incivilités

**Bruxelles fait désormais payer les insultes en rue  depuis le 1er septembre 2012

C’est une première en Belgique: pour lutter contre le sexisme en rue, toute insulte proférée en public dans la commune de Bruxelles est depuis le 1er septembre 2012 sanctionnée d’une amende administrative, rapporte Le Soir.

Les amendes prévues fluctuent ainsi de 75 à 250 euros, en fonction de la gravité de l’insulte. Dans tous les cas, la victime doit porter plainte pour que l’amende soit délivrée. Si un policier constate l’insulte en flagrant délit, celui-ci pourra immédiatement verbaliser. Dans le cas contraire, une enquête sera menée en recueilliant des témoignages et les images des caméras de surveillance.

Le règlement entend lutter aussi contre les coups et les vols simples, précise Freddy Thielemans, bourgmestre de Bruxelles. Des faits graves n’étaient en effet plus poursuivis par le parquet faute de temps, explique-t-il.

Signé avec le parquet de Bruxelles en avril, le règlement a été adopté avant la diffusion du documentaire de Sofie Peeters qui avait tant fait parler de lui en juillet dernier, « Femmes de la rue », assure le bourgmestre.

Dans les colonnes du Soir, Claudine Lienard, coordinatrice de projet à l’Université des Femmes, émet quelques doutes sur l’initiative. Selon elle, le volet répressif ne suffit pas et doit s’accompagner de prévention. Pour lutter contre les débordements sexistes, l’éducation a également un rôle à jouer, dit-elle, de même que la formation des agents de quartier et des policiers sur le terrain. « Les sanctions administratives fonctionnent bien », répond Bruxelles-Ville, qui avance le chiffre de 300.000 euros, le total des amendes engrangé en cinq ans contre les incivilités en termes de propreté publique. Les amendes administratives « changent la mentalité des citoyens: ils se rendent compte qu’ils peuvent être poursuivis ». Claudine Lienard regrette également que l’on n’agisse pas au niveau fédéral, mais seulement au niveau local. Et la coordinatrice de projet de pointer le manque d’uniformité en la matière dans l’ensemble des communes du pays.
« Cela va peut-être encourager les femmes à porter plainte », note-t-elle néanmoins. « Il faut que les femmes parlent! » * 7s7–04.09.2012

***24 incivilités sanctionnées chaque jour à Bruxelles

Vingt-quatre sanctions, sous forme de taxe, ont été infligées chaque jour de l’été, samedi et dimanche inclus, pour incivilités sur le territoire de la commune de Bruxelles Ville, annonce l’échevinat de la Propreté publique mardi.

Plusieurs comportements sont sanctionnés depuis l’adoption du Plan de lutte contre les incivilités, en octobre 2007. Ainsi, on se voit taxé quand on sort ses poubelles en-dehors des heures autorisées, quand on urine sur la voie publique ou quand on jette des papiers en rue. En juillet et en août, 1.434 taxes ont été infligées pour ce type de comportements. Depuis l’entrée en vigueur du Plan, près de 26.000 taxes ou amendes ont déjà été imposées pour des contraventions à la propreté publique.* Source: belga.be-04.09.2012

**Ces incivilités commises au quotidien

Les incivilités constatées au quotidien sont variées. Parmi les plus répandues: l’abandon de déchets dans un espace public. Le Crioc a mené l’enquête. Résultats.   

Des déchets laissés sur la voie publique, des tags et graffitis sur les façades, des vitres brisées dans les abribus, des crachats d’humains et crottes de chiens sur les trottoirs, des voitures garées en double file, des pieds posés sur les banquettes des transports publics, des bousculades dans la rue sans la moindre excuse  Longue est la liste des incivilités commises et constatées au quotidien. Comme l’an dernier, le Crioc (Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs) a sondé nos concitoyens sur leurs perceptions, mais également leurs comportements en matière d’incivilités. Aperçu des principaux résultats.

1- Celles qui dérangent le plus. Lorsqu’ils sont interrogés sur les incivilités qui les dérangent le plus, les Belges citent avant tout (88 %) la dégradation volontaire et gratuite des bâtiments, des biens – publics et privés -, qu’il s’agisse d’une boîte aux lettres ou d’un abri pour transports en commun. Après quoi, c’est l’abandon sauvage des déchets dans les lieux publics (86 %) qui irrite, au même titre que le fait de rayer intentionnellement des vitres (84 %). Choqués, les citoyens interrogés dans le cadre de ce sondage le sont aussi lorsque, bousculés dans la rue, on ne leur présente pas la moindre excuse. Réprouvés également par plus de huit consommateurs sur dix, les comportements qui consistent à conduire sans être en état de le faire, à cracher dans la rue, consommer de l’alcool sur la voie publique au point de déranger, laisser un animal faire ses besoins sur l’espace public sans les ramasser, mettre les pieds sur les sièges dans un transport en commun, souiller l’espace public ou encore  uriner en rue !

2- Celles qui sont le plus souvent constatées. Alors que l’on pourrait penser que nous avons tous déjà constaté l’une ou l’autre incivilité, cela ne semble être le cas que pour les trois quarts des sujets interrogés. A lire les résultats de l’enquête, 26 % n’auraient jamais été confrontés à des déchets abandonnés sur la voie publique ! Si, lors de la précédente enquête, 93 % déclaraient avoir constaté de tels faits, ils ne sont plus que 74 % dans ce cas en 2012. Faut-il en déduire que ces déchets passent de plus en plus inaperçus, que nos rues sont plus propres et nos concitoyens mieux éduqués  ou que leur vue a baissé? Libre à chacun d’interpréter ces résultats quelque peu surprenants. Viennent ensuite, dans le top, trois des incivilités le plus souvent constatées, les déjections canines (72 %) et les crachats sur les trottoirs (66 %).

