Livres.Publications sur l’Algérie
14012014*Algérie, la citoyenneté impossible
*Par Mohamed Mebtoul
L’anthropologue Mohamed Mebtoul vient de signer son nouveau livre intitulé Algérie, la citoyenneté impossible ?, publié aux éditons Koukou et rassemblant un travail d’une trentaine d’années passées à enquêter et analyser les pratiques quotidiennes, notamment auprès des travailleurs du secteur de la santé, dont les médecins. « Le système politique a produit des » militants » carriéristes davantage préoccupés par les luttes d’appareils, soucieux avant tout de défendre leurs intérêts personnels. Incapables de se remettre en question, porteurs de certitudes et de dogmes répétés sans convictions, ils naviguent allègrement et sans honte dans l’inculture politique et l’opportunisme.
****Mohamed Mebtoul, anthropologue social, a publié chez Koukou éditions son ouvrage « Algérie la citoyenneté impossible ? ». Les lecteurs peuvent le trouver dans les bonnes librairies dès samedi 14 avril 2018
Texte de la quatrième de couverture :
« Le système politique a produit des » militants » carriéristes davantage préoccupés par les luttes d’appareils, soucieux avant tout de défendre leurs intérêts personnels. Incapables de se remettre en question, porteurs de certitudes et de dogmes répétés sans convictions, ils naviguent allègrement et sans honte dans l’inculture politique et l’opportunisme.
Il est donc réducteur de caractériser le pouvoir central en soi, comme s’il était extérieur à la société, alors qu’il est pluriel et diffus, se propageant dans toutes les sphères du tissu social par la médiation de nomenklaturas locales, qui activent pour que rien ne bouge dans le sens d’une autonomisation de la société.
Au lien citoyenneté-militantisme-élections s’est substitué un autre processus : la marchandisation des candidatures, valorisant le couple argent-opportunisme politique, et balayant d’un revers de la main la notion de conviction politique.
Il est loisible d’observer la présence physique d’une majorité de partis venus de nulle part, sans identité politique et sans enracinement dans la société. Le rapport marchand a permis de créer artificiellement de faux » militants » de conjoncture, bafouant la notion d’engagement politique. Leur émergence sur la scène sociale procède en réalité d’un coup de force administratif, précipité et volontariste, qui les a davantage décrédibilisés aux yeux de la population, mais tout en assurant la reproduction à l’identique du système sociopolitique.»
L’auteur dissèque, sans complaisance, le système politique qui a perverti l’action citoyenne par le clientélisme et l’allégeance, critères centraux pour arracher des statuts enviés dans la société. La primauté de la violence de l’argent sur la légitimité du mérite et des savoirs, a amplifié le désastre : champ politique en carton-pâte, système de santé agonisant, jeunesse en marge, université réduite à » faire du chiffre « …*lematindalgerie/ samedi 14 avril 2018
L’auteur : Mohamed Mebtoul est fondateur de l’anthropologie de la santé. Il est professeur de sociologie à l’Université Oran 2, et chercheur associé au GRAS (Unité de recherche en Sciences Sociales et Santé).
Prix public : 800 DA
***L’enseignant-chercheur et fondateur du groupe de recherche en anthropologie sociale en 1991, revient avec ce texte rassemblant une série d’articles qui s’appuient sur ses travaux sur la santé, la médecine et la maladie, selon une approche ethnographique, et ce, pour s’interroger sur la citoyenneté et ses champs possibles en Algérie. Il déclare : «Je n’aborde pas la citoyenneté comme objet en soi et pour soi. C’est venu en creux. La notion représente pour moi une clé de lecture sur mes études empiriques sur la santé et pas seulement puisque j’ai travaillé sur les jeunes, les jeunes à la marge et la prostitution, par exemple.
Ces études m’ont amené à dire qu’il y a une question fondamentale que je définis, et là je reprends les travaux d’Etienne Balibar et je dis que la citoyenneté, c’est une reconnaissance publique et politique de la personne. Je m’interroge donc si j’ai rencontré cette reconnaissance ou son déni à travers mon expérience de chercheur». Mohamed Mebtoul, qui repose le débat dans le champ des sciences sociales en fondant sa problématique sur ses propres travaux, affirme être dans une approche qualitative, notamment selon une anthropologie du présent, du quotidien : «Je m’inscris fondamentalement dans l’anthropologie du quotidien.
C’est mon orientation théorique privilégiée car j’essaye de comprendre, dans le cas des médecins par exemple, le sens de leurs activités, leurs représentations. Je m’intéresse à ces espaces du quotidien où nous rencontrons un langage ordinaire, chez les malades, avec des mots très importants comme ‘Rassi yatbakh’, un langage à analyser et c’est dans le quotidien que nous pouvons rencontrer ça. Je ne me suis pas risqué à une approche socio-historique et je suis resté dans la quotidienneté, le présent, même si j’ai fait l’histoire du système de soins dans ce livre». M. Mebtoul explique comment il est arrivé à réinterroger ses travaux en prenant la citoyenneté comme problématique, en mettant en lumière les rapports sociaux et l’altérité : «A l’origine, je travaillais sur les interactions.
J’aime bien la sociologie interactionniste de Goffman et Becker. J’ai donc essayé de montrer cette fragilité dans les rapports sociaux, cette distanciation dans les rapports entre les gens, ces évitements. Et ça m’a frappé ! Je me suis dit qu’il faut trouver une clé pour comprendre tout ça et ce fut la citoyenneté. Et, il faut savoir qu’il y a beaucoup de travaux sur ça.
C’est une rhétorique universelle. Mais mon objet justement, c’est un glissement par le bas à travers l’expérience sociale des gens. Des choses comme que disent les jeunes ? ‘Madame Courage’, la hogra, les harragas, etc. Au final, je me dis qu’il y a peut être des citoyennetés et pas une seule. Il est possible qu’on retrouve des poches de citoyenneté, c’est possible qu’il y ait des cités au sens grecque». Sur ce point, l’auteur souligne qu’il y a des blocages à définir et qui empêcheraient l’émergence d’une citoyenneté, à savoir un frein aux rapports à la ville, à la cité, à l’autre et aux lois. «Regardez ! Vous avez des cafés littéraires, des associations qui font beaucoup de choses, etc. il y a des tentatives de citoyens qui sont l’objet de détournements, de ‘dé-légitimations’ et des blocages. Il y a une fragilité dans la construction même de ces tentatives.
