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L’Emir Abd-El-Kader

3122009

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Evoquer la mémoire de l’Emir Abd-El-Qader, c’est méditer sur l’héritage politique, civilisationnel et spirituel qu’il nous a laissé et rendre hommage à ce grand homme exceptionnel de génie, bâtisseur de l’état-nation moderne algérien, qui put unifier en si peu de temps le pays, tenant tête pendant 17 ans, dans près de 116 batailles, à la plus puissante armée du monde en lui usant ses meilleurs généraux parmi les quelques 142 qu’il a affrontés.Cependant l’Emir était conscient que seule la paix pouvait favoriser un travail d’organisation du pays: Ecoutons- le lorsqu’il écrivait à Louis-Philippe, le 15 Avril 1839 : «Restons chacun dans les pays qui sont dans nos mains; d’ici à douze ans, alors mon royaume aura vingt ans d’âge: chaque année de mon royaume comptera pour un siècle du vôtre, et nous combattrons». Les réflexes du »colonisé envers ses colonisateurs» perdurent même jusqu’à nos jours et précisément par ceux-là même qui doivent défendre le symbole fondateur de l’état moderne Algérien. Car si on suit les raisonnements farfelus et mesquins, à la limite du blasphématoire de ces «nostalgiques» d’ici ou de là-bas et qui se permettent de diminuer les actions de l’Emir tout en ayant des arrières pensées machiavéliques (Nawaya Khabitha), pour ces gens là, l’Emir n’aurait pas dû exister ; Oui mais on le remplacerait par qui ? Il se trouve qu’il est l’un des trois Hommes exceptionnels qui ont marqué le XIX°siècle et ces dénigreurs voudraient l’effacer de notre mémoire par leurs actions néfastes, subjectives, ridicules mais oh ! Combien tentaculaires, personnages en mal de grands hommes et qui véhiculent depuis plus d’un siècle et demi l’idée que l’Emir ne pouvait être que «l’ami de la France» dans le sens le plus péjoratif du terme s’entend (d’ailleurs quelques photographies de propagande n’hésitent pas à le montrer bardé de plusieurs kilo de médailles alors qu’en réalité il n’en avait reçu que six pour son action de sauvetage humanitaire de plusieurs milliers de chrétiens menacés de génocide à Damas).  L’Emir s’est certes «rendu le 23 décembre 1847 au rendez-vous» donné pour finaliser l’Armistice; Mais au mot «s’est rendu à…tel endroit» on a donné le sens de…» reddition». La France coloniale a falsifié l’histoire de l’Emir Abd-El-Qader. Il est de notre devoir de dire et d’écrire la vérité historique sur les plus grandes supercheries qui ternissent la mémoire de l’Emir Abd-El-Qader, fondateur de l’état Algérien dans le sens le plus moderne du terme et symbole de notre unité nationale, deux entités fondamentales et incontestables. C’est pour nous un devoir de ‘’mémoire » que de dire les ‘’vérités » sur cet homme universel qui a fasciné tant de générations d’écrivains, chacun plagiant les erreurs des autres, tout cela pour rayer des mémoires collectives le parjure français d’un accord survenu un certain 23 Décembre 1847. L’Emir n’a jamais eu de mains tachées injustement du sang de ses coreligionnaires. Il n’avait qu’un seul ennemi : L’envahisseur français et ses affiliés qui le combattaient.Introduction

 On ne doit pas jouer avec les mots en histoire car comme l’a dit Goethe, ‘’il suffit tout simplement de dire le Vrai d’une manière étrange pour que cet Etrange finisse par sembler vrai à son tour » (In :‘’les affinités électives »-1809-éd.10/18-1963).

 La charte d’Alger de 1964 était dans le vrai lorsqu’elle énonçait : »Sa volonté (celle de l’Emir) de moderniser le pays en posant les fondements d’une économie moderne se heurta aux tendances antinationales des chefs locaux comme le Bey Ahmed qui, malgré une résistance acharnée, n’accéda pas à la conscience de la nécessité d’une action unifiée contre l’envahisseur ». Mostefa Lacheraf, dont tout le monde connaît l’érudition et le patriotisme, écrivait:  »Tandis que l’Emir fondait un véritable état algérien et détruisait la féodalité, le Bey Ahmed administrait sa région en féodal » et qu’ ‘’il y avait une réelle désaffection des masses constantinoises à l’égard du Bey et de ses féodaux ce qui explique la facilité avec laquelle les impérialistes français sont parvenus à conquérir et à contrôler les provinces de l’Est ». (In:Mostefa Lacheraf-Algérie, Nation et Société-p.15).

 Depuis le 23 Décembre 1847 jusqu’à nos jours la France a façonné notre histoire en général et l’histoire de l’Emir Abd-El-Qader en particulier à sa manière, aidée et relayée en cela par ses thuriféraires d’ici lesquels ne se privent pas de toucher à l’intégrité de la mémoire et de la personnalité du symbole de notre unité nationale soit par la falsification, l’injure, la profanation ou la récupération. Alors là, moi ce qui me chagrine le plus c’est cette phrase aussi péjorative qu’incorrecte, aussi gratuite que dénotant une certaine compréhension incomplète de la part de ceux qui ont le devoir de tout faire pour ne pas ternir la mémoire du fondateur de l’état-nation moderne Algérien; Et c’est une erreur monumentale que de dire ou écrire : «l’Emir s’est rendu à la France !» Avec la copie conforme à l’originale de la lettre de l’Emir à Lamoricière datée du 21 Décembre 1847, (parue dans le magazine «l’Illustration» N° 4551-88ième année-du 24 Mai 1930 à l’occasion du centenaire de l’invasion coloniale française en Algérie, document en notre possession seulement depuis quelques mois, grâce à l’amabilité de Mr le Pr Sohbi Hassane), avec la lettre de Lamoricière au Duc d’Aumale du 22 Décembre 1847 et celle de Louis-Napoléon Bonaparte du 16 Octobre 1852, nous pouvons montrer qu’il y a bien eu négociations pendant 4-5 jours entre l’Emir et Lamoricière pour l’arrêt conditionnel des combats, Armistice qui n’a pas plu au maréchal Guizot (ministre de la guerre) qui s’est exclamé devant le roi Louis-Philippe en disant : «L’on ne détruit pas un grand homme à la tête de sa nation tant qu’on ne l’a pas tué ou capturé ; Or, nous n’avons pas tué l’Emir, nous ne l’avons pas capturé. Cet accord est une défaite pour la France!». Comment faire alors?

 L’astuce est vite trouvée. Dire que l’Emir s’est rendu à la France et le mettre en prison; Le temps fera oublier ce parjure. Mais qu’est-ce qu’un armistice? C’est un «traité mettant fin à des hostilités armées en temps de guerre. Mais il ne met pas fin officiellement à la guerre. C’est le jour qui marque officiellement la fin d’un conflit. C’est une suspension des hostilités après un accord entre les belligérants. Il est différent d’un cessez-le-feu qui lui peut être temporaire. En outre, un des pays en guerre demande un armistice à un autre et après plusieurs réunions pour définir les termes de l’armistice, termes qui normalement doivent empêcher le retour aux armes, l’armistice est signé par les représentants des gouvernements signataires et contresigné par les autorités militaires. L’armistice étant un accord gouvernemental, il est supérieur à la simple reddition militaire».

 Les derniers jours de la résistance de l’Emir Abd-El-Qader – Vérités :

 Etudions le fil des événements et commençons par le commencement:

• Le 9 Décembre 1847 la Deira de l’Emir était stationnée sur la rive gauche de Lemlewya (Churchill) avec 2000 réguliers (dont 1200 cavaliers). L’Emir tiendra tout de même tête à l’armée marocaine composée de 50.000 hommes. Après avoir perdu 200 hommes dans les combats, il traversera la rivière

 • Le Dimanche 19 Décembre1847 et se prépare à atteindre le col du Guerbous, seul passage sûr vers les hauts-plateaux et le désert. C’était une nuit noire et un temps pluvieux; L’Emir tiendra un ultime et suprême conseil avec les derniers fidèles (il y avait le Khalifa Si Mostfa Ben Thami, Si Kaddour Ould Sidi Lembarek, et quelques Aghas). Lors de la Moubaya’â il avait juré de défendre son pays et sa religion jusqu’à ce qu’aucune force n’y put suffire et il lui semblait toujours qu’il n’avait pas encore fait assez; S’il n’avait considéré que son propre salut il aurait pu échapper à l’étau qui l’enserrait; Il restait autour de lui quelques cavaliers d’une bravoure égale à leur fidélité proverbiale; Longtemps encore il aurait pu inquiéter les Français ; Il ne songeait pas à sa sécurité personnelle mais au sort des siens. Les pourparlers pour l’arrêt des hostilités pouvaient commencer, l’unanimité s’étant faite à la décision de l’Emir non sans quelques réserves émises sur le choix de l’Emir, par certains, ne croyant pas trop à la parole française.

 • L’aube du Lundi 20 Décembre 1847: le col du Guerbous est tenu par une quarantaine d’hommes sous la conduite du lieutenant Mohammed Boukhouia et du sous-lieutenant Brahim en contact avec la colonne de Lamoricière forte de 3500 fantassins et de 1200 cavaliers; A trois heures du matin, l’Emir envoie deux hommes avec le lieutenant Boukhouia porteurs d’une feuille de papier (l’Emir avait pris le soin tout de même d’y apposer son cachet, n’ayant rien pu écrire à cause de la pluie, du vent et de la boue…); Les émissaires rencontreront le général Lamoricière qui lui non plus ne pourra écrire quoi que ce soit (mauvais temps); De plus n’ayant pas son cachet sur lui il empruntera celui du commandant Bazaine et il remettra également son sabre; et voilà les premiers émissaires repartis accompagnés de quatre spahis.

 • Le Mardi 21 Décembre 1847, Boukhouia rapporte à Lamoricière son sabre et le cachet de Bazaine avec les conditions d’Abd-El-Qader (lettre écrite à la zaouïa Boutchiche Essnassni, dont voici la traduction : ‘’De la part de l’Emir défenseur et protecteur de la religion, Sidi-El-Hadj Abd-El-Qader, que Dieu lui soit en aide ! Au général Lamoricière, chef des troupes françaises de la province d’Oran, que Dieu améliore votre état et le nôtre ! Salut à celui qui suit la vérité et qui dit la vérité. J’ai reçu le cachet que vous m’avez envoyé à la réception de l’empreinte du mien qu’aucun écrit n’accompagnait à cause de l’obscurité de la nuit. Cette réponse nous a causé une grande joie, mais nous voulons de vous votre parole de Français, sans arrière-pensée et sans retour que nous serons transportés de Djemaa Ghazaouet â Alexandrie ou à Saint-Jean d’Acre, sans dévier ni à droite ni à gauche. Vous nous enverrez votre lettre bien détaillée sur ce point et, lorsque nous nous rencontrerons, nous nous entendrons sur le reste, car nous connaissons ce que vous valez et ce dont vous êtes capable et nous avons voulu vous faire le plaisir de notre démarche à vous de préférence à d’autres. (La suite, non reproduite, de la lettre comprend d’autres conditions : D’être accompagné dans sa Hidjra avec tous ceux qui le désirent ; De vendre tous leurs bien et de prendre le montant en argent ; et une intervention auprès du sultan du Maroc pour retrouver son fidèle Bouhmidi dont il ignore encore qu’il a été assassiné).

 • Le Mercredi 22 Décembre 1847 Lamoricière a répondu, après louange du Hadj Abd-El-Qader qu’il avait reçu la lettre et qu’il acceptait tout ce qui y était exigé. Sa lettre est parvenue la nuit, après que l’Emir et ses compagnons eurent passés la nuit chez ouled El Mirkar, ouled El Ghazi, et Ahl Tafgirat. Tous leurs chefs (plus de 300) y passèrent la nuit et supplièrent El Hadj Abd-El-Qader de ne pas faire confiance aux français. Il leur répondit : «J’ai combattu pour ma religion et mon pays. Quand nos citoyens rejoignaient les rangs chrétiens, je me suis mis du coté du Sultan marocain parce que nous étions tous musulmans. J’ai rempli mon devoir envers Dieu». Lamoricière enverra aussitôt également un message au Duc d’Aumale pour lui rendre compte des initiatives qu’il a prises et des gages dont il a cru bon de se satisfaire en ces termes : «J’ai été obligé de prendre des engagements ; Je les ai pris, et je l’ai fait, pleinement confiant que votre Altesse Royale et le gouvernement les ratifieront si l’Emir fait confiance à ma parole. Je n’ai pas le temps de vous envoyer une copie de la lettre que j’ai reçue de L’Emir, ni la réponse que je lui ai faite; qu’il me suffise de préciser que j’ai seulement promis et stipulé que l’Emir et sa famille seront conduits à Saint-Jean D’Acre ou à Alexandrie : ce sont les deux seules localités que j’ai mentionnées. Ce sont celles qu’il a désignées dans sa demande et que j’ai accepté» (in:» La vie d’Abdelkader»-Ch.-H. Churchill-Sned :1971). Rendez-vous est donc pris le lendemain à midi aux pieds de ce qu’on appellera désormais «le Palmier d’Abd-El-Qader». De cet endroit mythique non loin de Sidi Brahem, entre ce point et «la Colonne Montagnac» se trouve le «Mqam de Sidi Taher». C’est à cet endroit même, marqué par un palmier que fut scellé,

 • le Jeudi 23 Décembre 1847 à midi, l’accord d’Armistice entre l’Emir et le Général Lamoricière. Enfin, de cet endroit, l’Emir accompagné de 88 de ses proches ira au «Mqam de Sidi Brahem» distant de 4 kilomètres et où l’attendent le général Lamoricière et le colonel Cousin de Montauban ; Les troupes rendent les honneurs. L’Emir pénétrera à l’intérieur de la petite mosquée du Sanctuaire où il restera en prière pendant une heure, il y accomplira la prière du D’Hor et celle de l’Â’sr. Escorté par 500 cavaliers l’Emir arrivera à 18 heures à Ghazaouet où il y passera la nuit dans ce qu’on appelle «la maison du commandant d’armes».

