05 juillet 1962
*Les martyrs se sont sacrifiés pour une «République sociale»
Qu’est devenu ce rêve 49 ans plus tard?
C’est aujourd’hui que les Algériens fêtent le 49e anniversaire de leur Indépendance mais tous les regards sont déjà tournés vers le 50e anniversaire. Pour une raison simple. Tout le monde, ou presque, est avide de faire de cette célébration un moyen de s’affirmer vis-à-vis de l’ex-puissance coloniale. Des épisodes houleux de la relation chaotique entre l’Algérie et la France ont été vécus ces dernières années. L’un des dossiers encore en litige a été celui de la repentance. Périodiquement, cette revendication revient au-devant de la scène. La dernière visite à Alger du ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a été une nouvelle opportunité pour s’exprimer sur le sujet. Selon lui, la France a résolument pris le parti de ne plus se lancer dans des demandes de pardon. Le dossier est-il clos pour autant? Certainement pas du côté algérien même si certains estiment que le colonialisme a été chassé à coups de fusil et qu’il ne reste plus de motifs à récriminations sur la question. Des mobiles liés à la diplomatie sont aussi mis en avant pour écarter cette éventualité. Il semble aussi que certains ne veulent pas attiser les lignes de partage avec la seule puissance nucléaire officielle en Méditerranéen ni approfondir le fossé avec un partenaire économique important. Mais au-delà de ces considérations de politique étrangère, c’est aussi et surtout, sur le plan interne qu’il faut chercher des significations, un sens à donner à cette fête nationale.
L’indépendance, oui, mais quid des libertés et du progrès? Opposants et officiels sont d’accord pour parler de crise. Politique d’abord et économique ensuite. Pour contourner cette impasse, les autorités ont vite fait de mettre en place des plans de développement et des consultations politiques. Le professeur Abderrahmane Mebtoul est l’un des observateurs à avoir effectué une synthèse sur la situation de l’Algérie qui fête ses 49 années d’indépendance. Il conseille d’éviter la sinistrose car, selon lui, «tout ce qui a été entrepris depuis l’indépendance politique n’a pas été totalement négatif, surtout après une décennie sanglante entre 1990/1999 où la demande sociale a été comprimée et l’économie à l’arrêt».
Dans une contribution adressée à la rédaction, il poursuit en soulignant qu’il faut également éviter l’autosatisfaction. Il commence par se pencher sur le sort des 36,3 millions d’habitants en précisant les défis que cela impose puisque la demande d’emplois additionnelle varierait entre 300.000 à 400.000 personnes par an. En plus de la lutte contre le chômage, les pouvoirs publics ont aussi la tâche de chercher des solutions à d’autres phénomènes à l’instar des sureffectifs des administrations, des entreprises publiques et des emplois dans la sphère informelle. Le pays compte dépenser 286 milliards de dollars en quelques années pour redonner vie à la sphère économique et redynamiser le front social. Mais là aussi, il est considéré que le taux d’efficacité des dépenses sociales est faible.
En réalité, la société entière reste tributaire, voire prisonnière de la rente des hydrocarbures qui participe pour plus de 80% directement à la dépense publique, ne laissant à ceux qui créent la richesse que moins de 20%.
Mais à qui est destinée cette rente? On sait que 70% des travailleurs perçoivent moins de 200 euros par mois alors que le Snmg a plus que doublé en passant de 6000 à 15.000 dinars ces dernières années. Dans la rue, diverses catégories de la population manifestent depuis des mois. Nombreux sont eux qui s’inquiètent de la dégradation de leur pouvoir d’achat. Aussi, une interrogation s’impose: comment est-ce qu’un Algérien, qui vit au Snmg, (120 euros par mois, soit 4 euros par jour alors que le prix du kilo de viande dépasse 9/10 euros, fait face aux dépenses incontournables et incompressibles: alimentation, transport, santé, éducation? En d’autres termes, ils estiment que les Algériens ont droit à de meilleures conditions de vie. Et de rappeler ce principe de «République sociale», qui a été inscrit dans la Déclaration du 1er Novembre 1954. Qu’est devenu ce rêve près de 50 ans plus tard? (L’Expression-05.07.2011.)
**48 ANS APRÈS
Sommes-nous réellement indépendants?
«La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent» Albert Camus.
5 juillet 1962, Jules Roy en parle élégamment: «Ce fut une fête énorme, tonitruante, formidable, déchirante, d’un autre monde. Des hauts de la ville jusqu’à la mer, les youyous vrillaient le ciel. C’était la nouvelle lune.» 5 juillet 2010. Notre indépendance a atteint l’âge de raison. Mais l’Algérie peine toujours à se redéployer dans un environnement mondial de plus en plus hostile. Est-ce parce qu’elle n’abrite pas en son sein les compétences à même de la faire sortir de l’ornière? Est-ce qu’elle n’a pas les ressources qui lui permettraient de financer son développement? Non! Comment alors expliquer cette panne dans l’action qui fait que nous sommes encore à chercher un projet de société et à vivre au quotidien gaspillant une rente imméritée qui hypothèque lentement mais sûrement l’avenir de nos enfants, leur laissant ce faisant, une terre inculte, ouverte à tout vent où rien de «construit» par l’intelligence de l’homme ne lui donnera une singularité.
Comment et pourquoi la Révolution a embrasé l’Algérie? Deux faits résument l’état de délabrement physique et psychique de la société algérienne disloquée par 130 ans de racisme. Faut-il évoquer, comme le rapporte le Journal de la Révolution El Moudjahid, ces officiers bourgeois qui se faisaient transporter à dos d’homme par des «portefaix professionnels» à un bal du duc d’Orléans, et portant l’inscription infamante «Arabe soumis» que, par ordre de Bugeaud, des Algériens étaient tenus d’afficher sur leurs vêtements. A bien des égards, vu le combat titanesque de ces pionniers qui ont fait démarrer l’Algérie à l’Indépendance, nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants.
On le sait. Avec un rituel de métronome, chaque année nous réchauffons péniblement une symbolique à laquelle les jeunes qui, sans être éduqués dans le culte de la patrie, ont au fond d’eux-mêmes le «feu sacré». Dans une contribution remarquable, le journal La Tribune avait donné la parole aux jeunes des différentes régions du pays et leurs aveux sans concession sur ce que c’est le drapeau, l’indépendance qui sont pour nous des leçons de vérité. Ecoutons-les «(…) Les récentes sorties victorieuses de l’équipe nationale de football ont enflammé la jeunesse algérienne et ravivé des espoirs enfouis et réprimés au fin fond de toute une jeunesse désoeuvrée et en mal de repères». Selon notre interlocuteur, plus d’une dizaine de jeunes harraga, en grande partie de Mostaganem, qui avaient préparé leur traversée depuis des mois, ont rebroussé chemin pour fêter la victoire de l’EN avec leurs frères et amis. «Ils avaient emporté une radio et ont suivi le déroulement du match. Certains avaient peur de rentrer, mais tout le monde avait fini par décider de vivre ces instants magiques dans les rues de la ville. Ils ont défilé toute la nuit jusqu’au petit matin. Ils sont repartis le lendemain. Je ne sais pas s’ils sont arrivés ou pas», notera notre interlocuteur. (1)
En quête d’un projet de société
L’Algérie actuelle fait les choses à moitié avec l’ancienne puissance coloniale. Nous n’avons pas été constants dans notre démarche. Il est important d’une façon ou d’un autre, d’apurer ce contentieux qui dure depuis plus 178 ans. Les traumatismes subis par l’Algérie sont spécifiques et notre errance actuelle, entretenue aussi bien à l’intérieur que de l’autre côté, plonge ses racines dans le cataclysme qui eut lieu un matin de juillet 1830. Un certain général de Bourmont prenait en otage l’Algérie et donnait le «la» à la mise en coupe réglée d’un pays par la décimation de sa population. Mais ce serait une erreur de croire que l’ex-pouvoir colonial reconnaitra sa faute, il faut en tirer les conséquences, toutes les conséquences en ne comptant que sur nous-mêmes, en connaissant nos intérêts, en nous battant en dehors de toute nostalgie. Le monde a changé et les partis actuels seraient utiles en incitant les Algériens à travailler, s’instruire, bref être une nouvelle Révolution, celle de l’intelligence.
