L’Histoire falsifiée de la conquête de l’Algérie
**Une histoire libérée nécessite des esprits libres
Ouverture du colloque «Algérie 50 ans après, libérer l’Histoire»
Organisée par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah) et le quotidien national La Tribune, la rencontre internationale intitulé «Algérie 50 ans après : libérer l’Histoire», a été inaugurée hier à la Bibliothèque nationale. Pendant trois jours, la parole est aux historiens pour aborder plus d’une problématique en relation avec l’histoire de la guerre de libération dans toutes ses dimensions. L’indépendance de l’Algérie fêtera, ce 5 juillet 2012, son cinquantième anniversaire. Une soixantaine de chercheurs et d’enseignants, issus de plusieurs pays, ont été conviés à cette rencontre, marquée par la présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et à laquelle ont assisté des ambassadeurs en poste à Alger (Chine, Serbie, Finlande). «Libérer l’histoire», cela suggère qu’elle est sous la tutelle d’une ou de plusieurs parties. Que signifie alors ce chantier appelé «libérer l’histoire» ? Une esquisse de réponse est vite apportée par un conférencier invité. Libérer l’histoire ne saurait se réaliser sans des esprits libres. C’est en substance le message envoyé par Paul Siblot, enseignant à l’Université de Montpellier. Paul Siblot, dont le parcours de chercheur l’a amené en Algérie à une certaine période, a tenté, avec pédagogie, d’expliquer quelques raisons qui font que les rapports algéro-français sur les questions d’histoire ne sont pas encore «pacifiés». A l’adresse des historiens, le conférencier propose de «travailler les oppositions entre Français et Algériens pour mieux les comprendre». Mais, pour le moment, fait remarquer Siblot, «les discours développés à ce sujet, demeurent parallèles. Ils ne se croisent pas». Dans sa communication intitulée «nécessité et conditions d’une réflexion commune sur l’histoire des franco-algériens», Siblot suggère aussi aux historiens de ne pas «confondre colonisation et civilisation». Quelques instants plus tôt, Elsenhans Hartmut, de l’Université Leipzig, donne une explication à la problématique. Convaincu que «le travail de mémoire est difficile», le chercheur -auteur en 1974 d’un livre sur l’Algérie-, déclare que «les Français n’arrivent pas à comprendre que c’est eux qui ont fait ce que les Algériens leur rappellent». De l’autre côté, ajoute Hartmut, «les Algériens n’arrivent pas à comprendre cette attitude des Français». La troisième communication a été donnée par Abane Belaïd, auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire de la guerre de libération. Sous le thème «l’Indépendance 50 ans après, comment aller au-delà des deux moments fondateurs de l’Etat national algérien moderne : Novembre et la Soummam ?», Abane Belaïd soutient que «le destin collectif» a été mis en branle par le FLN en 1954. Avant de passer au mode de «destin individuel» conséquemment aux événements d’octobre 88. Aujourd’hui, souligne le même intervenant, on est dans «l’apprentissage de la citoyenneté». Ce dernier conclut par ailleurs que «Novembre est une précipitation du destin collectif». Le Congrès de la Soummam a précipité également le passage de la société algérienne dans la modernité. De son côté, Siari Tengour Ouanassa, de l’Université de Constantine, est intervenue sur «les mémoires de l’Histoire». Egalement chercheure au Crasc, Siari Tengour défend le nécessaire travail de mémoire. Elle a indiqué que «le devoir de mémoire ne doit pas nous dispenser du travail de mémoire». Et à propos de l’histoire, elle réclame «la libération de la consultation des archives de la guerre de libération». (La Tribune-01.07.2012.)
**Se réapproprier l’Histoire dans un havre de connaissances et de savoir
C’est sous le toit de cet havre de connaissances et de savoir qu’est la Bibliothèque nationale qu’a débuté, hier, la rencontre internationale «Algérie, 50 ans après libérer l’histoire». Une rencontre qui s’étale sur trois jours et qui a regroupé chercheurs, universitaires venus de Tunisie, du Maroc, du Ghana, d’Allemagne, de France, du Mali, des Etats-Unis… Mais aussi des invités, à l’instar de M. Mechati, et une présence nombreuse de moudjahidate qui n’étaient pas avares de déclarations et autres discussions en marge de la manifestation. La rencontre, organisée conjointement par le quotidien la Tribune et le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah), s’est ouverte dans une ambiance sereine, conviviale, loin de toute polémique ou d’animosité des uns envers les autres du fait de l’histoire de la guerre de libération. Une manifestation qui a permis à beaucoup de présents de se revoir mais aussi d’échanger leurs points de vue. Il n’est pas question dans ce colloque de raviver les passions ou s’entredéchirer, mais, comme le dira Belaïd Abane, professeur de médecine reconverti en chercheur, de connaître l’histoire, en faire un tribut et avancer dans le modernisme aussi bien individuel que collectif. Il ne s’agit pas d’en faire une marchandise idéologique. La presse n’était pas en reste. Elle est venue, au contraire, en force pour couvrir cet important évènement. Les confrères ne savaient plus où donner de la tête tant les personnes présentes étaient importantes et à qui il fallait coûte que coûte arracher qui des impressions, qui des déclarations ou autres révélations. Des rencontres de ce genre devraient se multiplier tant les générations postindépendance sont avides de connaître l’histoire de leur pays, les grands évènements qui l’ont marqués et les éléments qui ont présidé à la construction d’un Etat-Nation, indépendant, mais surtout souverain. Une souveraineté sur laquelle il faut veiller comme la prunelle de ses yeux, tant les évènements qui secouent le monde et la région sahélienne sont dangereux. (La Tribune-01.07.2012.)