 • Le Vendredi 24 Décembre 1847 Abd-El-Qader est accueilli chaleureusement par «d’Aumale, fils du Roi de France, gouverneur du royaume d’Algérie, sous le règne de son père, Louis-Philippe». Il dit à Abd-El-Qader qu’il confirmait ce que Lamoricière avait promis comme sécurité, protection et transport là où il le voulait. L’Emir offrira à d’Aumale «Ed’Dehmam» (son cheval pur-sang) ; Il lui dira : «Ton général m’a donné sa parole qu’il respectera même au prix de sa vie et je m’y fie; elle ne sera pas violée par le fils d’un grand roi». Le temps de recenser les biens et de prendre leur valeur en argent, grâce à Hammadi Sekkal qui a évalué tout çà, l’Emir embarquera sur le «Solon» à destination de Mers El-Kébir et où il arrivera au milieu de la nuit.

 • Le lendemain Samedi 25 Décembre 1847 d’Aumale a donné à l’Emir une lettre de recommandation destinée au consul d’Alexandrie et deux pistolets en souvenir. Peu avant midi, il sera transbordé sur 1′ «Asmodée» à la destination prévue par Dieu…On connaît la suite : L’ «Asmodée» n’ira pas plus loin que Toulon où ils débarquent le 22 Moharrem avant midi.

Ainsi après de longues années de lutte acharnée et malgré les moyens gigantesques mis à leur disposition, les chefs militaires Français ne purent ni capturer ni tuer l’homme qui fit subir à la France les plus sanglantes difficultés. Alors la France reprochera aux derniers en date de ses chefs, d’avoir accepté l’honorable arrêt des hostilités d’un Homme avec qui la France avait pourtant signé deux traités tout en le reconnaissant comme Emir. Il eut fallu que leur victoire, pour qu’elle soit complète, soit le fait d’une capitulation inconditionnelle de la part d’un Grand Homme à la tête de sa Nation et n’ayant pu l’obtenir ils préfèrent le garder comme otage et lui faire accepter par épuisement de résider en France.

 Après une captivité aussi dure qu’injuste, le 16 Octobre 1852, l’Emir et ses compagnons furent libérés par Louis-Napoléon Bonaparte en ces termes: «Abd-El-Qader, Je suis venu vous annoncer votre mise en liberté…Depuis longtemps, vous le savez, votre captivité me causait une peine véritable, car elle me rappelait sans cesse que le gouvernement qui m’a précédé n’avait pas tenu les engagements pris envers un ennemi malheureux; et rien à mes yeux de plus humiliant pour le gouvernement d’une grande nation, que de méconnaître sa force au point de manquer à sa promesse… Vous avez été l’ennemi de la France, mais je n’en rends pas moins justice à votre courage, à votre caractère, à votre résignation dans le malheur; c’est pourquoi je tiens à l’honneur de faire cesser votre captivité…» Nous demanderons à ceux qui doutent que l’Emir ne s’est jamais ?rendu? dans le sens le plus péjoratif du terme de ? capitulation?, de faire une visite du col du Guerbous jusqu’au port de Ghazaouet de s’arrêter au ?palmier d’Abd-El-Kader? près de Sidi Taher, puis d’effectuer la prière du ?Dhor? et celle de l’ ?A’sr? à Sidi Brahem…

Conclusion

 L’une de ses conditions d’armistice posée le 23 Décembre 1847 au général Lamoricière était de faire sa hidjra à Saint-Jean d’Acre (‘Âkka) pour s’y installer, ayant pris conscience que la deuxième partie de sa vie, le grand djihed ou combat contre les passions, il devait le mener en…Palestine. En 1860, les occidentaux voulant fomenter des troubles en Syrie en soulevant les druzes (musulmans) aux Maronites (chrétiens) trouvèrent en face d’eux l’Emir qui bouleversera tous leurs plans machiavéliques en s’opposant d’une manière énergique et audacieuse, du 9 au 16 Juillet 1860, sauvant la vie de 15.000 chrétiens menacés de génocide. Par cette action humanitaire unique en son genre, la plupart des grandes puissances de l’époque lui seront reconnaissantes, lui attribuant leurs plus hautes décorations ; Aucun homme avant lui n’a reçu autant de distinctions universelles. Imaginons un seul instant cet homme installé à ‘Âkka un siècle avant la création d’Israël ! Dès 1847, l’Emir avait pris conscience de l’importance que cette région (depuis les temps immémoriaux) allait avoir sur le devenir du monde arabo-musulman. Le 23 Décembre 1847, l’Emir accomplira les deux prières du d’hor et celle du ‘âsr à la mosquée près du m’qam de Sidi Brahem, faisant rappeler à la France que deux ans auparavant (du 23 au 26 Septembre 1845) c’est à cet endroit même que les armées françaises subirent l’une de leurs trois plus grandes défaites coloniales avec, ce jour là, la perte de 700 hommes commandés par de Montagnac. Et sublime humiliation ! Le 23 Décembre, il leur rappellera également la cuisante défaite de Bonaparte à…’Âkka qu’il ne verra jamais puisqu’il sera incarcéré dans des conditions lamentables et déshonorantes pour la France, leur faisant subir le plus grand des parjures, celui d’avoir failli à la parole donnée. Son excellence le président de la république, monsieur Abdelaziz Bouteflika, déploya tout son art et toute son énergie, en 1966, alors qu’il était ministre des affaires étrangères, pour faire rapatrier l’Emir de Damas où il reposait dans un sanctuaire vénéré jusqu’à nos jours, aux pieds de son maitre Cheikh El-Akbar, Mohammed Mohieddine Ibn ‘Ârabi, pour être déposé au cimetière d’El-Alia à Alger (!!). Nous souhaitons la concrétisation rapide de la promesse faite que cette sépulture n’était que provisoire en attendant de le mettre à sa véritable place à la hauteur de sa dimension Universelle, celle d’un Mausolée National. Le président de la république ne doit pas tenir compte des idées négatives et blasphématoires relayées par les falsificateurs de l’histoire de l’Emir Abd-El-Qader et nous espérons que très prochainement notre Emir aura et son mausolée et une ‘’journée nationale de la mémoire » ainsi que ‘’dar el-Emir » dans chaque wilaya. C’est le minimum que l’Etat doit offrir à notre Héros National. Une fois tout ceci acquis, la réalisation d’un film en superproduction, sur l’Emir, sans contraintes, ne posera plus aucun problème. (Quotidien d’Oran-03.12.09.)  

par Chamyl Boutaleb * Président de la Fondation

Emir Abd-El-Kader/Section d’Oran

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Huit pays seront de la partie

 L’Emir Abdelkader précurseur des droits de l’homme dans le monde

 Les responsables de la Fondation Emir Abdelkader à la veille de la commémoration du cent vingt-huitième anniversaire de la disparition de l’Emir, (26 mai 1882) se sont retrouvés au centre de presse d’El Moudjahid, hier, pour évoquer le séjour du grand homme d’Etat, en Syrie, sa terre d’exil.
El Hadj Mohamed Boutaleb, président de la Fondation et M. Benamar, membre actif, devaient rappeler les conditions dans lesquelles, l’Emir eut à séjourner en Syrie, après son incarcération en France, alors qu’il avait souhaité un exil dans un pays musulman.
L’Emir a eu par la suite à séjourner en Turquie après sa libération par Napoléon III, puis enfin en Syrie.
Durant son séjour, en Turquie, relèvent les responsables de la Fondation, il mena une vie intellectuelle très active, étant parfaitement intégré dans la société du pays d’accueil. Ce qui amène les responsables de la Fondation à affirmer que l’Emir est plus connu en Syrie qu’en Algérie.
L’Emir avait trouvé en Syrie une ambiance culturelle et religieuse qui lui permit de s’impliquer totalement. Il écrivait beaucoup, recevait également énormément, tenait conférences et prêches. L’Emir Abdelkader devait entrer dans l’histoire de la Syrie et l’histoire universelle d’ailleurs, lorsqu’il prit le parti avec ses fidèles compagnons de défendre les membres de la communauté chrétienne syrienne contre les assauts de la communauté druze (12.000 chrétiens menacés).
L’Emir Abdelkader, évita un bain de sang en secourant et protégeant les chrétiens de Syrie.
L’éminent homme d’Etat a été l’une des premières personnalités a évoqué alors la question des droits de l’homme et c’est pour leur défense qu’il a porté secours à la communauté chrétienne.
L’Emir reçut la considération universelle pour le combat en faveur de la liberté et la tolérance.
Il reçut à ce titre de nombreuses distinctions de la part des dirigeants de grands pays.
L’Emir Abdelkader était un grand défenseur acharné du dialogue entre Orient et Occident.
L’homme d’Etat joua, note M. Benamar, un rôle immense dans la construction du canal de Suez. Il était l’ami de l’auteur du projet, M. Ferdinand de Lesseps.
L’Emir intercéda en sa faveur auprès de la Turquie pour favoriser la percée du canal. On connaît l’importance de cet ouvrage et les retombées politiques, diplomatiques et économiques qui suivirent son édification.
M. Benamar relève que pour l’Emir Abdelkader, le canal de Suez constituait un puissant lien entre l’Orient et l’Occident.
A son inauguration l’Emir était présent, dit-il, au premier rang aux côtés des personnalités, chefs d’Etat et de gouvernement invités pour la circonstance.
L’Emir était un soufi accompli, note l’orateur. En sauvant la communauté chrétienne du massacre, note M. Benamar, l’Emir Abdelkader aura une influence sur la carte politique dans les pays du Chem, (Liban, Syrie, Palestine), et la carte géostratégique même. Les puissances occidentales n’auraient pas hésité à intervenir pour secourir la communauté chrétienne avec toutes les conséquences politiques et sécuritaires que l’on peut imaginer. Cet aspect mérite d’être approfondi, que les historiens  s’en emparent et que des thèses et autres travaux scientifiques puissent l’éclairer davantage pour l’histoire.
L’Emir était un visionnaire, relève M. Benamar, dans le débat, les responsables de la Fondation interrogés sur le patrimoine algérien existant en Syrie, rappellent que la maison de l’Emir, pour ne citer que cet exemple, appartient à l’Etat syrien. On voulait créer un musée, mais les Syriens n’ont pas réagi.
Ceux qui ont accompagné l’Emir en Syrie se sont répandus dans le Chem, l’ancien Président de la République, M. Lamine Zeroual, avait pris la décision, selon M. Boutaleb, de leur accorder la nationalité algérienne, mais affirme le Président de la Fondation on ne sait toujours pas si cela s’est fait.
Questionnés sur les activités de la fondation, les responsables de celle-ci relèvent que l’institution anime sur l’ensemble du territoire et parfois à l’extérieur du pays des conférences et autres colloques.
Il y a plus de vingt cellules qui activent au sein de la fondation qui travaille sur la vie de l’Emir.
Son œuvre

Il y a des dates marquantes, celle de la Moubayaa, date fondatrice de l’Etat algérien moderne. Il y a aussi les traités Desmichels et celui de la Tafna, l’évocation des grandes batailles. On commémore des évènements importants dans les diverses “capitales” créées par l’Emir, là où il s’installait pour organiser la lutte contre le corps expéditionnaire français.
A l’extérieur, il y a une place à Paris qui porte le nom de l’Emir. Il y en a aussi à Cuba, au Venezuela. A Mexico a été érigée une statue de l’Emir qui occupe une place centrale dans la ville.
Beaucoup d’écrivains français ont écrit sur l’Emir, note M. Boutaleb, et nous sommes en contact avec les autorités françaises pour la restitution de notre patrimoine historique. Les Français ne disent pas non, mais les négociations demeurent difficiles.
M. Benamar revendique pour le compte de la Fondation une maison de l’Emir à Alger (Dar Al Amir) et la consécration d’une journée nationale de l’Emir qui pourrait être fixer le 27 novembre de chaque année (date d’anniversaire de la Moubayaa).
Il ne s’agit pas, précise M. Benamar, d’une journée fériée, mais d’une journée qui rappelle aux Algériens le souvenir d’un grand homme d’Etat. (El Moudjahid-18.05.2011.)

