Démangeaisons.Gratter son dos.Mais comment ?
**De l’organisation de l’espace : le grattage de dos
Lorsque vient l’idée de découvrir les corps, ce sont d’abord les reliefs et les éléments physiques les plus visibles qui retiennent l’attention. Ce sont eux que l’on peut aisément cartographier. Puis, très vite, l’idée de départ évolue, l’esquisse change de nature ; un croquis est en train de naître. Je me découvre alors une sensibilité qui jette un souffle doux sur le feu glaçant des vieilles oppositions improductives : le géographe détient des facultés particulières pour déceler et comprendre l’organisation de l’espace.
« Épistémologiquement cela suppose qu’au-delà du désordre apparent des phénomènes présents à la surface de la Terre, il existe des logiques à révéler. » (Denise Pumain, entrée « Organisation de l’espace » sur le dictionnaire en ligne Hypergéo)
En fait, les « logiques à révéler » sont soit des « construits » cognitifs (représentations du chercheur ou induits par l’étude elle-même, etc.), soit des « donnés » (ce qui existe en soi, indépendamment de celui qui décèle son système). Qui peut entièrement savoir si ce qui est découvert est un construit ou un donné ? Tout ce qu’il est possible de savoir c’est que l’organisation de l’espace est décelable partout et que de ce fait il existe une quantité infinie de configurations à déceler. L’important reste de découvrir ; de découvrir celles qui sont d’utilité générale. Pour ce faire, il faut commencer par un examen approfondi de l’espace délimité puis comprendre les phénomènes qui le parcourent pour enfin faire apparaître les systèmes d’organisation jusqu’alors non apparents de cet espace.
Dans son texte L’image du corps dans le paysage malgache, paru en 1998 dans un ouvrage collectif intitulé Le Corps Tabou, Chantal Blanc-Pamard s’appuie, dès le début de son développement, sur un proverbe bambara qui déclare que :
« Le corps de l’homme, c’est le monde en petit. »
Et d’entrée, ici, l’observation laisse également cette impression. C’est d’ailleurs avant tout pour cette raison que les géographes se sont intéressés aux corps. Au passage, la nudité est un objet encore différent – qui ne sera pas abordé ici, pour résumer il s’agit de l’expression culturelle des corps dans l’espace.
À l’entrée « Corps » du Dictionnaire de la Géographie et de l’espace des sociétés dirigé par Jacques Lévy et Michel Lussault, Claire Hancock rappelle que :
« Le corps humain, celui des hommes et des femmes sujets d’étude, ne peut-être méconnu dans les recherches sur la conception que les individus se font du danger, de la distance, de la violence, de l’hostilité du milieu de vie, de la santé et sur les pratiques spatiales qu’ils réalisent. »
Dans cet article, il est question de santé mais pas de la conception que les individus se font de leur propre santé car chacun est libre de penser ce qu’il veut. Quant aux pratiques spatiales que les sujets réalisent, elles se limitent à une très grande échelle, celle du grattage de dos. Quel intérêt de savoir s’ils le font sous leur couette ou dans le salon ?
On ne décide pas de faire la géographie du dos d’une personne habillée si bien qu’il m’est venu cette idée lors de la pratique d’un massage. Il n’y avait pas de raison profonde de faire cela sinon de se laisser aller à la créativité intuitive et de produire. J’ai donc commencé par dresser une cartographie des lieux. Le choix du dos est dû au fait qu’il constitue la plus grande surface sans discontinuité du corps humain. J’y ai inclus les fesses par simple agrément et pour que l’on puisse aisément comprendre ce qui était cartographié dès le premier abord. J’aurais certainement gagné en pertinence scientifique à inclure les épaules…
Notons dès maintenant que la plupart des cancers sont dus à l’exposition au soleil et qu’une minorité le sont à la simple action du grattage (mot préféré à celui d’écorchage). Mais on peut évidemment être amené à se gratter après une exposition prolongée au soleil à cause des démangeaisons.
J’ai donc commencé ma cartographie en dressant les limites du corps, en traçant l’axe du dos ainsi que les reliefs les plus importants – ici des surélèvements (omoplates et fesses). Je me suis ensuite appliqué à répertorier les détails : grains de beauté ou névus, lésions dues au grattage puis cicatrices d’anciennes lésions. J’ai choisi de les représenter sous la même forme grâce à des cercles proportionnels mais de couleurs et de tailles différentes. Il m’apparaissait déjà que l’importance de l’étude reposait sur le questionnement des liens entre ces trois sortes d’éléments ponctuels. Les lésions étaient visiblement dues au grattage, ce que m’a confirmé la personne. Les différents éléments ponctuels pouvaient être facilement rassemblés en zones distinctes ; j’ai alors tracé le contour de ces zones de grattage identifiées. Quatre zones sont alors clairement apparues. Deux dans l’axe du dos, deux autres au niveau des deux omoplates.