C’est pour ça que je la vois comme un processus social, politique et culturel», déclare le chercheur, qui souligne qu’il pose le débat anthropologique et social autour de la question, d’où le point d’interrogation dans le titre. Interrogé sur son expérience personnelle et vision de la citoyenneté, il confie : «Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas retrouvé de citoyenneté au sens de Balibar, à savoir cette capacité collective à exprimer (l’appartenance Ndlr). Mais je maintiens que la société est imprévisible d’où mon optimisme car je demeure un intellectuel engagé et libre, j’agis dans l’honnêteté et la rigueur scientifique».
Il évoque la qualification de l’Algérie au Mondial et la population sortie en liesse dans la rue jusqu’à très tard dans la nuit pour fêter cet évènement sans heurts. «Regardez ce qui s’est passé quand on s’est qualifiés. Les gens, hommes et femmes, petits et grands sont sortis, ont fait la fête et il n’y a pas eu de dépassements, c’est dire que je suis optimiste quand j’analyse ces données. Il est vrai qu’on dit que le foot, c’est la guerre, c’est l’argent et l’instrumentalisation. Mais la société a démontré qu’il y avait des signes. J’essaye justement de démontrer dans ce livre que ce n’était pas le nationalisme dogmatique. Il y avait du patriotisme populaire et je dis en somme qu’il y a des choses à voir dans le détail, dans ces détails et c’est ce que je propose dans ce livre, à savoir une anthropologie du quotidien avec la citoyenneté comme clé de lecture et de compréhension».
Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que Mohamed Mebtoul a déjà plusieurs publications à son compte, notamment Discipline d’usine, productivité et société en Algérie, éditions OPU, 1990, Une anthropologie de la proximité, les professionnels de la santé en Algérie, publié aux éditions L’Harmattan en 1994, ou encore Une vie quotidienne sous tensions, publié en 2008. On retrouve également la même thématique de la citoyenneté dans une de ses publications en 2013 aux éditions Dar El Adib : Citoyenneté en question.
En tout état de cause, ce nouveau livre vient reposer le débat sur la citoyenneté avec une approche ethnographique, permettant à coup sûr d’avoir une lecture nouvelle des luttes quotidiennes, à la faveur de celle des médecins résidents qui font la couverture de ce livre, et ce pour appréhender le sens que donnent les acteurs sociaux à leurs propres préoccupations.**Redouane Benchikh / el watan/ samedi 09 juin 2018
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* Le peuple insurgé. Entre réforme et révolution, paru chez Koukou éditions
Dans cet essai, l’auteur a eu à disséquer le Hirak, sa nature, ses causes profondes, ses potentialités, ses limites, ses faiblesses et ses contradictions, mais aussi l’autre protagoniste, le pouvoir politique.
L’essai de Hocine Bellaloufi, Algérie 2019-2020. Le peuple insurgé. Entre réforme et révolution, paru en février dernier chez Koukou éditions, devrait intéresser tout hirakiste qui se respecte. Il y traite dans le menu du 22 février 2019, date où le peuple algérien est entré “en désobéissance politique” pour reprendre la formule de l’auteur, journaliste au long cours. Il a écrit dans de nombreux quotidiens et hebdomadaires. Il fut coordinateur de la rédaction d’Alger Républicain de 2003 à 2008 avant de se consacrer pleinement à l’écriture. Il est l’auteur de deux ouvrages : La démocratie en Algérie. Réforme ou révolution ? (Apic et Lazhari-Labter, Alger, 2012) et Grand Moyen-Orient : guerres ou paix ? (Lazhari-Labter, Alger, 2008).
Ce militant de gauche a tenu à s’expliquer d’emblée sur la difficulté de la tâche à laquelle il s’est attelé, celle d’analyser le Hirak, un mouvement populaire toujours en cours – bien que stoppé depuis la mi-mars par la pandémie de Covid-19. En effet, sans suivre une démarche académique stricto sensu, l’ouvrage a été écrit avec une méthodologie qui s’y prête volontiers. Le théoricien de l’antimondialisme, puis de l’altermondialisme, le Franco-Égyptien, feu Samir Amin, avait préfacé volontiers son deuxième essai Grand Moyen-Orient, cité ci-dessus. Autre prouesse, et pas des moindres, accomplie avec plus ou moins de succès par Hocine Bellaloufi, s’éloigner, tant que faire se peut, de l’écriture journalistique, plus spécialement de son jargon.
Dans cet essai, l’auteur a eu à disséquer le Hirak, sa nature, ses causes profondes, ses potentialités, ses limites, ses faiblesses et ses contradictions, mais aussi l’autre protagoniste, le pouvoir politique. Il a eu à s’interroger sur l’état des rapports de force entre les deux et comment celui-ci allait évoluer. Questions essentielles, objet de débat, alors que pour leur part les régimes autoritaires dont celui de l’Algérie sont “incapables de se réformer eux-mêmes pour donner naissance à des régimes démocratiques”. Mais ce n’est pas pour autant que l’on peut exclure, souligne-t-il, “toute possibilité de compromis entre un mouvement populaire et un régime autoritaire”. Dans la première partie de l’ouvrage, l’auteur a démontré comment le peuple s’est emparé de la revendication démocratique alors que le régime est entré, quant à lui, dans une crise, qui était là, latente, avant d’aborder en seconde partie les origines de cette crise précisément en rappelant la stratégie de développement souverain, engagée au lendemain du recouvrement de l’indépendance par Ahmed Ben Bella et par Houari Boumediene, qui lui a donné un contenu politique. Mais le décès prématuré de celui-ci laisse place à l’Infitah, l’ouverture économique, qui était plutôt, pour l’auteur, synonyme d’une “contre-révolution”, marquée à la fois par une grande spoliation, une paupérisation de la société et qui marquera le début de l’entente parfaite du couple infernal “libéralisme et islamisme.” En troisième partie, Hocine Bellaloufi s’est attardé sur les enjeux immédiats et des perspectives. Il a appelé à faire échec à la reconstruction de la façade démocratique du régime autoritaire libéral, voire ultralibéral, à tout entreprendre pour gagner la bataille de la transition, à militer pour instaurer une démocratie réellement populaire, à renouer avec une politique de développement souverain, reprendre les choses depuis 1979 là où avait été stoppé net le projet de Boumediene. L’auteur que l’on ne peut qualifier de “boumedieniste” a plaidé pour que l’armée fasse de la politique.
