Les relations algéro-françaises “se portent bien”
19102010
*La ministre française de la Justice Michèle Alliot-Marie a qualifié lundi à Alger les relations de son pays avec l’Algérie de « très étroites, un peu comme dans un couple », au terme d’une visite « chaleureuse » de 24 heures dans ce pays.
« Les relations sont très étroites, un peu comme dans un couple, un couple qui se connaît depuis longtemps », a-t-elle dit lors d’une conférence de presse.
Et ce couple « a toujours l’occasion de se réconcilier et de se retrouver de façon plus étroite ».
Venue pour discuter de coopération judiciaire et juridique, Mme Alliot-Marie a été reçue par le président Abdelaziz Bouteflika puis s’est entretenue avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Cette seconde rencontre non prévue, a été initiée lors de l’entretien présidentiel par le chef de l’Etat lui-même, a-t-on appris de source diplomatique.
Interrogé par des journalistes français à l’issue de sa rencontre avec la ministre, le président Bouteflika a déclaré que « les relations entre l’Algérie et la France se portaient bien ». A la question de savoir s’il se rendrait en France en visite officielle, pour répondre à celle effectuée en 2007 en Algérie par son homologue Nicolas Sarkozy, il a répondu: « Inchallah ».
Mme Alliot-Marie a pour sa part beaucoup insisté sur l’appréciation française de la participation de M. Bouteflika en juin dernier au sommet Franco-Africain de Nice.
La ministre de la Justice a également indiqué qu’elle avait eu l’occasion d’avoir un déjeuner élargi avec cinq ministres, dont certains qu’elle ne connaissait pas.
Elle a beaucoup insisté sur le « caractère chaleureux de tous ses entretiens » algériens. Elle a bien sûr eu une réunion de travail avec son homologue Tayeb Belaiz et s’est rendue à l’école des magistrats et à la Cour d’Alger. Les Français et Algériens ont des accords de formation de coopération dans ces deux institutions.
Côté diplomatique français, on se félicitait de cette « visite très réussie ». Il s’agissait de la première visite de Mme Alliot-Marie en tant que ministre de la Justice à Alger mais sa quatrième en tant que ministre du gouvernement Sarkozy: une fois quand elle avait le portefeuille de la Défense et deux fois en tant que ministre de l’Intérieur. (El Watan avec AFP-19.10.2010.)
**Interrogé hier à Alger, sur son éventuelle visite en France, le Président Bouteflika n’a ni confirmé ni infirmé ce déplacement laissant la perspective ouverte par la formule bien de chez nous «Inchallah» (si Dieu le veut, Ndlr).
Cette réponse a été donnée à un journalsite, à l’issue d’une audience que le Président a accordée à la ministre d’Etat, ministre de la Justice et des Libertés garde des Sceaux de la République française, Mme Michèle Alliot-Marie. C’est ce que les Occidentaux appellent «le fatalisme arabe».
En fait, l’expression «Inchallah» marque généralement le désir de voir se réaliser un événement dans le futur. C’est la première fois que le président de la République se prononce sur cette visite officielle de deux jours qu’il devait effectuer à Paris en février 2010.
L’argument avancé à l’époque était l’agression israélienne contre Ghaza.
Mais depuis, d’autres éléments se sont greffés et ce déplacement a pris des allures d’Arlésienne.
C’est surtout l’épisode du diplomate Hasseni et la décision de Paris d’inscrire l’Algérie sur la liste noire des pays à risque terroriste qui ont envenimé la situation.
Si bien que les relations entre les deux pays se sont refroidies et sont restées depuis deux longues années au point mort.
Seulement voilà, le Président Bouteflika fait encore une autre confidence aux journalistes toujours lors de la réception accordée à son hôte, Michèle Alliot-Marie. Il a affirmé que les relations algéro-françaises «se portent bien».
«Les relations entre l’Algérie et la France se portent bien», a déclaré M.Bouteflika en réponse à une question sur les relations entre les deux pays.
Il y a réellement un semblant de dégel dans les rapports entre les deux pays depuis ces derniers jours.
Les langues commencent à se délier, notamment par rapport à la question de la mémoire. De son côté, Mme Alliot-Marie a indiqué que les entretiens avec le Président Bouteflika ont porté sur tous les domaines, notamment ceux relatifs à la défense, l’intérieur et la justice.
«Le président de la République m’a fait le grand honneur de me recevoir longuement et nous avons évoqué tous les domaines très larges de la coopération entre la France et l’Algérie», a-t-elle précisé, qualifiant de «très profondes» et de «très intenses» les relations entre les deux pays. «Nous avons développé la coopération dans le domaine de la défense et de l’intérieur, mais également dans celui de la justice, notamment depuis 2004 où nous avons une coopération dans le domaine de la formation», a-t-elle ajouté.
Elle a exprimé son souhait de voir ces relations «se développer, non seulement dans l’intérêt de nos deux pays, mais également dans l’intérêt des autres pays voisins ainsi que pour le développement de la paix et de la sécurité parce que, a-t-elle dit, c’est notre mission profonde». (L’Expression-19.10.2010.)
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*UN COLLOQUE DE HAUT NIVEAU LUI A ÉTÉ CONSACRÉ
Mohamed Dib à Tizi Ouzou
Nadjet Khadda a revisité pratiquement l’ensemble des romans de l’auteur de L’Incendie.