* Inauguration d’un buste de l’Emir Abdelkader à Genève en Suisse

 «une reconnaissance internationale franche pour ses positions en faveur des droits de l’homme

 * l’Emir s’est illustré en 1860 par son intervention pour sauver en Syrie, des milliers de chrétiens de la mort»

Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, présidera, aujourd’hui au centre d’accueil du Comité international de la Croix-Rouge à Genève, la cérémonie officielle d’inauguration du buste de l’Emir Abdelkader avec le président de la Cicr Peter Maurer. A cette occasion, M.Louh, également président de la Commission nationale du droit international humanitaire rencontrera le président de la Cicr pour aborder les sujets relatifs au renforcement des relations historiques de coopération entre les deux parties, précise-t-on de même source.
L’inauguration du buste de l’Emir Abdelkader à Genève représente «une reconnaissance internationale franche de la pensée, des valeurs et des principes de l’Emir qui s’est illustré en 1860 par son intervention pour sauver des milliers de chrétiens de la mort».*Médias-18.09.2913

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La Jeunesse de l’Émir Abdelkader

Évocation de ce qui avait préparé Abdelkader à devenir un des illustres personnages de l’histoire de l’Algérie combattante et de ce qui fit rassembler autour de lui, à 24 ans, les suffrages des grands chefs de tribus.

Sous l’intitulé général de «Forum de la Mémoire» initié par le quotidien El Moudjahid et en collaboration avec celui-ci, la très dynamique Association «Machâal Echahid, le Flambeau du Martyr», présidée par M.Mohamed Abbad, a organisé, mardi 27 novembre 2012 à 10 heures, une conférence en commémoration du 180e anniversaire de la Moubayaâ, L’Allégeance à Abdelkader, élevé au rang d’Émir.
Le thème de la conférence a porté spécialement cette année sur «La jeunesse de l’Émir Abdelkader» et a été abordé conjointement par l’écrivain et chroniqueur littéraire Kaddour M’Hamsadji, auteur d’un ouvrage développant le même titre et publié à l’OPU et par l’écrivain et historien Amar Belkhodja auteur de «L’Émir Abdelkader ni sultan ni imam», paru aux éditions alpha.
Cette rencontre a eu lieu dans le Centre de Presse d’El Moudjahid et a réuni un très nombreux public composé de moudjahidine, d’universitaires, d’hommes de culture, de journalistes de la presse écrite, de la radio et de la télévision ainsi que des lycéens et des férus d’histoire de l’Algérie et des admirateurs de l’Émir Abdelkader.

L’homme et ses qualités
Après lecture de versets coraniques et audition de l’hymne national, le président de l’Association Machaâl Echahid a situé cette manifestation dans le cadre des festivités marquant le Cinquantenaire de l’Indépendance et a insisté sur l’intérêt historique de la Moubayaâ qu’il faudrait faire apprendre à la jeune génération. Justement, les deux conférenciers ne manqueront pas de présenter et d’analyser cet événement majeur dans l’organisation de la résistance nationale populaire à la conquête française.
D’abord, Amar Belkhodja présente la grande personnalité de l’Émir Abdelkader en insistant sur sa valeur intellectuelle, politique, morale, et surtout sur ses qualités d’homme de conscience, de justice, de générosité et de paix. C’est l’homme du sabre, certes, lorsqu’il s’agit de défendre l’honneur de son pays, on peut dire qu’il est le précurseur de la guérilla, mais aussi du droit humanitaire, car c’est l’homme de coeur lorsqu’il s’agit de défendre les victimes de l’injustice et de l’oppression. C’est également le poète, le philosophe, le grammairien, le métaphysicien, le législateur, le diplomate, l’homme d’État, artisan de l’unité nationale. Peu d’hommes, dans le passé ancien ou récent, méritent le prestige auquel l’Émir Abdelkader jouit encore à travers le monde. Il dira en substance: «Son humanisme a été attesté par de grands auteurs et dans toutes les langues. Incontestablement, il fut l’homme du 19e siècle, et l’on doutera fort que les temps futurs donneront à l’humanité un autre homme de la même stature et de la même trempe que l’Émir Abdelkader.»
Kaddour M’Hamsadji parlera de la jeunesse de l’Émir Abdelkader. Il essaie de mon-trer que «cette immense personnalité n’est pas apparue soudainement, sans une longue et très construite évolution». De même, il explique que «la Moubâyâa, dont nous célébrons très exactement aujourd’hui, mardi 27 novembre 2012, le 180e anniversaire est une date à la fois historique et sacrée dans la grande histoire de l’Algérie. Il faut dire que la Moubâyâa, le serment d’allégeance prêté à Abdelkader est l’obligation de fidélité et d’obéissance envers le souverain. La Moubâyâa a été prononcée en deux étapes ou en deux cérémonies: la première (el khâssa, la restreinte) a eu lieu le 22 novembre 1832 dans la plaine Ghris, près de Mascara et devant une assemblée de savants et de notables réunis au petit hameau de Frôha, sous l’arbre dardara; la seconde (dite el âma, la générale) s’est tenue le 27 novembre 1832 à l’intérieur de la mosquée de Mascara. Le jeune émir (24 ans) a accepté la charge qui lui a été confiée par l’assemblée élargie. À son tour, l’Émir investi prononce son célèbre discours de son engagement à servir son pays». Mais être arrivé à ce niveau de responsabilité, l’Émir Abdelkader l’explique par cette déclaration que reprend Kaddour M’Hamsadji: «Ma carrière fut tracée par ma naissance, mon éducation et mes prédilections.» Et le conférencier, se référant à ses recherches qui lui ont permis d’écrire son ouvrage, de rappeler les origines de l’Émir qui remontent jusqu’à la fille du Prophète (Qsssl) et l’installation de ses aïeux (avec Abd el Qaoui) dans la plaine de Ghris, situant les sept douars, la Guetna, Cacherou, Sidi Kada. Le conférencier évoque la famille d’Abdelkader, son père Mohieddine (et sa zaouïa), sa mère (Zohra) et le rôle que chacun d’eux a joué dans son éducation. Ainsi, Kaddour M’Hamsadji s’accorde le temps nécessaire pour rapporter avec pédagogie, comme à son habitude, l’essentiel du contenu de son ouvrage La jeunesse de l’Émir Abdelkader. Il évoque les origines d’Abdelkader, son enfance, son éducation, sa formation, ses études, son voyage avec son père à travers le pays, ses haltes au Caire et à Alexandrie, son double pèlerinage, sa visite à Baghdad, le retour au pays, son mariage, ses toutes premières batailles militaires dans les environs d’Oran (Khanq en-Nitâh et Bordj Râs el-Aïn, en 1832) aux côtés de son père Mohieddine contre l’armée française sous les ordres du général Pierre Boyer surnommé «Pierre le Cruel» occupant Oran.

Les origines d’Abdelkader
Kaddour M’Hamsadji revient tout naturellement à l’évocation de l’élection démocratique d’Abdelkader en qualité de chef suprême de la résistance algérienne et de son extension dans les territoires du centre et de l’est du pays.
Un débat très intéressant, avec la participation du public et des lycéens, a suivi la conférence et a permis d’obtenir des réponses de Kaddour M’Hamsadji sur l’origine de son intérêt pour la personnalité de l’Émir Abdelkader, sur ses recherches personnelles, sur les sources consultées et sur les personnes qui l’ont encouragé a poursuivre son travail dans ce domaine. Il dira le tout premier à me pousser dans cette voie est «le regretté et l’immense poète de la Révolution Moufdi Zakaria». Il nous a déclaré: «C’était, c’est encore une initiative qu’il convient de regarder comme seulement exploratoire et incitative pour aller plus loin, plus profondément dans la connaissance du trajet initial de l’Émir. Je dois préciser aussi que la présente causerie ou même l’écriture de l’ouvrage La Jeunesse de l’Émir Abdelkader » tire son origine d’une précédente causerie ayant eu pour thème Le cheval dans les victoires guerrières de l’Émir Abdelkader´´. C’était pour participer, avec Moufdi Zakaria (Allah yarhamou), Mourad Bourboune et Ahmed Sefta (Allah yarhamou), à l’hommage rendu par l’Union des Écrivains algériens au grand poète et illustre résistant algérien, à l’occasion du 81e anniversaire de sa mort (dans la nuit du 25 au 26 mai 1883, à l’âge de 75 ans, à Damas, en Syrie). Cette sobre mais émouvante manifestation a eu lieu au Théâtre national algérien, à Alger, le 29 mars 1964.»
Notons, d’une part, que des médailles ont été remises à deux établissements scolaires représentés par leurs élèves (Othmani Meriem pour le Lycée Émir Abdelkader et Beldjouabi Boualem pour le Lycée Okba) et d’autre part, que le livre La Jeunesse de l’Émir Abdelkader existe aussi en version arabe à l’Office des publications universitaires. *L’Expression-29.11.2012.

emiaek

**L’Emir Abdelkader n’a jamais été affilié à la franc-maçonnerie comme rapporté par certains écrits, a affirmé jeudi à Alger le Professeur Slimane Benaziez, soutenant que les grandes loges de France et du Grand-Orient ont tenté de récupérer à leur profit les échanges épistolaires qu’elles ont entretenues avec le personnage.

Figurant parmi les aspects qui continuent de faire polémique à ce jour, les liens entre l’Emir Abdelkader et la franc-maçonnerie ont fait l’objet de plusieurs interprétations alors que la dimension de cette personnalité est « au-dessus » de ce que véhiculait cette société secrète, a précisé M. Benaziez dans une conférence axée sur cette thématique.

C’est notamment la loge Henri IV qui avait tenté de récupérer l’Emir Abdelkader, considéré comme le fondateur de l’Etat algérien moderne, en se référant aux échanges épistolaires entretenus avec ce dernier, a explicité l’intervenant.

Remettant en cause certains écrits, dont celui de Bruno Etienne, qui attestaient que l’Emir avait été initié à distance par la loge en question, il a ajouté que « les usages même de la franc-maçonnerie excluaient une quelconque initiation à distance ».

« Le 1 juin 1864, l’Emir se trouvait encore en exil en Syrie, il était alors impensable qu’il se soit mis à s’initier à la franc-maçonnerie », a-t-il argué, réfutant en outre que cette personnalité historique ait pu être affiliée à la loge d’Alexandrie, comme également rapporté par diverses publications.

« De part sa grande éducation, l’Emir répondait à tous les écrits qui lui étaient adressés, dont ceux qui parvenaient de la franc-maçonnerie », a encore clarifié M. Benaziez, démentant qu’il se soit rendu à la loge Henri IV durant la même (1864) année, lorsqu’il s’était rendu à Paris pour assister à l’Exposition universelle.

Il a soutenu, par ailleurs, qu’en sauvant 12.000 Chrétiens de la mort à Damas depuis 1855, l’Emir Abdelkader n’était aucunement mu par des valeurs de franc-maçonnerie mais par celles de « l’humanisme et de la tolérance ».

Abordant la question de la reddition de l’Emir Abdelkader en 1847, un autre sujet prêtant à polémiques, le conférencier a défendu la thèse selon laquelle cette action a été motivée par le « souci de préserver la vie de milliers d’Algériens ».

« Le peuple algérien était décimé à plus de ses 4/5 émes par la plus grande puissance armée coloniale de l’époque », a-t-il souligné avant de relever la volonté de l’Emir de pas être « complice de l’extermination » de ses compatriotes.

Professeur à l’école supérieure de journalisme d’Alger depuis 2009, Slimane Benaziez a occupé plusieurs fonctions dans l’administration, les médias, l’édition et en tant qu’universitaire. (Aps)–jeudi  29/01/2015

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colloque international sur l’Emir Abdelkader,  les 4 et 5 mai 2015 à Oran

*Huit pays ont confirmé leur participation au colloque international sur l’Emir Abdelkader, prévu les 4 et 5 du mois de mai prochain à Oran, a annoncé lundi le coordinateur de la manifestation scientifique.

La participation étrangère sera représentée par 15 conférenciers originaires de l’Egypte, la France, l’Irak, la Jordanie, la Tunisie, la Turquie, Sharjah (Emirats arabes unis) et Soudan, a précisé M.Mohamed Daoud lors d’une conférence de presse consacrée aux préparatifs de l’événement.
La participation algérienne sera quant à elle marquée par la présence de 65 chercheurs issus de 25 universités du pays, a-t-il déclaré au cours de cette rencontre tenue au siège de l’Unité de recherche sur la culture, la communication, les Langues, les Littératures et les arts (Ucclla), établissement organisateur de l’événement.
Le colloque sera axé sur «la dimension intellectuelle et spirituelle du fondateur de l’Etat algérien moderne», a rappelé M. Daoud, également directeur de l’Ucclla. Au total, 205 communications ont été proposées suite à l’appel lancé l’été dernier, dont 80 ont été acceptées par le comité scientifique, à savoir 65 pour l’Algérie et 15 pour l’étranger, a-t-il signalé.
«Le nombre important des demandes de participation illustre l’intérêt porté à l’échelle internationale pour la personnalité de l’Emir Abdelkader et sa dimension humaine», a souligné le responsable de l’Ucclla sans exclure la venue d’autres éminents chercheurs à ce colloque.
La conférence de presse s’est tenue en présence du président du comité scientifique, M.Mohamed Bachir Bouiadjra et d’un membre du comité d’organisation, M.Mohamed Hireche Baghdad, lesquels ont notamment mis l’accent sur la thématique centrale du colloque.
Ces deux chercheurs ont fait valoir que «la manifestation scientifique permettra certes d’évoquer le haut niveau stratégique de l’Emir au plan politique et militaire, mais abordera surtout ses qualités humaines, intellectuelles et spirituelles».
Le colloque sur l’Emir Abdelkader est organisé en collaboration avec trois facultés de l’université d’Oran (Langues et Arts, Sciences sociales, Sciences humaines et civilisation islamique) qui accueilleront les ateliers prévus dans ce cadre, a-t-on fait savoir.
L’ucclla qui est affiliée au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), a pour mission principale «la préservation de la mémoire collective et de l’identité nationale».*L’Expression-Mercredi 14 Janvier 2015

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Colloque. «Abdelkader, homme de tous les temps» à Tlemcen

«La racine et la postérité de l’Algérie»

Les organisateurs du colloque sur l’Emir Abdelkader veulent mettre en valeur les différentes facettes de la personnalité du fondateur de l’Etat algérien moderne.

