L’OAS et ses nombreux crimes
**L’Etat français a collaboré avec l’OAS
selon les déclarations de Jean-Jacques Susini
L’oraganisation terroriste est responsable de l’élimination de nombreux algériens sans jugement
Jean-Jacques Susini, le numéro 2 de l’organisation terroriste, a indiqué que l’Etat français, en particulier les services de police et l’armée, a collaboré avec l’organisation de l’armée secrète « OAS » pour l’élimination des personnes qui sympatisaient avec le FLN durant les derniers jours de la guerre de libération. Susini a reconnu l’assassinat de l’écrivain Mouloud Feraoun ainsi que quatre de ses compagnons comme « une erreur très regrettable ».
Le livre d’entretiens du journaliste français Bertrand le Gendre, une des têtes pensantes de l’organisation terroriste (OAS) et dont le journal « libération » a publié certaines pages, indique que l’Etat français qui devait « frapper les fiefs de l’OAS et la combattre », travaillait et était son complice dans l’élimination de nombreux militants algériens, adhérents au FLN ou simples collaborateurs. Susini a honnêtement répondu aux questions de Le Gendre « nous avons reçu des renseignements sur nos adversaires c’est-à-dire les pros-FLN qu’ils soient musulmans ou européens par les services de police en Algérie ».A une question sur la possibilité que l’OAS soit le « sous-traitant » de la police pour les basses besognes, Susini a déclaré que « Si les forces régulières arrêtent un agent du FLN qui ne mérite pas d’être déféré à un tribunal, il faut bien que quelqu’un se charge de son exécution », sous-entendant que l’organisation terroriste s’est chargée de l’élimination de nombreux algériens sans jugement. Le numéro 2 de l’organisation (OAS) a ajouté que « Souvent, les noms des partisans du FLN nous étaient transmis par ceux-là mêmes qui, officiellement, nous combattaient ». Et a déclaré que « Cela peut paraître paradoxal, mais c’était pour eux la solution. Nous avions le même ennemi commun ».Susini a indiqué que Cette collaboration remontait à la Bataille d’Alger, et a considéré que les zouaves transmettaient à des volontaires européens la liste d’opérations qu’ils ne pouvaient ou ne voulaient pas mener à bien eux-mêmes ». Et ajouté que « à partir du moment où l’Etat n’a pas le courage d’appliquer les sanctions radicales qui s’imposent, où il craint la réprobation de l’opinion, il nous revenait à nous, clandestins, de se substituer à lui. Toutes les guerres de résistance sont passées par là ».Rappelons que Jean-Jacques Susini est né à Alger en 1933, est un militant d’extrême droite, et a occupé le poste de président de l’association générale des étudiants d’Algérie, il a fui en Espagne après l’échec du coup d’état des généraux français contre le général de Gaulle en 1961, et a fondé là-bas en compagnie du général Raoul Salan, Pierre Lagaillarde et Jospeph Ortiz l’organisation de l’armée secrète, et a alors été condamné à mort avant d’être amnistié par de Gaulle en 1968. Susini avait déclaré en 2008 lors d’un entretien avec le magazine français « le point » qu’il « regrette l’assassinat de l’écrivain Mouloud Feraoun, qui était une erreur grave ». (El Khabar-16.03.2012.)
L’écrivain Mouloud Feraoun
**Les crimes de l’OAS ont fait 1.100 victimes parmi les civils algériens à Oran entre 1961 et 1962
Le chercheur algérien Sadek Ben Kada est parvenu dans une étude scientifique sur laquelle il a travaillé durant 10 ans sans interruption à la conclusion que les crimes atroces perpétrés par l’organisation de l’armée secrète « OAS » avait fait plus de 1100 victimes parmi les civils algériens à Oran entre 1961 et 1962, victimes des opérations terroristes des éléments de l’organisation, la terreur et l’écho des ces crimes sont parvenus à toute la région ouest du pays dont la ville de Tlemcen et les environs d’Oran.
Le militant national Omar Achachi a déclaré à El Khabar que l’écho de la terreur suscitée par les crimes de l’OAS au niveau de la ville d’Oran particulièrement après l’accord pour le cessez-le-feu en mars 1962 était parvenu jusqu’à la ville de Tlemcen et la peur avait habité les habitants de la ville de différentes communautés, musulmans, juifs, colons et espagnols. Et a évoqué la crainte que suscitaient les sirènes incessantes des ambulances et des patrouilles de l’armée et de la police, et comment la morgue de l’hôpital de Tlemcen s’étaient remplie de corps des victimes des assassinats commis par les éléments de l’OAS. Omar Achachi a déclaré que deux des clients du magasin de véhicule que possédait son père sur le chemin Lorette à l’est de Tlemcen ont été tué dont le jeune intellectuel Abdelakder Khaled et ce en mai 1962, qui après avoir réparé sa voiture avait décidé d’aller à Oran mais Hadh Omar l’avait mis en garde contre la dangerosité de la route et lui avait caché son bidon d’essence pour le retarder, mais il avait persisté à vouloir partir, et l’après-midi était parvenu la nouvelle de son assassinat à l’entrée de la ville d’Oran et son corps avait été ramené à Tlemcen. Hadj Omar ajouté que son corps avait le premier à avoir été enterré avec sur lui le drapeau de l’Algérie indépendante dans un enterrement solennelles au milieu de la stupéfaction des colons. Notre interlocuteur a également indiqué que le défunt Baba Ahmed Abdelaziz qui était également un client du garage du grand maghreb que possédait la famille Achachi, s’était rendu à Oran au domicile de son beau-frère à la cité des palmiers pour préparer son départ définitif d’Oran mais a été surpris par des éléments de l’OAS près de la porte de la villa de son beau-frère et l’a tué par balle. Achachi a ajouté que « il y a eu des moments terribles à l’hôpital de Tlemcen qui s’est rempli de blessés et de morts », ajoutant : « j’ai vu de mes yeux comment la peur a habité la communauté chrétienne et juive qui se trouvait dans les grands villes particulièrement à Oran et Tlemcen et comment ils avaient afflué dans les gares, les ports et les aéroports dans une immigration collective, c’était la plus importante immigration de la communauté juive parmi les habitants de Tlemcen vers Israël, c’était des colons d’origines juives et bilingues parlant l’arabe et le français. Hadj Omar Achachi a conclu son entretien avec nous en déclarant que son père commentait l’immigration et la fuite des colons juifs et chrétiens comme étant la punition divine des massacres des chrétiens contre les musulmans en Andalousie il y a cinq siècles. (El Khabar-16.03.2012.)
**photos sur les crimes de l’OAS
Attentat de l‘OAS, contre les populations civiles
L’école Eugène Étienne sous les flammes de l’OAS
**Comment l’OAS a été créée…selon Jean-Jacques Susini
Cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, le masque tombe sur le fonctionnement de la terrible Organisation armée secrète (OAS). Le numéro deux de cette organisation terroriste, Jean-Jacques Susini, est passé aux aveux! Jamais un ancien responsable de l’OAS ne s’est confessé sur son rôle au sein de cette hydre de Lerne. Même le général Raoul Salan, premier responsable de l’OAS, n’en a soufflé mot dans les quatre volumes de ses mémoires.
