Crimes d’honneur

**Entre 15.000 et 20.000 femmes sont tuées chaque année dans le monde

** 675 femmes tuées en 2011 au Pakistan

Au Pakistan, au moins 675 femmes et jeunes filles ont été tuées durant les neuf premiers mois de l’année 2011 pour avoir bafoué le sacro-saint « honneur familial », selon la Commission des Droits de l’Homme au Pakistan. Les militants poussent le gouvernement à aller plus loin dans la poursuite en justice de ces crimes. Ces enquêtes sont, la plupart du temps, abandonnées par la police qui ne veut pas s’immiscer dans des affaires dites « familiales ».

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 Ali Dayan Hasan, directeur de l’Observatoire des Droits de l’Homme au Pakistan déclarait à l’AFP que « l’incapacité du Pakistan à faire respecter la loi, laissant ces questions aux mains des tribus ou des anciens » est un facteur majeur dans le nombre de meurtres d’honneur. « Nous avons un système, au Pakistan, où le recours judiciaire n’existe pas, ce vide est comblé par les anciens, dans les villages. Une combinaison de réformes juridiques, de l’exercice de l’autorité administrative et de conscience sociale peut largement améliorer le contrôle de ces crimes d’honneur. »

Un mariage d’amour est un déshonneur

Le Centre Pullitzer explique que les assemblées locales tribales déclarent kari  (« femme noire »), une femme qui aurait choisi elle-même son mari, ou dont on aurait dit qu’elle avait agi de manière à déshonorer sa famille. Afin de restaurer cet honneur, la famille, ou la tribu, doit tuer cette femme. Selon la Commission des Droits de l’Homme, au moins 71 des victimes avaient moins de 18 ans. Un officiel pakistanais, qui parle sous couvert d’anonymat à l’AFP, explique qu’il n’y a pas vraiment de réduction du nombre de ces meurtres en 2011. En 2010, 791 crimes d’honneur ont été recensés au Pakistan. Environ 450 femmes tuées entre janvier et septembre étaient accusées de « relations illicites » et 129 de « mariage sans permission ».

Certaines des victimes ont été violées, parfois collectivement avant d’être tuées. Selon les chiffres, 19 auraient été tuées par leur fils, 49 par leur père et 169 par leur mari. Selon la Commission des Droits de l’Homme en Asie, les hommes peuvent également être victimes de crimes d’honneurs. ( JOL Press…30/12/2011  )  


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*Les crimes d’honneur, une réalité européenne

Les crimes d’honneur ne sont pas réservés aux provinces reculées du Pakistan, de la Turquie ou de l’Inde. En Europe occidentale aussi, des jeunes femmes sont torturées et tuées par des membres de leur famille à cause de leurs fréquentations, de leur façon de s’habiller ou de leur refus de se soumettre à un mariage forcé. En clair, parce que leur attitude laisse planer un doute sur leur virginité. C’est le constat de la fondation suisse Surgir, spécialisée dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Très prudent dans sa volonté de ne « stigmatiser » aucune communauté, le rapport publié par Surgir établit un lien direct entre ces assassinats et l’immigration, tout en soulignant que, « majoritairement pratiqué au sein des communautés musulmanes, le crime d’honneur l’est aussi par les communautés sikhs, hindoues et chrétiennes ». Entre 15.000 et 20.000 femmes sont tuées chaque année dans le monde, selon les estimations des organisations non gouvernementales, par un cousin, un frère ou un père craignant l’opprobre de la communauté. « Plus qu’un permis de tuer, c’est un devoir de tuer », écrit Surgir, qui note que « le déshonneur [d'une fille] est une menace d’exclusion sociale pour toute la famille élargie ». Dans le cas de communautés immigrées, la crainte de l’assimilation peut renforcer ce besoin de protéger le groupe, alors que le mariage mixte et l’émancipation des jeunes générations sont perçus comme des menaces.