J’ai enfin essayé de comprendre la manière dont la personne entrait en contact avec son dos. Par où passait la main gratteuse ? Les flèches noires sanctionnent les directions du grattage de l’extérieur vers les zones identifiées. Il apparaît clairement que la plupart des zones accessibles subissent le grattage. Seulement l’accessibilité du dos est limitée.
La visualisation des premiers résultats m’incita à confronter l’état des faits cartographiés à la définition du « front pionnier » donnée par le dictionnaire en ligne Hypergéo :
« Le front pionnier peut se définir comme une forme spatiale témoignant d’un processus d’appropriation de nouveaux territoires, considérés comme un milieu vierge de toute trace de « civilisation » moderne. L’action principale, symbolique, mais pas univoque est celle des défrichements et des feux opérés dans des savanes ou des forêts. Ces défrichements s’opèrent en même temps que la création de pistes, et que la construction de points de peuplement permanents . La négation de la légitimité ou de l’antériorité de l’occupation d’autres peuples que ceux liés à la vague pionnière constitue la seconde caractéristique des mouvements pionniers. » (Matthieu Le Dérout)
Le rapprochement peut bien entendu sembler hasardeux. Mais laissez-moi adapter ce texte aux découvertes faites sur le corps cartographié :
« Le front pionnier peut se définir comme une forme spatiale témoignant d’un processus d’appropriation de nouveaux territoires, considérés comme formant un milieu vierge de toute activité par ceux qui le convoitent et le possèdent juridiquement, du point de vue du droit. L’action principale, symbolique, mais pas univoque est celle des grattages et des contorsions opérés pour atteindre ces zones difficiles d’accès. S’opère alors, et en même temps, la création de pistes, de chemins qui sont bientôt empruntés par habitude. On observe enfin la constitution de zones grattées en permanence qui deviennent progressivement des territoires connus et reconnus. La négation de la légitimité ou de l’antériorité de l’occupation de ces territoires par des formes de vies autonomes non liées à la vague pionnière, comme les nævus ici, constitue la seconde caractéristique des mouvements pionniers. »
Ainsi nous sommes confrontés à une forme d’expérience assez similaire à celle des « fronts pionniers ». Le rapprochement hasardeux du départ me fait maintenant m’interroger sur les conséquences inéluctables de ce phénomène s’il n’est pas encadré. C’est à partir de là que la Géographie de la santé entre en jeu car il existe des risques de développement de cancers, dont certaines formes de mélanomes, à cause de cette pratique du grattage.
Le Croquis nous permet de mettre en évidence les nævi présents dans les zones de grattage et ceux situés à leur proximité. Le plus gros nævus répertorié sur la zone cartographiée est par exemple situé à la limite d’une zone de grattage, celle présente en haut et dans l’axe du dos. Mais ce n’est pas tout, car en plus d’être dans une zone à risque on observe qu’il est juste à côté de deux cicatrices de lésions cutanées. La taille de ces cicatrices nous laisse déduire qu’elles sont récentes car les cicatrices tendent à se résorber avec le temps.
Il est ainsi possible d’historiciser les phénomènes de grattage à partir de l’inspection des zones délimitées. L’histoire est ici au service de l’analyse spatiale. Apparaît la possibilité de dresser une chronologie des différentes zones de grattage avec pour plus ancienne la zone 4 et pour plus récente la zone 1. L’examen approfondie des lésions et des cicatrices le permet :
La zone 1 est caractérisée par une majorité de lésions (4) et une minorité de cicatrices de lésions (2). Une des deux cicatrices est de très grosse taille ce qui signifie qu’elle est récente ; le faible nombre de lésions et de cicatrices cumulées va aussi dans ce sens. Il s’agit de la zone la plus active lors de l’observation comme en témoigne la présence de plus grosse lésion du dos observée. La présence d’un nævus d’assez grosse taille au centre de la zone ainsi qu’un autre de taille plus réduite au dessus de la fesse droite doit interpeller d’entrée. Cette zone regroupe deux risques, elle est à surveiller en priorité.
La zone 2 est caractérisée par un nombre similaire de lésions et de cicatrices de lésions (6 pour chaque sorte). Les cicatrices sont globalement de taille restreinte sauf dans le secteur du plus gros nævus. Les lésions cutanées sont de taille variable, petites à moyennes. On ne note pas de lésions/cicatrices de grosse taille. Il semble que cette zone soit continuellement active mais moins avec une intensité limitée (sauf aux abords du plus grand naevus). En temps normal, cette zone ne peut pas amener à un écorchage du plus gros nævus à sa proximité car ce dernier est très repérable par la main gratteuse et que cette dernière semble l’éviter par connaissance du risque.