A l’Indépendance, nous étions tout feu, tout flamme et nous tirions notre légitimité internationale de l’aura de la glorieuse Révolution de Novembre. La flamme de la Révolution s’est refroidie en rites sans conviction pour donner l’illusion de la continuité. L’Algérie de 2010, qu’est-ce que c’est? Un pays qui se cherche, qui n’a pas divorcé avec ses démons du régionalisme, du népotisme? qui peine à se déployer, qui prend du retard, qui vit sur une rente immorale car elle n’est pas celle de l’effort, de la sueur, de la créativité? C’est tout cela en même temps! «La lutte pour l’indépendance, disait Aimé Césaire, c’est l’épopée de l’indépendance acquise, c’est la tragédie.» Le pays s’enfonce inexorablement dans une espèce de farniente trompeur tant que le baril couvre notre gabegie-. Après, ce sera le chaos.
Quand on dit que nous avons 800 laboratoires de recherche, qu’avons-nous créé de pérenne? Est-ce que l’Université est en phase avec le développement? Le pays s’apprête à dépenser 286 milliards de dollars dans l’installation d’infrastructures, de logements, quelle est la contribution de l’Université? Non, elle est tenue soigneusement à l’écart! On fait sans elle! En 2014, nous serons au même point! Certes, nous aurons un réseau d’autoroutes, qui nous permettra de gaspiller l’énergie puisqu’elle est gratuite, on peut même l’importer pour des centaines de millions de dollars pour satisfaire les exigences du citoyen.. On construira encore 1 million de logements pour satisfaire la demande sociale d’une population dont la démographie est incontrôlée. Véritable tonneau des Danaïdes qui fera que l’on ne pourra jamais satisfaire une demande débridée. Nous aurons de nouveaux barrages qui nous permettront encore de gaspiller un certain temps car l’eau est gratuite (1 m3 d’eau = 6 DA, 1,5 litre d’eau minérale = 25 DA, c’est-à-dire l’équivalent de 4 m3 d’eau potable!!) On achètera encore des voitures invendues et invendables en Europe car elles dépassent 130 g de CO2 par km, ici on ne prend pas en compte ce critère l’essentiel est que 3 milliards de dollars de pétrole et de gaz sont dépensés d’une façon irrationnelle. On achètera encore des fours, frigidaires…les plus énergivores car l’électricité est gratuite pour le moment. Jusqu’à quand?
Dans la division du «travail» du pouvoir actuel elle a pour rôle de gardienner pendant un certain temps les jeunes, peu importe ce qu’ils apprennent, il n’y a pas de travail pour l’immense majorité d’entre eux. On nous dit que le taux de réussite au Bac serait autour de 66%. Que représente ce chiffre? Une élévation réelle du niveau ou un abaissement inexorable des critères universels sanctionnant la fin du cycle secondaire? C’est assurément la déliquescence de l’acte pédagogique avec, fait nouveau, l’obligation de valider l’année quel que soit le nombre de jours d’enseignement, avec des «artifices» qui n’ont rien de scientifique. C’est aussi un grand malheur que les baccalauréats des filières scientifiques (mathématiques et technique), qui structurent l’intelligence de l’élève, aient pratiquement disparu au profit d’un baccalauréat des lettres hypertrophié et d’un Bac sciences fourre-tout. L’avenir de l’Algérie est largement compromis; nous ne formons pas en qualité les scientifiques et les technologues de demain. Quant au ministère de la Formation professionnelle, on à peine à comprendre sa logique. Il eut été hautement profitable dans le cadre du premier plan de former des cohortes de jeunes au contact des Chinois et Japonais de l’autoroute, des Chinois des Turcs qui s’occupent du logement, des Français qui s’occupent des barrages…Voire négocier la mise en place de centres de formation professionnelle in situ au lieu de vouloir faire à tout prix les enseignements du supérieur.
J’avais dit dans un article précédent où j’analysais le phénomène du «Mondial» que l’Ecole en Algérie, ne fait plus rêver! Ce n’est plus un ascenseur social. D’autres niches beaucoup plus juteuses sont explorées. Quand un entraîneur de foot reçoit d’après les publications internationales du Mondial 250.000 euros pour sa participation au Mondial, quand il dit on est payé à un million de DA/mois, Quand des joueurs, pour la plupart vivant en France, reçoivent en une fois l’équivalent de 8 carrières d’un professeur d’université, il ne faut pas s’étonner que les parents d’élèves ne cherchent plus la meilleure école pour leurs enfants, mais le meilleur club pour l’entraînement de ces joueurs en herbe. Non! l’Algérie ce n’est pas cela! L’Algérie des Larbi Ben M’hidi, des Didouche Mourad, des Krim Belkacem des Mohamed Boudiaf et de tant d’autres anonymes qui ont donné leur vie pour que nous soyons indépendants, ce n’est pas cela. Cela ne doit pas être cela!
Où est l’Algérie de Benboulaïd?
Que reste-t-il de ce feu sacré qui animait l’Algérie au sortir de l’Indépendance? Articuler le social et le national au lieu de les opposer, c’est redonner au peuple un nouveau projet de la force et de la puissance de la Révolution. Peut-être qu’il faille une nouvelle révolution de l’intelligence où chacun se reconnaît, un espace qui fédère tous ceux qui ont des choses à dire et des choses à faire avec l’assentiment du plus grand nombre en ne comptant pas sur la rente, qui a fait de nous des paresseux et qui, à tort ou à raison, cristallise les rancoeurs de tous ces jeunes sans qui il n’y aurait pas d’Algérie. Il faut en définitive faire émerger de nouvelles légitimités basées sur le savoir, bien dans leurs identités, pétries de leur histoire et fascinées par le futur.
Pour Lahouari Addi tout se ramène en définitive à la formation des hommes Ecoutons-le: «Le combat pour une université digne de ce nom, productrice de savoirs, animée par des enseignants-chercheurs respectés, est un combat qui engage l’avenir. Vous luttez pour que les compétences restent au pays, parce que, dans l’ère de la mondialisation, payer un professeur 400 euros par mois, c’est inciter l’élite intellectuelle à quitter le pays. L’enseignant universitaire est devenu, en quelques années, un employé paupérisé, alors qu’ailleurs, aux USA, en Europe, au Japon, il est une autorité sociale. En Algérie, c’est à peine un petit fonctionnaire luttant pour survivre dans une société où il n’est plus un modèle pour les jeunes, dans une société où l’échelle des valeurs a été bouleversée. Si l’Université est dans la léthargie, cela voudrait dire que la société civile n’en est pas une…»(2) Cela me rappelle une petite histoire. Deux professeurs algériens décident dans les années 80, lors d’une soutenance de thèse à Tlemcen, de visiter l’université d’Oujda distante d’une cinquantaine de km. Après avoir fait longuement la chaîne et traversé le no mans land après la frontière algérienne, il font la chaîne du côté marocain, pas longtemps.
Un policier vérifie rapidement les passeports des Algériens et prend ceux des deux professeurs algériens, il revient quelques minutes plus tard, et conduit les deux professeurs dans le bureau du lieutenant qui les reçoit avec bienveillance et chaleur, les fait asseoir, leur offre le thé et va jusqu’à leur donner ses coordonnées personnelles au cas où ils auraient besoin de lui. L’un des collègues lui posa la question: «Pourquoi ce traitement de faveur?» Joignant le geste des deux mains sur sa tête, le lieutenant dit «Notre roi nous a dit de mettre nos professeurs au- dessus de nos têtes»…C’est peut-être là une expérience à considérer. Les universitaires marocains travaillent dans un environnement propice à l’ouverture internationale, ils invitent même pour de longs séjours des sommités étrangères.
Ce que nous ne pouvons pas faire chez nous du fait de contraintes de tout ordre.
Que faut-il faire pour que l’Algérie puisse véritablement décoller? Tout se joue dans le temps qui nous sépare d’une génération. Dans 20 ans, si nous ne faisons rien pour ce pays, il n’existera plus en tant qu’Etat indépendant, il sera définitivement satellisé autour d’un Etat puissant et qu’on se le dise, ce n’est plus le nombre qui fait la force d’une nation mais l’intelligence et le pouvoir scientifique. Ne pouvons-nous pas redonner à ce peuple la fierté autrement que par des démonstrations – comme celles lors de la victoire en football – certes belles mais sans lendemain? Ces motifs de fierté font appel au travail, à la sueur, à la patience. En un mot, il faut réhabiliter l’effort autrement que par la distribution de la rente par un ministère qui contribue à la cohésion sociale par le ciment des subventions, et autre filet social au lieu de contribuer à la mise en place d’un environnement propice à la création de richesses.