Tlemcen.envoyé spécial d El Watan.

L e poète céleste», «Le mystique ésotérique», «Le curieux du monde», «Le penseur visionnaire», «L’homme d’écoute», «Le chef militaire»,  «L’homme d’Etat» sont des thèmes  développés lors du colloque international, «Abdelkader, homme de tous les temps», ouvert hier au Palais de la culture Imama à Tlemcen, à la faveur de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique». Cette rencontre est organisée par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) en collaboration avec la Fondation Emir Abdelakader et l’université Aboubakr Belkaïd de Tlemcen.
«L’Emir Abdelkader est le fondateur de l’Etat algérien moderne. Un Etat lié aux Ottomans, Zianides, Hamadites, Fatimides, Numides, Zirides… En novembre 2032, nous fêterons les 200 ans de l’institution de l’Etat moderne algérien», a déclaré Zaïm Khenchelaoui, chercheur au CNRPAH. Mohamed Boutaleb, président de la Fondation Emir Abdelkader, a annoncé qu’il revenait d’un voyage à Caracas où une place porte désormais le nom de l’Emir Abdelkader. Des monuments existent également au Mexique, à Cuba, en France et aux Etats-Unis. M. Boutaleb a rendu hommage à Aboubakr

Belkaïd, un des membres fondateurs de la Fondation. Slimane Hachi, directeur du CNRPAH, a estimé que l’Emir Abdelkader a été à l’origine de la pose de la première pierre de la présence algérienne dans le monde. «Si l’Emir Abdelkader, Jugurtha, Massinissa, Ibn Khaldoun sont peu connus des jeunes, c’est parce que l’université algérienne ne s’investit pas suffisamment dans la recherche sur ces personnalités», a-t-il regretté, appelant à une meilleure étude du XIXe siècle algérien. M. Khenchelaoui est revenu sur la symbolique de l’arbre. En novembre 1832, l’investiture (moubayâa) de l’Emir Abdelkader par des chefs de tribus s’était faite sous un arbre, dans la plaine de Ghriss, à Mascara. A l’époque, le fils de cheikh Mahieddine n’avait que 24 ans. Il avait été consacré «prince de la nation» et «protecteur de la foi». Il avait, selon Zaïm Khenchelaoui, constitué une armée, frappé la monnaie, constitué une armoirie nationale, nommé des ministres et des consuls et réformé les institutions religieuses, l’économie, l’éducation et la santé. «La consécration de l’Emir Abdelkader constitue le fondement moral de l’Etat algérien et un référentiel dans lequel celui-ci puise sa légitimité et sa sacralité. Les Algériens n’ont jamais rompu cette alliance. On pourrait donc affirmer que l’Emir est la racine et la postérité de l’Algérie, son alpha et son omega. Il s’agit ici de célébrer un soldat de la paix», a expliqué le chercheur.

Yuko Tochibori, de l’université de Kyoto (Japon) a, pour sa part, exploré le sens du «contrat» chez l’Emir Abdelkader. «Il avait toujours prôné la coexistence entre musulmans et non-musulmans. Il était favorable au dialogue entre l’Islam et les autres religions. Il avait toujours mis en avant les idées de paix et de sérénité dans les accords et les traités signés avec les autres parties», a-t-elle relevé.  Elle a rappelé que l’Emir Abdelkader avait accepté de ne plus livrer bataille à l’armée française à la seule condition de la restitution de la liberté au peuple algérien (thèse historique controversée, non encore étudiée). «Mais le colonialisme français n’avait pas respecté cet engagement. Il a déporté l’Emir à Toulon puis ailleurs, en France», a soutenu l’universitaire japonaise. «L’Emir a poursuivi malgré cela son combat pour les droits de l’humanité et pour faire connaître l’Islam et ses valeurs», a-t-elle ajouté. Et de rappeler le rapport particulier que l’Emir avait développé avec les chrétiens.

Céderic Ribeyrot, de l’Institut orthodoxe français a, de son côté, relevé que l’Emir Abdelkader, «prince parmi les saints et saint parmi les princes», a donné à l’homme contemporain tous les clefs «pour transcender sa propre personne avec l’aide de Dieu».
Il a souligné que l’œuvre de l’Emir s’était notamment inspirée de celle d’Ibn Arabi. Ahmed Bouyerdène, de l’université de Strasbourg, a analysé les différents portraits d’Abdelkader, représenté sous des images et iconographies évolutives selon les conjonctures politiques et militaires. L’Emir était tantôt représenté comme un homme aux traits négroïdes ou un homme aux gestes féminisés. Nous y reviendrons. Taran Volodymyr, de l’université ukrainienne de Zaporizhzhia, a expliqué que le modèle de l’Emir Abdelkader a servi pour la construction du leadership politique national en Ukraine moderne.(El Watan-26.02.2012.)

**L’Emir Abdelkader face au jeu de puissance

L’Emir Abdelkader avait donné une dimension philosophique à la puissance dans son projet d’Etat moderne

 *Tlemcen.envoyé spécial d El Watan.

Malgré l’intérêt des universités, l’Emir Abdelkader est toujours peu connu aux Etats-Unis. La précision a été apportée par John Kaiser, enseignant à la Columbia University à Washington et auteur d’un livre biographique de référence, Commander of the faithful : the life and times of Emir Abdelaker (Commandeur des croyants : la vie et les temps de l’Emir Abdelkader). L’écriture de ce livre, sans doute le plus important jamais édité aux Etats-Unis, a duré six ans. «L’Emir est un modèle pour tous les musulmans. C’était un homme pieux, sincère, patient, courageux et compatissant. Son héritage doit être revendiqué par tous. Sa vie peut offrir l’exemple d’une autre version de l’éthique islamique en temps de guerre ou de paix, pour combattre la phobie occidentale grandissante à l’égard de l’Islam», a-t-il déclaré lors d’une conférence au Colloque international «Abdelkader, homme de tous les temps», organisé au Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) au palais de la culture Imama, à Tlemcen.

Il a salué la conduite chevaleresque de l’Emir Abdelkader en temps de guerre, le comparant à George Washington. «L’Emir Abdelkader représente le genre de musulman avec qui les USA devraient engager le dialogue, conservateur, engagé dans sa foi, considéré comme non-occidentalisé, respecté pour son autorité religieuse, son intellect et son courage», a appuyé John Kaiser qui a lancé un projet universitaire pour faire connaître au niveau mondial l’œuvre du fondateur de l’Etat algérien moderne. Mohamed Tayebi, enseignant à l’université d’Oran, auteur d’un ouvrage sur l’Algérie du XIXe siècle a, pour sa part, estimé que l’Emir Abdelkader faisait face à «un jeu de puissance» lié à des défis géostratégiques. Il a rappelé que les Saâdites avaient été forcés de négocier avec les Espagnols et les Portugais, alors que les Tunisiens étaient aux prises avec les Français.

«L’Emir Abdelkader était resté authentique dans son projet. Les idées philosophiques étaient les appuis de son comportement politique et pas seulement son action militaire. Le souci de persuasion et de dialogue ont marqué également son œuvre», a-t-il déclaré. Mais, alors, comment peut-on «problématiser» et conceptualiser le projet de l’Emir ? «Il existe deux dimensions de la puissance dans le projet émirien. Il y a d’abord la construction de la légitimité du pouvoir avec la réorganisation de la société interne et la formulation de la gouvernance. Et, ensuite, l’élaboration du dialogue en imposant l’idée de dissuasion militaire. De ce point de vue là, l’Emir Abdelkader influençait toute l’aristocratie militaire française à travers les échanges d’idées et à travers la géographie politique», a expliqué Mohamed Tayebi qui a écrit également L’Emir et son Maghreb.

Selon l’universitaire, l’Emir Abdelkader n’était ni arrogant ni aventurier. «Il savait que la destruction de la puissance maritime islamique de l’Algérie avait changé la géographie politique en Méditerranée», a-t-il noté. Il a rappelé la célèbre phrase du dernier roi almohade qui avait dit à ses fidèles : «Si vous ne vous préparez pas à la mer, la mer vous avalera». Il a également cité la notion militaire britannique du «Sea power» (la puissance de la mer). «Pendant dix-sept ans, l’Emir a bâti son pouvoir en tant que négociateur et homme de guerre. Il s’est rendu parce qu’il avait compris qu’il s’était démantelé de l’intérieur et que l’extérieur était devenu puissant», a relevé Mohamed Tayebi.

L’Emir Abdelkader en entrant en Europe, (après sa déportation à Toulon), avait, selon lui, porté avec lui une partie de la souveraineté grâce à sa puissance symbolique humaniste et sa sagesse. «L’Emir Abdelkader, de par son œuvre, est un homme universel. Soufi, homme de Lettres et de paix, Abdelkader est devenu un chef militaire en raison de la menace de domination de son pays par les Français», a estimé, pour sa part, Aoua Bocar Ly-Tall, enseignante chercheuse à l’université d’Ottawa, au Canada. Elle est revenue longuement sur les actions de résistance du philosophe, savant et guerrier sénégalais cheikh Omar Tall de la Tidjania. «Omar Tall et l’Emir Abdelkader sont de la même génération, malgré une différence d’âge de douze ans. Ils étaient tous les deux de descendance noble et de grandes familles religieuses. Les deux avaient appris le Coran dès le jeune âge et étaient des explorateurs du savoir», a indiqué la conférencière.

Elle a évoqué les voyages de l’Emir Abdelkader et de Omar Tall (surnommé par les Arabes, Omar Al Fouti du nom de Fouta-Toro, ancienne appellation du Sénégal) au Moyen-Orient (Syrie, Egypte, Irak et Hidjaz). A 23 ans, Omar Tall est allé à la Mecque pour le pèlerinage. A Médine, il avait reçu le titre de khalif pour les Tidjanes du Soudan, donné par Mohamed Ghali, disciple du fondateur de la zaouia tidjania, cheikh Tidjani. De retour à son pays, Omar Tall devait jeter les bases de l’empire Toucouleur à Ségou (Mali) et mener la guerre aux conquérants occidentaux. Vladimir Bobrovnikov, de l’Académie des sciences de Russie a, de son côté, fait une comparaison entre deux «héros anti-coloniaux», l’Emir Abdelkader et l’Imam Shamil, qui avait mené les troupes caucasiennes contre les envahisseurs russes entre 1830 et 1860, presque à la même période du début de l’occupation française en Algérie.
La Russie des tsars voulait récupérer des terres prises par les Perses et les Ottomans. (El Watan-28.02.2012.)

**Zaïm Khenchelaoui. chercheur au CNRPA…

«L’Emir Abdelkader trouble les esprits jusqu’à présent»

Zaïm Khenchelaoui est chercheur au Centre national de recherches préhistoriques anthropologiques et historiques (CNRPAH). Il est parmi les organisateurs du Colloque international «Abdelkader, homme de tous les temps» qui se tient au palais Imama à Tlemcen jusqu’au 29 février.

-«L’Emir Abdelkader, homme de tous les temps», pourquoi ce thème pour ce colloque ?

L’Emir Abdelkader est transnational. Il est l’homme de tous les temps, de tous les espaces, de toutes les cultures et de toutes les religions. C’est l’homme global, «Al radjoul al kamil», l’homme universel, une idée centrale dans le soufisme et dans la gnose. De par ses principes, son vécu et son action, il était dans une transcendance spatio-temporelle. On se demande alors, s’il est encore valable aujourd’hui. La réponse est oui. Il est valable pour aujourd’hui et pour le futur. Là aussi, certaines de ses idées sont en avance par rapport à ce qu’on voit aujourd’hui dans le monde. L’Emir avait une haute moralité. Il représente, pour l’humanité entière, une source d’inspiration. On n’a pas encore bien compris l’œuvre de l’Emir Abdelkader. Ce n’est pas volontaire. Peut-on être à la fois moraliste et homme d’Etat ? Voilà le dilemme et le paradoxe que l’Emir Abdelkader a pu synthétiser et incarner…

-Peut-on parler de modernité aussi ?

