Derrière AQMI se cache un projet de recolonisation de l’Afrique
12102010*Le directeur général par intérim du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (Caert), Lies Boukraâ, a qualifié hier le groupe terroriste Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) de «leurre» qui cache un projet de recolonisation du Sahel.
Dans une conférence-débat animée, hier, au centre du journal Echaâb pour les études stratégiques, le sociologue n’a ainsi pas manqué d’attirer l’attention sur un risque de soudanisation de cette sous-région connue pour être riche en uranium et en pétrole. Au cours de son exposé consacré à «la lutte antiterroriste au Sahel», il s’est dit particulièrement convaincu que la partie qui se joue actuellement au Darfour entre les Etats-Unis et la Chine est une sorte de répétition générale de ce qui risque de se produire dans quelques années à nos frontières.
M. Boukraâ a également parlé d’une volonté manifeste d’isoler l’Algérie et de saborder ses efforts destinés à mobiliser ses voisins contre les dangers qui guettent le Sahel. «Je pense que ce qui se passe au Darfour est une répétition générale de ce qui nous attend au Sahel. Au Darfour, c’est la première fois que les puissances occidentales essayent de mettre des bâtons dans les roues à la Chine en utilisant les vulnérabilités internes, les clivages, la faiblesse de l’Etat central. Les Américains, les Européens, à leur tête la France, les Indiens et les Chinois jouent une partie serrée au Sahel pour le contrôle des richesses», a-t-il soutenu, tout en faisant remarquer que là où il y a des richesses, on retrouve «comme par hasard» des terroriste et des Occidentaux. La remarque s’applique, selon lui, de fort belle manière à l’arc djihadiste qui va de l’Afghanistan à l’océan Atlantique et qui traverse le Sahel, une région connue pour abriter d’importants gisements d’uranuim et de pétrole.
Partant de ce constat, Lies Boukraâ a invité l’assistance à relativiser l’importance de la menace que représente AQMI, mais sans pourtant autant la négliger. Au contraire, il prône la destruction totale de cette organisation terroriste. Au passage, le conférencier a indiqué que le butin tiré des rançons (plus de 100 millions dollars) et du trafic de la drogue permettent aux terroristes de disposer d’un budget qui dépasse celui de certains pays de la zone. Au-delà, le DG par intérim du Caert a tenu à assurer que «AQMI n’est pas un danger aussi grand que veulent nous le faire croire les Occidentaux». «AQMI est militairement très prenable. Le nombre de ses éléments ne dépasse pas les 100. Tout le monde sait où ils se trouvent. Contrairement au milieu urbain, il lui est difficile de maintenir une certaine asymétrie dans le désert. A mon avis, AQMI est l’arbre qui cache la forêt. La menace AQMI est exagérée et amplifiée. Qu’il s’agisse d’AQMi ou autre, il faut être prudent et essayer de déceler ce qui relève de l’intox et de la réalité», a-t-il assuré. Aussi, il recommandera de s’intéresser surtout aux véritables enjeux que «voile» sa surmédiatisation. Une surmédiatisation qui permet à cette organisation de devenir avec le temps un pôle de ralliement des djihadiste du monde entier.
AQMI entre intox et réalité
AQMI, mis à part la région, est actuellement confrontée à trois grandes menaces pour le conférencier. La première serait de voir les plus faibles Etats du Sahel tomber entre les mains de groupes mafieux et assister ainsi à une criminalisation de la politique. Deuxième danger : M. Boukraâ n’écarte pas la possibilité que les grandes firmes internationales prennent la décision d’attiser les rivalités entre Etats (ou à l’intérieur des pays) pour s’assurer le contrôle des richesses de la région pour
la transformer en «hub énergétique». Ces dangers, a souligné le directeur du Caert, ne sont pas une vue de l’esprit dans la mesure où le nouveau capital occidental et le capital mondialisé n’ont certes pas encore entamé la division du monde, mais cela ne saurait tarder. Dans le cas de l’Afrique, les choses se sont, selon lui, précipitées puisque le continent est sur le point d’être «dépecé».
Pour le conférencier, l’enjeu véritable n’est rien de moins que la recolonisation de l’Afrique. Enfin, le troisième risque serait que des acteurs locaux ouvrent la porte à l’ingérence étrangère et que le Sahel se voit précipité dans le chaos au point de finir par ressembler aux zones tribales se trouvant à cheval entre le l’Afghanistan et le Pakistan.
Hypothèse qui pourrait faire peser de graves menaces autant pour l’Afrique que pour l’Europe. Pour éviter que de tels scénarios ne se produisent, le DG du Caert a estimé qu’il était primordial que les pays du Sahel unissent leurs forces pour lutter contre le terrorisme et disent non à l’ingérence et entreprennent sans plus tarder de réduire les facteurs de vulnérabilité du Sahel (sous-administration des pays, mauvaise gouvernance, corruption, pauvreté, etc.). Mais cela ne semble pas être la voie suivie pour le moment, étant donné qu’il a indiqué détenir des informations qui attestent que «certains dirigeants de la région seraient intéressés par des alliances secrètes avec des puissances occidentales à des fins opaques». (El Watan-12.10.2010.)
**Blanchiment d’argent du terrorisme, de la drogue et de la contrebande
La région de Tamanrasset sous haute pression
Depuis février dernier, les services de sécurité sont en état d’alerte maximum à Tamanrasset, la ville frontalière du nord du Mali et du Niger, deux régions en proie à une forte activité de terroristes, contrebandiers et narcotrafiquants. Tamanrasset.
De l’envoyée spéciale d’El Watan: Salima Tlemçani
Si les services de sécurité maintiennent toujours la pression, les professionnels du tourisme, les plus touchés par la situation, ne comprennent pas cette inquiétude et vont jusqu’à douter d’une quelconque menace sur la région.