3- Celles qui sont le plus souvent pratiquées  et avouées par les répondants. Les incivilités, c’est clair, les citoyens n’apprécient pas, qu’ils les constatent ou, a fortiori, qu’ils en soient victimes. Mais au fond, eux, comment se comportent-ils ? Moins d’un répondant sur trois a avoué être parfois lui-même l’auteur d’actes inciviques. En tête des incivilités avouées ? Se garer en double file (32 %), signaler un radar (mais est-ce vraiment incivique ?) (26 %), se garer sur un trottoir (24 %), ne pas trier ses déchets correctement (23 %), cracher en rue (23 %), faire du bruit sans nécessité pour déranger les voisins (22 %), sortir ses poubelles à un moment non autorisé (22 %), conduire avec le volume de la musique au maximum dans sa voiture (20 %), uriner en rue (quand même 19 % !), ne pas retenir une porte qui se ferme devant une personne (18 %), ou encore se garer sur un emplacement réservé aux personnes handicapées (18 %).

4- Celles qui augmentent le plus. Comment les personnes interrogées perçoivent-elles l’évolution des comportements inciviques dans notre pays ? Moins de la moitié d’entre elles estiment qu’ils ont augmenté ces dernières années. Cela dit, alors qu’elles ne seraient que 74 % à avoir été confrontées à l’abandon de déchets dans un lieu public, elles sont 43 % à percevoir ce comportement incivique comme celui qui a le plus augmenté ! Et presque autant (38 %) à voir des personnes se garer en double file ou sur une place réservée aux moins valides. Parmi les autres attitudes qui paraissent plus courantes que par le passé aux yeux des répondants, le fait de se garer sur le trottoir, de bousculer quelqu’un sans s’excuser, de consommer de l’alcool avec excès sur la voie publique, ou de dégrader un bâtiment. (La Libre.Be-18.06.2012.)

**C’est quoi l’incivilité dans la rue?

selon les internautes

Cracher dans la rue, jeter des papiers par terre, rayer les bagnoles, faire des graffitis, insulter les gens, interpeller des gens de manière abrute alors que l’on ne se connait pas, faire du bruit de manière exagéré, faire le barge dans la rue…c’est la manquement aux règles de la bienséance et de courtoisie…c’est le non-respect des bases de la politesse et du savoir-vivre…mais surtout : agressions verbales, insultes, provocations en tout genre…cracher, jeter des trucs par terre, bousculer les gens…se garer sur les trottoirs et empecher les poussettes et les handicapes de les utiliser, laisser son chien faire ses besoins ailleurs que dans le caniveau, jeter son chewing gum par terre, ne pas mettre ses poubelles dans les containers, griller les feux, bloquer les couloirs de bus… c’est sans fin….ne pas laisser passer une personne agée sur un trottoir trop petit, cracher, bousculer au passage, etc etc…Faire une queue de poisons aux autres, jeter sa cigarette par terre, jeter son chewin gum etc…. ne pas tenir la poste à une dame agée, ne pas faire la queue à la poste ou au tabac, insulter les policiers….bousculer d’autres personnes, hurler, cracher,voler, bruler quelqu’un,porter capuches et kalachnikofs…

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*Exemples d’incivilités
et par la même occasion de civilités !!!

Petites incivilités :
v Ne pas ramasser les excréments de son animal domestique.
v Dégrader les lieux publics
v Les tags sur les murs
v L’impolitesse
v Le manque de respect en général
v Jeter ses papiers par terre
Grandes incivilités ou délits :
v Fumer dans les lieux publics
v Tuer ou agresser autrui
v Voler
v Etre raciste / être intolérant
v Faire de la diffamation
v Trafics en tous genres (drogues, personnes…)
v Les insultes
v Les discriminations raciales, physiques, sexuelles …
v La pollution volontaire ( jeter des papiers, des mégots par terre…)
v Se garer sur une place réservée aux handicapés
v Le tapage nocturne

**L’incivilité se situe en limite de l’impolitesse et de la petite délinquance. Elle entretient les sentiments de malaise, d’insécurité et de vulnérabilités, induit des réactions d’hostilité à l’égard des jeunes. En 1993, on définissait les incivilités comme  » l’ensemble des désordres échappant aux sanctions du code pénal « . On pourrait traduire par incivilités, ces inconduites des jeunes seuls ou en groupe qui finissent par devenir un fait rémanent, une question sociale dont il faut venir à bout, et des actes que l’on ne peut plus supporter. Moins graves que des actes de violence, les actes d’incivilité sont d’autant plus fréquents qu’ils ne sont pas toujours sanctionnés par une réponse adaptée, et sont d’autant plus intolérables qu’une zone de non droit se crée entre l’interdit et la place laissée au jeu, et que l’écart se creuse entre les adultes et les jeunes. L’autorité parentale est affaiblie, les enseignants ont de plus en plus de mal à se faire respecter. »

Toutefois j’y vois plusieurs a priori, comme si l’incivilité n’était que le fait de jeunes ! Il y a aussi l’incivilité routière par exemple. Et pour conduire il faut avoir plus de 18 ans, non ? Sébastian Roché nous dit :
Que représentent les incivilités ? Il s’agit d’atteintes à l’ordre public ordinaire, et non pas nécessairement tel que le définissent les pouvoirs publics, bref, l’ordre tel qu’on le construit dans la vie quotidienne. J’avais proposé de définir les incivilités comme des menaces des rituels sociaux à l’aide desquels est évaluée l’innocuité du rapport à autrui (Roché, 1991), des codes qu’il est nécessaire d’afficher pour que la confiance interpersonnelle circule entre les individus .
Si l’incivilité est le contraire de la civilité, personnellement je la définirais plutôt comme de l’irrespect : le non respect de personnes, de biens, d’idées, d’origines,… C’est pourquoi lorsque l’on parle d’incivilité nous pouvons aussi parler d’impolitesse pour certaines situations. J’aime bien ce qu’en dit Wilkipédia :
Toute liberté ou tout droit implique nécessairement, pour s’exercer complètement, un devoir de tolérance et de respect.
En s’appuyant sur l’étymologie, en éthique, le respect consiste en un second regard porté, lorsque nécessaire, afin de ne pas heurter inutilement.

