SDF.Des heures de sommeil en moins
**La pauvreté se durcit en France
Le Monde.fr | 08.11.2012….
L’intensité de la pauvreté est de plus en plus forte. C’est une des conclusions de l’étude annuelle du Secours catholique sur la pauvreté, qui se penche cette année sur l’évolution de celle-ci en dix ans. Le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté – correspondant à 60 % du niveau de vie médian, soit 964 euros – a augmenté de près de 10 % en dix ans selon l’Insee, atteignant le chiffre de 8 millions. Les personnes en situation de très grande pauvreté, soit 40 % du niveau de vie médian, étaient un peu plus de 2 millions en France en 2009.
Les famille mono-parentales plus touchées
Dans son étude, le Secours catholique se concentre sur les personnes pauvres ayant fréquenté leurs centres, qu’il considère comme « un échantillon représentatif des personnes en difficulté ». « Le nombre de personnes en grande pauvreté (…) ne cesse de s’accroître, tout simplement parce qu’il y en a qui tombent dans la pauvreté et qu’il y en a très peu qui en sortent », a déclaré sur RTL François Soulage, le président de l’association.
Il constate notamment une augmentation du nombre de femmes accueillies. Cette évolution s’explique, selon eux, par le nombre croissant de familles monoparentales touchées par la pauvreté, dont les mères sont le plus souvent cheffes de famille, ainsi que par le difficile retour à l’emploi des femmes de 55 à 65 ans.
Les familles monoparentales ont représenté en 2011 30 % des familles rencontrées dans les centres, alors qu’elles ne sont que 9 % parmi les ménages français en général. La situation est confirmée par la situation des enfants accueillis, dont la moitié vivent au sein d’une famille mono-parentale.
La situation des familles étudiée par le Secours catholique montre une augmentation importante des dépenses incompressibles. Les loyers et les prix de l’énergie ont augmenté de manière plus importante que les revenus de ces personnes et que l’indexation des prestations sociales, leur faisant subir une inflation plus importante que pour le reste de la population. « Nous pensons qu’il faut impérativement augmenter les minimas sociaux. Les minimas sociaux, c’est le moyen pour des personnes de vivre décemment et d’avoir une chance de retrouver une situation normale et un emploi », a affirmé M. Soulage.
L’augmentation de ces dépenses a également augmenter les impayés constatés. En effet, 60 % des ménages déclarent au Secours catholique faire face à des impayés, concernant dans 40 % des cas le loyer, puis le gaz, l’électricité ou les combustibles.*Le Monde.fr | 08.11.2012
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*Mon sac de SDF, mon oreiller, mon capital, ma galère
La première fois que j’ai vu Francis, SDF la soixantaine passée, il m’a parlé de sa récolte de cannettes. Son sac est pour lui un instrument de travail à part entière.
Traîné comme un boulet, détesté, chéri, protégé… Pour Francis, Philippe, Anouar et les autres, un sac n’est pas qu’un sac : c’est une galère à gérer au quotidien, la source d’un paquet d’angoisses et toute une vie passée à chercher des planques sauvages dans les rues.
Philippe est SDF depuis vingt ans. Il est « basé » près des Halles.
« Mon sac, c’est ma salle de bains et ma penderie. »
C’est aussi un capital. Un coffre où conserver les documents administratifs et les souvenirs personnels. Un siège et un oreiller. Un garde-manger et un rangement.
Philippe : « Plus une vie est longue, plus le sac est lourd »
Le sac est aussi un obstacle à pas mal de choses. A cause de lui, on peut se faire virer des lieux publics. Pas question d’aller chercher du boulot avec 35 kg de bagage sur soi et pas évident, non plus, de renouer avec des parents ou amis… Philippe explique
« Le sac stigmatise le SDF parce qu’il ne peut pas bouger comme il voudrait. Ça te cloue sur place.
Y a certains sacs qui pèsent très très lourds. Plus une vie est longue, plus le sac est lourd. » (Ecouter le témoignage de Philippe. Durée : 1’50 »)
Francis : « Des heures de sommeil en moins ! »
La dernière fois, pour Francis, l’équation était simple : sac = fatigue.
« Des heures de sommeil en moins ! Tu l’as avec toi la nuit, tu dors que d’un œil pour pas te le faire piquer.
Et dans la journée, tu peux pas t’allonger sur un banc et dormir, sinon, tu le mets où ? »
Et puis, il y a le problème du mauvais temps. Un sac qui prend l’eau en hiver, c’est une malédiction : les vêtements et duvets ne sèchent plus et les mauvaises odeurs imprègnent tous les tissus.
Mains libres, la bagagerie participative de Philippe
Autant dire que depuis que Philippe occupe son demi-mètre cube au sein de la bagagerie Mains libres, il revit : son PC portable est en sécurité, le rechange à l’abri et ce petit espace, à lui, lui permet de se délester de sa grosse valise et de son couchage chaque matin.
Il n’est pas peu fier d’être vice-président de l’association Mains libres où cinquante casiers sont mis à disposition des sans-abri. Les yeux qui frisent derrière sa grosse barbe de Père Noël, il en détaille le fonctionnement :
« Chaque personne acceptée à la bagagerie adhère à l’association au même titre que les ADF [avec domicile fixe, ndlr].
Les adhérents peuvent prendre part au conseil d’administration, aux décisions, assurer des permanences.
C’est une démocratie participative totale : on ne décide pas pour toi. Dans beaucoup d’associations quand tu es SDF, tu poses ton cul sur une chaise et tu n’as rien à dire. »
Le concept fonctionne si bien qu’il fait des émules. Après avoir effectué des maraudes pendant dix ans, Guy François vient d’ouvrir la bagagerie Antigel, qui dispose elle de soixante casiers et suit le même fonctionnement.
Planques et système D
Il existe une dizaine de consignes pour sans-abri à Paris. A défaut, c’est la débrouille. La mob d’Anouar n’a pas roulé depuis belle lurette mais il veille sur elle comme un trésor. Un gros caisson rivé au porte-bagages renferme toute sa vie.
Francis aussi entasse tout un fourbis dans le caisson de son deux-roues. Le reste du temps, il fait comme tous les SDF : il passe sa vie à chercher des planques pour ses sacs.