Tout à fait. Il s’agirait même d’une post-modernité. L’Emir Abdelkader trouble les esprits jusqu’à présent. Son rapport à l’autre est une question sur laquelle on tâtonne encore. On parle de choc des civilisations. Abdelkader avait dépassé cela. Il voyait en l’autre sa propre image. Il avait ce principe de miroir et de réflexion. Pour lui, l’autre n’est que lui-même dans une incarnation différenciée. Cela entre dans le credo du «wihdat el oujoud» (l’unité de l’existence) qui est le fondement du soufisme dont il est issu et dont il est le porte-parole. L’Emir Abdelkader est actuel. Il est futuriste aussi.

-Comment l’Emir Abdelkader a-t-il pu synthétiser ses différentes qualités : poète, philosophe, homme d’Etat, chef militaire, historien, mystique… ?

Mes collègues qui travaillent sur le même sujet le pensent : l’Emir doit cela à son imprégnation des idées théosophiques du soufisme. Il était fils de zaouïa, zaouïa dans le sens immatériel. Il ne s’agit pas de quatre murs ou d’un édifice. On peut même dire que l’Algérie est fille de la zaouïa comme la France est la fille aînée de l’Eglise. Il s’agit d’un courant spirituel et de morale chevaleresque. Il avait eu une attitude tout à fait respectueuse vis-à-vis de ses adversaires. Cette attitude lui avait attiré l’admiration de ses ennemis. Cela est un fait tout à fait exceptionnel dans l’histoire des hommes d’Etat. L’Emir Abdelkader était multiple. A chaque fois, on découvre de nouveaux aspects de sa vie. Ce n’est pas exagéré de le dire. Le nombre d’intervenants à ce colloque, plus d’une centaine, est une preuve de cette mutiplicité (…)

L’Emir Abdelkader était devenu chef d’Etat à 24 ans seulement, après la Moubayaâ sous l’arbre (plaine de Ghriss à Mascara, ndlr). Les générations actuelles doivent le savoir. Il avait réussi à mettre en place des institutions d’un Etat de droit. Il était entouré de conseillers. Il avait introduit des réformes dans le domaine de la fatwa, de la santé, de l’éducation. L’Emir avait une bibliothèque ambulante. Il avait pleuré lorsque les cavaliers de l’armée coloniale française avaient piétiné ses livres. L’Emir avait une capitale mouvante, la Smala. Beaucoup de chercheurs étudient encore la portée stratégique et militaire de la smala et son organisation circulaire. Le seul dans l’histoire qui avait une ville mouvante de ce genre était Gengis Khan ! Ou, peut-être, le roi Salomon, d’une certaine manière…(El Watan-27.02.2012.)

**L’Emir Abdelkader, un personnage romanesque boudé par notre littérature

Cette semaine, Tlemcen a rendu hommage à l’Emir Abdelkader. L’homme d’Etat, le poète, le militaire, le philosophe… fascine toujours autant les historiens et les écrivains. Pourtant, en Algérie, peu de livres lui sont consacrés.

La littérature algérienne s’est rarement intéressée à l’œuvre de Abdelkader Ibn Mahieddine Al Husseini, considéré comme le fondateur de l’Etat algérien moderne. Le cinéma l’a complètement ignoré malgré l’importance du personnage, mis dans le contexte tumultueux du XIXe siècle. Waciny Laredj est le seul à avoir élaboré un roman à partir de la vie de l’Emir Abdelkader. L’écrivain Abdelkader Djemaï prépare, pour sa part, un livre. Paru en arabe puis en français en 2006 et en 2009, Le livre de l’Emir, roman historique de Waciny Laredj, se concentre notamment sur le rapport puis l’amitié entre l’Emir Abdelkader et l’évêque d’Alger Antoine Dupuch.

Mercredi, Waciny Laredj, également enseignant à la Sorbonne à Paris, est revenu sur «l’imaginaire littéraire et son exercice sur l’histoire» lors du dernier jour du colloque international «Abdelkader, homme de tous les temps», organisé par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), au palais de la culture Imama de Tlemcen. «L’histoire est le domaine des assurances pendant que la littérature reste le domaine des fragilités les plus visibles», a-t-il déclaré. Dans l’écrit littéraire, rien n’est définitif, tranché. «Le plus essentiel est que le roman est l’espace des grandes libertés. Le roman n’a de comptes à rendre à personne. Or, l’histoire doit justifier ses choix», a-t-il appuyé.

Dans le tragique

Selon lui, la grande histoire ne peut échapper à ses petites histoires. Il a cité l’exemple des livres d’Ibn Khaldoun, d’Al Messaoudi et de Tabary, jalonnés de petites histoires «qui renvoient plus à l’écriture libre qu’à une certaine science». D’après l’auteur de Les balcons de la mer du Nord, il n’est pas aisé de connaître les limites à la liberté d’écrire sur un personnage ayant réellement existé, un personnage «complexe et traversé par des regards contradictoires». Les événements qui ont entouré la vie de l’Emir Abdelkader «offrent» tous les ingrédients à l’écriture romanesque.

Il s’agit d’un personnage dans le tragique. Waciny Laredj l’a détaillé : «Batailles contre la colonisation, mais aussi contre les tribus rebelles, une dernière bataille douloureuse contre ses frères marocains, l’armée de Moulay Abderrahmane et ses fils (…) après le traité de Tanger qui a considéré l’Emir comme un hors-la-loi, avant de se réfugier chez les tribus rebelles des Beni Iznassen et entamer ses pourparlers avec Lamoricière, par personnes interposées, pour un arrêt final et digne de son rang, des hostilités et une reddition. Une nouvelle vie plus tragique que la première traversée par une détention et un exil durs.» Le romancier a reconnu avoir humanisé le personnage de l’Emir Abdelkader dans son livre pour le rendre accessible. «C’est-à-dire plus proche de nous, le faire parler et peut-être même prendre part à nos soucis culturels et politiques. Ecrire un roman historique, c’est aussi s’ancrer dans le présent. Le dialogue des civilisations faisait débat. J’ai trouvé en la rencontre entre l’Emir et l’évêque Dupuch un bel espace de ce débat», a-t-il soutenu. (El Watan-02.03.2012.)

**John Kiser. Enseignant à la Columbia University (Etats-Unis)

L’Emir Abdelkader cherchait l’unité dans la diversité

John Kiser, professeur à l’université Columbia à Washington, est l’auteur d’une biographie sur l’Emir Abdelkader, Commander of the faithful : the life and times of Emir Abdelkader (Commandeur des croyants : la vie et les temps de l’Emir Abdelkader) paru aux Etats-Unis.

- Vous dites que l’Emir Abdelkader est actuel. Pourquoi ?

L’Emir Abdelkader est un modèle pour les musulmans et les non-musulmans. Il avait un caractère exceptionnel. Il combinait l’intelligence, la compassion et le refus de la haine. C’était un unificateur, pas un diviseur. Il avait fait la distinction entre les chrétiens qui avaient envahi son pays pour l’occuper et les chrétiens de Damas dont il avait assuré la protection. Pour lui, tous les chrétiens n’étaient pas les mêmes. Il avait refusé d’être l’otage de sa passion ou de ses émotions. Pour combattre la phobie anti-islam, les non-musulmans doivent voir cette religion autrement. Les musulmans doivent savoir, de leur côté, que le djihad ne signifie pas l’assassinat des infidèles. Il n’est pas juste de dire qu’être non-musulman, c’est être infidèle. Il y a les chrétiens, les juifs, les bouddhistes, les non-croyants, etc. Le Coran a bien précisé qu’il n’y a pas de contrainte en religion.

- Pour vous, l’Emir Abdelkader était le Vatican II (concile œcuménique de l’Eglise catholique organisé entre 1962 et 1965 consacrant l’ouverture au monde) musulman. Quelle en est la raison ?

Le Vatican II était un rassemblement de grandes têtes chrétiennes qui avaient décidé que l’Eglise catholique n’était pas le seul chemin vers Dieu et qu’il fallait être humble. Le fini ne peut pas concevoir l’infini. L’Emir Abdelkader, qui était un homme de dialogue, était d’accord avec cette vision. Il n’y a pas de conflit entre politique, religion et connaissance. 

- L’Emir Abdelkader était-il un penseur moderne ?

Il n’est pas moderne, si vous croyez que la religion n’est pas moderne. Ne pas être  matérialiste et ne pas être un homme qui croit que tout est fait par les atomes qui se poussent risque d’être considéré comme archaïque. Cependant, beaucoup de gens pensent qu’il y a une vie au-delà du monde matériel. Je dirais que l’Emir Abdelkader était très moderne dans sa capacité d’associer la foi à la raison. Lui-même disait que croire sans raison, c’est de la superstition ; raisonner sans croire, c’est de l’arrogance. Arrogance dans le sens que l’homme se prend pour Dieu.

- Pour vous, l’Emir Abdelkader est le George Washington arabe…

Ce parallèle n’est pas précis, parce que George Washington avait vaincu les Anglais (chef d’état-major de l’armée pendant la guerre d’indépendance américaine entre 1775 et 1783, puis premier président des Etats-Unis). Le rapport est lié au fait que l’Emir Abdelkader est considéré comme le fondateur spirituel de la nation algérienne. George Washington était aussi un homme de foi…

- L’Emir Abdelkader est-il connu aux Etats-Unis ?

Non, aux Etats-Unis, la tradition de lire l’histoire de l’Afrique du Nord n’existe pas. En règle générale, l’histoire est assez peu lue dans ce pays. Nous sommes des ignorants en
histoire ! Certains savent à peine où se trouve la capitale américaine et dans quel Etat ! L’œuvre de l’Emir Abdelkader n’est étudiée que dans des cours spéciaux, à l’université, sur l’Afrique et sur le Maghreb. Des cours peu nombreux.

- Vous avez lancé un projet éducatif on line sur l’héritage de l’Emir Abdelkader…

Ce projet vise à familiariser les élèves et les étudiants avec la vie de l’Emir Abdelkader, un des plus grands hommes du XIXe siècle que le président Abraham Lincoln adorait. Le New York Times avait fait un éloge remarquable après son décès, en 1883, en écrivant : «Sa noblesse de caractère lui a valu l’admiration du monde entier. Il était l’un des quelques grands hommes de ce siècle.»

- Et comment votre biographie a-t-elle été accueillie aux Etats-Unis après sa sortie ?

Les Américains, qui n’ont pas d’idée préconçue sur l’islam, l’ont bien accueillie. D’autres ont été méfiants du fait que le livre était écrit sur un Arabe et évoquait le djihad. Certains Américains confondent «djihad» et «islam» avec terrorisme.

- L’Emir Abdelkader était-il en lien avec la franc-maçonnerie ?

Oui, il s’en est éloigné après avoir appris que l’organisation avait accueilli des athées en son sein. Pour certains, le lien de l’Emir Abdelkader avec la franc-maçonnerie est une question sensible, mais cet aspect est insignifiant. L’Emir Abdelkader était un homme qui aimait la discussion, l’échange d’idées. Ouvert d’esprit, il voulait apprendre de toutes les personnes avec qui il parlait. Il cherchait l’unité dans la diversité.(El Watan-02.03.2012.)

*Le précieux héritage du Livre des haltes

Le Livre des haltes (Al Mawaqif) de l’Emir Abdelkader aurait plusieurs copies éparpillées dans le monde.

Tlemcen.envoyé spécial d El Watan…

Le constat a été fait par Alaâ Eddine Bakri de l’université de Damas, mardi, au Palais de la culture Imama de Tlemcen, lors du colloque international «Abdelkader, homme de tous les temps», organisé par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), à la faveur de l’évènement «Tlemcen, capitale de la culture islamique». Le Livre des haltes contient les commentaires ésotériques de Abdelkader Ibn Mahieddine Al Husseini sur le Coran à partir de l’enseignement laissé par El Cheikh Al Akbar, Mahieddine Ibn Arabi, son maître. Le chercheur syrien a même trouvé de fausses photos sur l’ouvrage de l’Emir, publiées ici et là.

Selon lui, il existe dix-sept manuscrits liés au Livre des haltes dont une copie originale se trouve au Musée de l’armée à Alger. Alaâ Eddine Bakri a révélé que Khaled Bentounès, de la confrérie Alouiya de Mostagnem, possède une copie d’Al mawaqif écrite par Yahia Al Zenati, un Syrien d’origine algérienne. Une autre copie est conservée à la librairie Al Dhahiria à Damas. «Nous savons qu’il existe des manuscrits incomplets, mais ignorons toujours l’existence d’autres manuscrits dans des collections privées ou dans des musées à travers le monde», a-t-il noté. Il a rappelé les propos de l’islamologue, Jacque Berque, qui avait considéré le Livre des haltes comme l’un des plus importants ouvrages de l’époque de la Renaissance, Al Nahdha, islamique (à ne pas confondre avec la Renaissance européenne du XVe siècle).