Hocine Bellaloufi, “Algérie 2019-2020. Le peuple insurgé. Entre réforme et révolution”, éditions Koukou 2020.
*Par Moussa OUYOUGOUTE- Liberté- 16 aoùt 2020
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*Akli Drouaz, écrivain
Son quatrième roman “Errances, identités flouées” (éditions Achab)
* La mauvaise gouvernance sème la zizanie entre concitoyens
Son quatrième roman “Errances, identités flouées” (éditions Achab) remet au goût du jour la quête permanente des sentiers identitaires, à Oran, à Alger ou en Kabylie, où les personnages racontent des bouts de vie qui, au final, reconstituent le puzzle d’un pays en souffrance. Dans cet entretien, Akli Drouaz revient sur l’écriture de son livre, la violence de la décennie noire et son rêve d’une “nation idéale en construction”.
Liberté : Dans Errances, votre quatrième publication, vous avez su marier des personnages aux destins diamètralement opposés ; ce qui en fait un roman de contrastes et de quêtes infinies. Errances serait-ce cette sculpture inerte habitée pourtant par mille et une émotions, voire mille et une cicatrices ?
Akli Drouaz : Si bien dit, en effet, un monde de contrastes et pas qu’imaginaire. Quant à la sculpture que vous évoquez si justement, elle serait plutôt en état d’inertie, état circonstancié, donc forcément en mouvement. Dans ce cas précis, les émotions sont souvent expression de cicatrices récentes ou anciennes d’ailleurs.
Un navire émotif quelque peu déboussolé mais qui ne sombre pas. Je suis de la génération de la guerre ou plutôt de l’indépendance, et la jonction fut pour le moins compliquée ; je n’aimerais pas m’étaler sur les affres de la guerre et de l’indépendance, tout y est consigné, les personnages en parlent mieux que moi.
Dans Errances, vous avez tenté de remonter à la source du mal qui a plongé le pays dans le désarroi et la violence pendant plusieurs années. Cette violence cohabitait difficilement avec les rêveries d’un pays déchiré. Ce pays serait-il un jour la terre promise à chacun de nos concitoyens, parfaitement représentés par vos personnages d’ailleurs ?
Je commence par la fin ; oui, je crois fermement au rêve d’une nation idéale en construction ou plutôt en réfection, puisque cet idéal a déjà été façonné par des siècles de taille. Mais quel immense édifice s’est construit sans déchirement et sans violence ? J’ai en mémoire une phrase entendue quelque part : “J’aime mon pays, mais je n’aime pas l’état dans lequel il se trouve.”
C’est donc légitimement que la question du devenir et de l’avenir reste posée et à chaque citoyen de ce pays. Je pense aussi à ce vieil adage paysan – rien ne sert d’espérer pour entreprendre –, s’il fallait avoir la certitude du ciel ou autres prévisions, le paysan ne cultiverait jamais son champ. D’où la nécessité de résister et d’y croire, je finis en me référant à Kant et à sa “roue de l’Histoire”. Malgré les apparences d’un patinage maladroit, je crois que nous ne reculons pas, mais nous avançons.
Dans vos romans, et plus particulièrement dans Errances, vous mariez parfaitement le territoire à l’homme, comme lorsqu’on sculpte une image par ses propres terres. Quelle est la part de l’imaginaire dans vos romans ? Celui-ci bute-t-il sur la force de l’image, du souvenir et du rêve ?
Je suis Algérien, je suis né en Kabylie, mais mon terrain de jeu et d’expérimentation est ce vaste terrain qu’est notre pays. Alors forcément l’homme, l’imaginaire, moi et mes personnages ne pourrions exister en dehors de cette matrice. Je n’ai pas de problème d’identité et cela aide à vivre avec ses semblables. Beaucoup en ont, j’en conviens, mais les crises identitaires, aussi graves puissent-elles paraître, l’histoire finit par les corriger.
D’où vous est venue l’envie de resusciter les démons des années de braise ? Est-ce un bouillonnement créatif ou bien une velléité de domination d’un surmoi tourmenté ?
Les années de braise font partie de notre histoire commune ; à défaut de les domestiquer, de les apprivoiser, nous devons les habiter pour échapper à leurs incisifs rêves de destruction. Nous devons affronter nos démons. Aussi bien la guerre d’indépendance que les conflits de 1963 et toutes les tragédies terribles (1988, 2001), le conflit des années 1990, nous collent à la peau.
Le travail de deuil n’est pas accompli et l’histoire reste balbutiante. Nous devons affronter nos démons, nous devons discuter et confier nos douleurs à la justice et à l’Histoire, nous y sommes condamnés.
La Kabylie demeure omniprésente dans vos romans. En témoigne Errances, qui vient remettre au goût du jour les fantasmes et les rêves d’une région en perpétuel mouvement. Quel regard portez-vous, aujourd’hui, sur cette terre qu’on désigne, depuis des lustres, “comme centre de troubles et de mutineries, voire de trahison” ?
En effet, la Kabylie est en partie la coulisse ou plutôt la chute de mon roman, mais peut-on exister sans ce socle ? Je suis Kabyle, j’y habite, mais m’habitent d’autres mondes. L’Algérie dans son immensité reste mon rêve d’attachement à une Histoire.
Longtemps, je me crus heureux dans les grandes métropoles du monde, rassuré par le bitume et les gratte-ciels, en retrouvant mon terroir, je découvre aussi une forme de désarroi, me suis-je trompé ? Je n’en sais trop rien. Quant aux ragots de l’Histoire cuisant du feu de la traîtrise à propos de la Kabylie, j’opposerai la conviction de la majorité de sa population viscéralement attachée aux rochers et aux entrailles de cette terre. Répondre à l’opprobre par le désespoir n’est pas de ma culture. La pédagogie et la fraternité doivent être notre seul credo. Je pense et espère y contribuer par la fulgurance des personnages de mon roman.
Je suis profondément et parfois même un peu trop Kabyle, mais peut-on être trop soi-même ? Mais par-dessus tout, je suis et reste un frère algérien, le frère de chaque compatriote. À un ami qui me reprochait, avec une pointe d’humour, de parler arabe (dardja), j’ai rétorqué : “Je parlerai la langue de chaque homme ou femme qui me tendra la main de la fraternité.”
Cela peut prêter à confusion, mais qu’on ne s’y méprenne pas, la haine ne grandit jamais celui qui en est porteur. En luttant pour préserver la liberté de l’autre, c’est la nôtre que nous défendons. La mauvaise gouvernance sème la zizanie entre concitoyens et brise le lien social, mais elle ne peut et ne doit venir à bout de notre fraternité.