C’est lui qui a évoqué le premier le « système de la poubelle dans la poubelle ». J’étais effarée alors j’en ai touché deux mots à Philippe. Il a simplement souri :
« Oui, c’est très connu dans le monde des SDF… Les planques, t’en as partout dans Paris »
*Rue89- (23.11.2010.)
**réactions d’internautes:
rappel historico-dramatique:
C’était il y a exactement 4 ans, le 18 décembre 2006. Nicolas Sarkozy alors candidat, prononçait un discours à l’attention de la France qui se lève tôt. Tout ça dans la belle ville de Charleville-Mézières dans les Ardennes
Il a promis toutes sortes de choses, mais une d’entre elles est terriblement d’actualité. Voici la phrase dans le discours écrit:
Je veux que d’ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid. Emporté par son élan, il prononça une promesse plus forte:
Par ce que le droit à l’hébergement, je vais vous le dire, c’est une obligation humaine. Mes chers amis, comprenez le bien, si on n’est plus choqué quand quelqu’un n’a plus de toit et qu’il fait froid dehors c’est tout l’équilibre de la société ou vous voulez que vos enfants vivent en paix qui sera remise en cause.
*Même en imaginant que Sarkozy ait été le moindrement sincère à ce moment-là (ce dont il est permis de douter, pour des raisons que je rappellerai plus loin), (1) son manque criant de compétence et de savoir-faire en la matière (les SDF que Sarkozy fréquente sont plutôt du genre «mon domicile n’est pas fixe parce que je voyage tout le temps entre le Cap Nègre, New York, Paris et l’île de Ré, et puis ma fortune n’a pas non plus de domicile fixe, un jour à Genève, le lendemain à Monaco en passant par les îles Caïmans et le Liechtenstein») interdit d’avance tout espoir en la matière; (2) cela impliquerait une vraie politique du logement, qui ne se décide de toute façon pas à l’Élysée, mais, entre autres, dans les bureaux du Puca (agence interne du ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, dans la Grande Arche de la Défense). Le problème, c’est que Sarkozy a miné sa promesse en promettant autre chose de parfaitement incompatible: «tous propriétaires». Or une telle promesse implique de faciliter l’accès à la propriété, en passant par le crédit immobilier, ce qui renforce la demande (plus de personnes ont accès à la possibilité de devenir propriétaires de leur logement) alors que l’offre est très peu extensible (l’augmentation de l’offre passe par la construction de logements, ce qui prend du temps), ce qui génère une hausse des prix que la récente baisse des taux de crédit immobilier ne va pas arranger (avec pour effet direct la relégation des pauvres de plus en plus loin des villes, ce qui ne manque pas de piquant quand on sait que la ségrégation urbaine résultante n’est pas sans effet sur la délinquance, d’une part par la concentration géographique des pauvres, d’autre part du fait d’un accès plus difficile à l’emploi: le Kärcher était rempli d’essence). Ce qui reste, entre nous, tout bénéf’ pour la confrérie du Fouquet’s, qui ne manque pas de spéculateurs immobiliers.Quant à savoir si, au-delà de son incapacité à la mettre en œuvre, la promesse du candidat Sarkozy était sincère, on peut en douter: elle ne visait pas les SDF, dont le poids électoral n’est pas, c’est le moins qu’on puisse dire, extraordinaire, mais les électeurs potentiels, aussi bien à «gauche» (le point de vue «il n’est pas acceptable de faire vivre des êtres humains dans de telles conditions») qu’à «droite» (le point de vue «ces propres-à-rien qui font pas joli dans nos belles rues si propres»). Ce qui fait plus songer à une manœuvre (manipulation?) électorale qu’à une promesse sincère.
*C’est la structure même de nos sociétés-États devenues de Marché qui réduit l’horizon à une impasse et met nous les humains à la rue !
L’économie tout en étant toujours présentée comme liée au couple production-rareté (la rareté étant la source de l’économie) est devenue en fait principalement « une activité de divertissement, au sens pascalien du terme – qui désigne, sauf erreur, toute occupation qui nous détournerait de l’essentiel.»
Or, cela n’est pas une découverte récente non seulement de la part des grands « humanistes » mais aussi des grands « économistes » qui sont nombreux à considérer que l’économie n’est qu’une étape à franchir pour des raisons car elle est partie liée avec la rareté. Quand cette dernière s’efface, l’économie au sens classique du terme devrait disparaître. Marx parlait « du passage du règne de la nécessité au règne de la liberté ». Smith était dans le même registre quand il disait : « une fois le problème économique [la rareté] sera réglé, on pourra s’atteler à l’essentiel (…) [la construction] de la République philosophique », qui est la rencontre des questions premières qui se posent à l’humain (étymologie : humus, ce qui fait de nous des fruits de la Terre) à savoir « la question du vivre ensemble », « la question amoureuse » et « la question du rapport au sens ». Keynes parlait de son côté « de l’au-delà de l’économie » et il allait jusqu’à inciter ces collègues économistes à l’humilité [on y viendra de gré ou pas...] en disant qu’un économiste n’aura pas plus d’importance qu’un dentiste ».Tout en ayant de la considération pour les dentistes, « nul ne songerait à fonder le lien social sur la dentisterie », comparaison implicite avec l’économie à laquelle on assigne absurdement ce rôle.
Et le panurgisme, cette facilité de l’être humain vivant en société, à se soumettre au modèle de comportement qu’il observe autour de lui, sans que personne ne le lui demande ou sans qu’il ne risque sa vie à s’y soustraire, est à notre sens une des plus importantes manifestations de notre « barbarie intérieure ».