**L’indépendance politique avait pour but aussi, le contrôle de notre économie et de nos richesses
Interview. *Samia Nkrumah à la tribune :
La Tribune : Que pensez-vous de la rencontre et du contenu des interventions ?
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*24 millions de pièces d’or de l’époque, dette contractée par la France auprès de l’Algérie, avant la colonisation
**cette dette n’a pas été restituée jusqu’à ce jour
La dette contractée auprès de l’Algérie par la France se chiffre à 24 millions de pièces d’or de l’époque, a révélé samedi à Médéa Dr Mohamed Amine Belghit, chef de département des sciences et de la civilisation islamique à l’université d’Alger.
Intervenant lors d’une conférence sur le thème « les crimes coloniaux en Algérie » qu’il a animée à l’occasion de la journée du chahid, l’historien a indiqué que cette dette n’a pas été restituée à ce jour, affirmant que celle-ci représente une « partie infime des avoirs, sous forme d’argent ou de biens précieux,
détournés par l’armée d’occupation, au cours des premiers mois de l’invasion ».
Il a estimé que le montant de ce préjudice financier est « plus important », eu égard, selon lui, au volume réel des biens et objets précieux transférés
illégalement vers le continent européen, au lendemain de l’occupation.
L’universitaire a, à ce propos, cité le transfert « à bord de cinq navires français, de quantités importantes de pièces d’or, de bijoux, d’objets précieux
et quelque trente mille fusils d’une valeur inestimable, sur ordre des officiels français de l’époque, dont une partie a été reversée au Royaume Uni pour son
soutien à cette campagne coloniale ».
Il a indiqué qu’une première tentative a été menée, en 1955, à l’occasion du sommet des pays non alignés, à Bandung (Indonésie), en vue de la restitution
de ces biens, mais la requête est restée « lettre morte en raison du contextegéopolitique de l’époque ».
Des exemples de crimes abjectes commis par l’armée coloniale au lendemain de l’invasion de l’Algérie ont été évoqués par le professeur Belghit, lors de cette rencontre, citant l’enfumade, en 1834, de près de 900 habitants du village d’El-Frachiche, dans la localité de Ténes, qui s’étaient réfugiés
dans une grotte pour fuir la barbarie coloniale.
D’autres atrocités, perpétrées par des officiers de l’armée coloniale, parmi lesquels les colonels Cavignac, Saint-Arnaud, de Rovigo ont été également
rapportées par cet historien, telle que la tuerie de l’oasis des Zibanes, en 1849, ou des centaines d’habitants furent exécutés de sang froid, ou encore,
le massacre, quelques années auparavant, de 500 villageois de la région de Lakhdaria, par le colonel Saint-Arnaud, dans le cadre de la politique de la « terre brûlée » orchestrée par les autorités militaires coloniales en vue de mâter toute résistance populaire.(Aps)– 21/02/2015 |
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*La révolution algérienne a bénéficié de soutien prépondérant de la part de pays frères et amis
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*L’Histoire falsifiée de la conquête de l’Algérie
L’histoire est, avec la tragédie et le roman, le genre littéraire que la France a cultivé avec le plus de réussite. Les beaux récits de Bossuet (1627-1704) de Montesquieu (1689-1755) et de Voltaire (1684-1778) émeuvent autant que ceux de l’historien grec Hérodote (V 484-V-420 av. J.-C.) ou de ceux des historiens romains tels que Tacite (V.55.v.120) et Tite-Live (64 en 59 av J.-C.).
Malheureusement, l’histoire bien que devenue très variée et très riche grâce à ses nombreuses sciences annexes n’a plus les mêmes qualités ni le même attrait qu’elle avait autrefois. De nombreux ouvrages ont été composés sur l’Algérie durant les 132 ans qui ont précédé son indépendance. Signalons deux livres qu’on lit beaucoup sur la conquête de l’Algérie. Le premier de Alfred Nettement Histoire de la conquête d’Algérie rédigé sur les informations du baron d’Haussez qui, ministre de la Marine organisa avec l’amiral Duperré et le maréchal de Bourmont l’expédition d’Alger. Le second de l’académicien Camille Rousset, La Conquête d’Algérie fait sur les documents de l’armée française. Frédéric de Godefroy et d’autres historiens de la littérature française ont eu tort à mon sens de vanter ces deux ouvrages. Ce qu’on sait, ce qu’on peut affirmer c’est que toutes les lois de l’histoire ont été méprisées par ces deux historiens. Quand on lit leurs livres, on s’aperçoit qu’ils n’avaient cure de chercher et de dire la vérité. Tout en disant du mal des Algériens, ils ne se préoccupaient que de ce qui était avantageux pour la France. Ils ne tarissaient pas d’éloges sur les chefs militaires et les administrateurs français, dont beaucoup étaient des interlopes et des criminels impitoyables. On est scandalisé et indigné lorsqu’on voit ces historiens – je ne suis pas sûr qu’ils méritent le titre d’historien – qui non seulement ne se conforment pas à la vérité des faits, mais vont trop loin dans le mensonge et la contradiction. Dans le chapitre premier de son ouvrage, Camille Rousset abordant l’étude des