Ferhat Abbas
*Il faut corriger l’histoire de l’Algérie afin de ne pas porter atteinte aux héros de la révolution algérienne. C’est ce qui ressort de la conférence qui s’est tenue, hier, au forum d’El Moudjahid, à l’occasion de la commémoration du 25ème anniversaire de la mort de Ferhat Abbas.
« Il faut réhabiliter Ferhat Abbas » a scandé l’écrivaine Leila Benamar Benmansour, qui s’est longuement étalé sur le parcours de « Ce visionnaire exceptionnel ». Pour autant elle appelle a ce que des rues et des écoles soient nommés en son nom. « C’est honteux de voir que nos écoles et nos rues soient nommées en des noms de personnages étrangers alors que Ferhat Abbas est exclu » a-t-elle martelé. Durant toute sont intervention, l’interlocutrice a axé sur la portée lointaine de la vision de Ferhat Abbas, qui selon elle, voulait d’abord assurer un enseignement aux masses indigènes. Pour lui la connaissance était un préalable à tout avancement et progrès. Ce qui est valable pour une entière indépendance a-t-elle souligné. De son côté, l’ancien journaliste d’El Moudjahid, Ammar Khodja, a tenu de souligner quant à lui le conflit qui a dû opposer Ferhat Abbas à l’association des oulémas de Abdelhamid Benbadis, qui l’accusaient d’assimilationnisme. «Ferhat Abbas avait une vision lointaine et a toujours été pour l’indépendance de l’Algérie », a t-il insisté. En outre, il a indiqué, qu’avec la venue de Ferhat Abbas, la ville de Frenda est devenue la deuxième Sétif. Une façon de démontrer le bon accueil qui lui était réservé. Comme on peut le lire dans son discours : «L’enchainement des évènements et les circonstances m’ont placé à la tète du GPRA. Je n’ai pas recherché ni convoité cet honneur. Je n’ai aucun goût particulier pour l’exercice du pouvoir. Ce sont les malheurs de mon pays qui m’ont jeté dans l’arène politique. Comment peut-on vivre pour soi quand la déprime des hommes et l’injustice qui les frappe devient un spectacle au quotidien. » Par ailleurs, l’intervenant a fait savoir que le programme de Ferhat Abbas de 1943 était tellement ambitieux à Zemourra que certaines personnalités françaises ont adhéré à son plan. À l’instar de Roland Miette qui est représenté comme symbole de fraternité. « Il était hors de question de jeter la population française à la mer ». Les français ont compris par là que les algériens avaient des principes. À cet effet, l’orateur a démontré que le bon comportement de Roland Miette était tellement bon avec les algériens qu’il a fini par être nommé le « Père des pauvres». En 1946, ce même personnage obtient une carte de militant au sein du Front national de libération. En outre, Roland Miette a assumé deux mandats consécutifs. À cet égard, Amar Khodja a appelé à ce que le contexte de l’époque soit pris en considération. « Ferhat Abbas et le parti du Manifeste soutenaient d’avance les intellectuels français afin de les intégrer au sein du FLN », a-t-il souligné. Par ailleurs, le président de la Fondation du 8 mai 45, Mohamed Corso, a retracé le parcours historique de Ferhat Abbas, dans lequel il a évoqué la formation de l’histoire. L’orateur a expliqué que Ferhat Abbas avait entamé une revendication progressiste des droits du peuple algérien et que cela pouvait facilement se vérifier dans les différents organes et articles de presse qu’il a rédigés et gérés. (Le Courrier d’Algérie-26.12.2010.)
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25e Anniversaire de la disparition de Ferhat Abbas
La belle revanche de l’intelligence sur la bêtise
Ingratitude des hommes, Ferhat Abbas, véritable monument du mouvement national algérien, a été, pendant des décennies, frappé d’un ostracisme d’un autre âge.
L’histoire officielle a presque banni le nom, même après sa mort. Cet acharnement cruel a-t-il eu raison de la légende de ce pharmacien qui a consacré toute sa vie aux siens ? Non. Et, hier à la salle de conférence du journal El Moudjahid, l’intelligence a eu sa belle revanche sur la bêtise. Une foule nombreuse a pris d’assaut les lieux pour assister à l’hommage que l’association Machaâl Echahid en collaboration avec la famille du défunt, a décidé de rendre à cette figure emblématique de la cause nationale à l’occasion du 25e anniversaire de sa disparition.