Comme on est sorti de la rareté sans être préparé culturellement à l’abondance, il en résulte « une surabondance d’énergie [et] on finit par (…) dépenser, se dépenser mais sur un mode pathologique et le mode pathologique par excellence, c’est les crises et la guerre (…) et les grands faits totalitaires. »
Avec l’aimable participation ;o)) de
LA LEGITIMITE DU REVENU MINIMUM D’EXISTENCE
Pour un nouveau contrat social
Mémoire de Master recherche de « Droits de l’Homme »
Soutenu par Olivier Rochette – Année universitaire 2008-2009
Université Lumière LYON II – Faculté de droit et de science politique
http://www.laurencecasile.com/memoire_rme.pdf » *L’homme possède le droit à la vie, car il le tient des lois de la nature. Il a donc droit à sa part dans les richesses du monde. Grâce à son travail, il pourrait se procurer cette part et ainsi gagner sa vie. Il le pourra désormais de moins en moins, car son travail est progressivement éliminé par un gigantesque appareil de production qui rend tous les jours le labeur humain un peu moins nécessaire. Cependant les progrès techniques qui se succèdent en libérant l’homme de ses occupations matérielles ne doivent pas le priver des biens créés sous prétexte que son travail n’est plus nécessaire. En effet si l’homme est dénué de moyens d’existence, son droit à la vie devient un leurre. Mais si l’homme l’a inventé n’est il pas juste qu’elle travaille pour lui ? (…) La fortune des hommes de notre temps réside dans l’efficience des techniques qui permettent de créer ces richesses. Nous avons donc tous le droit de profiter des découvertes de nos devanciers : d’où ce deuxième principe :* L’homme est l’héritier d’un immense patrimoine culturel qu’il trouve aujourd’hui en naissant, car l’équipement agricole et industriel n’est qu’une œuvre collective poursuivie pendant des siècles par une foule innombrable de chercheurs et de travailleurs, tacitement associés pour l’amélioration continuelle de la condition humaine. Cependant, si l’homme est l’héritier de ce prodigieux patrimoine, il n’est que l’usufruitier des richesses qu’il permet de créer. Sous quelle forme pourrait-il en percevoir sa part ? Ecartons la fameuse prise au tas, qui se concilie mal avec l’ordre qui doit régner dans une économie rationnelle (…). Dans le monde moderne la part d’usufruit ne se conçoit que sous la forme de pouvoir d’achat, donc de monnaie, puisqu’elle ne constitue plus qu’un titre de créance. Il faut que tout le monde possède de l’argent pour vivre, comme tout le monde a de l’air pour respirer. D’où ce troisième principe :
*Les droits politiques ne suffisent plus à assurer la liberté des hommes, car, pour vivre, il faut avoir de quoi vivre. Les droits du citoyen doivent se compléter des droits économiques du consommateur, concrétisés par un « revenu social » auquel il aura droit du berceau au tombeau. «
Jacques Duboin Les yeux ouverts, 1955.
*Il va faire froid. Comme chaque année, on s’occupe des SDF dès que le thermomètre baisse. On râle parce qu’il n’y a pas assez de structures pour les accueillir, parceque les associations manquent de bénévoles et de moyens pour éviter le pire. Et puis ça fait bien, aux JT, de parler de ces malheureux entre les reportages sur les vitrines de Noël, ou sur la queue qui s’annonce à la première de la projection du dernier Harry Potter. Mais n’en parlons pas trop, parcequ’on se sent tous coupables de ne pas les aider assez, de mettre sur le dos de nos structures ou des élus cette situation intolérable. Mais dans notre égoïsme quotidien,on oublie un adage dont il faudrait se faire une devise : quand ça ne va pas, ne pas chercher de coupable autour, mais toujours se demander ce qu’on a fait soi-même pour en arriver là, ou ce qu’on aurait pu faire pour éviter ça.
*C’est vrai ça : on parle des S.D.F. l’hiver. Et l’été, quand il fait chaud, voir très chaud dans nos villes, ils ont un abri, ils ont accès à l’eau potable pour se rafraîchir ?
De toute manière, entre les promesses des uns, les agitations des autres, et les boeufs qui matent ça au J.T. de Pernault entre deux reportages de foies gras et champagnes..
*Désolé ! *<;o)) Le manche de la cuiller est (trop) long ! Un homme tenait un jour une conversation avec un Sage. Il lui dit : « Grand Sage, j’aimerais savoir comment est le paradis et comment est l’enfer ». Le Sage conduisit l’homme vers deux portes. Il ouvrit l’une des portes et permit à l’homme de regarder à l’intérieur. Au milieu de la pièce, il y avait une immense table ronde. Au milieu de cette table, il y avait une grosse marmite contenant un ragoût à l’arôme délicieux. L’homme saliva d’envie.
Les personnes assises autour de cette table étaient maigres, livides et malades. Elles avaient toutes l’air affamées. Elles tenaient des cuillères aux très longs manches, attachées à leurs bras. Toutes pouvaient atteindre le plat de ragoût et cueillir une cuillerée. Mais, comme le manche de la cuillère était plus long que leurs bras, elles ne pouvaient ramener les cuillères dans leur bouche et elles renversaient de ce merveilleux ragoût sans pouvoir s’en délecter en salissant tout autour d’elles. L’homme frissonna à la vue de leur misère et de leurs souffrances. Le Sage dit : « Tu viens de voir l’enfer ».Ils se dirigèrent alors vers la seconde porte. Le Sage l’ouvrit. La scène que vit l’homme était identique à la précédente. Il y avait la grande table ronde, la marmite de délicieux ragoût qui le fit encore saliver. Les personnes autour de la table étaient également équipées des cuillères aux longs manches. Cette fois, cependant, les gens étaient bien nourris, replets, souriants et se parlaient les uns aux autres en riant.
L’homme dit au Sage : « Je ne comprends pas ! » «C’est simple, répondit le Sage. Ils ont appris à se nourrir les uns les autres tandis que les gloutons et les égoïstes ne pensent qu’à eux-mêmes … cela fait toute la différence… »
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*Quand les familles errent dans les rues
Un enfant qui voit ses parents expulsés par la police sera traumatisé à vie. Il va détester la police, le pays et tout ce qui le symbolise», met en garde Hakim Salmi, président du comité SOS expulsion. «Les droits de l’enfant commencent d’abord par le droit à l’abri», rappelle-t-il. Ce militant des droits de l’homme estime que même dans le cas où l’expulsion est légale, «l’Etat doit prendre en charge la famille expulsée».
Notre interlocuteur préconise comme mesure d’urgence la mise à la disposition de ces familles des chalets au centre de transit. «L’Etat doit prévoir des lieux d’accueil pour les victimes d’expulsion, afin que la cohésion des familles ne subisse pas des démembrements, délinquance des adolescents, fléchissement scolaire des enfants ou des suicides, ou même dans certains cas des divorces suite aux conséquences irréversibles de l’expulsion», souligne le comité SOS expulsion dans un communiqué rendu public.