Turcs, des Arabes et des Kabyles se répand en invectives contre eux : « La France conquérante d’Alger, dit-il, n’attend pas qu’on la justifie. Quand elle a détruit, en 1830, non pas une société réglée, mais une association de malfaiteurs, il y a 300 ans que cette association se perpétuait avec la même audace et les mêmes crimes. Entre Baba-Aroudj, mort en 1519, et Hussein Dey, proclamé en 1818, il n’y a pas de distance morale. On peut supprimer trois siècles et tenir le dernier dey pour l’héritier immédiat du premier pirate algérien. » Ces quelques lignes montrent à l’évidence la passion et la haine de cet auteur qui, on le voit bien s’en moque comme de l’an 40 des lois de la science historique. C’est cet ouvrage et d’autres écrits de la même veine qui ont été pris pour modèle par les Victor Piquet (La Colonisation Française dans L’Afrique du Nord), les Gabriel Escher (La Prise d’Alger), les Louis Vignon (La France dans l’Afrique du Nord) et d’autres prétendus historiens qu’on ne saurait citer tous ici tant ils sont nombreux. Je me suis décarcassé pour lire quelques-uns de leurs ouvrages. J’avoue que j’en ai personnellement une indigestion de leurs amas d’arguments fantaisistes qu’ils ressassent depuis près d’un siècle et demi. Je sais bien que beaucoup de gens en France n’aiment pas entendre parler de ce qui ressortit aux travers de ces historiens de la conquête de l’Algérie. On a longtemps mis la lampe sous le boisseau. Si nous voulons tisser une amitié sincère et durable avec les Français, soyons d’abord, les uns et les autres, par le cœur et la foi, amis de la vérité et portons à Clio un amour réel et non pas feint ou désincarné. L’histoire de la colonisation de l’Algérie a encore aujourd’hui beaucoup d’importance pour nous Algériens. Ce qui a beaucoup d’intérêt c’est de connaître les causes réelles de la conquête de notre pays par les Français. Nous voulons que la lumière soit faite sur cette période douloureuse de notre passé. On nous apprend que l’insulte du Dey Hussein était la cause qui a déterminé Charles X à occuper l’Algérie : c’est un mensonge. Le chancelier autrichien Metternich Winneburg (1773-1859) qui ne fut pas la seule personnalité européenne à réfuter cette affirmation contraire à la vérité dira : « Ce n’est pas pour un coup d’éventail qu’on dépense 100 millions et qu’on expose 40 000 hommes. » Rouire écrit dans la Revue des deux Mondes (tome cinquième-1901) pp 341-342 : « En envoyant un corps expéditionnaire prendre pied sur la terre africaine, le gouvernement du roi Charle X n’obéissait pas seulement, comme on l’a dit, à la nécessité de mettre fin à des contestations pécuniaires pendantes entre la France et le dey d’Algérie et à la tactique politique qui consiste à détourner les esprits des difficultés intérieures par une diversion à l’extérieur. Il y avait aussi la légitime ambition, qu’il ne craignait pas d’exposer avec une courageuse franchise au gouvernement anglais, de donner à la France, sortie affaiblie et diminuée des grandes guerres du commencement du siècle, un territoire qui fût une compensation aux prodigieux accroissements de l’Angleterre dans le monde et des autres grandes puissances sur le continent. Il entendait créer par-delà la Méditerranée une France nouvelle qui augmentât les richesses et la puissance de la mère patrie. Son intention arrêtée était d’implanter la race française sur le sol africain, en un mot de coloniser l’Algérie. » « Mais implanter la race française en Algérie, fit remarquer Rouire, n’était pas chose facile, parce que, dit-il, le peuple algérien avait pris contact depuis des siècles avec l’Europe et l’avait dominé en partie. Il avait une civilisation avancée, se rapprochant de celle de la France, une religion à laquelle il était opiniâtrement attaché, il avait conscience de sa nationalité et répugnait par ses mœurs et ses idées à toute assimilation ou fusion. » L’historien Augustin Bernard affirme nettement « que ce qui était en jeu dans l’expédition d’Alger, c’était l’influence française dans la Méditerranée menacée par celle de l’Angleterre ». A la fin de juillet 1830, le journal des Débats disait : « Nous gardons Alger parce que nous l’avons pris et qu’il n’appartient à personne. Nous y ferons un établissement de guerre et de commerce qui assure notre juste influence sur la Méditerranée. La Russie approuve et l’Angleterre, dans sa situation actuelle, se plaint sans s’opposer. » Des écrits de ce genre, qui ont le mérite de dire la vérité historique, auraient dû épargner à d’autres historiens le retour des récits mensongers. En effet, d’aucuns ont même prétendu que c’est seulement au mois de Janvier 1830 qu’il est venu aux Français l’idée de conquérir l’Algérie : cette thèse est controuvée. En réalité, cela faisait près de deux siècles que la France avait projeté l’expédition de l’Algérie. Le destin de Charles X était de l’entreprendre en juin 1830. Un concours de circonstances favorables lui a tissé un succès avec peu de tirage. Assurément, on attribue la paternité de l’idée de la conquête de l’Algérie à Louis XIV et surtout à Napoléon Ier.