Souvent je m’accroche avec mes amis tenants d’un combat identitaire que je comprends, mais que je ne cautionne que prudemment. Je suis adepte de la diversité, j’aime les diversités et je fuis l’uniformité. On peut être un et multiple à la fois, je ne fixe aucune limite à ma relation avec l’autre ; tant que le dialogue est possible, et je crois qu’il l’est souvent, je pesisterai à tendre la main. Je déteste toutes les discriminations, aucune ne peut être l’exception.
**Propos recueillis par Ali TITOUCHE – Liberté – mercredi 10 mars 2021
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* Sept beaux livres sur certaines grandes villes d’Algérie
Les éditions privées Benmerabet viennent de rééditer une série de sept beaux livres sur certaines grandes villes et cités d’Algérie, signés par le défunt Rachid Bourouiba.
Dans l’une des préfaces de l’un de ces beaux livres, l’éditeur indique qu’en «lisant ces livres, on ressent l’engagement de l’auteur Rachid Bourouiba, dans son style, dans la logique du développement des textes, on ressent une passion, un acharnement à accomplir un devoir» à raconter d’une manière irréprochable toute la vérité sur l’histoire de notre pays, sur son pays. Les photographies qui illustrent ses livres, il aimait les prendre lui-même… Il disait à propos de ses livres : «C’est du cousu main». Pour rappel, le défunt Rachid Bourouiba est décédé en avril 2007 à Poitiers, en France.
Licencié en langue arabe de l’université d’Alger, il a enseigné pendant plusieurs années en qualité de professeur d’arabe, notamment à Miliana et Boufarik. Il a été l’un des premiers pédagogues à avoir occupé le poste de directeur à l’avènement de l’indépendance. En 1963, il enseigne à l’université d’Alger, section d’histoire. Il consacre son doctorat de 3e cycle à Aix-en-Provence sur la thématique des inscriptions commémoratives des mosquées d’Algérie. A travers la publication de ses sept beaux livres, le regretté Rachid Bourouiba invite le lecteur à découvrir toute une collection sur le patrimoine archéologique de certaines grandes villes et cités d’Algérie.
Parmi les titres recensés, citons entre autres Oran, Constantine I et II, Les Hammadites, Cités disparues et L’art religieux musulman en Algérie. Dans le beau livre intitulé Cités Disparues, Tahert, Sédrata, Kalâa des Béni Hammad, l’auteur indique que parmi les villes fondées en Algérie à l’époque médiévale et qui ont totalement disparu, il en est quatre qui méritent de retenir l’attention. Et ce, en raison du rôle important qu’elles ont joué dans l’histoire de la civilisation de l’Algérie.
Il s’agit de Tahert, Sédrata, Achir et la Kalâa des Béni Hammad. Tahert a été fondée approximativement il y a douze siècles par l’imam Abderrahmane Ibn Rostem. Dans le livre consacré à Constantine, l’éditeur précise que cet ouvrage «nous aide à nous situer dans l’histoire, car au-delà de la ville de Contantine, c’est de véritables répères que nous donne l’auteur. C’est la période punique, IIIe siècle avant JC, à l’époque carthaginoise que la ville est née sous le nom de Cirta. A la période numide, Cirta fut l’une des capitales du royaume des Massaeyles sous le règne de Syphax, puis de Massinissa».*Nacima Chabani-El Watan-13.01.2014
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*Tricontinentale :
Le livre qui raconte l’Algérie berceau des Révolutions
***6OO pages consacrées à un sujet inédit de l’histoire algérienne.
C’est une somme inédite. Plus de 6OO pages consacrées à un sujet inédit de l’histoire algérienne. La Tricontinentale (éditions de la Découverte), cette alliance de tous les révolutionnaires anti-impérialistes d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.
Roger Faligot, enquêteur hors pair, nous entraine sur les chemins de cette époque des années 60 où deux capitales, La Havane et Alger, étaient les phares de la révolution mondiale.
L’Algérie de Ben Bella y occupe toute sa place, Boumediène et Bouteflika ne sont jamais loin. C’est l’époque où l’Algérie pèse dans le camp socialiste et les relations internationales, l’époque où Alger et les collaborateurs de Bouteflika organisent des stages de formation à destination des révolutionnaires de tout poil, les militants des MLN, les « Mouvements de Libération nationale ».
C’est l’époque où Alger accueille, le 14 avril 1964, le révolutionnaire Che Guevara quasiment en visite officielle. L’époque où des troupes cubaines sont envoyées en Algérie. C’est également le récit de la chute de Ben Bella racontée sur un long chapitre inédit et la succession de Boumediène: « faute d’avoir en main les trois éléments du pouvoir (le parti, l’appareil d’État et l’armée), un dirigeant politique doit, au moins, en maîtriser un. Ben Bella, lui, ne tient rien.», résume un interlocuteur à l’auteur Roger Faligot dans son chapitre consacré au premier président algérien.
Curiel, Pablo, Vergès, autant de noms d’amis de l’Algérie révolutionnaire dont l’auteur dresse, également, de saisissants portraits.
Dans cet ouvrage référence, on retrouve le récit circonstancié qui aboutit à la réunion à l’hôtel Habana Libre de quatre-vingt-deux délégations de pays décolonisés, de mouvements de libération afro-asiatiques et de formations de guérilla d’Amérique latine. Et même les Frères ennemis du « camp socialiste », Chinois et Soviétiques. Parmi ceux qui ont contribué à préparer cette rencontre historique, Ben Bella et Boumediène bien sûr, mais également le Marocain Mehdi Ben Barka, Che Guevara, Salvador Allende, Ho Chi Minh, Amilcar Cabral ou Douglas Bravo …
Les États-Unis sont, à cette date, au cœur des accusations du fait de la guerre qu’ils mènent au Viêt Nam et de la mobilisation de la CIA pour décapiter les groupes présents à La Havane. Cette étonnante épopée de la Tricontinentale marque l’actualité mondiale des années 60.