«Pour nous, c’est l’ouvrage phare du XIXe siècle, en ce sens que le Livre des haltes a ravivé la pensée d’Ibn Arabi qui était adaptée à son époque. La dynastie ottomane avait pris cette pensée comme une doctrine presque officielle», a souligné le chercheur syrien. D’après lui, la pensée philosophique islamique d’Ibn Arabi est la plus importante après le dogme du Tawhid (reconnaître Allah comme seul Dieu) de l’Islam. Le philosophe, poète et théologien, Mohieddine Ibn Arabi, fut le premier penseur musulman à donner une clarté à la tradition du soufisme (Al tassaouf). Tous les musulmans connaissent sa théorie Wihdat al oujoud (La réalité unique de l’Etre). «Ibn Arabi est un océan sans rivages. Il faut posséder une culture islamique et des instruments pour pouvoir comprendre et saisir l’importance de son œuvre. Il faut avoir une certaine adoration du soufisme aussi», a relevé, de son côté, Mebarka Hadji, de l’université d’Alger, lors d’une intervention sur «La dimension Akbarienne dans le soufisme de l’Emir Abdelkader».

D’après Alaâ Eddine Bakri, l’Emir Abdelkader a expliqué une partie seulement du principal ouvrage d’Ibn Arabi, Fossosou Al hikam (Les perles de la sagesse). «Et pour comprendre Fossosou Al hikam, il faut avoir lu tout ce qui a été écrit depuis l’avènement de l’Islam. Il faut lire Ibn Sina, Ibn Rochd, Al Farabi… Lire la poésie et la littérature aussi. Il faut également avoir un esprit libre et n’être prisonnier d’aucun courant de pensée», a-t-il conseillé. Pour la poétesse et universitaire marocaine, Touria Ikbal, (enseignante à l’Ecole des hautes études de management de Marrakech), Ibn Arabi et l’Emir Abdelkader font partie des hommes qui ont «revivifié» la religion musulmane, malgré les six siècles qui les séparent. Elle a analysé les poèmes écrits par les deux penseurs pour exprimer leur adoration de la création d’Allah.

«La relation entre Ibn Arabi et l’Emir Abdelkader n’était pas seulement livresque, mais spirituelle aussi», a-t-elle souligné. D’après elle, le jeune Emir Abdelkader avait été rattaché à la lignée initiatique d’Ibn Arabi (Al khirqa al akbaria) grâce à l’enseignement de son père et de son grand-père. La similitude entre l’Emir et Ibn Arabi est, selon l’universitaire marocaine, liée à la manière avec laquelle ils étaient invités au soufisme. Il s’agit de la voie de la jabda (le ravissement). L’autre voie, plus longue, est le soulouk (le voyage initiatique). «Ibn Arabi et l’Emir Abdelkader sont des héritiers mohamédiens. L’Emir totalisait le pouvoir temporel et la force spirituelle. Il est un modèle capable de nous donner tous les enseignements et toute la sagesse dont nous avons besoin pour traverser des temps insensés et cette période de grande perturbation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui», a analysé Touria Ikbal. Pour Mebarkia Hadji, l’Emir Abdelkader était un inspiré inspirateur (al moulhim al moulham).

«Avant de devenir cavalier, l’Emir Abdelkader était un philosophe soufi. Dans le Livre des haltes, il avait reconnu sa grande admiration d’Ibn Arabi et reconnu qu’il en était grandement influencé», a-t-il soutenu. Abdelaziz Rasmal, de l’université d’Alger, a, pour sa part, expliqué que le manuscrit Al Sira Al dhatiya, sur la vie de l’Emir Abdelkader est authentique. Selon lui, ce document a été écrit en prison sur dictée de l’Emir en 1849. «Il a été traduit de l’arabe au français pour la première édition par Hassan Ben Mansour, préfacé par Mohamed Seghir Bennani et Abdelmadjid Meziane avec une présentation de Belkacem Saâdallah. L’Emir avait utilisé le ‘‘nous’’ à la place du ‘‘ je’’. Une partie du manuscrit a été écrite par Mustapha Bentouhami et référencée par des compagnons de l’Emir», a précisé Abdelaziz Rasmel.  .(El Watan-01.03.2012.)

 **Al Mawaqif, un des ouvrages majeurs du XIXe siècle

Rachid Boudjedra, dans une autre conférence animée durant le même colloque, a analysé «la modernité» contenue dans Al Mawaqif (Livre des haltes) de l’Emir Abdelkader.

Modernité liée au fait que l’auteur avait fait appel à la philosophie dominée par l’esprit soufi, à l’expression poétique libre et à l’histoire. «Une écriture nouvelle où la poésie se mêle à la prose et où sont évoqués l’amour et Dieu», a-t-il noté. Contenant les écrits spirituels et les commentaires ésotériques de l’Emir Abdelkader, Al Mawaqif est considéré comme l’un des ouvrages majeurs du XIXe siècle musulman. Selon Meftah Abdelbaki de la confrérie El Hebria d’El Oued, ce livre a servi de référence à plusieurs autres ouvrages tels que ceux de Mohamed Bendjafar El Kitani, Youssef Al Nabhani et Chakib Arslan.

Meftah Abdelbaki, qui est aussi membre de la fondation Emir Abdelkader, a expliqué que le savant soufi syrien Mohamed Khani avait été chargé par l’Emir de rassembler et d’arranger tous les écrits dans Al Mawaqif. «Certains passages du livre ont été écrits par l’Emir lui-même, d’autres avaient été dictés en présence de ses disciples. Al Khani se chargeait de vérifier et de préciser le propos», a indiqué le conférencier. D’après lui, il n’existe aucun doute qu’Al Mawaqif, qui célèbre le grand maître Al Cheikh Al Akbar, Mahieddine Ibn Arabi, est bel et bien l’œuvre de l’Emir Abdalkader. Sa petite-fille, princesse Badéa, a, dans un entretien à un quotidien algérien, prétendu que Al Mawaqif n’avait pas été écrit par l’Emir Abdelkader et que l’ouvrage avait été publié après sa mort à Damas en 1883..(El Watan-02.03.2012.)

**  Henri Teissier. Archevêque émérite d’Alger

«L’Emir Abdelkader était concerné par la recherche du dialogue islamo-chrétien»

Chevalier m’avait demandé de voir ces documents avant de les remettre à la Bibliothèque nationale algérienne en 1970. Depuis, le manuscrit a été édité par une commission constituée par l’université d’Alger.

Tlemcen… envoyé spécial

Mais, il reste du travail à faire dessus», nous a expliqué Henri Teissier, archevêque émérite d’Alger, en marge du colloque international «Abdelkader, homme de tous les temps», organisé à Tlemcen par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH). L’écriture du manuscrit a été reprise par Mustapha Bentouhami, le beau-frère de l’Emir Abdelkader, et par l’Emir lui-même. «C’est le seul que l’on a où l’Emir raconte sa vie. Il y a aussi le livre de Churchill. Il faut utiliser les renseignements contenus dans le document de l’Emir. Il y a, par exemple, une description de la zaouïa de son père, une présentation des maîtres auprès desquels l’Emir s’était formé, une explication des efforts fournis pour fédérer les tribus dans le combat. Sous la pression de la France, certaines tribus s’étaient détachées.

L’Emir racontait les efforts de se mettre sous la tutelle du sultan du Maroc au début de la résistance avant que l’Emir ne soit désigné dans la Moubayaâ. Le sultan du Maroc a reconnu la Moubayaâ», a relevé Henri Teissier. Il a estimé qu’il fallait se mettre dans le contexte de l’époque avec l’effondrement du système étatique ottoman en Algérie et la capitulation du dey d’Alger et le bey d’Oran. Dans le même manuscrit, l’Emir Abdelakder expliquait ses rapports avec les chrétiens. «J’ai repris un chapitre relatif à cette question et je l’ai publié dans une revue en Italie. L’Emir était concerné par la recherche d’un dialogue islamo-chrétien, et cela avait été écrit en 1849, c’est-à-dire un siècle avant que ce dialogue devienne un sujet général. C’est pour cela que je me suis intéressé à ce manuscrit», a encore expliqué l’homme d’église.

L’Emir était revenu dans Sira Al Thatiya sur le pèlerinage à La Mecque avec son père et les rencontres qu’ils avaient faites au Moyen-Orient. Il avait aussi évoqué les difficultés entre Cheikh Tidjani et le bey d’Oran avant 1830. Sur le rôle joué par l’Emir Abdelkader dans la protection des chrétiens d’Orient à Damas en 1860, Henri Teissier a rappelé que tous les représentants de l’Eglise avaient envoyé des messages de reconnaissance à l’exilé algérien. «Même l’évêque d’Alger de l’époque avait envoyé un message. L’Emir Abdelakder lui avait répondu lui disant que ce qu’il avait entrepris était en application de la loi islamique et les droits humanitaires. Il avait précisé que toutes les créatures de Dieu devaient être respectées. Une définition très ouverte de la religion», a-t-il souligné. .(El Watan-01.03.2012.)

   «L’Emir n’a jamais fait partie de la Franc-Maçonnerie»

 L’universitaire Dalila Hassaïn Daouadji, de la Fondation Emir Abdelkader, est formelle : le fondateur de l’Etat algérien moderne n’a jamais accepté de faire partie de la Franc-Maçonnerie.

Selon elle, le premier à avoir pris contact avec l’Emir Abdelkader était le garde surveillant Escoffier qui était au Palais des Tuileries à Paris et qui avait trouvé grâce auprès du roi en raison d’un acte de «bravoure» militaire en Afrique. «Escoffier, qui était franc-maçon et qui parlait arabe, était allé rencontrer l’Emir Abdelkader au château de Pau vers 1848 au nom de la loge le Berceau d’Henri IV», a-t-elle précisé. D’après elle, la Franc-Maçonnerie s’était intéressée à l’Emir Abdelkader après son rôle dans la protection des chrétiens à Damas en 1860. «Ces émeutes anti-chrétiennes avaient été générées par la France, l’Angleterre, l’Autriche et la Russie. Ces pays avaient poussé les druzes à se soulever contre les Maronites. Pour son action, l’Emir avait été honoré par le monde entier, même le Vatican. La Franc-Maçonnerie en avait profité pour le remercier et lui demander de la rejoindre. Ils lui avaient dit que son action était maçonnique, alors que le geste de l’Emir était un acte par fidélité à l’Islam», a expliqué Dalila Hassaïn Daouadj.

Selon elle, L’Emir Abdelkader n’avait rien à gagner sur le plan doctrinal à adhérer à la Franc-Maçonnerie. «A cette époque-là, il avait atteint le statut de cheikh, maître. Mais, il avait un échange avec les sociétés savantes, les sociétés secrètes et le peuple français en général. L’Emir Abdelkader n’a jamais fait partie à la Franc-Maçonnerie. On lui avait attribué les trois grades en même temps, alors qu’il n’était jamais présent. Des grades accordés sans passer par le rituel maçonnique. Le même procédé avait été appliqué pour le Maréchal de France, Bernard Pierre Magnan», a indiqué l’universitaire. Elle a relevé que l’Emir Abdelkader n’était pas dupe et qu’il savait ce qu’il se passait autour de la Franc-Maçonnerie.

«Il avait compris qu’on voulait l’instrumentaliser. C’est pour cette raison qu’il n’était parti le jour où on l’attendait», a-t-elle dit. «Antérieurement à 1723, la Franc-Maçonnerie était déiste. Ensuite, son déisme a été dévoyé. Napoléon III a instrumentalisé la Franc-Maçonnerie. Il avait comme idée l’instauration d’un Royaume arabe en reprenant le projet de son oncle Napoléon I. Cette idée est apparue avant 1860, contrairement à ce qui est dit. L’héritier de l’expédition d’Egypte, Napoléon III, voulait aller vers ce Royaume. Pour cela, il n’écoutait personne. Il ne faisait que ce qu’il voulait faire», a-t-elle relevé. Elle a rappelé que Napoléon Ier avait dit que les grands noms ne se faisaient qu’en Orient. (El Watan-28.02.2012.)

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****DE SIDI BOUMEDIÈNE À L’ÉMIR ABDELKADER (1187-1911)
Les Algériens de Bilâd ec-Shâm

Dans cet ouvrage, Kamel Bouchama a choisi un pan de la glorieuse épopée de ces Algériens qui ont volé au secours de leurs frères du Moyen-Orient, qui ont combattu contre les «croisés» et qui sont restés là-bas.