Désormais, c’est fait! L’ouvrage du journaliste Bertrand Le Gendre «Entretiens avec Jean-Jacques Susini Confessions du n°2 de l’OAS» paru récemment en France, retrace le parcours de cet «intraitable activiste» aux «références fascisantes». Ces entretiens d’«une vingtaine d’heures d’enregistrement» comme le souligne le journaliste «ont eu lieu chez lui (Susini) à Paris de septembre à décembre 2011». Ils donneront naissance à un ouvrage de 192 pages, réparti en cinq chapitres. «A 78 ans, il est le dernier responsable de l’état-major de l’OAS-Algérie à pouvoir raconter celle-ci de l’intérieur», assure Le Gendre. Des remords? Loin s’en faut.
«Parfois, pourtant, il se dérobe et fuit un pan de son histoire tant il voudrait laisser de lui le souvenir d’une tête politique qui n’a été mêlée que de loin aux crimes de son camp. Des blessures sont toujours à vif, des sujets sentent encore le soufre», nuance l’auteur dans son avant-propos (P13).
Aux premières lignes de son ouvrage, Bertrand Le Gendre présente Susini comme «l’un des personnages-clés de cette guerre franco-française (l’OAS et les ultras de l’Algérie française opposés au général De Gaulle). Seulement, cette guerre «franco-française» se déroulait sur la terre d’Algérie, alors que la Révolution qui était à sa cinquième année s’était dotée d’une représentation souveraine: le Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra). Elle avait pour objectif de faire avorter le processus d’indépendance de l’Algérie, lequel processus avait été rendu irréversible suite à l’internationalisation de la question algérienne. Rappelé en sauveur à la tête de l’Etat français, le général De Gaulle mit un temps pour comprendre que le vent de l’histoire avait tourné. Lui qui avait déclaré, lors de sa première visite en Algérie comme président du Conseil du 27 au 31 août 1959 que «moi vivant, jamais le drapeau du FLN ne flottera sur l’Algérie», avait fini par admettre, une année après (le 5 septembre 1960), que «l’Algérie algérienne» était «en route»…
La naissance de l’OAS
Jean-Jacques Susini a 27 ans. Il est sous le coup du procès dit «des Barricades». Ce procès met en cause les meneurs des «semaines des Barricades» à Alger, journées insurrectionnelles menées du 24 janvier au 1er février 1960 par les partisans de l’Algérie française qui rejettent le droit du peuple algérien à l’autodétermination. Ils manifestaient leur mécontentement suite à la mutation du général Massu, en métropole, le 19 janvier 1960.
«La population algéroise (européenne) avait pour le général Massu une grande admiration… Son rappel à la métropole à la suite de l’une de ses déclarations à la presse fait figure à nos yeux d’une déclaration de guerre», se souvient Susini (P45).
Début 1960, Massu qui a mené la bataille d’Alger contre le FLN déclare à un journaliste autrichien: «De Gaulle était le seul homme à notre disposition. L’armée a peut-être commis une faute». Le 18 janvier, le journal Südddeutsche Zeitung publie ses propos. Le lendemain, il est convoqué à l’Elysée. Une décision qui, avec le discours de «De Gaulle sur l’autodétermination, provoque la semaine des barricades».
Bilan: 22 morts et 150 blessés. En même temps. la question algérienne gagne du terrain sur le plan international. Les négociations de Melun, du 25 au 29 juin 1960, échouent. Le Gpra évite, ainsi, le piège politique tendu par De Gaulle qui voulait réduire les négociations à un cessez-le-feu. Les pressions internationales s’accentuent sur la France coloniale. De Gaulle effectue son dernier voyage à Alger, à la fin de l’année. Il y est accueilli avec les imposantes manifestations du 11 décembre en faveur de l’indépendance de l’Algérie. Le 20 décembre, les Nations unies reconnaissent au peuple algérien son droit à l’autodétermination. L’accélération de l’histoire brouille les cartes.
En fuite, Susini est en Espagne… à la recherche de «l’Algérie française» perdue.
«… Pour faire avancer notre cause, j’ai pris des contacts avec toutes sortes de gens. J’ai même rencontré Otto Skorzeny, l’ancien SS (homme de confiance de Hitler). Deux fois», avoue Susini. Ce dernier rencontre le général Raoul Salan à Madrid, ancien gouverneur d’Alger, en fuite lui aussi et interdit de retour à Alger où vivent sa femme et sa fille.
L’Espagne de Franco accueille les fous de l’Algérie française. S’y trouvent, entre autres, Pierre Lagaillarde et Joseph Ortiz. L’un est ancien député d’Alger et ex-parachutiste. L’autre est patron du bar algérois (de l’époque) le Forum. Des échanges entre ces extrémistes naît l’OAS. «Il n’y a pas eu de congrès constitutif de l’OAS mais des discussions entre nous et des échanges de lettres, qui ont duré un certain temps», explique Susini (P69).
L’OAS voit le jour en Espagne fin janvier 1961, mais sème la terreur à Alger.
Le putsch des généraux: Massu pessimiste
L’année 1961 s’annonce porteuse d’espoir pour la cause algérienne et d’incertitudes pour Susini, Salan et leurs acolytes. Seulement, elle portera aussi son lot de victimes. Le 8 janvier, nouvelle avancée de la cause algérienne: les Français se prononcent à 75% pour le droit du peuple algérien à l’autodétermination.
Cette situation provoque un trouble au sein des troupes militaires coloniales, engagées en Algérie. Le putsch est imminent. Un noyau de conspirateurs se constitue. Il comprend les colonels Charles Lacheroy, Antoine Argoud, Joseph Broizat, Yves Godard et Jean Garde. Quatre généraux s’installent à la tête de ce noyau, fin mars. Il s’agit de Edmond Jouhaud, Jacques Faure, André Zeller et Paul Gardy. Ces officiers supérieurs installent le général Maurice Challe à la tête de leur conspiration. Le général Massu se montre sceptique. «Il me dit: Ils échoueront. Ils n’ont rien compris. Ils n’auront jamais l’armée avec eux». Il dit aussi des militaires: «Ce sont des gens qui ne sont pas faits pour la politique», regrette l’ancien n°2 de l’OAS (P 69). Lancé dans la nuit du 21 au 22 avril, le putsch échoue.
En conséquence, le général Maurice Challe, le général André Zeller, le commandant Hélie Denoix de Saint Marc se livrent aux autorités. Les autres vont former l’état-major de l’OAS. Un état-major dont Susini était, sous l’autorité lointaine de Salan, le héraut, chargé du secteur Action psychologique et propagande. Comme le souligne Bertrand Le Gendre: «Ce dernier est un politique à la tête froide aux références historiques qui croit aux vertus révolutionnaires.» Il est au coeur de l’action de l’OAS. C’est lui qui est en charge du volet politique de l’Organisation.