«L’Etat doit revoir la législation relative aux expulsions, notamment la création de cellules d’enquêtes sociales et de suivi au niveau des tribunaux», insiste ce comité créé en 2009, coïncidant avec l’année de l’accélération des expulsions. Depuis, quatre cas seulement ont été résolus. Il s’agit de quatre familles expulsées dans la wilaya de Blida en 2010. «L’ex-wali est intervenu en personne en octroyant des logements sociaux à ces familles», souligne M. Salmi, dénonçant par la même le laisser-aller des autorités dans d’autres wilayas.
«Le marché de la location est une forme d’exploitation»
Le vide juridique qui entoure le marché de la location et l’attribution de logements en Algérie est dans une large mesure à l’origine de l’exploitation d’une frange de la société (celle qui est en quête d’un logement) par une autre (celle qui en est propriétaire). Conséquence ? Le marché de la location est hors de prix, l’achat d’un appartement est inaccessible : 1500 familles à l’échelle nationale sont expulsées ou menacées d’expulsion.
Ce chiffre ne reflète en réalité que les familles qui se sont rapprochées du comité SOS expulsion (LAADH, aile Zahouane). En réalité, le nombre de familles qui se retrouvent du jour au lendemain à la rue est beaucoup plus important. Les grandes villes, à l’instar d’Alger, Oran, Constantine et Annaba viennent en tête de liste des régions ayant connu un grand nombre d’expulsions. Les premiers cas recensés sont liés au conflit d’héritage.
Des locataires qui ont occupé des logements depuis des décennies ont été forcés de libérer ces maisons par la nouvelle génération. Dans la plupart des cas, les héritiers veulent reprendre la propriété pour la revendre. «Autrefois, la location était considérée par nos grands-parents comme un moyen de protection pour la dignité des familles. Des maisons ont été louées à des prix symboliques. Et lorsque le locataire éprouve des difficultés à payer, le propriétaire le met à l’aise», se souvient Hakim Salmi, président du comité SOS expulsion. «Le tort des familles qui se retrouvent à la rue au niveau de la capitale c’est de respecter la loi», estime M. Salmi.
Des locataires exclus de la liste des logements sociaux
Ces familles n’ont pas accaparé des caves et des terrasses, comme l’ont fait de nombreuses autres familles. Ces dernières ont eu droit aux logements sociaux, tandis que de nombreuses familles ayant loué des appartements ont été exclues de la liste des bénéficiaires. «La priorité a été donnée aux constructions anarchiques. Tous ceux qui n’ont pas respecté la loi ont été récompensés avec la complicité des responsables des APC», regrette le représentant des familles expulsées.
Le logement de fonction est une sorte d’épée de Damoclès sur la tête des bénéficiaires. M. Salmi cite à titre d’exemple le cas de l’Institut national de la cartographie et de traçage (INCT) affilié au ministère de la Défense nationale. Des logements appartenant à l’INCT ont été attribués aux fonctionnaires de cet établissement durant les années 1980.
Le directeur général venu durant les années 2000 a décidé d’expulser les occupants. Pourtant, la décision d’attribution stipule que les bénéficiaires ont le droit de garder le logement après leur retraite. Après la mort du bénéficiaire, les héritiers ont aussi le droit d’y demeurer. Suite à la mobilisation des travailleurs, «les expulsions ont été bloquées. Mais le prix du loyer a été multiplié par 6», souligne M. Salmi. Soit un loyer de 20 000 DA pour un salaire qui ne dépasse pas 45 000 DA.
Mais ce calvaire semble avoir connu un dénouement récemment. Suite à une requête adressée par le comité SOS expulsion au ministère de la Défense nationale, cette institution a enfin réagi. Le MDN a décidé d’orienter une trentaine de familles vers la formule location-vente en prenant à sa charge le paiement de deux tranches. «J’invite les autres ministères à réagir de la sorte pour qu’aucun travailleur et sa famille ne se retrouvent à la rue», se félicite M. Salmi.
Notre interlocuteur considère les logements de fonction comme étant une forme d’exploitation. Il appelle par la même occasion à la consécration des quotas sous forme d’une location-vente, tout en excluant les logements d’astreinte. «Comment l’Etat peut-il tourner le dos aux fonctionnaires qui ont payé un prix fort en servant des institutions pendant la décennie noire, quand d’autres ont fui vers l’étranger, et qui aujourd’hui sont sans toit», s’interroge le comité SOS expulsion dans un document rendu public.*Rahmani Djedjiga *El Watan–Jeudi 23 Avril 2015-
**A 59 ans, madame Chelghoum cherche toujours un toit décent
«Lorsque j’ai pris contact avec Mme Chelghoum, elle était en train de chercher un coin ensoleillé pour se réchauffer», déclare Hakim Salmi, président du comité SOS expulsion, avec amertume. Le foyer qui l’abrite est très humide. Etant atteinte de rhumatismes, ses conditions sont insoutenables.
Mais cette vieille dame, épuisée par les affres de la vie, n’a pas le choix. C’est mieux que de rester dans la rue ; un lieu qu’elle connaît très bien. Depuis 2009, Mme Chelghoum et son fils adoptif ont été expulsés de l’appartement que son mari a acheté aux environs d’El Alia. La famille habitait auparavant un appartement au 4e étage à Dar El Beida.
Pour mieux prendre en charge son mari qui était handicapé, Mme Chelghoum avait décidé de vendre cet appartement pour en acheter un autre au rez-de-chaussée à El Alia. Mme Chelghoum n’a acheté finalement que la clé d’un logement social en signant un contrat de reconnaissance de crédit avec la propriétaire. Après la mort de son mari, cette dernière a décidé de récupérer son logement en remboursant la somme d’argent indiquée dans le contrat.
Sauf que la plus grande partie de cet argent a été versée aux enfants de son époux, issus d’un premier mariage. Cette veuve s’est retrouvée sans toit et sans argent pour faire face à sa nouvelle situation. «Je suis restée 7 mois sous une tente à Bab Ezzouar», raconte-t-elle. Depuis, elle n’a pas cessé de vendre tout ce qu’elle possède : voiture, bijoux et meubles. Il ne lui reste actuellement que sa pension de 13 000 DA que son mari lui a léguée.