«Un homme complet, une oeuvre immense et un représentant de l’Algérie dont on veut qu’il soit le porte-drapeau», c’est ainsi que l’universitaire Nadjet Khadda a résumé Mohamed Dib, dont la vie et l’oeuvre ont été l’objet d’un colloque scientifique, tenu hier et avant-hier à la Maison de la culture de Tizi Ouzou. Avant Nadjet Khadda, Sabéha Benmansour, maître de conférence à l’université de Tlemcen et présidente de l’Association La Grande maison, a rappelé que le Prix littéraire Mohamed Dib sera décerné à trois écrivains, en langues française, arabe et amazighe. L’intervenante, qui a animé une communication intitulée «Tlemcen ou les lieux de l’écriture», a insisté sur le fait que la langue n’a jamais constitué un problème pour Mohamed Dib. Ce dernier trouvait que la langue française lui seyait comme un gant, mais disait aussi: «Ma langue maternelle est retravaillée par la langue française.» Nadjet Khadda a revisité pratiquement l’ensemble des romans de Mohamed Dib à travers un condensé de fragments, de bribes de récits et d’un ensemble de réflexions. C’est plus que des romans que Mohamed Dib avait écrits tout au long de son parcours de plus de cinquante ans. Nadjet Khadda a insisté sur l’enracinement de ces romans et aussi sur leur universalité, en citant, entre autres, le roman L’aube Ismail. Ce livre est la manifestation même de l’universalité. Lors des débats, Nadjet Khadda a précisé que dans la littérature il n’y a pas d’objectivité. On peut interpréter différemment les romans de Dib et des autres grands écrivains. «Il n’y a pas d’objectivité dans le roman. Les mots n’ont pas le sens qu’ils ont dans le dictionnaire, mais ils ont un sens allégorique et mystique. Ce sont des regards neufs sur le monde que porte Dib à travers ses écrits», souligne Nadjet Khadda, citant un auteur universel qui disait que «la réalité est ce dont on part mais c’est pour s’en éloigner». La même intervenante, qui a fait preuve d’une étonnante maîtrise de l’oeuvre de Dib, a évoqué ce qu’est l’héritage dans les romans de ce dernier: «L’héritage c’est qu’on n’est plus le même d’un jour à l’autre. Il nous vient du patrimoine, mais aussi de l’extérieur, y compris du colonisateur car à l’intérieur de l’enfer qu’est ce dernier, il y a des richesses.» Nadjet Khadda a rappelé que Mohamed Dib a dénoncé la barbarie dans Si Diable veut. Dans d’autres romans, il a analysé la religiosité qui n’a rien à voir avec la religion, cette dernière étant de haute spiritualité et non pas constituée de dogmes et d’interdits. La ville de Tlemcen est omniprésente dans l’oeuvre de Dib, a ajouté Khadda. Par exemple, dit-elle, dans Qui se souvient de la mer?, qui est un grand livre de témoignage, Dib évoque sa ville mais, tient-elle à préciser, il ne s’agit pas de topologie tangible: «Dans ce roman, il est question d’une ville en branle-bas de combat où les murs deviennent des méandres pouvant se refermer sur les gens». La dimension philosophique et existentialiste de l’oeuvre de Mohamed Dib n’a pas été omise par la conférencière. Khadda a indiqué que le problème de Mohamed Dib était plus de s’interroger sur «comment l’esprit humain fonctionne-t-il?» Il s’agit de cette quête d’un sens à sa vie, une quête qui dit à l’individu ce qu’il est, d’où il vient et où il va. Qu’est-ce qui est mystérieux dans le monde et qui échappe à la rationalité, qu’on ne peut pas comprendre? Nadjet Khadda avertit que dans l’ensemble de son oeuvre, Mohamed Dib n’apporte pas de réponses, mais son objectif consiste à poser des questions. Il appartient à chaque lecteur de fouiller en lui pour trouver le sens à donner à sa vie, explique Khadda. Car, pour cette dernière, derrière une apparence, il y a plusieurs sens qui se cachent les uns derrière les autres. D’autres conférences ont été animées hier et avant-hier. Des universitaires de Tlemcen et des départements des langues arabe, amazighe et française de l’université de Tizi Ouzou ont assuré la réussite de ce colloque de haut niveau. (L’Expression-19.10.2010.)
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*RENCONTRE PORTANT SUR LES ÉCRITURES DES FEMMES ÉCRIVAINES EUROMAGHRÉBINES
La réalité en fragments ….Les femmes écrivent-elles d’une manière particulière?
Bien que l’apport des femmes à la pensée soit incontestable — mais parfois contesté —, cette rencontre qui prend fin aujourd’hui tend à déterminer si l’écriture de femmes existe, et si elles écrivent d’une manière particulière.
