patrimoine et identité

*mois du patrimoine, à partir du 18 avril

A l’honneur: la poterie de Nédroma, Bider (M’sirda) et de Béni Snous

Sous le thème général «Le patrimoine culturel entre la connaissance et le savoir-faire à l’ère de la numérisation», le palais de la culture d’Imama abrite, du 28 avril jusqu’au 18 mai prochain, une intéressante exposition sur la poterie.

Une manifestation qui entre dans le cadre du mois du patrimoine. Selon Tahar Arris, directeur de cette institution culturelle, «cette année, la manifestation sera complètement réservée aux produits de poterie. Elle mettra en exergue et surtout en valeur tous les artisans des régions connus pour leur amour et leur art pour ces métiers, à l’image des localités de Béni Snous (Khémis et Azaïl), Nedroma et Bider (M’sirda) pour ne citer que celles-là…».

Fabriqués avec finesse et dextérité, les objets artisanaux sont ancrés dans les traditions de la wilaya de Tlemcen. «C’est aussi un gagne-pain pour beaucoup de familles, même s’il n’est pas évident de survivre avec ce travail, au vu de la concurrence déloyale des importateurs des objets de Chine et autres… Il est vrai que les ménages, aujourd’hui, optent pour les prix au détriment de la qualité, mais c’est la vie.

Heureusement qu’il existe toujours des gens qui achètent la qualité…»,  explique Hamza B. artisan. Le palais de la culture Abdelkrim Dali a, quant à lui, ouvert ses galeries à la poterie de Bider, un petit village pittoresque relevant de la daïra de Marsat Ben Mhidi, dont la réputation a dépassé nos frontières.

Cette exposition mettra en valeur un savoir-faire avéré des femmes de Bider en matière de poterie traditionnelle. Les produits exposés ont suscité l’admiration de nombreux visiteurs qui ont reconnu le travail, l’imagination et l’ingéniosité de ces femmes. Cependant, les amoureux de l’artisanat, qui  ont souhaité en acquérir certains, doivent patienter jusqu’à la fin de l’exposition pour acheter l’objet de leur convoitise. Notons que cette manifestation compte également des ateliers où les visiteurs assistent à la fabrication des objets en argile.                           
 *Chahredine Berriah-El Watan- 30.04.2014

*La poterie à Nedroma est une activité pratiquée depuis des siècles. 

C’est dans cette région, et chez la tribu  berbère des « KOUMYA » qu’est né, au XIIe siècle, le célèbre Abdelmoumen Benali El Koumi ; premier Calife des Almohades et fondateur de la ville de NEDROMA, et dont le père était potier.
Nedroma est située dans une région dont les terres pauvres et arides ne suffisent pas à faire vivre une population nombreuse et c’est pour  cette raison que les gens se sont, depuis longtemps, tournés vers le commerce et autres métiers. Nedroma était un important fournisseur de poterie pour toute la région de Tlemcen. En 1867, Nedroma comptait 17 ateliers de poterie.
Les potiers de la région sont appelés « qeddarrin ». Ce nom dérivant de « qedra », signifiait  « marmite » en arabe populaire, car les potiers sont « les fabricants de marmites» et Nedroma était appelée  « madinette el qoudour » la ville des marmites.
C’est exactement au quartier Benizide qu’existe la plus ancienne mosquée de la médina appelée jammaa » el qeddarrin », cette mosquée se trouve à une dizaine de mètres seulement d’une  ruelle appelée  « derb el fekharine » : la rue des potiers ; là ou se trouve « dar el cadi Rahal ».
Et cette « petite » usine est un trait d’union entre Nedroma et son passé, son identité, sa culture, ses coutumes et c’est un patrimoine que Nedroma a su préserver.
Profitant de cette occasion pour remercier l’ensemble du personnel de cette manufacture (administration pour son accueil vraiment chaleureux et respectueux – vous ne pouvez pas quitter cet établissement sans rien acheter – et les potiers qui ont hérité ce modeste métier de leur ancêtres et ont fait de lui une profession malgré la modernisation et la mondialisation.*jeudi 15 novembre 2012

patrimoine et identité 36103-nedroma-artisan-en-poterie

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*mois du patrimoine. à partir du 18 avril

**On attribue souvent le Mois du Patrimoine à une initiative de l’Unesco, en oubliant qu’il s’agit en fait d’une création purement maghrébine,  – tous secteurs confondus –, à pouvoir se réclamer d’une pérennité appréciable et d’une mise en œuvre réelle des principes de l’unité maghrébine.La décision de cet événement culturel a été prise en 1993 par la Conférence des ministres maghrébins de la Culture qui répondaient ainsi favorablement à la proposition de spécialistes et professionnels du patrimoine des pays concernés.

L’urgence de préserver, protéger et restaurer ce qui reste du patrimoine archéologique, architectural et culturel

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La vall&eacute;e du M’zab, class&eacute;e au patrimoine mondial.<br /> » src= »http://www.elwatan.com/images/2012/04/20/supp1_962966_465x348.jpg » /></a></span></strong></span></p>
<p><span style=Pillage, dégradation naturelle, absence de clôture, avancée du béton, érosion du sol, passage de routes… Le patrimoine archéologique et culturel algérien est en danger. Cette situation s’est aggravée durant les années 1990. Abdelwahab Zekagh, de l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels (OGBEC), a rappelé que des zones entières ont été abandonnées en raison des «années noires» du terrorisme. «Heureusement que les choses reviennent à la normale et que l’Etat élabore des plans de protection et de réhabilitation. Il faut connaître les périmètres, mettre les clôtures pour éviter le vol d’objets archéologiques», a-t-il déclaré à la faveur de journées d’étude sur le thème «Confluences historiques entre Al Andalus et les royaumes maghrébins de l’Algérie», organisées dernièrement par le département expositions de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique» au Musée d’art et d’histoire de la capitale des Zianide.

Selon lui, il existe un réseau spécialisé dans le pillage des objets archéologiques. Il a relevé que le site de Kalaât Beni Hammad, qui est situé à 30 km de M’sila dans la région de Maâdhid, est immense, dépassant les 180 ha. «Ce site est en contact avec une voie principale. Il est exposé aux mêmes risques que celui de Achir, à Médéa, avec l’avancée rapide de l’urbanité. Il faut délimiter les lignes de protection avant qu’il ne soit trop tard. Cela s’est fait ailleurs. A Tipasa, par exemple, des constructions ont été faites sur des sites archéologiques», a observé Abdelwahab Zekagh. L’archéologue Abdennour Benkherbèche, représentat de l’OGBEC à M’sila, a rappelé, lors d’une conférence, l’importance de la Kalaât Beni Hammad, premier site algérien classé patrimoine de l’humanité par l’Unesco en 1980.

«Cette Kalaâ avait été la première capitale de la dynastie hammadite, deuxième Etat organisé, né au Maghreb central après les Rustumide, dans la première moitié du XIe siècle», a-t-il relevé. Hammad Ibn Bologhine (fils de Bologhine Ben Ziri Es Sanhadji, fondateur de la dynastie des Zirides vers 972 et reconstructeur d’Alger et de Médéa) avait fondé la Kalaâ en 1007 dans le mont de la Hodna. Sept ans plus tard, Hammad Ibn Bologhine déclarait l’instauration de la dynastie berbère des Hammadites, indépendante de celle des Zirides. Kalaât Beni Hamad se trouve à 36 km au nord-est de M’sila, à presque 1000 m d’altitude. Selon Ibn Khaldoun, la Kalaâ, à mi-chemin entre les grandes cités du Maghreb de l’époque comme Fez, Kaïrouan et Achir, était devenue le lieu de rencontre des savants, commerçants et étudiants, surtout durant le règne des successeurs de son fondateur comme Al Qaîd, Muhsin et Al Nasir.