Des moudjahiddine et d’anciens ministres ont été de la partie. “L’histoire se porte bien. Elle avance à petits pas certes, mais de façon sereine et sûre,” s’est félicité Mohamed El-Korso, historien et ancien président de l’association du 8-Mai-1945. L’historien a vivement regretté l’absence des autorités à la cérémonie de recueillement à la mémoire du défunt organisée vendredi au cimetière El-Alia à Alger. à suivre son argumentaire, Ferhat Abbas n’avait pas rompu avec Abdelhamid Benbadis, président de l’association malgré une virulente polémique qui les avaient opposés. Mohammed Belkhodja, journaliste et historien, a soutenu que Ferhat Abbas avait été le précurseur dans la mobilisation des élites françaises en faveur de la cause algérienne.
Auteur d’un livre consacré au premier président du GPRA, Leïla Benammar Benmansour, docteur en information et communication, s’est longuement attardée sur les qualités et les idées de “l’homme illustre” comme elle n’a cessé de le qualifier. “C’est la première fois depuis l’indépendance du pays qu’on se réunit de façon aussi solennelle pour rendre hommage à cet illustre homme,” a-t-elle remarqué avant de déplorer que beaucoup de grandes avenues de la capitale algérienne portent les noms de personnalités de marque (Didouche Mourad, Larbi Ben M’hidi, Abane Ramdane, Hassiba Ben Bouali,…) ou même étrangères (Patrice Lumumba, Kennedy, Che Guevara,..) Mais pas celui du premier président de l’Assemblée nationale. Parlant des idées de cet homme qui s’était engagé sur les sentiers escarpés du militantisme politique en 1921 à l’âge de 23 ans, Mme Benmansour assure que Ferhat Abbas accordait une grande importance à l’éducation des masses qui était au cœur de ses préoccupations. “Pour Ferhat Abbas, sans éducation, toute action est vouée à l’échec,” explique-t-elle. Prenant la parole, Abdelhalim Abbas, fils du défunt, a soutenu : “J’ai été fidèle à sa mémoire en publiant le livre qui délivre un message à la jeunesse algérienne mais aussi à tous les hommes de savoir et de culture pour faire de l’Algérie un pays pour tous sans exception.” (Liberté-26.12.2010.)
**Ferhat Abbas : l’humaniste
Je profite de ce papier pour rendre hommage, non seulement à notre défunt nationaliste Ferhat Abbas qui nous a laissé un livre comme testament, mais aussi à toutes les personnes qui ont préféré laisser leur vie, souvent dans des conditions abominables, afin que nous vivions libres et heureux. (Larbi Mehdi*)
Aujourd’hui, puisqu’il s’agit d’un livre qui contient un rêve d’une personnalité historique dont le nom, comme celui des autres d’ailleurs, s’est familiarisé et gravé depuis longtemps dans les esprits nationaux et internationaux, il serait désagréable de notre part de ne pas profiter de cette occasion pour avoir l’honneur de le lire, afin de produire un modeste commentaire après avoir creusé et fouiné dans le sens des mots qu’il contient. Effectivement, Demain, se lèvera le jour(1), un livre écrit par Ferhat Abbas quelques années avant sa mort, est destiné à toutes et tous les Algériens. Le livre en question contient un projet politique basé essentiellement sur la légalité. Il représente, donc, un rêve que Ferhat Abbas voulait partager de son vivant avec les Algérien(ne)s.
Demain, se lèvera le jour, un titre… Un rêve… que Ferhat Abbas a réalisé dans son livre et a souhaité le voir se concrétiser… un jour… dans la réalité, afin que la joie déborde des visages et envahisse en fin de compte les pupilles.
De ce fait, un livre… un rêve… nous fait penser qu’il fut un temps l’Algérie avait eu des hommes politiques qui, malgré leurs différences, ont pensé à construire un Etat de droit, afin que nous, Algérien(ne)s, puissions combattre ensemble toutes les formes de l’injustice. Pour dire l’essentiel, le martyr Ferhat Abbas nous a légué un testament inestimable.