Encore un nouveau-né chez Kamel Bouchama. Décidément, il ne cesse de nous surprendre avec sa production littéraire, de plus en plus intéressante et rentable pour ceux qui s’intéressent à la culture. Juste après ses deux ouvrages remarquables sur l’Histoire, il nous livre encore de l’Histoire qui raconte les Algériens, les nôtres, cette Histoire dont nous avons été privés, pendant de longues années à cause – nous disait-on – de priorités qu’il fallait faire «avancer» pour…ne pas vivre en marge du progrès. Eh bien, comme à l’accoutumée, il va au charbon, sans prétention aucune, mais avec grande concision cependant, pour nous relater ce long processus d’exode des Algériens vers le Grand Shâm, entamé en l’année 1187, pour participer à la libération des territoires occupés du temps des Croisades et qui ne finit qu’au siècle précédent, pendant l’occupation coloniale de notre pays.
Dans cet ouvrage alors, Kamel Bouchama a choisi un pan de la glorieuse épopée de ces Algériens qui ont volé au secours de leurs frères du Moyen-Orient, qui ont combattu contre les «croisés» et qui sont restés là-bas, à Jérusalem, à Samakh et Safad en Galilée, à Damas ou ailleurs en Bilâd ec-Shâm, perpétuant leurs traditions et leur culture, dans cette région où la culture a toujours tenu sa place, depuis l’Antiquité. Et ils sont restés des siècles, jouissant de leur citoyenneté à part entière, sans se recroqueviller sur eux-mêmes, en créant une communauté spécifique, détachée du reste des autochtones, comme l’ont fait certaines communautés vivant au Moyen-Orient. Car, même s’ils ont reconstitué leur environnement, organisé leur vie, préservé leur dignité et conservé leurs coutumes, ils ont aussi respecté et adhéré à celles (les coutumes) de leurs hôtes…Des années, voire des siècles passaient, et nos ancêtres se confondaient naturellement avec les natifs de Bilâd ec-Shâm, dans leur façon de parler, de s’habiller, de manger et de gérer leur vie. Pour arriver à ce stade, c’est-à-dire à s’intégrer convenablement à la société de cette région, il ont mis en oeuvre les potentialités qu’ils possédaient depuis bien longtemps, et qui leur ont permis de faire face aux exigences d’une société cultivée comme celle dans laquelle ils vivaient.
Ainsi, les Berbères qui ont émigré en Bilâd ec-Shâm depuis le XIIe siècle jusqu’au début du XXe, étaient très cultivés, contrairement aux déclarations vexantes et humiliantes d’apprentis sorciers de l’Occident et même du Moyen-Orient – rappelons-nous ces insultes après un match de football. Ils étaient non seulement prolixes au niveau de la littérature, mais aussi capables dans les autres domaines de la science. Ibn Khaldoun en parle longuement en appréciant leur production qualitative, mais aussi leurs grandes et nobles vertus. «Les Berbères ont toujours été un peuple puissant, redoutable, brave et nombreux; un vrai peuple comme tant d’autres dans le monde, tels que les Arabes, les Persans, les Grecs et les Romains…»
L’auteur nous apprend que, plus tard, nos savants et nos érudits ont participé de près au réveil culturel et scientifique que le besoin a imposé à la communauté arabo-musulmane, après les dangereux conflits qu’elle a subis et les graves dissensions qu’elle a difficilement vécues, du temps des Mongols, des Seldjoukides, et de tous ceux qui ont investi le Shâm jusqu’à l’arrivée des Français. Ainsi, «les Algériens, perpétuant une longue tradition de lettrés et de savants maghrébins exerçant leur art ou leur magistère à Damas, sont également des acteurs importants de la vie intellectuelle et spirituelle du Vilayet».(1) Cette autre information témoigne, s’il en est besoin, que les Algériens, qui étaient nombreux dans le paysage culturel de leur pays ont beaucoup donné pour cette région du Moyen-Orient qui n’a jamais cessé de les recevoir et surtout de les apprécier.
Il nous raconte, à sa manière, que notre communauté d’autrefois s’inscrivait dans le temps, c’est-à-dire qu’elle se constituait, se renouvelait constamment et s’intégrait totalement et harmonieusement aux autochtones du pays d’accueil pour former une seule communauté que le destin allait rassembler pour lui permettre d’agir dans le sens de la solidarité, de l’entraide, de la concordance mais surtout de l’apport qualitatif. Elle devenait une émigration continue, qui s’étalait au fil des siècles et qui se renforçait dans les villes et villages qu’elle a investis, depuis les premiers «éclaireurs» qui ont statué sur ces lieux et que les historiens affirment qu’ils étaient à l’origine de leur création. Et elles sont nombreuses ces places qui attestent d’une forte présence de nos ancêtres dans ce Shâm de toutes les cultures et, nous le saurons après, lors des conflits créés pour déstabiliser le Moyen-Orient, de toutes les convoitises…, hélas.
De «Merdj Es-Soltane», tout près de Damas ou à l’est du Golan, à «Shadjara», «Abidine» et «Beït Arreh», ou à «Maâdher», «Dichoum», «‘Oulem», «Kefr Sebt», «Chaâra», «Krad El-Khit», «Et-Tlil» ou encore «Chafa Amr», à côté de Akka (Saint-Jean d’Acre), «El ‘Amouqa», «Hay El Maghariba dans Safad ou dans Haïfa», «Houcha», «El Hassaniya» ou «‘Ajloune», les habitants savent que leur origine se situe dans ce Maghreb des gens courageux qui n’ont pas hésité un seul instant de tendre la main à leurs frères qui avaient tellement besoin de leur présence en des circonstances très pénibles. Ces citoyens, aujourd’hui syriens ou palestiniens, à part entière, savent que leurs ancêtres viennent de la profonde Berbérie, et l’Histoire, dans ce cadre-là, ne peut être occultée ou simplement altérée pour des «démonstrations» que la raison ne pourrait jamais admettre.
Ces citoyens, de bonnes lignées, vous parlent aujourd’hui le langage de la clarté, quand vous les rencontrez. Ils vous entretiennent, quand vous leur demandez leur origine, dans l’idiome d’antan, celui de leurs aïeux, dont la plupart viennent de régions berbérophones. Ils vous entretiennent fièrement dans cette langue, claire et limpide, expurgée de toute locution étrangère, en tout cas dans une langue berbère plus originale que celle qui est parlée aujourd’hui, chez nous dans le Maghreb.(2)
L’auteur nous révèle, que depuis la période médiévale jusqu’au début du XXe siècle, le mouvement migratoire entre le Maghreb et le Grand Shâm, ne s’est pas interrompu, ni même atténué. Mieux encore, il a connu tout au long des siècles des interactions positives qui, de part et d’autre, ont rapproché davantage, plus particulièrement, les hommes de sciences et de culture. L’auteur nous confirme que les Algériens, imbus d’une érudition qu’ils ont acquise au contact des grands maîtres du pays et de ceux qui venaient de l’Andalousie, ne se sont pas recroquevillés sur eux-mêmes, mais qu’ils ont transmis leurs connaissances à leurs frères du Machreq. Cette interaction entre des individus différents dans leur mode de vie, leurs valeurs et leur culture, était basée sur l’égalité de la dignité et des droits pour tous. Ces relations enfin n’ont conduit ni à la suspicion ni au rejet. Rien de cela, puisque cette partie du monde musulman s’est construite – il faut le reconnaître – par la tolérance et l’assimilation d’autres cultures qui sont venues s’ajouter à la sienne qui, elle, était déjà très florissante comparativement à d’autres parties du monde qui n’en possédaient pas.
L’auteur nous instruit donc, que l’émigration qui s’est prolongée au fil des siècles s’est atténuée avec l’expédition coloniale française en 1830 et s’est renforcée avec l’arrivée de l’Emir Abdelkader à Damas. Avec de nombreux détails, il nous informe qu’au cours de ce siècle, c’est-à-dire le XIXe, elle n’était qu’une manifestation de cette répulsion des Algériens à l’égard des colons qui, après avoir exproprié de grandes superficies de terres aux nationaux, et dans leur «soudaine mansuétude», où se cachait le spectre de la malveillance et du ressentiment, permettaient, en les encourageant, ces départs en Syrie. N’en démontre que ces déclarations officielles, claires et sans ambages, après des demandes de départ pour rejoindre l’Emir Abdelkader en Syrie. En voici une du ministère de l’Algérie et des colonies au commandement supérieur des forces de terre et de mer en Algérie, formulée par lettre du 23 avril 1860. «Je ne vois pas de raisons pour que les indigènes de la subdivision d’Aumale qui désirent se rendre en Syrie, ne soient pas autorisés à le faire… Les terres nous font défaut de ce côté et leur départ doit nous en procurer. En outre, ce sont les marabouts qui demandent à partir, ce sont des fanatiques ennemis de notre domination…»(3)
En voici une autre, cinglante sur le plan du style, quant à son contenu, et les Algériens ne s’attendaient pas à mieux. «Je pense donc que les généraux commandant les divisions doivent être autorisés à donner des permis de départ aux familles qui en demandent. Mais ces familles doivent être bien prévenues qu’elles renoncent à toute possibilité de retour, que les terres qu’elles abandonnent seront livrées aux colons, enfin leurs passeports doivent mentionner que les porteurs perdent leur qualité de sujets français…»(4)
Enfin, Kamel Bouchama nous explique, à coups de références, cette présence positive des Algériens en Bilâd ec-Shâm, leurs bonnes relations, ou plutôt ces liens fraternels qui engageaient les Syriens à être plus concrets dans leur approche avec eux et ainsi, cette atmosphère, où se dégageaient l’efficience et la volonté de partager, ne pouvait priver les hôtes des bienfaits d’une entente qui n’a jamais décliné. C’est dans tous les domaines que l’on remarquait ces gestes qui démontraient la disponibilité et l’hospitalité légendaire de ce peuple qui a été jusqu’à conforter et protéger toutes les associations, caritatives ou politiques, créées au profit des Maghrébins. N’était-ce pas pour ces bonnes raisons et d’autres certainement, bien perçues à travers les conditions objectives manifestées aux citoyens maghrébins qui ont émigré depuis cette lutte implacable contre les croisés jusqu’aux dernières vagues d’après 1830, que l’Emir Abdelkader s’était détourné d’Alexandrie ou d’Istanbul pour élire domicile en cette terre accueillante? Ce sont des raisons objectives, mais il y a ce premier amour de l’Emir, alors jeune adepte de la Tariqa El Qadiriya (Confrérie) qui le menait avec son père Si Mohieddine, pendant son voyage à La Mecque, du côté de Jérusalem où il devait passer nécessairement par Damas. Et c’est là qu’il a aimé cette ville merveilleuse.
Cet ouvrage de Kamel Bouchama est une occasion pour dire plus sur ce pays qui, sans le moindre doute, a été pour les Algériens une terre d’asile et de rencontre, mais surtout une terre aux diverses chances où leur génie et leur savoir leur ont permis de tracer leur voie, et celle des autres, vers l’expansion et le bien-être. C’est ce que nous allons voir dans toutes les pages de ce livre, avec certains détails concernant parfois des figures emblématiques, des détails qui nous mèneront jusqu’à relater des faits que l’Histoire retiendra comme des exploits, sinon comme des événements marquant une période et des hommes.
Nous n’allons pas dire plus en matière de révélations qui sont nombreuses, surprenantes et non moins éloquentes, qui nous confirment ce don extraordinaire qu’ont les Algériens à créer des situations exceptionnelles, considérables. Il faut lire cet ouvrage captivant pour s’imprégner de «grandes choses», celles qu’on ne pouvait connaître sans ce travail de recherches par un auteur qui ose… Enfin, ce travail, il faut le souligner, a eu l’assentiment et est soutenu par le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l’étranger, pour ce qu’il nous apprend concernant nos compatriotes qui ont fondé, à travers les siècles, une importante communauté au Moyen-Orient. (L’Expression-02.03.2010.=

«Les Algériens de Bilâd ec-Shâm»
De Sidi Boumediène à l’Emir Abdelkader (1187-1911)
Aux Editions JUBA
350 pages

(1) M.Adib Ibn Mohamed, op. cit, p. 32, repris par Mouloud Haddad, doctorant à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess) dans: Immigration, Islam et eschatologie Exil et post-exil des Algériens à Damas au XIXe siècle. Extrait des Actes du colloque international Temporalités de l’exil.
(2) En effet, ceux qui parlent encore le berbère dans les régions du grand Shâm, le parlent parfaitement, selon l’ancien idiome qui se transmet de père en fils. Il faut comprendre que ceux-là sont venus dans cette région avant l’installation des grandes tribus arabes au Maghreb et plus encore, bien avant les autres qui l’ont investi, notamment les Ottomans et, bien plus tard, les Français. Ainsi, dans le berbère des gens de Syrie et de la Palestine – pour ceux qui le parlent jusqu’à maintenant -, il n’y a pas cette influence de langage comme celle qui existe dans certains dialectes, particulièrement existants dans le nord du Maghreb.
(3) Suivant Archives d’Outre-mer, Aix-en-Provence, section Gouvernement général de l’Algérie, carton 9H98
(4) Ibid.

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*Un documentaire intéressant sur la vie et l’oeuvre de l’Emir Abd El Kader

Salem Brahimi sur les traces de l'Emir

En attendant le long métrage de Charles Burnet, l’Algérie a dévoilé hier un documentaire assez intéressant sur la vie et l’oeuvre de l’Emir algérien, célèbre poète mystique.