*Qu’on ne croie pas cette affirmation poussée à l’exagération
Voici la preuve qui permet de prouver son exactitude. Cette preuve est mise en lumière par des faits historiques ayant trait aux expéditions de Louis XIV contre l’Algérie, notamment celle de Djidjelli (1664) de Duquesne (1682-1683) et de d’Estrées (1688). L’histoire du consulat et de l’Empire révèle que Napoléon Ier, à deux reprises en 1805 et en 1808, songea sérieusement à une expédition en Algérie. Il faut dire qu’il avait également dans ses vues la conquête du Maroc, de la Tunisie et de la Libye. Pour masquer son projet de conquérir l’Algérie, Louis XIV, comme plus tard Napoléon Ier, allégua comme prétexte la guerre contre les pirates et la restitution des captifs européens. Il faut repousser ce faux prétexte. Du XIIe au XVe siècle, Grecs et Latins opéraient sur mer contre les Algériens. Jean Bart (1650-1702) qui était devenu corsaire de la marine française, Claude Forbin (1656-1773) Robert Surcouf (1773-1827) pour ne citer que ces trois célèbres pirates français écumaient la Méditerranée en toute impunité. « Nous croyons, dit l’historien, Mas Latrie, que la statistique des forfaits dont la Méditerranée a été le théâtre du XIe au XVIe siècle, s’il était possible de la dresser, mettrait à la charge des chrétiens une quotité fort lourde dans l’ensemble des pillages et des détestations maritimes que nous rejetons trop facilement sur le compte des barbares. » Deux lignes plus loin, cet auteur ajoute : « Les témoignages des chrétiens révèlent eux-mêmes tout le mal imputable aux pirates d’origine chrétienne. » La plus grande entreprise armée dirigée au XVIe siècle contre l’Algérie, fut, sans conteste, celle de Charles Quint en 1541. Cette expédition échoua lamentablement et fut un désastre sans précédent pour l’armée espagnole. Dès le début du règne de Louis XIV, la France prit le relais de l’Espagne et engagea sans interruption une série d’expéditions contre l’Algérie. Le duc de Noailles a pu constater ce fait dans son histoire de Madame DE Maintenon : « La grande expédition d’Egypte, écrit-il, tentée depuis peu par Napoléon n’avait même pas été étrangère aux yeux de Louis XIV, non plus que la conquête de l’Algérie. » La première tentative pour implanter en Algérie le drapeau français avait été faite par Paul de Saumur, chef d’escadre de la marine française, connu sous le nom de Chevalier. Organisée et subventionnée par la duchesse d’Aiguillon, nièce de Richelieu, cette expédition privée échoua devant la fermeté et l’héroïsme du peuple algérien.
*Combattre les ennemis du christianisme
Plus forte et mieux organisée fut l’expédition engagée 10 ans plus tard, soit en (1660) contre Djidjelli par l’armée de Louis XIV. Tous les historiens connaissent le curieux mémoire publié vers 1660 sur le projet conçu par Louis XIV de s’emparer de l’Algérie. Parmi les prétendus motifs qui engagèrent Louis XIV à diriger cette expédition, ce mémoire en énumérait deux principales. En premier lieu, le souci du monarque français de mettre fin à la piraterie des corsaires algériens en méditerranée. En deuxième lieu le besoin de combattre les ennemis du christianisme. Il est évident que le mémoire, s’il mentionnait le but déclaré avec un luxe de détails il occultait en revanche l’objet réel de l’expédition qui était de faire main basse sur l’Algérie et ses richesses. Mais revenons à la tentative d’occupation de Djidjelli. Une flotte composée de 63 voiles et présentant un effectif de près de 5000 hommes sortit de Toulon le 2 juillet 1664 sous le commandement du duc de Beaufort, chef et surintendant de la navigation et du commerce de France. La flotte expéditionnaire arriva à Djidjelli le 22 septembre 1664. A la nouvelle du débarquement des Français, les Algériens accoururent en grand nombre et dirigèrent une attaque vigoureuse contre les assaillants auxquels ils firent éprouver une perte de 400 hommes durant les deux premières journées de combat. Durant plus de 10 jours, les soldats français ne pouvaient sortir de leurs retranchements sans se faire tuer. Le 5 octobre, les Algériens prirent de nouveau l’initiative de l’attaque et infligèrent de lourdes pertes à l’ennemi. Le marquis de Martel vint en renfort sur une dizaine de navires. Le 31 octobre, des milliers d’Algériens venus aussi vite qu’ils le purent, qui de Bône, qui de Bougie, qui d’Alger, se précipitèrent sur les troupes de Louis XIV qui se replièrent vers le rivage. Un nombre impressionnant de soldats français fut mis hors de combat. Ce désastre fut suivi d’une débandade complète. L’armée française, en déroute, se rendit en grande partie et abandonna sur le rivage une importante artillerie dont 30 pièces de canon de fonte, 15 de fer et plus de 50 mortiers. Le lendemain, le corps expéditionnaire s’éloigna dare-dare des côtes algériennes en y laissant 3000 cadavres, en sus de la moitié de son artillerie. Chemin faisant, un événement aussi imprévu que catastrophique se chargea d’anéantir la flotte du duc de Beaufort. L’historien français Ernest Watbled écrit à ce propos : « Le malheur qui semblait s’être attaché aux Français les suivit jusque sur les côtes de Provence. La peste qui était à Toulon empêchait d’y débarquer les troupes. L’escadre reçut l’ordre de les porter aux îles d’Hyières. Un des plus grands vaisseaux, La Lune, périt corps et biens en vue de ces îles. Douze cents hommes du régiment de Picardie, quantité de volontaires et plusieurs des meilleurs du corps expéditionnaire furent noyés. » A Saint Germain-en-Lay où le roi est installé, on trépigne de colère et on jure comme un charretier. Comme il fallait s’y attendre, on se mit en peine de mettre tout en œuvre pour venger le désastre du Djidjelli. Un an plus tard, Louis XIV envoya l’amiral Beaufort (1616-1669) faire une croisière à Alger pour user d’intimidation. Bientôt des menaces sérieuses d’agression contre Alger se firent jour. En 1680, le lieutenant général des armées de mer Abraham Duquesne (1610-1688) reçut l’ordre d’aller occuper Alger. La flotte française détruisit d’abord Tripoli puis se rendit à Alger où l’attendait un grand combat naval semblable à celui de Salamine où la flotte athénienne détruisit celle du roi perse Xerxès (480 av. J.