Même le fils qu’elle a choisi d’élever ne vit plus avec elle. Les conditions ne le permettent pas. Mme Chelghoum a été hébergée par une famille qui n’était pas disposée à accueillir son fils. «Lorsque je veux voir mon fils, on se donne rendez-vous au cimetière d’El Alia où repose mon époux», relate-t-elle, en éclatant en sanglots. A 59 ans, Mme Chelghoum, née Mezidi Djemaâ, continue de faire face à la dure réalité de la vie. A présent, elle ne demande que le droit à un logement pour être avec son fils qui «erre» dans les quartiers de la capitale.*Rahmani Djedjiga *El Watan–Jeudi 23 Avril 2015-
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Rencontrés dans les rues d’Oran par une nuit de janvier
SDF : misère et complaintes
Des dizaines de sans-domicile plantent leurs abris de fortune, à proximité du barrage fixe des CRS.
En cette douce nuit de janvier, sous l’un des arbres courant le long du marché des vêtements de M’dina J’dida, avenue des Martyrs, face au centre pénitentiaire d’Oran, un homme essaye de retenir ses larmes de couler puis, incapable de les réprimer, souffle un mot d’excuse et s’éloigne : c’est un SDF originaire de Tissemsilt qui, racontant aux journalistes les circonstances qui l’ont amené à quitter sa ville natale pour hanter les rues oranaises à la recherche d’un travail, craque à l’évocation de ses quatre enfants qu’il dit n’avoir vus que trois fois en trois mois. Lundi 22 janvier 2018. La commission intersectorielle d’aide aux personnes en difficulté, composée de représentants de la sûreté de wilaya, de l’APC, de la Dass, de la DSP et du Croissant-Rouge algérien, a organisé une énième sortie humanitaire visant à apporter un peu de réconfort aux sans-abri d’Oran. “Tous les jours, des opérations pareilles sont organisées, mais sans médiatisation. Aujourd’hui, nous avons décidé de convier la presse afin qu’elle rende compte de ce travail que la commission accomplit au quotidien”, a expliqué le responsable de la communication de la sûreté de la wilaya avant le départ du convoi en direction des lieux de présence des SDF. Les responsables du Bureau d’aide sociale de l’APC confirment que ces opérations ont cours depuis 2015, date de l’installation de la commission, et ont permis de venir en aide à des centaines de sans-abri, soit par la distribution de repas chauds en période hivernale, soit par leur évacuation vers des centres de transit, ou encore leur transfert vers leurs wilayas d’origine. “Il reste le problème des malades mentaux auquel il faudra trouver une solution”, relève une des responsables. Premier arrêt : l’incontournable trottoir du marché où des dizaines de sans domicile plantent leurs tentes en carton, à proximité du barrage fixe et sécurisant des CRS. “Ici, nous sommes en sécurité. Nous ne risquons pas d’être agressés comme ailleurs”, confirme l’un des sans-abri à la caméra d’une chaîne de télévision. Pourtant, à l’arrivée du convoi mené par une voiture de police, gyrophare allumé, trois SDF ne peuvent résister à un ancien réflexe et prennent les jambes à leur cou. Il faudra à un policier des trésors de patience pour les convaincre que ce n’est rien d’autre qu’une opération de distribution de nourriture et de couvertures. “On a eu peur”, avouera l’un des SDF, toujours sur ses gardes. La vue d’employés de la Dass distribuant des repas à ses compagnons d’infortune finira par les rasséréner…
“Ma mère m’a chassée de la maison”
Devant une fourgonnette de la Dass, une jeune femme réclame une seconde couverture. “C’est pour mon amie, elle n’est pas encore là”, plaide-t-elle. Vêtue d’un imperméable marron, un foulard sur la tête, elle parle doucement, avec effort. “Je suis dans la rue depuis une année, soit depuis que l’on a découvert que j’avais un problème cardiaque. Dès cet instant, ma mère m’a chassée de la maison.” Âgée de la quarantaine, les traits tirés, H. A. Nouria
raconte qu’elle était couturière et gagnait tant bien que mal sa vie avant que la maladie ne vienne lui gâcher la vie et la jeter dans la rue. “Je suis divorcée depuis bientôt 15 ans, et mon fils, qui vit chez ma mère, suit des études dans un lycée… mais personne ne demande après moi et ne vient s’enquérir de ma situation alors que je vis de la générosité des gens.” Nouria affirme que même sa tante, qui travaille aux urgences du CHU d’Oran (à quelques dizaines de mètres de là), l’ignore et ne lui adresse jamais la parole. S’est-elle rendue coupable de quelque crime impardonnable ? “Je n’ai rien fait, c’est juste à cause de ma maladie. Les médicaments coûtent très cher, mais heureusement, certains bienfaiteurs sont sensibles à ma condition”, souffle-t-elle. Après s’être quelque peu épanchée, elle traverse le boulevard, pose la couverture neuve contre le mur de l’hôpital et donne quelques coups de balai au bout de trottoir qui lui sert de lit depuis un an. Alors que les SDF racontent chacun son histoire aux journalistes, que les employés de la Dass distribuent repas et couvertures sous le regard vigilant des policiers, un cri déchire le silence de la nuit. “Vive Boukharrouba, lui c’était un homme ! Vive Boukharrouba !” Tous les regards se tournent vers l’homme, probablement aviné, qui vient de surgir de nulle part en hurlant le nom du défunt président Boumediene. Il est vêtu de haillons, son visage est ravagé par une barbe hirsute et ses cheveux sont en bataille. “Vive Boukharrouba !”, crie-t-il à tue-tête, tandis que des “chut” fusent. “Venez me voir !”, lance-t-il aux cameramen amassés autour du responsable de communication de la sûreté de wilaya qui donnait des détails sur le programme d’aide aux SDF et démunis. Et avant que qui que ce soit ne s’approche, l’homme disparaît, soudainement, au détour d’une rue. Il n’a pas pris de repas, ni de couverture, mais ses vociférations puissantes restent longtemps dans l’air et les oreilles. Lorsque quelques instants plus tard, des journalistes le cherchent pour l’interroger, ils ne le trouvent nulle part. Il a disparu comme il a surgi, de nulle part. Des hommes, quelques femmes, des jeunes, des vieux, plus ou moins correctement vêtus ou en guenilles, chacun raconte son histoire. L’un a fui une famille hostile, l’autre est parti à la recherche de travail, un autre encore vit dans la rue depuis si longtemps qu’il ne sait pas s’il a une famille quelque part. Celui-ci a fait de la mendicité une profession, celui-là a la tête pleine des vapeurs de la colle qu’il sniffe à longueur de journée, tandis que l’autre, là-bas, passe ses journées à fouiller dans les poubelles.