«Un livre» qui nous pousse aujourd’hui et nous oblige, malgré nous, à nous aimer. Aimons-nous pour qu’on puisse construire un lien fort, et avoir une confiance mutuelle semblable à celle de nos martyrs. Cet amour sera le leitmotiv qui nous rassemble pour bâtir un avenir à nos enfants et arrière-petits-enfants. Il faut dire que ce monsieur était unique parce qu’il a éprouvé pour nous, gracieusement, un sentiment affectif. Mis à part le travail, il n’attendait rien de nous. Il voulait simplement nous voir vivre heureux. Ce monsieur était notre premier Président. N’était-il pas un ange ? Devons-nous pleurer sa disparition aujourd’hui ?
Non, chérissons-le d’abord et pensons à lui comme il l’a fait pour nous de son vivant. Que son nom soit gravé à tout jamais dans nos mémoires, et travaillons ensemble pour qu’on puisse le sacraliser dans celles de nos enfants et arrière-petits-enfants. En effet, le contenu du livre montre que Ferhat Abbas avait plus vécu pour l’Algérie que pour sa famille et ses proches. Il savait pertinemment que l’intérêt de sa famille était fondamentalement lié à celui des Algérien(nes). Il était convaincu que sa famille ne pouvait se distinguer préalablement par quoi que ce soit aux autres. Elle n’a point le droit d’utiliser l’héritage de son histoire familiale à des fins personnelles, ou celui de ses enfants pour se placer au dessus des autres. Il avait compris qu’en le faisant, la famille ne peut pas trouver sérénité, quiétude et grandeur. Il savait certainement que l’histoire rebondira un jour pour cracher les mensonges, c’est pourquoi il a écrit Les hommes passent, la vérité historique demeure.(2)
Par conséquent, ce comportement loyal vis-à-vis des Algérien(nes) ne peut avoir un sens que chez des hommes d’Etat qui ont gagné les cœurs et ont suscité chez les personnes le souci de commémorer et de glorifier leur honnêteté et leur bravoure à chaque fois que leurs noms étaient cités. Ces hommes d’Etat loyaux deviennent, cependant, des légendes, et les enfants de la patrie retiendront à jamais leurs valeurs et leur vaillance. Ils seront racontés dans des histoires et seront définis comme étant des emblèmes de la nation. De ce fait, Ferhat Abbas a bien gagné le combat. Effectivement, le fait d’être partisan de la l’égalité et de la justice sociale nous suffira et adoucira notre douleur et notre marasme.
La «Légalité», un concept politique lourd, chargé de sens et d’histoire a bien été utilisé par notre défunt martyr comme titre principal de son premier journal en 1948. Ferhat Abbas était un Algérien musulman et humaniste. Il a aimé les Algérien(nes) parce qu’il avait senti qu’il faisait partie d’eux. Ce grand monsieur, que Dieu lui réserve une grande place au Paradis avec les personnes qu’il aime, a accompli un acte prophétique parce que, évidemment, Il n’y a que les prophètes et les grands hommes qui ont laissé un livre… un rêve… à leur peuple et à leur nation…! Bâtir une Algérie républicaine et égalitaire, bâtir une nouvelle croyance politique qui se place au-dessus de toutes les croyances qui pouvaient et peuvent exister encore, pour pouvoir construire un discours serein et moderne sur l’Algérie, afin de l’asseoir, en fin de compte, parmi les grandes nations, au sommet, comme une belle reine qui s’élève au-dessus des autres.