“Les siècles ont passé mais la problématique de la contribution des femmes à la pensée universelle reste toujours d’actualité, même si d’aucun ne peut contester le rôle des femmes et leur apport dans le développement des sciences humaines”, a déclaré, Mme Laura Baeza, ambassadrice chef de la Délégation de l’Union européenne en Algérie, hier matin, à l’Institut national supérieur de musique (Insm), dans son allocution d’ouverture de la rencontre, de deux jours, intitulée “Récits de vie, fiction et poésie comme contribution des femmes à la pensée”. La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, a estimé, dans son discours lu par une représentante, que “le fait d’écrire et d’apposer son nom sur la couverture d’une œuvre relève simultanément d’un acte d’appropriation, parce que l’œuvre nous appartient, et de partage parce qu’on la destine à autrui (…) Cela confirme en même temps son rôle en tant qu’acteur de l’histoire et de la pensée. Il faut préciser, cependant, que ce statut a été acquis au prix de maints sacrifices”. Après les discours officiels, la première séance de cette rencontre, placée sous le haut patronage du ministère de la Culture, et organisée par la Délégation de l’Union européenne, les services culturels des États membres de l’UE, et l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), a été modérée par l’écrivaine, Maïssa Bey. Dans sa communication lue par une représentante, l’auteure autrichienne Anna Kim a mis l’accent sur la difficulté d’écrire le présent et de trouver un langage approprié pour en rendre compte. Elle a également souligné la complexité du réel et la contrainte de devoir faire confiance aux mots dans des situations de violence extrême, tout en appuyant le fait que dans son œuvre, il est avant tout question du traitement de problèmes humains. “Tout paraît vrai mais rien n’est vrai”, affirme-t-elle en conclusion. L’universitaire et auteure, Ouarda Ensighaoui-Himeur, a intitulé sa communication “Liberté… j’écris ton nom”.
Elle a axé son intervention sur trois œuvres : Histoire de ma vie de Fadhma Aït Mansour Amrouche, l’Amour, la fantasia, le premier roman assez controversé dans sa réception d’Assia Djebbar, et Mes Hommes de Malika Mokaddem. Mme Ensighaoui-Himeur a expliqué que ces femmes ont créé “une double rupture dans la vison exotique de l’Algérie et des Algériennes”, tout en sortant la femme de la posture d’objet pour la placer dans une situation de sujet parlant qui s’affirme avec l’utilisation du “je”.
Malgré ces accents de liberté renforcés par la rupture avec la langue ancestrale et l’utilisation du français comme langue d’expression, Fadhma Aït Mansour Amrouche et Assia Djebbar ont fait certaines concessions à l’ordre ancestral. Fadhma Aït Mansour Amrouche a attendu le décès de son époux pour publier son œuvre autobiographique (telle que la définit l’universitaire Philippe Lejeune) qui lui permet d’être considérée comme la pionnière de l’autobiographie féminine en Algérie ; et Assia Djebbar a choisi un pseudonyme pour écrire et se dire, notamment dans son emblématique ouvrage l’Amour, la fantasia, paru en 1985. Et on peut y distinguer deux points importants : d’abord la disparition du père, décédé, et le choix d’Assia Djebbar de “dire son corps de femme dans une langue autre que celle de ses aïeuls”. Avec Malika Mokaddem, la donne change puisqu’elle “s’affranchit” totalement du regard du père et nous assistons à “l’accomplissement de l’autobiographie et la revendication sans fard de la liberté”.
La deuxième séance a été inaugurée par Fatima Oussedik, sociologue, dont la communication s’est concentrée sur le rapport des femmes au dedans et au dehors. Prenant le titre la Grotte éclatée de Yamina Mechakra comme axe de réflexion, elle a appuyé que la grotte est la mémoire, et le fait d’éclater la grotte est, en quelque sorte, l’affranchissement des contraintes et du poids des ancêtres. Mais il y a toujours “un double mouvement” : dehors/dedans chez la femme, car il y a la nostalgie.
En effet, “la nostalgie demeure une nécessité qui pousse le sujet à s’animer lorsque la trace est absente”, explique-t-elle. Dans Nulle part dans la maison de mon père, dernier roman d’Assia Djebbar, le “nulle part” du titre renvoie au lieu mais également au fait de quitter la grotte, le ballotage du sujet entre rationalité et irrationalité, le fait de devoir faire avec l’écho de la trace, cette dernière étant inexistante. L’auteure tchèque, Tereza Bouckova, a raconté sa difficulté d’être mère et d’être en même temps auteure, révélant ainsi que les écritures de femmes sont généralement en fragments.
Par ailleurs, les écrivaines, Azza Fillali (Tunisie), Françoise Lalande (Belgique), Rachida Madani (Maroc) et Zineb Laouedj (Algérie), sont intervenues autour du même thème, dans l’après-midi, à savoir, “Récits de vie comme expression de la réalité”. (Liberté-19.10.2010.)
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*Christopher Ross écarte tout préalable à des négociations maroco-sahraouies
Rabat fera-t-il machine arrière sur son plan d’autonomie ?
L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental a mis, hier à Alger, le Maroc et le Front Polisario devant leurs responsabilités en exigeant la tenue de négociations sans préalable entre les deux parties, car le statu quo sur cette question est “intenable”, estime-t-il.
La proposition d’autonomie marocaine avancée comme seule base de négociations avec le Front Polisario, et considérée par ce dernier comme un préalable, bloque toute avancée dans les discussions entre les deux parties.
Après ses entretiens avec le président Abdelaziz Bouteflika et le ministre algérien délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a appelé le Maroc et le Front Polisario à entamer des négociations “sans conditions préalables” et de “bonne foi”, tenant compte des efforts déployés depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis cette date, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.