«Très lié à Roger Degueldre, le chef des commandos Delta, le bras armé de l’OAS, Jean-Jacques Susini était mieux placé que quiconque pour témoigner de la violence de l’Organisation», relève Bertrand Le Gendre.
Les victimes de l’OAS
Selon la description faite par Susini, cette organisation terroriste comptait «des centaines de militaires approximativement, groupés dans une trentaine de commandos». Une minorité de militaires aguerris et une majorité de pieds-noirs. La violence? Elle sert d’«outil de propagande et comme préparation à une insurrection armée» (P127). La majorité des victimes de l’OAS sont d’origine musulmane. Mais les Européens engagés en faveur de la Révolution ne sont pas épargnés. Les chiffres donnent froid dans le dos.
«Un décompte qui s’arrête au 20 avril 1962, le jour de l’arrestation de Salan, fait état de 1622 morts dont 1383 musulmans et 239 Européens. Et de 5148 blessés dont 4086 musulmans et 1062 Européens. La proportion Musulmans/Européens est de 85% pour les morts», affirme dans un décompte macabre Susini qui, 50 ans après, n’éprouve aucun regret à l’évocation de ces victimes. Ce monstre froid né à Alger le 10 juillet 1933 dans une famille d’origine corse. Il a grandi sous l’influence de sa grand-mère maternelle, Thomasine Palmieri. «Elle était monarchiste et maurrassienne. C’est elle qui m’a élevé et m’a formé. Elle m’a profondément influencé. Un jour je l’ai vue pleurer en écoutant Mussolini à la radio» révèle celui qui porte la responsabilité de la mort de centaines de personnes, coupables selon lui d’avoir enterré à l’«Algérie française»…(L’Expression-19.03.2012.)
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*Qui ont brûlé les 400.000 livres d’Alger?
Ce jour du 7 juin 1962, des pieds-noirs français ont brûlé la bibliothèque de l’université d’Alger.
Elle est « belle », cette «civilisation» qui brûle les livres
Elle est belle la «civilisation» qui incendie les bibliothèques! La loi française du 23 février 2005 devrait porter, chez nous, le nom de «loi du 7 juin 1962». De ce jour où des pieds-noirs ont brûlé la bibliothèque de l’université d’Alger. 400.000 livres ont été ainsi réduits en cendres. Le 50e anniversaire de cet acte criminel qui marque de son empreinte indélébile la «civilisation» des pieds-noirs en Algérie, a été commémoré, jeudi dernier, sur les lieux mêmes du crime. Troublante coïncidence, cet anniversaire a été précédé par la mort, mercredi dernier à Los Angeles, de l’écrivain américain, Ray Bradbury. Celui qui a le mieux décrit ce type de «civilisation». C’est lui qui a écrit «Fahrenheit 451». Un livre de science- fiction qui raconte la vie dans une société où la lecture est strictement interdite. Les pompiers de ce pays sont chargés de faire la chasse aux personnes qui lisent et de brûler tous les livres qu’ils trouvent. Le pays de Bradbury était imaginaire lorsqu’il a écrit le livre en 1953. Il ne s’imaginait pas qu’une telle société existait déjà en Algérie et qu’elle allait faire, neuf ans plus tard, exactement ce qu’il décrit dans son livre et brûler 400.000 livres. Mais en 1966, le réalisateur français, François Truffaut, qui adapta le livre au cinéma a dû penser que Bradbury était un grand visionnaire pour avoir, par la fiction, anticipé une tragique réalité. Tant le livre que le film eurent un succès considérable. Succès comparable à «Vingt mille lieues sous les mers» de Jules Verne. Au pays imaginé par Bradbury la lecture empêche les gens d’être heureux. Ou si vous voulez, l’ignorance garantit le bonheur. C’était bien la «civilisation» des pieds-noirs en Algérie. En fermant toutes les écoles algériennes dès 1830 et en soumettant les indigènes à l’ignorance. A quelques exceptions, les Algériens n’ont vu s’entrebâiller les portes du savoir que sous la pression de la guerre de Libération nationale. Ce qui explique qu’à l’indépendance, 5% seulement des 9 millions d’Algériens savaient lire et écrire à des niveaux variables. Elle est belle, en effet, cette civilisation qui brûle les livres! Avec cet incendie de la bibliothèque universitaire, les pieds-noirs d’Algérie porteront pour l’éternité leur racisme. Certains vont dire que c’est l’OAS qui est responsable de l’incendie. Mais qui est (oui! au présent car le germe «vive l’Algérie française!» n’est pas mort) l’OAS sinon une organisation sectaire composée de pieds-noirs? Le gros des 900.000 personnes qui composaient cette «civilisation» en 1962 sont arrivés de divers pays comme d’Espagne, d’Italie, de Malte, etc., auxquels il faut ajouter les juifs d’Algérie devenus français en 1870. Ce qui explique que le référendum du 8 avril 1962 ne concernait que les Français de l’Hexagone. Lesquels ont répondu «OUI» à 91% à la question: «Etes-vous pour l’indépendance de l’Algérie?». Les «civilisateurs» pieds-noirs étaient exclus de la consultation. Comment ont-ils réussi alors à faire rallier à leur thèse le Parlement français? La question et sa réponse sont strictement franco-françaises. Le président français, Francois Hollande, vient d’ailleurs de battre en brèche cette falsification en dénonçant le colonialisme, aussitôt avoir été investi. La célébration du cinquantenaire de notre indépendance nous donnera l’occasion de revenir amplement sur cette distinction à faire entre pieds-noirs et Français. Mais avant et pour mesurer le poids réel des rapatriés en France, il est utile de préciser qu’il suffit de quatre personnes réparties aux coins d’une salle pour faire croire à l’unanimité des présents. C’est une vieille technique. Plus vieille que l’Algérie de papa qui brûlait les livres! *Par Zouhir MEBARKI – Samedi 09 Juin 2012- L’Expression.
**crimes culturels…. M. Sâad Khandek , ancien fonctionnaire de la bibliothèque, un témoin de l’incendie criminel perpétré contre la bibliothèque de l’université d’Alger par l’Organisation de l’armée secrète (OAS), le 7 juin 1962, a affirmé que « certains fonctionnaires de la bibliothèque étaient complices de cet acte criminel».M. Sâad Khandek, a indiqué, jeudi en marge d’une conférence organisée par la bibliothèque de l’Université d’Alger sur « les crimes culturels durant l’ère coloniale en Algérie: 1830-1962″, que « tout le monde à l’université savait que ces fonctionnaires collaboraient avec l’OAS et vouaient de la haine pour les Algériens », la preuve étant que la partie centrale de la BU, qui contenait des manuscrits, des ouvrages et des documents importants, avait été totalement incendiée. M. Sâad, qui occupait le poste d’adjoint de recherche à l’époque, a précisé que la majorité des cinq fonctionnaires algériens au sein de la BU « avaient démissionné un jour avant la mise à feu de la bibliothèque car ils avaient reçu des menaces de mort par l’organisation qui était présente à l’université ». La majorité des étudiants français, qui ont servi l’OAS, « ne s’étaient jamais opposés aux actes criminels perpétrés par cette organisation ». (APS-08.06.2012.)