Aucune statistique précise n’existe sur le sujet et la loi du silence est de mise dans les familles. Les chiffres avancés par la fondation reposent sur des estimations policières, quand celles-ci distinguent violences domestiques et violences liées à l’honneur, et sur l’étude de coupures de presse. Aux Pays-Bas, la police estime que treize meurtres ont été commis en 2009 au nom de l’honneur ; au Royaume-Uni, une douzaine de cas sont recensés chaque année ; en Allemagne, soixante-douze jeunes filles ont été tuées en dix ans ; en France, depuis 1993, une dizaine de cas ont été évoqués dans les médias, en grande majorité dans les communautés indiennes, pakistanaises, sri-lankaises, kurdes et turques. Le rapport évoque plusieurs cas enregistrés chaque année en Suède, en Suisse ou en Italie. En octobre 2010, par exemple, à Modène, une Pakistanaise de 20 ans et sa mère de 46 ans se sont opposées au mariage arrangé prévu pour la jeune femme : le père et le fils ont tué la mère à coups de barre de fer et blessé grièvement la jeune fille. Le Parlement européen et le Conseil de l’Europe ont avancé pour la première fois en 2003 des recommandations d’ordre général. Mais seuls les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont adopté un dispositif complet, alliant prévention auprès des associations d’immigrés, protection des témoins, formation des policiers et création d’unités spéciales. Dans les textes britanniques, le mot « honneur » est, à la demande explicite du gouvernement, précédé de la mention « so called » (« prétendu »). La fondation Surgir appelle les autres Etats européens à prendre des mesures – le code pénal italien prévoit notamment une réduction de la peine pour les crimes commis sur fond de « traditions culturelles » – tout en soulignant qu’un durcissement des législations entraîne systématiquement une hausse des suicides maquillés et pousse les familles à désigner un meurtrier mineur qui sera moins sévèrement jugé. (Le Monde-15.11.2011.)

***Israël : répression grandissante des femmes…

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Forte de sa présence dans les hautes sphères politique, la communauté ultra-orthodoxe israélienne a su imposer une discrimination grandissante envers les femmes aussi bien dans l’armée que dans la vie publique…L’armée israélienne, dans laquelle les femmes ont servi depuis l’instauration de l’État, a été au centre des préoccupations lorsqu’il a été révélé que des recrues mâles ont quitté des cérémonies pendant lesquelles chantaient des femmes, clamant que cela offensait leur interprétation de la décence. Bien qu’obligatoire pour chaque Israélien et Israélienne de 18 ans, les hommes pratiquants peuvent échapper au service militaire s’ils font le choix de rejoindre des séminaires religieux. La querelle du moment est entre l’égalité des genres dans la tradition de l’armée et les nouvelles recrues religieuses qui revendiquent leurs valeurs. De plus, un incident impliquant Chany Ma’ayan, professeure de médecine pédiatrique à l’Hôpital Universitaire d’Hadassah, a fait les gros titres quand il fut révélé qu’en septembre dernier, elle remporta un prix décerné par le ministère de la Santé mais que, suivant les directives du vice-ministre de la Santé Ya’akorv Litzman, un ultra-orthodox juif, elle n’était pas invitée sur scène pour recevoir sa récompense, à l’inverse des hommes récompensés. « C’était un événement public impliquant un vice-ministre d’État », disait le Dr Hanna Kehat, directrice du Kolech, une organisation de femmes religieuses professionnelles, dans une interview accordé à Israel Radio. « Il s’agit d’un incident de discrimination grossière, laquelle est interdite par la loi et il est difficile de croire qu’elle ait, en effet, eu lieu…Ces événements reflètent une audace en expansion de la part des figures religieuses en Israël. D’autre part, Molly Malekar, la directrice du Centre d’Orientation pour Femmes, dit, dans un interview avec le GlobalPost : « C’est un rebond contre le rôle croissant de la femme dans la sphère publique israélienne et contre la reconnaissance pour les causes des femmes. »

« Les ultra-orthodoxes  agissent ainsi à cause d’un point de vue erroné : ils voient un conflit dans le rôle des femmes dans la sphère publique tel l’affrontement entre la foi et le manque de foi, entre idéologie et mode de vie. La vérité, bien sûr, est que ce conflit est entre deux fois » commentait auprès du GlobalPost, l’auteur, la personnalité télévisuelle et le commentateur social Yair Lapid. Le GlobalPost a tenté de recueillir une réponse des membres ultra-orthodoxes du Conseil de la Ville de Jérusalem, mais tous ont refusé de répondre aux questions sur le sujet des femmes dans la sphère publique. Un porte-parole, qui a demandé l’anonymat, a dit que la question était un « sable mouvant » pour tout politicien ultra-orthodoxe. Comment Israël a-t-il atteint ce point ? Parmi d’autres raisons, la société ultra-orthodoxe, une minorité dans la population israélienne, a renforcé son influence dans la politique de la Nation et auprès des partisans à cause des fragiles coalitions qu’ont formé les gouvernements israéliens, qui exigent souvent des personnes influentes au sein des partis minoritaires. De plus, des changements dérangeants dans la société ultra-orthodoxe ont poussé certains à se retrancher.( source: JOL Press-  19/12/2011 )

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