La valeur « respect » émerge aujourd’hui comme une exigence première des gens dans les relations interpersonnelles. Le respect mutuel est considéré comme le fondement incontournable de la paix sociale. Et être « respecté » est comme le premier signe de la condition de citoyen.
A tel point que, selon Dominique Picard (cf. Politesse, savoir-vivre et relations sociales, « Que sais-je? », 2007), la valeur « respect » s’affirme aujourd’hui comme une forme positive de politesse débarrassée des hypocrisies et des visées ségrégationnistes de la politesse classique.
Julien Damon, de la CNAF, précise, dans la revue « RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 62 – 2000″, que « dans un mouvement d’extension et d’amalgame, le terme ne signifie plus seulement discourtoisie. Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, il est devenu synonyme de désordre, de nuisance, d’inconduite, d’incivisme, d’impolitesse, d’insolence, de petite délinquance ».
Julien Damon nous explique l’origine de ce concept d’incivilités :
Traduction de disorders (désordres) ou, plus directement, de incivilities, l’emploi actuel de l’expression est d’importation anglo-saxonne. Le premier à avoir repéré, au cours des années soixante et soixante-dix, l’importance de ces phénomènes dans la vie urbaine moderne est probablement le sociologue américain Erving Goffman, connu pour ses analyses des relations interpersonnelles, des déviances, des civilités, des espaces de l’intimité et de la vie publique. Plus récemment, ce sont des criminologues et des policiers américains qui ont mis l’accent sur les incivilités, en insistant sur leur caractère agressif. Pour la France, à tout chercheur tout honneur, ce sont les travaux

d’un politologue grenoblois, Sebastian Roché, qui ont largement contribué au succès du terme. Ses nombreux ouvrages et articles ont concouru à la diffusion du thème et à une première délimitation des problèmes. Malgré son imprécision, la formule a fait mouche. condamnable par la morale, un règlement intérieur,…
Omniprésente, utilisée sans guillemets, elle désigne des comportements et des phénomènes différents : de conduites anodines qui empoisonnent la vie quotidienne, jusqu’à des délits juridiquement bien référencés.

La liste des incivilités est particulièrement diversifiée : crachats, attroupements d’individus menaçants ou exubérants, racolages ostentatoires, chahuts et violences à l’école, insultes sur les terrains de sport, mendicité « agressive », graffitis et souillures, bruits dans les cages d’escalier, utilisation importune de téléphones portables, malveillances et attaques physiques dans les trains, comportements dangereux au volant
Toutes ces atteintes, plus ou moins claires, plus ou moins violentes, plus ou moins délibérées, aux biens et aux personnes sont difficilement appréciables et traitables par la polie ou la justice.
Insistons encore sur un point dans cette définition des incivilités : la différence entre les incivilités, la délinquance, la criminalité. La délinquance c’est commettre un délit ! Les délits entrainent des amendes ou des peines d’emprisonnement par exemple. Le vol, la conduite en état d’ivresse,… sont des délits. La criminalité c’est commettre un crime ! Les crimes sont tuer quelqu’un, violer,… Les crimes et les délits sont évidemment inciviles mais l’incivilité n’est pas obligatoirement condamnable par la loi.

Chanel écrit : « Les causes de cette montée des incivilités sont d’abord le développement de la tolérance vis à vis des déviances mineures : elle est en relation notamment avec une plus grande mobilité géographique qui, en diminuant les relations d’interconnaissance, affaiblit la pression sociale tant chez ceux qui l’exercent que chez ceux qui la subissent. Elle s’explique aussi par un relâchement de l’autorité parentale, relativisée chez les enfants par d’autres modèles normatifs proposés par les médias notamment, et délaissée par les parents eux-mêmes qui répugnent à des relations autoritaires dans le foyer qu’on souhaite d’abord hédoniste. Ensuite, on allègue aussi la désorganisation sociale de certains quartiers due au déclin des encadrements associatif, syndical et politique traditionnels en milieu populaire, sans oublier un fait qui touche particulièrement les familles d’origine immigrée : une autorité parentale qui peut être décrédibilisée face aux modèles culturels des classes moyennes véhiculés par les médias ou l’école et intériorisées par les enfants. Tout ceci laisse place alors à « la galère » de certains jeunes (F. Dubet), et à des comportements violents: violence « utilitaire » (vols et rackets, c’est le « conformisme déviant » de Merton) ou violence expressive (exprimer et expulser sa « rage »). Enfin, on peut noter l’affaiblissement du contrôle des institutions, policières et judiciaires, qui, débordées par d’autres priorités, délaissent ces petites infractions. Or, on sait qu’une norme sociale ou juridique longtemps non réprimée finit par perdre sa valeur contraignante et donc normative… »

Un document, « débat national » répertorié dans l’annuaire, nous dit encore autre chose :
Causes possibles des incivilités
Il s’est ensuite avéré intéressant de s’interroger sur les causes possibles de ce phénomène. Deux grands axes ont ainsi été dégagés : les causes internes au système éducatif et les causes externes.
a. Les causes internes : pour certains parents, la respectabilité de la fonction enseignante a été quelque peu mise à mal durant ces dernières années. L’autorité du professeur est devenue discutable et les sanctions qu’il donne sont parfois discutées. Ainsi, les jeunes élèves s’approprient parfois la façon qu’ont leurs parents de considérer le monde enseignant dans sa globalité.
b. Les causes externes : différentes pistes ont été évoquées :
• L’extrême violence des jeux vidéos et de la télévision

