de quel âge entre-t-on dans la catégorie «senior» ? Le professeur Fatima-Zohra Sbaa, dans son intervention, a indiqué que la vieillesse commence à 65 ans d’après la législation mondiale. Lors des débats entretenus par une assistance nombreuse, composée essentiellement d’universitaires, de chercheurs, de médecins et de paramédicaux, nous apprendront d’abord que 70% des personnes âgées souffrent de troubles  de la mémoire.

Cela, d’ailleurs, peut aller souvent jusqu’à la maladie d’Alzheimer, qui prend des proportions inquiétantes dans le pays. Prenant la parole, un ancien paramédical explique que c’est le manque de valorisation chez cette frange de la société qui la rend vulnérable, et de facto susceptible d’être atteinte par des maladies liées à la mémoire.

Isolement

«Il faut le dire, les personnes âgées n’ont aucun loisir, on ne pense pas à leur bien-être. Mis à part à la mosquée, elles n’ont nulle part où aller. Rien n’est fait pour eux. Aussi, ils se sentent dévalorisés et tombent dans la confusion mentale.» Et de préciser que dans bien des cas, le sujet âgé n’accepte pas la retraite et se sent comme isolé.

C’est peut-être la raison pour laquelle on a coutume de voir en Europe des personnes âgées travailler, refusant, malgré l’âge, de prendre leur retraite. Aussi, l’intervenant, qui certifie que le problème est lié à la valorisation, il préconise qu’il  y ait plus d’espaces, plus de clubs pour ces sujets âgés.

Il informera l’assistance, également, de la création prochaine d’un mastère en gériatrie pour prendre en charge le malade âgé sur trois dimensions : psychologique, sociologique et culturelle. Le Pr Sbaa, tout en abondant dans ce sens, émet toutefois des réserves. Pour elle, la solution n’est pas forcément dans la multiplication des centres consacrés aux personnes du troisième âge.

«Il faudrait surtout penser à des programmes de prise en charge, pour que les personnes âgées soient toujours utiles à la société. On avait proposé, à titre d’exemple, que les personnes âgées puissent venir dans les établissements scolaires à proximité de leur quartier pour proposer aux enfants des histoires. Ça leur donnerait un rôle social, une occupation,  sans que cela nécessiter un budget énorme».

Savoir-faire

Elle regrette cependant que dans le système de santé, les programmes ne traitent que très peu de la question des personnes âgées : «J’en veux pour preuve le dernier programme de santé mentale du ministère de la Santé très peu consacré aux personnes âgées. Par contre, on laisse cela au ministère de la Solidarité nationale qui a d’ailleurs fait un guide pour prévenir la maltraitance des personnes âgées. Je crois qu’il y a une coupure qui n’a pas de raison d’être entre les ministères où chacun se débarrasse du problème en le laissant à l’autre secteur.»

Le professeur Mustapha Mimouni a entre autre parlé du problème de la transmission, qui fait bigrement défaut en Algérie : «Des générations qui sont parties en retraite et qui ont pris avec elles ce qu’on appelle la mémoire professionnelle, si bien que ceux qui viennent à leur place font du bricolage. Le problème est là : il n’y a pas de transmission.

D’ailleurs, les Canadiens sont bien conscients de ce problème, et pour y parer, les retraités sont invités dans les universités pour enseigner des pratiques à des doctorants, à des professeurs d’université. Et ainsi la transmission se fait.» D’autres intervenants ont également pris la parole, et force est d’admettre que c’est l’institution sanitaire qui a le plus témoigné sur ce sujet.

Selon une intervenante, pendant le débat, l’institution sanitaire est représenté chez la personne âgée beaucoup plus comme un lieu social, dans lequel elle peut échanger,  qu’un espace qui prodigue des soins.

D’ailleurs, a regretté cette intervenante, les espaces hospitaliers ne sont pas conçus pour les personnes âgées, où nombre de service sont parfois dépourvus d’ascenseur, obligeant les paramédicaux à  porter les patients âgés, du moins ceux qui sont à mobilité réduite. Enfin, un des intervenants a évoqué l’association Rafik, composée de volontaires qui prennent en charge les personnes âgées et viennent leur prodiguer les soins à la maison, pour leur éviter le déplacement à l’hôpital.*AKRAM EL KEBIR  - el watan / 26 OCTOBRE 

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De l’histoire de votre nom de famille

Conférence «Toponymie et anthroponymie en Algérie : politiques et pratiques. 50 ans après l’indépendance». Mardi 20 et mercredi 21 février 2013 au Crasc, à Oran.