Pourtant, celle-ci est bel et bien réelle, si l’on se réfère aux propos d’un officier de la région : «Des informations ont fait état d’un projet d’enlèvement de touristes au Tassili. Ces données étaient crédibles, puisque nous avions arrêté des personnes chargées de la logistique.» Notre interlocuteur précise que l’attentat a été déjoué à la dernière minute grâce à la vigilance des forces de sécurité : «L’endroit ciblé est très fréquenté par les touristes. Nous avons été obligés de les évacuer pour ne prendre aucun risque, en attendant d’arrêter tous les éléments du groupe.» Mais chez les professionnels du tourisme, cette intervention a néanmoins suscité l’incompréhension, voire la colère : «Pourquoi des mesures aussi importantes et brutales ont-elles été prises sans que nous soyons informés ? Sommes-nous aussi fous pour mettre en péril la vie des touristes ?
Nous connaissons parfaitement la région et si nous avions ressenti la moindre menace, nous aurions nous-mêmes refusé d’aller sur les sites à risque. En 1993, lorsque la situation a commencé à se détériorer, nous avons nous-mêmes pris la décision de ne plus ramener de touristes, jusqu’en 2000», déclare M. Hamdaoui, président de l’Association des agences de tourisme de Tamanrasset. Entouré d’une vingtaine de représentants des agences locales, il explique pendant des heures les «conditions très difficiles» dans lesquelles les professionnels du tourisme exercent à Tamanrasset.
«Des touristes en bivouac ont été embarqués à bord d’hélicoptères militaires pour être acheminés vers la ville ; d’autres ont été interdits d’accès à de nombreux sites et certains ont été sommés de rebrousser chemin, sur la route Tamanrasset-Djanet, pour des raisons sécuritaires. Nous n’avons jamais été destinataires d’un quelconque document officiel notifiant ces mesures», déclare M. Hamdaoui.
Une réaction que l’officier des services de sécurité «ne comprend pas». Pour lui, les événements qui secouent le nord du Mali et du Niger «sont suffisants pour mettre tout le monde en état d’alerte. Vous savez très bien qu’avec les rançons, les terroristes sont suffisamment riches pour offrir des sommes alléchantes à certains employés d’agences en contrepartie d’une quelconque information sur la localisation de touristes pour en faire des otages».
état d’alerte
Il rappelle que les mesures restrictives, décidées en février dernier, avaient été prises alors qu’un Français, M. Germaneau, venait d’être enlevé et exécuté par ses ravisseurs, quelque temps après, à la suite de l’opération militaire mauritano-française au nord du Mali. «Le dispositif mis en place et le démantèlement des réseaux de soutien ont poussé les terroristes à agir là où l’on s’y attendait pas. Ils ont attaqué, en juillet dernier, une unité de gardes-frontières en patrouille à proximité de la bande frontalière avec le Mali, dans la région de Tinzaouatine, faisant onze victimes», indique notre interlocuteur. Ce qui a justifié le maintien des mesures «draconiennes» et «le refus catégorique» de rouvrir les sites touristiques et la route Djanet-Tamanrasset fermés aux touristes. Mieux, dès l’enlèvement des sept employés d’Areva à Arlit, au nord du Niger, la frontière avec ce pays a été carrément fermée, et ce, pendant une semaine, avant d’être rouverte «mais au compte-gouttes et uniquement aux ressortissants des deux pays», nous dit-on. «La tension est montée d’un cran à la suite de ce rapt et les militaires ont mis la pression sur les agences, dont les employés sont désormais surveillés. La suspicion et les restrictions imposées ont compromis la saison touristique et l’annulation des vols charters du tour-operator français Point Afrique a été comme un coup de grâce porté au tourisme balbutiant», souligne Mohamed, un cadre de l’administration locale. Il regrette que la commission de sécurité, présidée par le wali, n’associe pas les représentants des agences de tourisme de la région «pour plus de transparence», car, ajoute-t-il, la sécurité concerne tous les citoyens et non pas uniquement les militaires, les gendarmes et les policiers. Avis que partagent de nombreux notables touareg avec lesquels nous nous sommes entretenus.
Ces derniers ne voient pas d’un bon œil l’installation, à Tamanrasset, d’un comité commun des chefs d’état-major des armées de la Mauritanie, du Mali et du Niger, même si au fond, ils ne croient pas à des résultats probants sur le terrain. «Le terrorisme s’est installé dans la région grâce à l’argent et ne pourra en être chassé que par l’argent. Il faut que les Etats, y compris le nôtre, comprennent que la misère et la situation d’abandon que subissent les populations locales sont le terreau qui nourrit le recrutement au sein des groupes terroristes. Pour renverser la situation, il faut donner aux jeunes les chances d’une vie meilleure», déclare un notable d’une tribu targuie. Entouré de plusieurs membres de sa communauté, il exprime son inquiétude de voir ce qui se passe au nord du Mali et du Niger contaminer les régions sud du pays, notamment Tamanrasset qui, selon lui, s’est transformée ces dernières années en un véritable eldorado pour le blanchiment de l’argent de la drogue et de la contrebande, fléaux qui évoluent dans le sillage du terrorisme dont ils profitent pour assurer la sécurité du produit du crime.
Tam, eldorado du blanchiment de l’argent de la contrebande et de la drogue
La situation d’insécurité dans la région n’a fait que multiplier les gains de plus en plus énormes de personnes qui, il y a quelques années seulement, étaient à la limite de la pauvreté.
Ces nouveaux riches sont reconnaissables aux nombreuses somptueuses villas qui poussent comme des champignons, çà et là, sans éveiller les soupçons des services du fisc. Une virée au quartier Sersou Ferraille, au centre de Tamanrasset, permet de constater de visu qu’une multitude de constructions à étages dénotent d’un goût assez porté sur un luxe d’un autre genre. De l’extérieur, certaines maisons ne paient pas de mine, mais il suffit que les lourds portails métalliques s’ouvrent pour qu’apparaissent les signes de richesse. De la faïence d’importation sur les murs, des colonnes et des dalles de sol en marbre, des climatiseurs de dernière génération dans chaque coin des pièces, des lustres en cristal, des meubles venus certainement d’Europe… bref tout pour garnir un espace sans être regardant sur les prix.