Il a été remarqué que les jeux vidéos n’influencent pas tous les enfants. Il reste cependant vrai que la violence des images banalisées par la télévision et les journalistes peut être un choc direct pour les jeunes enfants.
• Une éducation déficiente
La tendance actuelle en matière d’éducation est de parfois faire de l’enfant un enfant roi. Son rôle et sa place ont ainsi été dénaturés. Durant leur enfance certains jeunes n’ont jamais eu à suivre de règles et n’ont jamais été soumis à quelque autorité que ce soit. On comprend dès lors pourquoi une rupture peut se produire lorsque l’enfant ou l’adolescent se trouve obligé par l’institution scolaire de respecter son code propre.
• Une société de consommation toute-puissante
Les incivilités sont aussi créées par la société de consommation. L’élève est devenu un consommateur du savoir et estime avoir le droit de gérer sa vie d’élève selon les « lois » qui régissent cette société. Issu de la génération « zapping », il considère que l’institution est à sa disposition et se réserve le droit de la remettre en cause et de la malmener si elle ne satisfait pas ses attentes.
Dans le « rapport du collège Le Lac » nous relevons quelques réflexions qui nous semblent nourrir le débat :
Nous soulignons au cours de ce débat les causes des violences liées à l’Institution scolaire et l’Etat. L’échec scolaire constitue une violence pour les élèves. L’inadéquation du système scolaire face aux élèves est source de violence…
Nous supposons que les causes des incivilités des élèves appartiennent principalement au domaine de l’éducation parentale. L’absence des parents face à la difficulté de leur enfant génère des comportements inciviques. Nous soulignons l’incapacité et la difficulté de certains parents à éduquer leurs enfants dans une société où ceux-ci confondent droits du consommateur et devoirs du citoyen. Malheureusement, nous notons également le laxisme de quelques parents qui dévoile un renoncement aux conflits avec leurs enfants.
D’autres, comme sur « Ecoles différentes », voient dans l’ennui à l’école l’une des causes de la violence scolaire. Ils s’interrogent :
Un élève qui s’ennuie est un élève qui décroche, donc potentiellement perturbateur. L’intéresser, donner plus de sens aux enseignements apparaît essentiel dans un contexte où la lutte contre les incivilités est devenue une priorité. Mais comment faire ? « L’école doit-elle résister à la frénésie du ludique ou s’adapter au règne du divertissement ? », résume, sous forme d’interrogation, le CNP, qui a rassemblé des philosophes, des sociologues et des chercheurs en sciences de l’éducation pour répondre à la question.
Concernant les causes, personnellement, je me poserais la question suivante : si l’incivilité est bien le contraire de la civilité – règles de respect de biens ou d’autrui pour pouvoir vivre en société – qu’est ce qui fait qu’elle est devenue à partir des années 1990 contraire de respect de la loi ? Quel est cet amalgame qui fait que l’on peine à distinguer l’incivilité de la délinquance ? Quel est cet amalgame qui fait que l’on peine à distinguer respect des règles de vie en société et respect de la Loi ?

Qu’est ce qui fait qu’une impolitesse ou un non respect quelconque devienne à partir des années 1990 une incivilité, c’est à dire un acte ne remettant pas en cause une relation de personne à personne mais mettant en cause la relation d’un individu à l’ensemble de la société ? Avant on disait « qui vole un œuf vole un bœuf », c’est à dire que l’on attendait qu’un délit soit commis pour envisager le pire ; maintenant ce n’est plus l’acte qui est jugé mais simplement l’attitude. Bien entendu que bousculer une petite grand-mère ce n’est pas bien ! « Ce n’est pas bien » signifie que c’est une question de morale, de respect. Dans ce cas c’est une question d’éducation. Celle-ci est gérée par la société civile au sens philosophique du terme. Or on a l’impression que de plus en plus cela devient une question d’interdit : on ne bouscule pas une petite grand-mère sinon bientôt il y aura un texte de Loi prévoyant une sanction. J’ai l’impression que cela devient affaire d’état, d’Etat ! Qu’en penser ? Les valeurs de la société civile peuvent elles avoir valeur de lois ? N’est ce pas incohérent, et après tout n’en est-ce pas une des raisons, à un moment où les mêmes valeurs ne sont peut être pas partagées de la même façon par tous ? Cédant à la caricature, remarquons que les valeurs en vigueur en certains lieux – les Cités totalement par exemple- ne sont pas toujours les mêmes que dans les « centres villes ». Cela signifie t’il qu’il y aurait DES sociétés civiles et que le passage par l’Etat serait un « contenant », un frein à l’opposition de divers systèmes de valeurs. Notons que bien souvent ce sont les symboles de l’Etat qui subissent les affres de l’incivilité… Mais après tout je n’en sais rien, ce ne sont qu’hypothèses…

Pour pouvoir apporter un solution il faut savoir quel est le problème.
En fait poser l’incivilité comme problème c’est poser une crainte : la crainte de ne pas voir certains agissements se révéler être en réalité des conduites à risque allant vers la délinquance. Ainsi, pour exemple, une ivresse peut être une expérience dans une vie mais DES ivresses peut devenir une conduite à risque pouvant aller vers une maladie, l’alcoolisme, et des actes de délinquance. Et c’est là toute la difficulté et quelque part la double réponse à apporter pour ne pas dire dans certains cas la double sanction : faire un tag peut être un problème d’éducation (mais quelle éducation ? cf. ce que dit précédemment à propos de la ou des sociétés civiles) mais aussi devenir un problème de réglementation ou de Loi. Ainsi à chaque fois nous aurons la double question qui sera de savoir si voulons régler un problème de personne ou de société. Dans les deux cas les termes de sanction, éducation, prévention, répression,… pourront être posés mais avec des finalités différentes. C’est sans doute pour cette raison que les acteurs tour à tour, consciemment ou inconsciemment, s’opposeront dans les solutions envisagées. A nous de le décrypter.

