Les secrets de la mémoire
Virginie Efira.
Quels sont les mécanismes de la mémoire ? Comment les souvenirs s’impriment-ils dans le cerveau ? Où sont-ils stockés ? Quels circuits empruntent-ils pour ressurgir à tout moment ? La mémoire n’a pas révélé tous ses secrets, mais les études effectuées permettent de mieux la connaître, pour mieux l’entretenir et la préserver.
Rappelle-toi, Barbara, cette chanson que nous écoutions autrefois… Tu sais bien, son interprète est un artiste très connu, un grand avec une guitare, qui a démarré avec Salut les copains! Comment s’appelait-il déjà???-
Oui, je me souviens de ce musicien… Michel Polnareff?
- Non, c’est Johnny Hallyday. Il chantait Souvenirs, souvenirs.»
Que ces oublis sont exaspérants ! Rechercher un mot, un nom, l’endroit où l’on a posé ses lunettes, ses clés ou son portable… Mais pourquoi donc la mémoire nous échappe-t-elle quand on la sollicite, et surgit comme par enchantement des profondeurs de notre cerveau lorsqu’on ne s’y attend plus ? Quand elle nous fait défaut, on la maudit autant que l’on craint qu’elle en vienne à nous lâcher. Parce qu’elle nous guide dans le présent et nous projette dans l’avenir, parce que c’est la connaissance de notre histoire, de notre conscience et ce qui fait notre identité. La perdre revient à se perdre…Sans omettre qu’il s’agit aussi d’un outil essentiel au quotidien. Constamment, nous la sollicitons pour enregistrer une information, prendre un rendez-vous, composer un numéro de téléphone… Son rôle est crucial. C’est pourquoi elle fait l’objet de nombreuses recherches pour comprendre comment le souvenir se construit, se stocke, se perd ou ressurgit. Si elle est loin d’avoir livré tous ses secrets, les études neuropsychologiques et les nouvelles techniques d’imagerie cérébrale permettent de mieux appréhender ses mécanismes.
«Nous savons qu’il n’y a pas une mémoire, mais des mémoires localisées dans différents endroits du cerveau, explique Serge Laroche, directeur de recherche au CNRS au laboratoire de neurobiologie de l’université d’Orsay. Elles fonctionnent de manière complémentaire via des réseaux de neurones interconnectés reliant les régions cérébrales intervenant pour construire le souvenir. Ces mémoires se partagent en deux catégories: les temporaires et les longs termes, qui conservent l’information plus durablement.». Depuis la plus petite enfance, le cerveau se nourrit d’informations. Soit de manière inconsciente, soit de façon volontariste. Nous allons en retenir certaines et oublier les autres. Comment s’opère ce tri ?
* Première étape: l’encodage
Lorsque l’information se présente au cerveau- elle n’est à ce stade que sensorielle et prend la forme d’un signal électrique évanescent -, celui-ci l’analyse et, selon son intérêt, l’élimine ou l’enregistre dans la mémoire à court terme située au niveau de l’hippocampe et du cortex. C’est une première étape, dite de l’encodage. Cette mémoire immédiate, appelée aussi mémoire de travail, est sans cesse requise pour des actes quotidiens. Elle va conserver l’information quelques minutes, le temps soit de l’effacer, car considérée comme inutile, soit de l’exploiter instantanément – retenir un numéro de téléphone, une phrase, un nom…, soit de l’emmagasiner dans une mémoire à long terme pour y être pérennisée. La mémoire immédiate est le passage obligé du souvenir. Une fois installée dans les mémoires à long terme, notre information est en voie de mémorisation durable. Elle sera, selon sa nature, stockée dans la mémoire épisodique ou dans la mémoire sémantique. La première est notre mémoire autobiographique qui sauvegarde les événements de notre vie : les Noëls de notre enfance, le premier jour d’école, la mousse au chocolat de la grand-mère, le premier baiser… Des situations frappées du sceau de l’émotion… «Ce qui touche le cœur se grave dans la mémoire», disait Voltaire. La seconde renferme les concepts et tout ce qui nous reste des connaissances générales enregistrées au cours de notre vie : les numéros des départements, les dates historiques, les règles arithmétiques… C’est à elle que l’on fera appel pour se souvenir, par exemple, de la signification du mot « idiosyncrasie ». Parfois, elle nous joue des tours en retenant sur le bout de la langue une information quémandée.