Il écarte ainsi toute condition préalable à ces négociations, d’où l’obligation pour le Maroc de revoir sa position basée essentiellement sur la proposition d’autonomie qu’il veut imposer comme seule base des discussions. C’est la seule solution pour faire avancer le dossier, car le diplomate américain a affirmé, après l’audience que lui a accordée le chef de l’État algérien, qu’“il n’y a pas de doute que le statu quo dans la question du Sahara occidental est intenable à long terme étant donné les coûts et les dangers qu’il entraîne”. Ross a souligné que “les parties en conflit (le Maroc et le Front Polisario) doivent maintenant faire preuve de volonté politique nécessaire pour le surmonter (statu quo)”, avant d’ajouter que “ceci exige des négociations sans conditions”.
L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a également indiqué que “comme lors de mes visites précédentes, cette nouvelle tournée a pour but principal de m’aider à déblayer le chemin vers des négociations constructives entre le royaume du Maroc et le Front Polisario avec la coopération des États de la région, y compris les pays voisins, dont le Conseil de sécurité a émis le vœu à maintes reprises”.
Il a déclaré que “les échanges avec le président Bouteflika et son équipe ont porté sur les aspects principaux du dossier, ainsi que sur la nécessité de relancer les mesures de confiance actuelles et de mettre en œuvre les nouvelles mesures prévues par le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR)”. Dans le même ordre d’idées, l’émissaire onusien a révélé, au sujet de ses discussions avec le président algérien : “Nous avons également évoqué le climat politique dans le région.” Concernant les détails de cette quatrième tournée qu’il effectue dans la région, il dit : “Dans les jours à venir, je me rendrai dans la région de Tindouf (Algérie), en Mauritanie et au Maroc, afin de poursuivre les préparatifs de la 3e réunion de pourparlers informels prévue pour le mois de novembre et qui vise à préparer la voie à des négociations formelles.”
Il émettra l’espoir de voir les parties sortir de l’impasse actuelle et entamer les négociations intensives et substantielles sur l’avenir du Sahara occidental. La veille, Christopher Ross a été reçu par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Il s’efforce de faire redémarrer des pourparlers directs sous l’égide de l’ONU entre le Maroc et les indépendantistes sahraouis sur l’avenir du territoire.
Des représentants des deux parties s’étaient séparés en février après une réunion informelle de deux jours près de New York, sans parvenir à surmonter leurs désaccords. (Liberté-19.10.2010.)
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*Lire aussi…*Israël a toujours profité d’une totale impunité.
*Le boycott des produits israéliens est un moyen pacifique contre la politique agressive d’Israël
**Plus personne ne peut dire, à l’heure actuelle, qu’Israël respecte le droit international ou les droits humains.
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*Ahmadinejad, superstar au Sud-Liban
(De Bint-Jbeil, Liban) Ils l’ont attendu tout l’après-midi, sous un soleil de plomb. Les femmes d’un côté, les hommes de l’autre, galvanisés pendant des heures par des chants guerriers qui célèbrent un Hezbollah victorieux en 2006 contre Israël.
Ils sont des milliers, venus de tout le Sud-Liban, à brandir une forêt de drapeaux iraniens et libanais pour accueillir Ahmadinejad en héros. Dès son apparition jeudi dans le stade de Bint-Jbeil, à moins de 5 kilomètres des collines israéliennes, la chaleur, l’attente, tout est oublié : la foule est hystérique.
Ambiance de folie, foule en délire… On entend des « rosh amadi », « bienvenue » en farsi, la langue majoritaire d’Iran.
Et quand « Najad », comme on l’appelle ici en arabe, salue les chiites libanais et une « terre de résistance », sous-entendu : la résistance du Hezbollah face à l’ennemi israélien. Au Liban, la précision est superflue.
A Bint-Jbeil, où le centre-ville a été rasé par les raids israéliens pendant la guerre de 2006, les plaies ne sont pas refermées. Dans le Sud-Liban non plus : la région a été occupée par les troupes israéliennes de 1978 à 2000.
Alors, quand le président iranien prédit la disparition de « l’Etat sioniste », c’est une foule acquise à sa cause qui l’applaudit à tout rompre.
C’est le cas de Fadel Bahar, boulanger à Tyr (Sud-Liban), qui apprécie la proximité d’Ahmadinejad avec le Hezbollah chiite :
« Le président de la République islamique est le seul dans le monde [qui est] aux côtés du Hezbollah. […] Le Hezbollah est très fort face à Israël.
« Il faut qu’Israël sache que nous nous battrons jusqu’au bout », explique Ali Bazzi, 33 ans, gérant d’un restaurant à Bint-Jbeil, qui a perdu son frère pendant la guerre de 2006. Il insiste pour préciser :
« Nous, nous aimons toutes les religions : les juifs, les chrétiens… Mais nous détestons Israël parce qu’ils se sont mis à nous tuer. »
A Qana, deuxième étape de la visite de Mahmoud Ahmadinejad dans le Sud-Liban, Smaïl Bsus ne dit pas autre chose. Le 18 avril 1996, il était dans le camp de l’ONU bombardé par l’aviation israélienne. Il a perdu son bras droit et quatorze membres de sa famille. Pas un jour sans qu’il n’y pense. Lui aussi remercie le président iranien de sa visite « pour montrer au monde entier ce que les Israéliens ont fait. »
Dans cette petite ville du Sud-Liban, l’horreur s’est répétée : en 2006, un raid israélien fait 27 victimes, dont la moitié sont des enfants.
La nuit est déjà tombée sur Qana quand Mahmoud Ahmadinejad dépose une gerbe de fleurs à son nom sur le monument aux morts où sont inscrits les noms des victimes : « une visite sacrée » aux yeux des survivants.