**un memoricide..rancunier et indigne contre le savoir, la science et la culture
C’était le dernier râle désespéré et mortifère d’une Organisation de l’armée secrète (OAS) de sinistre réminiscence. L’incendie de la bibliothèque de la Faculté centrale d’Alger, commis le 7 juin 1962 est un autodafé que l’histoire a consigné pour la postérité. Un acte que l’on peut aisément qualifier de crime contre l’humanité.
En mettant le feu à la bibliothèque de l’université d’Alger, les sbires de l’OAS ont perpétré un memoricide. Dernière tentative vindicative, rancunière et indigne contre le savoir, la science et la culture. La politique de la terre brulée, l’usage bestial de la table rase, véritable apanage de hordes sauvages ont fait leur œuvre. Il fallait mesurer l’étendue du sinistre, prendre conscience d’un honteux désastre.
Des milliers d’ouvrages détruits, ravagés en ce funeste 7 juin 1962, par l’explosion de trois bombes installées dans cet établissement.
Un témoin de cet incendie a affirmé que «certains fonctionnaires de la bibliothèque étaient complices de cet acte gravissime.
M. Saad Khandek, ancien fonctionnaire de cet établissement a indiqué, jeudi en marge d’une conférence organisée par la bibliothèque de l’Université d’Alger sur «les crimes culturels durant l’ère coloniale en Algérie : 1830-1962», que «tout le monde à l’université savait que des complices collaboraient avec l’OAS et vouaient une haine à l’encontre de nos compatriotes. Preuve en est que la partie centrale de la BU, qui contenait des manuscrits, des ouvrages et des documents importants, avait été totalement incendiée.
Il rajoute qu’à l’époque, la majorité des cinq fonctionnaires algériens au sein de la BU «avaient démissionné un jour avant la mise à feu de la bibliothèque car ils avaient reçu des menaces de mort par l’organisation qui était présente à l’université». La majorité des étudiants français, qui ont servi l’OAS, «ne s’étaient jamais opposés au terrorisme perpétré par cette organisation.
L’orateur a précisé que la France ne voulait pas léguer à l’Algérie, à la veille de son indépendance, une bibliothèque aussi riche. 400.000 documents et ouvrages sur les 600.000 que comptait la BU ont été immolés par les feux. Les 200.000 livres ayant échappé à l’incendie, ont été transférés au Lycée Okba d’Alger pour être restitués à la bibliothèque deux années plus tard.
La bibliothèque était, d’un avis unanime, riche et amplement fournie en documents et autres matériaux d’études servant à la science et à la recherche universitaire. Bien évidemment, nos compatriotes étaient quasiment privés de ses ressources car l’accès a l’université fonctionnait à l’époque selon la règle de fer des deux poids, deux mesures. L’idéologie coloniale par nature ségrégationniste, sectaire à l’égard de notre population, écrasée sous le joug du régime de l’indigénat. La France ne s’exonérait pas d’une politique de déni de la nation algérienne, de son histoire, de sa personnalité et de sa culture.
La destruction de la bibliothèque de l’Université d’Alger par l’OAS, répondait à un plan minutieusement préparé et prémédité qui consiste à démolir tout ce qui pouvait l’être, à plonger le pays dans le chaos et la désolation, à la veille d’une indépendance chèrement acquise à coup de sacrifices et de souffrances.
Cette logique infernale ne tombait pas du ciel. Elle est le propre de ceux qui ne peuvent se résoudre à obéir au sens de l’histoire.
Cet attentat odieux avait soulevé énormément d’indignation et de réprobation partout à travers le monde. Un mouvement de solidarité avait été crée pour que cet établissement puisse renaître de ses cendres et fonctionnait de nouveau. La mission a été rempli et le défi relevé haut la main.
Au lendemain de l’indépendance, l’université d’Alger ne pouvait délivrer que quelques maigres diplômes mais que de progrès réalisés depuis, grâce à la politique nationale de l’accès aux études supérieures.
Le réseau de l’enseignement supérieur se dote de quelque 90 institutions, soit 37 universités, des centres universitaires, des écoles supérieures, répandues dans toute l’étendue du territoire national. On ne peut trouver meilleure réponse à cet autodafé d’un autre âge. (El Moudjahid-09.06.2012.)
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**Dès leur arrivée en Algérie, les pieds noirs se sont opposés à tout dialogue ou réformes sérieuses avec les Algériens
*Interview du commandant Azzedine
M. Rabah Zerari, (commandant Azzedine), ex membres de l’Etat Major de l’Armée à l’époque de Houari Boumediene, que ses différends avec le pouvoir qui ont fait surface durant l’été 1962, ont failli sans l’écriture de quelques chapitres de l’Histoire, notamment, les crimes de l’organisation de l’Armée secrète OAS. Commandant Azzedine a révélé dans une interview qu’il a accordée à El Khabar que le gouvernement provisoire a ordonné la proclamation de la zone autonome d’Alger pour la protection des citoyens des assassinats que l’organisation terroriste a commencé à perpétrer.
El Khabar : peut-on dire que l’OAS a remplacé l’organisation « Main Rouge » ?
Commandant Azzedine : on ne peut pas dire que l’Organisation de l’Armée Secrète OAS est apparue comme alternative à une précédente organisation s’appelant « Main Rouge ». Dès leur arrivée en Algérie, les pieds noirs se sont opposés à tout dialogue ou réformes soi-disant progressiste. Ils avaient un caractère rebelle. Le dernier mouvement qu’ils ont mis en place c’était l’Organisation de l’Armée Secrète, née en Espagne, et qui a été chapeautée, durant la fin de la guerre d’Algérie, par Joseph Ortiz, Jacques Susini, … Général Salan, Pierre Lagaillarde et Susini (réfugiés à Madrid).
El Khabar : directement après votre démission de l’Etat Major de l’Armée, vous vous êtes rendus à l’intérieur du pays qui vous avez été chargé par le gouvernement provisoire de protéger les algériens des crimes de l’OAS. Comment avez-vous planifié de frapper les fiefs de cette organisation ?