Al Nasir avait, par exemple, construit plusieurs palais comme ceux de l’Etoile (Qasrou al kawkab) et de la Mer (Qasrou al bahr) et avait élargi la Grande Mosquée. Des caravanes de commerce affluaient de partout tant d’Irak et d’Egypte que de l’extrême Maghreb. Abdennour Benkherbèche a observé que le minaret de Mosquée de la Kalaâ avait été soigneusement décoré avec du zelidj, ce qui était une nouveauté dans les modes architecturaux de l’époque. En plusieurs points, la mosquée de la Kalaâ ressemblait à celle de Kaïrouan. Les fouilles archéologiques n’ont, selon Abdennour Benkherbèche, pas tout découvert de ce site historique. «L’architecture palatine particulière de la Kalaâ avait influencé les constructions des dynasties venues après les Hammadites», a observé Abdennour Benkherbèche. La Kalaâ, plusieurs fois menacée par les Hillalien, avait été en partie détruite par les Almohades vers 1152. Les Almohades avaient notamment détruit le mur de 7 km qui protégeait la cité des invasions extérieures.

Achir, capitale des Zirides

Le site de Achir, dans la région de Médéa, est lui aussi menacé par l’extension urbaine. Achir, actuellement située à 200 km au sud d’Alger, dans la commune de Kef Lakhdar, à 1280 m d’altitude dans le Titteri, fut la capitale des Zirrides, dynastie des Sanhadja. Elle avait été construite par Ziri Ibn Menad (père de Bologhine Ibn Ziri) qui régnait au nom des Abassides, alors établis à Baghdad, avant de se mettre sous l’étendard des Fatimides, vers 910, et de défendre avec acharnement leur cause. Il devait livrer bataille notamment à des tribus berbères comme les Zénètes de Banou Ifren. Ziri Ibn Menad obtenait alors l’accord du calife fatimide pour construire «sa» ville forteresse, Achir, saluée par le géographe andalou Abou Obeïd Al Bekri comme «une place forte» difficile à conquérir.

Ziri y frappait la monnaie à son nom. Achir devait ensuite être reprise, occupée, parfois dévastée, par les Hammadites et les Zénètes… Qu’en est-il aujourd’hui ? Le site a été pendant longtemps livré à la nature malgré son importance historique et archéologique. Selon l’architecte Ahmed Akli, un plan de protection et de mise en valeur du site a été élaboré. Il a rappelé que les archéologues ne commençaient à s’intéresser à Achir qu’à partir du XIXe siècle. Il a évoqué les fouilles répertoriées dans Les cahiers d’Achir (publiés à Alger par l’Agence nationale d’archéologie et protection des sites et monuments en 1994). «Il fallait désenclaver l’ensemble et faire quelques aménagements. La protection concerne ce qui est apparent. Il y a aussi des fouilles à faire sur ce qui est enseveli.

Le site est divisé en quatre parties : Bénia, Achir, Achir Gharbia et Menzah Ben El Soltane. Cette dernière n’est accessible qu’à pied, à une heure de marche avec un guide», a précisé Ahmed Akli. Bénia, qui avait été construite par Bologhine Ibn Ziri en 972, à 2 km de Achir, est aujourd’hui menacée par les nouvelles constructions de la commune de Kef Lekhdar. D’où la nécessité d’accélérer la mise en place de dispositifs de sauvegarde. Ahmed Akli a parlé de mesures d’urgence, surtout que le site se dégrade en raison des facteurs climatiques.

El Mansourah, histoire d’une douleur

La Mahala d’El Mansourah, cité mérinide construite à l’époque de Abou Yacoub Youssouf Al Naser à l’ouest de la ville de Tlemcen (ancienne Tagrart), est aujourd’hui le symbole de ce que furent les guerres inter-maghrébines au Moyen-Âge. Les Mérinides, qui avaient pour capitale Fez, avaient assiégé et isolé Tlemcen, à l’époque des Zianides, pendant huit ans, du 6 mai 1299 au 13 mai 1307 (l’un des sièges les plus longs de l’histoire). Zianides, Mérinides et Hafsides, qui étaient installés à Tunis, avaient remplacé l’Etat des Almohades, en déclin. Selon l’universitaire Fouad Ghomari, les habitants de Tlemcen guettaient chaque soir la venue, par les chemins de l’ouest, des Mérinides.

Le sultan Othmane Yaghmoracen, qui habitait le Mechouar, recevait des messages de Abou Yacoub Youssouf Al Naser. «Abou Othman, nous vous accordons la vie sauve en contrepartie de Tlemcen», écrivait le sultan mérinide. «Ce que nous avons acquis par l’épée nous ne le donnons que par l’épée», devait répondre Yaghmoracen. «Les Mérinides attaquaient Tlemcen à l’aide de catapultes armées de pierre en marbre. La ville résistait. Le sultan mérinide décidait alors d’attaquer en réduisant les habitants à la famine et en encerclant la cité et obligeant les régions environnantes à la soumission. Il avait décidé de construire El Mansourah où il y a son palais avec la mosquée et l’enceinte ensuite, cela avait été appelé “Tlemcen, la neuve’’», a expliqué Fouad Ghomari.

Le siège de Tlemcen s’était terminé par l’assassinat de Abou Yacoub Youssouf par un domestique dans des conditions troubles. «Cette guerre fit plus de 120 000 victimes dans les deux camps», a-t-il rappelé. Cette hypothèse avait été rapportée par Ibn Khaldoun Il a regretté la disparition des traces des maisons de moindre importance bâties à côté du palais du sultan. El Mansourah avait été dévastée par les Zianides après la levée du siège, puis reconstruite trente ans plus tard par le sultan mérinide Abou El Hassan, revenu pour un autre siège, réussi cette fois-ci. Abou El Hassan n’avait pas résisté à la tentation de bâtir son propre palais, celui de «la victoire» en 1334.

Son règne devait durer quatorze ans. Les Zianides reprenaient le pouvoir en détruisant El Mansourah. Ne restent aujourd’hui que le minaret, restauré dans des conditions discutables, et les ruines des remparts. Les escaliers menant au minaret ont été reconstruits avec de la brique rouge. Cela a altéré l’image du site, réduisant de la grandeur du site. Les architectes et archéologues estiment que le site d’El Mansourah devrait être repris et restauré une nouvelle fois pour respecter son aspect initial.

Taza, un site méconnu

L’archéologue Azzeddine Bouyahiaoui mène, pour sa part, des fouilles à Taza, dans la région de Tiaret, un site méconnu. «Taza était un des forts de l’Emir Abdelkader qui se trouvait sur sa troisième ligne défensive. Ce fort avait connu un événement historique important avec la réunion du madjliss echoura qui avait décidé de la reprise du djihad contre les Français. Ce site a été occupé par un bidonville qui a été dégagé. Cela nous a permis d’entamer les fouilles», nous a-t-il indiqué. Des fouilles qui ont déjà facilité le dégagement des premières structures.

«Nous avons trouvé des pièces de monnaie, de la céramique et des éléments qui permettent de croire que Taza avait été occupée avant l’Emir Abdelkader, à l’époque médiévale. Nous sommes aussi sur le substrat romain. Nous avons trouvé des objets allant du IIe jusqu’au VIe siècle», a précisé Azzeddine Bouyahiaoui. Il regrette l’absence de publications scientifiques d’archéologie en Algérie. «Nous avions par le passé deux bonnes revues, Lybica et le Bulletin de l’archéologie. Deux publications de dimension internationale. Ces deux revues doivent reprendre pour l’évaluation des travaux menés sur le terrain», a-t-il plaidé.

Les missions de l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels

L’Office est chargé de gérer et d’exploiter les biens culturels protégés au titre de la loi n° 98-04 du 15 juin 1998, à l’exception des collections nationales se trouvant dans les Musées nationaux.

En matière de gestion

- Assurer la maintenance, l’entretien et le gardiennage des biens culturels protégés qui lui sont affectés ;

- établir le cahier des charges d’utilisation et de réutilisation des biens culturels protégés qui lui sont affectés, et dont les programmes sont établis par l’autorité de tutelle ou ses organes déconcentrés et de veiller à leur respect.