Un récit de Roger Faligot aux nombreuses révélations grâce à une enquête de grande ampleur, nourrie des témoignages des survivants recueillis sur quatre continents, des archives de la Tricontinentale à Cuba ou de celles de l’administration américaine. On y trouve des portraits inattendus de nombreuses figures. Un temps où Alger pesait de tout son poids dans les relations internationales avec un ministre des Affaires étrangères du nom de … Bouteflika.*Hayet Zitouni-TSA-mercredi, 22 janvier 2014
**Chroniques françaises, destins algériens,
un beau-livre de Fadila Sammari
**« Chroniques françaises, destins algériens » brosse une cinquantaine de portraits de Français d’origine algérienne afin de valoriser « une communauté oubliée des deux pays, et obligeamment pudique ».Et ce, à l’occasion de l’anniversaire des 50 ans de l’Indépendance, cet ouvrage dévoile des parcours de vie exemplaires de ces hommes et femmes qui ont la « Nostalgérie », qu’ils soient médecin, journaliste, directeur commercial… L’auteure Fadila Sammari signe son beau-livre intitulé Chroniques françaises, destins algériens paru aux édition Chihab, le mardi 24 juin 2014 de 14h30 à 18h, à la librairie Omega, hotel Aurassi, à Alger.*Médias-21 juin 2014
*Destination Algérie*, un journal mensuel spécialisé dans le tourisme et l’artisanat
Un journal mensuel spécialisé dans le tourisme, l’artisanat, l’environnement…, dénommé Destination Algérie, vient de voir le jour et d’être proposé au Salon international du tourisme et des voyages (Sitev) aux opérateurs et acteurs des trois secteurs pour abonnement.
La deuxième édition (mars/avril 2015) de ce mensuel, dont le siège social est basé présentement à Tizi Ouzou, est consacrée par son staff rédactionnel à une diversité d’informations sur le tourisme en Algérie, notamment des comptes rendus sur les préparatifs de la saison estivale, la coopération dans ce domaine avec des pays étrangers, ainsi que sur l’artisanat, l’environnement et la culture.
Dans cette édition, on peut retrouver de riches informations touchant au tourisme, à l’investissement en Algérie, ainsi qu’à des rencontres officielles traitant de ce secteur et d’autres organisées, de la mi-mars à la mi-avril, dans une multitude de wilayas des quatre points cardinaux du pays.
Destination Algérie, dont le numéro d’expérimentation est épuisé depuis plusieurs mois, est fondé par Boubeker Belkadi, son directeur de publication, un ancien de la profession, alors que la direction de sa rédaction est assurée par Ahmed Kessi, un jeune journaliste qui a fait déjà le tour de nombreuses rédactions de quotidiens nationaux, notamment L’Opinion, La Dépêche de Kabylie, Le Jeune Indépendant et d’autres encore. Souhaitons la bienvenue à notre confrère périodique, en espérant qu’il apportera un grand plus au secteur du tourisme dans notre pays qui en a grandement besoin.
Il aidera sans nul doute ses lecteurs à accéder à une information fiable et crédible qui leur manque sérieusement en la matière. Tirée à quelques milliers d’exemplaires par l’imprimerie d’Etat, la SIA (Société d’imprimerie d’Alger) en l’occurrence, la publication Destination Algérie, conçue en papier journal comme tous les autres quotidiens nationaux, est cédée à 50 DA l’exemplaire de 24 pages, dont une dizaine est en couleur.*Salah Yermèche-El Watan-26 mai 2015
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* Les éditeurs recommandent d’exempter totalement le livre local de la TVA
Dans le processus d’importation, le livre importé est soumis à « seulement » 12,35 % de TVA contre 34,55% pour le livre local. Les éditeurs recommandent d’exempter totalement le livre local de la TVA. Lors d’une conférence de presse organisée à la bibiothèque nationale, l’organisation nationale des éditeurs du livre (ONEL) a exposé à la presse un certain nombre de recommandations concernant le livre local, des recommandations issues d’une dizaine d’ateliers organisés à l’occasion du premier salon internationale de l’industrie du livre (BOOKPROD) qui a eu lieu entre le 29 octobre et le 2 novembre 2016 aux Pins Maritimes.
En plus de déplorer un cout élevé des taxes sur le livre local, les conférenciers ont aussi regretté les années d’or qu’a connues le papier d’impression en Algérie. « Autrefois, l’Algérie fabriquait du papier, aujourd’hui, toutes les usines sont à l’arret » a regretté un des conférenciers, membre de l’ONEL. En outre, lors de la conférence, Mustapha Kallab Debbih, membre de l’ONEL est aussi revenu sur la non compétivité du livre local sur le plan international car il y est vendu cher. A titre de comparaison le conférencier a relevé que « le cout par kilo est de 160 da pour le livre transporté par avion contre 5 da pour la datte ».*Hamida Mechaï / el watan/ lundi 21 novembre 2016
**Le Salon international de l’industrie du livre, qui s’est déroulé du 29 octobre au 2 novembre 2016 à la Safex à Alger, a été à la hauteur des espérances.
*Totale réussite pour la première édition professionnelle de BrookProd
C’est du moins ce qu’a souligné le commissaire de cette manifestation et président de l’ONEL, Kalab Mustapha, lors d’un point de presse animé, lundi matin, au niveau de la Bibliothèque nationale d’El Hamma. La première édition professionnelle de BrookProd, qui s’est étalée sur une superficie de 1500 mètres carrés, a regroupé 61 exposants. Pour le conférencier, cet événement économique, industriel et culturel, vise «à construire une approche intégrée capable d’apporter des réponses effectives aux pro-blèmes et obstacles que rencontre le secteur du livre et d’en faire une industrie viable et dynamique, qui puisse évoluer dans un nouvel environnement plus adapté et favorable, de sorte à être en mesure de contribuer de façon significative au développement durable du pays». En marge du Salon, des conférences thématiques étaient, entre autres, à l’honneur. L’ensemble des intervenants ont élaboré une plate-forme de recom-mandations qui a été soumise aux différents ministères de la chaîne du livre. Parmi ces dernières, citons, entre autres, l’investissement dans les métiers du livre, le recyclage et la stratégie de récupération des déchets.