-C). Au bout d’un mois, les bateaux français furent un tas de décombres en ignition. Malgré ce second échec, Louis XIV essaya à nouveau de s’emparer d’Alger. Le petit fils de Louvois, le maréchal d’Estrées (1660-1737) fut chargé en 1688 de donner sa mesure. Au bout de quelques jours, il reçut une correction mémorable. L’échec de cette troisième entreprise fut le naufrage des espérances du roi de France. Installé depuis 5 ou 6 ans à Versailles, Louis XIV le Grand renonça à sa politique impérialiste et consacra ses dernières années à combattre les protestants et les jansénistes. De 1690 à 1792, l’instinct colonisateur de la France est en sommeil. Pis, son empire colonial est abandonné. La France perd ses possessions de l’Inde et du Canada qui passent aux mains des Anglais. La Louisiane occidentale est cédée à l’Espagne. Vint alors le tour de 5 puissances européennes de prendre le relais de la France pour occuper l’Algérie. Ce fut d’abord l’Espagne qui débarqua 8000 hommes dans l’embouchure d’El Harrach. Mais son expédition échoua aussi misérablement que celle de Charles Quint en 1541. L’Angleterre entreprit trois expéditions en 1671, en 1749 et en 1804. Puis ce fut le tour du Danemark, de la Hollande et de la Vénitie, dont les interventions furent également un désastre pour leurs hommes et leurs flottes. Décidément, Alger était inexpugnable. En Juin 1798, sous la conduite de Bonaparte, la France entreprend l’expédition de l’Egypte. Sa flotte ayant été détruite à Aboukir, il conçut l’idée d’envahir l’Algérie, la Tunisie, la Libye et le Maroc pour y établir des colonies militaires françaises. Des renseignements en vue de l’expédition d’Alger s’avéraient nécessaires. Un Français du nom de Thédenat qui connaissait l’Algérie conseillait un débarquement dans les environs de Ténès. Ce projet n’ayant pas été retenu, on chargea la capitale Berge de procéder à une reconnaissance topographique d’Alger. A la même époque, le capitaine Burel est envoyé auprès du sultan du Maroc. Officiellement, il va en mission diplomatique, mais sa vraie mission c’était de faire le relevé de la route de Tanger à Fez. C’est ce que fera en 1883 Charles de Foucauld pour préparer l’occupation du Maroc par le commandant Lyautey. En juillet 1805, l’empereur envoie son frère Jérôme Bonaparte à Alger avec une division navale pour mettre le Dey Mustapha sous la menace de la guerre. N’était-ce la victoire navale de l’amiral anglais, Nelson sur la flotte franco-espagnole à Trafalgar, Jérôme Bonaparte aurait sans doute bombardé Alger. Il fut rappelé dare-dare en France. Le 9 mai 1808, le capitaine Berge fut remplacé par le chef de bataillon du génie Vincent Yves Boutin. A bord du brick. Le requin, Boutin, se rend à Alger pour soi-disant rendre visite à son cousin M. Thainville, le consul français à Alger. Boutin consulte les archives du consulat et se met en quête de renseignements sur Alger, sa population, ses enceintes, ses fortifications et ses vaisseaux. Boutin entreprit un travail prodigieux d’agent secret durant les 53 jours qu’il séjourna à Alger. A la fin de son enquête, et à son retour en France, il se fait prendre dans les rets des Anglais. Mais il a jeté tous ses documents à la mer et n’a gardé que son petit carnet, dont il fit un volumineux rapport intitulé « Reconnaissance de la ville et des forts d’Alger ». Ce document rappelle par quelques traits le rapport « Reconnaissance au Maroc » que Charles de Foucauld a composé à la fin de son exploration entreprise au Maroc. Le rapport de Boutin conclut que c’est à Sidi Fredj qu’il faudra débarquer. Le 21février 1809, Boutin est reçu aux Tuileries par Napoléon Ier. Son rapport est très apprécié mais l’expédition contre Alger fut remise à plus tard au motif que les préoccupations de la guerre d’Espagne et la faiblesse de la marine ne permettaient pas d’assurer le transport et la protection d’un corps expéditionnaire. Le 14 juin 1830 soit 21 ans plus tard, c’est précisément à Sidi Fredj que la flotte de l’amiral Duperré et l’armée de terre du maréchal de Bourmont débarquèrent. Pour la première fois de son histoire, Alger la brave guerrière capitula. Ce fut le commencement d’une histoire terrifiante et douloureuse au cours de laquelle le peuple algérien refusa de passer sous les fourches caudines durant 132 ans et ne lâcha pied que le jour où il reconquit sa liberté et son indépendance. Beaucoup de peuples ont suivi son exemple.(El Watan-05.01.2006)
** Par
De nombreux ouvrages ont été composés sur l’Algérie durant les cent-trente deux ans qui ont précédé son indépendance. Signalons deux livres qu’on lit beaucoup sur la conquête de l’Algérie. Le premier de Alfred Nettement, Histoire de la conquête d’Algérie, rédigé sur les informations du baron d’Haussez qui, ministre de la marine, organisa avec l’amiral Duperré et le maréchal de Bourmont l’expédition d’Alger. Le second de l’académicien Camille Rousset, la conquête d’Algérie, fait sur les documents de l’armée française. Frédéric de Godefroy et d’autres historiens de la littérature française ont eu tort à mon sens de vanter ces deux ouvrages. Ce que l’on sait, ce que l’on peut affirmer, c’est que toutes les lois de l’histoire ont été méprisées par ces deux historiens. Quand on lit leurs livres, on s’aperçoit qu’ils n’avaient cure de chercher et de dire la vérité. Tout en disant du mal des Algériens, ils ne se préoccupaient que de ce qui était avantageux pour la France. Ils ne tarissaient pas d’éloges sur les chefs militaires et les administrateurs français dont beaucoup étaient des interlopes