En matière d’exploitation

- Assurer l’animation culturelle au sein des biens culturels protégés qui lui sont affectés, par l’organisation de spectacles et de manifestations diverses (rencontres scientifiques et culturelles, séminaires, colloques, festivités, cérémonies religieuses et civiles) ;

- assurer la mise en location, dans le cadre de la réglementation en vigueur, des biens culturels protégés qui lui sont affectés à des fins culturelles, professionnelles, artisanales et/ou commerciales ;

- entreprendre et/ou faire entreprendre la reproduction des biens culturels, mobiliers et immobiliers, sur tous supports à des fins commerciales en vue de la promotion, la connaissance et la vulgarisation du patrimoine culturel ;

- assurer des missions de communication par la diffusion d’informations sous forme graphique ou audiovisuelle en direction des usagers du patrimoine culturel en Algérie et à l’étranger ;

- assurer des missions de conseil en direction des propriétaires et des utilisateurs de biens culturels immobiliers protégés ;

- assurer les missions de maître d’ouvrage délégué pour les études et la réalisation des projets de restauration et de mise en valeur des biens culturels immobiliers protégés relevant du domaine public de l’Etat et des collectivités locales.

Sept nouveaux sites classés à El Tarf

Sept nouveaux sites archéologiques répartis entre les communes de la wilaya d’El Tarf ont fait récemment l’objet d’un classement en tant que patrimoine national, a indiqué à l’APS le directeur de la culture, Taïbi Ali. Il s’agit de Ksar Fatma, à El Aïoun, Ghar Maâz, près de Cheffia, le fort Moulin, Dar El Hakem, bastion de France, qui se trouvent à El Kala, Zaouiet Den Den à Besbès et Ksar Djej à Aïn Khiar. Les sites classés appartiennent à diverses époques depuis la préhistoire jusqu’aux civilisations, phénicienne, romaine, byzantine et vandale. Après l’inventaire des biens culturels sur ces sites, il a été procédé à leur classement par les instances compétentes du secteur de la culture, pour ensuite lancer une étude pour établir un plan de protection et de mise en valeur. El Tarf abrite 250 sites archéologiques recensés à ce jour, dont un grand nombre dans l’enceinte du Parc national d’El Kala. Il s’agit, entre autres, d’abris sous roche, dolmens, stèles libyques, moulins à grain, pressoirs d’olives, sarcophages de pierre massive.

Exposition permanente sur les monuments de Tlemcen

Le Musée d’art et d’histoire de Tlemcen abrite une exposition permanente sur les monuments et sites de Tlemcen et sur les réalisations faites par les Almoravides et les Almohades. «C’est une exposition qui tente de montrer le niveau de connaissances de cette civilisation sur les plans architectural, ornemental et urbanistique», a expliqué Mohamed Djehiche, directeur du Musée national de l’art moderne et contemporain (MaMa) et responsable du département expositions de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique». Par Fayçal Métaoui- (El Watan.20.04.2012.)

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*Mois du patrimoine à Oran

Jusqu’au 18 mai 3016, le musée Ahmed Zabana d’Oran célèbre le Mois du patrimoine à travers une série d’activités culturelles et artistiques au profit du grand public et des enfants. A cet effet, les organisateurs ont concocté un programme pour marquer ce mois patrimonial placé sous le thème «Le patrimoine culturel : valeur économique».

Le coup d’envoi de cette manifestation a été donné, le 19 avril, à l’Ecole des beaux-arts qui a abrité six ateliers sur les métiers de l’artisanat avec le concours de l’association Numidia. Depuis hier, des expositions d’artistes-peintres de la région de Maghnia (Tlemcen) et des cycles de conférences ont débuté et s’étaleront jusqu’au 18 mai. A Tlemcen, le musée d’archéologie islamique organise, au Palais de la culture Abdelkrim Dali, un salon sous le thème «Le patrimoine culturel, originalité, développement et investissement».

Un événement qui réunit de jeunes investisseurs, des entreprises, des dispositifs comme l’Ansej, l’Angem, les banques et les agences de voyage. «Ce salon tente de mettre la lumière sur les investissements réalisés par l’Etat dans le domaine du patrimoine culturel et les projets inscrits pour un essor économique dans la wilaya particulièrement», a indiqué Hidayette, une responsable du musée.

Des exemples de réussite dans le créneau du patrimoine sont mis en exergue pour inciter davantage de jeunes à se tourner vers ce type d’investissement, surtout que Tlemcen est l’une des riches wilayas d’Algérie de par son patrimoine culturel et historique. Le salon se terminera le 28 avril par une journée d’étude évaluative sur les questions et suggestions ayant marqué cette rencontre «dans le but de trouver des solutions aux problèmes soulevés tout au long de ce salon et contribuer à la valorisation et la préservation de ce patrimoine», a précisé la même responsable. Chahredine Berriah, Tegguer Kaddour/ El Watan.24.04.2016.)

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****Voyages en héritage

 La décision de cet événement culturel a été prise en 1993 par la Conférence des ministres maghrébins de la Culture qui répondaient ainsi favorablement à la proposition de spécialistes et professionnels du patrimoine des pays concernés. Le Mois du Patrimoine est donc une spécificité régionale dont le vingtième anniversaire se profile pour l’année prochaine.
L’idée de départ consistait à relier deux journées internationales institutionnalisées par l’Unesco : celle des monuments et sites, le 18 avril, et celle des musées qui a lieu le 18 mai. Et, entre les deux dates, produire une animation et une promotion intenses autour du patrimoine et de ses enjeux, en sensibilisant la société sur la nécessité de sauvegarder, conserver et mettre en valeur les trésors du passé.

Aujourd’hui, grâce à cette initiative, le Maghreb fait figure d’exemple dans le monde, bien qu’il existe, un peu partout, des formules diverses poursuivant des objectifs similaires selon les pays, leurs situations économiques et sociales, leurs types de gouvernance et la plus ou moins grande force de la préoccupation culturelle. Au Canada, par exemple, le Mois du Patrimoine est généralement consacré à la découverte de cultures étrangères et il fait même l’objet de lois votées par l’Assemblée nationale pour en fixer l’objet et le thème de l’année. En France, ce sont les journées du patrimoine qui assurent cette fonction de popularisation. Organisées depuis 28 ans, lors du 3e week-end de septembre, elles ont attiré 12 millions de visiteurs l’an dernier avec la gratuité d’accès à plus de 15 000 musées, monuments et sites divers !

Le tourisme est souvent un facteur influent quant à l’ampleur de ces rituels culturels internationaux. Au Maghreb, par exemple, le Maroc et la Tunisie ont jusque-là célébré ce mois avec une attention particulière, relevant d’objectifs culturels internes mais fortement motivée par les besoins de promotion touristique internationale. Ce n’est pas le cas de l’Algérie où le tourisme étranger est demeuré insignifiant (selon l’APS, le ministre du Tourisme vient d’annoncer 2,5 millions de touristes en 2011) mais où s’est manifestée une volonté d’organiser un Mois du Patrimoine centré sur l’usage interne, soit en direction des citoyens. L’histoire récente a influé sur la naissance de cette tradition dans notre pays.

En effet, intervenant au seuil des années noires du pays, la décision maghrébine n’a pu être mise en place pendant longtemps, au point qu’elle avait été oubliée ou se traduisait par des célébrations en catimini.
A partir des années 2000, le Mois du Patrimoine a commencé à être marqué en Algérie de manière affirmée avec une programmation animée par les institutions rattachées au ministère de la culture : musées, sites, parcs nationaux…

S’incrustant progressivement dans le paysage culturel algérien, il a pris régulièrement de l’importance, développant au fil des ans des programmes de plus en plus étoffés et mobilisant tous les professionnels du secteur. Cette année, cette tendance s’est confirmée encore et le programme se distingue autant par la multiplicité des manifestations que leur extension sur le territoire national. L’offre culturelle du Mois du Patrimoine 2012 est assurément considérable en volume et en diversité. Il faudrait plusieurs pages du journal pour publier l’intégralité des programmes qui seront mis en ligne sur le site du ministère de la culture (www.m-culture.gov.dz) et feront aussi l’objet de communiqués individualisés des différents organisateurs.