Où en sommes-nous en ce 48e anniversaire? Il y a un réel problème pour les gouvernants qui, chaque année, s’éloignent un peu plus de la symbolique ô combien unificatrice -si on sait y faire- de l’indépendance.
C’est un fait, nous avons des difficultés à être nous-mêmes et à réveiller la flamme du patriotisme que chacun, à des degrés divers, rêve de voir réanimer pour montrer que tout n’est pas perdu, qu’il est possible encore de tracer un destin pour ce pays. Ce peuple n’a pas besoin du m’as-tu-vu pour croire. Il nous faut chaque fois réinventer le sens de l’Indépendance nationale.
Le nouveau langage n’est plus celui des armes mais celui de la technologie du Web2.0, des nanotechnologies, du génome, de la lutte contre le réchauffement climatique et des nouvelles sources d’énergie du futur.
Il nous faut aussi une stratégie multidimensionnelle concernant l’avenir dans le domaine de l’énergie, de l’environnement, de la sécurité alimentaire et de l’eau Chacun sait que les infrastructures publiques et les équipements collectifs programmés dans les deux plans quinquennaux n’ont pas eu et n’auront pas d’impact (3).
Notre pays doit retrouver le chemin de la sérénité. Il doit libérer les énergies en réhabilitant les valeurs du travail, de l’effort et du mérite. Il n’y a pas d’autre issue.
Imaginons que les 10 millions de jeunes du système éducatif dans son ensemble ont un cap et se mobilisent eux-mêmes autour d’une utopie, celle de la création de richesses. L’Algérie n’aura plus à supplier, elle sera véritablement une nation prospère de sa richesse culturelle scientifique et technologique. Pour cela, seul le parler-vrai permettra à l’Algérie de renouer avec ce nationalisme qui, contrairement à ce que pensent les nihilistes, n’est pas passé de mode, c’est un puissant stimulant et qui peut se décliner avec les outils du XXIe siècle. (L’Expression-05.07.2010.) **Par le Pr Chems Eddine CHITOUR
1. Mohamed Ouanezar Oran: Le patriotisme des jeunes réhabilité par les victoires de l’EN – La Tribune 05-07-2009
2. Lahouari Addi: La représentation du
1er Novembre 54.
http://www.batnainfo.com/?p=539
3. Chems Eddine Chitour: L’Expression du 9 juillet 2009
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*Si Novembre m’était conté
«Un seul héros le peuple». Un slogan, un mot d’ordre qui a mobilisé et galvanisé les masses pour la liberté. Personne ne pensait en ce 1er Novembre 1954 que six «individus», pour la plupart recherchés par la police française ébranleront un système d’exploitation imposé et qui a survécu à tous les «soubresauts» d’un peuple qui désire vivre libre. Rejeter une tutelle de 130 années de colonisation n’est pas une sinécure mais c’est afficher cette volonté inébranlable de ne reculer devant aucun obstacle et ce, jusqu’à la mort. Sept années de guerre et de souffrances pour ce peuple réduit à la misère par des exploitants colonialistes, sept années qu’il est facile, si la volonté a été affichée, pour éliminer toutes les contradictions et par là, éviter le pire des cauchemars, la perte de personnes et enfin, arriver à cette déchirure entre deux peuples qui ont beaucoup de commun après avoir vécu un siècle et demi ensemble. Oui, un clan n’a pas compris et l’autre n’a pas oublié. Ne pas comprendre son prochain est l’un des plus gros pêchés que l’être humain peut commettre et ne pas oublier engendre cette fracture et ce déchaînement de haine, cet orage de coups qui n’apportent que des tempêtes et sèment la mort à tout vent. Oui, la guerre pourra être évitée si le bon sens a prévalu. La concorde serait entretenue. Les regrets ne manquent pas et les séquelles laissées, traînent jusqu’à ce jour cette «xénophobie», ce rejet «viscéral », ce «racisme» moribond. Le mal est fait, il faudrait un remède. La dure réalité est ressentie des deux côtés, sous tendue par cette «absence», cet orphelinat obligé et imposé par l’histoire. Juillet 1962, une date mémorable pour l’opprimé, pour ce moudjahid rentrant du maquis, pour ce prisonnier ayant vécu dans les geôles coloniales, pour cette mère qui pleure son enfant disparu… Autant d’images tristes, balayées par joie d’une rupture, d’une nouvelle vie, d’une renaissance sous un ciel de liberté et de fraternité. L’indescriptible liesse populaire qui a suivi cette journée du 5 juillet 1962 ne peut être racontée par des mots ou immortalisée par une caméra. Ce sentiment de fierté, de liberté, de reconnaissance et surtout d’avoir combattu et battu l’adversaire est à inscrire dans la conscience profonde d’un peuple et le laisser comme ce legs pour les nouvelles générations. Aujourd’hui, plus que jamais nos enfants doivent connaître le passé de leurs parents à travers les écrits. Le politique et la transgression des faits historiques ont complètement anéanti tous les efforts de cette élite et de ces acteurs pour transcrire les faits de guerre. Sommes nous des orphelins de l’histoire ? L’histoire antique est étudiée dans nos écoles! Toutes les épopées des races humaines sont approfondies dans les écoles et les universités! Notre histoire, à nous, faite par nous, vécue par nous, demeure ce terrain vierge. En ce 5 juillet 2009, les quelques souvenirs, les quelques festivités organisées çà et là, les quelques écrits de presse et les conférences suffisent-ils à saisir toute la portée de notre guerre de libération, à cerner ce caractère de fer de Larbi Ben M’hidi, de Boudiaf, de Didouche Mourad, de Krim, de Bitat, et enfin de Ben Boulaid, à saisir cette pensée politique, cette vision lointaine de Abane Ramdane, ce courage exemplaire allié à cette finesse et sagesse de Si El Houas, d’Amirouche, de Mohand Oulhadj, de Bentobal? Hier, ils étaient ces «délinquants », ces «pestiférés» dans leur pays telle est la caricature véhiculée par le colonialisme puis, ils sont devenus ces véritables révolutionnaires, combattants de la liberté, de l’émancipation des peuples, des références pour ces nouvelles générations. «Ces borgnes d’hier sont devenus des lumières d’aujourd’hui». L’histoire est là, il suffit de la transcrire et il est temps de la faire car toute perte de temps créera cette amnésie qu’il est dur de guérir. Le 5 juillet 2009 sera peut-être ce point de départ pour une nouvelle page à écrire. On attend que cela. (Le Courrier d’Algérie-05.07.09.)
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*La symbolique d’une date
«Ce fut une fête énorme, tonitruante, formidable, déchirante, d’un autre monde. Des hauts de la ville jusqu’à la mer, les youyous vrillaient le ciel. C’était la nouvelle lune.»
Jules Roy (Mémoires barbares)
On le sait. Avec un rituel de métronome, chaque année nous réchauffons péniblement une symbolique à laquelle les jeunes ne donnent par l’importance qui lui revient n’ayant pas été suffisamment éduqués dans le culte de la patrie. Etre libre, est-ce être indépendant? La liberté peut-elle se définir par l’absence de contraintes, l’indépendance signifiant n’être soumis à rien ni à personne, être sans entraves? Sommes- nous indépendants? Qu’en est-il de l’emblème national qui a fait l’objet d’une manipulation sans gloire, l’année dernière, qui veut que chacun arbore ce morceau de tissu au fronton de sa porte, singeant par là les Américains qui eux ont intériorisé la dimension magique du drapeau? Parler de l’histoire et du drapeau national en ce 47e anniversaire de l’indépendance, nous fait remonter le temps, où l’étendard en est le symbole de fierté de la victoire. Il a toujours été porté par un soldat élu ou désigné, selon les critères de courage, de conviction et de foi. Serait-il aujourd’hui pour les générations de comprendre à la fois la signification historique et la symbolique que peut représenter l’emblème national dans la vie d’une nation. Depuis, le drapeau a pris une importance capitale dans les guerres et l’identification des nations. La forme et la couleur s’identifient avec le peuple. Le croissant a été de tout temps le symbole de l’Islam. Avec Arroudj Barberousse, notre pays menant une guerre contre les Espagnols réalisa un drapeau tricolore, vert-rouge-jaune, qui resta jusqu’à Kheïreddine Barberousse. (….) En 1830, l’Emir Abdelkader réalisa le drapeau de la nation dans une couleur toute blanche centré par une main ouverte, selon le biographe Henri Churchill alors que, selon le professeur Djermane Laïd le drapeau de l’Emir avait deux couleurs, verte et blanche. En 1934, les couleurs du drapeau algérien étaient vert-blanc-rouge, où le vert symbolisait Tunis, le blanc, l’Algérie et le rouge, le Maroc, celui d’un drapeau du Maghreb Arabe Uni. C’est l’Etoile Nord-Africaine de Messali El-Hadj qui a repris, selon Mahfoud Kaddache, les mêmes couleurs, sauf qu’au centre de la couleur verte et à la limite du blanc, il y a un croissant et une étoile à cinq angles de couleur rouge. C’est le 25 avril 1963, loi n°63/145, que l’Assemblée constituante avait défini ses caractéristiques. Après 132 ans de sombres années coloniales (…)(1)
Dans une contribution remarquable le journal La Tribune a donné la parole aux jeunes des différentes régions du pays et leurs aveux sans concession sur ce que c’est le drapeau, l’indépendance qui sont pour nous des leçons de vérité. Ecoutons-les…le temps de cette confession.