Pendant quelques heures, celui qui incarne aux yeux de l’Occident la menace nucléaire n’aura jamais été aussi proche de l’Etat hébreu, à quelques kilomètres à peine.
Les craintes de la Finul, les forces de l’ONU basées au Sud-Liban, ne se sont pas vérifiées : la frontière ne s’est pas embrasée. Le Hezbollah avait pour sa part déployé un impressionnant système de sécurité. Et sur les routes menant à Bint-Jbeil et Qana, les soldats de l’armée libanaise étaient aussi de la partie, en poste quasiment tous les 100 mètres.
Porté par la très efficace machine de communication du Hezbollah, le président iranien, lui, s’est offert pendant les deux jours de cette visite très controversée au Liban un bain de popularité dans les fiefs du Hezbollah, « le Parti de Dieu » -sans doute son meilleur allié dans la région. … (Rue89-15.10.2010.)
****des superhéros pour secouer les clichés sur l’islam
C’est bien connu : les superhéros déboulent, quand on a besoin d’eux, pour sauver le monde. Nés de l’imagination du Koweitien Naif Al-Mutawa, The 99 secouent les stéréotypes sur l’islam et fédèrent les amateurs de BD aux quatre coins du globe.
« Des superhéros qui portent notre culture »
Naif, docteur en psychologie clinique et titulaire d’un MBA, se souvient. Tout commence en 2003, dans un taxi londonien.
« Je venais de terminer mes études, j’avais 32 ans, et ne savais pas vers quoi m’orienter. Ma sœur m’a rappelé mon rêve : écrire des histoires pour enfants. Mais je voulais quelque chose qui ait le potentiel des Pokémon !
En pensant à la façon dont l’islam est parfois malmené, je me suis dit : et pourquoi pas inventer des superhéros qui portent notre culture, de manière ouverte et positive ? »
The 99, ce sont donc 99 jeunes dotés de pouvoirs correspondant aux 99 attributs d’Allah, issus de 99 pays. L’entrepreneur explique :
« Je voulais que la portée du concept soit mondial. Mes personnages sont des icônes modernes et multiculturelles, dans lesquelles n’importe qui peut se reconnaître. »
Garçons et filles, voilées ou pas.
« Les histoires ne font jamais allusion à la religion. Si les références des 99 sont inhérentes à l’islam, leurs valeurs sont universelles. »« Il y a plein de façons de mener sa vie »
Objectif : bousculer les visions exclusives, faussées ou archaïques de l’Islam, en Occident comme dans certains Etats musulmans :
« Ceux qui utilisent notre religion pour véhiculer le sectarisme et la haine sont des individus détestables, dont le message n’a rien à voir avec l’islam. Pouvoir inspirer des bandes dessinées divertissantes pour des gens de tous âges et de toutes obédiences prouve que le problème ne vient pas de l’islam, mais de ceux qui s’en servent à mauvais escient ! »
Sans dogmatisme :
« De même qu’il n’est pas nécessaire d’avoir 20 sur 20 pour avoir le bac, pas besoin d’être parfait pour aller au paradis ! Les aventures de mes héros sont fun. Leur manière d’être montre qu’il y a plein de façons de mener sa vie. Personne n’a le droit de les décréter pour toi ! »
Réalisés par les meilleurs auteurs du genre, générateurs d’un millier d’emplois, lus du Moyen-Orient à la Chine en passant par l’Inde, l’Indonésie ou la Turquie, The 99 sont aussi désormais les héros d’un parc d’attraction au Koweït… et débarquent en octobre prochain à la télévision américaine en série animée ! Un lancement symbolique, et un gros marché en perspective :
« Mes juges sont là, devant leur poste : des mômes de 6 à 14 ans, leurs parents… Eliront-ils The 99 comme le nouveau Spiderman ? C’est le moment de vérité ! »
Un Américain a déjà déclaré sa flamme aux 99 : Barack Obama himself, en avril 2010, en ouverture d’un sommet sur l’entrepreneuriat. Mister Président a applaudi leur capacité à « captiver l’imagination d’un grand nombre de jeunes, en personnifiant les valeurs et la tolérance de l’islam. » (Rue89-13.10.2010.)
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El-Kala: Un sardinier tunisien percute un semi-rigide des gardes-côtes
Branle-bas de combat en milieu de journée d’hier au niveau des frontières maritimes algéro-tunisiennes où un sardinier qui pêchait ou arrachait du corail a été pris en chasse par un semi-rigide des gardes-côtes de la station maritime d’El-Kala dans la wilaya d’El-Tarf. Refusant d’obtempérer, le sardinier est entré en collision avec le semi-rigide qui a subi une déchirure au niveau du pneumatique avant de prendre la fuite. Il est à noter que des incidents divers se produisent de temps en temps dans cette partie des eaux qui séparent les deux pays dont la délimitation est en cours comme convenu en vertu d’un commun accord entre les deux pays. Une commission de haut rang de la marine nationale est attendue à El-Kala pour une enquête qui aura à déterminer les circonstances et causes exactes de cet incident. (Le Quotidien d’Oran-18.10.2010.)
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*Fini le français dans les universités américaines ?
*aversion des Américains pour l’apprentissage du français !
Le Molière de Romain Duris dans le film de Laurent Tirard
Voilà en effet la question que pose le New York Times, après la décision de la State University of New York, à Albany, de fermer plusieurs départements de langue.