Quasiment tous les musées, sites et parcs nationaux proposent des activités ouvertes au grand public et quelques unes aux professionnels et hommes et femmes de culture, sous forme de journées d’étude, séminaires ou tables rondes. A ces programmes, s’ajoutent ceux des directions de la culture qui proposent des animations territoriales. On remarque globalement un souci d’attirer les milieux scolaires et les jeunes, de même qu’une idée d’échanges puisque des pans du patrimoine d’une région se trouvent présentés dans une autre. Certains programmes indiquent une implication des autorités locales (wilaya, municipalité…), du moins à travers leurs participations à des ouvertures et clôtures officielles de la manifestation, et l’on pourrait y percevoir une certaine émulation.

Ceci pourrait être ainsi la marque positive d’un désir de promotion d’un site, d’une ville ou d’un terroir et donc d’un début de mobilisation pour le patrimoine. Ce pourrait être aussi la marque de la conjoncture, les élections législatives coïncidant avec l’évènement culturel. Mais, même ainsi, cela indiquerait un succès grandissant du Mois du Patrimoine dans notre pays où, jusqu’à présent, seul le stade de football avait la faveur des présences politiques et administratives.

Autre coïncidence, l’année 2012 est celle du Cinquantenaire de l’Indépendance. Aussi, le présent Mois du Patrimoine a été placé sous le thème «Patrimoine culturel et mémoire nationale ; pour que nul n’oublie». Un choix qui se réfère directement à la lutte du peuple algérien contre la présence coloniale, depuis les grandes insurrections populaires du XIXe siècle jusqu’à la guerre de Libération nationale. Pour autant, selon les informations que nous avons recueillies, il s’agit de refléter globalement l’esprit de résistance qui a traversé l’histoire de l’Algérie, depuis l’Antiquité jusqu’à l’histoire moderne, en adaptant les sujets aux éléments du patrimoine présents dans telle ou telle région ou en fonction des collections dont disposent les musées.

Les grands événements historiques de même que l’ensemble du patrimoine immatériel (musique, traditions, culture orale…) ont été considérés également comme des points d’inspiration pour l’élaboration des programmes. Enfin, comme pour les autres années, le thème générique de cette édition ne constitue pas une figure exclusive, mais représente un axe de programmation ou de focalisation autour duquel chaque organisateur peut mettre en valeur, au mieux de ses capacités, l’ensemble du patrimoine dont il a la charge.

Le programme proposé reflète ces orientations et se caractérise, «autour» du thème, par une certaine diversité des propositions. Sa conception dénote d’un effort louable des diverses institutions culturelles en charge ainsi que des professionnels qui les animent. Mais, si des améliorations sont relevées dans la programmation, dans la pertinence et le contenu des manifestations proposées, et parfois dans la recherche d’une certaine originalité, il reste à franchir de nouvelles étapes. Parmi celles-ci, l’introduction des techniques de communication et de relations publiques apparaît désormais comme nécessaire, au diapason de l’évolution du secteur dans le monde ou toutes les institutions importantes du patrimoine disposent de spécialistes en la matière. De même, il serait souhaitable d’introduire plus d’imagination et de punch dans «l’emballage» des manifestations. Les niveaux, les centres d’intérêt et le langage des professionnels du patrimoine ne peuvent capter et captiver les larges publics et, notamment, la jeunesse dont le peu d’intérêt pour l’histoire et le patrimoine est un enjeu majeur de la société algérienne, bien que partagé par le monde entier aujourd’hui. Les thèmes et sujets nécessitent en quelque sorte d’être «traduits» sous des formes plus didactiques et, en tout cas, attrayantes.

Enfin, on ne peut aujourd’hui imaginer une nouvelle progression du Mois du Patrimoine, mais aussi des comportements et mentalités tout au long de l’année, sans un indispensable partenariat avec les médias dits lourds (télévision et radio) et, surtout avec l’Education nationale. Les directions de la culture et les professionnels du patrimoine se sont attachés à réserver une bonne part de leurs programmes aux établissements scolaires dont quelques-uns se manifestent notamment à travers l’organisation d’excursions et de visites. Mais ces actions semblent plus relever d’initiatives locales, sinon personnelles, que d’un véritable programme national de l’Ecole.

Le Mois du Patrimoine est parvenu effectivement à produire une offre culturelle importante. Mais il reste à se pencher sur la demande sociétale à l’égard du patrimoine. Et là, les données précises manquent, à tel point qu’à notre connaissance, les seuls chiffres récents disponibles sont ceux annoncés par le Musée Ahmed Zabana d’Oran (40 210 visiteurs en 2011, dont 4847 scolaires et 277 étrangers) et par le Musée d’art moderne et contemporain d’Alger pour certaines expositions, comme celle consacrée à Issiakhem, en 2010, avec 35 000 visiteurs recensés durant deux mois.

Cependant, on peut constater, de manière empirique, que les musées n’attirent généralement pas les foules. Même la belle performance du musée d’Oran – belle relativement – donne seulement 128 visiteurs par jour, en ôtant 52 jours de fermeture hebdomadaire. Quant aux grands sites archéologiques, toujours faute d’informations précises, on peut constater que leurs plus grosses «fréquentations» semblent liées à la tenue de festivals, comme à Timgad et Djemila, encore que leurs spectateurs sont rarement des visiteurs, déjà en raison du caractère généralement nocturne des spectacles.

Il y a donc bien une question de demande dans le secteur du patrimoine et celle-ci ne peut plus être abordée par l’approximation ou même le seul aspect quantitatif. Les différents témoignages de professionnels des musées et des sites, de même que certaines de nos observations, indiquent une avancée sur ce plan, durant les différentes éditions du Mois du Patrimoine, de même que dans le cours des dernières années. Doit-on parler d’un frémissement ou d’une tendance ? Tout cela doit être mesuré et analysé. Combien de visiteurs ? A telle ou telle saison ? A tel ou tel jour de la semaine ? Et même à quelles heures ? Quel type de visiteurs du point de vue des âges, des catégories socioprofessionnelles, etc. ? Quelles motivations et attentes ? Quelle prise en charge et système d’accueil ? D’innombrables questions se posent et le recours à une enquête nationale scientifique pourrait être d’un grand apport. Il existe sans doute des moyens de mobiliser la recherche nationale à travers des institutions comme le CRASC (Centre de recherche en anthropologie et sociologie culturelles) ou la Faculté des Arts et des Lettres de l’Université de Mostaganem.

Ou alors recourir à des sociétés de sondage ou des expertises avérées. Mais l’important est d’abord de souligner la nécessité de mener de telles études afin d’outiller et d’orienter l’action pour la promotion du patrimoine. Bien sûr, de telles enquêtes et recherches pourraient concerner d’autres pans de la culture mais, s’il faut commencer, c’est bien le patrimoine qui mériterait une certaine priorité car sa fragilité et sa préciosité pour la vie du pays – sinon son âme – le justifient pleinement. Et sans l’adhésion et la conscience des citoyens à son égard, toutes les bonnes volontés du monde et les actions les plus professionnelles, ne pourraient assurer durablement sa sauvegarde et sa mise en valeur. (El Watan-21.04.2012.)

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*Souk Ahras : découverte archéologique à Diar Ezzerga

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Des échantillons de vestiges seront étudiés par une brigade spécialisée, qui devra déterminer l’origine des pièces découvertes dans cette région, connue pour être un véritable musée à ciel ouvert. Des pièces archéologiques ont été découvertes, hier, à la cité Diar Ezzerga à Souk Ahras par un citoyen, au moment où il effectuait des travaux de terrassement sur un lot de terrain. Aussitôt alertée, la brigade spécialisée dans le domaine, relevant des services de la sûreté de wilaya a été dépêchée sur les lieux. Selon notre source, des prélèvements des vestiges en question seront soumis à une étude minutieuse de la part de ladite brigade. Sur les lieux de la découverte, nous avons constaté l’existence d’une fondation d’une bâtisse faite à base de matériaux de construction qui remonte à une ère lointaine. Cette partie de la ville est, présume-t-on, une extension de l’antique Thagaste ensevelie et dont le centre économique serait situé au piedmont de l’actuel Grand Bordj. Des habitants de cette zone sont unanimes quant à l’existence de jarres et d’ustensiles qui remonteraient à la période romaine. «Ce n’est pas la première fois que j’entends parler de telles découvertes dans cette partie de la ville, j’ai moi-même conseillé à un voisin de signaler l’existence de plusieurs piliers montés à base de matériaux identiques à ceux existants dans les villes antiques de Khemissa et Madaure», nous apprend un citoyen au fait de plusieurs autres découvertes. Attendons que les spécialistes se prononcent sur ces vestiges. (El Watan-26.04.2012.)