Commandant Azzedine : j’ai été chargé de réorganiser la zone autonome, deuxième capitale alors et je me suis retrouvé ensuite à Tripoli. J’étais membre du conseil national de la révolution algérienne. Lors de cette réunion qui s’est tenue à Tripoli, j’ai démissionné de l’Etat Major de l’Armée de Libération Nationale. Je me suis retiré parce que je me suis rendu compte de l’existence d’un complot qui conduirait à la logique de l’usage de la force. J’ai démissionné de l’Etat Major sous prétexte que je serais plus utile à la zone autonome d’Alger où je combattrais les bataillons de l’Organisation d l’Armée Secrète, après que les nouvelles qui nous arrivaient faisaient état que cette organisation perpétrait d’atroces crimes dans la zone autonome d’Alger. J’ai quitté Tripoli en compagnie d’Omar Ousseddik, membre du conseil national de la révolution, Boualem Ousseddik, qui fut responsable de la propagande et de l’Information au niveau de la wilaya 4, le capitaine Ali Lounici, ainsi que Mustapha Leblidi. Nous sommes arrivés à la wilaya 4 et nous nous sommes rendus compte que nous avions rien à faire dans les maquis puisque désertés par l’Armée Française qui s’est rendu dans les villes où il y avait des problèmes sécuritaires. Nous avions, ensuite, été chargés par l’Etat Major de la wilaya 4 d’entrer à Alger, après feu vert du Gouvernement provisoire de la révolution algérienne, qui l’a personnellement chargé de combattre les bataillons de l’OAS et de créer la deuxième zone autonome d’Alger, après la première qui a été lancée et sous le commandement de Yacef Saâdi. Nous avions commencé à réorganiser Alger. Dans l’ordre de mission qui m’a été envoyé il a été mentionné ce qui suit : Azzedine, vous êtes chargé d’assurer la sécurité. Ne répond pas aux provocations de l’Organisation de l’Armée Secrète. Vous devez être vigilants étant donné que l’organisation terroriste incitera et provoquera les algériens et les poussera à la mort. Elle poussera l’Armée Française à rejoindre les rangs de l’Organisation de l’Armée Secrète OAS et mettre un terme aux accords d’Evian. C’était ça notre mission sachant que le nombre de victimes algériennes s’élevait à plus de 50 morts par jour. L’OAS tuait d’une manière régulière. Aujourd’hui elle assassine des femmes algériennes et au lendemain, elle tue les professionnels d’un métier précis et ainsi de suite…parois l’OAS arrivait à tuer 100 algériens par jour.
El Khabar : comment aviez-vous pu anéantir les terroristes de l’OAS ?
Commandant Azzedine : les femmes algériennes ont joué un grand rôle dans la lutte contre l’organisation terroriste l’OAS. Ces femmes algériennes travaillaient chez des familles françaises au point où les européens en général leur faisaient confiance. Nous avons saisi cette opportunité et elles ont été contactées par nos services de renseignement. Ces femmes nous faisaient état régulièrement des déplacements et mouvements des membres de ces familles européennes. C’est ainsi que nous sommes arrivés à localiser le général Raoul Salan et nous avons informé les services de la gendarmerie française et les services de Vitalis Cross, alors Préfet de police d’Alger de novembre 1961 à juillet 1962 en plus des services d’Abderrahmen Fares Brouchi Nouar à Boumerdès. Nous ne pouvions pas nous rendre à l’endroit où il se refugiait et l’arrêter. Ces femmes ont, donc joué un rôle important, puisqu’elles se déplaçaient facilement, puisqu’elles étaient déposées par le propriétaire de la maison au quartier européen. Si ces femmes s’étaient déplacées toutes seules, elles auraient été certainement exécutées par les terroristes de l’OAS. Ces grâce à ces déplacements que nous avions pu détecter l’endroit de grand nombre de membres de cette organisation.
El Khabar : aviez-vous eu des accrochages directs avec cette organisation ?
Commandant Azzedine : effectivement, nous étions au courant et suivions de près les attentats et a liquidation d’algériens. Si nous étions restés les bras croisés sans réagir, les citoyens auraient perdu confiance en nous. Nous menions des opérations séparées contre des dirigeants de ce mouvement terroriste, en particulier contre ses membres influents, dont Roger Degueldre, chef du commando Delta, qui a été arrêté et condamné à la peine de mort.
El Khabar : les membres de l’organisation secrète ne se sont pas contentés d’assassiner les algériens mais également des européens ?
Commandant Azzedine : des rumeurs font toujours état que c’est nous qui avions circulé le slogan « la valise ou le cercueil », cela n’est pas vrai puisque nous adissions dans le respect des clauses des accords d’Evian. Certaines de ses clauses stipulaient le devoir du respect des biens et de la vie de la minorité européenne, étant donné qu’elle avait de l’argent et avait des petites entreprises dont avait besoin l’Algérie poste indépendance. Cependant, l’organisation de l’Armée Secrète a commencé à mettre en œuvre la politique de la terre brûlée. Elle détruisait tout alors que nous voulions garder les aspects d’une vie normale après la signature des accords d’Evian. En réalité, nous ne vouions pas que ces européens partent. C’est l’OAS qui les poussait au suicide collectif en grandissant le fossé entre eux et nous. Nous pensions que leur départ ne serait pas dans notre intérêt. Ils sont quand même partis tout en pendant que nous allions sombrer dans le chaos, chose qui n’a pas eu lieu, Dieu Merci, et les aspects d’une vie normale étaient toujours là. Nous avions réussi à organiser une entrée scolaire, grâce à la mobilisation de tous les citoyens.
El Khabar : quel était le plan qu’ils avaient mis en place pour brûler Alger ?
Commandant Azzedine : ils voulaient mettre à feu toute la capitale, par des explosifs. Ils ont toutefois, échoué grâce aux membres de l’Armée de Libération Nationale et aux Fidayiines. Lorsque les négociations ont eu lieu entre l’organisation de l’Armée secrète et Abderrahmen Fares, nous avions refusé d’y prendre part au nom de la deuxième zone autonome. Nous avions donné notre avis à Krim Belkacem et au colonel Mohand Oulhadj, qui nous ont rendu visite. Nous savions que l’OAS ne pouvait pas brûler Alger, puisque nous avions maitrisé la situation à 100%, à quoi bon, donc de négocier ?, ils ont tout perdu alors qu’ils voulaient garder quelques biens.
El Khabar : aviez-vous donc effectué des opérations militaires ou teniez vous seulement à vos fonctions ?
Commandant Azzedine : les familles algériennes suivaient de près les nouvelles de la mort de leurs enfants et n’étaient en mesure de riposter. En ce qui nous concerne, notre action consistait seulement à l’enlèvement des têtes du mouvement OAS pour les juger puis les condamner à mort. Chose que les citoyens ignoraient. Ils ont, une fois, tenté de descendre aux quartiers européens pour se venger mais nous les avions empêchés. Un jour alors que c’était le 14 mai 1962, nous avions mené une opération militaire. Nous avions attaqué des cafés et restaurants auxquels se rendaient des membres de l’OAS et avions fait un bilan de 20 morts. M. Ahmed Yazid a déclaré que le FLN n’a rien à voir avec cet attentat alors que le groupe d’Abderrahmen Fares Brouchi Nouar a déclaré la même chose. Au lendemain j’ai animé une conférence de presse et nous avons revendiqué l’attentat. J’au eu recours à une astuce et déclaré que j’étais responsable de la zone autonome et membre du conseil de la wilaya 4 et membre d l’Etat Major de l’Armée de Libération Nationale et du conseil national de la révolution algérienne et qu’au nom de toutes ces institutions, j’ai exécuté cet attentat en réaction à l’irrespect des accords d’Evian.