Dans le cadre de l’état des lieux et de la formation professionnelle, il est préconisé de construire une interface dans le monde de la formation et du travail et de répondre aux besoins exprimés par le marché. Concernant la problématique de la TVA et des droits de douanes sur les intrants du livre, il a été recommandé de promulguer des textes réglementaires d’application de la loi de finances de l’année 2010, afin de ne pas faire subir à l’industrie du livre des taxations élevées, penser à alléger la procédure, généralisation de l’exonération de TVA aux autres intrants de la fabrication du livre et relancer l’industrie du papier d’imprimerie pour réduire la facture d’importation des intrants du livre. Il est également souhaité de pratiquer un prix symbolique au kilogramme pour les envois internationaux du livre, faire bénéficier le livre d’une subvention au coût du fret semblable à celle dont bénéficie l’exportation des dates au prix symbolique de 5dinars.*Nacima Chabani / el watan / mardi 22 novembre 2016
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*Nouveau dictionnaire biographique consacré à plus de 4.000 artistes algériens (1896-2013)
Un nouveau dictionnaire biographique consacré à plus de 4.000 artistes algériens sera présenté la semaine prochaine à Alger et à Oran en présence de l’auteur de ce cet ouvrage, M. Mansour Abrous.
Les deux séances de présentation de cette publication sont prévues samedi à l’Institut français d’Alger et mardi à l’École régionale des beaux-arts d’Oran, ont précisé les organisateurs dans un communiqué de presse. »Le dictionnaire biographique des artistes algériens (1896-2013) : objet, conception, usages et devenir » est le titre du livre et de la conférence qui sera donnée à cette occasion par M. Abrous, a-t-on indiqué de même source. L’inventaire sur les créateurs nationaux réalisé par l’auteur comprend plus de 4.000 biographies d’artistes, dont des bédéistes, calligraphes, caricaturistes, céramistes, décorateurs, designers, dessinateurs, enlumineurs, graveurs, illustrateurs, infographes, miniaturistes, peintres, photographes, sculpteurs et vidéastes. »Ce dictionnaire permet d’impliquer davantage les universitaires à prospecter ce champ de la connaissance et de créer une première base de données, en coproduction et en concertation avec les artistes », ont souligné les organisateurs de ces rencontres.*entv.dz-mercredi 15 janvier 2014
* «Vous êtes la profondeur stratégique de l’Algérie. Il faut dépasser la logique d’assistanat par l’état. Il ne faut compter que sur vous-mêmes» a déclaré l’auteur de ce précieux ouvrage, Mansour Abrous, à l’adresse des artistes plasticiens
Mansour Abrous, diplômé de psychologie et d’esthétique, actuellement chargé de mission Culture à la ville de Paris à présenté samedi dernier au sein de l’Institut français d’Alger son nouvel ouvrage des plus importants à savoir Le dictionnaire biographique des artistes algériens (1896-2013): objet, conception, usages et devenir, une révolution en soi, car représentant un véritable et précieux outil pédagogique et culturel qui permettrait aux lecteurs, artistes plasticiens et chercheurs universitaires d’avoir une vision globale de la mémoire des arts visuels en Algérie en se faisant accompagner en termes de logistique intellectuelle et d’analyse prospective, le champ des arts plastiques en Algérie, comme une preuve tangible d’une traçabilité effective de l’histoire de l’Algérien donc par le prisme des arts plastiques. En effet, cela fait une vingtaine d’années que Mansour Abrous travaille avec acharnement à construire des outils de collecte d’informations et de production de savoirs dans le domaine des arts visuels. Il a déjà publié un dictionnaire des artistes algériens, un répertoire bibliographique, et diffuse annuellement un annuaire des arts visuels algériens. Ces documents tentent de présenter, d’après l’auteur, «une vision d’ensemble de la mémoire humaine des arts visuels». Mansour Abrous a ainsi fixé un inventaire des créateurs nationaux, plus de 4000 biographies: bédéiste, calligraphe, caricaturiste, céramiste, décorateur, designer, dessinateur, enlumineur, graveur, illustrateur, infographe, miniaturiste, peintre, photographe, sculpteur, vidéaste. Cet outil dictionnaire tentera, tout en rassemblant aux côtés des artistes autochtones, la communauté artistique algérienne à l’étranger, de créer un outil «central» et «centralisé» d’information et de savoir, constituer un socle «a minima» de connaissances pour impliquer davantage les universitaires à prospecter ce champ de la connaissance et créer une première base de données, en coproduction et en concertation avec les artistes. Aussi, nous a-t-il confié en aparté: «Je l’ai voulu exhaustif à partir d’un moment car il me semblait qu’il y ait trois injustices en Algérie il avait une domination des artistes plasticiens algériens sur les praticiens d’art musulmans, il y avait une injustice entre les professionnels et les autodidactes, et enfin cette discrimination géographique entre ceux qui habitent les grandes villes et ceux qui étaient dans le reste de l’Algérie. Je l’ai voulu exhaustif pour réparer cette injustice. Quand on est dans l’exhaustivité, on pêche aussi par un manque de fiabilité. C’est-à-dire que j’ai mis sur le même pied d’égalité un jeune débutant et un autre extrêmement confirmé et de notoriété internationale. Et je pense qu’il est bien de le faire, car des artistes en démarrage de carrière peuvent se sentir boostés en étant aux côtés et à proximité de gens au parcours prestigieux.» Bien qu’il ne soit pas disponible en Algérie, cet ouvrage destiné à «la communauté artistique internationale» permet à travers ses riches biographies détaillées par ordre alphabétique de nous apprendre beaucoup sur nous-mêmes et sur l’évolution de l’histoire des arts plastiques en algérie. «Mon livre s’inscrit dans une logique de proximité avec les artistes algériens. Tous les pays créent leur patrimoine culturel en aidant les artistes à créer, à produire, à se diffuser et surtout en achetant des oeuvres d’art, c’est ce qu’a fait la politique algérienne en 1962, les directeurs des musées etc. Le problème est que l’Algérie n’a pas la force de frappe des pays occidentaux. Les Moyens- Orientaux y mettent des prix faramineux, presque du budget culturel de l’Etat algérien. Ici on achète plus. Il y a plus d’institutions à l’étranger qui possèdent des oeuvres d’art d’Algériens que les institutions algériennes en Algérie. C’est pourquoi, peut-être, dans 20 ou 30 ans pour découvrir nos jeunes artistes, il faudra aller là-bas. Mon cri est un cri du coeur. Il faut que l’Etat soit vigilant. Ce n’est pas une question d’argent. Il faudra établir une fourchette et acheter ces oeuvres. Il n’y a pas un artiste algérien qui refuserait» a fait remarquer Abrous Mansour en guise d’analyse après avoir décliné une batterie de chiffres affirmant aussi que ce sont les «artistes qui donnent de la visibilité à ce dictionnaire». Ainsi, 29% des biographies relèvent d’artistes femmes, le reste est consacré aux plasticiens masculins. Certaines femmes, en fondant un foyer, délaissent quelque peu cette activité ou bien elles y reviennent plus tard. 39% de ces artistes ont reçu une formation, notamment à l’Ecole des beaux-arts. 47% sont nés avant l’indépendance. 