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-En grand plan : Kala&acirc;t Beni Hammad a beaucoup influenc&eacute; les styles architecturaux des dynasties venues apr&egrave;s les Hammadites.</p><br /><br /><br /><br /><br /><br />
<p>&agrave; gauche bas : Erig&eacute;e par les M&eacute;rinides, El Mansourah devait rivaliser avec la ville de Tlemcen, capitale des Zianides</p><br /><br /><br /><br /><br /><br />
<p>-&agrave; droite haut : Achir &eacute;tait une ville forteresse construite en montagne, dans la r&eacute;gion de M&eacute;d&eacute;a.<br /> » src= »http://www.elwatan.com/images/2012/04/19/dcvrr1_961386_465x348.jpg » width= »409″ height= »305″ /></a></span></strong></span></p>
<p><span style=*photo: En grand plan :  Kalaât Beni Hammad a beaucoup influencé les styles architecturaux des dynasties venues après les Hammadites….à gauche bas : Erigée par les Mérinides, El Mansourah devait rivaliser avec la ville de Tlemcen, capitale des Zianides….-à droite haut : Achir était une ville forteresse construite en montagne, dans la région de Médéa.

*Si l’idée du patrimoine se perd dans la nuit des temps, reste que le concept a été historiquement introduit par le droit romain. En effet, Patrimonium est défini comme un bien hérité transmis des pères et des mères aux enfants. Beaucoup plus tard, le patrimoine va prendre une nouvelle dimension, passant du matériel à l’immatériel, pour envahir aujourd’hui tout le champ des sciences sociales et au-delà. Le patrimoine culturel embrasse les légendes, la mémoire ou la langue. On parle de patrimoine écologique ou de patrimoine génétique. Cette notion de patrimoine prend rapidement une valeur affective et désigne certaines conditions générales de l’existence.

**A Tipasa, Tlemcen, Nédroma, on se promène dans les ruines d’un passé dont on ignore quasiment tout. Pourtant, ici comme à Djemila (Cuicul), à Sétif (Sétifis), à Cherchell (Cæsarea) et dans un tas d’autres villes antiques, les pierres racontent une histoire, celle des hommes qui ont bâti ces villes et ceux qui y ont vécu. Le fait que ces pierres soient encore debout, que l’on puisse se promener entre elles, que l’on observe ici un marché, là une mosaïque, un peu plus loin des thermes ne laissent indifférents que les plus insensibles et les moins nantis intellectuellement.

 - Pillage, dégradation- Située au centre du bassin occidental de la Méditerranée, sur la rive sud, l’Algérie, de par cette position stratégique, a été le réceptacle de toutes les civilisations qui ont fleuri dans ce berceau de l’humanité que représentent l’Afrique et la Méditerranée. Elle en a gardé les traces archéologiques et les traces immatérielles. Malheureusement, nombre d’entre elles ont disparu ou sont en voie de l’être par la faute des hommes.

Patrimoine en péril-  La sauvegarde du patrimoine, qu’il soit matériel ou immatériel, est indissociable de la sauvegarde de l’identité des peuples à travers le monde.

Culture.. traditions.. repères et identité…comment les préserver?  La culture du patrimoine est l’âme et la mémoire des peuples, le fondement de la société. Elle est le témoin du passé, l’expression du présent et le reflet de l’avenir. Elle force la réflexion, le développement et l’évolution. Sans la culture, le monde serait sans couleur, sans saveur et surtout sans identité.( Bien-être)

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*Séminaire international sur le patrimoine

 La question de l’identité urbaine demeure liée au patrimoine, un héritage que nous devons transmettre « sain » aux générations futures. Une action prometteuse visant, non seulement à sacraliser cet héritage, mais à le conserver pour en faire un facteur de développement du territoire ; mais il n’arrive toujours pas à se concrétiser, dès lors que ce dernier est confronté à la dégradation, voire la destruction.Des chercheurs, architectes, historiens, archéologues et spécialistes du bâtiment, algériens et d’autres venus de pays arabes et européens, se sont donné rendez-vous au séminaire international, lequel se déroule depuis hier, aujourd’hui inclus, à l’auditorium Mohamed-Seddik Benyahia de l’université Mentouri, pour débattre des nouvelles technologies appliquées au domaine du patrimoine et de la capitalisation des expériences et de leurs enseignements. Initié par le laboratoire Villes et patrimoine du département d’architecture et d’urbanisme et ayant pour thème « La conservation du patrimoine : didactique et mise en pratique », cette rencontre vise par ailleurs à discuter de l’expérience dans le domaine de la restauration et de la conservation des édifices historiques et de la manière de les mettre à la disposition de la communauté universitaire. L’enjeu que constitue le patrimoine pour la ville et pour toute la société dépend de l’enseignement de l’architecture. C’est bien l’avis des universitaires, qui estiment qu’il faut faire émerger cet héritage du discours muséifiant et le placer dans un cadre plutôt pédagogique et heuristique dans le but de sortir avec un nouveau regard et de nouvelles perspectives en matière de préservation du patrimoine. En effet, et pour la première fois en Algérie, une post-graduation au département d’architecture et d’urbanisme sur la stratégie de la conservation du patrimoine a été ouverte cette année à l’université Mentouri. A ce propos, Samira Benzegouta-Debbache, directrice du laboratoire organisateur, nous fera savoir que les étudiants ayant réussi leur examen de concours national bénéficieront d’une formation de deux ans, l’une théorique et l’autre pratique, sur, entre autres, les pathologies affectant les systèmes constructifs ; ils seront encadrés par des archéologues, historiens et architectes. « Nous manquons de spécialistes et de chercheurs en restauration et en conservation qui puissent intervenir avec sagesse », dira notre interlocutrice, en ajoutant qu’il en existe uniquement 5 à l’échelle nationale. L’on saura également qu’il existe 500 sites sur tout le territoire national dont la majorité n’a pas fait l’objet de travaux de réhabilitation. A cet effet, des démarches auprès du ministère de la Culture ont été entreprises par le laboratoire Ville et patrimoine à l’effet de classer patrimoine national certains bains maures de Constantine, à l’image de Hammam Souk Laghzal, pour lequel un dossier technique a été constitué.(El Watan-03.11.09.)

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**Impliquer les jeunes pour préserver le patrimoine culturel

 Les participants au séminaire international, organisé sous le thème « 13 siècles d’histoire commune », à l’Université Aboubekr- Belkaïd de Tlemcen, ont insisté mardi, lors de la deuxième journée des travaux, sur la nécessité d’impliquer les jeunes dans la préservation du patrimoine culturel bâti.

Le Professeur Mounir Bouchenaki, expert en patrimoine et ex-directeur du Centre international des études pour la préservation et la restauration des biens culturels de l’Unesco, a souligné, dans sa communication, que le patrimoine culturel est exposé à la dégradation et la perte s’il n’est pas pris en charge de manière sérieuse et mis en valeur dans les programmes scolaires.

Le conférencier a parlé également, lors de cette rencontre de trois jours, organisée par l’Université de Tlemcen en coordination avec le laboratoire des Études Méditerranéennes « Euromed » de l’Université de la Sorbonne (France), des effets de la mondialisation qui pourraient anéantir les caractéristiques et les sites de petits pays, leur identité et leur histoire.