De Gaule est revenu au pouvoir grâce aux « Pieds Noirs »
El Khabar : Quel lien avait le général De Gaule avec l’OAS ?
Commandant Azzedine : les pieds noirs ont dicté à la France la politique à suivre en Algérie dès son invasion. Pendant la guerre de libération, ces derniers ont exercé une pression sur les autorités françaises. Les pieds noirs ont formé un lobby fort et violent. De Gaule est revenu au pouvoir grâce à ce lobby. Ils pensaient qu’il allait soutenir leur politique mais il les a déçus. Nous avons connu De Gaule à deux reprises, en 1945 où il nous a coûté 42 mille morts et après le 13 mai où il a conduit les plus grandes opérations militaires. Il a bombardé les Moudjahidines dans les monts et leur a induit d’énormes pertes. Toutefois, il a échoué à avorter la révolution. Nous avions beaucoup souffert à l’époque de De Gaule et avions également connu le Napalm. Nous avons arraché l’indépendance par la force et elle ne nous a pas été offerte sur un plateau, tels que le pensent malheureusement certains de nos jeunes. Nous sommes le seul pays arabe à avoir décroché son indépendance du colonisateur, quant aux autres pays arabes, l’indépendance leur a été offerte.
El Khabar : pourquoi ne trouve-t-on pas dans les librairies des livres relatant votre rôle dans cette période sensible ?
Commandant Azzedine : j’ai entendu la déclaration du colonel Hassan El Khatib, dans un film documentaire de Benjamin Stora, faisant état qu’il avait libéré Alger à l’instar du général Leclerc qui avait libéré Paris. Cela est faux. Nous devons cesser de falsifier l’Histoire. Hassan El Khatib est entré à Alger alors qu’elle a été libérée définitivement et ce sont les membres de la deuxième zone d’Alger qui l’ont libérée.
El Khabar : connaissez-vous le nombre exact de victimes de l’OAS ?
Commandant Azzedine : non, nous l’ignorons parce que la date de 1962 a été effacée et le rôle que nous avions joué a été falsifié. En 1962 l’Histoire de la zone autonome n’a pas été écrite. En 1962 on nous a envoyé des messages pour assister à la dernière réunion du conseil de la révolution algérienne à Tripoli. Nous leur avions répondu dès que nous avions reçu le télégramme et leur ont dit pourquoi pas à Alger, pour suivre l’exemple du premier congrès de la révolution qui s’est tenu à Ifri, à la Soummam, afin que les cadres de la révolution qui se sont formés dans les prisons, dans les monts et dans les villes puissent y assister, ainsi que les cadres de la fédération du FLN en France. Nous pouvions ainsi arriver à un consensus et former un parlement, puis un gouvernement algérien. Chose qu’ils ont refusée. Après l’indépendance, toutes les wilayas ont eu leur part, Yassef Saadi a pris sa part. Tout le monde a pris sa part à l’exception de la deuxième zone autonome, qui a osé exprimer son opposition lors du conseil national de la révolution. Je leur ai dit que je n’étais pas d’accord avec eux et que je tenais à la légitimité. Je ne suis pas pour les coups d’Etat. Boumediene a été en rogne contre moi. Je me suis rendu une fois à Tunis pour rencontrer Ben Kheda, C’est là qu’Ahmed Ben Bella m’a pris par la main et m’a dit : « je veux te parler en privé ». Il voulait me conduire loin des autres, chose que j’ai refusé et je lui ai répondu : « si tu veux qu’on parle ça sera devant tout le monde » et je refusé de le suivre. Nous sommes actuellement en 2012 et nous n’avons aucun membre de la zone autonome au sein de l’Organisation des Moudjahiddines. L’Histoire a été écrite par le pouvoir avec une gomme à la main. Il me considère à présent comme étant une source de dérangement puisque je suis un homme à principes et parce que personne n’est arrivée à me corrompre.
El Khabar : ils vous ont écarté sur le plan politique et ont indirectement effacé les crimes de l’OAS ?
Commandant Azzedine : ils ont effacé le combat du peuple algérien, nous avons perdu plusieurs des nôtres. Nous avions délivré Alger de tous les membres de l’OAS et tout cela a été effacé. Aujourd’hui, lorsque je rencontre les Fidayiines, je pleure pour leur situation. (El Khabar-16.03.2012.)
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«Une repentance jamais formulée» –Par François Hollande
La guerre d’Algérie a été un moment décisif de l’histoire contemporaine. Elle a, en France, entraîné la chute d’une République et donné naissance à la Ve République ; envoyé de l’autre côté de la Méditerranée un million et demi de jeunes soldats et provoqué la mort de trente mille d’entre eux ; arraché à leur terre natale un million de pieds-noirs ; suscité l’abandon et le massacre de milliers de harkis restés fidèle à la France. Cette guerre, en Algérie, a entraîné la destruction de centaines de villages et le déplacement de deux millions de paysans ; elle a provoqué la mort de centaine de milliers d’Algériens et la destruction durable des paysages urbains et ruraux.
Après sept ans d’un combat cruel livré entre 1954 et 1962, l’Algérie a obtenu son indépendance et la France a achevé son processus de décolonisation. La séparation de l’Algérie et de la France a produit des volontés de connaissances et des oublis. C’est en 1999, avec le gouvernement dirigé par Lionel Jospin, que la guerre d’Algérie a enfin été reconnue et nommée sur la scène culturelle et politique. Aujourd’hui, entre une repentance jamais formulée et un oubli forcément coupable, il y a place pour un regard lucide, responsable sur notre passé colonial et un élan confiant vers l’avenir.
Nous le devons à nos aînés pour que leurs mémoires soient enfin apaisées. Nous le devons à notre jeunesse, car le travail de la mémoire ne vaut que s’il est aussi une promesse d’avenir. Cela vaut pour la gauche française dans le regard qu’elle porte sur sa propre histoire. Cela vaut aussi pour la France et pour l’Algérie.
Aucune avancée en la matière ne pourra être unilatérale. Tous les ans, en tant qu’élu de Corrèze, j’assiste aux commémorations du 19 Mars devant le Monument aux morts en présence des anciens combattants. Dans leurs regards, le soulagement de l’arrêt des combats et du retour au foyer se lit encore, avec l’indélébile souvenir des camarades qui ne sont pas revenus. Je connais leur attachement à la commémoration de cet événement historique. Je le respecte.