Les récentes sorties victorieuses de l’équipe nationale de football ont enflammé la jeunesse algérienne et ravivé des espoirs enfouis et réprimés aux fins fonds de toute une jeunesse désoeuvrée et en mal de repères. Les jeunes, dans leur majorité écrasante, ont défilé dans les rues de la ville, réanimant des quartiers en berne depuis des décennies. (…) Pour comprendre ce revirement, ou du moins cette nouvelle perception vis-à-vis du mot patrie, nous avons demandé à des jeunes dans le quartier de Saint-Pierre ce qu’ils pensent de ces manifestations de joie et de liesse et en même temps ce qu’ils pensent du phénomène de la harga qui a pratiquement placé ces jeunes dans la catégorie des non-patriotes. Benaceur Othmane, 22 ans, agent à la division de la protection de l’environnement (DPE) de la commune d’Oran, a répondu: «Je ne sais pas. J’ai toujours aimé mon pays. Seulement, on ne s’en rend pas compte. La victoire de l’équipe nationale a réveillé en nous cet amour de la patrie, en fait. C’est vrai, nous sommes livrés à nous-mêmes; nous n’avons rien pratiquement. Moi, je travaille en tant que saisonnier depuis plusieurs mois à la mairie et je n’ai toujours pas été payé(…) C’est pour cela que nous avons ces ressentiments et ces remontrances vis-à-vis de la hogra et des inégalités sociales. En situation exceptionnelle, nous serons les premiers au front. C’est notre pays, nous n’en avons pas d’autres. Que Dieu nous préserve. Nous avons des amis qui ont émigré clandestinement, ils nous appellent et ils nous disent combien ça leur manque les gaâdates, les virées et l’ambiance oranaise, bien de chez nous. (…)» Lors des victoires de l’EN, le jeune Fateh n’a pas hésité un seul instant à brandir l’emblème national, à l’embrasser maintes fois et à crier son amour pour son pays. «Je vous en parle et j’ai la chair de poule. Regardez! C’est vrai que nous sommes en colère contre notre condition déplorable, le piston des élus et des responsables, nous sommes des témoins silencieux sur tout ce qui se passe.(…) Les jeunes n’ont pas envie de mourir à petit feu. Ils ont envie de vivre et à pleines dents. (…) C’est tout. Alors, on nous demande pourquoi on risque nos vies en haute mer? Ils ne peuvent pas comprendre notre condition», s’insurge Fateh. «Si notre pays était menacé, que Dieu nous en préserve, j’irais en première ligne pour le défendre. Il n’y a aucune équivoque là-dessus. Soyez en sûrs. Nous ne sommes pas des traîtres et nous ne le serons jamais. Nous sommes plus patriotes que ceux qui le prétendent, parce que le pays ne nous a rien donné comme eux. Et nous sommes prêts à nous sacrifier pour lui sans hésiter et sans rechigner. Et dire que nous n’avons ni lot de terrain, ni logement pour nous marier, ni maison secondaire et encore moins de voiture et autre chose de luxueux. Nous sommes des jeunes désoeuvrés, en colère et fiers d’être algériens», poursuit-il.(2)
Dernier témoignage poignant: Selon notre interlocuteur, plus d’une dizaine de jeunes harraga, en grande partie de Mostaganem, qui avaient préparé leur traversée depuis des mois, ont rebroussé chemin pour fêter la victoire de l’EN avec leurs frères et amis. «Ils avaient emporté une radio et ont suivi le déroulement du match. Certains avaient peur de rentrer, mais tout le monde avait fini par décider de vivre ces instants magiques dans les rues de la ville. Ils ont défilé toute la nuit jusqu’au petit matin. Ils sont repartis le lendemain. Je ne sais pas s’ils sont arrivés ou pas», notera notre interlocuteur.(2)
Quelle honte!! Pour quitter le pays en quête d’un eldorado. Combien de jeunes vont continuer de faire le bonheur des fonds marins? (…) Le foot aura unifié les citoyens «momentanément». C’est un bon départ dès lors que le drapeau flotte et continue d’émettre ses couleurs jusqu’à maintenant après avoir été en berne durant longtemps si l’on associe la tragédie nationale de la décennie noire. Une résurrection du 5 Juillet prend en effet naissance à Constantine. «Il suffit d’une légère étincelle prometteuse pour que le peuple se mette au diapason, affichant son intérêt pour le pays».(3)
«(…) A première vue, c’est un bout de tissu avec un côté vert et un autre blanc. Le drapeau, tamurt-iw [c’est mon pays]» dit Hocine, un jeune de 22 ans attablé au café maure. De son côté, Arezki, 31 ans, originaire de Tizi Rached, semble plus impliqué dans le débat et n’hésite pas à développer son argumentaire. «Le drapeau national avec ses trois couleurs représente mes trois oncles, morts au champ d’honneur pour que vive mon pays dans la liberté et l’indépendance». (…) Les images des émeutiers de 2001 en Kabylie, avec des pierres dans une main et un emblème national dans l’autre, resteront pour la postérité malgré les tentatives de manipulation (…).(4)
47 ans. 47 ans que l’Algérie est libre et indépendante après une lutte révolutionnaire des plus héroïques. (…) Du coup, la jeunesse émerge, parle, s’exprime, agit, dénonce, revendique, rêve et s’insurge. Faute d’espaces et de moyens d’expression, des phénomènes sociaux, des fléaux, des tendances ont vu le jour. 47 ans après l’indépendance. Certains n’hésitent pas à parler «d’une crise de confiance qui s’est instaurée et les Algériens ne croient plus à rien car ils ont l’impression que rien ne les unit à cause de cette fragilité du lien social», d’où ce sentiment de détresse, d’angoisse et de solitude qui «pousse la grande majorité de la jeunesse algérienne à fuir à l’étranger sur des barques de fortune ou dans la drogue et les psychotropes», commentent d’autres. (..) Il importe de savoir comment les jeunes, les Algériens d’aujourd’hui, perçoivent la Fête de l’Indépendance de leur pays. Pour sonder leur âme, nous leur avons donné la parole. Florilèges. L’Algérie sakna fi kalbi et dami, entonnent-ils d’une seule et même voix. Et le 5 Juillet alors? «Quelle fête? C’est une journée normale et plate pour nous. Les autorités ne font rien. Aucune manifestation pour célébrer cet évènement! On ne nous a jamais conviés à organiser quelque chose. Pour nous, c’est un jour qui ne se distingue en rien des autres jours de l’année», expliquent-ils. «On l’a banalisé le 5 Juillet. On l’a vidé de sa charge émotionnelle et symbolique. Si l’Etat n’organise ni parade, ni concerts, ni rassemblements, ni quoi que ce soit, comment voulez-vous alors que le 5 Juillet parle aux jeunes?» réagit sur le vif notre jeune interlocuteur, étudiant en littérature arabe à l’université d’Alger (…).(5)
Ghania, 22 ans, étudiante en interprétariat, déplore aussi l’absence de cette atmosphère festive lors de la célébration du 5 Juillet. «La corruption, les inégalités, les mentalités arriérées, les injustices et la Hogra. Nous les jeunes, on doit lutter contre tout ça si l’on veut vivre réellement libres et dignes dans notre pays», décrète-elle. Nassim, 24 ans, étudiant en lettres et littérature française, abonde dans ce sens. «On ne connait pas assez l’Histoire. Et c’est dommage. Je dirais même que c’est dangereux car, dans quelques années, les jeunes risquent de ne plus rien connaître de leur pays. Et peut-on aimer une patrie dont on ne connaît rien de son passé et de son identité?», déclare-t-il. «L’Etat est démissionnaire dans ce domaine. Il n’assume pas son rôle de garant dans la transmission de l’histoire et le respect du devoir de mémoire. Dans le futur, les Algériens oublieront qu’ils ont été libérés du joug colonial un certain 5 Juillet. Au rythme où vont les choses, ils oublieront même que leurs aînés ont livré une lutte héroïque contre la plus grande puissance colonialiste».(5)
Où en sommes-nous en ce 47e anniversaire? Etant un optimiste invétéré- ai-je le choix?- Je dis à l’instar du regretté Cheb Hasni: Mazal l’espoir. Il y a un réel problème pour les gouvernants qui, chaque année, s’éloignent un peu plus de la symbolique ô combien unificatrice -si on sait y faire- de l’indépendance. C’est un fait, nous avons des difficultés à être nous-mêmes et à réveiller la flamme du patriotisme que chacun, à des degrés divers, rêve de voir réanimer pour montrer que tout n’est pas perdu, qu’il est possible encore de tracer un destin pour ce pays. Ce peuple n’a pas besoin du m’as-tu-vu pour croire. Il serait peut être important d’analyser sociologiquement l’addiction des jeunes au football. Ce qui s’est passé en quinze jours sur la scène du football a fait que comme un seul homme, les Algériens se sont sentis fiers d’appartenir à ce pays. Nous mêmes les baby-boomers soixante-huitards avons vibré sincèrement et avons communié dans une ferveur footballistique à la limite de l’irrationnel. Quand ce jour-là j’ai vu des jeunes policiers faire le V de la victoire en réponse à ceux des jeunes en voiture. J’ai compris un court instant, ce qu’était le pardon, la fraternité, la rahma.. Je suis sûr que des scènes de liesse pareilles ont inondé tout le pays Et pourtant, l’Etat n’a rien déboursé pour rendre ce peuple heureux.