La zone 3 se différencie de la zone 4 par la présence d’une cicatrice de moyenne taille et d’une autre de grande taille (la plus grande observée sur le dos). On note également la présence d’une lésion récente sur le côté de l’aisselle. La zone a donc été active assez récemment mais ne l’est presque plus. On note la situation de la cicatrice moyenne sur le haut du surélèvement, significative localement mais peu sur l’ensemble du dos puisque la plupart de ces formes de relief ne correspondent pas aux concentrations des lésions et de leurs cicatrices. L’absence de nævus excluant de fait l’hypothèse d’un risque dû au grattage, cette zone n’est pas sujette à surveillance.
La zone 4 est la zone de grattage la plus ancienne du dos. Très peu active ou très localement sur ses limites où l’on trouve une seule lésion, la zone est presque exclusivement constituée de cicatrices. Ces dernières sont de taille réduite et au nombre de 7 ce qui en fait la plus forte concentration du dos. Cette zone est donc délaissée par le phénomène observé, tout du moins durant l’observation. Enfin, le surélèvement n’est pas déterminant pour comprendre la localisation des cicatrices identifiées. Les naevus de cette zone de grattage sont donc à un moment donné, celui de l’observation, hors de danger, et ce malgré leur présence centrale puisqu’on en dénombre trois au beau milieu des cicatrices.
Les zones délimitées spatialement possèdent donc leur propre histoire et peuvent être mises en relation les unes par rapport aux autres suivant une chronologie de l’usage du corps. L’axe central du dos est aujourd’hui plus « fréquenté » que les omoplates. La chronologie peut amener, suivant l’idée que les pratiques de l’espace se succèdent logiquement, à déterminer ses futurs usages et non les futures zones de grattage. Les zones de grattage semblent être liées à l’accessibilité du dos, il est donc difficile d’imaginer de nouvelles zones où ce phénomène pourrait se développer. On note tout de même des possibilités : les muscles grand glutéaux, une zone dans l’axe central du dos entre la zone 1 et la zone 2 ainsi que les flancs du tronc corporel. Seulement ces hypothèses sont peu probables car à la nécessaire accessibilité il faut rajouter la commodité de l’action car le grattage est souvent censé apporter du plaisir. La contorsion doit-être légère.
Ainsi, l’examen cartographique du dos permet donc de prévenir des risques du cancer en étudiant les pratiques corporelles en vigueur au moment de l’observation. Une zone de grattage présentant des nævi ou se constituant à proximité de nævi peut amener le médecin à prendre ses responsabilités vis-à-vis de son patient et à en discuter avec lui, croquis en main. Outil intéressant pour permettre une meilleure connaissance de son propre corps, l’analyse géographique éclaire les pratiques du grattage en les liants avec des éléments (naevi ici) dont la relation n’est pas intrinsèque. N’étant pas médecin, je ne me risquerai pas à sortir du champ de l’organisation spatiale des facteurs de risque même s’il semble évident que le plus gros nævus situé à proximité de la zone 2 ne semble pas être le plus à surveiller. Sa présence et les précautions à son égard peuvent d’ailleurs contribuer à rendre les autres nævi plus vulnérables aux pratiques du grattage.
Le corps est un espace délimité sur lequel des territoires prennent forme indépendamment de toute conscience : nævi, reliefs dus aux mouvements corporels, pigmentation de la peau à cause de l’ensoleillement, présence de boutons dus à la sueur, de poils, etc. C’est la confrontation entre ces « éléments naturels » et la conscience – par signalement corporel (démangeaisons) – que des agents exogènes (produits toxiques, frottements, allergies à des types de textiles, etc.) puissent leur nuire qui amène globalement au risque de cancer par le grattage. Le médecin peut être amené à délivrer une médication pour soulager les démangeaisons cutanées.
La spatialisation de ces enjeux sert donc à prévenir des risques par l’observation de l’organisation de l’espace, base de toute réflexion géographique, outil stratégique pour toutes les autres sciences.* Thibault Renard -.penserlespace.com. posted on 20 janvier 2012
**Réaction d’un internaute: J’ai enfin essayé de comprendre la manière dont la personne entrait en contact avec son dos. Par où passait la main gratteuse ? Les flèches noires sanctionnent les directions du grattage de l’extérieur vers les zones identifiées. Il apparaît clairement que la plupart des zones accessibles subissent le grattage. Seulement l’accessibilité du dos est limitée.
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