et des criminels impitoyables. On est scandalisé et indigné lorsque l’on voit ces historiens — je ne suis pas sûr qu’ils méritent le titre d’historiens — qui non seulement ne se conforment pas à la vérité des faits mais vont trop loin dans le mensonge et la contradiction. Dans le chapitre premier de son ouvrage, Camille Rousset abordant l’étude des Turcs, des Arabes et des Kabyles se répand en invectives contre eux : « La France conquérante d’Alger, dit-il, n’attend pas qu’on la justifie. Quand elle à détruit, en 1830, non pas une société réglée, mais une association de malfaiteurs, il y a trois cents ans que cette association se perpétuait, avec la même audace et les mêmes crimes. Entre Baba Aroudj, mort en 1519 et Hussein Dey, proclamé en 1818, il n’y a pas de distance morale. On peut supprimer trois siècles et tenir le dernier dey pour l’héritier immédiat du premier pirate algérien. » Ces quelques lignes montrent à l’évidence la passion et la haine de cet auteur qui, on le voit bien, s’en moque, comme de l’an 40, des lois de la science historique. C’est cet ouvrage et d’autres écrits de la même veine qui ont été pris pour modèle par les Victor Piquet (La Colonisation française dans l’Afrique du Nord), Gabriel Escher (La prise d’Alger), Louis Vignon (La France dans l’Afrique du Nord) et d’autres prétendus historiens qu’on ne saurait citer tous ici, tant ils sont nombreux. Je me suis décarcassé pour lire quelques uns de leurs ouvrages. J’avoue que j’en ai personnellement une indigestion de leurs amas d’arguments fantaisistes qu’ils ressassent depuis près d’un siècle et demi. Je sais bien que beaucoup de gens en France n’aiment pas entendre parler de ce qui ressortit aux travers de ces historiens de la conquête de l’Algérie. On a longtemps mis la lampe sous le boisseau. Si nous voulons tisser une amitié sincère et durable avec les Français, soyons d’abord les uns et les autres, par le cœur et la foi, amis de la vérité et portons à Clio un amour réel et non pas feint ou désincarné. L’histoire de la colonisation de l’Algérie a encore aujourd’hui beaucoup d’importance pour nous algériens. Ce qui a beaucoup d’intérêt, c’est de connaître les causes réelles de la conquête de notre pays par les Français. Nous voulons que la lumière soit faite sur cette période douloureuse de notre passé.
*Le mensonge
On nous apprend que l’insulte du dey Hussein était la cause qui a déterminé Charles X à occuper l’Algérie : C’est un mensonge. Le chancelier autrichien Metternich Winneburg (1773-1859) qui ne fut pas la seule personnalité européenne à réfuter cette affirmation contraire à la vérité dira : « Ce n’est pas pour un coup d’éventail, qu’on dépense 100 millions et qu’on expose 40 000 hommes. » Rouire écrit dans la Revue des deux mondes (Tome cinquième 1901) pp 341-342 : « En envoyant un corps expéditionnaire prendre pied sur la terre africaine, le gouvernement du roi Charle X n’obéissait pas seulement, comme on l’a dit, à la nécessité de mettre fin à des contestations pécuniaires pendantes entre la France et le dey d’Algérie et à la tactique politique qui consiste à détourner les esprits des difficultés intérieures par une diversion à l’extérieur. Il y avait aussi la légitime ambition, qu’il ne craignait pas d’exposer avec une courageuse franchise au gouvernement anglais, de donner à la France, sortie affaiblie et diminuée des grandes guerres du commencement du siècle, un territoire qui fût une compensation aux prodigieux accroissements de l’Angleterre dans le monde et des autres grandes puissances sur le continent. Il entendait créer, par de là la méditerranée, une France nouvelle qui augmentât les richesses et la puissance de la mère patrie. Son intention arrêtée était d’implanter la race française sur le sol africain, en un mot de coloniser l’Algérie. » « Mais implanter la race française en Algérie, fit remarquer Rouire, n’était pas chose facile, parce que, dit-il, le peuple algérien avait pris contact depuis des siècles avec l’Europe et l’avait dominée en partie. Il avait une civilisation avancée, se rapprochant de celle de la France, une religion à laquelle il était opiniâtrement attaché, avait conscience de sa nationalité et répugnait par ses mœurs et ses idées à toute assimilation ou fusion. » L’historien Augustin Bernard affirme nettement « que ce qui était enjeu dans l’expédition d’Alger, c’était l’influence française dans la Méditerranée menacée par celle de l’Angleterre ». A la fin de juillet 1830, le journal des Débats disait : « Nous gardons Alger parce que nous l’avons prise et qu’elle n’appartient à personne. Nous y ferons un établissement de guerre et de commerce qui assure notre juste influence sur la Méditerranée. La Russie approuve et l’Angleterre, dans sa situation actuelle, se plaint sans s’opposer. » Des écrits de ce genre, qui ont le mérite de dire la vérité historique, auraient dû épargner à d’autres historiens le retour des récits mensongers. En effet, d’aucuns ont même prétendu que c’est seulement au mois de Janvier 1830 qu’il est venu aux Français l’idée de conquérir l’Algérie : cette thèse est controuvée. En réalité, cela faisait près de deux siècles que la France avait projeté l’expédition de l’Algérie. Le destin de Charles X était de l’entreprendre en juin 1830. Un concours de circonstances favorables lui a tissé un succès avec peu de tirage. Assurément, on attribue la paternité de l’idée de la conquête de l’Algérie à Louis XIV et surtout à Napoléon 1er. Qu’on ne croie pas cette affirmation poussée à l’exagération. Voici la preuve qui permet de prouver son exactitude. Cette preuve est mise en lumière par des faits historiques ayant trait aux expéditions de Louis XIV contre l’Algérie, notamment celle de Djidjelli (1664), de Duquesne (1682-1683) et de d’Estrées (1688). L’histoire du consulat et de l’Empire révèle que Napoléon 1er, à deux reprises en 1805 et en 