Pourquoi s’appelle-t-on Djebel ou Dib ? Pourquoi El Oued s’appelle-t-elle El Oued ? Pourquoi dit-on toujours «rue d’Isly» ? Comment, depuis cinquante ans, des systèmes de dénomination nationale ont été mis en place pour reconstruire des patronymes détruits par l’armée et l’administration coloniale ? Le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle fait le point sur les recherches menées en histoire, linguistique, géographie, sociologie, psychologie…

Ces travaux ont porté sur plusieurs millions de noms propres de lieux et de personnes, mais aussi pour les fonctions économiques, sociales, culturelles, patrimoniales qu’ils remplissent : culture, tourisme, sécurité… Plusieurs universités algériennes sont concentrées sur cette tâche, à Mostaganem, Sétif, Constantine, Tlemcen, Tizi Ouzou, Béjaïa, Sidi Bel Abbès. Y seront soulevées des problématiques comme l’orthographe des noms propres, la prénomination amazighe, les non-dits dans le choix d’un prénom…
Voir le programme complet des journées sur www.crasc-dz.org

**La société targuie et son rapport à la crise malienne

une conférence du professeur Nadir Maârouf au Crasc d’Oran

Intervenant au Crasc d’Oran avec une conférence intitulée «Passé et présent de la société targuie», Nadir Maârouf, professeur émérite à l’université de Picardie (France), sollicité en aparté, considère, pour le cas particulier du Mali, qu’«il n’y a pas de solution miracle, il faudrait réinventer un mode de cohabitation et mettre en place un nouveau mode de gouvernance qui tienne compte du rétablissement de la démocratie locale, d’une meilleure répartition des richesses et d’une concertation globale sur le traitement de la question territoriale».

Les vastes étendues du Nord-Mali représentent les 3/5 du pays, mais ne concentrent que 10% de la population. Au cœur de la crise s’imbriquent, selon lui, les facteurs de la prédation (richesses minières), les rancœurs liées aux épisodes esclavagistes (Bambara, Haoussa, etc.) pratiqués dans le passé, mais aussi la nature du pouvoir malien et ses tendances mafieuses dont les victimes ne sont, par ailleurs, pas uniquement les Touareg. Sa sentence est qu’il faudra beaucoup de temps pour arriver à mettre en place un gouvernement malien transparent et respectueux des règles de bonne gouvernance. «Le problème touareg ne peut pas se régler à la hussarde», indique-t-il, faisant référence à l’intervention militaire.

C’est en même temps pour marquer la différence avec la guerre contre «l’islamisme radical» ou le «djihadisme», des notions privilégiées et mises en avant par les dirigeants français qui ont pris l’initiative (soutenus par la communauté internationale) d’intervenir militairement au Mali. Pour le sociologue, le rapport des Touareg avec l’islamisme est artificiel. Les tensions entre cette population du Nord et le pouvoir central malien ne datent pas d’aujourd’hui et c’est en tenant compte de cette réalité, conjuguée à son analyse des structures sociales, qu’il écarte tout lien sérieux avec cette doctrine politique extrémiste. «C’est un islamisme de fortune» car, pour lui, les Touareg seraient prêts à s’allier avec le diable s’il le fallait en citant le cas des trafiquants, mais aussi de Mouammar El Gueddafi, lorsque ce dernier, aussi biscornu que cela ait pu paraître, avait proclamé l’idée d’une République sahraouie unifiée. L’ancien dirigeant libyen a pu ainsi enrôler nombre d’habitants du Grand Sud.

Les Touareg occupent un territoire transfrontalier, mais les évolutions n’ont pas suivi le même rythme selon qu’on soit en Algérie, au Niger ou au Mali et des développements positifs ou négatifs ont jalonné l’histoire récente. Pour Nadir Maarouf, en Algérie le bouleversement remonte à la période de Ahmed Ben Bella qui avait proclamé, au lendemain de l’indépendance, «la terre à ceux qui la travaillent». Il en est résulté la destruction du mode de vie traditionnel remplacé par des modèles certes modernes (mécanisation, etc.) mais qui se sont avérés inefficaces à cause des problèmes bureaucratiques qu’on n’a pas pu résoudre. «Nous avons, dit-il, assisté à une conversion des populations locales qui se sont en partie sédentarisées et qui ont bénéficié, comme partout ailleurs en Algérie, de la politique d’assistanat (rente pétrolière).»

Toujours pour le cas de l’Algérie, il considère que la scolarisation et les débouchés dans l’administration ont été à l’origine d’une mobilité sociale inédite en faveur des descendants des anciens esclaves, au grand dam des couches aristocratiques traditionnellement peu enclines au changement.
A contrario, au Mali, les ressources sont moindres et, à l’ingérence – grâce à un pouvoir inféodé – des multinationales soucieuses de leurs propres intérêts s’ajoutent les grandes sécheresses. Dans la conférence qu’il a animée, Nadir Marouf a tenté de décortiquer les structures sociales des habitants de cette région et leur évolution. Une société hiérarchisée comme partout ailleurs dans le monde, mais il met en garde contre l’importation de modèles d’analyse préétablis qui pourraient s’avérer inopérants.*El Watan-16.02.2012

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colloque international…. »1962, un monde »

   du 14 au 16 octobre 2012 au Crasc-Oran

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Nouria Benghabrit-Remaoun. Directrice du CRASC

*  »nous ne perdons pas de vue les changements en profondeur enregistrés dans la société algérienne comme dans le reste du monde »

Oran a abrité, la semaine dernière, un colloque international intitulé «1962, un monde». Nouria Benghabrit-Remaoun, Directrice du CRASC, revient sur cette manifestation organisée par l’institution qu’elle dirige en partenariat avec le Centre d’études maghrébines (CEMA) et l’Institut historique du temps présent (l’IHTP, Paris).

-Quel bilan faites-vous du colloque «1962, un monde» ?