Ce qui est très gênant lorsque, l’on se pose la question des solutions, c’est l’amalgame qui est fait entre différents concepts. Si nous regardons simplement le titre de l’article de l’Académie de Strasbourg (site cité dans l’annuaire :  « Lutte contre l’incivilité, la violence scolaire ») , de quoi parle t’on ? De l’incivilité ou de la violence ? Ou de la délinquance ? A s’engager sur la voie de la prévention de la violence nécessairement nous allons privilégier l’éducation laissant de coté l’aspect citoyen. Concrètement nous voyons là le risque de mettre l’accent sur la responsabilité éducative des parents (voire de les réprimer en supprimant les allocations familiales…), passant à coté de l’aspect civil, citoyen, social. Qu’en penses tu ? (10 Moifr)

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  * Beaucoup ont perdu leurs repères

L’algérien n’est pas dépourvu de défauts quand il s’agit pour lui de vivre en ville ou occuper l’espace public. Souvent, cela le mène à s’autocritiquer sévèrement…Quelles sont donc ces incivilités qui tracassent tant les Algériens au point de rendre souvent, le vivre ensemble, difficile?

Nous nous sommes  rapprochés dans les rues d’Alger  de citoyens  qui ont répondu à cette question. Nous avons également posté la même question sur la page facebook d’El Watan. Grâce aux  réactions de nos interlocuteurs et aux commentaires des abonnés à la page facebook d’El Watan, nous avons dressé le top dix de ces incivilités.

*L’exode rural des années 90 a surtout conduit beaucoup de citoyens à quitter  leur village pour venir s’installer en ville. Ce changement environnemental a fait que beaucoup ont perdu leurs repères et donc adoptent des comportements en déphasage avec la vie en ville. Par conséquent, la désharmonie rythme la vie dans la  Cité en Algérie. Cette désharmonie  va  au gré  d’une urbanisation anarchique. L’incivilité c’est aussi le fruit de l’interaction de plusieurs facteurs.

Voici le top dix que nous avons pu dresser grace aux nombreux commentaires de nos amis facebookers et nos interlocuteurs rencontrés à Alger. Ce top dix n’est pas forcément représentatif mais peut reflèter une certaine réalité  de nos comportements au quotidien.

1-Harcèlement moral et physique à l’égard des  femmes :

Sans trop d’hésitation, beaucoup de nos interlocuteurs, femmes ou hommes dénoncent un harcèlement physique et moral dont sont victimes les femmes dans les bus ou espaces publics. Ce que les facebookers qui ont réagi à notre question appelle le « calage » pour ce qui est du « harcèlement physique ». En effet, certains hommes « se collent » aux femmes dans les bus. Une réalité sur laquelle ont beaucoup insisté les fans de notre page facebook.

A l’image de ce facebooker qui se donne comme pseudo « En panne » qui commente ainsi « comme Fellag avait dit dans un de ses spectacles:  tous les algériens sont des caleurs »

En outre, il y a ce que les commentateurs appellent vouloir à tout prix « mettre la femme dans la gène ». Et ils font référence aux propos mal placés qu’on adresse aux femmes dans les espaces publics.  Naïma que nous avons croisé à la rue Hassiba Ben Bouali nous dit  être « persécutée » par des hommes. Une étudiante à la faculté centrale regrette en s’interrogeant « pourquoi les hommes ne viennent-ils pas nous parler en tant que personne adulte ? Pourquoi nous harcèlent-ils ? Pourquoi nous manque-t-il de respect ? ».

2- Crachats :

L’autre « tare » comportementale que reprochent des algériens à leurs paires est le crachat. L’algérien un grand cracheur ? À croire les commentaires et les témoignages de nos interlocuteurs croisés à Alger, beaucoup d’algériens crachent  dans les rues sans prêter attention à leur prochain. La chique ou la « chema » jetés partout et surtout dans les bus, est l’autre reproche que les facebookers ont fait à leurs concitoyens accrocs à la chique.

3-Saletés :

On a beaucoup insisté sur la puanteur dans les bus au point où un facebooker s’interroge « est-ce que se douche-t-on au moins ? ». Pour cet internaute, l’odeur dans les bus est tellement insupportable. « L’odeur  que dégagent les passagers est aussi désagréable au début de la semaine qu’à la fin » se désole une facebooker. Railleur, un abonné à notre page commente : « je crois que je vais porter un filtre à air pour couvrir mon nez avec ».

« On jette partout ses saletés » constate une interlocutrice. « On ose les jeter par les fenêtres » ont insisté certains  commentateurs.

4-Obscénités :

Les mots vulgaires « lâchés » à volonté par des jeunes et des moins jeunes dans les rues, les cités, sont une autre des invivilités dénoncépar les lecteurs sur la page facebook d’El Watan. « Vulgarité et manque de politesse » précisent certains commentateurs.

5-Indiscrétions :

Ce que les internautes appellent « le harcèlement visuel ». Ainsi l’algérien se sent scruté et épié surtout dans les bus. Linda qui travaille dans une clinique privée nous le confirme « le regard dans les rues est souvent très insistant. On vous suit des yeux ! », s’exclame-t-elle. «  Je suis révoltée contre ce genre de comportement. Je ne suis pas un objet mais un être humain» nous dit-elle.

Un facebooker  conforte les propos de Linda.  Ce que lui  appelle « regards indiscrets ». Mais ajoute « les gens  s’invitent  à toutes les conversations, même celles qui ne les concernent pas ! ».

6-Parler à haute voix et frimer : D’après nos facebookers, l’algérien « se la joue » et adore se montrer « supérieur » aux autres. Il montre cela en parlant à haute voix. « Il y a ceux qui se croient grands: un beau costume cravate et qui crache » constate un commentateur sous le pseudonyme « Binbo Baba ». « Un stationnement inadéquat, car ils connaissent X et Y, au souk, superette où n’importe quel stand de vente, ils sont arrogants et passent devant, sans faire de queue (chaîne) » argumente-il. .

7-Uriner dans les espaces publics :

En l’absence de toilettes publiques, des algériens « urinent » en plein public. «  Je me souviens une fois, une femme d’une cinquantaine d’années a uriné en plein Alger entre deux voitures stationnées» dénonce une interlocutrice.  Certains facebookers estiment que si les algériens urinent dans les espaces publics, cela est du à l’absence de l’Etat qui ne joue pas son rôle et ce  en construisant un nombre important de toilettes.