Trafic en tout genre
Dès la nuit tombée, des voitures de luxe et des 4×4 des plus puissants et récents stationnent dans les ruelles étroites qui séparent les pâtés de maison. «Le soir, le quartier devient un lieu de rencontre des fraudeurs et des ripoux en tout genre. Ils négocient les affaires, les prix, la drogue, etc. Vous voyez cette Corolla blanche ? C’est celle d’un militaire. Et l’autre, un 4×4 Toyota, appartient à un ancien élu. L’homme qui est assis à côté du chauffeur est un policier. Vous voyez, je vous ai dit qu’il y a de tout et, parfois, il est même dangereux de s’y aventurer. Jamais les services de sécurité n’ont osé faire des descentes dans le quartier, alors qu’ils savent que toutes ces richesses sont le fruit de la drogue, de la contrebande et du trafic d’armes. Certains propriétaires n’avaient aucun sou il y a à peine cinq ou six ans. D’où ont-ils eu tout cela ?», lance Saâd, notre accompagnateur. Il a très peur. Il panique à chaque fois que des hommes enturbannés nous fixent du regard. Saâd semble connaître bon nombre d’entre eux. Il a servi de chauffeur à un contrebandier qui, une fois devenu trop riche, s’est installé à Oran où il a ouvert une société d’importation. «Je suis certain que cette société est une couverture. L’argent qu’il s’est fait ici avec la fraude lui permet de vivre et de faire vivre ses enfants sur plusieurs générations. Il a même fait dans le trafic d’armes et de drogue. Devant lui, Hadj Bettou est un enfant de chœur. Aujourd’hui, il est devenu un hadj auquel beaucoup vouent respect et abnégation dans l’Oranie», note Saâd.
Il nous fait faire le tour de Tam, une ville qui croule sous les ordures que broutent des troupeaux de chèvres. «La saleté prend du terrain chaque jour sans que les autorités ne lèvent le doigt. La fraude est devenue le seul secteur d’activité qui ne s’est jamais arrêté. La drogue dure se vend comme des petits pains dans chaque coin de rue. Les services de sécurité sont concentrés sur la lutte antiterroriste laissant la ville entre les mains des trafiquants», déclare Saâd d’une voix éteinte. La température en cette journée dépasse exceptionnellement les 36 degrés.
L’avenir compromis
Saâd ne veut plus nous accompagner à In Guezzam : «Vous allez faire plus de 400 km pour rien. Les services de sécurité ne vous laisseront pas poursuivre la route vers le Niger. Ils l’ont fermée juste après l’enlèvement des sept étrangers au nord du Niger. Ils ne laissent passer que quelques ressortissants nigériens et algériens qui justifient leur déplacement. J’ai moi-même accompagné quelqu’un qui a dû rebrousser chemin», précise Saâd. Cette situation ne le réjouit pas. Il voit son avenir compromis, lui qui travaille pour une agence de voyages comme chauffeur. Depuis que les militaires ont interdit aux touristes l’accès à de nombreux sites et que Point Afrique, le tour-operator français, a annulé ses charters sur le Sud, Saâd a très peur. «Habituellement, à cette période, je ne m’arrête pas. Mais là, je n’ai pas eu un seul travail. Je me roule les pouces et l’agence risque même de fermer», lance-t-il tristement. Le pessimisme de Saâd est légitime. Le tourisme saharien est en train de subir les dommages collatéraux du terrorisme et des décisions unilatérales prises par les autorités pour réglementer un secteur qui vient juste de reprendre son souffle. Le décret du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, régissant l’activité des agences de voyages et de tourisme, est senti par l’ensemble des professionnels de la région du Sud comme un coup de grâce : «Pour nous, ce texte est venu casser l’élan d’une activité d’un secteur pourvoyeur d’emplois. Ici, les gens sont pauvres. Ils vivent la misère. Le tourisme constitue, pour eux, une bouffée d’oxygène qui nourrit leurs enfants et leur permet de se fixer et de préserver leur cheptel. Qu’allons-nous leur offrir une fois que le tourisme sera fermé ? Ils seront obligés de faire ce que certains habitants du nord du Mali et du Niger ont fait : s’allier aux terroristes ou aux trafiquants de drogue. Nous ne voulons pas rééditer le scénario des jeunes de Djanet, qui ont pris les armes et attaqué un avion militaire. Il a fallu l’intervention des notables de la région pour les faire revenir à la raison et se rendre. Fort heureusement, ils ont écouté leurs aînés, mais allons-nous être écoutés cette fois-ci ? Je ne le pense pas. Les jeunes de Tamanrasset se sentent totalement marginalisés. Il y a un quartier qui a pour nom Kandahar, et Dieu seul sait ce qui s’y passe de jour comme de nuit. Si nous avons pu retenir tout un pan de ces jeunes à l’écart, c’est parce que le tourisme est pour eux une fenêtre sur le monde. Vous la leur fermez, ils réagiront de la manière la plus violente», lance M. Labir, président de l’APW de Tamanrasset et responsable de l’agence Dromadaire. «Nous avons de tout temps attiré l’attention du wali sur ces questions, mais il n’y avait pas de répondant. Nous pouvons reprendre la situation en main pour peu que les autorités apprennent à associer les représentants locaux lorsqu’il s’agit de décider de l’avenir de la collectivité», conclut l’élu. En dépit des propos inquiétants des uns et des réponses rassurantes des autres, Tamanrasset donne l’image d’une ville que se disputent des trafiquants en tout genre qui blanchissent le produit de leurs crimes, et des terroristes qui n’attendent que l’occasion pour faire parler d’eux et isoler davantage la région. (El Watan-12.10.2010.)
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*Rachat de Djezzy : L’Etat algérien lance la riposte
Le gouvernement algérien descend dans l’arène ! Après un silence quelque peu inquiétant, les autorités passent à l’offensive, en lançant «un avis d’appel d’offres international restreint», à destination de banques d’affaires et de cabinets d’expertise internationaux spécialisés. Dans quelle optique ? «Le choix d’un partenaire devant l’accompagner dans l’opération d’acquisition, par l’Etat algérien, de la société Orascom Telecom Algérie.»