C’est à un moment particulier que s’est tenu ce colloque, celui du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. Bien que l’essentiel de nos préoccupations, durant ces trois jours, ait porté sur le contexte de 1962, nous ne perdons pas de vue les changements en profondeur enregistrés dans la société algérienne comme dans le reste du monde, 50 ans après.
Cette année est également celle des 20 ans du CRASC, d’une recherche au service de la connaissance de nos sociétés, à travers nos interrogations sur des domaines divers. 1962 constitue à la fois une date, un symbole et le point de départ d’une dynamique nouvelle. Une date où l’histoire d’un pays, en l’occurrence l’Algérie, participe au grand mouvement des changements et bouleversements historiques et politiques. Un symbole majeur, celui de la fin d’une ère, celle de la colonisation où les rapports entre les pays furent régis par la force, la domination et l’oppression.

Une dynamique, forte, audacieuse qui annonce une nouvelle recomposition des relations entre les peuples et où le romantisme révolutionnaire se conjuguait aux  aspirations de justice sociale et de dignité humaine.
La fin de la période de la colonisation, que 1962 exprime avec beaucoup de force, constitue une étape fondamentale dans l’histoire de l’humanité.Les années 1950, 1960 et 1970 furent une période propice aux expériences hardies, aux nouveaux projets de société et aux grandes espérances (tiers-mondisme, lutte contre l’impérialisme, révolutions…). C’est une période qui fut aussi marquée par la Guerre froide et ses lourdes répercussions sur les relations internationales et également par des reniements et des échecs patents.

Le colloque «1962, un monde» n’a pas eu seulement pour ambition d’interroger ce «moment de rupture» qu’est l’année 1962, comme un marqueur historique, mais également de s’intéresser à sa portée politique, philosophique, sociale, culturelle et artistique.
Le comité d’organisation a reçu presque 200 demandes de participation, notamment du Maghreb, d’Europe et d’Amérique du Nord. Le bilan du colloque est positif pour plusieurs raisons: cet événement est le résultat d’un partenariat entre plusieurs institutions scientifiques: le CRASC, le CEMA et l’IHTP, Paris. Autre raison, c’est qu’il y aura des suites…

-Justement, qu’est-ce qui est projeté comme suite à ce colloque ?

Des suites multiformes sont prévues par les organisateurs de ce colloque: il y aura des publications ici en Algérie, aux USA, en France, aux USA, de documents à partir de synthèses ou de numéros thématiques issus de nos travaux. Des rencontres sont d’ores et déjà au menu, et auxquelles certains collègues du CRASC participeront: c’est le cas d’une manifestation organisée par Todd Shepard, sur «1962-2012 World after algerian independance», les 1er et 2 novembre 2012 à John Hopkins University (Baltimore). Une autre rencontre sera organisée à la mi-novembre par le Centre d’anthropologie méditerranéenne sur «Mémoires algériennes en transmission» avec Julia Fabbiano de l’EHESS et Abderrahmane Moumen du CRHISM.

La conviction des organisateurs est forte quant aux suites et répercussions pour la recherche et une meilleure connaissance sur tout ce qui touche à la Révolution algérienne et à ses retombées dans le monde dans lequel nous sommes et le contexte de 1962. Par ailleurs et dans le cadre du 50ème anniversaire de l’indépendance nationale, le CRASC organise plusieurs rencontres d’ici le mois de décembre 2012, notamment le Symposium sur «Algérie: penser le changement. Quels apports des sciences humaines et sociales?» du 02 au 04 décembre 2012, en partenariat avec le CREAD, ARST (ex-ANDRU) et l’université de Constantine. *El Watan-25.10.2912.

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colloque international…. »1962, un monde »

   du 14 au 16 octobre 2012 au Crasc-Oran

Le colloque international « 1962, un monde », prévu du 14 au 16 octobre 2012 à Oran, à l’initiative du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), ambitionne de mettre en exergue l’importance du processus de recouvrement de l’indépendance nationale, ses implications et ses retentissements à l’échelle régionale et internationale.
Les organisateurs de ce colloque, inscrit au titre du cinquantenaire de l’indépendance nationale, estiment que « 1962 est un des chronotopes majeurs du  »siècle des extrêmes », qui renvoie tour à tour à la sortie du joug colonial et à la proclamation de l’indépendance nationale en Algérie, à la construction d’une république postcoloniale en France, au déclin relatif des empires et à l’inexorable marche vers un autre équilibre mondial ».
Pour eux, « 1962, en raison de sa portée exemplaire et symbolique, dépasse l’histoire algérienne et française. Elle est non seulement le théâtre des dernières séquences de l’histoire coloniale française mais aussi celui où se jouent les prémisses d’une recomposition des nations marquée par l’épreuve des décolonisations ».
« C’est un point de bascule historique et anthropologique de l’ensemble des mouvements politiques, culturels, artistiques et sociaux qui, à partir du Maghreb et plus généralement de l’Afrique, jalonnent globalement les années soixante et soixante-dix, jusqu’à nos jours », ajoutent-ils.
Ce colloque verra la participation d’un panel d’historiens, sociologues, anthropologues, politologues, artistes et autres spécialistes venant de diverses universités du pays et de l’étranger (Tunisie, Canada, France, Etats-Unis, Japon, Australie, Italie, Angleterre, Hongrie, Suisse…).
Le programme élaboré comprend une soixantaine de communications regroupées autour de plusieurs axes comme « L’hypothèse 1962″, « Ecrans révolutionnaires », « Disséminations révolutionnaires », « 1962 : (des) équilibres internationaux », « Inventer, interroger un monde nouveau », « 1962 vu d’ailleurs », « les ombres de la colonisation et son rapatriement », « Le Maghreb à l’épreuve de 1962″ etc…
Cette rencontre est co-organisée par le CRASC et le Centre d’études maghrébines en Algérie (CEMA).*APS-10.10.2012.