Ferhat Abbas voulait que l’Algérie soit comme une belle femme bien protégée par ses enfants qui la chatouillent pour qu’elle puisse garder le sourire éternellement. Le contenu du livre est saisissant, c’est bien ce que souhaitait Ferhat Abbas. Il désirait porter l’Algérie au sommet. Il souhaitait rassembler les Algérien(nes) autour d’un projet politique pour construire la société. Les différences naturelles et culturelles ne sont pas un obstacle, au contraire ce sont elles qui font la force de l’Algérie. Une Algérie pour tous les Algérien(nes) était son rêve et son but. Il a passé toute sa vie pour voir, enfin, une Algérie forte et prospère. Nous, nous ne faisons que relater ce que contient le testament ! En effet, ce sont bien ces grandes idées politiques qui ont torturé et tourmenté la vie du défunt Président de notre gouvernement provisoire (GPRA) d’avant 1962. Il a passé toute sa vie à combattre les idées mélancoliques et obscures des Etats tyrans, que ce soit dans le temps du colonialisme ou dans celui d’après-l’indépendance politique. Il était contre le développement du culte du zaîm et le pouvoir personnel qui avantagent volontairement les affaires personnelles aux affaires publiques.
B. Stora et Z. Daoued nous ont bien décrit ses attitudes et son engagement politique. Ils ont écrit : «Il opère sans cesse par le jeu de proximité et de distance avec la France, par éloignement et parenté. Il est si proche… et si loin des Français… Les principes et les batailles de Ferhat Abbas étaient essentiellement pour la légalité citoyenne… Il a démontré aux siens (Algériens) comme aux Français ce que l’on voulait absolument ignorer jusque-là : il existe des possibilités de compromis, voire d’alliance entre République et Islam, et séparation des principes de 1789 amenés par la colonisation des actes de colonisateur lui-même… Une démarche du communautarisme religieux a heurté les mœurs, la conscience morale de ceux pour qui l’Islam est synonyme, essentiellement, de patrie».(3)
Toutefois, le combat de Ferhat Abbas et son militantisme ont montré aux Français de la métropole et, spécialement, les nobles, comme le Baron d’Alexis de Tocqueville, que l’Algérie des indigènes peut produire des hommes civilisés et compétents à condition de les mettre dans un système politique égalitaire. Il s’est mis face aux colons, tête à tête, pour montrer à ces exploiteurs véreux et suceurs de sang des (khemas) que le temps n’est plus le leur, et ne peuvent, désormais, décider seuls pour l’avenir politique de l’Algérie. Il a montré aux ennemis, aux adversaires et aux amis qu’il était un grand homme politique et un humble humaniste par le simple fait qu’il souhaitait construire une Algérie avec toutes les composantes qui existaient sur son territoire, y compris les Européens. Ils étaient pour lui une réalité sociale qui fait partie de l’Algérie.
Sa pensée était de trouver les moyens pour vivre ensemble dans un espace public commun. Il réclamait la réforme des droits civils et politiques et un statut social pour les musulmans, similaire à celui des Européens vivant en Algérie. Il ne s’intéressait guère aux liens familiaux ni aux appartenances régionales ou religieuses. Il était, tout simplement, un homme politique remarquablement moderne. Sa philosophie de la vie n’était pas différente de celle des philosophes des Lumières. Il était contre la violence, contre la guerre. Il ne voulait pas entraîner les autochtones dans une guerre archère et meurtrière. Il militait grâce aux idées reçues de l’école. Il se projetait dans des débats politiques contre le monde occidental. Il utilisait leurs armes, à savoir les idées politiques, produit de la révolution française, pour se défendre. Il militait pour les droits de l’homme et le droit des égalités et des libertés.
En revanche, le durcissement de certains dirigeants français comme le maréchal Pétain et le gouvernement de Vichy par exemple, ainsi que l’orgueil du groupe militaro-politique qui s’est constitué autour de François Mitterrand nous ont non seulement fait perdre ces repères et ces jalons, mais, pis encore, nous ont entraînés dans une guerre qui nous a fait perdre et les hommes et les idées politico-sociales reçues et appropriées comme moyen pour détruire complètement la vieille société, et construire, par la suite, une Algérie nouvelle. Par ailleurs, bien que les factions du mouvement national ne fussent pas tout à fait d’accord sur la manière de procéder pour avoir la liberté, Ferhat Abbas fut la première personne qui a réussi à les rassembler autour d’un manifeste entraînant, par la suite, l’organisation du premier congrès musulman.