Je pense également aux harkis, condamnés par l’Algérie et rejetés par la France, qui ont enduré un interminable calvaire et ont été abandonnés dans des camps qui devaient être provisoires. La France leur doit le respect et la reconnaissance de son abandon.
Je pense aux familles rapatriées d’Algérie, déracinées, qui ont emporté avec elles une partie de leur vie et une mémoire douloureuse, encore vive aujourd’hui. Elles ont transmis à leurs enfants le souvenir de leur terre natale, où ils ne sont pour beaucoup jamais retournés. Elles ont droit au respect de la nation. Je pense aux immigrés algériens qui vivent dans notre pays, qui partagent son histoire et qui ont vécu la tragédie du conflit jusque sur le sol français. En me rendant, il y a quelques mois sur le pont de Clichy pour le 50e anniversaire du 17 Octobre 1961, j’ai voulu rappeler ce jour où des Algériens, qui manifestaient pacifiquement, ont été tués. Aux enfants de ces immigrés, qui se sont sentis exclus de la communauté nationale du fait des déchirures du passé, je dis qu’ils ont toute leur place dans l’histoire de notre pays.
Je pense enfin aux stigmates laissés par la violence de la guerre, à la souffrance des familles des Français et des Algériens qui ont laissé leur vie, y compris après le cessez-le-feu. Mais pour que cette histoire entre de manière apaisée dans notre passé, un travail de mémoire est nécessaire. La guerre d’Algérie, sombre période de la conscience nationa1e, sort ainsi des turbulences passionnelles et du traumatisme collectif pour s’offrir, enfin, à l’examen de l’historien. Les jeunes générations font déjà la France et l’Algérie de demain, et n’ont aucune responsabilité dans l’affrontement d’hier, peuvent ainsi lire cette page avec méthode, loin du bruit et de la fureur longtemps entretenus par leurs aînés, acteurs de cette histoire. La France et l’Algérie ont un travail commun à mener sur le passé pour en finir avec la «guerre des mémoires». Pour passer à une autre étape afin d’affronter les défis communs en Méditerranée. Pour que l’avenir se construise ensemble. Nous avons tant de choses utiles et belles à faire dans une même perspective. Celle du respect mais aussi du dépassement. Par François Hollande-paru dans El Watan-19.13.2012.
**Jaques Floch. ancien député socialiste:
«Des relents de colonialisme inquiétants»
- Que pensez-vous de la manière avec laquelle le cinquantenaire du 19 Mars a été traité par les autorités françaises ?
Il y a des relents de colonialisme qui m’inquiètent. C’est tout à fait anormal que le secrétaire d’Etat aux Anciens combattants actuel exécute des ordres du gouvernement et du président de la République pour zapper l’événement, pour des raisons électoralistes internes à la France, pensant qu’il faut récupérer les voix des pieds-noirs. Mais aujourd’hui les pieds-noirs sont totalement intégrés à la nation, ils votent comme la nation, hormis quelques régions comme en Provence-Alpes-Côte d’Azur, où ils sont cependant une minorité. Il y a le problème des harkis, il y a longtemps que les réticences auraient dû être levées entre la France et l’Algérie. Un jour ou l’autre il faudra que chacun fasse l’effort nécessaire pour que ce problème soit réglé.
- Qu’est-ce qu’il aurait fallu faire pour célébrer ce cinquantième anniversaire ?
Des rencontres à la fois au niveau des gouvernements, mais aussi des populations qui ont noué des relations qui doivent être relancées, régénérées. Hélas, des raisons politiciennes, en France comme en Algérie, l’empêchent. Mais je suis persuadé que des grandes nations comme la France et l’Algérie sont obligées de vivre ensemble, de coopérer. Un jour ou l’autre, cela se fera. C’est cela qui permettra que la Méditerranée soit une mer de paix.
- Que regrettez-vous de ne pas avoir pu réaliser lorsque vous étiez au secrétariat d’Etat aux Anciens combattants ?
J’aurais aimé pouvoir rencontrer les responsables algériens des anciens combattants. C’est avec eux qu’on doit commencer par établir la paix. J’avais soumis cette proposition, mais je n’ai pas eu le temps. Il n’y a jamais eu des rencontres officielles entre les anciens combattants via le secrétaire d’Etat en France et le ministère des Moudjahidine en Algérie. Les combattants, parce qu’ils ont connu les souffrances de la guerre, sont capables de parler de la paix. Si un jour on me demande mon avis, c’est cette proposition que je reprendrai. Moi, j’espère qu’il y aura un jour un traité de paix entre la nation algérienne et la nation française, sans que l’on efface le passé. Il faut que nos enfants et nos petits-enfants connaissent l’histoire. Je suis partisan d’une écriture commune entre les historiens français et algériens sur la colonisation française et la guerre d’Algérie.
- Entre la France et l’Allemagne, il n’y a eu que quatre ans d’occupation tout au plus. Entre la France et l’Algérie, il y en a eu 132…
Oui, cela fait partie du contentieux, effectivement il y a un lourd passé et terrible à la fois qui fait que c’est difficile de mettre autour d’une table des gens qui essaieraient de parler le même langage. On sent bien les difficultés, en dépit des bonnes volontés de beaucoup. Il y a urgence car les témoins disparaissent jour après jour.
- Quelles étaient vos intentions dans la rédaction de votre livre ?
Je parle de ce qu’on me cachait lorsqu’on m’a envoyé en Algérie. Les jeunes n’étaient jamais sortis de chez eux et on leur dit que l’Algérie c’est la France, que l’Algérie n’existait pas avant la France, ce qui est faux. Perdre l’Algérie, c’était perdre les avantages qu’ils avaient parce ce qu’ils étaient Européens. Il y avait un véritable apartheid en Algérie à l’époque ; il y avait deux nations qui vivaient côte à côte et il n’y en avait qu’une constituée de citoyens, les autres étaient des sujets. Les Européens étaient des Français à part entière, les Algériens étaient des sujets français. Voilà ce que j’ai appris de mon séjour en Algérie, nourri par ma réflexion après. Aujourd’hui, il faut dire tout cela. En juillet 1962, lorsque les Algériens votent, ils mettent un terme au régime colonial. (El Watan-19.03.2012.)
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**Ils étaient responsables de l’OAS à Oran
La colonisation en Algérie a pris fin comme elle avait commencé par des massacres et la spoliation, ont à jamais terni l’honneur de la France par la main de ses généraux, comme Bugeaud, Saint Arnaud, Cavignac durant la colonisation, et les assassins de l’OAS à Oran à la veille de l’indépendance, à savoir « Tassou » le grec, « Pancho » le gitan, et « papa Benichou » l’israélien.