8-critiquer les autres et oublier soi-même ! :

Un facebooker sous le pseudo Toumi Mohamed se veut lucide par rapport à toutes les critiques sur les incivilités : « parmi les gens qui ont commenté, y en a ceux qui sont vraiment gênés par ces comportements parce qu’ils ne les font pas et y voient une anomalie mais beaucoup d’entre eux ont fait une ou plusieurs de ces choses là » constate-t-il.

Toumi Mohamed poursuit « la majorité partent du principe: ce n’est pas moi qui vais  changer quelque chose ».  Il tranche avec cette citation : »celui qui ne sait rien est un imbécile, mais celui qui sais et ne dis rien est un criminel ! ». Une autre internaute commente « il ne faut jamais lancer de pierre quand on habite une maison de verre, personne n’est irréprochable. Donc svp arrêtez de dire que c’est les autres qui sont mal élevés ».

Une abonnée  à la page facebook d’El Watan pense que  « ce qu’il faut, c’est pas de critiquer, mais d’analyser pour trouver l’origine de ce comportement et y remédier ».

9-Impulsivité :

Une internaute évoque ce qui s’est passé au lendemain du match Algérien – Libye. Pour elle, des supporters algériens se sont montrés particulièrement agressifs. Pour elle « il s’agit d’éradiquer des comportements infectes » qu’elle juge très graves car portant atteinte à l’intégrité des personnes.

10- Traverser la rue n’importe où.

« Je pense qu’on marche sur le chemin des voitures plus qu’on marche sur les trottoirs ! » ironise-t-on en réponse à notre post. Marcher sur la voie reservée aux véhicules est l’un des comportements sur lequel les facebookers ont mis l’accent.

*Les incivilités, selon un internaute: être mal habillé- manque d’hygiéne corporelle-odeurs nauséabondes-mauvaises haleines-agressivité du langage: gros mots, excés verbal,  parler en criant -intolérence-manque de respect-mépris d’autrui-obsession sexuelle apparente-grimaces- ne sait pas sourire-manque de courtoisie-bousculer les autres en montant dans le bus ou dans tout autre endroit- ne pas respecter la queue et essayer de passer avant les autres devant lui-crachat, chique et tabac partout-jeter ses ordures n’importe ou- marcher sur la routeréservée pour les véhicules, et vice-versa, des véhicules qui montent sur les trottoirs- etc…

**Au final comment peut-on remédier à toutes ces « tares  comportementales » dans notre pays? Les « extirper » progressivement de nos villes devient une nécessité, voire une urgence. Seule une volonté citoyenne peut venir à bout de ces  incivilités. Des incivilités qui nous empêchent malhereusement de voir les comportements positifs dont font preuve beaucoup d’algériens.*El Watan-21.10.2012.

**Une révolution contre les incivilités

Aujourd’hui, on ne va pas s’étaler ici, comme nous le faisons chaque jour, sur les fléaux sociaux, la corruption, les détournements des richesses nationales ou l’autoritarisme du régime. Non, le mal qui guette depuis plusieurs années l’Algérie et la ronge jusqu’à l’os est, à la fois, plus terrible et plus insignifiant ! Ce mal est devenu si ordinaire qu’il s’est complètement banalisé.  Mais la banalité n’annule pas la gravité car les incivilités empoisonnent désormais la vie des Algériens et des Algériennes. Détritus par terre, déchets sur la voie publique, crachats, insultes, injures à l’encontre d’autrui, bousculades, pieds sur les sièges dans les trains et les bus, conversations vulgaires,  on ne compte plus les incivilités qui transforment l’espace public en une véritable jungle où  aucune règle de la bienséance n’est respectée. A l’extérieur de leur maisons, nos compatriotes se comportent comme s’ils étaient partis en guerre contre la morale et le vivre-ensemble. Ils urinent dans la rue, ils se bagarrent pour un oui ou pour un non, ils agressent les femmes, les enfants et les personnes âgées, ils polluent et détruisent l’immobilier urbain, les comportements les plus vils se déroulent sous les yeux ébahis de nos aînés qui ont vécu et connu, naguère, une Algérie paisible, sereine et surtout mieux éduquée. L’éducation, justement, ce mot revient sur toutes les lèvres car il constitue un véritable problème de société.

La mauvaises éducation, c’est l’explication qu’on ne cesse d’invoquer pour expliquer tel écart de conduite ou telle incivilité. Mais, le temps passe et la loi de la jungle étend chaque jour son autorité sur notre territoire où les inégalités sociales et la qualité de vie médiocre créent un véritable mal-être. Et ce mal-être nourrit de plus en plus ces moeurs rétrogrades qui menacent quasiment nos valeurs morales, religieuses et humaines. Les autorités, quant à elles, affichent une indifférence révoltante. Par leur silence complice, elles encouragent cette immoralité ambiance qui plombe la vie sociale dans notre pays. Et pourtant, les solutions aux incivilités existent bel et bien. De nombreux pays ont lancé des campagnes de sensibilisation pour s’attaquer à ce problème de société. Dans plusieurs pays à travers le monde, le fait de déposer, d’abandonner, de jeter ou de déverser, en lieu public ou privé, à l’exception des emplacements désignés à cet effet par l’autorité administrative compétente, des ordures, déchets, déjections, matériaux, liquides insalubres ou tout autre objet de quelque nature qu’il soit, y compris en urinant sur la voie publique,  est puni d’une amende lourde.