Ce dernier visait la suppression des lois et institutions d’exception, le rattachement pur et simple de l’Algérie à la France, le collège électoral unique et la représentation des musulmans au Parlement. Toutefois, la citoyenneté française devait être cumulée avec le maintien du statut personnel musulman, le culte musulman devait être géré librement avec le produit des biens «habous».(4)
Néanmoins, ces factions militaient pratiquement toutes pour la même cause et avec les mêmes armes. A. Djeghloul a écrit à leur sujet : «D’une manière, certes différenciée, les intellectuels posent leurs candidatures à un partage de pouvoir, à occuper en tout cas une position d’intermédiaire entre la société algérienne et l’Etat colonial dont ils critiquent, certes, les excès, mais qu’ils ne remettent pas en cause dans son essence.
Cela est vrai, des intellectuels francisés qui ne cesseront, jusqu’à la fin des années trente, de réclamer le droit à entrer dans la cité française. Cela est aussi vrai des Ouléma. Dans l’éditorial du numéro 1 d’El Muntaqid, daté du 2 juillet 1925, Ben Badis déclarait : ‘‘Le peuple algérien est un peuple faible et insuffisamment évolué. Il éprouve la nécessité vitale d’être sous l’aile protectrice d’une nation forte, juste et civilisée qui lui permette de progresser dans la voie de la civilisation et du développement.
De telles qualités, il les trouve en la France, à laquelle il se sent attaché par les liens d’intérêt et d’amitié. Notre action consiste à favoriser la compréhension entre les peuples algérien et français ; à expliquer au gouvernement les aspirations du peuple algérien ; à plaider pour les droits de celui-ci, en toute sincérité et franchise’’».(5)
(Suite)
Notes de renvoi :
1- Ferhat Abbas, 2010, Demain se lèvera le jour. Ouvrage inédit, publié à titre posthume, préfacé par Leïla Benameur Benmansour, Alger-Livres Editions.
2- Ferhat Abbas, 2010, Ibid, p.91.
3- Benjamin Stora, Zakya. Daoued, 1995. Ferhat Abbas, Une autre Algérie, Casbah Algérie.
4- Charles Robert Agéron, 1974, Histoire de l’Algérie contemporaine, PUF, Paris,
pp.89, 90.
5- Abdelkader Djeghloul, 1988. Ouvrage collectif, Lettrés, intellectuels et militants en Algérie : 1880-1950. OPU, Alger, p, 15, 16.
**Ferhat Abbas : l’humaniste… suite et fin
La mélancolie de Ferhat Abbas et son chagrin n’arrêtaient pas de s’accroître. Ils augmentaient après l’indépendance, quand son pays s’est davantage éloigné des valeurs de liberté et d’égalité, que les martyrs «chouhada» ont hardiment irriguées par leur sang, afin qu’elles fleurisse nt et prospèrent en Algérie.
Par Larbi Mehdi (*)
Demain se lèvera le jour, un rêve dont il s’est acharné de voir l’aurore et son soleil rayonner sur l’Algérie à chaque fois que sa tête finissait de caresser l’oreiller.
Pourquoi ne l’ont-ils pas écouté ? Pourquoi ne l’ont-ils pas pris au sérieux ? Pourquoi n’ont-ils pas épousé ses idées ?… C’est de la bassesse et de la mesquinerie quand on fait semblant de ne pas reconnaître chez ces personnes la qualité d’être, tout simplement, des humanistes humbles voulant faire du bien pour autrui. Chasser leurs idées pour babiller une gloire ne mène à rien et ne fait qu’accroître un narcissisme maudit. Quand on chasse ces idées de nos esprits et qu’on fait de l’ombre à leur auteur, on n’a pas le droit, en réalité, de dire ensuite qu’on est vivant. Quel jugement peut-on avoir de nous-mêmes lorsque l’on croise dans notre vie des personnes de valeur précieuse et que l’on ne profite même pas de les écouter, afin d’apprendre, au moins, à apprécier la valeur humaine ?
Ferhat Abbas, une figure historique que Dieu a bien aimée, a trouvé la «raison» et voulait nous la transmettre pour qu’on puisse construire, ensemble, notre cher pays. Il avait hâte de ne plus voir son pays sombrer dans l’arrogance, le mépris et l’indifférence, et a insisté inlassablement pour impulser et faire boiser sa pensée politique et ses idées modernes, ouvertes sur le monde contemporain.
