Les pieds-noirs restés en Algérie

** Ni valise ni cercueil

Pierre Daum raconte les pieds-noirs restés en Algérie

son livre constitue une grande première

De 200 000 en 1963, il n’y en a plus que 50 000 en 1972. Les pieds-noirs restés en Algérie sont quelques milliers en 1990 et quelques centaines en 2010.

Le livre vient de paraître aux éditions Actes Sud en France et chez Média-Plus en Algérie. Ni valise ni cercueil raconte ce qui est explicité dans le sous-titre, à savoir l’histoire des Pieds-noirs restés en Algérie après l’Indépendance. L’auteur, Pierre Daum, a voulu, à travers 432 pages pour 24 euros seulement, revenir sur le vécu de six cent mille pieds-noirs qui ont pris le chemin de l’exil et des quatre cent mille qui sont restés en Algérie.
C’est ce qu’explique le livre dès les premières lignes, c’est-à-dire à travers la préface de Benjamin Stora. Selon ce dernier, aucune étude approfondie n’avait jusqu’à présent été entreprise sur le sort des Européens et des Juifs après 1962. Le livre de Pierre Daum constitue dès lors une grande première. Il est expliqué que l’auteur remet en cause plusieurs idées reçues à propos du départ des Européens d’Algérie. Benjamin Stora soutient que la thèse répandue est connue: un million de personnes seraient parties en 1962. Pierre Daum livre une autre version dérangeante. Les historiens n’ont jusqu’à présent véritablement pas souligné les leçons à retenir d’une présence si massive. Mais qui sont-ils vraiment ces pieds-noirs? C’est ce qu’on apprend à la page 21. Le terme désigne les rapatriés non musulmans d’Algérie. Il exclut les harkis et ceux qui ont fait le choix de ne pas quitter l’Algérie. L’auteur applique pourtant la notion à cette dernière catégorie même si elle s’en défend d’en faire partie. Les ambiguïtés restent encore grandes après cinquante ans d’indépendance.

Pierre Daum raconte les pieds-noirs restés en Algérie

Autre sujet de discorde: leur nombre. Qu’écrit l’auteur à la page 39? En évoquant les témoignages d’autres historiens, on est en plein fouillis.
Jean Lacouture pense qu’il y a moins d’un million de rapatriés. Selon Daniel Lefeuvre, 180.000 d’entre eux sont restés en Algérie. Ils seraient pourtant 613.000 à faire ce choix, selon le livre de Daniel Lefeuvre qui se serait ainsi trompé dans ses calculs. Combien d’entre eux prirent la nationalité algérienne? C’est toujours le flou. Rendez-vous à la page 77 pour confirmation. Selon Bruno Etienne, 506 Français avaient acquis la nationalité en 1965. Méthode contestable, s’insurge Pierre Daum. Il y eut bien des naturalisations au-delà de cette date puisque le Code algérien de la nationalité ne l’interdit pas. Ils seraient quelques milliers. Beaucoup gardèrent la nationalité française. En tout, ce sont pas moins de 100 pages qui sont consacrées à ces polémiques. L’auteur trouve une méthode originale pour se départir des approximations. Il préfère donner la parole à ceux qui sont restés. De 200.000 en 1963, il n’y en a plus que 50.000 en 1972. Quelques milliers en 1990 et quelques centaines en 2010. 15 ont pris la parole. Certains ont regagné la France des années après l’indépendance. Quelquefois à la retraite. 300 pages sont consacrées à leurs histoires. On y trouve Denis Martinez, peintre, Chantal Lefèvre, éditrice à Blida, Jean-Paul et Marie-France Grangaud. Ce dernier exerce des fonctions importantes au ministère de la Santé.
On y découvre des pilotes, des couturières, des instituteurs et des cinéastes. Pour ce corps de métier, c’est Jacques Choukroun, qui se dit Juif, athée et communiste, qui prend la parole. Il parle des copains algériens: Merzak Allouache, Farouk Beloufa, Lyès Salem.
On enjambe tout et on passe à la page 399. Et là, que dit Cécile Serra, la couturière de Birmandreis qui s’y installe à 11 ans, soit en 1929? Que l’Algérie est un melting-pot. «Nous sommes ce qu’on appelle des Espagnols de souche. Je suis Espagnole de sang, mais je suis Française avant tout. Et après, je suis algérienne.» A d’autres Algériennes, elle devient couturière à 16 ans. Des années plus tard, elle assiste à l’apparition de l’OAS. Malgré les intimidations, les Serra restent serviables envers leurs voisins musulmans. Cette tradition est ancrée dans l’esprit de tous ceux qui sont restés.(L’Expression-30.04.2012.)