L’avis a été publié hier par le ministère des Finances sous la forme d’un placard publicitaire, en langues française et anglaise, dans le journal gouvernemental El Moudjahid. Il s’agira donc pour le cabinet d’expertise, dont la candidature sera retenue, de trouver les moyens légaux dont dispose l’Etat afin de faire valoir son droit de préemption et ainsi procéder au rachat de Djezzy, aujourd’hui propriété du russe Vimpelcom. Le cas échéant, l’expert choisi aura la charge d’effectuer l’ensemble des démarches que nécessite cette opération. Cette amorce de procédure sonne comme une riposte aux menaces de poursuites judiciaires brandies par le CEO Alexander Izosimov. En cas d’intransigeance de ce dernier, quant au prix de la filiale algérienne d’Orascom, estimé à 7,8 milliards de dollars, le cabinet d’experts aura la charge de défendre au mieux les intérêts nationaux devant les instances d’arbitrage internationales. Ainsi, le gouvernement vient de lancer la procédure qui consiste à désigner «un professionnel» qui va démarcher pour lui afin de ramener dans le giron de l’Etat l’opérateur Djezzy.
Les soumissionnaires, après avoir retiré le cahier des charges, auront jusqu’à la matinée du 24 novembre prochain pour déposer leur dossier. Quant à l’ouverture des plis, elle s’effectuera quelques heures plus tard, soit le 24 à partir de 13h30, au siège du ministère des Finances. Cette annonce, on ne peut plus formelle, constitue, à plusieurs égards, une première. Car à l’exception de déclarations et autres sorties médiatiques formulées çà et là par différents ministres et commis d’Etat, cet appel d’offres représente la première notification officielle de la ferme volonté de l’Etat de se réapproprier Djezzy.
«Jamais, même au plus fort des crises successives qu’ont connues les deux parties, les responsables d’Orascom Telecom Holding n’ont été destinataires d’un écrit ou d’un engagement officiel quant à l’intention de l’Etat de racheter OTA», affirme une source proche du dossier. Interrogé à ce sujet, un responsable de Djezzy a pour toute réponse : «Sans commentaire !»
Ainsi, alors que les Russes, à plus forte raison les Egyptiens, enchaînent les déclarations et les sorties médiatiques quant au dossier Djezzy, du côté algérien, c’est le silence assourdissant. Pourtant, les questions sont légion. «Il y a des consignes claires. Il a été ordonné à l’ensemble des parties incluses dans ce secteur de ne communiquer sous aucun prétexte», affirme, sous le sceau de l’anonymat, une source proche du dossier.
«Chefferie du gouvernement, ministère des Finances, ministère des Postes et des Télécommunications ou encore ARPT, tous prônent et appliquent l’omerta quant à cet épineux sujet», ajoute celle-ci. Cette stratégie volontaire de non-communication traduit-elle un quelconque revirement ou embarras concernant la position adoptée par le gouvernement ? «Non. Il est vrai que l’heure est aux tractations, aux consultations et à la réflexion. Mais le Premier ministre est inébranlable relativement à cette question», avance-t-on.
«Le rachat des actifs d’OTA est toujours l’unique issue envisagée en haut lieu.»
Toutefois, le différend qui oppose les deux contractants demeure le prix de vente de Djezzy. «L’Etat estime que sa valeur n’excède pas les 3,5 milliards de dollars. Raison pour laquelle il a rejeté en bloc l’opération d’évaluation de l’entreprise. Le barème de calcul utilisé à l’international et par les Algériens n’est pas similaire», analyse un expert en télécoms. «Lorsque les uns comptent le coût de l’action en elle-même et se basent sur sa valeur brute, les autres évaluent et prennent en considération d’autres éléments internes et externes, ainsi que les perspectives d’expansion», poursuit l’expert en télécommunications. Ce qui n’est pas fait pour faciliter les choses, surtout lorsqu’on sait que le gouvernement argue mordicus que les lois algériennes ont la primauté sur toute considération de finance ou de commerce international.
Wait and see… (El Watan-12.10.2010.)
*Le prix proposé par les Russes est excessif
Le gouvernement algérien est certainement dans le vrai en refusant d’acheter Djezzy au prix de 7.8 milliards de dollars exigé par les Russes de VimpelCom. Cette offre est même qualifiée d’arnaque par Noureddine Legheliel, analyste financier en Suède.
Selon lui, même Orascom Télécom, qui est l´entreprise mère de Djezzy, était évaluée par la Bourse du Caire ainsi que la Bourse de New-York à 4,8 milliards de dollars le 18 septembre dernier. Il conclut que le prix demandé par les Russes pour vendre Djezzy est excessif.
L’évaluation de Djezzy faite par Noureddine Legheliel est de l’ordre de 4,6 à 4,8 milliards de dollars. Le gouvernement algérien veut débourser un montant inférieur pour l’acquisition d’Orascom Télécom Algérie. En fait, le gouvernement a bâti sa stratégie sur l’espoir que les pressions fiscales ou autres sur Djezzy puissent conduire à la chute de sa valeur. Aucune des deux parties, voire des trois, Russie, Egypte, Algérie, n’ont dévoilé leur méthode d’évaluation. Cette dernière passe par les perspectives d’avenir de l’entreprise, à savoir le taux de croissance des bénéfices anticipés. Pour faire valoir son point de vue, le gouvernement algérien a toute latitude de faire évaluer Djezzy par une banque d’affaires internationale, à l’instar de l’américaine Merill Lynch. Son évaluation devra être bien sûr, inférieure au prix avancé par les Russes. Ce sera un atout entre ses mains au cas où il décide d’aller en justice devant les instances internationales avec les Russes. Le ministère des Finances a effectivement lancé hier un appel d’offres pour sélectionner une banque d’affaires ou un cabinet d’expertise afin d’accompagner l’Etat dans le choix d’un partenaire étranger pour l’acquisition d’Orascom Télécom Algérie sans qu’il ne soit question d’évaluation. Apparemment confiée à un cabinet algérien.