«Les souvenirs s’échappent des mémoires à court et à long terme, sans que l’on sache comment, poursuit Serge Laroche. Et tout événement peut activer des souvenirs enfouis dans les mémoires à long terme, pour les rappeler dans la mémoire immédiate, qui les utilise ou les actualise. Constamment, le cerveau crée, renforce de nouvelles connexions synaptiques pour installer, consolider ou réveiller un souvenir.»
** Des circuits neuronaux complexes
Plus profonde encore est la mémoire procédurale. C’est celle qui enregistre les habitudes et à qui l’on doit de toujours savoir faire du vélo, nager ou conduire quand on a appris. Très résistante, elle peut être stimulée de manière pratiquement inconsciente.
«Ces mémoires sont complémentaires mais reposent sur des circuits neuronaux distincts complexes, commente le Pr Bruno Dubois, neurologue, chef de service à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Ainsi, les malades d’Alzheimer perdent la mémoire épisodique mais peuvent conserver leur mémoire procédurale, voire même sémantique. Et certaines personnes souffrant de lésions cérébrales ont des déficits de la mémoire du travail, mais retiennent certains aspects de leur mémoire épisodique…»
Si l’on connaît aujourd’hui les circuits anatomiques de la mémoire, on ignore toujours comment un souvenir s’imprime dans le cerveau. Mais on sait que plus grande sera la qualité de l’encodage, plus le souvenir aura des chances d’être mémorisé. C’est là qu’intervient le facteur émotionnel. Un événement intense, chargé de joie, de plaisir, de tristesse, de frayeur, de colère, d’injustice…, se gravera plus profondément et sera mieux retenu.
«De même, l’attention portée lors de l’enregistrement de l’information est essentielle, insiste Monique Le Poncin, docteur ès-sciences. Il faut être réellement présent à son acte de mémorisation, en s’aidant d’indices pertinents, visuels, auditifs…»
Nous ne retenons pas ce qui nous effleure ni ce qui nous indiffère. Nous ne retenons pas davantage les informations et événements intervenant dans un contexte de stress, de fatigue, d’anxiété, de dépression… Les pensées préoccupantes, obsédantes, les douleurs, mais aussi le fou rire, selon Monique Le Poncin, sont des perturbateurs des circuits de mémorisation. De même que l’alcool, les drogues, les psychotropes ou le manque de sommeil.
* Stratégies de récupération des informations stockées
«Les troubles de la mémoire surviennent lorsque le processus de mémorisation a dysfonctionné, ajoute le Pr Bruno Dubois. Soit l’information a été mal saisie au moment de l’encodage, ce qui va nuire à son rappel, parce que la personne était distraite, fatiguée, déprimée, ailleurs, ou souffrant de troubles attentionnels. Soit les stratégies de récupération des informations stockées sont défaillantes, ce qui est le cas lors du vieillissement. Il se peut, enfin, que l’hippocampe ou le circuit neuronal qui transforme l’information en trace mnésique soit altéré et entrave le stockage des souvenirs. C’est ce qui se passe avec la maladie d’Alzheimer. »
La mémoire qui flanche est un phénomène banal. Il n’y a pas de quoi s’alarmer. 75 % de la population des plus de 40 ans s’en plaignent. Mais si les oublis sont récurrents au point de perturber la vie quotidienne, il faut consulter. Des tests spécifiques, mis au point par le Pr Bruno Dubois, permettent de différencier une simple perte de mémoire d’un déficit cérébral. A l’exception des cas d’amnésies profondes et de maladies neurodégénératives, la plupart des troubles mnésiques sont en partie réversibles avec des techniques d’apprentissage et une bonne hygiène de vie. Des études ont montré que le manque de sommeil était de nature à inhiber la mémoire. De même, il a été confirmé que l’on mémorisait mieux au coucher que le matin en se levant.
* Méthodes de mémorisation et trucs mnémotechniques
Le régime alimentaire compte aussi. Il ne doit pas comporter trop de calories, mais être riche en acides gras oméga 6 et oméga 3 selon une récente étude allemande. Et rien de tel que d’exercer régulièrement ses méninges pour entretenir sa mémoire. Les jeux vidéo, jeux internet, livres, ateliers spécialisés dans cet exercice sont pléthore. Ils préconisent diverses méthodes de mémorisation (répétition espacée, visualisation mentale…) que Woody Allen épingle dans son film Scoop. Un des personnages s’exclame : «J’ai un truc mnémotechnique. Si je veux me rappeler ce cendrier, je pense à 50cendriers qui dansent en minijupe.»