Fascinant comme débat. Inquiétant aussi. En fait, je n’arrive tout simplement pas à comprendre l’aversion des Américains pour l’apprentissage des langues. C’est tellement coooooool de parler d’autres langues. Et surtout, tellement essentiel pour comprendre ce qui se passe autour de soi dès qu’on met le pied ailleurs.
Je l’ai déjà écrit mais je le répète: l’anglais n’est PAS la langue universelle qui nous ouvre toutes les portes. Il ouvre beaucoup de portes et le connaître est primordial et essentiel. Mais quiconque voyage un peu connaît aussi les limites de ce que l’anglais peut offrir.
Fascinant comme débat. Inquiétant aussi. Mais surtout, aberrant.( blog.cyberpresse.Canada-18.10.2010.)
**Donner son lait pour la cause
Héma-Québec envisage de mettre sur pied une banque de lait maternel, nous apprend la collègue Marie-Claude Malboeuf. Une banque de lait, comme une banque de sang. L’organisme, avec toutes ses infrastructures, est probablement le mieux placé pour le faire.
Le concept n’est pas nouveau. L’idée circule depuis longtemps, en fait. En Europe, ces banques sont monnaie courante (souvent depuis plus de 50 ans). On en compte plusieurs aux États-Unis, une à Vancouver, et une autre devrait ouvrir sous peu à Toronto, nous apprend aussi l’article.
L’intérêt d’une telle banque n’est plus à faire. Notamment pour les enfants prématurés, ou encore pour les mères incapables d’allaiter (parce qu’atteintes du cancer). D’autant plus intéressant qu’on sait que des mères, dans un contexte beaucoup moins contrôlé que dans le cadre d’une banque institutionnalisée, ont déjà vendu leur lait, à gros prix, sur eBay.
Que du bon, quoi. N’empêche, toutes sortes de questions se posent: faudrait-il rémunérer les mères donneuses? À quel coût? Dans quel cadre? Et surtout: comment recruter?
Et enfin, LA question: vous, donneriez-vous votre lait? (blog.cyberpresser.Canada-18.10.2010.)
**«J’ai rendez-vous à la banque de lait»
L’allaitement a la cote. Dans l’Hexagone, plus d’une maman sur deux a rangé ses boîtes de lait en poudre. Parmi ces femmes, certaines mettent quelques biberons de côté dans leur congélateur. Du stock ? Non, un geste désintéressé à destination des bébés prématurés que les qualités nutritionnelles du lait maternel remettent d’aplomb plus rapidement. Reportage.Il est 9 heures au Lactarium de Paris, dans le
14e arrondissement. Bruno Amouroux prépare la collecte de la journée. Dans le coffre de sa voiture, il installe sa glacière, range ses paquets de biberons stériles et des sachets de pastilles de décontamination. Le collecteur part ensuite pour une drôle de tournée à travers l’agglomération parisienne et la banlieue, du 15e à Versailles. Bruno, c’est une sorte de laitier à l’envers, qui apporte des contenants vides et repart avec des biberons pleins. C’est un acte gracieux, les mères ne sont pas rémunérées
en retour.
« Le Lactarium de Paris rayonne sur toute l’Île-de-France et alimente tous les hôpitaux de la région », explique Virginie Rigourd, pédiatre en réanimation néonatale à l’Institut de puériculture et de périnatalogie de Paris et responsable du lactarium. « Après son analyse et sa pasteurisation, le lait est utilisé pour les prématurés ou les bébés atteints de certaines pathologies digestives, cardiaques ou rénales. »
En effet, le lait maternel fait office de produit miracle pour ces nourrissons de quelques centaines de grammes. Il améliore entre autres leur fonction digestive, favorise leur croissance et prévient certaines complications infectieuses. Attention, le don n’est destiné qu’à ces enfants-là. Une maman d’un bébé né à terme, mais qu’elle ne pourrait allaiter pour diverses raisons, ne peut pas en bénéficier. « C’est un acte médical, martèle Virginie Rigourd. On ne transfuse pas les gens parce qu’ils sont un peu pâlots ! »
Donner son lait, une nouvelle pratique liée à l’essor récent
du bio ? Un acte de bobos ? Raté. Le Lactarium de Paris, le plus vieux de France, a été fondé en 1949. « Les premiers collecteurs se rendaient chez les mamans à vélo », raconte Bruno Amouroux. À la grande époque, il y a eu jusqu’à trois collecteurs. Aujourd’hui, les subventions ont baissé et Bruno est seul pour ramasser le lait, avec une autre personne à mi-temps. Les mères, elles, répondent toujours à l’appel, mais leur nombre, aussi, a réduit.