L’assassinat de 15« femmes de ménage » algérienne le 11 mai 1962 a représenté le summum de la sauvagerie du « commando » de l’organisation de l’armée secrète « OAS » et s’inscrivait dans la politique de la terre brulée pour imposer la politique de « l’Algérie française » par des attentats, des braquages de banques et l’assassinat de 410 algériens et 487 blessés du 19 mars date du cessez-le-feu jusqu’à début juillet 1962. L’image de la main de la petite Khadidja Djiari dans celle de son père Abdelkader qui avait été retrouvée parmi les restes de victimes de l’attentat de la place « Tahtaha » à Oran le 28 février 1962 est restée dans la mémoire de ceux qui ont vécu cette période sanglante, dont l’auteur n’était autre que l’OAS, avec ses assassins, comme le juif « Papa Benichou », le gitan « Pancho », « Athanase » le grec propriétaire du café « Café Rich » (Timgad actuellement), Micehlet et d’autres, qui ont constitué « le syndicat du crime » comme l’a appelé Jean-François Gavoury. Ironie du sort le sanguinaire Athanase Georgopoulos « Tassou » lui-même se retrouve membre du comité d’indemnisation en tant que représentant des exilés ou activistes de l’OAS sur la base d’un décret signé par Jean-Pierre Raffarin en vertu de l’article 13 de la loi du 23 février 2005 glorifiant la colonisation française. « Tassou » est pour rappel le fondateur de la troisième région de l’OAS à Oran et avait reçu le général Edmond Jouhaud lorsqu’il avait fui à Oran. Les brigades de la mort ont mis toutes leurs forces dans « la bataille d’Oran » pour préserver la région ouest sous l’étendard de « l’Algérie française » avec Oran pour capitale. Ce qui explique a poursuite par l’organisation des ses opérations criminelles malgré les accords du 18 mars entre les représentants du FLN et Jean-Jacques Susini un des dirigeants de « l’OAS » prévoyant un cessez-le-feu et l’arrestation du général « Jouhaud » et son adjoint « Camelin » le 20 mars à Oran par le général « Joseph Katz ». Ce dernier a reconnu dans son livre « honneur d’un général » qu’ « il cachait le bilan réel des victimes de l’OAS à Oran après les accords d’Evian de peur d’une violation du cessez-le-feu ». Mais lors du jugement du général Jouhaud le 12 avril 1962 le général a « Ortiz » dans son témoignage sur les crimes de l’organisation et a parlé de l’existence de « 1190 attentats, 109 attaques armées qui ont fait 137 morts dont les 15 femmes de ménage, par arme à feu et arme blanche et 385 blessés ». les services de police ont de leur coté enregistré durant la période s’étendant du 19 mars date du cessez-le-feu à début juillet 1962 : « 66 assassinats parmi les habitants européens dont des officiers de l’armée et 36 blessés, et 410 morts et 487 blessés parmi les algériens ». (El Khabar-16.03.2012.)
**Gilles Manceron. Historien: «L’OAS empêchait le processus de transition»
L’historien et spécialiste de la colonisation française en Algérie, Gilles Manceron, estime, dans un entretien à l’APS, que pour progresser vers une perception apaisée du passé, il faut dépasser ce ressassement des mémoires meurtries et accepter la libre recherche historique.
Si les Accords d’Evian ont marqué l’arrêt de la guerre entre l’armée française et l’ALN, ils ont laissé place à une guerre des mémoires qui s’est poursuivie depuis cinquante ans. En effet, puisqu’ils ne disent rien sur les causes de cette guerre ni sur la légitimité de la lutte de l’un des camps qui s’affrontaient, toutes les interprétations différentes ont pu perdurer. L’urgence était d’arrêter la guerre. Dans ces conditions, la société algérienne qui gardait le souvenir de la violence de la colonisation et, dans la société française, ont pu perdurer majoritairement les mythes anciens sur «l’œuvre coloniale civilisatrice» ainsi que le déni officiel des crimes coloniaux. Le courant anti-colonial dans la société française était très minoritaire en 1962. Aucune parole officielle n’est venue lui donner raison.
- Au lendemain de la signature de ces Accords, le sang a continué à couler de part et d’autre, la plupart des actions meurtrières étant l’œuvre de l’OAS. En dépit du fait que les Accords prévoyaient des «garanties» à l’égard des Européens pour rester ou quitter l’Algérie, les affrontements se poursuivaient. La non-mise sur pied d’une autorité pour veiller à l’application stricte du cessez-le-feu en serait-elle l’unique raison ?
L’OAS refusait l’indépendance de l’Algérie et elle a tout fait pour empêcher le processus de transition que prévoyaient les Accords d’Evian. En se lançant dans des attentats terroristes qui ont tué de nombreux civils algériens, elle a compromis le maintien en Algérie d’un nombre important de pieds-noirs. Les négociateurs d’Evian envisageaient le maintien d’environ 400 000 pieds-noirs. Il n’en est resté que moins de 200 000 à la fin de l’année 1962. L’OAS, en s’attaquant à l’exécutif provisoire qui devait organiser la transition vers l’indépendance, a compromis leur avenir en Algérie. Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle les Accords n’ont pas été appliqués. Ils prévoyaient des «garanties» pour la population européenne. Mais un courant partisan d’une citoyenneté algérienne fondée sur la seule religion musulmane et la seule langue arabe, qui existait de manière minoritaire dans le FLN dès le début et avait été désavoué lors du Congrès de la Soummam en août 1956, n’a cessé de prendre de l’importance avec la prolongation de la guerre et l’accroissement des violences entre les communautés. Ce courant ne voulait pas non plus qu’un nombre important d’Européens prenne leur place dans l’Algérie indépendante.
- Aujourd’hui, la France continue dans le déni de ses crimes coloniaux en Algérie. La reconnaissance par la République de son passé peu glorieux était-elle la seule à même de jeter un regard apaisé sur cette guerre et de permettre d’entrevoir un avenir meilleur pour les deux pays et les deux peuples. Et quelles sont, selon vous, les raisons qui poussent le président Sarkozy à continuer dans le déni (discours de Perpignan, notamment), tout en faisant un clin d’œil aux nostalgiques de l’Algérie française, se recrutant essentiellement parmi l’extrême droite ?
C’est essentiellement dans un but électoral que le président Sarkozy a choisi de rechercher l’appui de la fraction de l’opinion restée attachée à la colonisation. Cela l’a conduit à faire réapparaître au grand jour des discours racistes et colonialistes, alors que, pendant une vingtaine d’années, cette fraction de l’opinion ne pesait pas lourd parmi les forces politiques du pays. Après la loi de 2005 sur la «colonisation positive», cela a donné, en 2007, les discours du président Sarkozy sur le «refus de la repentance». Cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie, on assiste à la résurgence de haines anciennes. Mais ceux qui les expriment ne font pas le poids face à la volonté de comprendre des nouvelles générations, au travail des historiens et aux efforts de nombreuses associations. Pour progresser vers une perception apaisée du passé, il faut dépasser ce ressassement des mémoires meurtries, il faut accepter la libre recherche historique, à l’écart de toutes les instrumentalisations officielles. Pour qu’une connaissance se développe sur la base des regards croisés des historiens des deux pays. (El Watan-17.03.2012.)
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