En Chine, un pays qui aspire à devenir une grande puissance mondiale, les autorités n’ont pas hésité à lancer une campagne de « civilisation » pour bannir les incivilités de l’espace public. Ainsi, en 2006, la municipalité de Pékin a lancé une campagne pour encourager les gens à ne plus cracher, jeter des détritus ou laisser des crottes de chien sur la voie publique. Des amendes ont été mises en place pour les contrevenants et, quelques années plus tard, cette campagne a donné ses fruits puisque, de l’avis commun des étrangers qui visitent régulièrement la Chine, les Chinois ont appris à se conduire dans les lieux publics comme ils le font chez eux. Pourquoi ne pas s’inspirer de cette expérience ? Pourquoi persistons-nous à croire que l’Algérien n’est pas concerné par l’élégance du comportement qui va de pair avec l’élégance morale ? Il est clair qu’aujourd’hui, l’Algérie doit connaître une révolution. Mais cette révolution doit être surtout dirigée contre les incivilités. Et pour cela, il faudra tôt ou tard rétablir la dictature de la loi…*A-F.26.03.2013.

**Réaction d’un internaute:

Il faut effectivement imposer la dictature de la Loi. Mais qui va l’imposer ? Il faut des compétences pour cela, des personnes intègres à tous les niveaux qui gèrent le pays, qui pensent à l’intérêt du pays avant le leur. Une justice indépendante et impartiale, des élus compétents et pas béni-oui-ouistes,  des associations actives ….    C ‘est ça le problème. Et c’est ce  qu’il faut régler en priorité. Il paraît alors que cette incivilité chronique et écœurante  résulte non seulement d’une absence de sensibilisation médiatique à assumer par les pouvoirs publics, d’une application de la loi  avec deux poids deux mesures, mais également d’ une  forme  de sédition du petit peuple, des jeunes en particulier, contre la corruption qui démobilise et révulse,  la Hogra, les discours creux,  les passe-droits, la misère sous toutes ses formes, ,  ….Oui il faut des Lois applicables pour tous. Ceux qui l’appliquent doivent être propres. Et en parlant de de propreté,  quand on veut nettoyer des escaliers, on commence en principe par le Haut. Là, je viens de lire à l’ instant, que le domicile de Chakib Khelil a été perquisitionné. C ‘ est une très bonne chose, si toutefois ce n’est pas une lutte et des règlements de compte au sommet. L ‘ idéal serait d’aller jusqu’ au bout !En un mot il faut installer les bases d’une DEMOCRATIE.

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*Ces jeunes trop grossiers!

F-lash-back : Skikda au courant des années 1960-1980 : Alors que dans d’autres contrées, la grossièreté était presque une marque déposée, à Skikda, on cultivait encore le respect,  la citadinité et le civisme comme un label. Puis vinrent les années 2000. Ailleurs, d’autres villes du pays ont évolué en léguant les «insanités» aux archives collectives de la société. A Skikda, comme dans plusieurs villes de l’Est du pays d’ailleurs, on a fait le contraire…on a reculé pour emplir la rue d’un florilège de grossièretés et d’obscénités.

Intolérable ! Aujourd’hui à Skikda, cette ville dite méditerranéenne, il devient difficile de se promener en famille sans se faire agresser par ces mots trop «déplacés». Des jurons à connotation sexuelle et blasphématoire sont semés au quotidien en veux-tu en voilà. Sans vergogne ! «La grossièreté fait désormais partie de notre quotidien et on est obligé de faire avec. Que faire sinon ? Moi j’ai peur d’interpeller ces jeunes qui blasphèment, alors je fais semblant de n’avoir rien entendu», témoigne Louiza, une enseignante.

Ce témoignage, on peut le recouper avec des centaines d’autres, des milliers même, tellement le mal est profond. «Mais c’est normal», vous diront les jeunes. C’est normal, comme le manque de débouchées, de culture, de sport, de travail, le manque d’amour surtout, de projections aussi et de vie tout simplement. Génération «Normal», le vocable le plus utilisé par cette jeunesse, a fini par se «normaliser» pour devenir une référence sociale.

Un mode de vie et de pensée juvénile. Tout est donc «Normal» et les jurons en font «normalement» partie. La boucle est bouclée. Il suffit de flâner aux Arcades de la ville, aux alentours du marché couvert, devant les perrons des CEM et d’autres lycées de la ville pour ouïr tant et tant de «mélodies» d’insultes et d’insanités. Un chapelet de mots orduriers énoncé par des jeunes, des enfants de «la ville» comme on aime à le marteler ici à Skikda. Des jeunes, bien dans leur peau, bien habillés, au look très In et au-dessus de tout soupçon, usent de mots déplacés, juste pour se faire la conversation.

Ils ne sont pas «énervés» et n’ont aucune rixe à honorer. Les jurons s’incrustent dans leur langage, comme s’il s’agissait de simples expressions. Ils n’ont d’égard ni aux passants, ni aux dames, ni aux familles. Ils sont durement convaincus que leur «violence verbale» n’est qu’une manière «speed», pour échanger.  «C’est Normal !» disent-ils.

Le stade, chaudron de l’indécence

Ces jeunes «impertinents» ne sont pas les seuls pourvoyeurs de l’insanité urbaine. D’autres lieux et d’autres groupes sociaux en font dans le réflexe verbal du juron. «A chaque fois que la  JSMS,  le club local, accueille au stade du 20 août 1955, je fais tout pour éviter de rentrer chez moi.

Depuis qu’on a ouvert ce stade implanté au centre-ville aux rencontres sportives de la JSMS, rester chez moi m’est devenu impossible», témoigne un habitant de la cité du 20 août 1955. Une cité mitoyenne du stade communal du même nom. Pourquoi ? La réponse est à chercher auprès des familles dont les demeures se trouvent près du stade.

Il s’agit des familles des cités populaires de Merj Eddib, du 20 août et de Boulkeroua qui ceinturent le stade. «Imaginez des slogans d’injures et de grossièretés à connotations sexuelles, amplifiées par les gosiers de milliers de supporters qui raisonnent clairement et explicitement dans votre cuisine, au moment même où vous vous apprêtez à passer à table avec votre femme et vos enfants. Imaginez seulement ce scénario, car vivre ce calvaire reste une épreuve impossible pour le plus indulgent des citoyens», explique un habitant de Merj Eddib.