*« On donne son sang, alors pourquoi pas son lait ? »
« À la maison, quand il y a à manger pour deux, il y en a pour trois ! » C’est avec cette pirouette que répond Aude Luce,
33 ans, taches de rousseur et joie communicative, quand on lui demande pourquoi elle donne une partie de son lait au lactarium. Cette maman de trois petits, dont Eve, 5 mois, n’a eu connaissance de cette pratique qu’après la naissance de son deuxième. « Mais à l’époque, il avait plus de 6 mois et le lait maternel n’était plus adapté pour les prématurés », explique Aude. « Effectivement, c’est entre la naissance de l’enfant et ses 6 mois que le lait de la mère est le plus riche », explique Virginie Rigourd. Tirer son lait pour d’autres, est-ce une logistique compliquée ? « Ça me prend cinq minutes ! rétorque Aude. Je le fais dans la foulée, je mets le biberon au congélateur et le tour est joué. »
Bruno est passé toutes les trois semaines au domicile des Luce, « mais il n’y a pas de règle, cela dépend de chaque maman », explique le collecteur. Cette fois, il a pris l’équivalent de 1,5 l de lait, soit sept biberons. « Un enfant d’un kilo va consommer
180 ml de lait par jour, donc un litre peut déjà nourrir cinq nourrissons », développe Virginie Rigourd. « J’ai eu des bébés petits à la naissance, on aurait pu avoir besoin de ce genre de geste ; alors pour moi, c’est normal », avoue Aude. Avant de conclure : « La vérité, c’est que je ne sais pas préparer un biberon de lait en poudre ! »
Au-delà des efforts d’organisation supplémentaires, donner son lait n’est pas évident pour toutes. Trop intrusif à un moment particulier de l’existence, trop intime. La Grande Mosquée de Paris a dû clarifier la situation auprès de la population musulmane, en précisant que le don de lait ne signifiait pas que l’enfant bénéficiaire devenait frère de lait de celui de la donneuse. Elodie de Sereville, maman d’Alix, 6 mois, voit, elle, les choses avec pragmatisme : « On donne bien son sang, alors pourquoi pas son lait ? » Et Elodie a joué le jeu, puisqu’elle a donné 47 litres en six mois !
* Peu de relais chez les professionnels de santéAttention, on ne s’improvise pas donneuse. Chaque candidate doit se soumettre à un questionnaire médical et à une prise de sang pour dépister d’éventuelles pathologies. Puis, une fois dans le circuit, elles doivent respecter des règles d’hygiène scrupuleuses : se laver les seins et stériliser à chaque fois le matériel avant chaque recueil. « En plus de posséder un congélateur et d’habiter dans le secteur couvert », ajoute Virginie Rigourd.
Évidemment, toutes les mamans ne peuvent pas prétendre au don. Il faut qu’il y ait bel et bien un surplus de lait. « Si elles veulent, elles peuvent ne donner qu’une seule fois, précise la pédiatre. Mais au minimum 1 l. Sinon, entre le coût des analyses et le
traitement du lait, nous ne rentrons pas dans nos frais. »
Seul hic, le déficit de communication. Le don de lait ne fait pas recette chez les professionnels de la grossesse et de la petite enfance. « La pédiatre ne m’en avait jamais parlé, explique Elodie. Nous avons déjà si peu d’informations générales sur le vade-mecum de l’allaitement… C’est une amie qui m’a fait connaître le lactarium. » Idem pour Aude : « Les infirmières n’ont pas pu me renseigner et l’info se résumait à une vieille feuille jaunie à la maternité. J’ai dû me débrouiller seule, sur le Web. » Virginie Rigourd va dans ce sens : « Les maternités et les écoles de sages-femmes ne jouent pas toujours le jeu. » La pédiatre explique mal ce désintéressement : « C’est peut-être à leurs yeux l’information de trop à délivrer. »
Aujourd’hui, le lactarium se contente du bouche-à-oreille. Les comptes sont à l’équilibre, mais la moindre dépense imprévue pose problème. « Il faudrait diffuser des brochures, mais nous n’avons pas les fonds pour effectuer 180 000 photocopies destinées aux carnets de santé des nouveaux-nés d’Île-de-France, ni le personnel pour les distribuer dans les maternités », déplore la pédiatre. De toute façon, si les propositions de mamans affluaient, elles ne pourraient être satisfaites, faute de collecteurs en nombre suffisant.
Pourtant, actuellement, il n’y a pas assez de lait maternel collecté en Île-de-France pour nourrir les enfants prématurés de la région. Pour combler les besoins, certains services de néonatalogie font venir du lait lyophilisé de Marmande, où se trouve l’un des dix-huit autres lactariums du pays. (Madame-Figaro.16.11.2009.)
Lactarium de Paris, Institut de puériculture et de périnatalogie, 26, boulevard Brune, 75014 Paris. Tél. : 01 40 44 39 39. www.ipp-perinat.com
**Héma-Québec pourrait ouvrir une banque de lait maternel
Héma-Québec envisage de mettre sur pied une banque de lait maternel qui permettrait notamment de favoriser la survie des bébés prématurés, dont le nombre ne cesse de croître au Canada.
Bien connu pour ses collectes de sang, l’organisme vient de lancer une étude pour déterminer si la collecte de lait maternel est faisable au Québec. Un comité de spécialistes évaluera les besoins existants ainsi que les coûts, et ira bientôt explorer ce qui se fait ailleurs, puisque les banques de lait maternel se comptent déjà par dizaines en Europe et aux États-Unis.
Au Canada, seule la ville de Vancouver a la sienne, tandis que Toronto est sur le point d’ouvrir la deuxième du pays.
Avec ses techniciens, ses camions, ses frigos et son matériel de pointe, Héma-Québec est déjà bien équipé pour recueillir, entreposer, tester et distribuer le sang partout dans la province. Il fournit aussi des tissus humains aux hôpitaux et gère la banque publique de sang de cordon ombilical. «Compte tenu de ces infrastructures, absorber quelques échantillons de lait ne devrait pas coûter extrêmement cher», évalue le gynéocologue-obstétricien Jacques Lévesque, une des trois personnes à avoir sollicité Héma-Québec avec un tel projet.