**La moudjahida Evelyne Safir, décédée vendredi  soir à Médéa, à l’âge de 87 ans

La moudjahida Evelyne Safir est décédée, vendredi  soir, à lÆâge de 87 ans, en son domicile, à Médéa, a-t-on appris samedi auprès  de ses proches.  

Evelyne Safir, épouse de feu le journaliste Abdelkader Safir, née Evelyne  Lavalette, en 1927 à Alger, est issue d’une famille de Pieds-noirs, installée  depuis trois générations en Algérie.       

La défunte a grandi à Rouiba, banlieue est d’Alger. Elle adhéra, en 1951,  à l’Association de la jeunesse algérienne pour l’action sociale (AJAAS), à travers  laquelle elle va mener des actions de solidarité en faveur des populations rurales  qui vont lui permettre de découvrir les conditions précaires dans lesquelles  vivaient ces dernières.        

L’auteure de « Juste algérienne », une autobiographie retraçant son parcours  militant au sein du Front de libération nationale (FLN) et des institutions  officielles du pays, rejoignait les rangs de la Révolution en 1955, où elle  participe par le biais de l’AJAAS à l’impression clandestine d’une revue du  FLN.        

Evelyne Safir sera engagée, par la suite, comme agent de liaison, chargée  de l’impression de tracts, du transport de matériel, de l’acheminement des colis  spéciaux et de l’hébergement de certains grands chefs de la Révolution, parmi  lesquels, Les colonel Ouamrane, Slimane Dehilis, Krim Belkacem, Larbi Ben M’hidi,  Mohamed Seddik Benyahia, Abane Ramdane et Benyoucef Benkhedda.         

Elle participa, en 1956, à l’impression du 1er numéro du journal « El-Moudjahid »  et assura également la transcription du communiqué final du « Congrès de la Soummam »,  de l’ »Appel » à la grève des étudiants, ainsi que de la « Lettre » du chahid Zabana  à ses parents, avant dÆêtre guillotiné, en juin de la même année.         

Arrêtée en novembre 1956 à Oran, lors d’une mission pour le compte de  l’instance exécutive du FLN, elle sera jugée et incarcérée successivement à  Oran, El-Asnam (Chlef) et El-Harrach (Alger). A sa sortie de prison, elle s’installa  provisoirement en France, sous une fausse identité.

Un séjour qui sera de courte  durée, suite aux intimidations et menaces de mort proférée contre elle par des  groupes extrémistes appartenant à l’organisation « La Main rouge », qui a précédé  l’organisation criminelle « OAS » (Organisation de l’armée secrète).  Elle s’exila, pendant deux ans, en Suisse, puis regagna l’Algérie, à  l’indépendance.         

Elle est élue à l’Assemblée constituante, puis à la première Assemblée  nationale, en 1964, avant d’intégrer le ministère du Travail, en qualité de  conseillère, avant d’ occuper le poste de directrice de l’Action sociale à Médéa,  jusqu’à la fin des années 70.         

Retraitée, elle s’installe à Benchicao, à l’est de Médéa, avec son défunt  époux, doyen des journalistes algériens, puis déménagea, pour des raisons sécuritaires,  à Médéa, à partir de 1993 où elle passa le restant de sa vie.*APS-26.04.2014.

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“Bled”, le colon et l’indigène..film de Jean Renoir réalisé en 1929

Bled”, dernier film de Jean Renoir réalisé en 1929, vient d’être projeté pour la première fois à Alger. Une projection-presse s’est tenue avant-hier soir à l’Institut français d’Alger (IFA).