“Je ne vois que rarement mes enfants !”
Debout près d’un arbre, un homme, barbu, regarde en souriant les journalistes aller d’un SDF à un autre. Plus ou moins convenablement vêtu, il n’a pas l’air d’un sans-abri. Et pourtant ! “Je suis venu de Tissemsilt à la recherche d’un poste de chauffeur de poids lourds. Mais après trois mois, je suis prêt à travailler comme agent de sécurité”, affirme-t-il le sourire aux lèvres. Mais ses yeux ne sourient pas. “De 1994 à 2000, j’étais garde communal à Tissemsilt, mais lorsque les choses se sont calmées, j’ai quitté de mon propre chef”, raconte-t-il avec regrets. À 53 ans, H. Salah pense quitter Oran pour aller “n’importe où, pourvu que je trouve du travail !” Sa famille, ses quatre enfants ? “En trois mois, je les ai vus trois fois. Et ce n’est pas facile”, souffle-t-il. Ce n’est d’autant pas facile qu’il ne peut leur avouer qu’il est à la rue. “Ce sont des adultes et le dernier a 21 ans. Comment leur avouer que je suis livré à la rue ?”, demande-t-il avant que sa voix ne trébuche et qu’il ne s’éloigne pour cacher ses larmes. On ne le reverra plus de la soirée.
Fou à en perdre la Qibla
Après cette halte de l’avenue des Martyrs, le convoi s’ébranle vers d’autres endroits connus pour être fréquentés par les SDF. Un bref arrêt au boulevard Mascara (depuis la réalisation de la ligne de tramway, les lieux de stationnement se font rares) pour distribuer des repas à des sans-abri qui cachent rapidement des bouteilles à la vue de la police, et la petite caravane repart en direction de la place Kahina (autrefois place de la Cathédrale) où un jeune homme attire les regards en faisant la prière face à l’ouest et chaussures aux pieds. Un employé de la DASS saute rapidement du véhicule pour aller le chercher. “C’est un jeune malade mental qui vit à Eckmühl. Ce n’est pas un SDF, il vit chez les siens, mais il souffre de troubles psychiatriques. Nous le connaissons depuis longtemps”, explique-t-il. À la place Kahina, dans le centre-ville encore fréquenté par de nombreux passants, les organisateurs annoncent que c’est la fin de l’opération, alors que l’on pensait qu’il y aurait distribution de repas. “Cette petite sortie médiatisée est destinée à montrer aux Algériens que les autorités se soucient du confort et du bien-être des sans-abri. Ce n’est pas une opération isolée, mais nous en organisons une tous les jours de l’année”, insiste le responsable de la sûreté de wilaya, à l’origine de l’initiative.*S. Ould Ali / Liberté / lundi 29 janvier 2018
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Enfants des rues, ou l’innocence vagabonde
On les surnomme les «enfants des rues». Agés entre 10 et 15 ans, ils bravent les dangers de la rue par la force des choses, expulsés avec leurs familles des logements qu’ils occupaient. De janvier à septembre 2012, plus de 1 000 familles ont été délogées à travers le pays. Egarés, livrés à eux-mêmes et à toutes les tentations malsaines, ces enfants se sont transformés en délinquants.
Le nombre de familles expulsées de leurs logements durant les dix derniers mois a atteint son paroxysme. La barre des 1 000 expulsions est dépassée. Le comité SOS Expulsion tire la sonnette d’alarme, tandis que les familles bravent le danger en cette période d’hiver.
Trois familles sont en moyenne chassées manu militari, chaque jour, alors que les prix de la location ont triplé, ce qui a aggravé davantage leur situation. Il y a près de quatre mois, dans la commune de Bab Ezzouar, deux familles occupant les bidonvilles ont été délogées, mais aucune prise en charge ne leur a été assurée. Avant d’occuper les bidonvilles, elles avaient été expulsées de leurs logements de fonction. L’hiver est arrivé et leur situation va se détériorer.
Aujourd’hui, on expulse les familles même en plein hiver alors que c’est contraire à la loi, notamment l’article 245 de la Constitution de la République. Depuis le mois de septembre dernier, le rythme des expulsions s’est accéléré dans plusieurs wilayas du pays. A Alger, cinq familles ont été jetées à la rue, et ce, à la veille de l’Aïd El Adha. Ces malheureux ont installé des tentes de fortune du côté de Baba Hassen.
Dans le quartier résidentiel d’Aïn Allah, plusieurs familles ont connu le même sort. Il s’agit des familles occupant des logements de fonction revenant au Consulat de France à Alger. C’est le Consul français à Alger qui a décidé de les chasser. A BirKhadem, huit familles ont été expulsées de leurs logements, parmi lesquelles des cadres d’entreprises et un sapeurpompier qui occupent actuellement des tentes.
Ils habitaient au Centre de rééducation féminin de Birkhadem, devenu aujourd’hui un lieu de prestige pour nos émigrés qui viennent de tous les horizons passer leurs vacances. Le revers de la médaille c’est que des familles habitent la rue avec leurs enfants. A. Mounir, jeune animateur à la Radio nationale, a été victime d’une expulsion. Sa famille habite Kouba depuis 1945.
Il vit dans un local avec sa mère âgée de 80 ans et ses frères dans une Algérie souveraine. «Ma mère a été jetée à la rue par l’Etat, et c’est dur d’accepter cela», explique-t-il
Des milliers d’enfants bravent les dangers de la rue
En quittant, par la force des choses, leurs demeures, les enfants autres victimes des expulsions, bravent les dangers de la rue. Actuellement, on dénombre plus de 3 000 enfants parmi les familles expulsées.
Il faut savoir que beaucoup de ces enfants, si ce n’est la plupart, sont devenus des délinquants, des rapports des services de sécurité l’ont prouvé. D’ailleurs, beaucoup d’enfants des «rues» ont été arrêtés après avoir commis leurs premiers actes criminels : vol, cambriolage ou trafic de stupéfiants.