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*Conférence de Gilles Manceron au Crasc.   

 » La France a présenté un discours mensonger sur les bienfaits de la colonisation »

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 » Une serrure à deux clés. Déconstruire les histoires officielles de part et d’autre de la Méditerranée« , est le thème d’une conférence qui a été présentée, lundi après-midi à Oran, par l’historien et journaliste Gilles Manceron.
Dans la salle du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), le rédacteur en chef de la revue de la Ligue des droits de l’homme, ‘Hommes et Libertés », auteur engagé à gauche, affirme qu’il faut ‘affronter le passé colonial ». En ‘balayant devant sa porte », Gilles Manceron a évoqué le blocage de réédition de certains livres algériens en France. Une réticence symptomatique de certains cercles français qui ‘bloquent la recherche historique », déplorant que ‘seulement une dizaine de thèses sur la colonisation française en Algérie ont été soutenues en l’espace de 20 ans ».
Le conférencier évoquera également les ‘éléments de blocage dans les deux sociétés ». Il laisse entendre la ‘ténacité » des fronts moins accessibles des archives nationales qui ‘ne sont pas totalement au service des chercheurs ». Il implique cette situation à l’état d’appropriation des archives nationales en France (qui) sont détenues par le Premier ministre ou bien privatisés (les archives) par la famille des concernés ou encore détenues jalousement par les ministères de la Défense et des Affaires étrangères ou encore par la police parisienne. ‘Il y a des problèmes pour consulter les archives nationales (judiciaires, notamment), car celles-ci sont soumises à des clauses particulières », affirme Gilles Manceron.
Durant toute la période coloniale, les institutions officielles de la France ont présenté une version légendaire des réalités coloniales qui dissimulait leur injustice fondamentale sous un ‘discours mensonger sur les bienfaits de la colonisation ». C’est cette vision enjolivée de la colonisation qui était présentée aux enfants des écoles.

Au lendemain des indépendances, les autorités ont cessé de propager ce discours, mais celui-ci n’a pas été déconstruit ni remplacé par une qualification claire de l’injustice et de la violence coloniale. ‘En France, les fonds d’archives sont maintenus par certaines personnes qui autorisent certains journalistes à les consulter selon la proximité politique que leur accordent ces mêmes journalistes », déclare le conférencier.
Il illustre son prisme par le rôle sanglant joué par l’OAS au lendemain des accords d’Evian. ‘Les officiels de l’époque ont maintenu une espèce de contrôle sur l’histoire du passé terroriste de l’OAS apparu à la faveur du putsch des généraux d’avril 1962, une période qui reste mal connue en France en dépit de la création de deux cours de justice pour juger les terroristes de l’OAS », dit-il.
Il n’omettra pas de souligner dans le même ordre d’idées la fusillade de la rue d’Isly à Alger du 26 mars 1962. ‘L’accès d’un certain nombre d’archives est problématique malgré la progression des recherches de l’autre côté de la rive », précise Gilles Manceron. Il mettra en exergue la propagation officielle de ‘l’histoire coloniale bienfaitrice », de la France. ‘Un discours de justification pour occulter les épisodes les plus conflictuels de la colonisation française, marqué par le silence officiel et la gêne de l’enseignement qui a tardé à incorporer une partie de l’histoire coloniale qu’en 1980 et la loi du 23 février 2005, qui a voulu donner une vision très glorieuse de la colonisation française », a indiqué le défenseur des droits de l’homme.
Le général de Gaulle et l’ancien président François Mitterrand n’ont pas été épargnés par le ‘constat historique » fait par l’intervenant. ‘Au lendemain de la libération de la France de l’occupation allemande, le général de Gaulle avait tenu à Paris un discours unanimement tourné vers la résistance (…), il a fait un choix politique car il savait que la collaboration existait, que la magistrature a prêté serment aux nazis et que l’enseignement a choisi le gouvernement du maréchal Pétain à Vichy. » ‘C’est comme si l’histoire officielle de l’époque des colonies a tendance à persister dans le discours tenu aujourd’hui en France par les institutions qui reprennent parfois soit les mythes d’hier sans examen critique, soit qu’elles laissent, par leur silence, persister dans les esprits les stéréotypes d’autrefois. Il cite aussi le blocage des archives nationales par François Mitterrand (1981-1995) sur le rôle de Maurice Papon dans la déportation des juifs. Selon le conférencier, un énorme travail de l’histoire coloniale reste à faire en France. ‘Ceux qui ne veulent pas que ce travail soit mené à bien en France, cherchent à tirer argument des défauts de l’histoire, souvent simpliste, présentée par les officiels algériens depuis l’indépendance et des lacunes ou insuffisances de l’enseignement de l’histoire dans ce pays », plaide-t-il.
Pour lui, cela leur sert de ‘repoussoir » pour ne pas remettre en cause les mensonges et les mythes coloniaux. Dans ces conditions, le travail de libération de la parole sur l’histoire, de prise en compte des mémoires individuelles et de remise en cause des récits légendaires, qui a lieu en Algérie, ‘est non seulement bénéfique pour ce pays, mais il encourage la critique des mythes coloniaux anciens dans l’histoire telle qu’elle est écrite et enseignée en France ».
La déconstruction des histoires officielles de part et d’autre de la Méditerranée se renforcent et se stimulent lorsqu’elles sont menées en même temps, dans une sorte d’effet de miroir bénéfique au travail historique dans les deux pays. ‘C’est en cela qu’on peut employer l’image d’une serrure à deux clés, qui fonctionne quand deux mouvements complémentaires sont entrepris simultanément », déclare Gilles Manceron.*Liberté-26.09.2012.