Noureddine Legheliel pense que l’évaluation de Djezzy par un expert comptable algérien n’est pas une démarche adéquate. Il y voit un manque flagrant des connaissances du monde de la finance internationale. Il insiste sur le fait que l’évaluation d’une entreprise comme Djezzy doit être faite à travers une banque d’affaires internationale qui a une crédibilité dans le monde de la finance.
Les banques d’affaires américaines réclament 10 millions d’euros pour une mission d’évaluation. La méthode appelée évaluation comptable n’est pas valable pour les acteurs de la finance internationale. Ce sont les méthodes financières telles que l’évaluation par les PER (Price Earnings Ratio) utilisées pour chaque branche d’activités qui est valide. Tout cela ne répond pas à la question de savoir pourquoi Sawiris est pressé de vendre toute la holding communication à travers le monde et non seulement Djezzy. Ses déboires en Algérie sont les principaux motifs.
La valeur boursière d’Orascom Telecom (l’entreprise mère de Djezzy), cotée à la Bourse de New-York, était de 46 milliards de dollars le 9 septembre 2009. Le 15 septembre 2010, Orascom valait 4,7 milliards de dollars: 41 milliards de dollars sont partis en fumée en l’espace d’une année. La principale raison de ce désastre financier est l’affaire de Djezzy après le match Algérie-Egypte pour les éliminatoires de la Coupe du Monde, il y a un an. Un an depuis que le gouvernement s’est empêtré dans le dossier.
Si on remonte dans le temps, on s’aperçoit que lors de l’affaire Orascom Cement, les relations entre le gouvernement et le groupe étaient déjà tendues.
D’autres diraient que le différend remonte à 2001 lorsque la presse évoquait les conditions d’acquisition de la licence. Sans qu’aucune stratégie de sortie de crise ne soit adoptée à temps. L’Algérie peut se targuer d’avoir atteint un seul objectif: affaiblir Sawiris et Djezzy. Le premier a perdu une fortune en une année. La deuxième se trouve atteinte dans son image. Noureddine Legheliel soupçonne que Sawiris soit aussi une victime de la famille Moubarak, jalouse de la fortune de l’homme d’affaires. (L’Expression-12.10.2010.)
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*Après l’humiliante défaite des verts à bangui
L’heure du grand ménage a sonné
C’est cette attitude, à la limite irresponsable, des joueurs retenus par Benchikha qui a laissé perplexes les Algériens.
Le fiasco de Bangui restera, sans doute, gravé dans les annales du football algérien comme l’une des plus faibles prestations des Verts. Il sonne le glas pour une génération de joueurs issue principalement de la communauté algérienne en Europe et qui avait pu qualifier le pays au Mondial 2010. En football, cela s’appelle la fin douloureuse d’un cycle pour une formation en quête de renouveau. Un constat que le nouveau coach des Verts, Abdelhak Benchikha, a dû faire à ses dépens, lui qui a choisi de maintenir sa confiance en un groupe qui avait laissé apparaître des signes d’épuisement depuis quelques mois déjà. À près de six mois du prochain match capital contre le Maroc à Alger, Benchikha est appelé vite à tirer les enseignements de ce terrible échec. La nécessité de revoir la composante des Verts est aujourd’hui une urgence si le coach national veut redonner un nouveau souffle à cette équipe. Certains joueurs donnaient l’impression d’errer sur le terrain, dimanche, à Bangui. Les conditions météorologiques ne peuvent expliquer à elles seules cette attitude passive des joueurs et l’absence de motivation. S’il est vrai que les temps sont beaucoup plus cléments sur le Vieux Continent pour nos pros, cela ne les dédouane pas pour autant de leurs incapacités à mouiller le maillot. D’ailleurs, c’est cette attitude, à la limite irresponsable, des joueurs retenus par Benchikha qui a laissé perplexes les Algériens. Certains n’ont, du reste, pas hésité à parler de complot contre Benchikha qui a tenté de faire régner la discipline au sein d’un groupe beaucoup plus habitué à voir ses caprices assouvis sous le règne de Saâdane. En tout cas, le comportement de certains joueurs, qui ont carrément refusé le combat face à des Centrafricains franchement limités, suscitent des interrogations de plus en plus pressantes dans la rue algérienne. “On dirait des fantômes sur le terrain, ce n’est pas normal ce qui se passe dans cette équipe. Franchement, si on avait voulu offrir la victoire à la Centrafrique, on n’aurait pas fait mieux”, nous dira un citoyen d’Alger.
Complot ?
D’ailleurs, le président de la FAF avait fustigé la réaction des joueurs à la fin du match. Pis, consultant sur la chaîne Al-Jazeera Sports, l’ancien international algérien, Kamel Kaci-Saïd, a accusé carrément les joueurs d’avoir levé le pied pour pousser Benchikha à la sortie. La FAF serait bien inspirée du reste de faire toute la lumière sur cette affaire. Mais, en attendant, il est clair que pour Benchikha, le salut passe par un véritable coup dans la fourmilière dans l’effectif de l’EN. Sans citer de noms, Benchikha sait déjà que certains éléments de l’EN n’ont plus rien à donner à l’équipe. Les Algériens n’ont plus rien à espérer du onze national ; en tout cas, pas dans son ossature actuelle ! Dans la perspective de la qualification à la CAN-2012, il faut se rendre désormais à l’évidence que les Verts se sont largement compliqué la tâche avec cette défaite humiliante en République centrafricaine. Avec un seul point dans l’escarcelle, les Algériens sont devancés par les Marocains et les Centrafricains qui en comptent quatre. Pour espérer refaire leur retard, les coéquipiers de M’bolhi doivent en fait réaliser un véritable sans-faute, c’est-à-dire battre absolument à domicile le Maroc et la Centrafrique et ramener au moins quatre points des deux déplacements au Maroc et en Tanzanie. Certes, mathématiquement, les Verts ont encore des chances, mais d’un point de vue comptable et au vu de la prestation des Algériens dimanche à Bangui, il y a de quoi s’alarmer. (Liberté-12.10.2010.)