Outre les enfants, des femmes âgées, des jeunes filles universitaires, des employés de la radio, de la Protection civile, des Douanes, des psychologues, des médecins généralistes, des mamans au foyer, se trouvent actuellement dans la rue. Quel sera leur avenir ? C’est la question que l’on se pose aujourd’hui.
La famille K.S risque l’expulsion dans quelques jours
Une mère de famille et ses deux enfants occupant momentanément un petit logement de fortune, sis à la rue Richelieu, en plein centre-ville d’Alger, risquent dans les prochains jours l’expulsion.
En effet, la mère de cette petite famille ne sait plus à quel saint se vouer. Son époux, qui travaillait à la CNAN, est décédé il y a quelques mois, après un long combat contre l’asthme. Elle ne sait plus quoi faire devant l’expulsion quasi certaine qui sera prononcée à son encontre dans les jours à venir.
Cette mère courageuse a, depuis 1976, sollicité une aide des P/APC qui se sont succédé. Mais en vain. Epuisée, elle a entamé des procédures d’acquisition d’un logement digne de ce nom. Pour cela, elle a adressé des requêtes à l’OPGI, l’EPLF et même l’APC d’Alger-Centre, dans le cadre de la distribution des logements sociaux. Mais ses écrits et ses dossiers ont été soigneusement rangés dans les tiroirs.
Actuellement, elle appréhende le jour J où on l’obligera à quitter sa demeure avec ses deux enfants, dont l’aîné travaille actuellement à la CNAN. Face à cette situation, cette mère, comme toutes celles souffrant du problème de logement, sollicite l’intervention des plus hautes instances du pays avant que l’hiver ne s’installe.* 08 Novembre 2012- Le jour d’Algérie
*Femmes SDF, livrées à elles-mêmes
Elles n’ont trouvé d’autre alternative que de compter sur la compassion des autres. Ces femmes se confient.
«Je suis restée trois ans à errer dans les rues. J’ai trimbalé mes deux filles de maison en maison à la recherche d’un endroit où dormir», raconte Rahima. Chassée du domicile conjugal depuis un an, cette femme de 31 ans n’a pu obtenir son divorce que depuis sept mois.
Du jour au lendemain, elle s’est retrouvée dans la rue, sans un sou ni même un métier pour subvenir aux besoins de ses deux filles Sara et Ismahane. «Je broyais du noir, en cette période ma fille aînée avait 14 ans, elle était en pleine adolescence et cela me torturait de la voir traîner dans la rue», poursuit-elle. Pour Rahima, chaque jour apportait son lot d’humiliations car pour subsister, il lui fallait vivre de la compassion des gens. «Profiter de la générosité de mes voisins, avoir un espace où dormir et remercier Dieu de cet abri provisoire», dit-elle.
Un véritable calvaire pour cette jeune femme dont les parents de conditions modestes habitent dans un taudis, dans le fameux bidonville de Sidi Harb. «Personne ne peut supporter longtemps les enfants des autres», confie-t-elle, en ajoutant qu’elle a rompu avec une amie d’enfance dont le mari n’a pas supporté les quatre jours qu’elle a passés chez-elle, avec ses deux filles. Une autre amie a même refusé de la dépanner de 1000 DA pour emmener la petite, malade, à l’hôpital.
«La petite Ismahane a toujours été malade et a souvent de la fièvre. Elle passe des journées à errer dans les rues polluées et les gîtes suintant l’humidité ou dépourvus de toute aération ont mis la santé de la petite à rude épreuve.
«La maladie de ma fille n’est que la conséquence de l’inexistence d’un domicile fixe», explique-t-elle. Rahima ajoute que les désaccords avec son mari ont commencé à cause de l’argent. Il en gaspille beaucoup dans la boisson, oubliant qu’il avait des bouches à nourrir. Mais la situation s’est aggravée lorsqu’elle a découvert qu’il avait une maîtresse. «Il m’a battue, m’a tirée par les cheveux et m’a jetée à la rue, répétant qu’il ne voulait plus de moi et qu’il ne voulait plus me voir ni moi ni mes filles», raconte-t-elle. Mais la jeune femme regrette d’avoir quitté son domicile conjugal. Elle pense qu’elle aurait pu épargner bien des tracas à ses deux filles. «En restant chez soi, on préserve sa dignité et celle de ses enfants, car errer dans les rues est la plus grande des humiliations», poursuit Rahima, qui partage maintenant une pièce chez ses parents, avec ses cinq frères et deux soeurs. Elle n’est pas la seule à avoir à supporter les comportements irresponsables d’un mari, d’un frère ou d’un fils ingrat.
Une situation qui, jusqu’à preuve du contraire demeure une vérité banalisée par tout un chacun.
Toutes les classes sociales concernées
Depuis des lustres, ce fait social est enraciné dans le comportement d’Adan. D’après M. CH. T. sociologue, le phénomène des femmes rejetées est devenu courant. «Il m’est difficile de préciser le nombre de femmes forcées à quitter le domicile conjugal pour cause de mauvais traitement», dira le sociologue. «Il n’existe pas de chiffres précis, mais tous les indices montrent que le nombre de femmes sans abri a augmenté ces dernières années», devait préciser notre interlocuteur. D’après ce dernier, les cas recensés prouvent aussi que le phénomène ne se limite pas aux femmes issues de couches modestes, mais touche tous les rangs sociaux. Naïma est fonctionnaire dans une administration publique, rejetée par son mari, elle s’est retrouvée à la rue avec ses trois enfants «l’avenir et la réputation de mes enfants ont toujours été ma seule préoccupation», nous dit-elle en ajoutant que sa vie a basculé du jour au lendemain.
«Actuellement je vis chez mes parents. Ils s’immiscent dans la vie de mes enfants», raconte-t-elle en regrettant d’avoir fait des concessions à un époux qui ne les méritait pas. Car cette femme a quitté l’université où elle était étudiante en langue française, tout simplement pour ne pas complexer son mari qui n’a pas fait d’études supérieures et travaille comme agent de sécurité chez un opérateur de téléphonie mobile au centre de la ville de Annaba. Depuis son mariage, Naïma n’a pas cessé de faire des sacrifices. Aujourd’hui et avec ses trois enfants, elle ne sait plus où donner de la tête. Le visage fripé et les yeux cernés, on lui donnerait le double de son âge, alors qu’elle n’a que 39 ans. «Tu as voulu te marier avec cet homme, c’est à toi d’assumer les conséquences de ton choix», lui répète à chaque fois sa mère. Au départ, Naïma a dû louer un appartement à 20.000 DA/ mois, alors que son salaire n’était que de 25.000 DA.