***Site du  Crasc

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**Gilles Manceron est rédacteur en chef de la revue Hommes et libertés, la revue de la Ligue des droits de l’Homme dont il est le vice-président.

Parmi ses
publications

1885 : le tournant colonial de la République. Jules Ferry contre Georges Clemenceau, et autres affrontements
parlementaires sur la conquête coloniale
(La découverte, 2007), textes
présentés par Gilles Manceron

Marianne et les colonies (La Découverte, 2005) : Une introduction à l’histoire coloniale de la France.

D’une rive à l’autre (syros, 1993), écrit avec Hassan Remaoun : La guerre d’Algérie de la mémoire à l’histoire, paru en 1993

L’Enseignement de la guerre d’Algérie en France et en Algérie (CNDP, 1993), Collection Actes et rapports pour l’éducation, écrit avec Hassan Remaoun.

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*Le Crasc d’Oran: Vingt ans au service de la Recgerche

Vingt ans dans la vie d’une institution culturelle c’est peu et assez suffisant en même temps pour dresser un bilan qui n’atteint toutefois pas à l’exhaustivité. D’autant plus que faire le bilan d’un centre pas tout à fait comme les autres n’est pas une sinécure. Et pour cause. Pourtant il y a quelque part une dialectique : l’investissement moral est-il en adéquation avec l’investissement matériel, celui-ci à son tour cadre-t-il réellement avec les besoins de la pensée spirituelle ? Débat d’école certes mais débat de fond tout de même. Ceci relevé, le parcours du centre en deux décennies s’est traduit pour la case chiffres par « pas moins de 250 projets de recherche articulés autour de trois segments : les projets d’établissement (PE) ; les projets nationaux de recherche (PNR) et enfin les fameux PC ou projets de coopération.»
Et si au départ et pour des raisons évidentes le décollage fut quelque peu laborieux, au fil du temps et de la notoriété de l’institution boostée par les nouvelles compétences, l’établissement s’est étoffé et a pris la pleine mesure de ses multiples ambitions.
Il faut savoir par ailleurs qu’outre ces trois types de projets se greffent d’autres non moins importants, respectivement les quatre divisions de recherche et les douze pôles de recherche. Quant au centre en lui-même il suivra le cheminement linéaire suivant : centre de recherche de développement, par abréviation CRD, au départ soit en 1992, avant de passer à un autre statut celui d’établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST) en 2002, lui-même révisé en 2008. Mais la mue, ou plutôt la métamorphose, ne s’arrêtera pas là. En effet, quatre ans plus tard, autrement dit en 2012, le centre se dote de deux unités de recherche. L’une embrassant la culture, la communication, les langues, la littérature et les arts — Ucclla — domiciliée pour rappel à Oran même, l’autre dénommée unité de recherche sur les systèmes de dénomination en Algérie — Rasyd — implantée à Alger.
Une fois l’honorable institution bien assise sur un organigramme rigoureux et des organes aux attributions et champ de compétence tout autant empreints de rigueur, Conseil scientifique, Conseil d’administration et Direction, ces derniers conduiront, de concert, « un processus de montage institutionnel d’un centre de recherche national faisant d’une pratique, celle de l’évaluation un outil de gestion concernant aussi bien l’activité de recherche à travers la production des connaissances que celle des ressources humaines… ». C’est ce qui s’appelle joindre l’utile à l’agréable les deux n’étant pas antinomiques. S’agissant de la valorisation de la production de recherche, là aussi force est d’admettre que ce chapitre a fait l’objet d’une sollicitude particulière  puisque trois types de publications verront le jour : les ouvrages et cahiers, les revues puis les bulletins d’information. Juste un petit chiffre pour mesurer un tant soit peu l’investissement intellectuel « sur les vingt années d’existence le nombre total de productions est de 231. »
Dans le même ordre d’idées une revue comme Insaniyat a fini par s’imposer comme un ouvrage pédagogique de référence dont l’espace d’expression est convoité par des chercheurs émérites, autant d’ici que d’ailleurs, c’est dire… Mieux et tous les spécialistes en conviennent « Insaniyat a permis de donner de la visibilité en priorité aux travaux de recherche en anthropologie et en sciences sociales tout en participant à la consolidation de la communauté scientifique dans ce domaine. »
Revue d’excellente facture donc et qui peut être consultée en ligne sur le portail du web. Elle sera par la suite enrichie par une autre publication, la Revue africainer des livres —RAL — à l’initiative du Codesria qui signera son acte de naissance en 2004 et constituée sur la base d’une coopération régionale soit respectivement Dakar, Addis-Abeba et Oran, bien sûr. Toujours à propos de cette institution deux grandes catégories de chercheurs y activent : les chercheurs permanents et les chercheurs associés.
Ces experts apportent au Crasc « une vitalité et une réalité à sa dimension nationale. Sur les vingt années près de 500 enseignants-chercheurs ont activé au sein du centre ».
D’autres missions sont évidemment dévolues à ce centre chargé notamment de « mener des études et des expertises. C’est ainsi que sur 20 ans, 26 études et expertises ont été réalisées pour le compte de différents ministères, outre des organisations internationales à l’instar des Pnud, Unicef, l’Unfpa, etc. ». Bref, que voilà, n’est-ce pas une institution qui a abattu un travail de titans et qui ne compte sûrement pas s’arrêter en si bon chemin.*El Moudjahid-12.07.2012.