1808, songea sérieusement à une expédition en Algérie. Il faut dire qu’il avait également dans ses vues la conquête du Maroc, de la Tunisie et de la Libye. Pour masquer son projet de conquérir l’Algérie, Louis XIV comme plus tard Napoléon 1er allégua comme prétexte la guerre contre les pirates et la restitution des captifs européens. Il faut repousser ce faux prétexte. Du XIIe au XVe siècles, Grecs et Latins opéraient sur mer contre les algériens. Jean Bart (1650-1702) qui était devenu corsaire de la marine française, Claude Forbin (1656-1773) Robert Surcouf (1773-1827) pour ne citer que ces trois célèbres pirates français écumaient la Méditerranée en toute impunité. « Nous croyons, dit l’historien Mas Latrie, que la statistique des forfaits dont la Méditerranée a été le théâtre du XIe au XVIe siècle, s’il était possible de la dresser, mettrait à la charge des chrétiens une quotité forte lourde dans l’ensemble des pillages et des détestations maritimes que nous rejetons trop facilement au compte des Barbares. » Deux lignes plus loin, cet auteur ajoute : « les témoignages des chrétiens révèlent eux-mêmes tout le mal imputable aux pirates d’origine chrétienne. » La plus grande entreprise armée dirigée au XVIe siècle contre l’Algérie fut, sans conteste, celle de Charles-Quint en 1541. Cette expédition échoua lamentablement et fut un désastre sans précédent pour l’armée espagnole. Dès le début du règne de Louis XIV, la France prit le relais de l’Espagne et engagea, sans interruption, une série d’expéditions contre l’Algérie. Le duc de Noailles a pu constater ce fait dans son histoire de madame de Maintenon : « la grande expédition d’Egypte, écrit-il, tentée depuis peu par Napoléon, n’avait même pas été étrangère aux vues de Louis XIV, non plus que la conquête de l’Algérie. » La première tentative pour implanter en Algérie le drapeau français avait été faite par Paul de Saumur, chef d’escadre de la marine française, connu sous le nom de Chevalier. Organisée et subventionnée par la duchesse d’Aiguillon, nièce de Richelieu, cette expédition privée échoua devant la fermeté et l’héroïsme du peuple algérien.
*Combattre les ennemis du christianisme
Plus forte et mieux organisée fut l’expédition engagée dix ans plus tard, soit en 1660, contre Djidjelli par l’armée de Louis XIV. Tous les historiens connaissent le curieux mémoire publié vers 1660 sur le projet conçu par Louis XIV de s’emparer de l’Algérie. Parmi les prétendus motifs qui engagèrent Louis XIV à diriger cette expédition, ce mémoire en énumérait deux principales. En premier lieu, le souci du monarque français de mettre fin à la piraterie des corsaires algériens en méditerranée. En deuxième lieu, le besoin de combattre les ennemis du christianisme. Il est évident que le mémoire, s’il mentionnait le but déclaré avec un luxe de détails, il occultait en revanche l’objet réel de l’expédition qui était de faire main basse sur l’Algérie et ses richesses. Mais revenons à la tentative d’occupation de Djidjelli. Une flotte composée de soixante-trois voiles et présentant un effectif de près de cinq mille hommes sortit de Toulon le 2 juillet 1664 sous le commandement du duc de Beaufort, chef et surintendant de la navigation et du commerce de France. La flotte expéditionnaire arriva devant Djidjelli le 22 septembre 1664. A la nouvelle du débarquement des français, les Algériens accoururent en grand nombre et dirigèrent une attaque vigoureuse contre les assaillants, auxquels ils firent éprouver une perte de quatre cents hommes durant les deux premières journées de combat. Durant plus de dix jours, les soldats français ne pouvaient sortir de leurs retranchements sans se faire tuer. Le 5 octobre, les Algériens prirent de nouveau l’initiative de l’attaque et infligèrent de lourdes pertes à l’ennemi. Le marquis de Martel vint en renfort sur une dizaine de navires. Le 31 octobre, des milliers d’Algériens venus aussi vite qu’ils le purent, qui de Bône, qui de Bougie, qui d’Alger, se précipitèrent sur les troupes de Louis XIV qui se replièrent incontinents vers le rivage. Un nombre impressionnant de soldats français fut mis hors de combat. Ce désastre fut suivi d’une débandade complète. L’Armée française en déroute se rendit en grande partie et abandonna sur le rivage une importante artillerie dont trente pièces de canon de fonte, quinze de fer et plus de cinquante mortiers. Le lendemain, le corps expéditionnaire s’éloigna dare-dare des côtes algériennes en y laissant trois mille cadavres, en sus de la moitié de son artillerie. Chemin faisant, un événement aussi imprévu que catastrophique se chargea d’anéantir la flotte du duc de Beaufort. L’historien français Ernest Watbled écrit à ce propos : « Le malheur qui semblait s’être attaché aux Français, les suivit jusque sur les côtes de Provence. La peste, qui était à Toulon, empêchait d’y débarquer les troupes. L’escadre reçut l’ordre de les porter aux îles d’hyières. Un des plus grands vaisseaux, La Lune, périt corps et biens en vue de ces îles. Douze cents hommes du régiment de Picardie, quantité de volontaires et plusieurs des meilleurs du corps expéditionnaire, furent noyés. » A Saint Germain-En-Lay où le roi est installé, on trépigne de colère et on jure comme un charretier. Comme il fallait s’y attendre, on se mit en peine de mettre tout en œuvre pour venger le désastre de Djidjelli. Un an plus tard, Louis XIV envoya l’amiral Beaufort (1616-1669) faire une croisière devant Alger pour user d’intimidation. Bientôt des menaces sérieuses d’agression contre Alger se firent jour. En 1680, le lieutenant général des armées de mer, Abraham Duquesne (1610-1688), reçut l’ordre d’aller occuper Alger. La flotte française détruisit d’abord Tripoli puis se rendit à Alger où l’attendait un grand combat naval semblable à celui de Salamine où la flotte athénienne détruisit celle du roi perse Xerxès (480 av J.C.).