Cette rencontre vise, selon le doyen de la faculté des sciences humaines et sociales, à « faire connaître » les monuments historiques et culturels et les liens entre la cité de Tlemcen et les villes méditerranéennes.

Le représentant du laboratoire français a estimé que Tlemcen est le « portail du Maghreb et de l’Orient et un carrefour entre le Nord et les pays du Sahel africain et le fief de nombreux scientifiques, religieux et historiens ».

Il a ajouté que Tlemcen constituait durant 13 siècles une terre prolifique pour de nombreux courants artistiques, littéraires, soufis et écoles scientifiques et culturelles. Elle recèle des sites et monuments remontant à diverses époques historiques lui permettant de devenir par mérite la capitale de la culture islamique 2011.

Pour sa part, Dr Bensnouci Ghaouti, professeur à l’Université de Tlemcen a souligné dans sa communication que Tlemcen recèle un foisonnement de souvenirs que préserve la mémoire collective.

Le conférencier a traité également des facteurs qui ont hissé la capitale des Zianides au rang des grandes cités dont la fertilité de son sol, la disponibilité de l’eau et sa position géographique stratégique.

Les travaux de ce séminaire, qui s’inscrit dans le cadre de la manifestation « Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011″ avec la participation de professeurs d’Algérie, de France et de pays du Maghreb, s’articulent autour de quatre axes abordant « Tlemcen, avant la conquête islamique », « Le bassin ouest de la Méditerranée avant l’avènement de l’Islam », « Le Maghreb arabe dans son développement depuis l’avènement de l’Islam » et « Tlemcen et son évolution historique, archéologique et scientifique. (Echorouk-19.10.2011.)

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Deux bibliothèques virtuelles dédiées au patrimoine documentaire algérien mises en ligne

Deux nouveaux sites Internet consacrés aux manuscrits algériens et à l’iconographie de l’Algérie ont été mis en ligne récemment dans le cadre du programme « Euromed Héritage ».

Le premier est consacré au patrimoine documentaire commun aux régions de la méditerranée, alors que le second renferme des documents iconographiques (photographies, gravures, dessins,…) intéressant l’Algérie.

Le site ’data.manumed.org’’ contient pas moins de trois cent documents numérisés, dont les plus anciens datent du 13e, (multi alphabétiques, écrits, graphiques et sonores). Il est développé dans le cadre du projet « Manumed » (manuscrits de la méditerranée) et financé par les instituts de la région Paca (Provence, Alpes, côte d’Azur) et l’Union européenne.

Ce projet a permis de numériser, d’inventorier voire parfois restaurer deux collections entières de manuscrits algériens : « La bibliothèque de manuscrits Lmuhub Ulahbib » (du nom d’un savant de la région de Béjaïa) ainsi qu’une collection de manuscrits de khizanates (bibliothèques traditionnelles de manuscrits) de Boussada.

Accessible sous forme numérique avec une notice décrivant minutieusement chaque document, ces deux collections se composent de documents traitant des mathématiques, de la religion musulmane, de littérature et de poésie.

L’autre site, icono-algerie.e-corpus.org, met à la disposition des internautes des documents iconographiques d’Algérie, dont certains datent de la fin du 19e, conservés dans les archives, bibliothèques et universités de la région Paca.

En plus de représenter une importante documentation pour les centres de recherche scientifique, ces portails ont permis durant leur réalisation de répertorier et cataloguer des collections de manuscrits détenues par des particuliers et de les protéger du trafic et du vol en rendant possible leur traçabilité.

Said Bouterfa, spécialiste en conservation de manuscrits et coordonnateur pour l’Algérie du projet « Manumed », déplore l’état de conservation de « milliers » de manuscrits « menacés » par la dégradation naturelle ou le trafic, alors que l’entretien d’une khizana et la formation des propriétaires à cette fonction « ne coûte pas plus de 400 000 DA par an », a-t-il affirmé à l’APS.

Par ailleurs, le spécialiste a estimé que la nécessaire préservation du patrimoine doit « bénéficier » de « ressources financières » et d’un « statut » instituant la fonction de ce patrimoine pour le protéger d’une dévalorisation pouvant conduire à sa disparition sous ses formes matérielle et artisanale.

Un troisième site Internet dédié à la mémoire visuelle patrimoniale de la Méditerranée, réalisé dans le cadre du programme « Euromed héritage » en collaboration avec plusieurs télévisions méditerranéennes, devrait être mis en ligne au mois d’octobre prochain.

Euromed Héritage est le premier programme culturel du partenariat euro-méditerranéen.*APS-30.09.2012.

EuromedP

**Euromed Héritage….Nous prenons soin de notre passé pour protéger notre futur. Nous encourageons la préservation des fontaines, des portes en bois et des dialectes anciens, la restauration des manuscrits anciens et la réhabilitation des immeubles modernes et des théâtres millénaires, afin de sauvegarder l’identité des générations futures et de contribuer à leur compréhension partagée. En valorisant le patrimoine culturel, le programme Euromed Heritage soutient le dialogue entre les cultures au sein de la région méditerranéenne. Euromed Heritage 4 (2008-2012) crée de nouvelles opportunités de sensibilisation des citoyens, pour une réappropriation de leur extraordinaire patrimoine culturel commun.

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L’impérative normalisation de l’écriture des noms de lieux

*l’Algérie est le plus vaste pays d’Afrique, la gestion et la maîtrise de la vastitude de son espace relève de l’intérêt supérieur de la nation 

L’attaque du complexe gazier de Tinguentourine nous rappelle que l’Algérie est le plus vaste pays d’Afrique et que la gestion et la maîtrise de la vastitude de son espace par le biais de sa dénomination est une affaire sérieuse et qu’elle relève, le moins qu’on puisse dire, de l’intérêt supérieur de la nation.

In, Aïn, Aîn, Aine, Aïne, Aîne et Amenas, Aménas, Oum Menas… C’est également le cas de Tiaret : Tihert, Tahart, Tehert, Tâhert, Tîhert, Tiyarât… Ou encore de Tamanrasset : Tamenrassat, Tamanresset, Tamenghasset, Tamenghaset. Cette multiplicité des écritures pour un même nom de lieu, y compris dans les documents officiels (Journal Officiel, Code postal, cadastre, documents cartographiques, signalisation routière…) est une pratique malheureusement généralisée dans notre pays. De nombreux travaux de chercheurs algériens (Atoui, Cheriguen, Benramdane, Benkada, Toudji, Boussahel, Slimani…) ont montré les origines et la nature de ces dysfonctionnements ainsi que leurs préjudices à l’échelle de l’individu comme de la collectivité nationale.

La normalisation de l’écriture des noms de lieux est soumise à de fortes tensions économiques, commerciales, sécuritaires, géopolitiques et géostratégiques, de plus en plus soutenues par un arsenal technologique de pointe : Google Earth, Euronames, GPS, etc. Une remarque générale : pourquoi et comment les moyens d’information, nationaux et internationaux, se sont-ils répartis, pendant deux semaines et certainement pour longtemps, les dénominations suivantes : In Amenas pour la sphère d’écriture latine et Ain Amenas pour la sphère à alphabet arabe ? Ain et In sont deux unités linguistiques de langues et de sens totalement différents : «source d’eau, fontaine, point d’eau» en arabe, pour le premier ; «celui de…» (la forme féminine est Tin, exemple : Tin Hinan) en amazigh pour le deuxième.

Amenas est ainsi un vocable targui qui veut dire «lieu de repos». Il faut comprendre que des considérations techniques linguistiques font l’objet, depuis 1970 dans le Monde arabe, de débats non encore tranchés, de décisions prises mais différemment appliquées, entre les pays du Maghreb plus le Liban et les pays du Machreq, sur le système de translittération, appelé d’abord Système de Beyrouth (1970), remanié en 1971 et repris en 2007, puis 2008, sous le nom de Système de translittération arabe. Deux tendances, en matière de toponymie, signent la démarcation entre les pays du monde arabe sous la base de l’influence géolinguistique : le Machreq anglophone et le Maghreb francophone auquel il faut ajouter un élément déterminant : le substrat linguistique par l’ancrage de la toponymie berbère.