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Désillusion et incompréhension
La journée du 10 octobre 2010 restera à jamais gravée dans l’histoire du football algérien, puisque c’est à cette date que le onze national a connu un de ses naufrages pour le compte d’un match.
Dimanche dernier, les verts perdaient face à la République centrafricaine à Bangui. Dans la soirée, les coéquipiers du capitaine Anthar Yahia, qui ont préféré avancer l’heure du dîner, ont quitté l’hôtel du Centre, lieu de leur résidence dans la capitale centrafricaine, vers minuit et demi.
À ce moment-là, même les journalistes s’apprêtaient à quitter Bangui, puisque les responsables de la FAF et, à leur tête, le président Raouraoua les avaient invités à rejoindre Alger par le même vol. Un vol spécial de la compagnie nationale Air Algérie. Après avoir accompli les formalités policières et douanières au salon d’honneur de l’aéroport international M’poko, toute la délégation s’est ensuite dirigée vers le Boeing 737-800 affrété spécialement pour transporter l’équipe et son matériel. à bord de l’appareil, les joueurs et les membres de l’équipe étaient toujours sous le choc après cette défaite face aux fauves centrafricains. L’on a souvent accompagné les verts dans leur déplacement, après des victoires mais aussi des défaites ; cependant, cette fois-ci, la désillusion était visible sur le visage des joueurs mais aussi sur celui de l’entraîneur national, Abdelhak Benchikha. D’ailleurs, pour compenser cette incompréhension à la suite de ce résultat catastrophique face à une équipe classée 172e mondialement, les camarades de Habib Belaïd n’ont pas trop attendu pour
demander des coussins et des couvertures, et ainsi, dormir tout au long du voyage.
Seul un ou deux éléments, à l’instar de M’bolhi, ou encore Abdelkader Laïfaoui sont restés éveillés durant tout le vol, préférant voir quelques films ou lire le saint coran. Mais l’expression des visages dès l’embarquement faisait ressortir cette déception après la déconvenue centrafricaine. Pour leur part, les membres du staff technique, médical et administratif de la sélection nationale, installés à l’avant de l’appareil, n’ont fait aucune déclaration, et certains ne se sont même pas déplacés de leur siège, préférant dormir. Une incompréhension après ce résultat qui a affecté tous les membres. À 7h20, l’avion piloté par le commandant Khider atterrit sur le tarmac de l’aéroport Houari-Boumediene d’Alger. En descendant, nous avons remarqué que le sélectionneur national, Abdelhak Benchikha, était le premier à monter dans le bus de la navette pour rejoindre le salon d’honneur et, ainsi, partir chez lui se reposer, tout en se posant plusieurs questions, surtout pour savoir ce qui n’a pas marché, dimanche, au stade Barthélémy-Boganda de Bangui.
Des erreurs qu’il faut corriger au plus vite pour ne pas connaître d’autres désillusions. (Liberté-12.10.2010.)
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*Lire par ailleurs: Voyage inaugural pour le navire de luxe Le Queen Elizabeth,
cliquer ici: Le Queen Elizabeth prend l’eau aujourd’hui
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* Stratégie d’attribution des prix Nobel
Rituellement, le mois d’octobre de chaque année voit la consécration selon un scénario bien rodé l’attribution de Prix Nobel que la doxa occidentale présente comme le summum de la consécration «universelle» d’un mérite personnel. Si parmi les différents Nobel décernés ceux concernant les sciences physiques et biologique (physique, chimie et biologie) ne prêtent généralement pas à contestation, encore que les lobbys des principaux occidentaux sont là à recommander fortement «leurs champions», les prix Nobel de la paix et à un degré moindre ceux de littérature amènent à questionnement.
Nous allons dans ce qui suit tenter de voir clair dans la stratégie de délivrance des Prix Nobel par l’Occident en fonction de ses intérêts. Pour rappel, le prix Nobel de la paix récompense «la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix», selon les volontés, définies par testament, d’Alfred Nobel. Dans Le monde d’hier, Souvenirs d’un Européen (Die Welt von Gestern. Erinnerungen eines Europäers), Stefan Zweig raconte que Florence Nightingale aurait été à l’origine de la fondation de ce prix en convainquant Alfred Nobel de réparer «le mal qu’il avait causé avec sa dynamite».(1)
Même Hitler…
En clair, Alfred Nobel était un marchand de mort qui s’est enrichi et qui, sur le tard, voulait, jouer au «pyromane-pompier». On nous dit que les nominations pour cette distinction sont le fruit de propositions argumentées et détaillées, émises par des membres d’Assemblées nationales ou des Congrès législatifs, des cercles de professeurs en université dans le domaine de la géopolitique, du droit et des sciences politiques, d’anciens lauréats du prix,(…). Plusieurs d’entre elles sont désormais connues et médiatisées1, notamment celles comprises entre 1901 et 1955. Quand certaines de ces listes ont été révélées à la presse, on a pu découvrir qu’Adolf Hitler avait été un temps nommé en 1939 par Erik Brandt, membre du Parlement suédois, avant que celui-ci ne soit revenu sur sa décision quelques jours plus tard. D’autres propositions de ce genre ont été soumises au Comité telles que Benito Mussolini (en 1935) ou encore Joseph Staline (en 1945 et en 1948). (1) C’est dire l’instrumentalisation qui avait lieu en coulisses pour introniser quelqu’un et barrer la route aux autres.