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Le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (rasc) basé à Oran prend part à la 17e édition du Salon international  du livre d’Alger (SILA) avec 7 nouveaux ouvrages édités en 2012

Le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (rasc) basé à Oran prend part à la 17e édition du Salon international  du livre d’Alger (SILA) avec 7 nouveaux ouvrages édités en 2012, a-t-on  appris auprès de cet établissement. Il s’agit notamment de publications éditées à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance nationale et d’autres publiées à l’occasion du 20e anniversaire  du même Centre de recherche.       L’Algérie aujourd’hui : approches sur l’exercice de la citoyenneté est un ouvrage présentant une recherche menée par un groupe de chercheurs  dépendant du Centre et qui a comme problématique «l’exercice de la citoyenneté  et ses rapports avec l’identité». Autre ouvrage récent, publié dans le cadre de la célébration du cinquantième anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale, les Indépendances  au Maghreb. Un ouvrage collectif traitant de la question des indépendances dans la région du Maghreb, initié en collaboration avec l’Institut de recherche  du Maghreb contemporain (Tunis). L’ouvrage, tel que le présente le Crasc, a  comme objectif de rendre compte des travaux de recherches académiques actuels  sur les thématique de l’indépendance. Les Femmes africaines à l’épreuve du développement,  Quelles formations pour quels emplois en Algérie, Générations engagées et mouvements nationaux : le XXe siècle au Maghreb, le Cognitif et l’idéologique dans le manuel scolaire. Les Sciences humaines dans l’enseignement secondaire, Aménagement urbain et développement durable – 2e rencontre sont les autres publications qui seront présentées au stand du Crasc au SILA. Il est à noter que l’ensemble des publications de ce centre de recherche,  à savoir la revue Insanyat, la Revue africaine, les Cahiers du rasc, les  autres ouvrages du rasc seront disponibles au niveau du même stand, a-t-on indiqué de même source.*Le Crasc-22 09 2012.

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20 édition du congrès international du Fiqh (jurisprudence) islamique à Oran

*du 13 au  18 septembre 2012 au centre des conventions Mohamed-Ben-Ahmed.Oran

           »Le Fiqh face aux questions de l’heure »

Sous le haut patronage du président de la république la vingtième édition du congrès international du Fiqh (jurisprudence) islamique  s’ouvre aujourd’hui à Oran. Plus de 150 experts algériens et étrangers participent à  cette manifestation scientifique qui va se dérouler jusqu’au 18 septembre prochain au centre des conventions Mohamed-Ben-Ahmed.Il y a quelques jours , en inspectant les lieux et en analysant les dispositifs pris sur les plans logistiques pour l’accueil des participants, le ministre des Affaires religieuses et du Wakf, M. Bouabdallah Ghlamallah a donné quelques indications sur les thèmes qui seront débattus : la médecine et la question complexe du don d’organes, l’économie, les finances et la controverse que suscitent certaines formes du  prêt ,le  droit et la notion de la peine capitale.. . Des   thèmes qui ne font pas encore l’objet d’un large consensus quant a leur traitement  et qui seront  débattu par les spécialistes de 47 pays de différents  continents.  Cette rencontre, qui se déroule pour la première fois dans notre pays et même a l’échelle de l’Afrique, réunit tous les deux ans les membres de l’Académie internationale  du Fiqh islamique, organe officiel de l’Organisation de la conférence islamique  (OCI). Le Fiqh, certaines personnes non averties, non informées le confondent avec la Shariaa . En fait , il s’agit de deux champs différents .
La Chari’a est l’ensemble des règles, des préceptes et des enseignements issus du Coran et de la  Sunna tandis que  Le Fiqh est la méthode d’interprétation et d’application des règles, préceptes et enseignements, soit directement, soit indirectement par des méthodes d’analyse et de raisonnement déductif et analogique tels que le consensus, l’analogie, le jugement préférentiel.  Le fiqh s’inscrit donc dans une dynamique   de connaissance et de  compréhension du message de l’islam sur le plan juridique.  Le Fiqh islamique est un corpus de  connaissances   destinées à préciser les règles et les modalités pratiques  de l’individu dans le cadre de la religion .Ses méthodes sont  . Le savant en matière de fiqh est un le juriste lié à une  école .Les quatre principales écoles du sunnisme sont :le hanafisme fondée par l’imam Abû Hanifa (699-767),le malékisme fondée par l’imam Malik (~715-~795),le chaféisme fondée par l’imam Chafii (767-820),le hanbalisme fondée par l’imam Hanbal (780-855).*.*El Moudjahid-13.09.2012.