Ce fonds de toile historico-linguistique, reconnu comme tel ou nié pour des raisons souvent idéologiques, est à l’origine de représentations que nous pouvons observer à travers une série d’indicateurs tels que les réactions des gestionnaires de la toponymie des pays arabes présents aux différentes conférences des Nations unies sur la normalisation des noms géographiques. Résumons ces réactions. La première est l’incohérence de la démarche sur l’état de l’écriture des toponymes locaux. La seconde réside dans les hésitations devant l’ampleur du problème relatif à la translittération des toponymes. La troisième, enfin, porte sur l’impuissance à intégrer les particularités nationales et sous-régionales, linguistiques et politiques, dans une stratégie globale, à l’échelle du Maghreb et du monde arabe. Il faudrait y ajouter désormais dans notre représentation nationale et régionale les pays du Sahel et la communauté des populations et des langues qui la composent, dont tamazight.

Des données historiques objectives peuvent justifier la position des uns et des autres, à savoir : la langue d’usage dans le fonds cartographique, généralement unique (français ou anglais) pour rendre compte des patrimoines toponymiques différents avec, dans le cas du Maghreb, une toponymie de souche berbère et de souche arabe. La tradition graphique dans la langue de l’ancienne puissance coloniale est encore prégnante dans les usages cartographiques, avec les mêmes présupposés historiques et idéologiques de départ, auxquels il faut ajouter les expériences nationales, réussies ou avortées, de tentatives d’application, à des échelles différentes, des systèmes de normalisation, comme celui de l’Algérie en 1980. Le premier est le système mis au point conjointement par le PCGN (Grande-Bretagne) et le BGN (USA) en 1956, revu et adopté par le Groupe des Experts des Nations unies (Genung, résolution N°II/8 en 1972). Le second, celui de l’Institut national géographique (ING) de France, a été mis en place en 1967. Donc, il ne faut pas s’étonner de relever deux usages : Oued/Wed ; Sharm Sheikh, Charm Cheikh… Pire, la toponymie d’un sous-continent (le nord de l’Afrique) de souche berbère est confondue avec l’arabe, voire niée par une démarche institutionnelle de type jacobin. Cette négation, fruit d’un refoulé historique, nous rappelle à l’ordre, de quelle manière et à quel prix ! La confusion, par un phénomène d’attraction linguistique (In/Ain), de manière consciente et/ou inconsciente, peut faire déplacer des troupes militaires à des milliers de kilomètres du point indiqué.

C’est pourquoi le recensement, l’attribution, le changement, l’identification d’un lieu, de manière rapide et sûre, est une démarche nationale intégrée : cartographie, commerce, recensement et statistiques nationales, opérations de recherche-sauvetage, droits de propriété et cadastre, production de cartes et d’atlas, planification urbaine et régionale, navigation automatique, conservation environnementale, tourisme, techniques spatiales, catastrophes naturelles et protection civile, sécurité nationale (militaire et civile), la police, la gendarmerie, les douanes, l’aviation, les postes et télécommunications, les collectivités locales, la justice, les transports, la culture, les affaires étrangères… Des instances régionales et internationales sont également impliquées par les choix toponymiques d’un pays : UMA, Ligue arabe, OUA, ONU, CE, etc. Dans certains pays (USA, Canada, Israël…), la gestion de la toponymie relève de la sécurité nationale. Le  premier rôle de la toponymie est de permettre l’identification, le repérage rapide et sécurisé d’un lieu donné. Des règles bien  établies consacrent l’attribution de noms de lieux. L’existence et le fonctionnement du Groupe des Experts des Nations unies sur la normalisation des noms géographiques depuis 1957, de la commission permanente des Nations unies sur la normalisation des noms géographiques depuis une quarantaine d’années en sont la parfaite illustration.

En outre, au plan institutionnel, le système d’écriture, en l’occurrence la translittération, souverainement adopté par les Etats peut nous renseigner sur l’adhésion ou le degré d’adhésion à des formes de normalisation, formalisée par un certain nombre de divisions géolinguistiques dans l’enceinte onusienne : francophone, arabophone, lusophone… activant soit à travers les conférences quinquennales sur la normalisation des noms géographiques, soit dans leur groupe d’experts (Genung).
Deux systèmes d’écriture dominent en Algérie : la transcription et la translittération. Ainsi, «source» s’écrit soit Ain, soit ayn. On parlera de transcription pour le premier et de translittération pour le deuxième. C’est le cas du village Ammi Moussa/ammî Musa. Un système de translittération est un procédé consistant à enregistrer les signes graphiques d’un système d’écriture en signes graphiques dans un autre système d’écriture. C’est pour cette raison que les experts de l’ONU parlent de «conversion» : il s’agit  de la «transposition  d’un nom de lieu d’une langue vers une autre langue en l’adaptant aux règles phonologiques, morphologiques ou graphiques de celle-ci. La conversion s’effectue soit par transcription, soit par translittération» (Genung).

Si nous faisons un rapide état des lieux de l’écriture des noms de lieux en Algérie et/ou au Maghreb, on se heurtera d’emblée à une absence de transcription ou de translittération uniforme des caractères arabes en caractères latins, et, tôt ou tard, pour le tamazight. La variation dans l’écriture d’un même nom a atteint des niveaux insoupçonnés dans notre région. Sur un corpus de plus de 20 012 toponymes, nous avons obtenu les résultats suivants : le nombre d’écritures pour un même nom de lieu est le suivant : plus de la moitié de la nomenclature toponymique en Algérie a plus de deux formes orthographiques pour un même lieu, exactement 52,53%. Les autres pratiques se déclinent ainsi : 3 orthographes, 18,4% ; 4 écritures, 10,78% ; 5 écritures, 6,37% ; 6 écritures, 3,75% ; 7 écritures, 2,38% ; 8 écritures, 2,03% ; 9 écritures, 1,07% ; 10 écritures, 0,71% ; 11 écritures, 0,48% ; 12 écritures, 0,77% ; 13 orthographes, 0,24% ; 14 orthographes, 0,42% ; 17 orthographes, 0,06%.

Prenons des exemples concrets en commençant par justement «ayn/Ain» et ses dérivés. Onze formes ont été relevées sur des documents officiels algériens : Ain/ Aine/ Aîn/ Aïen/ Aioun/ Aïoun/ Layoune/ Aouïnet/ Aien/ Aouinettes/ Aouinet. On relèvera dix formes pour Cheikh/ Cheik/ Echikh/ Cheïkh/ Chioukh/ Echikh/ Chioukr/ El Cheikr/ Chikr/ Chieikh. La multiplicité des écritures concerne aussi bien les toponymes de souche arabe que de souche berbère. Tefoun/ Tefoune ; Telrhem/ Lirem ; Gherara/ Rherara/ Rorara ; Cherrak/ ech-cherrak/ el-cherrak ; Oulhassa/ Oulassa/ ou-lhassa/ Oulhaca ; El-Merhesla/ el-Meghsel/ el-Merhassel/ Marhsel/ Merhassel/ Merhesla/ Rhoussel.
Nous voyons bien à travers ces listes que la transcription graphique des toponymes algériens est loin d’être résolue. Il faut retenir qu’aucun système de transcription ou de translittération n’est parvenu à imposer ses règles. On ne peut faire abstraction d’un tel degré de généralisation «fautive» sans s’interroger et interroger les probables et possibles explications d’un mode d’intervention n’établissant finalement aucune règle dans la procédure de mise en place d’un usage normalisé d’écriture des noms propres  algériens (c’est aussi le cas de l’état civil). La numérisation de ce fonds onomastique (ou noms propres) donne une dimension exponentielle à ce déficit structurel. Ce dernier rappelle une réalité intangible, celle, entre autres, de la dimension stratégique de la matrice ethnolinguistique dans la pérennité des faits de culture et de société dans notre pays.