Les Nobels de la paix et de la littérature de cette année ne se distinguent pas des précédents par les «méthodes» de nomination. Le prix Nobel de la paix a été octroyé à un Chinois. Pierre Haski nous en parle: «Liu Xiaobo, 54 ans, a été condamné en décembre 2009 à onze ans de prison pour son rôle dans la rédaction et la dissémination de la Charte 08, un texte réclamant la démocratisation de la Chine, signé par plusieurs milliers de personnes (lire le texte intégral). Ce texte est inspiré de la Charte 77 des dissidents tchèques à l’époque communiste, et Vaclav Havel, dissident puis président tchèque, a parrainé la «candidature» de Liu Xiaobo à ce prix Nobel. Le choix du Comité Nobel est certain de déclencher la colère de Pékin, qui avait envoyé un vice-ministre des Affaires étrangères à Oslo, cet été, pour mettre en garde le président du Comité Nobel contre les conséquences d’une possible attribution du prix à ce dissident emprisonné. Le vice-ministre avait prévenu que ce choix aurait des conséquences négatives sur les relations sino-norvégiennes. (2)
«Lors de son procès, il a fait une remarquable plaidoirie personnelle dans laquelle il espérait être «la dernière victime de l’inquisition intellectuelle en Chine». Un texte dans lequel il applaudit aux progrès considérables accomplis par la Chine depuis la fin de l’ère maoïste avec la mort du Grand Timonier en 1976, mais en souligne les lacunes en termes d’Etat de droit et de respect des valeurs universelles auxquelles il proclame son attachement. La Chine n’a jamais reçu directement de prix Nobel. En 1989, l’année du massacre de Tiananmen, le prix Nobel de la paix avait été attribué au dalaï lama, le leader spirituel tibétain exilé en Inde. Et en 2000, l’écrivain Gao Xingjian, exilé en France et devenu citoyen français, recevait le prix Nobel de littérature.» (2)
Pékin a qualifié la récompense de «dévoiement» et mis en garde la Norvège contre de possibles répercussions diplomatiques. En 1989, de retour des Etats-Unis, où il avait enseigné à la Columbia University de New York, cet enseignant de l’Université normale de Pékin participe au mouvement démocratique de la place Tiananmen, déclenché par les étudiants. (…) Exclu de l’université, il devient un des animateurs du Centre indépendant PEN Chine, un regroupement d’écrivains. Il garde un contact étroit avec le monde intellectuel; et même s’il ne peut pas être publié en Chine, ses livres sont notamment diffusés à Hongkong. Dans une interview récente, il gardait espoir dans une démocratisation progressive de la Chine: «Cela va progresser très lentement, mais les demandes de liberté – de la part des gens ordinaires, mais aussi des membres du parti – ne seront pas faciles à contenir.» Liu Xiaobo est marié et n’a pas d’enfant. Pékin s’était officiellement déclaré opposé à l’attribution du Nobel à l’opposant (3).
On le voit, trois prix Nobel ont été attribués en vingt ans à des Chinois d’origine pour leur prise de position contre leur patrie. Si dans l’absolu, leur combat pour la liberté et leur compétence sont dit-on connues, il n’en demeure pas moins qu’ils ne sont pas les seuls. Il doit certainement y avoir des personnalités chinoises ou autres à compétences semblables compte non tenu de leur engagement contre leur pays
La même «méthode» permet d’expliquer l’attribution du Nobel de littérature le 7 octobre à l’écrivain hispano-péruvien Mario Vargas Llosa. «Sympathisant communiste lors de sa jeunesse universitaire et proche de Castro jusqu’en 1971, Mario Vargas Llosa devient l’apôtre du néolibéralisme: ´´J’espère qu’ils me l’ont donné (le prix Nobel) plus pour mon oeuvre littéraire que pour mes opinions politiques. Mais si mes opinions politiques, en défense de la démocratie et de la liberté et contre les dictatures, ont été prises en compte, je m’en réjouis» déclarait jeudi Mario Vargas Llosa à l’Institut Cervantès de New York, devant une foule de journalistes qui recueillaient ses réactions à l’obtention du Nobel». (4)
On le voit, Mario Vargas Llosa a des doutes et pense que le Prix Nobel lui a été attribué pour ses positions politiques de droite. «Interrogé sur le futur de l’Amérique latine, il souligna qu’elle présente aujourd’hui «des gouvernements de gauche et de droite qui sont démocratiques. C’est une grande nouveauté par rapport au passé, lorsque ni la droite ni la gauche n’étaient démocratiques, l’une croyant aux putschs militaires et l’autre à la révolution». Il ajoutait aussitôt: «Cuba et le Venezuela représentent pour moi un recul, mais mon impression est que ce courant autoritaire, antidémocratique, va vers la sortie. Il a de moins en moins d’appui populaire, comme on vient de le voir, par exemple, aux élections [législatives] vénézuéliennes». (…) L’existence d’un caudillo charismatique suppose toujours l’abdication de la volonté, du libre arbitre, de l’esprit créateur et de la rationalité de tout un peuple devant un individu reconnu comme être supérieur, mieux doté pour décider du bien et du mal pour un pays tout entier en matière économique, politique, culturelle, sociale, scientifique, etc. Est-ce cela que nous voulons? Qu’un nouveau Chavez vienne nous libérer de Chavez?´´»(4)
Il est bien connu que l’Occidental qui se veut le seul détenteur de sens dicte la norme universelle, de sérier le bien et le mal. Ses «arguments» pour convaincre, font appel à la démocratie aéroportée, notamment par drones interposés qui permet à un bidasse du fond d’une salle climatisée du Texas de décider avec son Joysticks du bien et du mal en traquant sa cible avec une joie sadique. La cible détruite, il rentre chez lui avec la satisfaction du devoir bien fait; et si c’est une bavure, c’est un autre service qui est chargé de la faire oublier… L’autre façon de combattre ses ennemis consiste à activer d’autres canaux, au-delà de fomenter des troubles, on encourage les dissidences dans les pays qui posent problème à «l’ordre impérial».