86% vivent en Algérie et 14% résident à l’étranger et évoluent notamment au Canada, Belgique, France, Allemagne, Londres et en Afrique. Parmi eux, il y a des binationaux et ceux qui ont vécu à l’étranger et sont revenus. Abrous Mansour parlera d un «système de vidange en Algérie qui expulse les artistes à l’étranger pour aller s’installer, notamment en France et en province par exemple. Il existe seulement 20% de lieux de conservation des oeuvres d’arts algériennes en Algérie. La France possède l’essentiel de la conservation des oeuvres d’artistes algériens. 228 de ces lieux sont à l’étranger. Sur 4 501 artistes recensés, 45% sont encore en activité dans ce domaine. «Vous êtes la profondeur stratégique de l’Algérie» dira notre conférencier en s’adressant à l’assistance forte nombreuse et composée en fort partie d’artistes plasticiens. Il dénoncera, en outre, l’effet du copinage et le traitement inégalitaire entre les artistes algériens dont une partie vivant loin du centre et manque ainsi de visibilité et d’endroit de création. Sur un plan positif, cette fois, il se félicitera du décret sur le statut de l’artiste qui vient à point nommé défendre quelque peu ses droits ainsi que la création du fonds des arts et des lettres destiné à soutenir financièrement les artistes. «Il appartient aux corps des artistes de se mobiliser. Il faut dépasser la logique d’assistanat par l’Etat Il ne faut compter que sur vous-mêmes. S’il n’y a que 10 écoles d’art, c’est dû à la volonté des artistes. C’est par les initiatives individuelles qu’un suivi collectif peut être possible…» Prolixe et en bon pédagogue qu’il est, notre orateur résumera la faille du système dans les arts plastiques par ce triptyque qui vient souvent à manquer dans la chaîne de production artistique en Algérie, à savoir: la programmation, la distribution et la logistique d’accompagnement. Et d’ajouter: «La priorité dans la création du patrimoine national revient à l’Etat. Il est bien aussi qu’il y ait des mécènes éclairés dans ce sens..» et de révéler enfin avoir consulté une maison d’édition algérienne pour rendre son ouvrage accessible en Algérie. Un voeu pieux que l’on formule vivement…*Par O. HIND-L’Expression-Lundi 20 Janvier 2014
**Le Petit café de mon père (Récits au passé) de Kaddour M’Hamsadji,
**OPU, Alger, 2011, 309 pages
Le texte, ci-dessous, extrait du chapitre «Entre âges tendres et âges mûrs» (pp. 219-238), rappelle un vécu que notre littérature a peut-être négligé, sinon ignoré.
Certaines graves conséquences des tragiques événements du 11 janvier 2015, qui ont – hélas! – endeuillé Paris, sont apparues dans les réactions de nombreux esprits dressés pour haïr et suspecter l’Autre. Ainsi, a-t-on joyeusement claironné le fait que des écoliers français-musulmans, âgés de huit à douze ans, ont été convoqués et interrogés dans les commissariats de police de la République française… Il en a déjà été de même en Algérie coloniale dans les années de l’après-guerre contre l’Allemagne nazie. En voici, tout en conservant quelque peu l’original de son écriture, un récit excessivement résumé d’un événement de 1946-47.
La guerre d’Indochine
«Malheureusement, autant ces moments d’études nous étaient agréables, autant nous n’avions jamais pensé que Mme ***, l’épouse d’un riche propriétaire d’une vaste ferme coloniale, changerait son comportement professionnel à notre égard…
Un matin de printemps bruissant de rayons de soleil, à huit heures, alors que nos derniers camarades entraient dans la salle de classe, Mme *** ne rejoignit pas son bureau, contrairement à son habitude. Elle resta debout sur l’estrade, les yeux cachés par des lunettes de soleil.
Elle ôta ses lunettes, nous fit signe de nous asseoir. Notre attention fut captée par son visage blanc, ses paupières enflées, ses lèvres pâles. Elle s’était immobilisée et, subitement, elle nous apparaissait comme une femme dont l’âge et les chagrins avaient flétri la jeunesse.
- Vous constatez que votre camarade Fernande est absente, jeta-t-elle.
Ces mots prononcés pourtant comme à son habitude, nous les accueillîmes avec effroi. Pourtant Fernande était-elle restée à la ferme de son père.
Notre maîtresse expliqua d’une voix devenue poignante:
- Nous venons d’apprendre que son frère aîné est mort en Indochine. Son corps a été rapatrié, hier soir. Il y aura un office religieux à sa mémoire, cet après-midi. Je souhaite que quelques camarades soient présents à l’église Sainte-Julie et au cimetière.
L’événement tragique impressionna toute la classe. Peu savaient que le frère de Fernande était militaire en Indochine. Mais nous, évidemment nous, savions tous qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France, commençant la reconquête des territoires de son ancien Empire colonial, faisait la guerre aux populations d’Indochine qui avaient pris les armes pour libérer leurs pays respectifs. À Aumale, plusieurs familles européennes et arabes avaient été déjà endeuillées à cause de la guerre d’Indochine. Et certains jours, quand les mauvais souvenirs de guerre les assaillaient, on voyait quelques grands blessés français dans les bars et bistrots (Chez Balouka, au Café de la Poste, au Grand-Café de la place, au Café Comas, au Paris-Bar, chez Badiou, chez Roma, chez Mazella,…) ruminant, dans une atmosphère étouffante, leur malheur devant une bouteille de vin ou, le dimanche, acceptant un genièvre ou deux offerts par de riches colons compatissants.
De même, on y voyait le seul rescapé musulman de l’enfer d’Indochine, le jeune Larbi, mutilé des deux jambes, des béquilles sous les aisselles et titubant comme s’il eût été habité par un diable furieux. Quand Larbi pleurait de souffrance et de haine contre la guerre, la guerre de colonisation qui, en tout état de cause, ne le concernait pas, lui «le colonisé», il se trouvait toujours quelqu’un de trop bon, parmi les colons, pour lui payer un verre pour un exil infini, morbide, hors du temps dans une vie inutile, puis un verre, puis un verre, puis un autre. À la fin, on l’entendait, jusque dans la rue Jean Mermoz, hurler ses regrets de n’avoir pas déserté le corps expéditionnaire français en Indochine, sa douleur de n’avoir pas reçu encore de chaise roulante et sa colère contre les promesses non tenues des autorités locales civiles et militaires! Il savait depuis sa naissance par son père ancien combattant de 14-18, qu’il n’avait rien à attendre du gouvernement colonial. Maintenant, il le savait mieux encore! Entre deux maudits verres, sa colère jurait sa vengeance par la violence…
Mme *** répéta, la gorge nouée par l’émotion:
- Je voudrais que quelques-uns se manifestent. Il suffirait d’une dizaine.