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Rachid Tlemçani. Politologue, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université Alger III

«La corruption est l’institution la plus stable en Algérie»

Rachid Tlemçani, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université Alger III, a animé une communication, «Etat sécuritaire : armée, corruption politique et islamisme », lors du symposium ayant pour thème «Penser le changement en Algérie», au Crasc d’Oran. Il a bien voulu répondre à nos questions.

- Le rapport annuel 2012 de Transparency International classe l’Algérie à la 105e place sur un total de 176 pays. Que vous inspire ce classement ?

Selon ce rapport et bien d’autres, l’Algérie reste parmi l’un des pays les plus corrompus au monde. Le phénomène de la corruption continue de ronger les rouages de l’Etat et une grande partie de la société. Il a pris, ces derniers temps, des proportions alarmantes en dépit de la mise en place d’organes de lutte contre la corruption. Il n’y a pas aujourd’hui une institution qui échappe au phénomène de la corruption et de la dilapidation des deniers publics. Pour rappel, les effets du terrorisme furent dévastateurs sur l’ensemble de la société et les institutions du pays. La corruption n’a pas pour autant faibli ou fait une «pause» durant la décennie rouge. Bien au contraire, le phénomène de la corruption s’est accéléré et s’est répandu à travers tout le territoire national, de la petite commune au fin fond du pays jusqu’ à l’administration centrale en passant par les entreprises  publiques et privées. Le grand vainqueur est la corruption, l’acteur «gagnant-gagnant». La corruption est «sortie» de cette rude épreuve plus forte qu’avant, il s’est avéré que c’est l’institution la plus stable alors que les autres ont été profondément secouées.

 - Peut-on évaluer l’étendue de la corruption ?

Aujourd’hui, le phénomène de la corruption s’est répandu à toutes les activités de l’économie nationale. Il ne faut pas, toutefois, confondre la petite corruption et la grande corruption. La petite corruption vise les petits bureaucrates. Elle permet à ces fonctionnaires d’arrondir les fins de mois. Le moindre service public est aujourd’hui monnayé. Les pouvoirs publics laissent faire et encouragent de fait la corruption des élites locales. La petite corruption n’est pas vraiment un problème financier qu’on ne peut pas évalué d’ailleurs. Le problème réel est plutôt social et politique. La petite corruption a perverti les relations sociales. Au niveau politique, elle n’encourage pas la lutte organisée dans un cadre syndical ou partisan. Chaque citoyen tente de tirer son épingle du jeu en faisant appel au système D. Lorsque ce système est bloqué, l’émeute devient l’intermédiation entre citoyens et pouvoirs publics.

- La grande corruption a-t-elle pris une nouvelle dimension au regard de nombreux scandales qui ont éclaté ces derniers temps ?

Ces scandales révèlent que la grande corruption se répand comme une trainée de poudre quand les revenus pétroliers augmentent. L’Etat rentier dépense sans compter les deniers publics lorsque des enseignants, par ailleurs, ont recours à la grève de la faim. La grande corruption se manifeste lors des passations de contrats de réalisation de projets d’infrastructures, de l’achat d’équipements collectifs, d’armements et prêts bancaires. Le contrat gré à gré au lieu d’être l’exception est devenu la règle. Ce sont les commis d’Etat en connivence avec les lobbies de l’économie de bazar qui sont impliqués dans la grande corruption. Là où le bât blesse, une fraction importante de ces avoirs est placée frauduleusement à l’étranger, elle n’est pas réinvestie pour la création d’emplois. La corruption politique porte atteinte à l’intérêt national et menace la sécurité nationale.

- Plusieurs organes ont été créés, ces dernières années, pour lutter contre la corruption. Les résultats escomptés sont très limités, comment expliquez-vous cela ?

Pour faire croire que l’Etat est résolument engagé à moraliser la gestion des deniers publics, plusieurs organes sont mis en place. Notons la Cour des comptes, l’Inspection générale des finances (IGF) et l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption, l’Office central de répression de la corruption. Très peu de moyens humains et autres sont affectés à ces organes. Par exemple, la Cour des comptes dispose moins de 200 magistrats, ce nombre devrait être multiplié par 5 ou 6 afin de couvrir tout le territoire et contrôler toutes les institutions publiques. Ce dysfonctionnement n’est finalement qu’un alibi pour masquer la réalité de la justice algérienne, une justice qui ne respecte pas sa propre loi. Par exemple, la loi du 20 février 2006 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption, qui traite de la notion de déclaration de patrimoine des agents publics (chef de l’Etat, ministres, ambassadeurs, magistrats, élus nationaux et locaux, fonctionnaires, etc.), n’est pas appliquée dans toute sa rigueur. Plus de 10 années après le vote de cette loi, très peu de déclarations ont été publiées au Journal officiel.

- Quel est l’objectif réel de la mise en place de ces organes ?

En créant ces organes et en ratifiant la Convention des Nations unies contre la corruption, le gouvernement vise surtout à rassurer les partenaires commerciaux. L’Algérie est un excellent partenaire commercial, on peut y faire de «bonnes affaires». La lutte contre la corruption constitue un élément du discours destiné à crédibiliser la politique interne au sein de la communauté internationale. Rappelons que la Banque mondiale n’encourage pas les partenaires à investir dans les pays qui n’ont pas de programme de lutte contre la corruption. Les partenaires étrangers ne sont évidemment pas dupes, ils connaissent la réalité du pouvoir local mieux que des dirigeants algériens. Il serait très difficile de lutter contre la corruption sans la mise en place d’une justice indépendante dirigée par des magistrats élus par leurs pairs et non  cooptés par le pouvoir occulte. 