Il n’a pas écrit pour nous raconter ses blessures personnelles ; il n’a pas été rancunier ; il n’avait pas non plus de haine vis-à-vis de certains compatriotes qui l’ont ridiculisé. Il avait dans ses yeux la patrie, l’Algérie, et pour elle il a pardonné à tous ceux qui, de près ou de loin, étaient responsables de ses propres souffrances et douleurs. L’essentiel pour lui c’était l’Algérie. Elle était son souci majeur. Elle était la priorité des priorités. Elle était placée au sommet. Tout ce qui peut être important pour un être humain devient nécessairement secondaire pour elle.
Ferhat Abbas était virulent avec toutes les personnes qui pouvaient mettre en péril l’intérêt de l’Algérie et des Algérien(nes). Aucune exception n’était tolérée.
Jadis, l’Algérie pouvait se sentir protégée grâce à ces hommes intègres. De nos jours, ces personnes précieuses sont rares, et il est difficile, plutôt impossible, de trouver quelqu’un qui ressemblerait à Ferhat Abbas.
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde qui facilite, malheureusement, la place et la reconnaissance aux prédateurs et aux véreux qui compromettent sans état d’âme l’intérêt public. Ce monde donne particulièrement raison à ceux qui ne respectent ni le droit canon ni le droit positif.
Actuellement, ce monde ne nous donne pas beaucoup de choix. Soit on s’enferme dans notre «trou à rats», pour, justement, créer dans l’espace qu’on peut avoir dans un «F3» délabré notre petit monde, ou bien partir là où les harraga souhaitent aller !… L’itinéraire d’une troisième voie n’est toujours pas créé et ne peut être disponible dans les conditions actuelles !…
M. Moulessehoul (Yasmina Khadra) avait raison de dire dans une interview que les Algériens se soucient de laisser une villa à leur progéniture, mais personne ne pense si, lui, a bien laissé une nation. Effectivement, posons-nous les questions suivantes : où allons-nous ? Quel sens avons-nous donné à notre vie et à notre avenir ? Comment serait l’avenir des enfants qui n’ont rien fait pour mériter cela… ?
En tout cas, ce qui est actuellement sûr, c’est que la représentation qu’on a conçue ne nous mène nulle part, et ne peut, en aucun cas, nous aider à progresser. Ferhat Abbas, de son côté, nous a fait savoir à la page 51 que «le pouvoir n’est rien quand il n’est pas au service d’un idéal partagé avec le peuple.» Dans notre situation, que pouvons-nous faire avec des responsables politiques qui ont tourné le dos au peuple et ignoré, depuis, son existence ?
Que pouvons-nous faire lorsque l’on voit dans un Etat fragile des partis politiques qui n’ont aucun organe qui fonctionne pour ranimer le corps de la société, assécher avec insistance uniquement les caisses de l’Etat et du contribuable ?
Que pouvons-nous faire avec des députés en manque d’oxygène pour donner du souffle à la vie politique et sociale ?
Que pouvons-nous faire avec des hauts cadres corrompus qui ont donné à WikiLeaks l’occasion de nous marteler avec des informations pénibles, douloureuses et honteuses ?
Que pouvons-nous faire avec certains universitaires qui cherchent à avoir le grade le plus élevé, par n’importe quel moyen, pour toucher essentiellement le «jackpot», et finir par voir, chaque fin de mois, le nouvel avoir du CCP comme les vieux retraités ?
Que pouvons-nous faire avec des jeunes qui entament la harga pour terminer leur processus de vie dans la mer ?
Que pouvons-nous faire avec des jeunes qui ont décidé aveuglément de terroriser une société déjà angoissée et embarrassée ?
Où va l’Algérie ? Une autre question qui nous fait penser, encore une fois, à un autre drame horrible qui s’est collé pour se graver à jamais dans la mémoire collective.