«On nous a sondés parce que le lait est un autre produit d’origine humaine et que nous avons mis au point des techniques pour prélever ces produits de la meilleure façon possible, indique de son côté le Dr Marc Germain, vice-président aux affaires médicales d’Héma-Québec. Les risques de transmettre une infection sont moins grands avec le lait, mais ils existent. Donc il y a un risque qu’il faut mitiger et nous avons une longue expérience en la matière.»
Dans les banques de lait nord-américaines, les donneuses répondent généralement à des questionnaires et subissent des tests, puis leur lait est testé à son tour et pasteurisé.
L’intérêt de plusieurs pédiatres, néonatalogistes et spécialistes en allaitement est déjà manifeste au Québec. Mais avant de prendre la décision de se lancer, «il y a beaucoup de gens à consulter, beaucoup de choses à tirer au clair», souligne le Dr Germain.
Comment utiliser le lait maternel? Comment recruter les donneuses? Quelles quantités collecter? Comment procéder? Et surtout, à quel coût? Autant de questions auxquelles Héma-Québec entend trouver réponse d’ici janvier. Si l’organisme se sent alors en mesure d’aller de l’avant, le dernier mot reviendra au ministère de la Santé.
Pour l’instant, c’est la Fondation Héma-Québec qui finance l’étude, laquelle devrait coûter 66 000$.
Protéger des infections
Depuis le début des années 90, le taux de bébés prématurés est passé de 1 sur 15 à 1 sur 12 au Canada. Or, des études sérieuses démontrent que les grands prématurés nourris au lait maternel courent moins de risques de mourir ou d’être victimes de complications. «Il en est question dans tous les congrès de néonatalogie», rapporte le Dr Jacques Lévesque, qui a pris sa retraite il y a trois ans, à Rimouski.
D’après une recherche publiée en décembre dernier dans le Journal of Pediatrics, le lait maternel diminue des deux tiers les risques d’antérocolite nécrosante, très difficile à traiter et souvent fatale pour les prématurés, puisqu’elle détruit leurs muqueuses intestinales.
«Le lait maternel protège aussi les prématurés – et tous les bébés – des infections aux voies respiratoires ou des infections gastro-intestinales», ajoute la Dre Marie-Josée Legault, de la Direction de la santé publique de Montréal.
Au printemps dernier, lors d’un congrès à Boston, la Dre Legault a découvert que trois hôpitaux de Toronto travaillaient déjà à lancer la leur. Comme le Dr Lévesque, elle a sondé Héma-Québec. «Maintenant, on sait qu’on peut traiter le lait humain pour qu’il soit sûr et il garde quand même certaines vertus», expose-t-elle.
Plusieurs mères qui accouchent très prématurément ne sont pas en mesure de produire du lait. À l’inverse, les femmes qui allaitent depuis un certain temps en ont souvent un surplus. «Ces mères tirent leur lait, remplissent leur congélateur et se désolent de devoir en jeter énormément, constate le Dr Lévesque. Les banques de lait recrutent facilement car les femmes sont très généreuses et sensibilisées.»
Certaines banques offrent même du lait aux mères ayant accouché à terme mais qui sont incapables d’allaiter pour des raisons médicales (par exemple, en raison d’un cancer).
Au Québec, l’allaitement pour tous les bébés fait partie des Priorités nationales de santé publique depuis 1997. De nombreuses études démontrent ses bienfaits sur le système immunitaire et sur le développement cérébral. Selon l’Institut de la statistique du Québec, en 2005-2006, 85% des mères québécoises allaitaient au moins les premiers jours, et 47% persistaient jusqu’à ce que leur bébé ait au moins 6 mois.
En 2004, l’Hôpital général juif de Montréal a envisagé la mise sur pied d’une banque de lait. Des pétitions ont par ailleurs circulé sur l’internet. Mais les choses n’étaient pas allées plus loin jusqu’ici.
Malboeuf, Marie-ClaudeLes banques de lait
L’Association des banques de lait maternel de l’Amérique du Nord recense 15 banques du genre aux États-Unis et une à Vancouver. Celle-ci existe depuis au moins une quinzaine d’années. Le site web de l’Association confirme par ailleurs qu’une banque devrait ouvrir bientôt à Toronto.
En Europe, les banques du genre sont nombreuses. À lui seul, le Royaume-Uni en compte une quinzaine. On en trouve aussi dans les pays scandinaves. L’Australie en compte deux.
Dans les années 30, les banques de lait étaient communes en Amérique du Nord. Le Canada en a déjà compté une vingtaine. Les célèbres quintuplées Dionne de l’Ontario ont été nourries grâce à elles.
Jusque dans les années 70, Montréal avait toujours la sienne, indique la Dre Marie-Josée Legault, de la Direction de la santé publique de Montréal. «Mais comme ailleurs, elle a été fermée. Il y avait moins de mamans qui allaitaient à l’époque et on n’avait pas les techniques d’aujourd’hui pour empêcher la transmission possible de maladies comme le VIH et l’hépatite», explique-t-elle.
Au cours des dernières années, des femmes ont commencé à offrir du lait à leurs amies ou même à des étrangères, sur des sites web comme eBay. (La Presse.Canada-18.10.2010.)
******lire aussi…. La Grande Tétée 2009
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