- Le phénomène de la corruption touche la classe politique et choque les Algériens. Quelle est votre appréciation ?

Aujourd’hui, il n’y a pas une seule institution qui ne soit pas épargnée par la corruption et ses dérives. L’ensemble de la classe politique est impliquée d’une manière ou d’une autre dans des affaires de corruption. Le scandale de Khalifa en a révélé un excellent échantillon. Plus d’une centaine de cadres appartenant à tous les secteurs furent impliqués dans ce scandale. Ce qui est problématique, c’est que les dirigeants et cadres à tous les échelons sont les premiers à considérer l’Etat national comme l’Etat-beylik, un Etat-voleur, il est donc légitime de le voler. De là tous les moyens sont perçus comme «légitimes» pour prendre une parcelle du pouvoir. Comment ? En promulguant un arsenal de lois et des mesures bureaucratiques pour s’approprier les richesses nationales et en dépeçant le patrimoine public. Houari Boumediène a semé le pétrole pour avoir le développement, «des cathédrales dans le désert », ses successeurs ont favorisé la corruption sous toutes ses coutures ainsi que foulard islamique.

- La sélection des cadres de la nation et des hauts fonctionnaires obéit à des règles très strictes. Comment expliquez-vous alors que la corruption est très répandue au sein de la classe politique ?

Selon des rapports émanant d’institutions multilatérales, la corruption au sein de la classe politique est très étendue. Les hauts cadres ne sont pourtant cooptés qu’après avoir fait l’objet d’une enquête très fouillée, sur leur vie privée  et politique, diligentée par des services de sécurité. Les fonctionnaires supérieurs et cadres de la nation sont censés être au-dessus de tout soupçon. Ce filtre relevant de la mentalité, la guerre froide n’est pas très efficace apparemment au regard du nombre de hauts responsables impliqués dans des affaires de corruption.

- Depuis les années 1960, l’on constate que chaque chef d’Etat a lancé une campagne de lutte contre la corruption, pourquoi est-il si difficile de lutter efficacement contre ce fléau ?

Chaque nouveau prince lance dès qu’il est intronisé une campagne de lutte contre la corruption. Tous les chefs d’Etat, d’Ahmed Ben Bella à Abdelaziz Bouteflika en passant par Chadli Bendjedid, ont initié des opérations de lutte contre la corruption. Par exemple, Houari Boumediène a tout simplement permis à des adversaires potentiels de faire des «affaires» au lieu de s’occuper de politique. La corruption durant son règne était «drapée» d’une fausse pudeur. Il y a aujourd’hui ni gêne ni honte à s’approprier un bien collectif ou à enfreindre la réglementation pour s’enrichir rapidement. Elle s’est généralisée depuis la mise en place de l’économie de bazar. Il suffit d’importer un container de pétards  ou de  kalbalouze avec l’argent du contribuable pour devenir un milliardaire du jour au lendemain alors que ce phénomène prendrait ailleurs plusieurs générations et demanderait un dur labeur.  Plus grave encore, une partie des deniers publics est investie à l’étranger.

La corruption politique contribue à la reproduction des élites parasitaires. C’est vrai que ces derniers temps de nombreux scandales ont éclaté, dans lesquels sont impliqués des dirigeants et membres du gouvernement. Tout compte fait, la convocation de ministres et autres hauts fonctionnaires n’est qu’une opération de diversion. La lutte de clans ne dépasse pas une ligne rouge. Autrement elle risque de briser une «açabiya», une solidarité de type tribal tissée au sein du bloc social au pouvoir. Même s’il y a une volonté politique de lutter contre la corruption, les résultats seraient très limités. La corruption est enchâssée dans l’Etat sécuritaire, elle est intimement liée au système de prébendes. L’ouverture des champs politique et médiatique reste la seule arme pour lutter efficacement contre la corruption politique et de ses dérivés.

- Le soutien des Occidentaux à la lutte contre la corruption politique n’a pas été très efficace. Quelle relation y a-t-il entre la corruption politique et le capital international ?

L’on constate que plus les revenus des ressources énergétiques augmentent plus la fuite des capitaux augmente. La fuite des capitaux algériens serait de l’ordre de deux milliards de dollars par année. Ces chiffres ne couvrent pas la totalité des infractions à la réglementation de change, ni les commissions occultes de marchés publics de travaux, de fournitures ou de services. La bourgeoisie compradore et les élites locales s’intègrent à l’économie mondiale par le biais de la corruption. Il y a une relation de solidarité entre les élites locales et les élites occidentales et entre le capital local et les multinationales. Le financement occulte des campagnes électorales en Europe de la part de dirigeants africains ou arabes n’est un secret pour personne. La lutte contre la corruption soutenue par les gouvernements occidentaux et les institutions multilatérales n’est que de la poudre aux yeux. La lutte efficace contre la corruption est une affaire locale, elle relève de la lutte de la société civile, des ONG. *El Watan-25.12.2012.

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