Les pieds-noirs restés en Algérie

photo: Jean RENOIR (1894 / 1979).

Ce long métrage muet de quatre-vingt dix minutes, commandé par l’État français pour la célébration du Centenaire de la colonisation de l’Algérie (1830-1930) a suscité de nombreuses interrogations auprès des responsables de l’IFA. “Cette projection a pour but de débattre du film pour savoir si l’on peut le présenter dans le cadre de la célébration du Cinquantenaire de l’indépendance”, a indiqué Jean-Claude Voisin, directeur de l’IF Alger. Et de préciser : “Notre regard est différent du vôtre. Nous voulions avoir votre avis, car ce film peut paraître comme une fiction de propagande, choquante, un peu burlesque et niaise”. Ayant été projeté seulement deux fois en France, “Bled” a été retrouvé par Yacine Yacef. “Il était dans une cinémathèque française. L’un des membres de la famille de Benjamin Stora me l’a remis lors du festival de Vincennes, donc je l’ai proposé à l’AARC et à l’IFA”, a-t-il révélé.
L’histoire est banale, basée sur des stéréotypes de l’époque entre romance, magouille et héritage à la hollywoodienne. Pierre et Claudie tombent amoureux en rejoignant  “l’Algérie-française”. Le jeune homme traverse la Méditerranée pour demander de l’argent à un oncle fortuné. Claudie est l’héritière des biens de son défunt oncle. Les deux prennent des chemins différents. Le Français doit labourer les terres de son oncle pour obtenir de l’argent. Quant à la jeune femme, elle est enviée par ses cousins. Mais, la destinée leur offre la possibilité de se revoir et de vivre leur passion.
Si la fiction a réuni tous les éléments pour que le spectateur français de l’époque puisse s’y identifier, de l’autre côté, il y a l’Algérie et les Algériens. Dans un décor exotique faisant rappeler de belles cartes postales, l’Algérie des années vingt est sombre, l’Algérien est représenté comme un esclave au service du colon français. La violence de ce film est perceptible à travers la misère (des enfants se battant pour cirer les chaussures de Pierre, les domestiques et les ouvriers étaient tous algériens). Les clichés règnent en maître, l’Algérien est ridicule , il est le bouc émissaire du colon.
Commandé à l’époque par la France, la propagande est flagrante. Un message clair était transmis : “Venez rejoindre ce paradis.” D’ailleurs, elle est ressentie dès le début du film où l’on peut lire : “C’est un pays riche, plein de ressources agricoles…” Dans d’autres scènes, on voit l’arrivée de l’armée à Sidi-Fredj et, depuis, l’Algérie est devenue un pays florissant grâce à ses terres. “Cette richesse est le fruit du travail de nos aïeux”, raconte l’oncle à son neveu.  Comme l’avait défini le directeur de l’IFA, ce film est choquant. Il met en exergue les bienfaits du colonialisme. Ce qui remettra, à coup sûr sur le tapis, l’article 4 de la loi du 23 février 2005 relatif aux bienfaits de la colonisation. Le pouvoir de l’image est fort. Le colonisateur est le maître, alors que le colonisé est réduit à néant. À travers quelques séquences, on constate le dénigrement, la pauvreté et les affres du colonialisme (l’oppression, le vol des terres et l’éradication de toute une culture). Si ce film a été une commande pour célébrer le Centenaire de l’occupation française de l’Algérie, le message qu’il véhicule est fort : “Nous sommes là depuis cent ans, nous resterons !” Sans doute que le public algérien souhaiterait voir des films sur la torture ou sur les génocides perpétrés par le colonialisme à l’exemple du massacre du 8 mai 1945.
En projetant “Bled” au public, cela pourrait engendrer un impact important sur les Algériens et susciter sans doute des tensions sur la mémoire. Bien qu’abrogé par l’ancien président Jacques Chirac, le très controversé article 4 semble connaître des prolongements au-delà de son aspect politique même si le film a été réalisé en 1929 et parle de cette époque seulement. Il concerne à juste titre le domaine de la culture qui touche de larges couches sociales. (Liberté-07.06.2012.)

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