Il nous faut chaque fois réinventer le sens de l’Indépendance nationale. Si, il y a 55 ans au déclenchement il fallait affirmer notre dignité et chasser un oppresseur qui s’intronisait chantre des droits de l’homme et pour ce faire s’en remettre encore une fois au sort des armes muni de la seule arme: une immense détermination et une immense croyance dans la miséricorde de Dieu. La religion qui, sans faire des Moudjahidine des dévots hypocrites et impuissants, berçait invisiblement tous nos actes. C’est le «Allah Akbar» anonyme des moudjahidine qui à l’assaut de l’ennemi ou dans les derniers instants était le seul testament laissé aux vivants de cette terre bénie.
A bien des égards, notre indépendance dont nous étions si fiers s’effrite inexorablement par une dépendance économique avérée et surtout par une dépendance mentale qui revient en force. En fait, nous ne sommes officiellement indépendants que le 5 juillet, les 364 jours de l’année nous faisons tout pour augmenter notre dépendance sous le regard désespéré de cette jeunesse en panne d’espérance. En son temps, Boumediene voulait -dans le prolongement de la dynamique extraordinaire de la Révolution – perpétuer cela par la politique des 3R: Révolution industrielle, Révolution agraire, et Révolution culturelle. Depuis, nous manquons de cap. La souveraineté, pour un peuple conscient de la mériter ne saurait être réduite à l’ordre des moyens. Elle est aussi l’expression d’une identité profonde et la réalisation d’un idéal. Et c’est en cela qu’elle a une telle capacité de mobilisation et doit pouvoir aider à ce que ce potentiel s’exprime avec force.
Que reste-t-il de ce feu sacré qui animait l’Algérie au sortir de l’Indépendance? Articuler le social et le national au lieu de les opposer, c’est redonner au peuple un nouveau projet de la force et de la puissance de la révolution. Le parti mythique du FLN a terminé sa mission historique et traîne une existence sans ressort du fait que la foi a longtemps été remplacée par une gestion sans âme d’une espérance qui avait porté tout un peuple pendant les sept ans et demi de la durée de la révolution. Peut-être qu’il faille une nouvelle révolution de l’intelligence où chacun se reconnaît, un espace qui fédère tous ceux qui ont des choses à dire et des choses à faire avec l’assentiment du plus grand nombre en ne comptant pas sur la rente, qui a fait de nous des paresseux décérébrés et qui, a tort ou à raison, cristallise tous ces jeunes sans qui il n’y aurait pas d’Algérie. Il faut en définitive faire émerger de nouvelles légitimités basées sur le savoir, bien dans leurs identités, pétries de leur histoire et fascinées par le futur. Par le Pr Chems Eddine CHITOUR (*) Ecole nationale polytechnique- (L’Expression-06.07.09.)
1.H.B. 47e anniversaire de l’Indépendance: Emblème national et sang des martyrs-El Moudjahid 4 juillet 2009
2.Mohamed Ouanezar Oran:Le patriotisme des jeunes réhabilité par les victoires de l’EN-La Tribune 05-07-2009
3.Nasser Hannachi – Constantine – Une flamme patriotique à pérenniser sans condition – La Tribune 05-07-2009
4.Malik Boumati – Des citoyens de Tizi Ouzou discutent du drapeau. La Tribune.05-07-2009
5.Abderrahmane Semmar – Ni harga ni hedda, l’Algérie dans le coeur…La Tribune 05-07-2009
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*Chronologie des événements de 1830 à 1962….
- 05 juillet 1830 : Prise d’Alger et conquête de l’Algérie par la France.
– 1835-1872 : Insurrection de Mokrani
– 1900 : Naissance du Mouvement «Jeune Algérien» droits et devoirs pour les Algériens. Ce mouvement activera jusqu’à 1830. Conjoncture oblige.
– 1914 : Incorporation des Algériens dans le corps militaire français. C’était la Première Guerre mondiale (1914/1918). Incorporation de 173.000 militaires (engagés et autres).
– 1916 : Troubles et insurrection dans les Aurès.
– 1920 : Appel vers l’école française sur décret datant de 1883 et 1892.
– 1920-1922 : Accords pour le rétablissement des lois sur l’indigénat.
– 1926 : Fondation de l’ENA (Etoile nord-africaine), à Paris, Messali El-Hadj était son leader.
– 1927 : Fondation de la Fédération des élus indigènes. (Ferhat Abbas et Ben Djelloul).
– 1930 : Un siècle d’occupation
– 1931 : Fondation de l’Association des ulémas musulmans (réformistes). Ben Badis était le leader de cette Association.
– 1936 : Premier congrès musulman à Alger.
– 1937 : Naissance du Parti du peuple algérien (PPA). Le PPA remplace désormais l’ENA.
– 1939 : Seconde Guerre mondiale.
Appel à l’incorporation des Algériens dans l’armée française.
– «Manifeste du peuple algérien» par Ferhat Abbas. Le 14 mars 1944, naissance de l’Association des Amis du manifeste et de la liberté.
– 08 Mai 1945 : Manifestations à Sétif, Guelma et Kherrata.
Répression brutale. Plus de 45.000 morts. C’était le premier crime contre l’humanité. Un crime signé par l’Etat français.
– 1946 : Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA). Ferhat Abbas était son président.
– 1947 : Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) succédant au PPA.
– 1948 : Au Caire, création du Comité de libération du Maghreb.
Pendant la même année, on découvre l’Os (Organisation Spéciale). Ses principaux cadres clandestins étaient : Ben Bella, Aït Ahmed, Boudiaf et Boussouf. Ces derniers préparaient une insurrection armée.
– 1949 : Crise berbériste, appelée par certains «crise anti-berbériste».
– 1950 : Démantèlement de l’OS.
Celle-ci se reconstituera plus tard.
– 1953 : Création du Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA).
Mise sur pied d’une Armée dite de Libération nationale (ALN) et d’un plan d’action.
– Le 31 octobre 1953 : Veille du déclenchement de la Guerre de Libération.
– Le 1er Novembre 1954 : Déclenchement de la Guerre de Libération au nom du Front de Libération Nationale (FLN).
– 20 août 1955 : Un événement décisif dans le processus de libération. La wilaya du Nord-Constantinois déclenchait une attaque sur 36 centres de colons.
– Août 1956 : Congres,-du FLN, dit Congrès de la, Soummam (Kabylie).
Puis formation du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA).
Grève illimitée des étudiants le 19 mai 1956.