Moralité de l’histoire: Skikda n’existe plus… elle n’est aujourd’hui qu’une ville mutante qu’on ne reconnaît plus. Dommage!  *Khider Ouahab–El Watan-21/01/2015

*réactions d’internautes:

*A chaque fois qu’on fait des remarques à un algérien il récite la même litanie: je suis musulman. C’est faux! un vrai musulman est propre, bien élevé, bien éduqué etc..Ceux qui sont sales, mal éduqués, et insolents, ce sont de faux musulmans. 

*La maman laisse ses gosses dehors pour qu’elle puisse discuter tranquillement avec ses copines venues lui rendre visite à la maison. Le papa est au travail et quand il rentre le soir, il est fatigué, il n’a pas le temps de s’occuper de ses marmots et remet toujours au lendemain ce qu’il aurait dû faire la veille. Le Mazèle in rali. Entre temps, les gosses traînent les rues, mauvaises fréquentations, ils fument des joints de drogue puis des larcins, ils fument, Chéma, ils crachent, des insultes et tout doucement cela monte en gamme jusqu’au jour où les gosses sont irrécupérables deviennent des délinquants, échec scolaire, pas de travail donc partent avec un handicap considérable vis à vis des autres. Ensuite, ils veulent draguer des filles mais ils n’ont aucune situation professionnelle, pas de logement, habitent chez leurs parents jusqu’à 40 ans, pas d’argent donc forcément aucune femme ne voudra de ces loubards très grossiers qui se traduit par une frustration d’où cette excitation vis à vis des femmes.

*La société a beaucoup changé et supporte même l’indignité avec facilité. Les personnes qui disent des grossièretés sans rougir ne sont pas éduquées et ne sont pas dignes de représenter notre peuple qui est Musulman et notre religion nous exige de respecter les gens quels que soient leur âge, leur religion ou leur sexe. Actuellement, personne ne joue son rôle d’éducateur, ni la mosquée, ni les médias, ni les parents. Quand il n’existe pas de justice dans la société chacun se croit Rambo et fait ce qu’il veut et dit ce qu’il veut. Il s’en fout des autres, c’est la loi de la Jungle et c’est pour ça que l’argent est détourné dans l’impunité totale au vu et au su de tout le monde.

*J’étais et je le suis, un citoyen de Skikda et je partage votre constat éloquant de la situation sociale qui prévaut dans cette charmante méditérrannéene . En effet, le civisme et la culture sociale et en générale se sont arrétés et figés dans le temps .Ceci n est que le reflet de la mauvaise gestion socio-culturelle et qui est encore menée par l imcompétence des responsables voir les personnes « a peu prés » et sans projet NI vision à long terme . Depuis Le 1er wali de Skikda et jusqu à l heure actuelle , SKIKDA est toujours le sceau de l ‘ arrivisme et la spoliation de la ville . C’ est désolant de voir cette image qui colle autant . La jeunesse à besoin plus d ‘ occupation , de diversité et d’ echange culturelle… dans la continuité tout en instaurant des résponsabilités civiques .

***La violence verbale est insécable des autres incivismes

Auteur de «Aménagement du territoire, désurbanisation et violences urbaines en Algérie», in Management et Sciences Sociales, édition l’Harmattan, Paris, 2008, Allaoua Bendif reste l’une des figures universitaires des plus actives à Skikda. Il estime pour sa part qu’on ne peut «parler de violence verbale exclusivement», et d’expliquer : «Est-il envisageable qu’au sein d’un espace social donné, la plupart des aspects de la vie de tous les jours soient paisibles et que la communication verbale fasse exception ? Il me semble donc plus rationnel d’envisager cette dernière comme l’une des multiples formes de la violence qui s’installe de manière de plus en plus visible dans les rapports sociaux dans notre pays».

Abordant par la suite «l’explication rationnelle» à la question des violences, dont celle verbale, M. Bendif dira «c’est un déficit de plus en plus dommageable dans les capacités éducatives de notre société et de ses démembrements éducatifs les plus importants: la famille diversement diminuée sur le plan spatial (crise du logement /espace d’éducation et de socialisation…) matériel et pécuniaire, culturel etc…, l’école en crise chronique de croissance, de modernisation et livrée depuis longtemps à la pression idéologique, la ville qui n’est pas une simple agglomération de citoyens mais une entité spatiale sociétale dont l’organisation et les différents équilibres impactent, de manière significative, en qualité et en quantité, l’éducation et la socialisation des comportements individuels et collectifs».

En plus de ces dysfonctionnements sociaux, M. Bendif juge que beaucoup de déficits minent la société et cite : «Nos villes, démographiquement surchargées, sont déficitaires en habitat social, en voirie, en équipements publics, en espaces ludiques pour les enfants, en infrastructures socioéducatives, sportives et culturelles de masse pour les jeunes, en espaces verts etc..».

Tout ceci ne permet pas, selon notre interlocuteur, d’éduquer et n’offre «que peu de possibilités de canaliser les énergies agressives», avant d’aller plus loin et d’estimer que «le problème c’est que ce déficit d’éducation ne fait pas que ne pas éduquer: il «déséduque» désormais activement et participe à l’apparition de comportements et de pratiques inciviques, voire antisociales, lesquelles, banalisées et chronicisées, ont progressivement donné naissance à une véritable sous-culture violente, dont la violence verbale est l’une des composantes visibles.

C’est en ce sens que je pense que la violence verbale est insécable de ces incivismes éventuellement violents et agressifs, que non seulement notre société actuelle n’arrive plus, en amont, à en éduquer suffisamment les éléments constitutifs pulsionnels (l’agressivité naturelle), ni à  les contenir et à les rééduquer en aval, en raison de ses divers déficits socioéducatifs de plus en plus marqués et de plus en plus pesants dans l’éducation et la formation de l’homme et du citoyen algérien», conclut-il.  *Khider Ouahab–El Watan-21/01/2015

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