Immédiatement, des index se levèrent en forêt comme pour répondre à une interrogation orale facile.
- Merci, dit-elle, franchement touchée par tant de bonnes intentions. Mais soudain paraissant ennuyée, elle déclara: Vous êtes trop
nombreux.
Des doigts se baissèrent, ne restèrent pointés que six: Alice, «Riri», Alain, Maurice, Micheline et Monique. Elle regarda avec insistance les élèves du fond dans les rangées, surprise.
- Il m’en manque quatre, dit-elle d’un ton faussement détaché.
Chicheportiche, Julien, Frédéric, Micheline levèrent le doigt. Le compte serait bon, non?
Des lueurs de soleil enflammèrent tout à coup les vitres des fenêtres donnant sur la rue. Une expression d’ironie furieuse empourpra le visage de Mme ***. Elle remit ses lunettes.
- Non, pas vous! dit-elle, sèchement.
Ce groupe de volontaires ne lui convenait pas.
Son regard alla chercher quelqu’un dans le carré d’élèves formé dans les dernières rangées: Sadek, Saïd, Lakhdar, Moussa,… Il faut dire que pendant un court instant, nous nous étions interrogés du coin de l’oeil. Personne n’avait une telle envie de partir ni à l’église ni au cimetière. À la suite de cette façon irraisonnée, un sentiment de honte nous envahit.
Subitement, Sadek lança «Moi, madame!», presque en même temps, «Moi, madame!» s’écria Saïd qu’elle avait surnommé «L’élégant» pour la qualité de son habillement et le naturel de sa courtoisie.
- C’est tout? C’est tout? répéta-t-elle dans un brusque sursaut d’irritation.
Chose prévisible, puisque aucun autre élève arabe ne s’était manifesté.
- Bien! Bien! dit-elle en tremblant de déception et, tordant les lèvres pour exprimer une menace, elle ajouta: Vous aurez de mes nouvelles!
Instruisez-vous mais ne faites pas de politique
Le lendemain, peu avant seize heures, nous étions en classe avec M. ***, quand on toqua à la porte. L’agent de police municipale Sî Ahmed se présenta, droit dans sa tenue sombre comme un cyprès, enharnaché de lanières et de ceinture maintenant la sacoche de son arme factice et coiffé de son éternelle chéchia rouge d’Istanbul. Avec des gestes d’automate, il remit un papier à notre directeur, murmura quelques mots, lissa sa grosse moustache et se retira.
- Nom d’une pipe! fit M. *** en refermant violemment la porte. Quelle idée vous est venue de ne pas assister aux obsèques du frère de Fernande? Fernande est votre bonne camarade, non?
Il s’adressait à «nous», évidemment. Après une seconde ou deux, comme s’il lui eût semblé que les reproches étaient exagérés, il haussa les épaules et se calma. À seize heures, nous suivîmes donc l’agent de police Sî Ahmed. Nous étions cinq, âgés entre 12 et 13 ans: Moussa, Lakhdar, Belkheïr, Mustapha et moi.
M.le commissaire de police nous interrogea lui-même, dans son bureau, l’un après l’autre. Se voulant affable et paternel, il enroba son accent alsacien d’un sourire tout de miel. Ses questions nous amusaient car nous nous doutions qu’il voulait nous soutirer des informations sur l’état d’esprit politique de nos parents: «Pourquoi n’avez-vous pas partagé la douleur de votre camarade?… Vous savez, son frère est mort au champ d’honneur. Il est mort pour la Patrie… (Il insista sur le P pour nous en faire sentir la majuscule.) Vous avez certainement, vous aussi, quelqu’un dans votre famille qui a combattu sous le drapeau français pendant les guerres 14-18, 39-45 ou qui, à présent, sert notre Patrie en Indochine. Je sais, vous également, vous devez savoir, qu’à la fin de toute guerre, hélas, peu de combattants rentrent à la maison…» Il marqua un temps, puis il reprit, l’air énigmatique: «En toutes circonstances, gardons au coeur le souvenir de ceux qui ont servi notre Patrie dans la guerre jusqu’au sacrifice de leur vie et suivons leur exemple… Alors, sûrement, vous savez ce que c’est perdre un être cher… Allons! dites-moi, je vous promets que cela restera entre nous. Pourquoi avez-vous refusé d’assister aux obsèques du frère de votre bonne camarade Fernande?»
Chacun s’inventa un motif. Quant à moi, qui avais perdu ma tante Zoubida quelques mois auparavant, je n’aurais pas pu assister à son enterrement: les cérémonies mortuaires ne m’auraient jamais été supportables, et j’aurais horreur des cimetières… M.le commissaire flaira mon mensonge… Enfin ayant repris ses sens, il nous conseilla de nous instruire et de ne pas faire de politique. Néanmoins, en guise d’avertissement, il décida de mettre Moussa, le plus âgé et de parents indigents, au cachot pour la nuit. Le lendemain, à neuf heures, nos pères et nous-mêmes nous fûmes convoqués par le maire. Il fallait subir son long discours et ses généreuses recommandations nous incitant à être de bons citoyens français et à nous assimiler ce prétentieux slogan: «La colonisation profite à tous les indigènes.» Or, pour nous, ainsi que nous l’avait enseigné Sî Omar le Démocrate, il était clair, définitivement clair, que «la colonisation vise les indigènes».
La rencontre se termina par la signature de chaque père au bas d’une déclaration individuelle préparée par le maire, à peu près, ainsi formulée: «Moi, (nom et prénom, filiation complète, date et lieu de naissance, profession, adresse) père de l’enfant (nom et prénom, filiation complète, date et lieu de naissance, école fréquentée), déclare sur l’honneur que l’attitude de mon fils n’avait aucune signification politique et ne relevait d’aucun esprit antifrançais. Je m’engage à veiller plus que jamais à la bonne conduite de mon fils.» *Par Kaddour M’HAMSADJI - Mercredi 25 Fevrier 2015*L’Expression
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