1957 : Amplification des affrontements. Exécution de Ben M’hidi.
– 1958 : Bombardement du village Sakiet Sidi Youcef en Tunisie.
De là, tentative d’internationalisation du problème algérien.
– 1961 : Apparition de l’OAS (Organisation armée secrète).
– 17 octobre 1961 : La communauté algérienne émigrée en France manifeste son engagement dans la lutte de Libération nationale. De grandes manifestations eurent lieu suivies d’une sanglante répression.
C’était le deuxième crime contre l’humanité signé par la France.
– 18 mars 1962 : Conférence d’Evian qui aboutit à la signature desdits accords d’Evian.
– 3 juillet 1962 : Proclamation de l’Indépendance.
– Le 05 juillet 1962 : Fête officielle.
L’Algérie est indépendante.
– 20 septembre 1962 : Election de l’Assemblée nationale.
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*Le drapeau : Symbole identitaire d’une Nation
Parler de l’histoire et du drapeau national en ce 47e anniversaire de l’indépendance nous fait remonter le temps, où l’étendard en est le symbole de fierté de la victoire.
Il a toujours été porté par un soldat élu ou désigné, selon les critères de courage, de conviction et de foi.
Serait-il aujourd’hui pour les générations de comprendre à la fois la signification historique, la symbolique que peut représenter l’emblème national dans la vie d’une nation.
Notre pays, qui a été longtemps berceau combien de fois millénaire de cette Méditerranée, que nous considérons être un lac de paix, a vu une évolution plurielle dans le confectionnement des drapeaux qui ont, au fur des étapes et des évènements, marqué par ses couleurs, l’attachement de la Nation algérienne dans ses combats multiples contre l’oppresseur.
De la Numidie à nos jours, beaucoup de motifs de fierté sont teintés dans les drapeaux qui symbolisent l’unité, la foi et les valeurs du génie propre à notre peuple.
Depuis, le drapeau a pris une importance capitale dans les guerres et l’identification des nations.
La forme et la couleur s’identifient avec le peuple. Le croissant a été de tout temps le symbole de l’Islam. La croix est celui de la chrétienté.
Durant les croisades, les deux drapeaux symbolisaient les musulmans et les chrétiens.
Dans notre pays, depuis les dynasties arabes qui se sont succédé à la faveur des foutouhat, notre drapeau était uniquement de couleur verte. A la chute de l’Empire ottoman, chaque pays arabe avait son propre drapeau.
Avec Arroudj Barberouse, notre pays menant une guerre contre les Espagnols réalisa un drapeau tricolore, vert-rouge-jaune, qui resta jusqu’à Kheïreddine Barberousse. Quand notre pays avait des relations avec la Sublime Porte du sultan ottoman, le drapeau algérien et ceux de tous les pays arabo-musulmans ayant un rapport avec l’Empire ottoman étaient de couleur rouge. Il était permis à chaque bey de hisser le drapeau de son beylikat à côté de ce dernier.
L’Emir Abdelkader : Un drapeau vert et blanc
En 1830, l’Emir Abdelkader réalisa le drapeau de la nation dans une couleur toute blanche centré par une main ouverte, selon le biographe Henri Churchill à la page 34 de son livre, La vie de l’Emir Abdelkader, alors que le professeur Djermane Laïd rapportait dans La revue de la police n° 34, page 68, de juillet 1987 que le drapeau de l’Emir avait deux couleurs verte et blanche, et celui d’Ahmed Bey, à l’est, était rouge.
Le drapeau porté par la Révolution des Ouled Sidi Cheikh était vert, entourai d’un feston rouge, selon El Moudjahid, -tome IV du 1er Novembre 1961.
Le drapeau vert-blanc-rouge : Symbole du Maghreb uni
En 1934, les couleurs du drapeau algérien étaient vert-blanc-rouge, où le vert symbolisait Tunis, le blanc, l’Algérie et le rouge, le Maroc, celui d’un drapeau du Maghreb Arabe Uni. C’est l’Etoile Nord-Africaine de Messali El-Hadj qui a repris, selon Mahfoud Kaddache, les mêmes couleurs, sauf qu’au centre de la couleur verte et à la limite du blanc, il y a un croissant et une étoile à cinq angles de couleur rouge.
Messali El-Hadj, E.N.A. et l’actuel emblème
C’est du temps de Messali El-Hadj, en juillet 1937, selon Charles Robert Ageron, que le drapeau tel qu’il existe aujourd’hui a été levé pour la première fois dans les locaux de l’Etoile Nord-Africaine, ce qui est rapporté également par Mohamed Guennouche, selon l’étude faite par Ammar Guellil dans son livre en trois tomes Malhamete El-Djazaïr El-Khalida, où le drapeau fut porté en 1934 à Tlemcen et à Alger.
Ce drapeau n’était pas connu par tout le peuple, sauf des militants, du PPAMTLD. C’est à l’ALN/FLN que revient l’honneur d’avoir vulgarisé les couleurs nationales au sein du peuple.
C’est sous ce drapeau que sont morts, torturés, des milliers d’Algériens pour que vive l’Algérie libre et indépendante.
Au maquis, les commissaires politiques expliquèrent ce que voulait dire le drapeau algérien de par les couleurs et les symboles.
Le vert, c’est la verdure, la nature, le paradis qui symbolisait à la fois la prospérité, le bonheur et la paix. Le blanc est le symbole de la pureté et du dialogue, et le rouge étant le symbole de la Révolution, la lutte contre l’oppresseur pour reprendre la terre spoliée. Le croissant et l’étoile, ce sont l’Islam avec ses cinq piliers.
Et fait, le drapeau, c’est tout un symbole de l’honneur, de la fraternité, de l’authenticité. Il représente pour nous celui de la dignité retrouvée et de la foi en notre combat libérateur.
Il est, comme pour toutes les nations, symbole de la souveraineté.
C’est le 25 avril 1963, loi n°63/145, que l’Assemblée constituante avait défini ses caractéristiques. Le 21 novembre 1976, la Constitution (art. 2/4) parlait de l’hymne national et des caractéristiques du drapeau de l’Etat algérien. Le code pénal du 8 juillet 1966, celui du 13 février 1982 modifié, le décret du 13 novembre 1984 sanctionnait quiconque attentera au symbole de la souveraineté et les conditions de sa levée sur les places publiques et institutions de la République.
C’est ce drapeau aujourd’hui qui nous singularise par rapport aux autres nations. Il est notre carte d’identité nationale, le symbole de la souveraineté, de la foi et de la dignité de notre peuple qui a mené une des grandes Révolutions nationales de ce siècle.
Après 132 ans de sombres années coloniales, 47 ans après l’Indépendance, que représente dans nos cœurs ce drapeau parfumé du sang de nos martyrs ? Benabdelmalek Ramdane, Amirouche, Larbi Ben M’hidi, Meriem Bouattoura et le million et demi de nos chouhada. Est-ce que leur serment a été respecté ? L’Algérie du 5 Juillet 2009 n’est pas celle de 1962 à bien des égards, il n’y a point de comparaison.
Du «yaouled cireur» à «yaouled chercheur», «du gourbi» à «l’habitation décente», de 100.000 scolarisés à 8,5 millions de scolarisés, rien n’est comparable, aussi bien dans les infrastructures que sur le plan des progrès enregistrés dans tous les domaines de la vie des citoyens. C’est-là une des images de l’indépendance acquise au prix de grands sacrifices de notre peuple.
L’essentiel est que notre peuple jouisse de son droit à la liberté et à la démocratie, chose dont il a été privé durant plus d’un siècle.
L’Algérie des institutions démocratiques est en marche vers les horizons du 3e millénaire, unie par un destin national.
Les Algériens œuvreront aujourd’hui à faire sortir le Pays vers les rivages de la paix, du progrès et de la fraternité. La sagesse, l’entente finiront par marquer de leur sceau l’éclosion d’une société solidaire, consensuelle et réconciliée. Notre pays retrouvera les repères perdus que sont la tolérance, le dépassement des égoïsmes individuels, la générosité, l’humanité.
Ce sont-là les splendeurs de son passé, sasublime fierté des valeurs ancestrales d’un peuple libre.
Le drapeau national restera dans la mémoire collective le symbole de la fierté, du combat libérateur pour les hautes valeurs humanistes d’une nation résolument déterminée à se hisser dans le concert des pays démocratiques dans la tolérance et la défense des idéaux de paix, de solidarité et de justice.