Des entreprises, sous l’apparence de normalisation, ont été lancées dans les pays du Maghreb. En Algérie, avec le fameux décret 81-26 du 7 mars 1980, on a voulu changer l’usage consacré depuis des siècles et des milliers d’années (Skikda/Soukaykida) d’une société «dont la filiation est établie depuis la plus haute antiquité» (Lacheraf, Des noms et des lieux, 1999). En réalité, ces entreprises s’apparentent à  une action d’uniformisation ; une entreprise de standardisation et une tentative de dérèglement politique des faits de culture et de langue, culture et identité n’ayant rien à voir avec la normalisation, au sens moderne et rationnel du terme.

Ce champ des pratiques dénominatives est perçu comme stratégique et relève désormais de la négociation entre Etats. Les textes les plus aboutis en la matière sont produits par le Groupe des experts des Nations unies sur la normalisation des noms géographiques (GENUNG). Rappelons que ce groupe a eu pendant une dizaine d’années un vice-président algérien : Atoui Brahim, docteur en géographie, colonel de l’ANP en retraite, auteur de Espace et toponymie en Algérie. Ce groupe réunissant les experts les plus compétents au monde définissait la normalisation comme étant l’établissement de règles, des critères appliqués à des noms ou ensembles de noms donnés. Cette normalisation peut s’opérer à différents niveaux : local, régional et international, selon les autorités et les régions concernées. Nous pouvons considérer que la normalisation se déclinerait en deux volets à l’intérieur de la juridiction territoriale, à savoir : l’établissement d’un ensemble de règles et l’écriture de chacun des noms  en conformité avec ces règles. Le tout serait adossé à l’existence d’organismes dotés d’un certain pouvoir de supervision, sinon d’imposition. Alors, à ce moment, c’est nous qui dirons au monde que ce nom propre (de lieu ou de personne) est de chez nous et qu’il est normalisé car «l’existence et la forme ont été sanctionnées par une  autorité qui a un pouvoir légal en matière d’officialisation des noms de lieux. Mais là encore, c’est une autre histoire…*El Watan-16.02.2012. 

** Par: Farid Benramdane. Docteur en sciences du langage, Ancien doyen de Faculté, Université de Mostaganem, chef de projet PNR /CRASC.

***De l’histoire de votre nom de famille

Conférence «Toponymie et anthroponymie en Algérie : politiques et pratiques. 50 ans après l’indépendance». Mardi 20 et mercredi 21 février au Crasc, à Oran.

Pourquoi s’appelle-t-on Djebel ou Dib ? Pourquoi El Oued s’appelle-t-elle El Oued ? Pourquoi dit-on toujours «rue d’Isly» ? Comment, depuis cinquante ans, des systèmes de dénomination nationale ont été mis en place pour reconstruire des patronymes détruits par l’armée et l’administration coloniale ? Le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle fait le point sur les recherches menées en histoire, linguistique, géographie, sociologie, psychologie…

Ces travaux ont porté sur plusieurs millions de noms propres de lieux et de personnes, mais aussi pour les fonctions économiques, sociales, culturelles, patrimoniales qu’ils remplissent : culture, tourisme, sécurité… Plusieurs universités algériennes sont concentrées sur cette tâche, à Mostaganem, Sétif, Constantine, Tlemcen, Tizi Ouzou, Béjaïa, Sidi Bel Abbès. Y seront soulevées des problématiques comme l’orthographe des noms propres, la prénomination amazighe, les non-dits dans le choix d’un prénom…
Voir le programme complet des journées sur www.crasc-dz.org

**La société targuie et son rapport à la crise malienne

une conférence du professeur Nadir Maârouf au Crasc d’Oran

Intervenant au Crasc d’Oran avec une conférence intitulée «Passé et présent de la société targuie», Nadir Maârouf, professeur émérite à l’université de Picardie (France), sollicité en aparté, considère, pour le cas particulier du Mali, qu’«il n’y a pas de solution miracle, il faudrait réinventer un mode de cohabitation et mettre en place un nouveau mode de gouvernance qui tienne compte du rétablissement de la démocratie locale, d’une meilleure répartition des richesses et d’une concertation globale sur le traitement de la question territoriale».

Les vastes étendues du Nord-Mali représentent les 3/5 du pays, mais ne concentrent que 10% de la population. Au cœur de la crise s’imbriquent, selon lui, les facteurs de la prédation (richesses minières), les rancœurs liées aux épisodes esclavagistes (Bambara, Haoussa, etc.) pratiqués dans le passé, mais aussi la nature du pouvoir malien et ses tendances mafieuses dont les victimes ne sont, par ailleurs, pas uniquement les Touareg. Sa sentence est qu’il faudra beaucoup de temps pour arriver à mettre en place un gouvernement malien transparent et respectueux des règles de bonne gouvernance. «Le problème touareg ne peut pas se régler à la hussarde», indique-t-il, faisant référence à l’intervention militaire.

C’est en même temps pour marquer la différence avec la guerre contre «l’islamisme radical» ou le «djihadisme», des notions privilégiées et mises en avant par les dirigeants français qui ont pris l’initiative (soutenus par la communauté internationale) d’intervenir militairement au Mali. Pour le sociologue, le rapport des Touareg avec l’islamisme est artificiel. Les tensions entre cette population du Nord et le pouvoir central malien ne datent pas d’aujourd’hui et c’est en tenant compte de cette réalité, conjuguée à son analyse des structures sociales, qu’il écarte tout lien sérieux avec cette doctrine politique extrémiste. «C’est un islamisme de fortune» car, pour lui, les Touareg seraient prêts à s’allier avec le diable s’il le fallait en citant le cas des trafiquants, mais aussi de Mouammar El Gueddafi, lorsque ce dernier, aussi biscornu que cela ait pu paraître, avait proclamé l’idée d’une République sahraouie unifiée. L’ancien dirigeant libyen a pu ainsi enrôler nombre d’habitants du Grand Sud.

Les Touareg occupent un territoire transfrontalier, mais les évolutions n’ont pas suivi le même rythme selon qu’on soit en Algérie, au Niger ou au Mali et des développements positifs ou négatifs ont jalonné l’histoire récente. Pour Nadir Maarouf, en Algérie le bouleversement remonte à la période de Ahmed Ben Bella qui avait proclamé, au lendemain de l’indépendance, «la terre à ceux qui la travaillent». Il en est résulté la destruction du mode de vie traditionnel remplacé par des modèles certes modernes (mécanisation, etc.) mais qui se sont avérés inefficaces à cause des problèmes bureaucratiques qu’on n’a pas pu résoudre. «Nous avons, dit-il, assisté à une conversion des populations locales qui se sont en partie sédentarisées et qui ont bénéficié, comme partout ailleurs en Algérie, de la politique d’assistanat (rente pétrolière).» 

Toujours pour le cas de l’Algérie, il considère que la scolarisation et les débouchés dans l’administration ont été à l’origine d’une mobilité sociale inédite en faveur des descendants des anciens esclaves, au grand dam des couches aristocratiques traditionnellement peu enclines au changement.
A contrario, au Mali, les ressources sont moindres et, à l’ingérence – grâce à un pouvoir inféodé – des multinationales soucieuses de leurs propres intérêts s’ajoutent les grandes sécheresses. Dans la conférence qu’il a animée, Nadir Marouf a tenté de décortiquer les structures sociales des habitants de cette région et leur évolution. Une société hiérarchisée comme partout ailleurs dans le monde, mais il met en garde contre l’importation de modèles d’analyse préétablis qui pourraient s’avérer inopérants.*El Watan-16.02.2012

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33 réponses à “patrimoine et identité”

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  1. 8 11 2011
    Antonio Santillanez (19:27:54) :

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  2. 5 11 2011
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  3. 3 11 2011
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  4. 2 11 2011
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  5. 2 11 2011
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  6. 1 11 2011
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  7. 1 11 2011
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  8. 1 11 2011
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  9. 1 11 2011
    Tanisha Jones (02:10:25) :

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  10. 31 10 2011
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  11. 30 10 2011
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  12. 30 10 2011
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  13. 29 10 2011
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