Si la mémoire se travaille, il faut aussi garder en tête que le cerveau gomme des souvenirs pour éviter d’en être trop encombré. C’est ce que démontrent les travaux d’une biologiste française, Isabelle Mansuy. Elle a découvert qu’une protéine, la PP1 (Protein Phosphatase 1), pouvait empêcher la formation des souvenirs lors des apprentissages et provoquer l’oubli d’informations déjà stockées. Peut-être pour ne retenir que ce qui est essentiel à nos besoins… Ne dit-on pas qu’il faut savoir oublier pour mieux se souvenir…(Le Figaro)
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**Exploration du cerveau: lire dans les pensées, c’est peut-être pour bientôt
L’amélioration de l’imagerie pourrait permettre de savoir ce à quoi on pense…
Grâce aux progrès de l’imagerie cérébrale, il est déjà possible de savoir quelle image regardent des volontaires lors d’études scientifiques. Permettront-ils demain de détecter des mensonges lors d’un entretien d’embauche ou en matière judiciaire, voire de lire dans les pensées? «Des travaux en cours permettent, chez un individu particulier, de reconnaître qu’il a vu une maison, un visage ou un outil.» Selon une étude publiée en septembre, on peut même savoir qu’il regarde un film montrant un oiseau en train de voler.
Mais «de là à lire les pensées, je pense qu’on en est encore très loin», estime le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux. «Dans la pensée, il y a toujours un contexte, lié à la fois à l’histoire de l’individu et aux conditions dans lesquelles, au moment où l’individu pense, cette pensée s’élabore», explique-t-il à l’AFP, évoquant une des raisons limitant la possibilité de lire dans les pensées.
«Des problèmes éthiques sont soulevés par ces questions»
Mais, dans les années à venir, «il faut s’attendre à une plus grande résolution dans l’identification des objets de pensée consciente pour un sujet donné», selon ce spécialiste du cerveau, qui avait présidé le Comité national consultatif d’éthique de 1992 à 1998. Les stimulations cérébrales, au moyen d’électrodes implantées dans le cerveau pour soigner des personnes souffrant de la maladie de Parkinson ou d’autres troubles, peuvent-elles être détournées à des fins non-thérapeutiques? Est-ce qu’on va vers un viol, une manipulation des consciences? «Il est certain que des problèmes éthiques sont soulevés par ces questions», estime le Pr Changeux, jugeant que cette réflexion «aurait dû être intégrée» dans la loi de bioéthique votée cet été.
L’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (OPECST) s’est saisi de ce dossier et prévoit de publier un rapport en février 2012. De multiples questions surgissent. Les données d’imagerie cérébrale peuvent-elles être utilisées par la justice, ou lors d’entretiens d’embauche, par des assureurs? Comment protéger la vie privée? Il y a un risque «de vouloir faire dire à des données scientifiques plus qu’elles ne veulent dire», a relevé cette semaine Lionel Naccache, chercheur à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), lors d’une audition organisée par l’OPECST.
Une femme indienne accusée d’empoisonnement à cause du mot «cyanure» dans son cerveau
Les belles images couleur du cerveau grâce à l’IRM fonctionnelle (IRMF) peuvent donner «l’illusion de mesurer réellement ce qu’est une pensée», un processus mental. «Le fantasme est là, il faut être très prudent», met en garde Yves Agid, directeur scientifique de l’ICM. «Ce n’est pas parce qu’un comportement se traduit par une image que la mise en évidence de cette image traduit un comportement», prévient-il. L’image reste «très éloignée du fonctionnement neuronal» lui-même. Ce qui est mesuré, c’est le débit sanguin dans des capillaires du cerveau. D’où la nécessité de savoir interpréter les images. «Le scientifique a une bonne connaissance des limites de la méthode qu’il emploie», relève le Pr Agid. Mais pour d’autres acteurs de la société, «il y a tentation d’aller chercher quelque chose qui est de l’ordre de la vérité», note Jean-Claude Ameisen, président du Comité d’éthique de l’Inserm.
Hélène Gaumont-Prat, spécialiste du droit médical à l’université Paris-VIII, a relevé les risques de voir l’IRMF utilisée pour la détection de mensonges lors d’entretiens d’embauche ou par des assureurs. En justice, «va-t-on faire parler des données cérébrales de la même façon que les empreintes génétiques?» s’interroge-t-elle.Aux Etats-Unis, dit-elle, on peut se servir de la neuroimagerie pour montrer une altération des facultés mentales de l’accusé. En Inde, raconte-t-elle, cette méthode a déjà été utilisée pour fournir une preuve à charge: une femme accusée d’empoisonnement a été condamnée à la perpétuité «parce que son cerveau traitait le mot cyanure de manière familière». (AFP-03.12.2011.)
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