*La France perd ses possessions
Au bout d’un mois, les bateaux français furent un tas de décombres en ignition. Malgré ce second échec, Louis XIV essaya à nouveau de s’emparer d’Alger. Le petit-fils de Louvois, le maréchal d’Estrées (1660-1737) fut chargé en 1688 de donner sa mesure. Au bout de quelques jours, il reçut une correction mémorable. L’échec de cette troisième entreprise fut le naufrage des espérances du roi de France. Installé depuis cinq ou six ans à Versailles. Louis XIV le Grand renonça à sa politique impérialiste et consacra ses dernières années à combattre les protestants et les jansénistes. De 1690 à 1792, l’instinct colonisateur de la France est en sommeil. Pis que cela, son empire colonial est abandonné. La France perd ses possessions de l’Inde et du Canada qui passent aux mains des Anglais. La Louisiane occidentale est cédée à l’Espagne. Vint alors de tour de cinq puissances européennes de prendre le relais de la France pour occuper l’Algérie. Ce fut d’abord l’Espagne qui débarqua 8000 hommes dans l’embouchure d’El Harrach. Mais son expédition échoua aussi misérablement que celle de Charles Quint en 1541. L’Angleterre entreprit trois expéditions en 1671, en 1749, et en 1804. Puis ce fut le tour du Danemark, de la Hollande et de la Vénitie dont les interventions furent également un désastre pour leurs hommes et leurs flottes. Décidément, Alger était inexpugnable. En juin 1798, sous la conduite de Bonaparte, la France entreprend l’expédition de l’Egypte. Sa flotte ayant été détruite à Aboukir, il conçut l’idée d’envahir l’Algérie, la Tunisie, la Libye et le Maroc pour y établir des colonies militaires françaises. Des renseignements en vue de l’expédition d’Alger s’avéraient nécessaires. Un Français du nom de Thédenat, qui connaissait l’Algérie, conseillait un débarquement dans les environs de Ténès. Ce projet n’ayant pas été retenu, on chargea le Capitaine Berge de procéder à une reconnaissance topographique d’Alger. A la même époque, le Capitaine Burel est envoyé auprès du sultan du Maroc. Officiellement, il va en mission diplomatique, mais sa vraie mission c’était de faire le relevé de la route de Tanger à fès. C’est ce que fera en 1883 Charles de Foucauld pour préparer l’occupation du Maroc par le commandant Lyautey. En juillet 1805, l’empereur envoie son frère Jérôme Bonaparte à Alger avec une division navale pour mettre le dey Mustapha sous la menace de la guerre. N’était 4e la victoire navale de l’amiral anglais Nelson sur la flotte Franco espagnole à Trafalgar, Jérôme Bonaparte aurait sans doute bombardé Alger. Il fut rappelé dare-dare en France. Le 9 mai 1808, le capitaine Berge fut remplacé par le chef de bataillon du génie Vincent Yves Boutin. A bord du brick, le requin, Boutin, se rend à Alger pour soi-disant rendre visite à son cousin M. Thainville, le consul français à Alger. Boutin consulte les archives du consulat et se met en quête de renseignements sur Alger, sa population, ses enceintes, ses fortifications et ses vaisseaux. Boutin entreprit un travail prodigieux d’agent secret durant les 53 jours qu’il séjourna à Alger. A la fin de son enquête, et à son retour en France, il se fait prendre dans les rets des Anglais. Mais il a jeté tous ses documents à la mer et n’a gardé que son petit carnet dont il fit un volumineux rapport intitulé Reconnaissance de la ville et des forts d’Alger. Ce document rappelle par quelques traits le rapport Reconnaissance au Maroc que Charles de Foucauld a composé à la fin de son exploration entreprise au Maroc. Le rapport de Boutin conclut que c’est à Sidi Fredj qu’il faudra débarquer. Boutin écrit dans son rapport : « Dans l’espace compris entre le cap Caxine, Sidi Ferruch et au dessous, et c’est vraiment là qu’il faut opérer… En débarquant à Sidi Ferruch, on n’aurait ni batteries à combattre, ni probablement d’ennemis en présence, ni de hauteur à gravir. On suivrait un chemin d’une pente presque imperceptible, tout à la fois éloigné de la vue des forts et de la plaine où la cavalerie est à craindre et qui conduit droit à l’emplacement du point qu’il faut attaquer le premier. La période favorable pour l’expédition était de mai à juin, en un mois on serait maître d’Alger. » Le 21 février 1809, Boutin est reçu aux Tuileries par Napoléon 1er. Son rapport est très apprécié mais l’expédition contre Alger fut remise à plus tard au motif que les préoccupations de la guerre d’Espagne et la faiblesse de la marine ne permettaient pas d’assurer le transport et la protection d’un corps expéditionnaire. Le 14 juin 1830, soit vingt et un ans plus tard, c’est précisément à Sidi Fredj que la flotte de l’amiral Duperré et l’armée de terre du maréchal de Bourmont débarquèrent. Pour la première fois de son histoire, Alger la brave guerrière, capitula. Ce fut le commencement d’une histoire terrifiante et douloureuse au cours de laquelle le peuple algérien refusa de passer sous les fourches caudines durant cent trente deux ans et ne lâcha pied que le jour où il reconquit sa liberté et son indépendance. Beaucoup de peuples ont suivi son exemple.(El Watan-06.07.06)
Par (*) L’auteur est avocat à la cour d’Oran. Agréé près le tribunal suprême et historien.
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