C’est à ce drapeau de la liberté que nous célébrons la fête de l’Indépendance dans un contexte où les nostalgiques de l’Algérie française veulent souiller le sang de nos martyrs.
En aucun moment, le colonialisme ne peut être une marque de gloire pour les peuples par les atrocités et les atteintes aux droits de l’homme.
Voilà en quoi le drapeau algérien arrosé du sang des martyrs ne peut accepter une telle injure à l’Histoire.(El Moudjahid)
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*JUILLET 1962 – JUILLET 2009 : Une grande nation est née
Le 5 Juillet 1962, c’est déjà il y a 47 ans. Le temps est passé très vite. Quarante-sept ans, c’est à peine croyable que ces images dans la vie de la nation soient aussi vieilles, faites de couleurs, celles du pays, répandues sur tous les balcons, portées par les adultes, les femmes et les enfants. Le sentiment le plus fort, le plus noble, en plus de la joie de voir les frères (El Khaoua) descendre des maquis, c’est la fraternité des Algériens. La grande solidarité, visible dans le comportement de tous les jours. C’est là le sens véritable de cette lutte de Libération nationale qui a épaté le monde entier. Ce jour-là, une a nation était née et plus tard d’autres nations, dans les quatre coins du monde, verront le jour, prenant exemple sur la belle leçon de l’histoire que les Algériens ont infligée au système colonial le plus rétrograde de la planète. Les Algériens n’ont pas fait d’amalgame, ni au déclenchement de la guerre de Libération nationale, ni pendant, ni après l’Indépendance. Le système colonial, qui a opprimé l’Algérie, a opprimé l’humanité entière. L’histoire ne le dit pas assez encore, mais c’est une question de temps, de recul et d’intelligence de l’homme sur soi. Les Mourad Didouche, Larbi Ben M’hidi et autres chouhada comme Krim Belkacem, le colonel Lotti et Si L’houès ont combattu une idéologie raciste, un système brutal et oppresseur des civils, jamais sa nation d’origine ou ses enfants. Au cours d’un procès du FLN à Paris, en pleine guerre de Libération nationale, le moudjahid Hamada dira à ses juges que « le jour de l’indépendance, l’Algérie se souviendra seulement de l’aide que des Français ont apporté à sa cause ». Sans rajouter un seul mot, car il a tout dit à ses juges bien sûr, mais il a parlé aussi à l’histoire qui lui donnera raison peu de temps après. Ni rancune, ni souvenir d’hostilité, malgré la disparition de 1,5 million des meilleurs d’entre nous. Les Français seront reçus comme chez eux par l’Algérie indépendante et nos compatriotes d’origine européenne ou juive, invités par les autorités du pays à « vivre avec nous comme n’importe quel Algérien, en droit et en devoirs ». Il faut le rappeler, la guerre de Libération nationale a été menée contre un système colonial et la grosse colonisation qui le finançait pour réprimer « les indigènes’ et chasser les paysans de leurs terres. Une politique pratiquée actuellement par Israël contre nos frères palestiniens qui mènent héroïquement une guerre de grand sacrifice face à cette justice, unique dans les annales de l’histoire. C’est pourquoi la célébration par les Algériens de ce jour historique de notre indépendance doit être aussi celui de l’espoir pour la Palestine. Des peuples qui attendent que justice leur soit rendue, comme le peuple sahraoui. Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, n’a jamais manqué une seule grande occasion pour formuler cet espoir pour les peuples qui souffrent, qui luttent et qui remporteront la victoire du sacrifice et de l’honneur. C’est une loi de l’histoire. L’Algérie aujourd’hui mène une politique d’ouverture sur le monde. Ce n’est pas un choix de circonstance, de conjoncture ou d’intérêt économique, c’est une philosophie qui découle des principes de Novembre, fondés sur la tolérance et l’amitié avec les autres nations et peuples. La France fut l’ancienne puissance coloniale. C’est avec ce pays cependant que nous entretenons les meilleures relations en ce moment. D’abord parce que nous l’avions souligné, les Algériens ont cette culture du pardon, non de l’oubli. Le Président Bouteflika a, de son côté, tout fait pour que les relations avec la France soient débarrassées de ce complexe colonial et des préjugés qui l’accompagnent. Entre la France et l’Algérie, il n’y a pas d’autre choix que de renforcer les relations marquées par un destin lié des hommes. Le facteur humain est le plus important, car des millions de nos compatriotes émigrés et « pieds noirs » vivent de l’autre côté de la Méditerranée, l’Algérie toujours au cœur.
C’est toute la signification qu’il faut donner au combat des Algériens, des chouhada qui sont tombés au champ d’honneur (pour paraphraser Louis Aragon), « sans haine en eux pour le peuple français », et reprendre Cheikh Abdelhamid Ben Badis, par sa déclaration célèbre : « Nous ne sommes pas les ennemis de la France, mais les ennemis du colonialisme ». (El Moudjahid)
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“Les espérances d’une nation ”
Plus belle et plus sereine est Alger en ce mois de juillet 2009. On est loin de juillet 1962, lorsque l’OAS a mis à feu et à sang la blancheur immaculée de cette fascinante baie. Notre pays a vécu beaucoup de souffrances et de tragédies. Les séquelles et les traumatismes sont indélébiles. Un peuple qui a payé cher le prix de sa liberté.
Cent trente deux ans de nuit coloniale où d’incessantes luttes contre l’oppresseur ont ramené la paix et la dignité à une nation fière de sa résistance et de son histoire millénaire de l’homme libre.
Le peuple et ses élites révolutionnaires peuvent légitimement s’attribuer les pages de gloire dans la résistance séculaire contre l’ordre colonial français.
Malgré la tonalité coloniale du pouvoir gaullien et les échecs répétés de ses émissaires, la solution enfin négociée avec les représentants du GPRA aboutira à la rédaction du compromis final d’Evian. Le trois juillet 1962 la France reconnait solennellement l’indépendance de l’Algérie après sept ans et demi de guerre de Libération nationale.
En apposant sa signature le 18 mars 1962 au nom du GPRA et du CNRA à côté de celle de Louis Joxe, Krim Belkacem venait de vivre le moment le plus attendu par les Algériens : le cessez-le-feu. La France des Gaulois remet les clefs aux propriétaires légitimes de l’Algérie de Massinissa, de Jugurtha, de l’Emir Abdelkader, de Hadj Ahmed Bey, les hommes de Novembre 1954 .
Le serment de Novembre d’une révolution glorieuse
Le cinq juillet 1962, la Marseillaise de Rouget de Lisle laisse place à Kassamen de Moufdi Zakaria. Les moudjahidine ALN/FLN rentrent à Alger libérée. C’est un jour de fête, de joie et de dignité retrouvée à travers tout le pays, dans les villes et campagnes où les youyous n’ont pas cessé de remplir les lieux publics et les maisons pavoisés de l’emblème national.
Quarante-sept ans après que faut-il retenir de cet événement historique et quels enseignements tirons-nous de ce demi-siècle de reconstruction d’une Algérie qui se fraie le chemin des grandes espérances dans ce troisième millénaire ? La re–naissance de l’Etat algérien ne fut-elle pas l’événement le plus commenté mondialement ? Une victoire des plus éclatantes du siècle passé contre l’ordre colonial ayant permis le déclenchement de l’ère de la décolonisation dans le monde.
La lutte de Libération nationale fut l’instrument de reconquête de notre indépendance nationale. Elle continue à être le phare dans la marche vers le progrès. La Révolution, au-delà de la légitimité historique, ne peut éteindre sa flamme dans ce monde où se bousculent les intérêts les plus sordides et les guerres les plus tragiques. Il ne peut y avoir de rupture avec l’histoire.
L’héritage d’une histoire millénaire
Nous vivons un monde de paradoxes qui dérègle le cours de l’histoire. Alors se pose à nous la question de la préservation de l’héritage de notre histoire millénaire et la manière de le transmettre aux générations dans toute la sérénité et la concorde populaire.
Quelles responsabilités avons-nous pris envers la nation, si les jeunes n’adhèrent pas au sens des mots tels : patrie-liberté-drapeau-moudjahid-hymne national-indépendance-colonialisme ?
Aujourd’hui, la jeunesse a droit de rêver et de vivre son temps. Elle espère participer et contribuer à l’effort de développement national. De toutes les étapes vécues depuis l’indépendance, alors que chacune a apporté sa part de reconstruction et d’émancipation, le chemin n’a pas toujours été jonché de roses. Autant d’épines, de drames et de tragédies ont secoué le cours des événements .