Il n’est pas question pour nous de rejeter en bloc, toutes les attributions, nous devons nous incliner, par exemple, humblement devant Mère Théresa qui méritait mille fois cette distinction, il nous faut nous souvenir que Gandhi- l’apôtre de la non violence- n’a pas eu le prix Nobel, malgré qu’il ait été nominé plusieurs fois La Grande-Bretagne s’était opposée. Cependant, on ne peut pas nier les «malversations politiques de toutes sortes autour de l’attribution des prix Nobel. Ainsi, durant la guerre froide on rapporte que l’écrivain soviétique Boris Pasternack a eu le prix Nobel pour un manuscrit exfiltré en 1959 par la CIA et proposé au comité Nobel alors que le livre était encore sous forme de manuscrit. Il en fut ainsi de Soljenitsyne, de l’ouvrier polonais Lech Walesa qui avait la bénédiction d’un certain Carol Woythyla, futur pape Jean-Paul II, minèrent l’empire soviétique de l’intérieur à partir de ses satellites la Pologne et la Tchécoslovaquie avec Vaclav Havel (Littérature), le même Vaclav Havel qui parraina la demande du dissident chinois pour le prix Nobel de la paix 2010. Le coup de maître de l’Occident fut donné à l’empire soviétique en attribuant le prix Nobel de la paix à Mikhaïl Gorbatchev. Ce fut à la fois la fin de l’histoire pour Fukuyama, la fin de la guerre froide et le début du Choc des civilisations pour Samuel Huntington, déclinée d’une façon soft comme la guerre contre «le terrorisme» avec ses multiples variantes (l’Irak, le Hamas, l’Iran, l’Afghanistan)
Ce fut d’abord l’Indonésie musulmane qui en fit les frais en abdiquant sa souveraineté sur le Timor Oriental. Pour faire connaître la «cause», Mgr Belo, un homme d’église, se vit attribuer le prix Nobel et à ce titre sa cause eut plus de visibilité. On ne peut pas ne pas y voir une lutte sourde contre l’Islam. S’agissant du feuilleton des prix Nobel octroyés aux dirigeants arabes «normalisés» qui acceptent l’ordre impérial avec Israël comme poste avancé de la démocratie en Barbarie. Deux séries de prix Nobel pour rien: Sadate et Begin, ce qui a permis de neutraliser définitivement l’Egypte. Arafat, Rabin qui a permis Oslo et le dépeçage de ce qui reste de la Palestine. De même la guerre contre l’Iran a vu l’attribution du prix Nobel de la paix à Shirin Ebadi. Tout est bon pour déstabiliser les pays qui n’acceptent pas de rentrer dans le rang.
Qui a entendu des prix Nobel de la paix de ces dernières années maintenant qu’ils ont rempli la mission historique qui était attendue d’eux. Malgré des médias complaisants ils n’arrivent pas à faire surface, ou si, il arrive qu’un prix Nobel soit chassé comme un malpropre avec un silence assourdissant des médias, il en fut ainsi de Mairead Corrigan prix Nobel de la paix expulsé d’Israël pour délit d’opinion qui avait de la compassion pour les enfants palestiniens, elle fut chassée par les Israéliens, personne n’a trouvé à redire. De même Monseigneur Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix, fut interdit de conférence dans une université US. Cris Toffolo, présidente du programme d’études «Justice et Paix» de l’université catholique Saint-Thomas de Minneapolis/St.Paul, était toute fière d’avoir réussi à inviter l’archevêque sud-africain et célèbre militant anti-apartheid Desmond Tutu, à venir parler devant ses étudiants. Mais la direction de l’université, craignant qu’il puisse y avoir une «controverse», décida de «se concerter avec la communauté juive de la ville» (…) Doug Hennes, vice-président de l’université, justifie la décision: «Nous avons eu vent d’un certain nombre de choses qu’il a dites et que certaines personnes trouvent ces propos antisémites car opposées à la politique israélienne. Nous ne l’accusons pas d’être antisémite. Mais il a comparé l’État d’Israël à Hitler et nous estimons que ce genre d’équivalences morales sont insultantes pour certains membres de la communauté juive.»(5)
Le Nobel de la paix ou de la guerre?
La Chine n’est pas l’Urss, elle est la deuxième puissance économique du monde elle détient les bons de Trésor américains (près de 1500 milliards de dollars), elle se permet de venir en aide à plusieurs pays européens (Grèce, Espagne). Elle ne veut pas surévaluer sa monnaie comme l’exigent l’Europe, les Etats- Unis et le Japon, ces derniers créent des devises papiers. En fait, ce n’est pas une personne aussi respectable soit-elle qui fera dévier la Chine de son combat contre la faim, combat qui lui a permis de sortir de la misère 400 millions de personnes. Nous voyons comment en Europe les protestations des citoyens étaient respectées: trois millions de personnes dans la rue et on fait comme s’ils n’y avait aucune protestation.
Quand l’Occident réduit en miettes des pays comme l’Irak, l’Afghanistan, il amène une démocratie par drones interposés. Il n’y a jamais autant de morts que depuis l’octroi du prix Nobel à Barack Obama. C’est assurément le prix Nobel de la guerre qu’il eut fallu lui attribuer. On se demande pourquoi Mahmoud Abbas n’a pas eu le prix Nobel, lui qui a fait de la reddition sans condition un mode de gouvernement et de négociation.
Nous aspirons tous à la démocratie mais il faut se demander si l’exemple chinois, tout en précaution et cinétique de développement optimal, n’est pas le meilleur schéma. Que veut l’Occident: la démocratie partout comme en Irak et en Afghnistan? ou plus simplement une explosion de la Chine qui fera mal d’abord aux Chinois? La démocratie occidentale du «cause toujours» pour les sans-grade est à opposer à un «despotisme éclairé» qui donne à manger à tout le monde, qui ne laisse personne sur le bord de la route. Tout le problème est là. L’Occident et ses larmes de crocodile n’est intéressé que par les dissidents qui, d’une façon ou d’une autre et qu’on le veuille ou non, sont complices de la démolition de leur pays. Ainsi va le Monde. (L’Expression-10.10.2010.)
1. Le prix Nobel de la paix: Encyclopédie Wilkipédia.
2. Pierre Haski: Le Prix nobel de la paix à Liu Xiaobo Rue89 | 08/10/2010
3. L’opposant chinois Liu Xiaobo reçoit le prix Nobel de la paix 2010 Le Monde.fr avec AFP et Reuters 08.10.10
4. Christian Galloy. Mario Vargas Llosa: un anti-Chavez prix Nobel de littérature 2010 LatinReporters.com 8 octobre 2010
5. Un prix Nobel de la paix interdit de conférence dans une université US http://www.voltairenet.org/article151938.html 4 octobre 2007
Pr Chems Eddine CHITOUR
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