«Je n’arrivais pas à joindre les fins de mois. Il a fallu supplier mes parents pour qu’ils consentent à m’accueillir avec mes enfants et ainsi pourvoir utiliser mon salaire pour leur éducation», nous révèle-t-elle avec un regard sombrant dans l’amertume.
Naïma est donc revenue chez ses parents, a intenté une action en justice pour intégrer le domicile conjugal et obtenu gain de cause. Mais son mari, qui refuse de subvenir à ses besoins et ceux de ses enfants, a disparu. «Après deux mois de vie tranquille, seule avec mes enfants, il est revenu, non pas pour assumer ses obligations familiales, mais pour nous terroriser», dit-elle. Chassée de nouveau de son domicile, Naïma retourne chez ses parents.
Cette fois, sa mère lui signifie clairement que sa présence et celle de ses enfants l’importune. En racontant cela, Naïma éclate en sanglots.
De l’avis de notre sociologue, les femmes sans abri, lorsqu’elles se marient aspirent à une vie meilleure. Mais le destin leur réserve bien des surprises. «Il est difficile pour ces femmes de retourner vivre chez leurs parents. Pour elles, c’est un pas en arrière qu’elles ne supportent pas.»
L’ingratitude sous toutes ses formes
Mais ce ne sont pas uniquement les maris qui sont pointés du doigt. Des fils ingrats peuvent pousser leurs parents à bout. Adra a subi ce sort à l’âge de 68 ans.
Lorsque son mari est mort, son fils Radouane n’avait que 11 ans. Aujourd’hui, il est fonctionnaire dans une importante société multinationale.
«Quand mon fils s’est marié, j’ai offert mon alliance en diamant à ma belle-fille pour le décharger des frais supplémentaires», dit-elle. Et d’ajouter: «Quelques mois après le mariage, ma belle-fille a commencé à créer des problèmes car elle ne supportait pas que l’on vive sous le même toit», explique la femme. Et pour mieux le lui faire sentir, elle ne lui laissait rien à manger. Ce qui l’a poussée à quitter le domicile pour rechercher une maison de vieillards.
La surcharge que connaissaient ces dernières dans la wilaya de Annaba, ont fait en sorte que Adra se retrouve la rue. Après quelques jours, une parente a finalement accepté de l’héberger. Mais avec le temps, elle s’est sentie comme de trop. «Je devais régler mon réveil à des heures fixes pour ne pas oublier de prendre mes médicaments. Je sentais que cela dérangeait. Même si personne n’osait me faire de remarque, je le lisais dans leurs regards», se rappelle-t-elle.
Un matin, Khalti Adra ramasse ses affaires et part sans donner d’explication. «Je me suis dirigée sans réfléchir vers la mosquée Errahman où je passe mes journées depuis plus de quatre ans.
La nuit tombée, je me rends au centre de Sidi Bélaïd au Front de mer pour y fuir la jungle de la nuit et manger de ce que les bénévoles de l’association El Islah oual Irched nous préparent. D’ailleurs, c’est grâce à cette association que les SDF de Annaba survivent», raconte la vieille dame. «Ce que je regrette le plus, c’est d’avoir sacrifié ma vie pour mon fils», affirme-t-elle avec un sourire gêné.
Malika, 42 ans, a pour sa part, subi les agissements de son jeune frère. Une fois marié, il lui a fait sentir qu’elle était devenue encombrante. «Je n’ai pas pu supporter les remarques qu’il faisait à propos de mon âge», confie-t-elle en soulignant qu’on ne choisit pas son destin. Randa, quant à elle, a dû quitter l’appartement hérité de son père pour s’installer chez son oncle maternel. Elle qui appartient à une famille très traditionnelle a toujours été dépendante des autres.
Aujourd’hui, elle sait qu’on ne peut compter que sur soi-même. Le fait d’avoir été mise à la porte par son frère l’a traumatisée.
Repartir sur des bases fragiles
Selon des chiffres révélés par CH.T. sociologue, sur 444 femmes sans domicile fixe, 94% d’entre elles sont victimes de mauvais traitement, qu’il soit corporel, psychologique ou sexuel. Poussées à bout, elles quittent le domicile conjugal. Mais la plupart d’entre elles, ne disposent pas d’alternative de logement et la situation est plus complexe quand elles sont accompagnées de leurs enfants.
En dépit de la création de Dar Errahma, la femme dans la wilaya de Annaba n’y trouve pas un grand soutien.
Elle fait ce qu’elle peut pour repartir sur un bon pied, loin de cette maison conçue initialement pour accueillir les femmes sans domicile fixe. Nous avons tenté moult fois d’entrer en contact avec les responsables de ce foyer pour les femmes en détresse, mais tous nos efforts ont été infructueux.
La situation a été la même avec d’autres institutions censées prendre en charge les femmes en difficulté.
Cette fuite en avant des sphères sociales, voire même l’absence totale de considération à ce phénomène de plus en plus présent au sein de nos wilayas, Annaba, entre autres, où la femme tente tant bien que mal de se prendre en charge par ses propres moyens.
Qui, intellectuelle de son état, se prend en charge par elle-même, en louant un abri et se reconstruit une nouvelle vie de famille avec ses enfants, alors qu’elle trimbale son analphabétisme alourdi par la charge d’enfants et retourne au foyer familial pour y vivre comme le dernier des soucis parentaux. Entre les unes et les autres, il y a celles qui atterrissent à la rue, épinglées par les loubards.
Prises dans les griffes de la prostitution, la drogue et même la traite des blanches, ces femmes s’adonnent à tous types de métiers pour survivre dans une société indifférente à leur détresse.
Différents horizons s’affichent devant des femmes rassemblées par un même et unique destin, celui d’avoir été rejetées de leurs domiciles respectifs par un mari, un frère ou un fils.*Par Wahida BAHRI - Jeudi 02 Octobre 2014-L’Expression
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