L’espoir d’une Algérie indépendante réconciliée
L’Algérie a payé le lourd tribut dans sa lutte contre le terrorisme qui manifestement a retardé le processus des grandes espérances de la nation. Une tragédie qui a coûté plus de cent cinquante morts et près de trente milliards de dollars de désastre économique et social.
Il convient de comprendre les mutations et les convulsions d’un environnement international troublé par la financiarisation débridée qui continue à ébranler l’establishment et provoquer douloureusement des spasmes dans les économies des pays en développement.
Nul ne peut douter de l’extraordinaire bond en avant matérialisé par les grands chantiers où plus de deux cent milliards de dollars ont été consentis durant ces dix dernières années, imprimant une cadence de développement multisectoriel à une Algérie meurtrie et disloquée .
C’est incontestablement le retour à la paix et la réconciliation nationale qui ont su donner, malgré les tentatives terroristes répétées qui continuent à noircir les horizons, l’espoir d’une Algérie réconciliée, forte et sereine.
La fête de l’Indépendance et de la Jeunesse intervient après trois mois l’élection présidentielle du 9 avril 2009, scrutin qui, pour la troisième fois consécutive, donne au Président Bouteflika un plébiscite avec un taux de 90,24% des voix obtenues en le confortant dans sa vision de gouverner. Une élection marquée du sceau d’un peuple en symbiose avec son Président.
Les grands enjeux et les responsabilités à venir
Mais les enjeux à venir devenant de plus en plus complexes au regard des bouleversements systémiques du monde.
Cette situation met la gouvernance à l’épreuve d’un changement de style pour répondre aux attentes d’une population sans cesse exigeante, notamment la jeunesse qui ressent le plus les effets de la crise mondiale.
Les responsabilités sont lourdes de conséquences si les anticipations nécessaires ne soient pas prises à temps au cas d’un éventuel ralentissement de la croissance pourrait fragiliser promptement les équilibres sociaux.
Il est vrai que la crise a changé de nature. Elle est globale et systémique. Le quinquennat prochain appelle un Etat régulateur. En mettant cent cinquante milliards de dollars, le Président Bouteflika ouvre les portes de l’espérance des jeunes à retrouver les trois millions de postes de travail au million et demi d’universitaires et de techniciens et le million de logements.
L’Etat prend les devants pour répondre au plus urgent, afin de juguler les possibles mécontentements qui peuvent surgir dans une société en pleine mutation. Toutes les réformes engagées ne doivent aller à contre-courant des attentes de la populations. C’est là un gage de cohésion sociale et de préservation des équilibres politiques.
Une nation fière qui glorifie ses héros
C’est dans le cheminement de l’histoire qu’il faut tirer les enseignements pour mieux éclairer les sentiers des espérances. Cette aspiration à bâtir une société juste et prospère reste fondamentalement tributaire du message de la Révolution du 1er Novembre 1954. Loin des controverses et des passions, la jeunesse a besoin d’intérioriser un message des aînés plus pudique .
Il faut sans cesse ressourcer la jeunesse dans son histoire millénaire. Les acteurs de l’histoire sont dans le droit d’apporter les témoignages qui suscitent l’intérêt des jeunes à la compréhension des étapes qui ont mené à l’Indépendance du pays. Il est un devoir d’informer les générations de l’histoire sans que cela ne soit source de fitna.
Seule la vérité historique expurgée des haines et des égoïsmes peut donner matière aux historiens d’élaborer des manuels scolaires reflétant la marche triomphante du peuple arrachant son indépendance au prix de grands sacrifices.
Il est des faits qui relèvent comme chez toutes les nations du domaine de la prescription et dont certaines archives seront publiques dans le temps qui leur est imparti.
Une nation qui se respecte est celle qui glorifie ses héros qui se sont sacrifiés pour que vivent l’Algérie libre et indépendante.
La réhabilitation des hommes de l’histoire ne doit souffrir d’aucun préjugé si cela s’inscrit dans une éthique nationale au regard des sacrifices consentis reconnus par les témoignages fondés.
Alors que bientôt un demi-siècle nous sépare de l’été 1962, l’histoire du nationalisme algérien doit être une source intarissable d’enseignements pour le futur L’avenir reste lié à la manière dont le pays entend éloigner l’inquiétude des générations à vivre une société de paix et de solidarité nationale.
Un 5 Juillet aux couleurs de l’Afrique
Ce 5 Juillet 2009 sera la grande fête africaine, où l’Algérie reste dans l’imaginaire des peuples de notre continent encore et toujours la Mecque des opprimés. L’Algérie renoue avec son destin d’une nation des défis . Elle force le respect des autres par son humilité et l’intangibilité des principes de sa Révolution.
Heureuse coïncidence que ce quarante-septième anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie rassemble la famille africaine comme elle la déjà fait il y a de cela quarante ans dans l’allégresse et la solidarité panafricaine.
Alger va vivre aux couleurs africaines. Toute une richesse culturelle qui donne au langage sa diversité linguistique et ses symboles. L’Afrique retrouve les grands moments de son destin historique dans Alger la Blanche dans toute l’hospitalité d’un peuple fier de son africanité.
* Par le Dr Boudjemaâ HAICHOUR
Chercheur universitaire
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«Le 5 juillet 1962 fut un grand pas dans l’histoire»
- déclare le cinéaste français Jean Asselmeyer
Le cinéaste français connu pour son engagement contre le colonialisme adresse un message aux Algériens dans une lettre rédigée à l’occasion de la célébration du 51e anniversaire de l’indépendance.
C’est en ami que Jean Asselmeyer a choisi de s’adresser aux Algériens dans un message, empli d’espoir et de lucidité, sur les perspectives de l’Algérie indépendante 51 ans après le 5 juillet 1962. Le réalisateur de Ils ont rejoint le front, présent lors des dernières Journées du film engagé d’Alger, s’intéresse de près au processus révolutionnaire en Algérie. Il affirme avec lucidité : « L’indépendance nationale, la révolution sociale : des étapes. L’une participe essentiellement de la libération d’un territoire et est vitale, indispensable, l’autre se situe dans un cadre pas seulement national, plus complexe, où il faut bien constater que rien n’est jamais acquis, que d’autres alliances, d’autres intérêts entrent en jeu. » Asselmeyer s’est particulièrement penché sur les Européens qui ont choisi de soutenir la cause algérienne (Ils ont choisi l’Algérie). Dans un parallèle avec la Révolution française, il ajoute : « Des dates comme 1789 et 1793 ont été déterminantes pour mon peuple, mais se furent aussi des étapes, et ces idéaux ont vite été trahis ». Cela dit, la passion
d’Asselmeyer est loin de l’aveugler sur les enjeux de l’Algérie contemporaine et les dangers qui la guettent : « A mes amis algériens qui constatent et souffrent de la corruption, présente encore dans tous les pays qui ont chassé leur envahisseur, j’ai l’habitude de dire : oui, il y a des corrompus, reconnait-il, mais il y a des corrupteurs aussi qui guettent leur proie. Qui voudraient continuer à exploiter les richesses du pays et œuvrent activement dans ce sens. » Asselmeyer a réalisé un grand nombre de portraits d’artistes et d’intellectuels de l’Algérie d’aujourd’hui
(Alger, regards d’en face). Il a pu ainsi s’imprégner de la personnalité algérienne dont il retient la fierté légendaire : « Je vous surprendrais peut-être en disant que l’on n’est jamais assez fiers et que ce passeport vert tellement désiré et qui fait de vous des citoyens algériens, il vous faut le garder jalousement. Si par commodité, malgré tout, vous devez en posséder un second, que ce soit pour servir d’abord le premier, le signe de votre appartenance à votre peuple et à ses seuls intérêts… » Le réalisateur, qui affiche son engagement communiste, évite toutefois les débats concernant la gestion du pays par « respect pour son indépendance ». Il affirme son admiration pour ce « grand pas dans l’histoire » que fut le 5 juillet 1962 et rappelle la dimension internationale de la lutte pour l’émancipation des peuples citant le cas des militants algériens qui ont lutté contre le nazisme avant de rejoindre le FLN. Une lutte qui doit se poursuivre selon Asselmeyer et dont le 5 juillet ne fut que la première étape. Cette victoire est pour lui le début « d’une longue marche semée d’embuches qui n’est pas terminée et où les peuples marchent et luttent ensemble ».*reporters.dz- juillet 2013.
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