Abd El Kader de Salem Brahimi a été projeté hier à la salle Ibn Zeydoun sur initiative de l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel, producteur du film avec le soutien du ministère de la Culture – Fdatic et «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011». Une fois n’est pas coutume, c’est la voix off de Amazigh Kateb qui ouvre le film. Parlant en arabe dialectal qui nous rappelle quelque peu le théâtre oral populaire de son père, ce documentaire s’entrevoit comme un conte narré, illustré par une multitude de photos d’archives et rehaussé par des images d’animation et une foultitude de témoignages. Il est aussi accompagné musicalement par la bande son de Mehdi Haddab, le célèbre joueur de oud électronique alliant dans sa gamme le souffle de la tradition arabe aux temps modernes. D’abord, le présent, le réalisateur Salem Brahimi sonde l’opinion publique pour voir si l’Algérien sait bien qui était l’Emir Abdelkader. Basculement dans le passé. Nous sommes au XIXe siècle dans une région qui s’appelle El Guettana à côté de Mascara où le père Mahieddine prodigue à son fils une éducation dont la source vient principalement des zaouïas. Le film affirme que la vie de Abdelkader a commencé par la foi sur laquelle le peuple va mettre toute sa confiance quelques années plus tard. L’écrivain Kaddour M’Hamsadji évoque les origines chérifiennes de Abdelkader tandis qu’un autre parle de l’influence de la tarika kadiria. On dit que Abdelkader savait lire à 5 ans et connaissait par coeur le Coran à 14 ans. Aussi, il aimait l’art de la cavalerie. Puis en 1808, il a 17 ans, et découvre La Mecque. Mais le destin lui fait endosser des responsabilités de taille. Impressionné par les réformes de Abou Bacha d’Egypte alors que l’Algérie et la France sont secouées par un terrible incident diplomatique (le coup d’éventail entre le consul Pierre Duval et le Dey Hussein). Il est choisi quelque temps après pour faire face à cette grande guerre annoncée. C’est le débarquement colonial français à Sidi Frej. 1833, il est plébiscité officiellement pour défendre son pays car son vieux marabout de père se sent trop vieux pour cela.  L’objectif était la reprise d’Oran. Franc érudit, l’Emir Abdelkader entreprend des relations économiques avec les USA et l’Angleterre, fit construire des hôpitaux, des bibliothèques, etc. Il entreprend même de bonnes relations avec des hommes de l’Eglise, notamment, eux-mêmes qui se constitueront plus tard en comité pour le libérer suite à son emprisonnement. Son but: ériger un Etat algérien moderne.. 1838, Mascara tombe entre les mains de la France. Il s’ensuit des traités pour récupérer des villes comme Tlemcen, Miliana puis le bras de fer avec le général Bugeaud qui étend ses pleins pouvoirs pour écraser la résistance algérienne. Abdelkader va créer la Smala, la capitale mobile de l’Algérie contenant 75.000 personnes. Si l’Emir parvient à gagner une bataille, il est loin de gagner la guerre contre l’occupant. Ne tenant pas ses promesses, la France le fait retenir prisonnier à Toulon, lui, ses proches et sa famille. Reclus en France, la guerre fait désormais rage en Algérie. L’Emir est retenu dans un château à Pau puis il est renvoyé dans un château à Ambroise. Désespéré sans doute, Abdelkader se réfugie entre les murs de sa tente imaginaire et la prière. Napoléon III le libère et le fête même. Libre de ses mouvements, il sera tout de même surveillé dans ses moindres agissements. Après cette première partie relative à la défaite militaire de l’Emir, le film de Salem Brahimi bifurque vers un nouveau tournant consacré essentiellement à la place du soufisme et les écritures saintes dans l’enrichissement du parcours de Abdelkader qui se nourrira profondément des préceptes humanistes et mystiques d’Ibn El Arabi. Le documentaire retracera son itinéraire en allant au coeur de la Turquie suivant de près une hadra où se mêlent hommes et femmes, rythmée par des invocations et les râles mystiques. L’Emir dévoile un Abdelkader, complexe et savant étant pour la tolérance et la conciliation. Pour preuve, il sauvera aussi, les chrétiens de Damas où il séjournera jusqu’à sa mort. Une partie hélas éludée dans le film non pas délibérément, mais vu les conditions sécuritaires qui prévalent là-bas. Le réalisateur chargera une équipe en Syrie pour filmer juste quelques images «minimalistes» d’après ses dires. Il ira tout de même aux USA où une ville entière porte le nom de Abdelkader en hommage à sa résistance à l’occupation coloniale française. le documentaire évoque «l’être humain accompli» qu’il pouvait représenter en réunissant le principe de l’unité dans un monde de diversité où Orient et Occident pouvaient faire naître un nouveau monde. Un héritage spirituel que le documentaire a tenu à souligner. Si le documentaire donne à voir un produit de qualité avec de très belles images sur un plan technique et esthétique, reste que l’information semble un peu passer au second plan, bien que le film soit bien fouillé et marqué d’un nombre important de témoignages d’historiens et de chercheurs. «Quand on fait un film, il y a ce qu’on met et ce qu’on ne met pas. Ce qui m’intéressait dans le film, c’est le parcours de Abdelkader en entrant dans la peau de ce personnage et voir ce qui a animé ce processus, son itinéraire. Je ne suis pas historien. Je préfère donner à sentir son itinéraire. Raconter, c’est choisir. C’est un axe narratif qui oblige de choisir quoi montrer. En 96 mn on ne peut raconter qu’un certain nombre de choses», dira le réalisateur Salem Brahimi et de renchérir à propos de l’absence de renseignements relatifs à la franc-maçonnerie de l’Emir Abdelkader «Non, je n’ai pas voulu éviter la polémique. C’est juste un sujet anecdotique, une affaire qui a été récupérée par les francs-maçons et montée en épingle. (…) Je ne suis pas d’accord sur le fait que la partie française soit la plus longue. D’ailleurs, celle-ci est déterminante dans le film car ce qui se passe en France dépasse l’Emir. Et c’est pendant qu’il est en France que l’Algérie devient un territoire français. Mon film c’est un peu 132 ans de colonialisme français.»*Par O. HIND-L’Expression-Jeudi 16 Janvier 2014

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Commémoration du 131e anniversaire de la mort de l’Emir Abdelkader

Une pensée pour le fondateur de l’Etat algérien moderne

Les exploits d’homme politique et les nobles qualités de l’Emir ont été mis en exergue.

Une cérémonie de recueillement a été organisée, hier, au cimetière d’El Alia (Alger), à la mémoire du fondateur de l’Etat algérien moderne, l’Emir Abdelkader. Cette commémoration intervient à l’occasion du 131e anniversaire de la mort de l’Emir.
Les membres de la Fondation Emir Abdelkader étaient présents, à leur tête le président de la fondation, M.Abdelkader Mohamed Boutaleb, des représentants de différents ministères, ainsi que des personnalités politiques et historiques. Le cheikh de la confrérie Kadiria en Algérie, M.Hassen El Hassen ben Mohammed, était également présent à cette cérémonie.
Une gerbe de fleurs a été déposée sur la tombe de l’Emir suivie de la lecture de la Fatiha du Saint Coran.
Les exploits d’homme politique et les nobles qualités de l’Emir Abdelkader, qui s’est distingué également par sa profonde sensibilité littéraire et ses connaissances en matière de religion, ont été mis en exergue lors de cette commémoration.
S’exprimant en marge de la cérémonie, le chercheur et ex-ministre, Boudjemaâ Haïchour, a relevé les valeurs de l’Emir, l’homme qui a combattu les colonisateurs avec courage et ardeur pendant 17 longues années. M.Haïchour a souligné que «l’Emir a été le fondateur de l’Etat algérien moderne».
L’ex-ministre a également mis en exergue la contribution de l’Emir Abdelkader dans la «pensée religieuse dans le monde arabo-musulman, mais également dans les autres régions du monde», évoquant au passage «les 12.000 chrétiens protégés par l’Emir».
Le recueillement a été une marque de loyauté à l’esprit de l’Emir qui a laissé son empreinte indélébile au service de l’Algérie.
De son côté, le cheikh de la confrérie Kadiria a souligné la nécessité de «rassembler et unir les rangs des Algériens à l’heure où des menaces intérieures et étrangères guettent notre pays».
La résistance farouche de l’Emir face au colonialisme et qui a ancré les bases de l’Etat algérien moderne en créant la monnaie locale, ont été parmi les points soulevés par les intervenants.
Quant à la petite-fille de l’Emir, Mme Zohoor Boutaleb, secrétaire générale de la Fondation, elle nous a indiqué que «le buste de l’Emir se trouve actuellement à Genève (Suisse) à la Croix-Rouge internationale» ajoutant «c’est une première qu’un buste d’un Arabo-Berbère africain se trouve au Cicr». Pour Mme Boutaleb, l’histoire de l’Emir est un peu méconnue des jeunes générations. «Son histoire est méconnue, mais ce qui est malheureux c’est que souvent on essaie de faire une comparaison avec les autres grands hommes de l’Algérie, alors que chacun d’entre eux est un homme à part. Il n’y a pas de comparaison» a-t-elle souligné. Elle nous confiera également que «le film prévu sur l’Emir Abdelkader est actuellement à l’arrêt». Selon elle, la Fondation n’a pas été consultée et c’est ce qui a poussé le président de la Fondation à réagir en disant que «c’est anormal que le scénario se fasse par un Français, comme si nous n’avions pas nos historiens et cinéastes». Mme Boutaleb n’a pas caché son souhait qu’un film sur l’Emir 100% algérien soit réalisé.
L’Emir Abdelkader Ben Mohieddine El Djazaïri est né près de Mascara en 1808. Il est décédé à Damas (Syrie) le 26 mai 1883. En 1966, les restes de son corps ont été rapatriés en Algérie pour y être inhumés au cimetière d’El Alia (Alger).

Ils ont dit

Mme Zhoor Boutaleb, secrétaire générale de la fondation Emir Abdelkader à l’Expression
«La fondation n’a pas les moyens pour tout faire»

*L’Expression: L’Etat vous accompagne-t-il dans vos actions et activités? 
Zhoor Boutaleb:
 On a très peu d’aide. La fondation n a pas les moyens pour tout faire. Quand on organise des colloques, c’est sous le haut patronage du président de la République. Mais au courant de l’année, toutes les activités que nous faisons, le sont purement par bénévolat.

L’Emir Abdelkader est un symbole de l’Etat algérien et un personnage historique. L’Etat doit être pleinement engagé?
Oui, effectivement. L’anniversaire de la mort de l’Emir et les cérémonies de recueillement, c’est nous qui les organisons alors qu’ils doivent être pris en charge par l’Etat.

Combien de livres ont été rédigés sur la vie de l’Emir?
Il y en a des milliers. Jusqu’à l’heure actuelle, on ne peut pas les répertorier. Je peux vous citer à titre d’exemple les derniers en date. Celui de Mustapha Khyati (L’Emir et le droit humanitaire), celui de John Kaiser, Mustapha Chérif qui vient de terminer le sien aussi.

M.Mohamed Boutaleb, président de l’association Emir Abdelkader
«Cette commémoration est pour nous une obligation»
lL’Expression: Quelle est l’importance de cette commémoration?
Mohamed Boutaleb:
 Nous faisons cette commémoration pour rappeler aux générations futures qui était l’Emir Abdelkader. Cette commémoration est pour nous une obligation.

Quelles sont les actions que vous menez pour préserver la mémoire de l’Emir?
D’abord, nous éditons deux revues par an. Il s’agit de L’itinéraire, dans laquelle nous faisons connaître l’Emir et son histoire. Nous rééditons également des livres que lui-même a rédigés. Nous organisons aussi des colloques et des conférences dès qu’on le peut.

Certains disent que l’Etat algérien créé par l’Emir figure parmi les premiers Etats centralisés au monde?
Oui, effectivement. Il faut savoir qu’avant, il y avait les tribus. L’Emir a réuni ces tribus et il a centralisé le pouvoir au sein de l’Emirat. Il a créé des départements qu’on a appelé des régions, à la tête desquelles il a mis des gouverneurs (khalifas). Il a créé également une justice séparée du pouvoir et le pouvoir était centralisé.

M.Henri Tessier, ancien évêque d’Alger
«C’est l’éducation nationale qui peut communiquer le message»
L’Expression: Comment valoriser l’histoire de l’Emir Abdelkader?
Henri Tessier: Je crois que la fondation fait des efforts, mais il est évident que c’est l’éducation nationale qui peut communiquer le message. Je pense qu’il faut que dans toutes les écoles et institutions d’enseignement que la chance soit donnée aux enfants pour découvrir l’Emir Abdelkader.

Quel a été son rôle dans le rapprochement entre les religions?
Son rôle s’est exprimé pendant le temps de la guerre en Algérie. Puisqu’il a témoigné de son respect pour les prisonniers. Et ensuite, quand il est arrivé en Syrie, il s’est engagé dans la protection des chrétiens à un moment où il y avait des troubles. A cet effet, le monde entier lui a exprimé sa reconnaissance.

L’évêque d’Alger de l’époque lui a adressé une lettre concernant la protection de l’Emir pour les chrétiens, et à laquelle l’Emir a répondu par une autre qui résume clairement sa pensée. Pouvez-vous nous en citer un extrait?
Effectivement. L’évêque d’Alger à l’époque, Mgr Louis Antoine Augustin Pavy
(de 1846 à 1866) a adressé une lettre à l’Emir. Et l’Emir lui a répondu, avec ces quelques lignes que je cite «ce que j’ai fait, je l’ai fait à la base de la loi musulmane et des droits de l’humanité car tous les enfants sont les créatures de Dieu, et les plus aimés de Dieu sont ceux qui sont les plus utiles à ses créatures.
Et toutes les religions qui se sont succédé d’Adam jusqu’à Mohammed tournent autour de deux principes: l’exaltation de Dieu et la compassion pour ses créatures». Cette lettre résume parfaitement sa pensée d’humaniste avec de nobles valeurs.

**L’Expression-Par Kheireddine BOUKHALFA - Dimanche 01 Juin 2014 

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