Je n’essaie de faire le procès de personne et je n’essaie pas non plus d’alarmer la société, d’autant plus que moi-même je fais partie de ce malheureux monde. Mais, paradoxalement, j’essaie d’être debout pour contrer la maladresse qui s’est prescrite dans notre société et s’est élargie comme une gangrène destructible. Je crois qu’aujourd’hui le moment est venu de poser les vraies questions qui font peur, mais en même temps des questions fondées qui libèrent les corps et les esprits malades, et construire, en même temps, la stabilité, l’ordre et la paix sociale. Cela dit, nous vivons quotidiennement dans la violence. Elle se généralise pour toucher toutes les personnes dans toutes les structures et dans tous les secteurs. Arrêtons de dire qu’elle est limitée uniquement aux enfants et aux femmes. Elle est générale parce qu’elle touche tout le monde, y compris les «hommes».
Nous vivons tous dans l’angoisse et dans la peur. Ces dernières sont multiples et varient d’un cas à un autre. Il nous faut une vision générale et claire, et pour réaliser cela, il ne faut pas avoir peur de poser les vraies questions.
La problématique de la «domination» est un phénomène qui fait partie de l’état naturel de l’être humain. Il faut avant tout reconnaître cela et le définir pour arriver, ensuite, à comprendre comment les hommes ont réussi à domestiquer cet état «sauvage» pour le faire fonctionner socialement, afin qu’il soit un moyen producteur de sens et de richesse. Hobbes ne s’est pas trompé quand il a soulevé ce problème philosophique, à s’avoir «La guerre de tous contre tous». Comme Emile Durkheim, de son côté, ne s’est pas trompé, lui non plus, quand il a développé dans une thèse de doctorat en sociologie intitulée De la division du travail social, que l’utilité économique que peuvent développer les uns et les autres fait reculer effectivement, la guerre de tous contre tous.
En Algérie, chacun veut dominer l’autre, parce qu’en réalité chacun de nous ne connaît pas l’utilité de l’autre pour lui, socialement. En dehors des fonctions naturelles, aucune autre fonction, que ce soit au niveau économique ou politique, ne s’est développée pour donner un nouveau sens à la vie sociale collective.
Aujourd’hui, nous vivons mal et nous subissons des effets négatifs à cause de notre maladresse et de notre incompétence en matière de définition et de clarification d’une stratégie de développement durable. Cette situation embarrassante n’arrête pas de s’ancrer en nous et de nous inscrire avec les pays malheureux, damnés et maudits.
Cependant, nous ne pouvons pas avancer dans un climat de peur et de méfiance. La perplexité qui guette pratiquement tous les Algérien(nes), sans exception est d’ordre psychologique. Il nous faut un climat serein pour éduquer un esprit clairvoyant et critique. La liberté de penser et de parler est plus que jamais recommandée pour construire une confiance réciproque. Cette liberté qui s’entretient dans un climat social ergonomique est nécessaire pour accoucher de «l’Algérien typique» qui pourrait représenter son pays dignement et ne jamais songer à déshonorer ou à renier sa patrie pour la remplacer par une autre.
Pour conclure, il est regrettable de dire que l’hommage en question ne peut avoir lieu et nos martyrs «chouhada» ne peuvent reposer en paix, tant que le chantier de la construction d’un Etat fort n’a pas démarré. Nous avons les moyens et nous pouvons le réaliser à condition que nous nous aimions et que nous nous faisions confiance, les uns aux autres. Pas comme un frère d’une même famille, mais plutôt comme un frère d’une même République.
Nous devenons frères quand nous nous soumettons, à l’aide d’une volonté collective, aux exigences et aux lois de notre République.
Ferhat Abbas nous a laissé une phrase dans la page 59 de son testament, qui explique que «le nouveau départ ne viendra que de la libre disposition de chaque citoyen algérien obéissant à la loi de la majorité.» En attendant que ce jour se lève, nous continuons à avoir des sentiments pour notre premier Président et nous l’adorerons pour, au moins, lui rendre ce qu’il nous a bien donné comme espoir. Il a voulu nous dire dans son testament (livre) qu’il sera vivant parmi nous et sera heureux à jamais quand notre pays sera prospère et permettra à ses enfants, sans distinction, de vivre heureux dans un environnement qui leur apprendra ce qu’est l’effort et leur permettrait de travailler et de persévérer pour faire accroître les énergies et les compétences. (El Watan-08.01.2011.)
Par Larbi Mehdi (*) Université d’Oran
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